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Comment ça va ?

Ça va. Et toi ?

Ça va.

J'ai souvent pensé à t'appeler.

Vraiment.

Ce n'était pas la peine.

Marta.

Je suis en route.

Ton père ? Rassure-le,
je suis passé voir le barreau.

Oui, j'ai le vermouth.

Rien, j'ai été retenu.
Je t'expliquerai.

Je t'embrasse.
Oui, j'arrive bientôt.

À tout de suite.

Ce n'est pas le même que d'habitude.

Non, je l'ai acheté dans
une autre boutique, en chemin.

J'aime quand tu prends des risques,
beau-frère.

Mais bien sûr !

Qu'est la vie, sans le risque ?
Du pur ennui.

Comment vous prenez ça, Nacho et toi ?

Je me suis faite à l'idée
que ça ne se fera pas.

Il a réagi ?

Il a parlé d'adoption.

Tu sais qu'adopter, c'est
hors de question dans cette famille.

La fille d'une de mes amies a décidé
de faire appel à une mère porteuse.

Oui, ne me regarde pas comme ça !
Une GPA.

Une fois que tu as le bébé,
il n'y a plus de soucis à se faire.

On ne peut pas renoncer
à avoir un enfant.

Les enfants nous ancrent dans ce monde

et nous apportent
une cohésion sociale.

Je ne sais pas
ce qu'en penserait Nacho.

Tu dois envisager
toutes les possibilités,

et en fonction de cela,

tu négocies avec ton mari.

Mieux vaut raconter aux hommes
de pieux mensonges ou des demi-vérités

et leur faire croire
que nos bonnes idées viennent d'eux.

Tu te rends compte ?
Vingt ans sans nouvelles de lui.

Pourtant, on a vécu un tas de choses.

Et tout à coup, par hasard...

C'était le bon temps.

Je m'en souviens comme...
d'une époque magique.

Denis était un bourreau des cœurs.

Il obtenait ce qu'il voulait.
C'était un esprit libre.

Avec lui, j'ai essayé la marijuana.

On sortait le soir,
on rencontrait des filles.

Il adorait la musique indie.

Los Planetas.

Et ce groupe que tu détestes...

La Buena Vida.
Comment s'appelait cette chanson ?

Il m'a demandé de lui prêter
de l'argent.

Tu ne m'avais jamais parlé de lui.

Je l'avais perdu de vue.

Tu lui as dit oui ?

Je ne lui ai rien dit.

Marta Domenech ?

On laisse donc le stérilet ?

Vous êtes sûre ?

Oui, je suis sûre.

La juge et le procureur l'ont.

Je pense qu'ils sont prêts
pour un accord.

On va devoir céder.

Je n'aime pas faire
autant de concessions.

Nacho.

Quoi ?

- On vit très confortablement, non ?
- Oui, on vit très confortablement.

Ça existe, les couples sans enfant.
Prenons un chien.

Tu veux vraiment reparler de ça
maintenant ? Viens.

Je ne veux pas de chien, Marta.

Je veux une famille.

Partager notre belle vie
ne la rendra que meilleure.

Tu comprends, n'est-ce pas ?

Mes parents n'accepteront jamais
une adoption.

Ils m'ont même suggéré
de recourir à la GPA.

Qui a suggéré ça ?
Ta mère ?

C'est dingue, non ?

Tu as perdu mon numéro ?

Tu es occupé ?

Accompagne-moi.

Allez, à ton tour.

À toi de frapper.

Oui.

Allez, frappe !

- Sans m'arrêter ?
- Oui. Chauffe, d'abord.

Un, un.
Un, deux.

Voilà.

Un, deux.

C'est ça !
Un, deux.

Un, deux.
Allez !

Un, un, deux.

Un, deux, frappe !

Nous allons prêter l'argent à Denis.
Je dois le voir demain.

C'est mon ami, il en a besoin.

- Vraiment ?
- Oui.

Ce n'est pas un gros effort pour nous.

Je comprends que tes parents
n'acceptent pas l'adoption.

L'idée de ta mère ne me semble pas
si saugrenue.

Écoute...

Je crois que c'est la solution idéale
pour notre projet.

Avec l'élection qui se prépare,
on ne peut pas partir...

voyager pour trouver un ventre.
Nous n'avons pas le temps.

C'est bien pour tout le monde.

Tes parents auront le petit-enfant
dont ils ont besoin,

et nous, l'enfant que nous désirons.

Bonsoir.

Quelle surprise !
Comment tu vas ?

- Bien, et toi ?
- Content de te voir. Installe-toi.

Ok.

J'ai réfléchi, je veux t'aider.

Un prêt à 0 % ?

Pas tout à fait.

Que veux-tu en échange ?

C'est ce qu'il m'a proposé.

Sa femme est d'accord,
ils attendent notre réponse.

C'est une belle somme !

Ils se prennent pour qui ?

Ma belle...

- Ton petit camarade...
- C'est la chance de notre vie.

- De la tienne.
- De la nôtre !

T'en as pas marre de galérer ?

C'est le coup de chance
qu'il nous faut.

Un coup de chance, être enceinte ?
T'en as de bonnes !

Laisse-moi faire.

Tu ne me convaincras pas.

Ça fait des années qu'on essaie
de sortir de cette galère.

- Regarde-moi.
- Quoi ?

Tu me fais confiance ?

Pas besoin de te le répéter
tout le temps, bien sûr que oui.

Tout le monde arrive à s'en sortir,
mais pour nous, rien ne bouge.

Nous, on avance petit à petit.

Serais-je un frustré ?

La chance serait passée près de moi
et je l'ai ratée ?

Je ne crois pas aux coups de chance.

Je crois à la lutte, et on fait
notre possible pour s'en sortir.

Fais ça pour moi.
Nous avons besoin de cet argent.

Non, les gens ne voient
que leur propre intérêt.

On n'existe même pas, pour eux.

Ces quelques mois peuvent
nous changer la vie.

Rencontre-les.

Invitons-les à dîner et après,
on prendra notre décision.

Tu sais que s'ils me jugent,
je vais leur rentrer dedans.

Ne t'en fais pas, ils sont très polis.

Pas moi.

- Toi, tu...
- Quoi ?

Tu es ce qu'il y a de mieux.

Ça t'excite de me voir comme ça ?

Ça m'excite beaucoup.

Énormément.
Ça me fait grave bander.

Je prends un peu de riz
pour faire du risotto.

Un ananas pour le dessert ?

Je prends aussi des radis.

Fais voir.

On a failli y aller.

Tu te souviens ?

Évidemment !
Ça aurait été génial.

Mon père n'aurait jamais accepté.

Le mien non plus,
mais on aurait pu faire le mur.

C'est ce qu'on aurait dû faire.

Les trois mousquetaires.

Qui ça ?

Denis, Isaac et Nacho.
Inséparables !

Isaac ?
Tu ne m'en as jamais parlé.

Un jour, ce monsieur a disparu
sans nous dire où il allait

et sans dire au revoir.
Tu parles d'un copain !

Tu exagères !

Je te l'ai dit, j'ai dû partir
avec mon père au Mexique.

Ouais...

Ta mère était incroyable.

Elle était... très sophistiquée.

Oui, et complètement folle.

J'étais très jaloux.
Sa mère était française.

Elle semblait sortir tout droit

d'une couverture de revue de cinéma.

Elle aimait beaucoup le luxe.

Elle me ressemblait beaucoup.
Mais tout a sacrément changé.

Ton mari, Nacho,
n'était pas très bon à la boxe,

mais il dessinait comme un dieu.

Il faisait des BD incroyables.

Il ne t'a pas montré ses œuvres ?

C'était un hobbie, un passe-temps
d'adolescent bizarre et solitaire.

Denis, quel homme continuerait
à dessiner

des BD à 40 ans passés ?

- Un homme différent de toi.
- Tu vois ?

Elle me connaît bien.

Je veux transporter les gens
dans leurs souvenirs grâce au palais.

Ma vie est remplie d'ingrédients,
de sentiments, et ma cuisine aussi.

Mon restaurant doit respirer
la haute cuisine, mais personnelle.

Je me souviens
de ce sandwich aux moules.

Ça vient de la région de Jalisco,
tequila, bière et tortas ahogadas.

Tu as toujours été un séducteur.

Moi ?

Comme deux adolescents.

J'adorerais essayer de cuisiner
des moments de ta vie.

C'est la tequila préférée de Carmen.
Elle vient du Mexique.

Je préfère le mezcal, mais c'est une
des meilleures tequilas qui existent.

Le tableau des toilettes est
très joli.

Merci.
C'est moi qui l'ai peint.

Carmen excelle
dans tout ce qu'elle fait.

Tu bois beaucoup ?

Énormément.

Dans ta famille,
y a-t-il des antécédents de cancer,

de maladies cardiovasculaires
ou d'Alzheimer ?

Des antécédents d'alcoolisme ?

Ça suffit, non ?

Ma chérie,
c'est normal de poser ces questions.

Nous avons le droit de savoir,
même les choses personnelles.

Denis dit que tu es couturière,
mais tu chantes aussi ?

Tu sors beaucoup le soir ?

Tu as fait des études ?

- Signe astrologique ?
- Signe astrologique ?

Je plaisantais.

Voici le contrat
que nous avons rédigé.

"Le montant sera réglé en trois fois.

"Un premier paiement de 3 000 euros
à titre d'acompte à la signature.

"Un deuxième paiement de 10 % du total
à la confirmation de la grossesse

"et le dernier paiement
à la remise du bébé.

"Les soussignés acceptent cet accord

et respecteront
la confidentialité absolue."

Donne, je continue.

"La soussignée...

"...prêtera ses ovules et son ventre

"tandis que le soussigné, Nacho,
donnera son sperme dans le même but.

"Il sera demandé conseil à un médecin
de confiance de la famille

"qui réalisera un examen hebdomadaire.

"L'entretien de la mère porteuse
est garanti durant toute la grossesse

et les frais d'accouchement seront
couverts."

Encore une chose.

Vous vous engagez à ne pas avoir
de relations sexuelles

entre le début du processus
et la confirmation de la grossesse.

- Tu penses quoi de ce dernier point ?
- On peut y arriver.

Pourquoi deux avocats comme vous
se prêtent à ça ?

Ici, ce n'est pas autorisé,

mais dans d'autres pays,
la GPA est tout à fait légale.

Une femme porte ton bébé
durant 9 mois,

accouche, te le remet

et tu le déclares comme tien.

Pourquoi vous n'allez pas
dans ces autres pays ?

- Carmen, ce contrat...
- Ne perdons pas de temps. Tu signes ?

Vous n'avez pas honte ?
Même pas un tout petit peu ?

Non.

Ça ne vous fait rien qu'une autre
femme soit enceinte de votre mari ?

Tu n'as pas la moindre idée
de ce que sont mes besoins

ou mes priorités.

Je vous raccompagne.

Il faut qu'on parle.

Je crois que tu as assez parlé
pour nous deux, ce soir.

C'est une histoire de confiance,
on le dit toujours.

J'aimerais te faire confiance
comme d'habitude,

mais ce n'est pas comme d'habitude.

Ils parlent de louer mon ventre
comme si c'était je ne sais quoi.

Écoute, on peut les aider.

Considère cette grossesse
comme une bonne action.

Marta veut à tout prix
donner un enfant à Nacho.

Pour elle, ne pas avoir d'enfant
doit être comme avoir une tare.

- Un défaut de fabrication.
- Oui.

Ou elle se soucie trop
de ce que pense son clan.

Exactement.

C'est une femme
très classique et conventionnelle.

C'est une pauvre femme.

Elle n'a pas du tout l'air
d'une pauvre femme.

Mais elle a un tas de règles
ancrées dans son esprit

et ne le sait même pas.

Laisse-moi.

Tu ne réussiras pas à dormir,
en colère comme tu es.

- Détendons-nous un peu.
- Va te faire foutre !

Qu'est-ce qui ne va pas
dans nos vies ?

Qu'y a-t-il de mal à travailler

dans un restaurant
qui n'est pas à toi ?

Je comprends que c'est un sacrifice.

Mais je serai à tes côtés.

C'est une somme d'argent énorme.
Après, on part d'ici.

On pourra monter un restaurant
à San Francisco ou là où tu voudras.

On montera le restaurant
dont on a toujours rêvé.

Ouais...

Dont tu as toujours rêvé toi.

Ma proposition ne te plaît pas ?

Ce sont neuf mois à tenir,
et on se barre.

Je crois que le prix à payer
est trop élevé.

Tu ne veux pas
que tout ça se réalise ?

Tu ne trouves pas ça génial ?

Qu'est-ce qui te fait peur ?

- Être enceinte.
- Je serai à tes côtés.

Et ce que je ressens, alors ?

Et... Si on fait une erreur ?

Si je n'arrive pas
à leur donner le bébé ?

Si ça nous détruit ?

Ce ne sera pas une erreur.

Cette grossesse va nous rapprocher
encore plus.

On va trouver quelque chose.

On devrait leur demander pardon.

Ah ! Le problème, c'est nos manières !

Je ne dis pas ça, Marta.

Je dis seulement que nous devons tous
faire un effort.

Notre effort, c'est de payer.

Bonjour.

C'est joli.

Mais ça ne doit pas être agréable
de travailler ici.

Je m'en accommode.

Non.

Tu t'en contentes.

Tu pourrais avoir bien mieux.

Tu ne veux rien et Denis veut tout.

La moitié de l'argent te reviendra.

Pourquoi tu fais ça ?

Les enfants nous ancrent dans ce monde
et nous donnent une cohésion sociale.

Et il faut bien donner un sens
à la vie et au mariage.

Ton mariage n'a pas assez de sens,
pour toi ?

Au fait, je suis Lion.

Elle doit très bien t'aller.

Ne fais pas de bruit en entrant.

Nous avons besoin du mailing à jour
du barreau.

Assurons-nous que notre campagne
soit la campagne officielle.

Tu as des questions ?

Nacho,
la campagne se fait toute seule.

Dis le strict nécessaire

et ne fais pas de propositions
trop originales.

- Il faudra présenter vos comptes.
- Bien sûr.

Que tout soit en ordre,
et soyez discrets.

Peu de gens votent. On ne veut pas
réveiller les électeurs endormis.

Tu as compris ?

Je croyais
que tu en avais assez de moi.

Tu l'as acheté sur Internet ?

"Kit d'insémination artificielle",
9,99, envoi inclus.

Je ne blague pas.

C'est un peu salé.

J'en ai mis trop ?

J'espère qu'il est propre.

Comment ça, propre ?

Ton petit mari.

Par rapport aux maladies
sexuellement transmissibles.

Au revoir.

Félicitations.

Merci.

- Tu veux un verre ?
- Bien sûr.

Je vais vous faire
le deuxième paiement.

Partons.

Partons quelques jours.

Non, maman,
on ne restera pas longtemps.

Oui, il s'en occupera.

D'accord, maman.
Au revoir.

- Elles te vont bien ?
- Oui.

- On va faire un tour ?
- Oui.

Je vous attends ici avec une bière
et je vous prépare le dîner.

Super.

Il est si mignon et tellement gentil.

Le mois prochain,
il y a une nouvelle audience.

Je pense qu'ils changeront de juge,
ce qui est bien.

Mais bon, patience.

Je te dis ça la semaine prochaine.

Ravi de t'avoir vu.
Prends soin de toi.

- Comment ça va ?
- J'ai une option sur un super local.

Je veux aller le voir vite,
car s'il me plaît,

je lance les travaux de suite.

- Aller le voir ?
- Oui.

Où ça ?

Je ne compte pas monter
mon restaurant ici.

- Tu ne me l'avais pas dit.
- Maintenant, c'est fait.

L'agence m'a dit
de ne pas rater cette occasion.

Allez, lance-toi.

- J'y vais.
- Allez !

Je trouvais que c'était une idée bête,
mais ça commence à me plaire.

On rentre ?

Tu en veux ?

Si le propriétaire du barbecue
me voyait,

il aurait une crise cardiaque.

Tu serais une bonne mère.

Tu parles trop.

Excuse-moi,
je ne sais pas peser mes mots,

pas plus que mes agissements parfois.

Je me tais.

Quel imbécile !

Ce que tu peux être bête !
Mon Dieu !

J'ai faim.

Allons faire un tour.

- Je t'apprends un jeu, d'accord ?
- D'accord.

Mais prends-le au sérieux, hein !

D'abord,
tu choisis une paire de chaussures

qui attirent ton attention,

puis tu dois découvrir qui les porte
en parcourant, lentement,

avec les yeux,
le corps jusqu'à arriver au visage.

Ne rigole pas ! Je fais ça
pour me détendre, c'est très sérieux.

J'ai essayé la méditation,
mais ça n'a pas marché.

T'as toujours été bon
pour t'inventer des histoires.

Regarde, pour ces deux-là,

ce serait chouette d'inventer
une histoire d'amour

à la place de leur vie, non ?

Ok.
Ils se sont rencontrés au lycée.

- Ah oui ?
- Mais oui, regarde-les.

Puis ils ont dû se séparer car elle,
elle aimait les sciences humaines,

et lui, la technologie.
- Elle est architecte !

Ah non, ils étaient voisins,

mais ils se sont perdus de vue
pendant deux ans.

Puis son cousin à elle...

Oui, son cousin à elle les a réunis
lors du baptême de son fils aîné.

- Tu paries combien ?
- Deux cents balles.

- Laisse-moi réfléchir.
- T'as pas la moindre chance.

Bonjour !
Puis-je vous poser une question ?

- Oui.
- Vous êtes d'ici ?

Moi oui, mais pas lui.
Il est du pays de Galles.

Oh, super !

On a fait un pari avec mon ami,
mais je crois que j'ai perdu.

On est en vacances.
On vient juste de se connaître.

Bon, bonne soirée.

- Viens là.
- Rien à voir !

Il est gallois et ils viennent
de se rencontrer dans un bar.

Tu es vraiment mauvais à ce jeu.
Vraiment mauvais.

- Au revoir !
- Au revoir !

D'accord, bien sûr.
Quand vous voudrez, oui.

Toi aussi, tu me manques.
Bisou.

Je lui fais de ta part.
Et un bisou pour Carmen.

Marta m'a dit de te faire un bisou
de sa part.

Bisou reçu.

- Alors ?
- Elles ne rentrent pas demain.

- Elles restent entre copines.
- Très bien.

Viens là.

On va fumer un petit joint
et rire un peu.

On ne peut jamais te dire non, à toi.

Non,
c'est toi qui ne veux pas dire non.

Pourquoi tu dis ça ?

Parce que Marta ne saura rien.

Je ne lui dirai rien et toi non plus.

Ce n'étaient
que quelques ébats innocents.

Tu te souviens du premier
qu'on a fumé ?

Isaac,

toi

et moi.

Tu nous protégeais.

Mais tu t'es barré sans rien dire.

Tu as pensé à ce qu'on a ressenti ?

Tu ne m'as pas dit
comment tu as su pour Isaac.

On l'a laissé seul, toi et moi.

Je traîne ce fardeau derrière moi.

Ce n'est de la faute à personne.

Ma chérie !

- Quoi ?
- On part, on quitte ce pays !

Je t'aime, ma chérie.
Je t'aime !

On va trinquer.

À quoi ?

Tu n'as plus besoin de le garder.

- Qu'est-ce que tu dis ?
- Il est encore temps d'arrêter ça.

Qu'est-ce que tu racontes, Denis ?

Tu n'as plus besoin de faire ça.
Tiens.

- Bois !
- Non, attends.

- Je ne...
- Écoute.

Tu es l'artiste de cette famille.
Tu peux faire tout ce que tu veux.

Qu'aimerais-tu faire dans la vie ?

Pourquoi tu voudrais continuer ?

Parce qu'on s'est engagés,
on a signé un contrat,

on a donné notre parole.

Et alors ? On dira
que c'est une fausse couche.

Ce contrat est illégal.
Ce n'est qu'un bout de papier.

On ne peut pas prendre ça
à la légère.

En tout cas, moi, je ne peux pas.
Je dois y réfléchir.

Mais qu'est-ce que tu as ?

Ils ne veulent cet enfant
que pour le montrer.

Ça n'a peut-être pas de sens
ni pour toi ni pour eux,

mais pour moi, si.

Mais quel sens ?
Cette grossesse est une transaction.

Je trouve que ce n'est pas bien.

Ce n'est pas éthique,
ce n'est pas un jeu, Denis.

Je le sens, le bébé.

Déconne pas !
T'es devenue anti-avortement ?

Toi, déconne pas !
Tu ne penses qu'à toi.

Non, c'est à toi que je pense.

Il n'y a aucune raison
que tu vives ça.

Tu peux éviter cette souffrance.

Bien sûr, et on annonce à tes amis

que finalement,
ils ne seront pas parents.

Fais comme tu veux,

mais moi, je monte mon resto
et je me tire d'ici.

Avec ou sans toi !

Je ne voulais pas le faire.

Je ne voulais pas être enceinte.

Je ne suis qu'un égoïste.

Tout ce que je veux, c'est cuisiner.
Rien d'autre.

Je veux avoir mon restaurant.

J'ai fait de gros efforts
et j'ai enfin le putain de fric !

Qu'est-ce que tu as fait ?

Tu as couché avec lui ?

Ça fait des années qu'il le voulait.

T'es vraiment un bel enfoiré.

Tu fais quoi, gros naze ?

Tu fais quoi ?

Tapette !

Qu'est-ce qu'on fout, Marta ?

Je n'en peux plus.

Je te jure que je n'en peux plus.

Pourquoi je fais toujours tout
de travers ?

Toujours.

Je ne sais pas ce que j'ai,

mais je ne me sens pas bien.

Je cogite à fond et...

Je ne sais pas si ça va s'arrêter.

Je ne me sens pas bien.

Je n'arrête pas de penser à Denis.

Aux moments où on était ensemble.

Vraiment, je crois que...

Je suis ce que je suis
en partie grâce à lui.

On peut tomber amoureux
de quelqu'un au premier regard ?

Je voulais juste sortir de là
et connaître d'autres personnes.

Comme toi.

C'est tout.

Maman ?

Bien.

Quoi ?

Rouges ou jaunes, les roses ?

Pour la fête ?

Pour la fête, rouges.

Oui, mes préférées.

Non, maman.

Il est trop tôt, ça ne se voit pas.

Oui, maman.

D'accord, maman.

Vous voilà enfin !

Ça va ? Super !

La campagne se gagne voix par voix.

Il faut renforcer la présence
du candidat,

les appels téléphoniques personnels,
les visites dans les bureaux,

intégrer dans la liste

tous les secteurs de la profession,

parler avec les jeunes,
les personnes âgées...

Excusez-moi.

C'est absurde.

C'est absurde !

Putain !

Je veux partir.

Comment tu vas ?

Marta et moi, ça ne marchait pas.

Tout ça n'a fait
que mettre la vérité au grand jour.

Je suis vraiment désolé.

Désolé que tout se termine comme ça.

Ne t'en fais pas, je vais bien.

J'ai très peur,

mais je vais bien.

Tu sais ce que je pense ?

Que te revoir est la meilleure chose
qui pouvait m'arriver.

C'est une grande responsabilité.

C'est vrai.

Toutes ces années,
j'ai refusé de le voir,

mais maintenant, c'est clair.

C'est juste que je ne sais pas
quoi faire.

Tu n'as pas grand-chose à faire.

En fait, rien ne change.

Rien ne change ?

On n'a pas parlé de nous deux.

Et il y a aussi le bébé...

C'est compliqué,
mais c'est la seule chose claire.

Nacho...

Ne complique pas plus les choses.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Tu te trompes, on n'a plus 16 ans.

Non. Maintenant, tu es bien mieux.

Non, je ne suis pas
ce que tu veux que je sois.

- Ne t'emballe pas.
- Je ne m'emballe pas.

J'ai vécu de nombreuses années...

un peu... bloqué.

Comme paralysé, immobilisé.

Je t'ai juste aidé à démarrer.

Tu es entré dans la douche
20 ans trop tard.

Maintenant, tu dois continuer
à faire ta vie.

- Avec toi.
- Non, pas avec moi.

Pourquoi pas ?

Parce qu'on ferait une erreur,
toi et moi.

Je ne sais pas aimer.
Je t'empêcherais de t'épanouir.

Putain...

Moi aussi,
j'ai beaucoup appris avec tout ça.

J'adore qu'on m'aime,
j'adore qu'on me désire.

J'aime qu'on prenne soin de moi.

Mais je ne sais pas le faire.

Je suis comme ma mère.

Mon père l'aimait tellement...

Tellement qu'il n'a pas supporté
qu'elle le quitte.

Et il a voulu lui faire du mal.

Tu sais pourquoi je suis parti ?

Je me suis entiché d'un photographe,
un ami de ma mère.

Quand mon père l'a appris,
il s'est vengé d'elle.

Pour la briser,
il m'a emmené à l'étranger.

Ça l'a détruite.

Il l'a anéantie
et conduite au suicide.

Oui, je suis un égoïste.

Mais j'ai déjà fait assez de mal.
Je ne veux pas en faire plus.

Je baiserai avec qui je voudrai,
mais je serai seul.

Quelle merde, tout ça.

Tu ne trouves pas ?

Je trouve que c'est réel.

On va se revoir, n'est-ce pas ?

Tu me prends dans tes bras ?

- Ça ne te ferait pas de bien.
- Ni de mal.

Isaac !