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LE CONSCRlT
d'aprés le roman d'Hendrik Conscience

1833,
une place de village en Campine.

Le recrutement du service militaire
se fait par tirage au sort.

Le peuple appelle ce systéme
de recrutement "la loi du sang" .

Anthonissen.
- Allez Anthonissen, tirez.

Numéro 324. Exempté.

Votre nom ?
- Piet Willems.

Allez Willems, tirez.

Numéro 28.
Bon pour le service.

Nom d'un...

Vandenbrande.
Numéro 44. Bon pour le service.

Sous la toise.

Vandewiele.

Onze.
Bon pour le service.

Sous la toise.

Karel Timmermans.

Six. Bon pour le service.
- Bien.

Si on tire de la main gauche,
on a plus de chance.

Chez nous, on brûle un cierge.
Ça marche aussi je suppose.

N'oublie pas. Si tu es exempté,
tu peux te faire de l'argent.

Fais-moi signe.
- D'accord.

J'irai pas. Salauds, merde.

Lâchez-moi. J'irai pas. Non.

Lâchez-moi.

Je ne veux pas entrer à l'armée.

Votre nom ?
- Jan Braems.

Numéro 434, Braems. Exempté.

Viens, je t'offre une biére.

Tu as eu de la chance.
- Oui, Monsieur.

J'ignore comment je l'aurais annoncé
à la maison si j'avais été conscrit.

On n'est pas riches.
Et avec tout ce travail...

Tu pourrais gagner de l'argent
à ne rien faire.

Je n'ai encore jamais entendu ça,
Monsieur.

Une autre biére.

Un soldat, ça travaille dur ?
- Non, mais ça ne gagne rien non plus.

C'est ce que tu crois. Je peux te donner
de l'argent si tu te portes volontaire.

Vous ?

Pourquoi feriez-vous ça ?

Hé, les gars.

Je suis exempté.

Flupke, je suis exempté.

Je suis exempté.
Oui, je suis exempté.

Les gars, je suis exempté.

Hé, les gars.

Je suis exempté.

Ecoute, je t'échange ton numéro
contre un autre avec un joli magot.

Je me vois mal
annoncer ca à Katrien.
ç

Rien ne t'oblige à lui dire.

Dis-lui que tu es conscrit
et l'argent est à toi.

Tu l'emportes partout avec toi.
A l'armée aussi.

A ton retour, elle sera bien contente.
Elle sera surprise.

Tu pourras te marier, acheter une ferme,
trois vaches au lieu d'une.

Je ne suis pas tranquille.
- Quoi encore ?

Je m'inquiéte.
- Tu t'inquiétes ? Pourquoi ?

Vous savez bien, pour Jan.

lmaginez que demain
il m'annonce qu'il est conscrit.

On verra ca demain.
ç

J'en dormirai pas de la nuit.
Je l'aime tant.

Moi pas, peut-être ?
- C'est différent.

Vous êtes son grand-pére.

Qu'est-ce que c'est ?
- Quoi ?

Ce hurlement ?
- Ah, ce n'est rien.

C'est le chien de Klaas.

Sa maîtresse est morte cette nuit.
Une phtisie galopante.

C'est mauvais signe.

Les voilà.

Les voilà.

Exempté. J'ai tiré le bon numéro.
- Je suis exempté.

J'ai tiré le bon numéro.
Je suis exempté.

Je suis exempté. Je suis exempté.

Bon pour le service.
- Jan.

Jan, dis-moi que ce n'est pas vrai.
Tu n'es pas conscrit.

Si, Katrien.

Je suis dedans.

Plus droit, nom d'un chien.

Plus droit, sacrebleu.

Merde.

Recule. Recule.

A toi.

Katrien n'y arrivera jamais.

Ça va, ça suffit.

Recule.
- Je ne te reconnais pas.

Tu es sûr que tu m'aimes ?
- Bien sûr que je t'aime.

Qu'est-ce que tu vas faire
quand je serai à l'armée ? Bon sang.

Toujours les mêmes qui travaillent.

C'est pas une raison
pour t'en prendre à moi.

Je n'aurais jamais dû faire ça.
- Que veux-tu dire, Jan ?

Tu n'y peux rien.
- Bande de salauds.

On fait des lois, mais c'est toujours
pour les riches. Je ne partirai pas.

Si les gendarmes viennent me chercher,
je sortirai ma fourche.

Jan, mon garçon.

Je ne suis pas ta mére, mais
je vais te donner quelques conseils.

D'abord, il faut te méfier
des mauvais camarades.

Et il faut rester pieux.

Tu me comprends.

Reste pur.

Je n'arrêterai pas
de penser à vous tous.

Chaque jour.

N'oublie pas de nous donner
des nouvelles de ta santé.

Allez Jan.
Tâche de ne pas t'attirer des ennuis.

Je ferai attention.
- Tu es plutôt buté.

Et colérique en plus.
Faudra que tu te maîtrises.

Quand tu recevras un ordre
de tes supérieurs, faudra obéir.

Même si tu penses qu'ils ont tort.

Garde bien dans la tête
que ce sont tes supérieurs.

Allez, au revoir Jan.

Viens.

Au revoir.

Tu ne m'oublieras pas, Katrien ?
- Quelle question !

Je te l'ai promis à plusieurs reprises.

Tu m'attendras jusqu'à mon retour ?

Je m'occuperai de ton grand-pére
et de ton petit frére.

Je ferai tout ton travail. Je soignerai
le cheval et labourerai bien droit.

Je me sens assez forte, j'ai la santé.

Tu verras, à ton retour,
tout sera comme avant.

Tout ?
- Tout.

Et je n'irai pas à la kermesse
en ton absence.

Sans toi, ça ne m'intéresse pas.

Promets-moi de ne pas faire
ce que dit le forgeron,

te soûler et courir les filles.

Adieu mon amour
Je dois te quitter

Adieu mon amour
Je dois rejoindre l'armée

Karel, qu'est-ce qu'il raconte ?
- Une histoire de condamnation à mort.

Les gars, je suis votre médecin.

Je vous préviens d'une chose.

Moins vous viendrez me voir,
mieux ce sera.

Je ne sais pas d'où vous venez,
mais je le dis pour votre bien.

Un bon soldat se lave tous les jours.

Regardez ces trois là.

De bons soldats,
mais qui n'ont pas voulu m'écouter.

Celui qui ne se lave pas tous les jours
au savon noir

ou qui a de mauvaises maniéres
hors de la caserne

a, de nos jours, neuf chances sur dix
de devenir aveugle. Compris ?

Soyez propres
si vous tenez à votre santé.

Et surveillez votre col
et votre Schako.

Suivre.

Prendre les paniers.

Suivre.

Verser.

Foin dans le sabot,
du côté des écuries.

Comme ca.
ç

Toi aussi.

Viens.

Maintenant, de la paille
dans l'autre sabot.

C'est l'heure de manger.

J'ai presque fini.

Tu n'as pas fait grand-chose, hein ?

De mon temps, je faisais tout ça
en une demi-journée.

Ca m'avance bien.
ç

Demain, il faut payer le fermage.

Vous avez une drôle de facon
ç
de m'encourager.

Les rats.

7 francs 75 ?
Ce n'est pourtant pas ma faute.

Sacré nom de Dieu.

Sacré nom de Dieu.
C'est pas possible.

Des voleurs.

Maudits salauds de voleurs.
On a volé tout mon argent.

Attention, Jan.

Maîtrise-toi, Jan. Maîtrise-toi. Jan.

Salaud.

Salaud.

J'ai fait tout ça pour rien.

Debout.

Continue. Allez, plus vite.

Maître Blijckaerts, notaire résidant
à Bosbeke, procédera le 1 7 mai 1834

à la saisie des meubles appartenant
à Theofiel et Jan Braems.

Une fois vendus, meubles,
pommes de terre et graines,

seront au risque et péril des acheteurs.

Liste des objets saisis dans la maison
de Theofiel et Jan Braems à Bosbeke.

Un rouet, une baratte à beurre,
quatre assiettes,

une houe, une balance,
une chaise en osier

une vache blanche et rousse,
le fumier,

un mouchoir de soie noire,

deux piéges à souris, une poêle à frire,
une table et un coffre, un vieux lit,

deux pots en terre et une cruche,
un cheval de labour de 1 4 ans.

La vente publique des objets saisis
aura lieu à Bosbeke le 10 juin 1834.

Ho, Lizette.

C'est étrange.
ll avait pourtant plein d'argent.

Lizette.

Quoi ? Tu es de si mauvaise humeur.
- Je ne sais pas, Karel.

Je me sens tout drôle.
- Pas besoin de faire un dessin.

Un costaud de ton genre
loin de chez lui depuis tout ce temps.

ll est temps
que t'ailles voir les filles.

J'en connais une.
Juste ce qu'il te faut.

Karel, combien ça va coûter ?
- Rien, c'est moi qui t'invite.

Tu es mon ami.
Je te laisse la plus belle.

Un client pour toi.
Un vrai bleu.

La mére me suffira.
J'apprendrai peut-être encore des trucs.

Viens, colonel.

Pourquoi tu restes planté là ?

Tu veux rester tout habillé ?

Tu veux le faire comment ?

C'est sûrement ta premiére fois ?

Nom ?

Braems.

Matricule ?
- Numéro 1 10.

Combien de temps de service ?
- Huit mois et quatorze jours.

Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je t'écoute.

J'ai trés mal.

Où ca ?
ç

Aux yeux.

Qu'est-ce que tu leur as fait ?

Je les ai baignés.
- Avec quoi ?

lls m'ont dit
que je devais me les laver avec...

Avec ta pisse, c'est bien ça ?
Avec ta propre pisse.

C'est incroyable.
Entendre ça de nos jours.

On se donne un mal fou
pour inculquer l'hygiéne à ces paysans

et ils écoutent les charlatans.

Regarde-moi ça.

Autant te le dire tout de suite.
Tes yeux sont dans un sale état.

Jan, à bientôt.

M. le sacristain,
vous avez une plume et un encrier ?

Oui, entre Katrien.

Comment va ton Jan ?

Oui, mon Jan...
Seul Notre Seigneur le sait.

Cela fait six mois que
l'on n'a plus eu de nouvelles de lui.

ll est loin,
un peu plus haut que Maastricht.

C'est pas tous les jours
que quelqu'un de là-bas passe ici.

Tu le fréquentais un peu ?
- Un peu.

Tu trouves pas ça curieux
qu'il te laisse sans nouvelles ?

ll ne sait pas écrire ?

Je suis sûr qu'il t'a oubliée.

Tu es sûre
que tu n'as pas besoin de mon aide ?

C'est comme tu veux.

Tu vas écrire des choses
qu'un étranger ne peut pas lire.

Mais non, M. le sacristain.

Je suis curieux de savoir
comment tu vas t'y prendre.

Qu'est-ce que je vous dois ?

Rien.

C'est bien parce que c'est toi.

Tu es sûre que tu veux pas manger ?
- Je ne pourrais pas.

Je vous écoute.

Qu'est-ce que j'écris ?

Eh bien, écris tout ce qui s'est passé.

Que j'ai eu des problémes
avec mes amygdales.

Et que j'ai eu un coup de sabot
de la génisse.

Ecris que tu prends la plume pour
prendre des nouvelles de sa santé.

La lettre de Peer Jans commencait ainsi.
ç
- Non, pas question.

C'est trop sec.

Mets déjà son nom sur la feuille.
- Quel nom ? Braems ?

Non, Jan.

Jan tout seul, c'est trop court.
Mets plutôt : Mon Jan bien-aimé.

Mon Jan bien-aimé ?

Oui, mon Jan bien-aimé.

Tu peux pas écrire plus vite ?

Si tu ne veux pas finir
la semaine des quatre jeudis...

Dis-lui bien qu'on a perdu notre ferme.

Non.

J'écris pas ça.

Ça lui ferait trop de peine.

Lis un peu ce que t'as déjà écrit.

Mon Jan bien-aimé,
comment te portes-tu ?

Quant à nous, Dieu soit loué,
tout va bien côté santé.

Le cheval et la vache aussi,
mais pas grand-pére qui est malade.

Nous te souhaitons tous
une bonne journée.

Cela fait six mois
que nous n'avons plus de tes nouvelles

et nous nous demandons
comment tu t'en sors à l'armée.

Et la nourriture ? Tu manges à ta faim ?
- Pauwke, va chercher la faucille.

Bonjour, Jef. Comment vas-tu ?
- Bien, Katrien, bien.

J'arrive de Venlo.

J'y étais la semaine derniére.

J'ai rencontré Karel,
le fils du marchand de pommes de terre.

L'ami de Jan.

ll m'a dit que ton Jan
ne va pas trés bien.

Qu'est-ce qu'il a ?

Dis-le.

J'ai fait un détour pour te prévenir.

ll est à l'infirmerie.
Ses yeux sont malades.

ll est aveugle.

ll est aveugle.

Tu n'oses pas me le dire.

Mére.
Mére, je vais à Venlo.

J'ai juste assez d'économies
pour y aller.

Je dois retrouver Jan.
Je le sens. ll a besoin de moi.

Jan Braems est ici ?

Jan Braems ?
Celui de l'infirmerie des aveugles ?

C'était donc vrai. J'en étais sûre.

Conduisez-moi auprés de lui.
ll sera content.

Les visites aux aveugles
sont interdites. C'est le réglement.

C'est impossible. Je suis venue
de si loin et je ne peux pas le voir.

Je vous en supplie.
- J'aurai des ennuis.

Je passerai quand même.
Je le verrai et je lui parlerai.

Personne ne peut m'en empêcher.

ll faut que je le voie.

Oh Jan, Jan.

Ce n'est rien, Katrien.
lls voient avec leurs doigts.

Allez, les gars. Laissez-la.
C'est ma fiancée. Vous lui faites peur.

Hé là, qu'est-ce qui se passe ?

Qui vous a laissé entrer ?
Dehors et plus vite que ça.

Je ne fais pas de mal.
Laissez-moi encore une demi-heure.

Pas une minute de plus.
Cessez cette mascarade.

Personne ne peut entrer ici.
Les civils ne peuvent pas entrer.

Et encore moins les femmes.
- Un quart d'heure.

Par pitié.
Vous parlez le flamand comme nous.

Pas question.

Vous serez tous privés de repas.

Elle va partir, Sergent.

La femme du commandant arrive.
Elle est d'Anvers. Elle parle flamand.

Elle est trés gentille.

Qu'espéres-tu que je fasse pour toi ?
- Oh, Madame, je ne sais pas.

On m'empêche de voir Jan.
ll est devenu aveugle.

Je suis venue de si loin.

Attends un instant.

Secrétaire ?
- Oui, mon Commandant.

Tu te souviens de la circulaire
numéro 282 à propos des aveugles ?

Retrouve-la-moi.

Voilà.

C'est parfait.

Allez me chercher... Quel est son nom ?
- Jan Braems, mon Commandant.

Trés bien, appelez ce Baer.

Braems, Commandant.

C'est ce que je dis, Baer.

C'est un frére ou un parent ?

Je ne suis pas sa sœur, mais depuis
notre enfance, nous vivons ensemble.

C'est ce que je dis, tu es sa sœur.

Prépare ses papiers et note-le.

Serais-tu contente
de pouvoir ramener Jan à la maison ?

Ne dites pas ça, si ce n'est pas vrai.
- C'est vrai.

ll peut rentrer chez lui.

Katrien, je peux rentrer avec toi.
Je peux rentrer chez nous.

Si seulement je pouvais te voir.

Merci Madame. Notre Seigneur
vous bénira, j'en suis certaine.

Mon commandant,
il y a une complication.

ll doit encore payer deux francs
pour son havresac abîmé.

Tu as deux francs ?

Je n'ai qu'un franc cinquante.

Ma foi...
- Laisse, je vais arranger ça.

La haute société se déchire
assez comme ca. Bonne chance.
ç

Katrien ? Où es-tu ?
- Je suis là, Jan. Je suis là.

Doucement. Qu'est-ce qui se passe ?

J'ai rêvé.

J'ai rêvé que j'étais complétement seul,
que tu m'avais abandonné.

Où as-tu été chercher ca ? Tu sais
ç
qu'il ne faut pas croire les rêves.

J'ai de quoi manger.

N'hésite pas à me le dire
si je marche trop vite.

On va parler en marchant.

Ça passera le temps.

Faut pas que tu sois triste.

Dans trois ou quatre jours,
nous serons chez nous.

lls seront tous tellement contents.

ll est bien là-bas.
Sur la riviére, il fait plus frais.

Je vous remercie de tout cœur
de nous avoir aidés.

Je vais te donner une provision de pain

et une corde pour l'attacher à toi.

A ta place, je ferais un pélerinage
à Saint-Joris.

Saint-Joris guérit les pustules
et les maladies des yeux.

Mon oncle l'a fait
et maintenant il est guéri.

Faut me dire
quelle route il faut prendre.

Je ne pourrai plus
marcher des heures aujourd'hui.

J'aperçois deux tours au loin.

Trés loin ?
- A une heure ou deux de marche.

Tu vas y arriver ?

Oui, oui.

Pourquoi t'arrêtes-tu ?
- C'est malin.

On est devant un ruisseau.

ll n'y a pas de pont ?
- On dirait que non.

L'eau est profonde ?
- Ça n'en a pas l'air.

Donne-moi la main.

Oui, oui.

Venez.

C'est la premiére nuit
qu'on est seuls.

Tu es si calme.

Qu'est-ce que tu espérais
avec un aveugle ?

La même chose
qu'avec une personne qui voit.

Tu sais bien que ce n'est pas pareil.
- Pour moi si.

Tu es une jeune et jolie fille.
Tu seras malheureuse avec un infirme.

Je le serai encore plus sans toi.

Tu ne te débarrasseras pas de moi.

Dis-toi bien
que tu ne te débarrasseras pas de moi.

Je te prendrai par le bras
et te traînerai devant le curé.

Katrien.
Si seulement je pouvais te voir.

C'est le jour du tirage au sort
que nos miséres ont commencé.

Si je pouvais revenir en arriére.
- Oh Jan.

Tu es mon Jan
et tout le reste ne compte pas.

Ton petit va faire trempette.

Où est l'argent ?

On n'en a pas... On n'a pas d'argent.

On a oublié quelqu'un là-haut.

lls viennent par ici.

Quand je crierai,
donne un grand coup avec ça.

Attention. Prêt ?

Faut foutre le camp.
lls sont plusieurs.

lls ont tué Fransoo.

Nom d'un chien.

Le petit, le petit.
Retire le petit de l'eau.

Le petit.

Le petit.

lls partent.

Tu comptes demander
la charité aux nonnes ?

ldiot. Si on a besoin de quelque chose,
on n'a qu'à se servir.

Regarde-moi ça.

C'est la fille qui nous a vus.
- Avec l'aveugle ?

Tirons-nous avant qu'elle n'aille
aux gendarmes. Mais un jour, je l'aurai.

Seigneur,
par le pouvoir de ce mystére,

pardonnez-nous nos offenses
et protégez-nous de nos ennemis.

C'est magnifique.

Je n'ai jamais vu une telle splendeur.

Et les religieuses
sont vêtues comme des anges.

Elles donnent à manger aux miséreux.

ll y en a un
qui est couvert de pustules.

Et ces peintures...

Tout cet or sur l'autel.

C'est si beau
que je ne trouve pas les mots.

Veuillez recevoir cette offrande,
Seigneur, pour notre salut.

Purifiez nos âmes des pensées impures

et maintenez-les intactes.

Dieu miséricordieux,
faites que cette offrande salutaire

nous délivre du péché
et nous protége du mal à tout jamais.

Voici la statue miraculeuse
dont la bateliére nous avait parlé.

ll faut prier de tout notre cœur.

Je vais te rafraîchir.

Ca fait du bien.
ç

Comment as-tu su où j'étais ?
- Je t'ai vue, Katrien.

Mon œil droit
n'est pas tout à fait perdu.

Non, c'est faux.
C'est une idée que tu te fais.

Je t'assure, je t'ai vue
comme une ombre dans le brouillard.

Dans ce cas, c'est peut-être le début
de ta guérison.

Notre Seigneur nous a exaucés.

Je n'en peux plus, Katrien.

Je ne peux plus avancer.

Je ne fais que trébucher.

Un peu plus loin, il y a de l'ombre.

ll faut arriver là-bas.

Je ne vois plus.

Plus rien.

Je ne verrai jamais plus.

Qu'est-ce que vous faites ici ?

C'est une propriété privée.

Qu'est-ce qu'il a ?

Notre docteur pourra arranger ça.

Venez avec moi.

C'est pendant le service militaire.
- Oui, c'est l'éternelle histoire.

Donne-moi de l'eau chaude
et de l'alcool.

Vous savez ce qui cloche
dans notre société ?

Non, Monsieur.

Ce monde ne tournera pas rond tant
que l'esprit ne prendra pas le dessus.

ll faut que l'élite, l'intelligentsia,

les disciples de Montesquieu
et de Voltaire prennent le pouvoir.

C'est trop compliqué pour nous.

Où sont passés les grands esprits ?

Et la société
où chacun connaît sa place ?

Les pansements.

Les philosophes et les grands esprits
comme Platon devraient gouverner.

C'est eux qui devraient être généraux,
ministres, cardinaux et roi.

On n'y comprend rien
à toute cette politique.

Vous pensez que ses yeux guériront ?

Rien n'est encore perdu.
J'ai déjà vu des cas semblables.

Faites réguliérement des compresses
avec des feuilles de sureau.

lmbécile, c'est qui le docteur ?
Fiche le camp d'ici.

Tu ne sais ni lire ni écrire et
tu te permets de donner des conseils ?

Qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne peux rien de plus.

Allez-vous-en.

Où sommes-nous ?
- Tout prés de Westerbos.

Nous y serons bientôt.

Qu'est-ce qu'il y a, Katrien ?

Quoi ?

Katrien ?
- Les bandits.

Occupe-toi de lui.

Qu'allez-vous faire, salopards ?
Nous sommes comme vous.

Non, nous ne sommes pas comme toi.
Ne sois pas impatient.

Je te raconterai exactement
tout ce qui se passera.

Ne t'inquiéte pas, soldat.

D'abord on lui enléve sa robe.
- C'est faux, Jan.

C'est faux, Jan.

Et maintenant, le reste.
- Sale fumier.

Et voilà, elle est toute nue, soldat.
Tu l'as déjà vue comme ça ?

Tu peux encore renifler, soldat ?
- Non, non.

C'est faux, Jan.
C'est faux.

Je vais peloter ses seins.
- C'est faux.

Et les bouts.

Lui peloter les cuisses et son cul.
- Salaud.

Je vois son paradis, soldat.

J'ai autre chose à faire que de parler.

Jan, mon Jan bien-aimé.
C'est faux. C'est faux.

C'est à toi.

Jan, il faut continuer.

On ne peut pas rester ici.

Non.

Non.

Alors partons.