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Marius?

Marius!

Je prends mon petit—déjeuner.

J'aimerais bien que tu me laisses
tranquille. C'est possible?

Tu t'en vas ?

Tu ne m'entends pas?

Je m'en vais.

Tu t'en vas ?
- Oui.

Tu me laisses toute seule?

Oui, je doisiravailler.

Qu'est—ce que je ferai toute la journée ?

C'est entièrement à toi de voir.

Au décès d'Angela Mulder.
Qu'il profite à nouslous.

C'est exprès,
qu'il me barre le passage?

C'est bien le but, hein, Karl?

Oui, c'est le but.

Pourquoi on m'humilie dès que j'entre ?

Humilie ? Je taquine ton personnage,
maislu le prends pourtoi.

Oui. Je ne suis pas débile.

Tu y prends trop de plaisir.
- Je dois le faire à contrecœur?

C'est la troisième scène
où Günter me contrarie.

Contrarie ? Mais on joue !

Pourquoi je peux pas réagir?

Ton personnage ne réagit pas.

Günter ne pourrait pas me barrer
le passage plus subtilement?

Je veux bien essayer.

Allez-y.

Au décès d'Angela Mulder.
Qu'il profite à noustous.

Mais c‘est pas plus subtil !

Non, mais c‘est mieux.
- Mieux?

Tu vois pas qu'il fait exprès
de me faire chier?

Il est interdit de fumer, Marius.

On laisse tomber pour le moment.
Ça fera plaisirà Marius.

C'est pas bien, ce que je fais?
- Tu es de mauvaise humeur.

Prenons la scène 5.

Comme tu veux, Karl.

Vous êtes réveillés ?

Betty, ne fais pas l'enfant !

On est réveillés.

Papa veut discuter avec Olaf.

J‘écoute.

Je veux connaître tes projets.

Pouraujourd'hui ?

Je parle de tes projets d‘avenir.

Ils sont en gestation.

Tu peux répondre sérieusement?

C'est à toi.

Cilla, ferme—la, d'accord ?

On peut reprendre?

Vas—y.

Papa veut discuter avec Olaf.
- J‘écoute.

Je veux connaître tes projets.

Pouraujourd'hui ?

Je parle de tes projets d‘avenir.

Ils sont en gestation.

Tu peux répondre sérieusement?
- Cilla, ferme—la, d'accord ?

Je t'aide !

Arrêtez, ça ne sert à rien.

Qu'est—ce qui se passe, Marius?

Je ne suis pas concentré.
- Tu ne sais pas ton texte.

J'ai pas tout mémorise.

Tu dois le mémoriser.
On peut pas travailler comme ça.

C'est l'heure.

On se revoit tous demain.

Günter a une interview.

Qu'est—ce que tu fais avec ce sac?

Je savais que tu oublierais.

Greta part six semaines à l'étranger.
Je garde son chat et son appartement.

Tu vas aussi dormir là-bas?
- Oui.

J'ai envie d'être un peu toute seule.

Tu ne penses qu‘à la pièce,
en ce moment.

Je serai seul au lit
pendant six semaines?

Je passerai parfois la nuit.

Ou bien ça sera moi.
- C'est ça.

C'est ici ?

Non, c‘est derrière.
Maisje passe au supermarché.

Ça ne te dérange pas?
- Pas du tout.

Je passe te prendre, demain?
- Non, je prendrais la mob de Greta.

Tu ne devais pasvenirdemain ?
- Non, aujourd'hui.

Je croyais demain.

Viens.

J'aimerais bien, mais tu dois partir.
Lizzyvient dîner avec son ami.

Ta fille peut bien le savoir, non?
- Personne ne doit savoir.

Son ami Vient aussi.
On le saurait vite et Karl aussi.

Tu doiste dépêcher.

Oh, merde !

Ils sont déjà la,
il faut que tu restes ici.

Ne tire pas la chasse d'eau.

Je dois passer toute la soirée ici ?
- Oui.

Je te présente John.

John? Ce n‘est pas André?

Papa, André était mon ami d‘avant.

C'est ton nouveau petit ami ?
- Oui.

C'est mon nouvel ami
et il s‘appelle John.

Bonjour, John. Moi c‘est Günter.

J'ai été à l'hôpital hier
pour des examens.

Pourquoi?

Il y a des cas de tuberculose à la fac.
-Alors?

Je ne l'ai pas, mais il s‘avère
queje n'ai qu'un seul poumon.

Quoi?
-Je n'ai qu'un seul poumon.

L‘autre n‘est que mdimentaire.
Petit comme ça.

C'est nouveau pourtoi ?

Evidemment

On ne m'a jamais examinée
quand j‘étais petite?

Je pense pas, t‘étaisjamais malade.
- Jamais malade?

Même pas la grippe?
- Non.

Comme moi. Je ne suisjamais malade.

Les toilettes?
- Dans le couloir.

Pourquoi on ne me l'a jamais dit?
- Ça ne s‘est pas présenté.

C'est bizarre de pas m‘avoir examinée.
- Non, c‘est pas bizarre.

On t‘examine si tu vas voir un médecin
parce que t'es malade.

On va pas voir un médecin
en se plaignant qu'on n‘est pas malade.

On m'a interrogée surtoi et maman.

Maman étant morte,
ils s‘intéressent à toi.

Pourquoi ? Un seul poumon,
c‘est rare, mais ça arrive.

Mon poumon fait 30 pourcent de plus
que la moyenne, et c‘est unique.

Qu'est—ce qu‘ils me veulent?
- Une radio des poumons.

Non merci.

Allez, papa !
-Je déteste les obligations.

C'estjuste une radio des poumons!

Je ne veux pas allerà l‘hôpital.

Papa...
- Lizzy...

Laisse tomber. C'est sans importance.
Vous devez partir.

Tu nous congédies ?

Je dois apprendre mon texte,
je me lève tôt.

la voie est libre

On arrête, pouraujourd'hui ?

Katherina, j'ai un planning, on s‘y tient.
On atteindra bientôt la côte.

Comment en es—tu sûr?
- Parce qu'on marche vers l'ouest.

Regarde. !! est 4 heures.

Le soleil est...

Oh, merde !

Ne me dis pas qu'on va
dans la mauvaise direction.

Si, on va vers l‘est depuis une semaine.
- Merde !

J'en étals sûre. On est en Ukraine.

Mais non, c‘est bien plus loin.

Hier, on a rencontré un Russe.
- Et alors ?

C‘est trop bête ! On a rencontré
trois Allemands Ie troisièmejour.

Ça veut dire qu'on est en Allemagne?

Non, en Italie !

On aurait bien pu.
Les Allemands sont partout.

Tout le monde est partout. Hier, on a
partagé notre pain avec un Turc.

Même ce matin, j'ai fait l'aumône
àun Irlandais.

Ça veut rien dire.
Commentje peux savoir où je suis?

En demandant le chemin.
Tu n'asjamais demandé le chemin.

Tu savais qu'on allait
dans la mauvaise direction?

C‘est a moi de parler?

Tu n'as que deux mots à dire:
"Oui, évidemment."

C‘est quand même pas difficile
de retenir deux mots?

On a un problème, Marius ! Putain !

Tu dis “putain", mais moi aussi,
je peux dire "putain" !

Je déconne pas. Renate est malade,
vous le savez bien?

Elle tousse toutes les nuits.
Elle aboie comme un phoque.

Elle se lève, va a la cuisine,
tousse...

...se recouche, se tourne et se retourne.
Elle pleure...

...je dois la calmer et après
on reprend tout depuis le début:

Elle se lève...

Ça va, on a compris.

Commentje peux apprendre mon texte
sans dormir?

Je ne sais pas
etje ne veux pas le savoir!

Vas à l‘hôtel, étrangle ta femme,
démerde-toi.

On n'a qu‘à donnerun souffleur
àMarius.

Au Victoria, il y a un trou du souffleur.

Tu plaisantes ?
- Non, je suis sérieux.

Un trou du souffleur, c‘est débile.
Pas question dans ma pièce !

Elle est déjà assez débile !

Qu'est—ce que tu veux dire par la ?

Rien.

Quoi, je dois m'excuser?

Non, pas besoin.

Je vais te dire quelque chose,
mais a contrecœur.

Quoi?

Je crois qu'lsabel et Günter
ont une liaison.

Tu le crois ou tu le sais?

Je le crois.

Et maintenant?
- On attend.

Qui c'est?
- Isabel. Une actrice.

Et lui, qui c'est?

Où?
- Là-bas, dans la voiture.

C‘est Karl, le metteur en scène.
Isabel est sa femme.

On m‘a trouvé dans un bois
quand j‘étais enfant

Vous êtes inquiet?

Non. Pourquoi je m‘inquiéterais?

Tout le monde peut le lire. Les
protestants et les musulmans aussi.

Si on ne sait pas ce qu'on sait,
ça ne veut rien dire.

Qu'est—ce que tu vas faire?
- Chercher du pain. Et des œufs.

Et du lard.

Tu veux du lard?

On doit pas travailler?
- C‘est dimanche. Reste au lit.

Kamaihi.

Tu as l‘air absent.

Oui.

Qu'est—ce qu'il y a?

Rien. Je suis absent, c‘est tout.

Çayest?

Ça y est.

Au décès d'Angela Mulder.
Qu'il profite à noustous.

Attendez, j'oublie une chose. Je veux
que Günter et Marius échangent.

Donc Günter entre et
Marius lui barre le passage.

Pourquoi ?
-Je pense que c‘est mieux.

Soudainement ?
- Oui.

On échange nos rôles?
- Non, juste les actions.

Je suistoujours Bergmeier
et Mariusjoue Van Houten ?

Mais Van Houten ne se défend pas.

Maintenant, si.

C‘est bizarre, hein !
- Non, c‘est pas bizarre. Essaie.

Vas-y.

Au décès d'Angela Mulder.
Qu'il profite à noustous.

OK, c‘est bien. On le garde.

C‘est pas sérieux!

Ça fonctionne mieux,
donc on le garde.

Pas de commentaire, s'il te plaît.

C‘est tout pour aujourd'hui.

Marius, il faut qu'on parle.

Paul peut attendre ou je prends un taxi?

Je revienstout de suite.

Hé!

Je veux dormir chez toi cette nuit.

Oh?

Je suis le bienvenu?
- Bien sûr.

Tu Viens aussi dîner?

Les deux, volontiers.

Marius, je veux que Marie-Louise t'aide
avec ton texte aprés les répétitions.

Le texte a été un peu modifié.
Marie-Louise est au courant de tout.

On commence demain parla scéne 16.

Dans la scéne 16,
je n'ai que deux mots.

Plus maintenant.
Marie-Louise te le dira.

Karl dort cha moi cette nuit.
Malheureusement. Isabel.

Rapproche-toi de moi.

Bon, scéne 16. Je veux que Günter
et Marius échangent leurs textes.

Encore ?

Les textes. Hier, c‘était l‘action.

Jejoue Ie valet?
- C‘est ça.

Tu me retires toute une scène.
- Non, tu y es encore.

Dans le rôle du valet. Avec deux mots.

Je veux faire un essai, une expérience.
Je peux?

C‘est pas une pièce, c‘est un collage.
Couper/coller.

Rien n‘est figé, la distribution non plus.
Je veux un collage abstrait sans logique.

Sans logique?
- Parfaitement.

Alors, on a quoi pourse repérer?
- Rien.

Je risque d'échanger de texte avec Isabel?
- Oui.

Ou toi avec Paul. Ou Paul avec Isabel.
Tout est possible.

Merde...

Donc, on doit apprendre tous les rôles?
- Oui.

On peut répéter maintenant?

Doncj‘échange de rôle avec Marius?

Non. Il n‘y a plus de rôles, que des
textes. Vous échangez vos textes.

Maisjejoue Ie valet, non?
- Non, tu dis le texte du valet.

C‘est le nouveau principe?
- Oui. On commence?

Marius ne sait même pas
son propre texte !

D‘ailleurs, à ce sujet:

Marie-Louise aidera Marius avec
son texte après chaque répétition

Ils ont commencé hier.
Ça a marché, Marius?

Oui, je crois.
- Et tu as réussi a dormir, cette nuit?

Oui ou non?

Non.

Marie-Louise te soufflera ton texte.

Donc, Marius a appris mon texte hier
et personne ne me l'a dit?

On te le dit maintenant.

Allez-y.

On arrête pouraujourd'hui ?

Katherina, on se dirige vers...

Katherina, j'ai un planning,
on doit s‘y tenir.

On sera sur la côte dans quelquesjours.
- Comment tu peux en être sûr?

Ça fait bizarre.

Qu'est—ce qu'il y a, Isabel?
- Soudain, Marius est mon amant. Un vieux.

Il faut queje m‘y habitue.
- Habitué—toi et reprends.

On commence où ?
- Depuis le début.

Allez-y.

On arrête pouraujourd'hui ?

Katherina, j'ai un planning,
on doit s‘y tenir.

On sera sur la côte dans quelquesjours.
- Comment tu peux en être sûr?

On se dirige vers l'ouest. Regarde.

Je ne sais plus.

J'ai tout oublié. Désolé, Kart.

Si je ne dors pas, je n‘y arriverai pas.
- Qu'est—ce que tu fous?

Marius bredouille tandis que Günter était
parfait. Qu'est—ce que tu veux?

Une mauvaise représentation ?
Un spectacle embanassant?

C‘estjuste une phase.

Tout ira bien.
- C‘est ça, tu parles!

Ça suffit pas pour nous calmer.

On est pas des mêmes. Donne—moi une
raison pourquoi Günterjouerait Ie valet.

Combien de piécesj'ai monté avec toi ?
Ça a toujours bien marché, non?

Je vous saurais gré de garder
vos commentaires pourvous.

Coopérez! Soyez flexibles
Mettons-nous enfin au travail !

Depuis le début.
- Excuse-mol.

C‘était la dernière fois
que je t'ai ouvert.

Tu peux pas montrer ça a un anniversaire.
Tu peux pas faire ça a ton pére.

Je te conseille d'effacer
tout ce que tu as filmé.

Un message de Reichenbach.

Complication inattendue:

Lizzy filme son père en cachette
et veut lui montrer les images...

...comme cadeau d'anniversaire
surprise. Intentions innocentes...

...risquant d‘étre dangereuses.

Dois-je continueràfiler?
- Oui.

Mais dis—lui qu'il ne faudrajamais
lui faire aucun mal.

Kart a découvert que Günter
a une liaison avec sa femme...

...et se venge en donnant toutes
les répliques de Günterà Marius.

Quelle bonne nouvelle.
- Marius ne retient pas son texte...

...et sa femme l‘empêche de dormir
par ses quintes de toux.

Tant que Marius ne retient pas son texte,
il n‘est pas une menace pour Günter.

Comment s‘appelle sa femme, déjà?
- Renate.

Reichenbach doit s'en occuper.

La mort doit sembler naturelle.
Il doit faire preuve de tendresse.

Et il doit s‘assurer que
nul ne le reconnaîtra.

Je suppose que Günter
sait que Marius l'a trahi?

Je ne crois pas.

Je dois tout te mâcher d'avance ?
Veille à ce qu'il le découvre.

Bonjour.

Je peux te demander quelque chose?
- Bien sûr.

Pourquoi tu retires toutes
ses scènes à Günter?

Je change des tmcs pourvoir
ce qui fonctionne le mieux.

Maistu en supprimes seulement
aGünter. Pourquoi?

Günter baise avec Isabel. Je l'ai su
seulement parce que Marius me l'a dit.

Alors tu vas transformer la production
en cottage abstrait?

Et réduire au maximum le rôle de Günter.

Oui.

Mme Wleland ?

Comment allez-vous ?

Mal.

Trés mai.

Personne ne prend soin de moi.

C‘est pourquoi je suis ici.

Qui êtes—vous ?

Je suis Esther, l'infirmière a domicile.

Je viensvous faire une piqûre
contre la toux.

C‘est gentil.

Vous allez somnoler.

Ce n‘est pas grave.

Prenez une brique et pulvérisez
vos montres.

Ne soyez pas une mouette
derrière la charrue.

Il y a au grenier un Vieux signe
"Ne pas déranger”.

Je vaisvous montrer ce que
vous voulez voir:

Le silence du monde dans lequel
nous sommes tous nés.

C‘est déjà beaucoup mieux.

J'ai une demande:
j'aimerais beaucoup avoirun souffleur.

Pour être absolument sûr.

Je doisy réfléchir.

Rien n'a changé.

Le monde est toujours le méme.

Tournez le coin dela me
et tout est...

...comme avant.

Ou, bizarrement, tout a fait différent.

On est déconcertés par ce qu'on voit
et ce qu'on nous murmure

N'écoutez pas, fermez les yeux,
le monde n‘est pas un théâtre.

Prenez une brique et pulvérisez
votre montre.

Ne soyez pas une mouette
derrière la charrue.

Ne soyez pas une mouette derrière la...

Marius est un lâche,
tu sais ce qu'il a fait?

Oui, Marie-Louise me l'a dit.

Sa trahison m'a réduit
au rôle de figurant.

Je sais, papa.

T'étais pas obligé de le faire.
- C‘est pas si grave, son pied guérira.

Où es—tu ?

Surla route.

Où tu vas?
A la baraque?

Je ne te le dis pas.

Donc, tu as une liaison avec Isabel?

Oui.

Une liaison sérieuse?
- Oui.

Et maintenant?

Quoi, maintenant?
- Qu'est-ce qui va se passer?

Laisse—moi tranquille
pourle moment.

Je t'appellerai quand ça se sera tassé.

Tu regrettes ?
- Non.

Je dois m'inquiéter pourtoi ?
- Non.

Dors bien, ma puce.

Au revoir, papa.

Isabel?

Oui?

Tu peux parterlibrement?
- Oui, pourquoi pas?

Kart pourrait être dans les parages.

Je n'ai pas de secret pour Kart.

Tu veux dire que Kart sait que
je te parle?

Kart est en face de moi,
tu es sur le haut—parleur.

Tu me fais marcher?

Non.

Qu'est-ce qu'il y a?

Je veux te voir.

Je n'ai aucune envie de te voir.

Si tu as quelque chose a dire,
c‘est maintenant.

Commentje peux parler si Kart
nous écoute ?

Je t‘aime, Isabel.

Un acteur cloue un collègue
au plancher du théâtre

Maintenant, on progresse.

Veuilla patienter

Ce compte n‘est pas approvisionné

Je m‘appelle Breslauer.
J'ai une invitation pourvous.

Une invitation ? De la part de qui?

C‘est dans la lettre.

Je vous connais.

De surle pont.

Oui.

Vous ne parliez pas anglais alors,
mais une langue étrange.

C‘était quelle langue?

Votre langue maternelle.

Quelle langue ? De quel pays?

Je n'ai pas le droit de répondre
facette question.

Vous n'avez pas le droit?

Je suis un intermédiaire

Sur le pont, vous m'avez chuchoté
àl'oreille un mot étranger.

Je ne peux pas le répéter.

Kamaihi.

Ce mot me dit quelque chose.
Que veut-ll dire?

Maman.

C‘est ma mère qui vous envoie?

Vous connaissez ma mére ?

Allemagne

Vous êtes Günter Achterberg ?

Oui.
-Je m‘appelle Innocence.

Je suis le grand vicaire de
MonseigneurWassinski.

Il m'a demandé de faire
votre connaissance.

Comment puis-je faire votre
connaissance sans voirvotre visage ?

Veuillez m'excuser.

C‘est notre premier contact.
Rien de plus, rien de moins.

Pourquoi ne m‘avez—vous pas contacté
au lieu d'envoyerd'abord Breslauer?

On voulait être sûr que
votre mère vous intéresserait.

C‘est le cas. C‘est pourquoi je suis ici.

Que savez—vous de ma mére ?

Des signes indiquent que votre mère
vit toujours.

Où?

On ne sait pas exactement où,
on s‘y applique.

Ma mère est allemande?
- Non.

Alors, qu'est-ce qu'elle est?

Quelle langue parte—telle ?

Je ne peux pas répondre
étoutes les questions.

Pourquoi je ne peux pas savoir
quelle langue c'est?

Pourquoi je ne peux pas savoir
de quel pays elle Vient ?

M. Achterberg.

On fait tout pour retrouvervotre mére.

Mais l'affaire où nousvoulonsvous
embarquer dépasse cette recherche.

Commeje vous l'ai dit,
c‘est un premier contact...

...qui n'a d‘autre objet que d‘avoir
une première impression.

Je doisvous évaluer.

Puis-je dire a MonseigneurWassinski
que vous étes calme?

Que vous êtes bien sain d'esprit ?

Oui, vous le pouvez.
- Que vous étes ouvert a une mutation...

...qui vous paraîtra invraisemblable ?

Bien sûr, j‘y suis ouvert, mais pourquoi
tout compliquer?

Dites—moi d'où je viens.
-Je n‘y suis pas autorisé.

Qui y est autorisé?
- MonseigneurWassinski.

C‘est la prochaine étape.
Rencontrer Monseigneur Wassinski.

Rentrez chez vous.
Nous vous contacterons.

Je n'ai pas de chez-mol.
- Nous le savons.

C‘est pourquoi j'ai de l‘argent...

...pour que vous ne dormiez plus
dansvotre voiture.

Vous me soudoyez ?
- Non.

Cet argent ne vous crée
aucune obligation.

Promettez-moi juste de
ne pas parler de cette rencontre.

Vous savez que j'ai cloué le pied
d'un collègue dans un plancher?

Oui, nous le savons.

Mais nousyvoyons un acte délibéré,
réfléchi.

Je peuxvous poser une question?

Pourquoi êtes—vous prêtre ?

Je crois en la doctrine de Jésus.

Je ne comprends pas. Vous autres,
vous avez le blues, lejazz.

Vous n'avez pas besoin de Jésus !

Vous autres ?

Pardon, je ne voulais pas dire ça.
- Alors, que vouliez-vous dire?

Jésus est une invention blanche.

Jésus est mon ami.

Enchanté.

M. Achterberg ?

M. Breslauervous attend dans le hall.

J'arrive.

Poelzig, je voudraisfaire
une proposition.

Il vaudrait mieux ne pas mentionner
notre intérêt pour Lizzy.

Pas aujourd'hui.
Ni mentionner son nom.

Pourquoi pas?
- Mets—toi a la place de Günter.

line sait encore rien.
Ça lui fera beaucoup à digérer.

Si on lui dit qu'on s‘intéresse aussi
a Lizzy, ça sera trop agressif.

Ça risque de l'effrayer.

Il vaut bien mieux qu'il implique Lizzy
lui—mème.

On nous suit?

Je ne crois pas.

C‘est ici.

Pas de danger, t'es sûr?

Pas de danger.

Puis-je vous présenter:

MonseigneurWassinski.

Günter Achterberg.

Je suis honoré.

Etvoici M. Poelzig, le capitaine.

Vous êtes devenu un homme imposant.

La dernière fois que je vous ai vu,
vous étiez tout petit.

C‘était votre lit.

Vous êtes capitaine.
Capitaine de quoi?

De ce vaisseau.

C‘est un vaisseau ?

Oui.

Et si nous allions dans la Salle Bleue?

Oui, mettons-nous a l‘aise.

Vous comprenez où vous étes ?

Non.

Vous êtes venu sur la Terre
dans ce vaisseau spatial.

Le 15 février 1975.

On vous a laissé dehors, avec 11 autres
enfants, en différents lieux.

Nousvoulions, et nous espérions...

...que tous les enfants seraient
trouvés et recueillis par des familles.

Dans quel but?

On voulait savoir si on pouvait
s‘adapter aux conditions sur la Terre.

Pourvoirsi nous pourrions
nous mélanger.

Nous?

Nous, les habitants de Lunabor.

Bonjour, mon cher garçon.

Regarde, c‘est toi.

Quand tu verras ça,
tu seras bien plus âgé.

Et moi aussi.

J'espère que tu es heureux
sur cette planète.

Maisj'espére encore plus
que tu reviendras.

Tu reviendras a la maison?

S'il te plaît?

Ça, c‘est sur Lunabor?
- Oui.

Et ma mère est toujours là-bas ?
- Oui.

Etje suis son fils?

Oui.

Je Viens d‘une autre planète ?
Je suis un être humain.

Le livre d‘images, sur le lit d‘enfant,
il vous avraiment ému.

C‘est une preuve?

Je connais ce livre d'image,
je ne vais pas le nier.

Mais d'où ?

De votre plusjeune âge.

Regardez—vous,
vousjouez dans le sable.

Qui dit que je suis cet enfant?

En entrant, vous étes allé droit vers
le compartiment des enfants.

Vous avez su l'ouvrir sans hésiter.
Parce que vousvous en souveniez.

Vous n‘allez pas ignorer
votre propre mémoire?

Avez—vousjamais été malade?

Non, jamais.

La grippe ? La rougeole?

Non.

C‘est probant.

Nous de Lunabor, nous sommes malades
une seule fois, peu avant notre mort.

Ça peut être une coïncidence
que je n‘aie pas été malade.

J'ai un poumon. Sur Lunabor,
on a tous un seul poumon.

Vous aussi, vous n'avez qu'un poumon.

Vous êtes presque devenu un humain.
C‘est ce que nous espérions.

On ne peut pas vous forcer,
mais commencez-vous a être ému ?

Etes—vous prêt a rentrer
chez vous, M. Achterberg ?

Je ne sais pas.

Nous devons laisser du temps
a M. Achterberg.

Le temps d'accepter qu'il est né sur
Lunabor, et non pas sur Terre.

Bonsoir.

Qu'est-ce qui se passe?

Je dois te raconter un secret
absolu. Regarde-mol.

Tout ce que je vais te dire doit
absolument rester entre nous.

Tu ne dois en parlera personne.

Je peuxy compter?
- Oui.

Tu ne dois pas douter de ce que je dis,
ni en rire ou te moquerde moi.

J'ai tous mes esprits.

C‘est invraisemblable, je sais,
maisje Viens d‘une autre planète.

Qu'est-ce que tu as dit?
-Je Viens d‘une autre planète.

D'accord…

Et tu veux que je le croie ?
- Oui. Tu dois, parce que c'estvrai.

Je peux continuer?

En février 1975, enfant, j'ai atterri
sur la Terre, en Allemagne.

J‘étais l'un de douze enfants largués
dans la forêt.

Pourqu'on noustrouve
et que des familles nous recueillent.

Poursavoirsi on pouvait mélanger
les terriens aux habitants de Lunabor.

Lunabor?
- Cette planète s‘appelle comme ça.

Je suis le seul des douze
qu‘ils ont pu retracer.

Le vaisseau spatial est resté en
Allemagne. Enterré, prêt à repartir.

Sous la petite église?

C‘était toi, dans le taxi ?

Oui. Je t'ai aussi vu sortir
d'un confessionnal.

Tu me suis?
- Oui.

Pourquoi ?
-Je me fais du souci pourtoi.

Je ne veux pas que tu aies des ennuis.
- C‘est toi qui auras des ennuis.

Ils ne veulent pasjuste m'embarquer,
mais surtout toi. Tu es ma fille.

Tu n'as qu'un seul poumon.
C‘est la preuve.

Toi aussi, tu n'as qu'un poumon?

Oui.

Lizzy, je pense que tu devrais te cacher.

Pourquoi?
- Parce qu‘ilsvont te poursuivre.

Tu crois que je ne veux pasy aller?

Oui. Pourquoi tu y irais?

Pourquoi tu y iraistoi ?
- Je Viens de la.

Moi aussi, je Viens de la, hein !
Pourmoitié.

Lizzy, ils m‘ont montré des images
de ma mère, et de moi tout petit.

Je veuxy retoumerpourça,
pourvoirma mére.

J'ai de la famille sur une autre planète ?

Oui.

Mais c‘est formidable, hein !

C‘est ma fille, Lizzy.

Poelzig.
- Lizzy.

Je suisvraiment enchanté.

Bonjour, mon cher garçon.

Regarde, c‘est toi.

J'espère que tu es heureux
sur cette planète.

Maisj'espére encore plus
que tu reviendras.

Tu reviendras?

S'il te plaît?

Ça alors, papa !

Vous buvez du vin !
Il y a du vin sur Lunabor?

Non, nous n‘avons pas de vin
nous-mêmes.

Wassinski l'a apporté. Et les saucisses
et la salade de pommes de terre.

A Günter et Lizzy !

M. Wassinski.

Quel autre rôle avez-vous qu'introduire
les saucisses et la cuisine allemande?

Suivez-mol.

Nous avons fait beaucoup
pour M. Poelzig.

Non seulement on a sauvé
le vaisseau, mais on vous a retrouvés.

En retour, l‘Eglise peut tenterde
propager le catholicisme sur Lunabor.

Pourquoi donc?

Pourquoi donc quoi?

Pourquoi propager le catholicisme
sur Lunabor?

Parce que l'occasion se présente.

On voudrait voir si Jésus peut
s‘y implanter.

Y a—t—il une religion sur Lunabor?
- Non, aucune religion.

Dieu n'existe pas. Et après la mort,
il n‘y a rien.

Il n‘y a personne à admirer,
personne qui ne pose des questions.

Jésus peut combler ce Vide.

Vraiment ?

On va sur une planète où personne
ne pose de questions?

Wassinski parle au figuré,
pas au sens propre.

Qu'est-ce que Jésus peut apporter?

La charité...
- On manque de charité sur Lunabor?

Non, bien sûrque non.
-Je n‘avais pas terminé

Jésus a davantage à offrir que la seule
charité. Le pardon Eau-delà.

Pourquoi permettez—vous a Wassinski
de vendre une religion?

Sur Lunabor, nous sommes capables
de rejeter cette religion. Ou pas.

Mais Wassinski va y prêcher
un message. "Jésus sauve".

Et pour diffuser ce message...

...vous convaincrez les habitants
de Lunabor que leurvie est mauvaise.

Pire encore:
que ce sont des âmes perdues.

Rien que pour leur dire qu‘ils peuvent
être sauvés.

Autrement dit, faire croire a un être sain
qu'il est malade...

...pourlui vendre un remède.

Poelzig, cette conversation
prend un tourfort désagréable.

Vous ne craignez pas la contradiction,
quand méme?

Vous êtes pour la démocratie, non?
- Non, je ne suis pas pour.

Pourquoi ne restez—vous pas chez vous?

Vous n'avez pas envisagé de
laisser Lunabor tranquille ?

Je ne souhaite pas avoir
cette conversation.

Vous pouvez bien dire oui ou non?
-Je peux, maisje ne le veux pas.

Nous avons conclu un accord, Poelzig.

!! n'inclue pas que j'ergote
avec les autres passagers.

Je dois convenir
que Wassinski a raison.

Vous ne savez rien de Jésus.

J‘exprime mon opinion.

Ce n‘est pas une opinion.
C‘est du verbiage.

Wassinski, laissez tomber.

Au nom du Père, du Fils
et du Saint—Esprit.

Je confesse à Dieu Tout-Puissant que
j'ai péché en pensées et par action.

C‘est ma faute, c‘est ma faute,
c‘est ma très grande faute.

Nous nous souvenons de Saint
Christophe...

...qui a fait traverserà l'enfant Jésus
un torrent furieux.

Nousvous implorons, Dieu Tout-
Puissant, de nous protéger du danger...

...durant la grande traversée
pourLunabor

Nousvous demandons, Père
miséricordieux, de nous inspirer...

...par la force créatrice du Saint—Esprit.

Amen.

Bon voyage.

Merci beaucoup.

Mon fidèle ami.

Tu as bien dormi?

Oui.

On dirait que ton père a trouvé
sa vocation.

Commentje peux aller là-bas ?

Ça va?

Je peux en avoirun peu?

Qu'est-ce qu'il y a?

Rien.

Il y a quelque chose.

Non, rien.

Ta façon de me regarder
ne me plaît pas.

Dis-mol.

Tu te fais des idées.

Arrête!

Mais ce n‘est pas l‘original, non?

Si.

Vous n‘êtes pas sérieux.
- Mais si.

Mon Dieu.