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Au château de Tavernay, Joseph Balsamo révèle à

Marie -Antoinette son destin tragique.

La dauphine emmène à Versailles, Andrée, Philippe

de Maison Rouge et Nicole, la servante, sosie de la

future reine.

Le jardinier Gilbert, passionnément amoureux d

'Andrée, profite de ce que Balsamo l 'a plongé dans un

sommeil cataleptique pour abuser d 'elle.

Elle met au monde un fils.

Gilbert, pour se venger, enlève l 'enfant et disparaît.

Marie -Antoinette et Andrée sont sauvés par le

compte de Charney, dont elles sont aussitôt éprises.

La reine, seule, est payée de retour.

La passion de Charney le jette aux genoux de la reine,

mais, surprise par Louis XVI, la reine, pour sauver

Charney, affirme que celui -ci veut épouser Andrée

de Tavernay.

1789, Gilbert, revenu d 'Amérique, devient

conseiller et médecin du roi.

Charney se rapproche d 'Andrée.

Il commence à aimer cette femme belle et généreuse.

Tout est rompu entre la reine de France et sa dame de

cœur, mais elle décide, conseillée par Gilbert, de

mettre Mirabeau de son côté.

Caliostro prédit à Gilbert la chute de la monarchie

et l 'avènement d 'un nouveau César.

Le plan de fuite prend forme à la personne du comte

Louis, fils du marquis de Bouillet.

Tandis que, gamin, serrurier du roi, trahit son

maître au profit de la révolution, Aramon, bio,

surprend sa fille dans les bras de son amant Isidor de

Charney, jeune frère du comte.

Pitou les sauve in extremis.

Vous souffrez ?

Comme un damné.

Il y a des jours où j 'ai l 'impression qu 'on m

'empoisonne à l 'arsenic, faute de pouvoir me tuer

par la calomnie.

Qu 'est -ce que c 'est ?

Un breuvage dont un de mes amis m 'a donné la recette.

Une sorte d 'élexir de vie.

Voulez -vous y goûter ?

De votre main, j 'accepterai même la cigue.

Diable, vous le mélangez à du cognac ?

C 'est donc du feu liquide ?

Ça creble.

J 'ai l 'impression d 'avoir avalé la foudre.

Je ressuscite, docteur.

Je ressuscite.

Je me sens capable de soutenir tout seul la monarchie

si elle s 'écroule.

Prenez -en trois fois par semaine.

Deux gouttes seulement, c 'est promis ?

J 'irai.

Vous avez vu cette publication ?

La dernière trahison des Mirabeau ?

Un scélérat de ma connaissance me l 'a donné.

C 'est tiré à cent mille exemplaires.

Ne manque -t -il la ture de mes dettes ?

Deux cent huit mille francs.

C 'est énorme.

C 'est exact.

Dettes qui ont été payées à mes créanciers par l

'aumônier de la reine ?

Exact.

Chiffre de mon indemnité à la cour chaque mois, six

mille francs.

Non, celui qui a rédigé cela connaît trop bien son sujet.

Vous ne l 'allez pas vous laisser abattre pour autant ?

Moi ?

Vous ne me connaissez pas.

On dit que je suis vendu, non.

Je suis payé et plutôt mal, au égard aux risques que je

prends et à la peine que je me donne.

Popularité hier, un popularité aujourd 'hui,

blébiscite demain.

Laissons faire.

Non, ce qui m 'inquiète plutôt, ce sont les fautes de

la cour.

Disons le mot, c 'est trahison.

J 'ai vu la reine, si pleine de confiance en moi, que j

'ai rêvé de devenir l 'amant d 'une reine, comme Mazarin.

Mais le même jour, elle écrivait en Allemagne qu

'elle se servait seulement de moi et qu 'elle me

considérait comme le fou du jeu d 'échecs.

Vous en avez la preuve ?

Formelle !

Et pendant ce temps -là, moi, pauvre nié, j 'obtiens

de l 'assemblée qu 'elle laisse au roi le pouvoir de

faire la guerre parce que je l 'ai promis.

Et pendant ce temps -là, le roi, lui, rédige une

protestation secrète contre l 'assemblée.

Petits esprits, obsédés par nos secrets, comme tous

les nains, alors que nous saluons dans les choses

frondes, publiques, un visage découvert, ils

craignent, je les inverse.

Moi, je dis, laissez venir les oranges, je ne les

crains pas, je les appelle d 'une autre voie.

Que dites -vous de ma santé ?

Que voulez -vous qu 'un médecin dise de la santé d 'un

homme bâti comme vous ?

Voulez -vous que je vous dise d 'ôter toutes ces

fleurs qui empoisonnent l 'air de votre chemin ?

Il me faut des fleurs.

Leur absence me tuerait plus sûrement que leur présence.

Faut -il vous prescrire d 'éloigner de vous les

femmes avec les fleurs ?

La nuit, surtout.

Vous plaisantez.

Vivez donc avec les conditions de votre vie, mais

tâchez au moins d 'avoir autour de vous des fleurs

sans parfum et des amours sans passion.

Pour ça, vous n 'avez rien à craindre.

Trois ans de prison, une condamnation à mort, le

suicide de ma maîtresse, ce tuant pour un autre.

Non, merci.

Les amours passionnés m 'ont trop mal réussi pour que

j 'en redemande.

Il y avait la reine, cependant.

Oui.

Oui, j 'ai rêvé de devenir l 'amant d 'une reine, mais

je n 'ai jamais revu cette femme pour laquelle je me bats.

Et je ne la reverrai sans doute jamais.

Ah, docteur, les erreurs de ma jeunesse, comme ils me

les font expier, et comme ils les expiront avec moi,

me permettez -vous ?

Docteur Reynal !

Que se passe -t -il, monsieur le Baron ?

Vous allez vite le savoir.

Vous voulez vous mettre à terre.

Je vous demande de garder le secret sur tout cela, s

'il vous plaît.

Venez par ici.

Mademoiselle Bio, votre père Marvely, vous étiez

chez votre tante en ce moment.

Catherine !

Docteur, sa vie et son honneur sont entre vos mains.

Elle n 'est encore que ma maîtresse, elle sera

bientôt ma femme.

Oh, mon amour, que tu aies beau me dire de pareilles choses.

Oh, j 'ai besoin de force, docteur.

Il veut m 'en donner.

Mais j 'aurai du courage.

Soyez tranquille, tous les deux.

Ah !

Oh, j 'ai mal !

Bien, nous laissons ça, monsieur.

Monsieur le Baron, venez !

Voilà un beau garçon, monsieur le Baron.

Pitoum !

Bonjour, Sébastien.

Une lettre de ton père.

Vous êtes venu à Paris pour la fête de la Fédération ?

Oui, monsieur l 'abbé.

Vous avez donc vu la cérémonie du chant de Mars ?

Bien sûr, pas vous.

Pardonnez -moi l 'idée de voir ce libertin de

monsieur Talleyrand disant la messe sur l 'hôtel de

la patrie.

Franchement, non.

Très bien, monsieur l 'abbé.

Non seulement vous êtes un mauvais patriote, mais

vous avez raté quelque chose de très beau.

Le général Lafayette a juré fidélité à la Nation et à

la Constitution, en notre nom à nous, tous les gens de

la garde nationale.

C 'est digne de lui.

Le président de l 'Assemblée a juré à son tour.

Grand -mier lui fasse.

Et enfin, le roi a juré fidélité à la Nation et à la Constitution.

Dieu lui pardonne.

Et à chaque cérémon, sans pièce de canon, tenez d 'une

seule bouche.

Je n 'avais jamais rien vu d 'aussi beau, moi.

Mon père ne t 'a pas dit de m 'emmener quelque part,

Pitouin ?

Il m 'a dit de t 'emmener seulement si tu en avais envie.

Ah, je m 'en ordre.

Bien, je vous dirais que tu acceptes avec empressement.

Monsieur l 'abbé, est -ce que vous me permettez d

'emmener Sébastien ?

Vous l 'emmenez -vous, capitaine ?

Bien, son père ne me l 'a pas dit.

Peut -être le sais -tu, toi, Sébastien ?

Recoquérant numéro neuf.

Madame la comtége de Charmy prie monsieur le

capitaine Pitouin de lui faire l 'honneur d 'entrer

chez elle.

Au lieu d 'attendre Monsieur Sébastien dans le fiat.

C 'est trop l 'honneur, mon bravon.

Monsieur Pitouin, je suis si heureuse que vous m

'emmeniez Sébastien que je tiens à vous remercier

moi -même.

La mère te permet de lui baiser la main, Pitouin.

Ta mère ?

Alors ça ?

Oui, c 'est un secret.

Qui causerait ma perte s 'il était connu ?

Soyez tranquille, Madame la comtége.

Votre secret est là et n 'en sortira plus.

Merci.

Sébastien me dit que vous n 'avez pas encore déjeuné.

On va vous servir quelque chose.

Ainsi, il vous rattraperait le temps perdu pendant

que je causerai avec Sébastien.

Vous êtes trop bonne, Madame la comtége, mais en vérité...

Allons, on ne fait pas de manière.

Nous savons tous ce que c 'est que d 'avoir faim.

Installez -vous, cette maison est la vôtre.

Monsieur le Capitaine est servi.

Merci, mon bravon.

Ange Pitouin, et bien c 'est un heureux hasard.

Il y a longtemps que j 'ai cherché l 'occasion de vous

remercier pour tous les services que vous nous avez rendus.

Si j 'ai rendu les services à quelqu 'un, Monsieur, c

'est à Mademoiselle Catherine.

Mais c 'est encore mieux.

Je vous prie d 'accepter.

Monsieur le Baron, je rends tous les services que je

peux, mais je ne me fais jamais payer.

Si Mademoiselle Catherine pense me devoir quelque

chose, elle me le dira.

Mais je vous assure que vous ne me devez rien.

Si, Monsieur Pitouin, laissez -moi vous offrir mon amitié.

Madame la comtége, Monsieur le Baron.

J 'ai reçu hier une lettre d 'Olivier.

Mon frère me charge de mettre ses hommages à vos pieds.

Il ne connaît pas encore l 'époque de son retour et il

serait heureux d 'avoir de vos nouvelles.

Je n 'ai jamais pu répondre à la lettre que Monsieur de

Charney m 'a laissée en partant puisque j 'ignore où

il se trouve.

Mais puisque vous semblez le savoir, je tiendrai une

lettre pour lui dès demain.

Faites -la prendre quand vous voudrez.

Je n 'y manquerai pas.

Au revoir, Madame.

Au revoir, Monsieur Pitouin.

Au revoir, Monsieur le Baron.

Et bien des choses à...

Finissez votre déjeuner.

Vous avez tout votre temps.

Merci, Madame la Comtége.

Je ne te connais pas, frère.

Moi, je te connais bien, Fermier Bio.

Tu as vu la lumière dans la loge des amis de la vérité à soixante.

Pourquoi cette aire sombre qui ne te quitte jamais ?

Penses -tu qu 'on n 'a pas assez honoré les vainqueurs

de la Bastille à la fête de la Fédération ?

Si tu crois ça, tu ne me connais pas.

Alors, quoi d 'autre ?

Un petit événement opposé au massacre de Delonnet,

de Foulon, de Berthier.

Tu es rentré chez toi.

Tu as trouvé tes greniers vides, les champs riches.

Ta fille Catherine.

Je ne veux pas qu 'on parle de ça.

Même pour t 'aider dans ta vengeance.

Alors, c 'est autre chose.

Parlons -en.

Tu te vengais en toi un seul homme ou en poursuivant

cet homme et tous ses pareils.

Tous.

Car le crime de l 'Inde est le crime de tous.

Bien.

Nous allons nous rendre ensemble à la loge de la rue Platrier.

Ce soir, on recevra trois nouveaux adeptes.

Antoine Saint -Just, Louis -Philippe, Duc d

'Orléans et François Bio.

C 'était ce qui vous a sorti de votre lit, je parie.

Pour une pareille niaiserie, je vais le mettre à la porte.

Qu 'est -ce qui vous est arrivé ?

L 'Assemblée, mon cher ami.

L 'Assemblée.

On parlait des mines.

J 'ai défendu les intérêts du compte de la marque.

Toute sa fortune est dans le sous -sol de la France et

sa bourse a toujours été la mienne.

J 'ai parlé, ou plutôt, j 'ai chargé à cinq reprises.

J 'ai mis mes ennemis en déroute, mais je suis resté

sur le carreau.

Après cela, j 'ai voulu célébrer ma victoire en

soupant avec...

Avec ?

Une excellente amie.

Et puis, j 'ai été pris de douleur d 'entrain et a hurlé.

En fait, ce que vous voulez de moi, je ne veux plus m 'en mêler.

Ce ne sera rien pour cette fois, mais il était temps.

Vous allez me saigner ?

A quel bras ?

Au pied.

Tèche, allez -vous chercher de la moutarde et des cantarides.

J 'aurais sucer, docteur.

Encore un coup.

Encore un coup.

Vous êtes un vrai grand homme.

Et vous, un grand fou.

Comment pouvez -vous risquer une vie si précieuse à

vos amis et à la France pour quelques heures de faux

plaisir ?

Vous faites des illusions sur ce que la France et mes

amis pensent de moi.

Vous plaignez de l 'ingratitude des autres, mais le

plus ingrat de tous envers vous, c 'est vous -même.

Mourez demain.

Toute la France suivra votre cercueil.

C 'est très consolant.

Laissez -moi seulement dire aux premiers

commissionnaires venus que vous êtes malades.

Dans deux heures, vous aurez tout Paris sous vos fenêtres.

Là, là, là, vous me tentez.

Avouez, vous avez besoin d 'une grande

manifestation de popularité pour vous remonter le moral.

Pourquoi pas ?

Avant de l 'organiser, je vous demandais quelques

heures de répit.

Parce que...

j 'ai une importante visite à recevoir.

Est -ce vraiment avec un ami que vous avez soupé au

milieu de toutes ces fleurs ?

Bien, docteur, puisque les fleurs me sont

nécessaires, il faut bien que je subisse les

conséquences de cette nécessité.

Vous vous tuerez ?

Oh, c 'est la forme de suicide la plus agréable que je connaisse.

À votre aise.

Je reviendrai demain soir.

Je suis de Cartier aux Tuileries.

Vous allez voir la reine ?

Certainement.

Vous avez un message pour elle ?

Non, non.

J 'espère pas que vous m 'avez vu.

Pourquoi ?

Parce que je vous demanderai si, si je souvais la

monarchie, je serais obligé de lui répondre que par

leur faute je n 'ai pu tenir mes promesses.

Ah, et puis si, si.

Dites -lui que je suis très malade.

Et rapportez -moi sa réponse.

Promis ?

Promis.

Je vous quitte.

Diet, boisson chaude et pas de garde -malade de moins

de 50 ans.

J 'irai plus loin dans la prudence, docteur.

J 'en prendrai deux de 25 ans.

Un petit peu sur la droite.

Encore un petit peu.

Voilà !

C 'est parfait.

Merci, messieurs.

Vous ne vouliez plus le voir ?

Non.

Il m 'inspirait des pensées trop mélancoliques.

Pour un chasseur, ce n 'est pas très agréable d 'avoir

sans cesse sous les yeux un autre chasseur qui n 'ira

plus jamais à la chasse.

Une vraie peinture de chasse, au moins, me

rappellera de bons souvenirs.

Quelle nouvelle !

J 'ai été appelé au chevet de monsieur de Mirabeau

cette nuit.

Il est à la merci d 'une congestion.

Ensuite, tout peut lui arriver.

Pauvre comte !

A -t -il perdu l 'appétit ?

Oui, sire.

Alors, c 'est vraiment grave.

Voilà les collections nationales.

Un doigt de crasse sur tous les tableaux.

C 'est réplu.

Majesté.

Ah, madame.

Le docteur nous apporte une bien triste nouvelle.

Monsieur de Mirabeau est au plus mal.

En vérité ?

Hélas, oui, madame.

Quel dommage qu 'il ne se soit pas trouvé mal plus tôt.

Par exemple, le jour où il a fait ce discours

scandaleux sur le drapeau bleu, blanc et rouge.

Cependant, ce serait bien malheureux pour la France

si sa vie était vraiment en danger.

Pour la France et pour vous, madame.

Mais vous allez le guérir, n 'est -ce pas, docteur ?

Je ferai l 'impossible, mais je ne réponds de rien.

Je compte sur vous.

Donnez -moi des nouvelles de monsieur de Mirabeau,

dès demain.

Mon ami, j 'ai besoin de vos lumières.

Oui ?

Entrez vite, docteur.

Monsieur le comte vous attend.

Alors, docteur, vous avez tenu votre promesse.

Tout Paris sait que je suis malade.

Vraiment ?

Depuis deux heures, tous mes amis viennent me voir.

Tous mes ennemis font demander si je suis mort.

Tous mes ennemis font demander si je suis mort.

Maintenant, avez -vous tenu la deuxième partie de

votre promesse ?

Oui.

J 'ai vu le roi.

Et la reine ?

Je lui ai annoncé que vous étiez au plus mal.

Qu 'a -t -elle dit ?

Le roi vous plaint très sincèrement.

Mais la reine ?

Elle s 'est informée de vous avec intérêt, en très

bons termes.

C 'est -à -dire ?

Mot à mot, je ne me souviens pas.

Docteur, vous m 'avez promis de me rapporter sa réponse.

Vous n 'allez pas manquer à votre parole.

Très bien.

Elle a dit que cette maladie aurait mieux fait de vous

prendre à la tribune de l 'Assemblée, le jour où vous

avez chanté la gloire du drapeau bleu -blanc -rouge.

Ingratitude des rois !

Du drapeau tricolore !

Ils ne comprennent pas que s 'ils voulaient bien

venir s 'asseoir à son ombre, cet ombre les sauverait.

Mais ils ne veulent pas être sauvés, docteur.

Ils veulent être vengés.

Vengés !

Elles, surtout !

Je leur propose un marché qui tient en peu de mots,

modération, justice.

Avoir toujours raison.

Elles refusent, car elles veulent sa vengeance.

J 'ai tenté de sauver deux principes à la fois.

La royauté qui est à eux, et la liberté que je réclame

pour moi.

Je défends ces deux principes contre l 'océan,

contre la marée qui me vient à la cheville, bientôt

par -dessus la tête.

Je vais tout vous avouer.

J 'ai tenté.

J 'ai tenté de prendre un ascendant sur la reine,

comme homme.

J 'ai été ridicule, le chagrin m 'a pris, puis la pitié.

Maintenant, il ne me reste plus qu 'une chose à faire.

C 'est de mourir à temps, et avec grâce.

Mon ami, que diriez -vous si le roi, demain, on voyait

prendre de vos nouvelles ?

Le roi ou la reine ?

Elle ne le fera pas.

Mais si elle le faisait, je tendrai jusqu 'à demain soir.

Et alors ?

Si avant demain soir, quelqu 'un vient détuer le riz,

c 'est vous qui aurez raison, et moi tort.

Mais si personne ne vient alors, qu 'on me laisse en paix.

Donc, nous attendons demain soir, mon cher

Desmosten, dans le calme et le repos.

Je ne guiderai pas mon fauteuil.

Et cet échappe ?

Docteur, vous ne me ferez pas pêcher davantage.

Et qui est cette femme ?

C 'est elle, docteur.

Elle ?

Le mauvais génie de M.

Lecompte, la femme qui ressemble à la reine.

C 'est impossible.

Revenez vite, docteur.

M.

Lecompte a eu une attaque, et cette fois, il a enfin

venu vous verrer.

Au nom du ciel !

C 'était donc bien vous, Nicole.

Malheureuse !

Nommez -moi celui qui vous a mise en rapport avec lui.

Il n 'y a plus personne.

Je te rencontrerai au balais royal.

C 'est bien l 'homme qui vous a conduite au bal de l

'opéra il y a 15 ans.

L 'homme qui vient de faire distribuer 100 000

pamphlets contre lui dans Paris par votre scélère à bossir.

Répondez -moi !

Aidez -moi à lui soulever la tête.

C 'est de retour déjà.

Vous voulez mourir décidément ?

À quoi bon vivre ?

J 'avais votre promesse de patienter jusqu 'à demain soir.

Elle ne viendra pas.

Comment vous sentez -vous ?

Reste à votre potion miraculeuse.

Beaucoup mieux.

Vous avez déjà vidé l 'autre flacon ?

C 'est que ça a aussi des vertus.

Des espoirs.

Et puis...

C 'est si beau.

On avale ça sans même s 'en apercevoir.

J 'ai un peu de migraine malgré tout.

Et puis j 'ai froid au pied.

Mes chers amis, monsieur de Mirabeau a subi une

nouvelle saignée et une application de synapisme.

La douleur a un peu diminué.

Je reviendrai dans une heure vous donner d 'autres nouvelles.

Vive Mirabeau !

Eh bien docteur, a -t -elle envoyé quelqu 'un des

malheureux ?

Ils ne comprendront jamais rien à rien.

Un simple domestique portant les livrets du roi.

Et entrant chez moi aujourd 'hui, j 'aurais gagné un

an de popularité.

J 'en demande bien ce qu 'elle dira quand elle

apprendra que je suis mort.

Goûtez ce bon peuple, docteur.

Ce peuple, injurié, calommier, méprisé, comme moi.

Il est juste que ce soit lui qui m 'acclame et eux qui m 'oublient.

Tèche, tu vas me faire le plus beau possible.

Oui, monsieur le comte.

Vous docteur, même si ça vous contrarie, faites -moi

porter de belles fleurs.

Tenez, docteur, c 'est pour Miraban.

Merci.

Merci pour lui, mes amis.

Docteur, apportez -moi la cassette dans le tiroir du bureau.

Vous la remettrez à la personne qui a oublié l 'écharpe.

Vous savez, ils ne viendront pas.

Ils ne savent pas que moi mort.

Ils sont perdus.

Ah, docteur, j 'emporte la monarchie dans ma tombe.

De quoi écrire vite ?

Mes amis, Mirabeau ne souffre plus.

Il est mort.

Ah, comte, je vous attendais hier.

J 'ai préféré rentrer de mon médit par la voiture de

poste, ainsi j 'ai pu voir l 'état des routes et

contrôler le temps qu 'il faut pour aller de l 'un

jusqu 'à l 'autre.

Vous êtes un admirable serviteur.

Votre plan.

Votre Majesté est toujours bien décidé sur l 'itinéraire.

Paris, Chalon, Sainte -Menehould, Clermont et Stonnais.

C 'est la route que je veux suivre.

Il n 'y a pas de poste à Varennes.

Il faudra donc y organiser un relais en y amenant des

chevaux frais.

Sur ce que j 'ai vu, le véritable danger commencera à

partir de Sainte -Menehould et durera jusqu 'à Stonnais.

Dix -huit lieues.

C 'est là qu 'il faudra répartir nos troupes.

Ne peuvent -elles venir jusqu 'à Chalon ?

Non, Chalon est une grande ville.

Il faudrait y envoyer un trop gros détachement.

Monsieur de Bouillet peut tout au plus En combien d

'heures avez -vous fait toute la route ?

36.

Et de Chalon à Paris ?

Cela fait 12 heures.

Comment le marquis expliquera -t -il le déploiement

de ses troupes le long de la route ?

Le motif est tout trouvé.

L 'armée du Nord attend un convoi d 'argent.

Et pour le relais de Varennes ?

Nous le placerons au -delà de la ville, du côté de Tain.

Varennes est un gros bourg et comme il est bâti autour

d 'un pont, il faudra le franchir avec des chevaux

lancés à fond de train et ne relayer qu 'à la sortie de

la ville.

Allons, je vois que tout est prévu.

C 'est déjà un nid aux tuileries.

Et chez le roi ?

J 'arrive un instant, Madame.

Je vais demander à Sa Majesté la permission de vous

présenter mes images.

Fuir, fuir, fuir ?

Une moitié de signature, qu 'est -ce que cela

signifie ?

Comme c 'est de Mirabeau vient de mourir.

Nous adressons ce dernier conseil.

Pauvre homme, il est mort bien vite.

Il est vrai qu 'il avait que mi -temps d 'excès.

Mais le conseil est bon, il sera suivi.

Raccompagnez la reine Comte et dites -lui tout.

Venez, monsieur de Charny.

Du jour où je suis parti, je n 'ai pas été une minute

sans m 'occuper de vous.

Oh, Charny, de temps en temps, vous vous occupez un

peu moins de la reine, mais vous y pensiez davantage.

Voulez -vous que je vous expose quelle était ma

mission, puisque le roi me l 'ordonne à présent ?

Avez -vous rien de plus pressé à me dire ?

D 'où venez -vous ?

De mon médic.

Vous êtes bien propre et bien net pour un homme qui

vient de faire un si long voyage.

Mais en me présentant au palais couvert de poussière

et de bouche, j 'aurais pu éveiller les curiosités.

Vous êtes en passée chez vous, recroquerons, avant

de venir ici.

Ce n 'est pas ma maison, mais celle de ma femme.

Je suis descendu chez mon frère, le baron de Charny.

Mais que faites -vous ?

Mais de quoi, madame ?

De la joie que j 'ai prouve à vous retrouver.

Mon Dieu !

J 'ai longtemps souffert.

Mais voilà, je vais y être à présent.

Parlez -moi de cette mission.

Vous allez fuir, avec le roi et vos enfants.

Je suis allé voir M.

le Bouillet pour préparer votre voyage jusqu 'à mon midi.

Tout est arrêté.

Il n 'y a plus qu 'à fixer le jour.

Oh, soyez bénis, mon Dieu !

C 'est vous qui m 'aurez sauvé.

Je fais raison de vous remercier sans même savoir.

Jusqu 'où allait votre dévouement.

Mais il faut encore que vous ayez pitié de moi.

Pitié de vous ?

Je vous demande...

Oh, compte, je suis folle !

Promettez -moi, donnez -moi votre parole.

Je suis désespéré, madame, de n 'avoir qu 'un si

faible sacrifice à vous faire.

Je vous jure de ne revoir la comtesse de Charney qu

'avec la permission de la reine.

Excusez -moi de vous causer cette surprise.

Vous attendiez le compte de Charney.

C 'est vrai.

J 'étais dans le quartier, j 'ai pensé vous faire une visite.

La porte de ma maison est celle de mon coeur.

Vous sont toujours ouvertes.

Alors, il paraît que le roi quitte Paris et que c 'est

décidé pour demain.

Il y a toujours quelque chose à apprendre en vous

écoutant, même quand vous vous trompez.

Mais vous savez mieux que personne que je dis la vérité.

Le roi prend la fuite et vous êtes l 'un des

organisateurs de son départ.

Vous attendez peut -être mes aveux ?

Non.

Je n 'en ai pas besoin.

Vous n 'avez pas oublié que je suis celui qui sait.

La reine a annoncé qu 'elle irait dimanche à la messe à

Saint -Germain -l 'Auxerroi.

La parole a été donnée à l 'homme pour déguiser sa pensée.

Que dire de la femme ?

Quelle est ce papier sur le coin de votre bureau ?

C 'est un passeport, si je ne m 'abuse.

Sur lequel on peut lire ?

Mandons de part le roi de laisser passer madame la

baronne de Corfe avec ses deux enfants, une femme et

un valet de chambre plus trois domestiques, le

ministre des Affaires étrangères, mon morin.

Suis -je bien informé ?

Vous ne croyez pas que le roi l 'aura de fuir quand les

choses en sont au point qu 'il ne peut même plus se

rendre à Saint -Claude ?

Ce que le roi fuit, c 'est la constitution que l

'Assemblée vient de lui fabriquer et qui est bonne

pour une République intolérable, pour un monarque

absolu ou qui rêve de le redevenir.

Le roi n 'a qu 'une religion, celle de la royauté.

Pourquoi venez -vous me dire cela ?

La tâche que vous entreprenez est au -dessus de vos forces.

Mirabeau était un géant, il y a succombé.

J 'ai accepté du roi une mission que j 'accomplirai

jusqu 'au bout.

Dites -moi seulement, avez -vous besoin que la fuite

du roi réussisse ou qu 'elle échoue ?

Frère, je ne crois pas que la vie ou la mort du roi

importe à notre cause.

Je suis venu t 'offrir mon aide.

Étrange.

Le roi n 'a pas le temps de courir pour se venger de Paris.

Il arrivera trop tard pour sa vengeance.

Le désespoir de la reine est -il au point de se venger

de l 'homme qui ne l 'aime plus ?

Le désespoir du roi est -il au point de ne demander

conseil à Gilbert que pour mieux suivre ceux qui y

sont opposés ?

Vous le saurez dans le prochain épisode de la

comtesse de Charny.