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Les sapins, on les a vus les planter.

Dans les prés, partout.

Il n'y avait plus que des sapins.
Plus que ça.

Quand ils ont grandi, c'était...

C'était la forêt noire.

C'était la forêt noire.

Les matins sont devenus des soirs.

Sous les sapins, rien ne pénètre,

Sous les sapins, rien ne pénètre,

pas même un chant d'oiseau.

Les sapins m'ont fait partir.

Ici, on est en plein milieu
d'une plantation monotype.

Ici, on est en plein milieu
d'une plantation monotype.

C'est-à-dire qu'un seul type d'arbre
a été planté,

il y a environ 20-25 ans.

il y a environ 20-25 ans.

Ce sont ces arbres en lignes
qu'on a vus.

On fait des lignes,
des rangées d'arbres,

On fait des lignes,
des rangées d'arbres,

un arbre tous les 3 mètres.

Ce qui fait environ 1 000 arbres
à l'hectare.

Mais est-ce qu'on peut
appeler ça une forêt ?

La question se pose.
C'est bien une plantation d'arbres.

La question se pose.
C'est bien une plantation d'arbres.

Si on tend l'oreille...

Tu entends les oiseaux, toi ?
Pas d'oiseaux.

Si on regarde le sol,
il n'y a pas de vie.

Si on regarde le sol,
il n'y a pas de vie.

Aucun végétal ne pousse.

La seule chose qu'on a obtenu,
et c'était l'objectif,

dans ce cas-là, ce sont des épicéas,

c'est d'avoir
1 000 épicéas à l'hectare.

Et on va appeler ça une forêt.

Ça n'a pas du tout
les attributs d'une forêt.

Si je regarde le sol,
j'ai des aiguilles d'épicéas.

Si je regarde le sol,
j'ai des aiguilles d'épicéas.

Si je creuse,

j'ai plusieurs années d'aiguilles
empilées les unes sur les autres,

elles ne se sont pas transformées.

elles ne se sont pas transformées.

Ça ne fait pas de l'humus.

Pour que ça se transforme,
il faudrait d'autres types d'arbres

Pour que ça se transforme,
il faudrait d'autres types d'arbres

et que leurs feuilles
se mélangent au sol.

Là, on ne recycle pas le matériau.

Là, on ne recycle pas le matériau.

L'arbre pompe dans le sol,
il envoie ses aiguilles

et elles restent là.

Il ne se passe rien. Pas de vie.

Il ne se passe rien. Pas de vie.

Si on creuse, on ne va pas trouver
de lombric, il n'y a rien.

Ici, c'est le temple du douglas.

Alors, quel est cet arbre,
le douglas ?

Alors, quel est cet arbre,
le douglas ?

C'est l'arbre à la mode actuellement
dans le Massif central.

Aujourd'hui, en termes de plantation,

quand on plante 10 arbres,
9 sont des douglas.

Pour quelles raisons ?

Pour quelles raisons ?

La principale raison,
c'est que ça pousse très vite.

Il fait du bois très vite.

Il fait du bois très vite.

Un hectare de douglas produit

environ 15 à 20 m³ de bois par an.

environ 15 à 20 m³ de bois par an.

Si on compare à du chêne,

un hectare de chêne produit
environ 5 m³ par an.

un hectare de chêne produit
environ 5 m³ par an.

Donc en volume,
c'est 4 fois plus ici.

Quand on cherche le rendement,
ça ne se discute pas.

Quand on cherche le rendement,
ça ne se discute pas.

Cet arbre produit beaucoup plus vite.

On a décidé qu'ici,
il ne pousserait que du douglas.

Donc tout ce que la nature
veut mettre...

Donc tout ce que la nature
veut mettre...

Généralement, la nature sait
ce dont elle a besoin.

Par exemple,
si je prends le cas de ça.

Par exemple,
si je prends le cas de ça.

C'est du bouleau, donc un feuillu.

C'est du bouleau, donc un feuillu.

Il est venu tout seul, de lui-même,
se mettre en mélange avec le douglas.

Il y a un gros intérêt à ça,

Il y a un gros intérêt à ça,

c'est que, quand les feuilles
et les aiguilles

vont se mélanger au niveau du sol,

ça va faire de l'humus
beaucoup plus rapidement

ça va faire de l'humus
beaucoup plus rapidement

que ce tapis d'aiguilles de douglas,

qui va rester à stagner
pendant des années.

qui va rester à stagner
pendant des années.

Donc ce mélange est très profitable
au niveau du sol.

Par contre,
ce n'est pas l'arbre objectif,

on n'a pas demandé du bouleau,
on a demandé du douglas.

on n'a pas demandé du bouleau,
on a demandé du douglas.

Alors on les enlève.

La nature fait pousser du bouleau

La nature fait pousser du bouleau

et nous, on va payer des gens
pour venir ici détruire ces bouleaux.

Faut pas toucher à l'ordre établi.

Faut pas toucher à l'ordre établi.

On veut du douglas,
on aura du douglas.

L'endroit où on est s'appelle
une coupe rase.

L'endroit où on est s'appelle
une coupe rase.

Ça a été pendant un temps
une plantation d'arbres,

Ça a été pendant un temps
une plantation d'arbres,

qui montait jusqu'à une quarantaine
de mètres d'altitude,

avec des arbres
qui ont une quarantaine d'années.

Et ensuite, l'homme est venu prélever
des arbres pour son besoin.

Et ensuite, l'homme est venu prélever
des arbres pour son besoin.

Et on fait ça avec une technique
qui s'appelle la coupe rase.

Et on fait ça avec une technique
qui s'appelle la coupe rase.

Comment ça se produit ?

À l'origine,
il y avait des bûcherons,

mais c'est un métier très physique.

mais c'est un métier très physique.

Ça usait les hommes.
Ça faisait travailler du monde.

Ça usait les hommes.
Ça faisait travailler du monde.

Et on a remplacé ça par des machines.
On a mécanisé.

Comme les arbres sont tous les mêmes,

on a fait une machine
qui correspond à ce type d'arbre.

On appelle ça une abatteuse.

On appelle ça une abatteuse.

Vous imaginez sur ce sol,
quand il sera mis à nu,

on va planter des petits arbres
qui sont comme du maïs.

on va planter des petits arbres
qui sont comme du maïs.

Un ministre de l'industrie a dit :

"Il ne faut pas traiter la forêt
différemment d'un champ de tomates

"Il ne faut pas traiter la forêt
différemment d'un champ de tomates

"ou d'un champ de maïs."

C'est une vision des choses.
Mais ces petits arbres,

ça sera la seule végétation
qu'il va y avoir ici.

On va faire en sorte
qu'elle ne se fasse pas concurrencer

par ce qui va venir naturellement.

par ce qui va venir naturellement.

Il va falloir la protéger
contre les attaques d'insectes.

Dans cette assiette vide,
ils n'auront plus rien à manger.

Dans cette assiette vide,
ils n'auront plus rien à manger.

Donc ils vont s'attaquer
à ces petits plants

et on va veiller à ce que ces petits
plants ne soient pas mangés

et on va veiller à ce que ces petits
plants ne soient pas mangés

par des sortes de petits charançons
qu'on appelle des hylobes.

Et donc on va mettre des pesticides.

Et donc on va mettre des pesticides.

Pour le commun des mortels,

mettre des pesticides dans la forêt,
ça paraît fou.

mettre des pesticides dans la forêt,
ça paraît fou.

Et pourtant, on en est là.

À l'échelle de la planète,

on évoque souvent le problème
de la déforestation.

on évoque souvent le problème
de la déforestation.

Ici, ce n'est pas le cas.

Ce n'est pas un régime
de déforestation,

Ce n'est pas un régime
de déforestation,

c'est un régime de malforestation.

Avec une taille comme celle-ci,

il faut couper minimum 200 m³
dans la journée.

il faut couper minimum 200 m³
dans la journée.

- Combien ?
- 200 m³.

200 m³ !

Pour commencer à être rentable.

Pour commencer à être rentable.

Une machine comme celle-ci,

il faut compter au moins 9 000 euros
de traites à la fin du mois.

il faut compter au moins 9 000 euros
de traites à la fin du mois.

Alors forcément,
il faut que ça tourne.

Alors forcément,
il faut que ça tourne.

On ne peut pas se permettre,
s'il pleut, de rester à la maison.

Le soir, on n'a pas envie
d'aller faire la fête

quand on a fini la journée.

Vous faites des grosses journées ?

10 à 12 heures par jour.

10 à 12 heures par jour.

Il faut s'y tenir.

Les propriétaires
ne sont pas toujours contents,

parce qu'on détruit
un peu les chemins.

Mais c'est le métier, alors... voilà.

Mais c'est le métier, alors... voilà.

On voit le tracé,

quasiment tout droit, de l'engin.

quasiment tout droit, de l'engin.

Ça correspond à aucun chemin.

Il a traversé perpendiculairement
le cours d'eau.

Il a traversé perpendiculairement
le cours d'eau.

Sûrement plusieurs fois.

Probablement qu'en descendant,

il a poussé de la boue
dans le cours d'eau.

il a poussé de la boue
dans le cours d'eau.

Je pense que c'est ce coin-là
qui a provoqué l'alerte

des services de gestion
des cours d'eau localement

des services de gestion
des cours d'eau localement

et des services de l'État
de police de l'eau.

Parce qu'il y a eu une pollution
jusque dans la Vienne.

Parce qu'il y a eu une pollution
jusque dans la Vienne.

On peut se poser la question,

car les services de l'État
sont venus.

Ils ont constaté les dégâts.

Ils ont constaté les dégâts.

Ils ont signifié à l'exploitant
le problème

Et ça, c'était avant Noël,
avant fin décembre.

Et ça, c'était avant Noël,
avant fin décembre.

On est déjà début février,
rien ne s'est passé,

On est déjà début février,
rien ne s'est passé,

donc on peut penser qu'il ne va rien
se passer de plus sur ce chantier.

Pour eux, le dossier est clos.

Pour eux, le dossier est clos.

Quand vous mettez des engins
de 15-20 tonnes,

voire quand c'est
un porteur forestier chargé,

voire quand c'est
un porteur forestier chargé,

ça peut aller à 40 tonnes,
sur des sols comme ça, fragiles,

ça peut aller à 40 tonnes,
sur des sols comme ça, fragiles,

même par temps sec, les sols limoneux
sont sensibles au tassement,

mais là, en plus, ils ont travaillé
en condition humide,

mais là, en plus, ils ont travaillé
en condition humide,

donc le limon se fluidifie,
ça fait une espèce de mélasse.

Là, avec cette pente, ça fait
vraiment un toboggan à sédiments,

Là, avec cette pente, ça fait
vraiment un toboggan à sédiments,

qui file direct vers le cours d'eau.

Voilà, là,
je suis dans le cours d'eau.

Ce n'est pas immédiatement visible.

Pour prendre mon prélèvement,

il va falloir que je pousse tout ça.

il va falloir que je pousse tout ça.

Je suis bourguignon d'origine.
J'ai fait 2 ans d'école forestière.

Je suis bourguignon d'origine.
J'ai fait 2 ans d'école forestière.

Je suis arrivé en Limousin en 2008.

Et quand je suis arrivé ici,

c'était assez choquant pour moi.

D'autant plus qu'on a pu faire
des erreurs par le passé,

D'autant plus qu'on a pu faire
des erreurs par le passé,

mais aujourd'hui on a
une connaissance forestière

mais aujourd'hui on a
une connaissance forestière

qui est assez développée

et on sait
les conséquences de nos actes.

et on sait
les conséquences de nos actes.

Et on est arrivé
avec une maturité de peuplement

Et on est arrivé
avec une maturité de peuplement

qui fait qu'on était un peu
à la croisée des chemins

et qu'on pouvait envisager,
on peut toujours envisager,

et qu'on pouvait envisager,
on peut toujours envisager,

d'autres approches forestières.

Regardez, la souche est tellement
grosse que la pelle...

Regardez, la souche est tellement
grosse que la pelle...

Regardez cette souche énorme !

Là, ce qu'il enlève, il faudrait
absolument que ça reste dans le sol.

Là, ce qu'il enlève, il faudrait
absolument que ça reste dans le sol.

C'est ce qui nourrit le sol.

C'est ce qui nourrit le sol.

C'est ce qui va permettre
que la forêt reparte.

Regardez l'ampleur
du réseau racinaire !

Regardez l'ampleur
du réseau racinaire !

C'est de la matière organique,
c'est du carbone stocké.

C'est de la matière organique,
c'est du carbone stocké.

C'est tout ça à la fois.

Et c'est aussi un réseau

Et c'est aussi un réseau

qui permet à l'eau
de bien s'infiltrer dans le sol.

C'est tout un fonctionnement
qui est perturbé.

C'est tout un fonctionnement
qui est perturbé.

Cette technique-là s'inspire
directement d'un modèle agricole

Cette technique-là s'inspire
directement d'un modèle agricole

et pas n'importe quel modèle.

C'est le modèle agricole classique
intensif d'aujourd'hui.

Là, on n'a plus de sol.
C'est gris, jaune.

Là, on n'a plus de sol.
C'est gris, jaune.

Toute la partie fertile
du dessus du sol a été décapée.

Là, il y en a encore un peu,
c'est un peu marron.

Là, il y en a encore un peu,
c'est un peu marron.

La partie supérieure du sol
qui n'est pas épaisse,

La partie supérieure du sol
qui n'est pas épaisse,

parfois quelques centimètres,
parfois 10 cm,

c'est là où se trouve
la matière organique,

c'est là où se trouve
la matière organique,

ce qui donne cette couleur foncée.

C'est là qu'il y a la plus grande
fertilité sur des sols forestiers.

C'est là qu'il y a la plus grande
fertilité sur des sols forestiers.

C'est souvent là qu'on trouve

les nutriments pour les plantes

les nutriments pour les plantes

et ce qui constitue vraiment
le milieu important du sol.

et ce qui constitue vraiment
le milieu important du sol.

Là, il a disparu,
il a été arraché par les engins

qui ont poussé les branches
et les souches en même temps

qui ont poussé les branches
et les souches en même temps

dans les tas qu'on voit.

La partie claire de sol qu'on voit,

La partie claire de sol qu'on voit,

ça va rester stérile
pendant très longtemps

et la partie fertile
va être dans les andins.

Mais comme ils vont replanter
entre les andins,

ça va poser problème.
C'est-à-dire que là,

ça va poser problème.
C'est-à-dire que là,

c'est la porte ouverte
pour légitimer l'apport d'engrais,

parce que sur un sol comme ça,
il n'y a plus rien.

parce que sur un sol comme ça,
il n'y a plus rien.

On fait propre.

Sauf que la nature, faire propre,

ça ne fonctionne pas comme ça.

ça ne fonctionne pas comme ça.

Ça, c'est un chantier d'exploitation
qu'on a acheté à un particulier.

On va passer en coupe à blanc.
On va tout couper.

On va passer en coupe à blanc.
On va tout couper.

Parce que s'ils grossissent trop,
on aura plus de mal à les vendre.

La coupe rase est une méthode
qui peut sembler choquante.

La coupe rase est une méthode
qui peut sembler choquante.

En quoi c'est nécessaire
d'en passer par là ?

C'est mal perçu.

Ça change le visuel du paysage.

Ça change le visuel du paysage.

Les gens se posent des questions,
alors que non,

Les gens se posent des questions,
alors que non,

ils n'ont pas à se poser
de questions.

Ces arbres ont été plantés
pour être récoltés,

et là, on arrive en période
de récolte, donc il faut les couper.

et là, on arrive en période
de récolte, donc il faut les couper.

Pour vous, la forêt,
c'est comme l'agriculture ?

C'est comme un jardin.
On plante, on sème,

on repique, on plante, on nettoie,

on repique, on plante, on nettoie,

on désherbe, enfin désherber...
On débroussaille,

on éclaircit et après,
on coupe quand c'est mûr.

Quand c'est à maturité,
il est temps de les couper.

Quand c'est à maturité,
il est temps de les couper.

On travaille beaucoup à flux tendu.

Il y a des usines qui sont passées

Il y a des usines qui sont passées

de 5 camions par jour à 30.

Ils ont besoin
d'un tel volume de bois

Ils ont besoin
d'un tel volume de bois

que nous sommes obligés
de répondre à leur demande.

Quand ils ont besoin de bois,

ils savent nous mettre la pression :
"Allez-y, coupez, coupez !"

ils savent nous mettre la pression :
"Allez-y, coupez, coupez !"

Et Il faut que le bois ne traîne pas.

Et aussitôt qu'on a coupé,
c'est aussitôt scié.

Et aussitôt qu'on a coupé,
c'est aussitôt scié.

Ça nous met une certaine pression

Ça nous met une certaine pression

qu'on avait beaucoup moins
auparavant.

Voici un arbre

qu'on aura du mal à vendre
sur notre marché français.

qu'on aura du mal à vendre
sur notre marché français.

Par son diamètre, qui est important,
aujourd'hui,

Par son diamètre, qui est important,
aujourd'hui,

en Limousin,
personne ne nous les prend.

Quelques scieurs en prennent
occasionnellement.

Quelques scieurs en prennent
occasionnellement.

C'est destiné à partir pour la Chine.

Ça va être mis dans des containers
pour la Chine, l'Inde ou le Pakistan.

Ça va être mis dans des containers
pour la Chine, l'Inde ou le Pakistan.

Les abatteuses ont révolutionné
considérablement le milieu forestier.

Les abatteuses ont révolutionné
considérablement le milieu forestier.

On parle de main d'œuvre, c'est vrai
qu'une abatteuse, ça représente...

On parle de main d'œuvre, c'est vrai
qu'une abatteuse, ça représente...

Un bûcheron fait une vingtaine
de stères par jour,

Un bûcheron fait une vingtaine
de stères par jour,

quand il a bien travaillé,
dans des bois corrects,

en moyenne.

Et une abatteuse va en faire 150.

C'est un chantier intéressant, ça ?

Oui.

On aurait que des chantiers
comme ça toute l'année,

On aurait que des chantiers
comme ça toute l'année,

on ne dirait rien. Malheureusement...

Les volumes unitaires des arbres
sont intéressants.

Les volumes unitaires des arbres
sont intéressants.

Ça nous permet de faire
des rendements énormes en abattage.

Ça nous permet de faire
des rendements énormes en abattage.

Quand on prend un grappin comme ça,

Quand on prend un grappin comme ça,

on n'a pas besoin de le faire
en 10 fois,

on aura vite rempli le porteur.

on aura vite rempli le porteur.

On met aussi du volume
en bord de route rapidement.

C'est plus intéressant pour vous
d'être sur une coupe rase,

C'est plus intéressant pour vous
d'être sur une coupe rase,

avec une seule essence ?
C'est plus confortable ?

Oui, parce qu'on a des coupes rases
où il y a plusieurs essences

Oui, parce qu'on a des coupes rases
où il y a plusieurs essences

et il faut tout trier.

et il faut tout trier.

C'est marrant,
je me faisais la réflexion que...

C'est des machines qui permettent
d'économiser beaucoup de peine,

mais vous devez bosser beaucoup
pour les rentabiliser ?

mais vous devez bosser beaucoup
pour les rentabiliser ?

On est esclave de nos machines,
c'est un peu le problème.

On est esclave de nos machines,
c'est un peu le problème.

C'est quoi cette pile de bois ?

C'est quoi cette pile de bois ?

Tout ça,
c'est un tas pour le bois énergie.

Tout ça,
c'est un tas pour le bois énergie.

On voit des bois
de toutes variétés d'essence.

On voit des bois
de toutes variétés d'essence.

On fait croire aux gens
que le bois énergie,

c'est que des déchets de scierie,

c'est que des déchets de scierie,

alors que non. On coupe
des arbres entiers de valeur.

Là, on a un chêne qui est assez beau,

Là, on a un chêne qui est assez beau,

qui pourrait faire
des belles planches,

du bois de qualité.

du bois de qualité.

Pareil pour ce pin sylvestre.

Il n'est pas attaqué, il est beau,
il n'a pas de champignons.

Il est assez droit.

On va passer ça dans des machines
énormes de broyage,

On va passer ça dans des machines
énormes de broyage,

pour faire du pellet ou du granulé

ou je ne sais quoi d'autre
en bois énergie.

ou je ne sais quoi d'autre
en bois énergie.

C'est quelque chose
qui est apparu récemment ?

Ça a démarré il y a 10 ans, mais ça
fait vraiment 5 ans que ça explose.

On voit proliférer ces tas d'arbres.

On voit proliférer ces tas d'arbres.

On les repère bien,
parce qu'on met les arbres entiers.

Il n'y a plus aucun tri de fait.

Il n'y a plus aucun tri de fait.

Tout ce qui compte,
c'est le volume de bois

qui va passer dans le broyeur.

qui va passer dans le broyeur.

Des broyeurs qui acceptent
des diamètres considérables.

Ça te fait quoi de voir ça ?

Ça te fait quoi de voir ça ?

C'est encore pire que la coupe rase,

parce que comme la biomasse
est censée être renouvelable,

parce que comme la biomasse
est censée être renouvelable,

puisque ça pousse et que c'est censé
repousser perpétuellement,

puisque ça pousse et que c'est censé
repousser perpétuellement,

ce genre d'action est valorisée,

estampillée "verte", écologique,

estampillée "verte", écologique,

favorable à la compensation carbone,
à l'économie de carbone,

puisqu'on va aller mettre
dans des chaudières du bois

puisqu'on va aller mettre
dans des chaudières du bois

et pas du fuel ou du charbon.

Donc on n'aura pas prélevé
des combustibles fossiles.

Donc on n'aura pas prélevé
des combustibles fossiles.

Et on considère
qu'en mettant ça, du coup,

on est dans une action
100 % écologique.

on est dans une action
100 % écologique.

Sauf qu'on a détruit le sol,
on a utilisé des engins énormes,

Sauf qu'on a détruit le sol,
on a utilisé des engins énormes,

parce que broyer des pins sylvestres
de 70 cm de diamètre,

parce que broyer des pins sylvestres
de 70 cm de diamètre,

ça demande un sacré paquet d'énergie

et des broyeurs conséquents.

C'est le prélèvement infini.

C'est le prélèvement infini.

On considère que la nature va
toujours donner tout ce qu'elle peut

et que nous,
on prendra toujours le maximum,

et que nous,
on prendra toujours le maximum,

sans limites et sans jamais
se poser de questions

sur le sens de ce qu'on fait :

sur le sens de ce qu'on fait :

un sens économique,
un sens écologique,

un sens humain, social.

un sens humain, social.

Parce que celui qui a fait ça,

on peut se demander
ce qu'il en a pensé.

on peut se demander
ce qu'il en a pensé.

Est-ce qu'il a été d'accord avec ça ?
A-t-il eu le choix ?

Lui a-t-on expliqué ou pas ?

Lui a-t-on expliqué ou pas ?

Qu'est-ce qu'il a pensé
quand il a fait ça ?

Empiler n'importe comment
des tas de bois même pas ébranchés,

Empiler n'importe comment
des tas de bois même pas ébranchés,

c'est la négation
du métier de forestier.

c'est la négation
du métier de forestier.

Fais attention,
parce que ça va tomber.

Fais attention,
parce que ça va tomber.

Tu les as vues arriver,
ces grosses machines ?

Oui, au début des années 90.

Au début,
elles n'étaient pas performantes.

C'étaient des grosses ferrailles
à l'époque.

C'étaient des grosses ferrailles
à l'époque.

Ça a bien évolué. Maintenant,
elles sont vraiment performantes.

C'est même monstrueux.

C'est même monstrueux.

Monstrueux ?

Impressionnant.

Impressionnant.

Je ne sais pas
si le massif forestier va résister

au nombre de machines
et à leurs performances.

au nombre de machines
et à leurs performances.

Donc on n'aura plus
de vieilles forêts à terme ?

À terme, si on continue comme ça,
on n'en aura plus de vieilles.

À terme, si on continue comme ça,
on n'en aura plus de vieilles.

On aura plus que des jeunes forêts.
Les plus vieilles auront 50 ans.

50 ans, c'est coupe rase.

50 ans, c'est coupe rase.

On nous dit que les bois
sont matures à 50 ans,

c'est faux.
Un douglas n'est pas mature à 50 ans.

c'est faux.
Un douglas n'est pas mature à 50 ans.

Pas chez nous.

Le problème d'une machine....

Une machine à abattre,
c'est 500 000 euros environ.

Une machine à abattre,
c'est 500 000 euros environ.

C'est un gros investissement

et après, on travaille
pour le banquier et John Deere.

Voilà le problème.

Voilà le problème.

John Deere ?

C'est la principale marque
des machines.

Il y en a d'autres.

Il y en a d'autres.

Une tronçonneuse, c'est 1 500 euros.

Mais évidemment,
c'est beaucoup plus physique.

On ne bosse pas pour les banquiers.
C'est mon point de vue.

Tu comprends ?

Tu n'as jamais voulu t'endetter
pour passer...

Tu n'as jamais voulu t'endetter
pour passer...

Non. Jamais. Je veux dormir la nuit.

Je veux prendre le temps de vivre.

Je veux manger à midi
et dormir la nuit.

31 ans de bûcheronnage
et toujours aussi heureux,

31 ans de bûcheronnage
et toujours aussi heureux,

parce qu'on peut dire
que je suis heureux dans les bois.

C'est pour ça que je n'abandonne pas
ce métier.

C'est pour ça que je n'abandonne pas
ce métier.

Je fais de la fuste aussi,
mais je garde ça aussi.

L'hiver, j'aime bien me retrouver
dans les bois, seul,

L'hiver, j'aime bien me retrouver
dans les bois, seul,

en pleine nature.
Surtout un jour comme aujourd'hui.

C'est très agréable,
ce n'est pas tous les jours comme ça,

C'est très agréable,
ce n'est pas tous les jours comme ça,

il faut le reconnaître.

Il y a des choses
qui te pousseraient à abandonner ?

Le physique. Forcément.

Le physique. Forcément.

À partir d'un certain âge,
c'est plus dur.

Les côtes, les descentes,
le poids de la tronçonneuse...

Les côtes, les descentes,
le poids de la tronçonneuse...

C'est le physique
qui me fera abandonner.

Malheureusement.

Malheureusement.

Si je pouvais faire ça
jusqu'à la fin...

Quel bonheur d'être ici,
seul, au calme.

Quel bonheur d'être ici,
seul, au calme.

Surtout dans cette société de merde.

Surtout dans cette société de merde.

C'est encore l'un
des derniers endroits

où on est tranquille, la forêt.

La nature. Enfin, ce qu'il en reste !

La nature. Enfin, ce qu'il en reste !

Les petites branches comme ça...
Celui-là, il est beau.

Bon ! Ben voilà !

C'est un bel arbre, ça.

C'est un bel arbre, ça.

Bel arbre, oui.

Il a quel âge ?

Il a quel âge ?

Une cinquantaine d'années,
je pense, il faut compter les cernes.

Pour un douglas, c'est jeune.

Dans les rocheuses, leur pays
d'origine, c'est 3-4 siècles.

Dans les rocheuses, leur pays
d'origine, c'est 3-4 siècles.

Comment ça s'explique,
qu'on fasse que du douglas ?

Parce qu'il y avait un marché
pour le douglas.

Parce qu'il y avait un marché
pour le douglas.

Mais le marché pour le gros douglas
est en train de disparaître.

Mais le marché pour le gros douglas
est en train de disparaître.

Les petites et moyennes sections,
la palette et la fermette

ont toujours des débouchés.
La palette surtout.

C'est malheureux de mettre du douglas
de cette qualité en palette,

C'est malheureux de mettre du douglas
de cette qualité en palette,

mais c'est ce qu'on fait.
Malheureusement.

C'est du gâchis ?

Oui, car c'est du bois qui irait
très bien en charpente,

Oui, car c'est du bois qui irait
très bien en charpente,

en construction,
dans la menuiserie aussi.

Il y a des douglas de qualité
qui peuvent faire de la menuiserie.

C'est du gâchis, oui.

Du douglas de 45-50 ans en palette,

j'en fais régulièrement.

j'en fais régulièrement.

Des douglas plus gros que ça,
billonnés à 2,40 m

pour passer en palette.

Derrière les machines,
je le fais régulièrement.

Ça te fait mal au cœur ?

Bien sûr !

J'utilise le bois aussi
dans la construction

J'utilise le bois aussi
dans la construction

et je sais
qu'il aurait plus de valeur

dans la construction
que dans la palette.

La palette,
c'est de l'emballage et du transport.

La palette,
c'est de l'emballage et du transport.

Uniquement ça.

Ça sert une fois et après,
c'est... poubelle !

Ça sert une fois et après,
c'est... poubelle !

C'est la mondialisation.

C'est la mondialisation.

Les containers,
les bateaux, les transports.

Voilà...

Voilà où ils vont nos beaux douglas !

Voilà où ils vont nos beaux douglas !

Cette marque bleue est reconnue
par les bûcherons et les débardeurs.

Ils savent que ce sont des arbres
qu'il faut particulièrement protéger.

Ils savent que ce sont des arbres
qu'il faut particulièrement protéger.

Je vais marquer en bleu ce douglas,

Je vais marquer en bleu ce douglas,

qui n'est pas le plus gros
dans ce groupe,

mais qui a les branches
les plus fines.

mais qui a les branches
les plus fines.

Celui-là,
c'est l'arbre qui, je pense,

Celui-là,
c'est l'arbre qui, je pense,

va rester le plus longtemps
à cet endroit.

Je vais lui enlever son concurrent

Je vais lui enlever son concurrent

le plus agressif

et qui est beaucoup plus branchu.
Celui-là.

Je pense...

qu'en Limousin, il n'y a pas
une vieille culture forestière.

qu'en Limousin, il n'y a pas
une vieille culture forestière.

Moi, je viens d'Allemagne,

j'ai vécu dans une région

où il y a une culture forestière
très ancienne.

où il y a une culture forestière
très ancienne.

Je ne veux pas prétendre
qu'elle donne solution à tout,

Je ne veux pas prétendre
qu'elle donne solution à tout,

mais elle donne un rapport à la forêt

qui est un peu différent.

qui est un peu différent.

Je vois la forêt plutôt
comme une continuité

que comme une plantation

que comme une plantation

qui doit être coupée
pour finir le cycle.

qui doit être coupée
pour finir le cycle.

Je vois la forêt comme une continuité
où on prélève

Je vois la forêt comme une continuité
où on prélève

ci et là les arbres dont on a besoin,

et à long terme, si on additionne
tous les prélèvements,

et à long terme, si on additionne
tous les prélèvements,

on s'aperçoit qu'on prélève

on s'aperçoit qu'on prélève

le même volume de bois

que dans les autres méthodes.

que dans les autres méthodes.

Voilà un merisier.

Un merisier qui est venu tout seul.

Il n'a pas été planté.

Il a déjà une belle dimension.

Il a déjà une belle dimension.

Actuellement,
il ne se vend pas du tout.

Actuellement,
il ne se vend pas du tout.

Mais ce n'est pas grave, on attendra.

Mais ce n'est pas grave, on attendra.

Un jour, le merisier sera
de nouveau à la mode,

et à ce moment-là,
on pourra le vendre.

Tant qu'il est debout, il grossit.

C'est important de ne pas céder
aux modes quand on gère une forêt ?

C'est important de ne pas céder
aux modes quand on gère une forêt ?

Oui, parce que la mode change.

Les arbres restent.

Les arbres restent.

Il suffit d'avoir un peu
de toutes les essences

pour répondre à toutes les modes.

pour répondre à toutes les modes.

C'est pratique.

C'est pratique.

Tant que les arbres
ne sont pas coupés, ils poussent.

Il y en a un autre.

Il y en a un autre.

Ici, on voit dans le sous-étage

Ici, on voit dans le sous-étage

des semis de hêtres,

un petit douglas et un châtaignier,

un petit douglas et un châtaignier,

qui se sont implantés spontanément.

Si j'enlève cet arbre-là,

Si j'enlève cet arbre-là,

les conditions pour ce sous-étage
vont s'améliorer aussi.

Donc ils vont continuer à pousser

Donc ils vont continuer à pousser

et peut-être dans 30 ans,
dans 40 ans,

ça sera un jeune arbre
plein d'avenir.

ça sera un jeune arbre
plein d'avenir.

Ça ne nous a rien coûté.

Ça ne nous a rien coûté.

Si ça rate,
ce n'est pas grave non plus.

On voit souvent dans les plantations
monospécifique, monoculture,

à une seule essence
et toutes du même âge,

à une seule essence
et toutes du même âge,

qu'il n'y a pas ce sous-étage.

En quoi c'est important ?

Le sous-étage est important
pour 2 raisons.

Le sous-étage est important
pour 2 raisons.

D'une part, pour assurer l'avenir.

Si on ne veut pas passer
par la coupe rase,

Si on ne veut pas passer
par la coupe rase,

il faudra bien un jour renouveler.

On ne peut pas laisser vieillir
éternellement les arbres.

On ne peut pas laisser vieillir
éternellement les arbres.

Un jour, ils seront trop vieux,
ils vont s'écrouler.

Il leur manquera de la place
aussi pour grossir.

Donc avoir la régénération

Donc avoir la régénération

sous les arbres adultes,

c'est rassurant.

c'est rassurant.

Il ne faut pas trop s'inquiéter,

cette régénération naturelle
va s'installer

d'une façon ou d'une autre,
si on laisse le temps.

d'une façon ou d'une autre,
si on laisse le temps.

On entend souvent en Limousin
que les feuillus n'ont aucune valeur.

On entend souvent en Limousin
que les feuillus n'ont aucune valeur.

Beaucoup de marchands de bois vivent
quasi-exclusivement par les feuillus.

S'ils n'avaient pas de valeur,

S'ils n'avaient pas de valeur,

je pense qu'ils se tourneraient
vers autre chose.

Les chênes les plus chers valent bien

Les chênes les plus chers valent bien

dix fois plus au m³
que les douglas les plus chers.

dix fois plus au m³
que les douglas les plus chers.

Venez voir !

Un faon !

Le chevreuil n'est pas trop l'ami
du forestier normalement ?

Le chevreuil n'est pas trop l'ami
du forestier normalement ?

On entend souvent
dans les plantations,

que c'est la catastrophe,
qu'ils mangent les plants.

que c'est la catastrophe,
qu'ils mangent les plants.

Je ne sais pas, je crois qu'il est
très content d'être en forêt.

Je ne pense pas
qu'il veuille du mal à la forêt.

Je ne pense pas
qu'il veuille du mal à la forêt.

La forêt ne veut pas de mal
non plus au chevreuil.

Il ne faut pas qu'ils soient
trop nombreux.

Mais le chevreuil fait beaucoup
moins de dégâts

Mais le chevreuil fait beaucoup
moins de dégâts

dans ce type de forêt
que dans les plantations.

Une forêt vivante est ouverte

Une forêt vivante est ouverte

à beaucoup d'amateurs.

Il y a les forestiers,
les chasseurs, les promeneurs,

les cueilleurs de champignons,
les ornithologues,

les cueilleurs de champignons,
les ornithologues,

les herboristes.

Tout le monde trouve
quelque chose d'intéressant en forêt.

J'aime bien cette idée

que la forêt ne sert pas
exclusivement à produire du bois.

que la forêt ne sert pas
exclusivement à produire du bois.

La production du bois,

c'est ce qui paye
la gestion de la forêt.

c'est ce qui paye
la gestion de la forêt.

Mais on a, en bénéfice collatéral,

tout un tas de choses
pour lesquelles on n'est pas payé,

tout un tas de choses
pour lesquelles on n'est pas payé,

mais qui sont essentielles.

mais qui sont essentielles.

Il ne faut pas baisser les bras !
Il faut s'accrocher !

Il ne faut pas baisser les bras !
Il faut s'accrocher !

La situation est grave,

mais il ne faut pas être frileux
par rapport à ces problèmes.

mais il ne faut pas être frileux
par rapport à ces problèmes.

J'entends trop souvent,
encore maintenant :

"Que faire ?"

"Les douglas arrivent à maturité,
il faut bien les couper !"

Mais non, il ne faut pas
les couper à blanc !

Mais non, il ne faut pas
les couper à blanc !

On peut faire autrement,
on a des alternatives !

Le groupement possède une parcelle
de monoculture de douglas.

Le groupement possède une parcelle
de monoculture de douglas.

On irrégularise pour faire revenir
du mélange

et ça marche ! C'est possible !

et ça marche ! C'est possible !

Le fondement du groupement,
c'est l'action collective.

On est tous là ensemble,
car on aime la forêt,

On est tous là ensemble,
car on aime la forêt,

on veut préserver des forêts.

Allons de l'avant !

Vive le Morvan
et ses forêts diversifiées, étagées,

Vive le Morvan
et ses forêts diversifiées, étagées,

et continuons le combat
pour en préserver le plus possible !

et continuons le combat
pour en préserver le plus possible !

Merci à tous pour votre soutien !

C'était une belle forêt feuillue,
une forêt mélangée.

C'était une belle forêt feuillue,
une forêt mélangée.

On aurait très bien pu exploiter,

On aurait très bien pu exploiter,

faire des éclaircies,

mais sans faire
une coupe à blanc comme ça.

En plus, on voit comment était
la forêt et ce qu'elle va devenir,

car on voit déjà
les petites plantations de douglas.

car on voit déjà
les petites plantations de douglas.

Le Morvan n'était pas couvert
de forêts de résineux.

Le Morvan n'était pas couvert
de forêts de résineux.

Il avait quelques hêtraies sapinières
très jolies en mélange,

Il avait quelques hêtraies sapinières
très jolies en mélange,

mais qui n'avaient rien à voir
avec des monocultures de douglas.

Il y a eu une mainmise
d'investisseurs institutionnels :

Il y a eu une mainmise
d'investisseurs institutionnels :

La Caisse d'épargne de Paris,
Axa Assurance et d'autres.

La Caisse d'épargne de Paris,
Axa Assurance et d'autres.

Ils sont venus dans le Morvan

pour faire de la rentabilité.

pour faire de la rentabilité.

Ils ont coupé les feuillus et ont
replanté des monocultures de douglas.

Ils ont coupé les feuillus et ont
replanté des monocultures de douglas.

Et ça continue ?

Et ça continue !

Regarde ça, tiens.

Regarde ça, tiens.

Ce qui est grave,
c'est que les gens s'habituent.

Ce qui est grave,
c'est que les gens s'habituent.

Je suis issue d'une famille
très modeste,

une famille nombreuse de 6 enfants,
avec des difficultés.

une famille nombreuse de 6 enfants,
avec des difficultés.

On peut dire qu'on était pauvres.

On peut dire qu'on était pauvres.

Mais il y avait la nature, la forêt,

Mais il y avait la nature, la forêt,

les affouages, le jardin. Des choses
qui faisaient qu'on vivait.

J'ai un souvenir de ma jeunesse
extraordinaire

J'ai un souvenir de ma jeunesse
extraordinaire

malgré le manque d'argent.

Et mon père m'emmenait en forêt

Et mon père m'emmenait en forêt

quand il faisait
le bois de chauffage.

J'ai un souvenir extraordinaire

J'ai un souvenir extraordinaire

de ces matins brumeux, très frais,

où on allait en forêt.
C'était d'un calme extraordinaire !

où on allait en forêt.
C'était d'un calme extraordinaire !

Ça m'est toujours resté.

C'est ce qui m'a toujours
motivée à défendre la forêt.

C'est ce qui m'a toujours
motivée à défendre la forêt.

Le groupement s'est créé,
pour s'allier avec la ville d'Autun

Le groupement s'est créé,
pour s'allier avec la ville d'Autun

et le conservatoire des espaces
naturels bourguignons,

pour acheter ces 270 hectares.

pour acheter ces 270 hectares.

Maintenant, c'est notre propriété.

La première chose, c'était de sauver
ce massif d'une coupe à blanc,

La première chose, c'était de sauver
ce massif d'une coupe à blanc,

mais nous, on a continué
avec les mêmes objectifs.

Nos objectifs,
c'est d'acheter des forêts

Nos objectifs,
c'est d'acheter des forêts

pour prouver qu'on peut les gérer
de manière écologique et économique.

En fait ça nous donne tout
ce qu'on peut espérer :

En fait ça nous donne tout
ce qu'on peut espérer :

les propriétaires
ne sont pas perdants,

la nature est protégée,
la biodiversité, les paysages.

la nature est protégée,
la biodiversité, les paysages.

Et finis les conflits,

car dans le Morvan, on est soumis
à des conflits perpétuels.

car dans le Morvan, on est soumis
à des conflits perpétuels.

Les gens en ont marre
des coupes à blanc.

Ils se demandent ce qui se passe,
ils ne sont pas du tout informés.

Ils se demandent ce qui se passe,
ils ne sont pas du tout informés.

On l'a vu quand on fait des sorties
avec le groupement forestier.

On explique qu'on exploite.

On explique qu'on exploite.

Je n'ai jamais entendu
un associé du groupement dire :

"Scandaleux, vous coupez un arbre !"

"Scandaleux, vous coupez un arbre !"

Ici, vous êtes dans le massif
des Landes de Gascogne.

Ici, vous êtes dans le massif
des Landes de Gascogne.

Un massif avec des particularités

Un massif avec des particularités

liées à son sol, parce qu'on est
principalement sur du sable,

et à son climat.

et à son climat.

Et à la présence,
depuis près de 150 ans,

d'une sylviculture très élaborée,

d'une sylviculture très élaborée,

qu'on qualifie d'intensive,

mais du bon côté d'intensive,
du pin maritime.

Le pin maritime
est une essence locale

Le pin maritime
est une essence locale

qui existait avant la mise en place
de cette sylviculture

et qui a été développé
par une volonté de l'état,

à l'époque de Napoléon III,

de développer la mise en valeur
de ces terrains,

de développer la mise en valeur
de ces terrains,

qui étaient mal drainés,
mal valorisés.

qui étaient mal drainés,
mal valorisés.

Il y a eu une politique
de reboisement importante,

qui donne un massif d'1 million
d'hectares de pins maritimes,

qui donne un massif d'1 million
d'hectares de pins maritimes,

qui est un des massifs
les plus productifs d'Europe.

On a essayé de diversifier
les types d'essence.

On a essayé des dizaines d'essences
dans le monde entier.

On a essayé des dizaines d'essences
dans le monde entier.

Mais à plus de 80 %,
c'est le pin maritime

Mais à plus de 80 %,
c'est le pin maritime

qui est et restera le roi
de la forêt gasconne.

qui est et restera le roi
de la forêt gasconne.

On évolue assez vite actuellement.

On avait un âge d'exploitation
qui était autour de 60 ans,

On avait un âge d'exploitation
qui était autour de 60 ans,

il y a 20-30 ans.

Aujourd'hui, on est plutôt
sur une révolution de 40-45 ans.

Aujourd'hui, on est plutôt
sur une révolution de 40-45 ans.

Et ces pins-là seront exploités
plus rapidement,

avec des rotations de 30-35 ans.

avec des rotations de 30-35 ans.

On va vers une réduction
des rotations,

car les pins poussent plus vite,

car les pins poussent plus vite,

et parce qu'il faut prendre en compte
les événements climatiques.

On a tous en mémoire
les deux tempêtes subies

On a tous en mémoire
les deux tempêtes subies

par le massif en 1999 et 2009.

On prend en compte ces évolutions
pour minimiser les risques

On prend en compte ces évolutions
pour minimiser les risques

et s'assurer que l'investissement
forestier les prenne en compte.

et s'assurer que l'investissement
forestier les prenne en compte.

Comment vous le trouvez, ce paysage ?

C'est le mien.

Ça vous va ?

C'est monotone
pour celui qui n'y connaît rien.

Pour moi, chaque arbre est différent

Pour moi, chaque arbre est différent

et me parle différemment.

On se prend pour un général d'armée

qui a tout son monde
parfaitement en ligne.

C'est bien propre.

C'est bien propre.

Ce qui fait qu'on peut débroussailler
entre les bandes très facilement.

Ce qui fait qu'on peut débroussailler
entre les bandes très facilement.

Ça veut dire qu'il n'y a pas
de concurrence pour les pins,

Ça veut dire qu'il n'y a pas
de concurrence pour les pins,

il n'y a qu'eux qui mangent.

Après la tempête,
la gestion de la forêt a changé ?

Après la tempête,
la gestion de la forêt a changé ?

Ça a fait changer des choses ?

Après la tempête,
on a essayé de reboiser.

Après la tempête,
on a essayé de reboiser.

On a reboisé de la même manière
ou on a tiré des leçons ?

On a reboisé de la même manière
ou on a tiré des leçons ?

Là, en la matière,

on a plus fait que des plantations.

on a plus fait que des plantations.

Avec des plants
sélectionnés "top niveau".

Avec des plants
sélectionnés "top niveau".

On n'a quasiment pas d'arbres morts,

On n'a quasiment pas d'arbres morts,

ce qui fait que les oiseaux
n'ont pas de quoi nicher.

ce qui fait que les oiseaux
n'ont pas de quoi nicher.

Écologiquement, on l'écrase,

Écologiquement, on l'écrase,

car, comme ils ne peuvent pas nicher,
il n'y en a pas !

Vous allez me dire qu'à cette heure,
il fait trop chaud,

qu'ils sont partis dormir ailleurs.

qu'ils sont partis dormir ailleurs.

Là, il n'y en a pas !

Il y a une technique
qui s'appelle "Prosilva".

Il y a une technique
qui s'appelle "Prosilva".

Il faut qu'il y ait

4 à 5 arbres morts à l'hectare,

dans lesquels
les oiseaux font leur nid.

dans lesquels
les oiseaux font leur nid.

Et ça se développe harmonieusement
entre la nature et les animaux.

Et ça se développe harmonieusement
entre la nature et les animaux.

Vous en pensez quoi ?

Théoriquement, c'est idéal.

Mais économiquement, ça ne l'est pas.

La nature avait fait
que dans ce pays-ci,

La nature avait fait
que dans ce pays-ci,

le pin maritime se plaisait beaucoup.

Naturellement.

Naturellement.

Et comme on n'a rien trouvé d'autre,
on fait du pin maritime.

En ligne. Labouré.

En ligne. Labouré.

Je ne sais pas
si on a mis de l'engrais.

Je ne sais pas
si on a mis de l'engrais.

Je pense que oui,
parce qu'ils poussent très bien.

Quel est l'usage des produits
phytosanitaires

dans la sylviculture landaise ?

Les traitements chimiques,

on nous interdit de les utiliser
un peu plus chaque jour.

on nous interdit de les utiliser
un peu plus chaque jour.

Cette forêt, elle a été créée
par nos ancêtres, continuée par nous.

Cette forêt, elle a été créée
par nos ancêtres, continuée par nous.

Si elle y est,
c'est qu'elle a été bien gérée.

Qu'est-ce qu'ils viennent
nous emmerder

Qu'est-ce qu'ils viennent
nous emmerder

à nous mettre des règlements,
des empêchements,

alors qu'on a toujours fait
les choses correctement ?

alors qu'on a toujours fait
les choses correctement ?

Pourquoi on changerait ?

On se trouve sur une parcelle

qui a été mise à mal par la tempête.

qui a été mise à mal par la tempête.

Presque tous les pins
se sont retrouvés par terre.

Presque tous les pins
se sont retrouvés par terre.

On a laissé les quelques survivants

pour qu'ils continuent à pousser.

pour qu'ils continuent à pousser.

Ça nous donne une idée du paysage
qu'il y avait.

Même au début du XXe,

il y avait encore ces grandes landes
autour du quartier.

C'était des champs fertilisés
uniquement au fumier de mouton,

C'était des champs fertilisés
uniquement au fumier de mouton,

sinon la terre était trop pauvre.

sinon la terre était trop pauvre.

Quand la forêt a commencé
à être développée,

c'est devenu difficile entre
les bergers et les sylviculteurs.

c'est devenu difficile entre
les bergers et les sylviculteurs.

On dit que les moutons
mangeaient les pins,

mais c'est les pins
qui ont mangé les moutons.

mais c'est les pins
qui ont mangé les moutons.

C'est la morale de l'histoire.

Cette tempête,

Cette tempête,

pour tout le monde,
a été traumatisante,

pour tout le monde,
a été traumatisante,

mais moi, je n'étais pas encore
une gestionnaire forestière.

Ça faisait deux ans
que j'étais propriétaire.

Ça faisait deux ans
que j'étais propriétaire.

C'était une propriété familiale.

Je n'ai pas choisi
de m'occuper de ça.

Je n'ai pas choisi
de m'occuper de ça.

Mes parents s'en occupaient,

puis, petit à petit, ils déléguaient

puis, petit à petit, ils déléguaient

à la grande entreprise
forestière locale, la coopérative.

Je ne me posais pas de questions,
mais là, avec cette tempête...

C'était des surfaces tellement
importantes qui étaient à terre,

que ça m'a forcé à m'interroger
sur le mode de gestion de la forêt.

que ça m'a forcé à m'interroger
sur le mode de gestion de la forêt.

J'ai commencé à m'informer
à ce moment-là,

et puis j'ai découvert qu'il y avait
d'autres façons de faire,

et puis j'ai découvert qu'il y avait
d'autres façons de faire,

comme dans d'autres régions.

Sur le massif landais,
c'était plus timide,

Sur le massif landais,
c'était plus timide,

mais il y avait des tentatives.

J'ai entendu parler
de la gestion Prosilva.

J'ai entendu parler
de la gestion Prosilva.

J'ai rencontré Jacques Hazera,

qui mène sa propriété
de cette façon-là depuis des années.

qui mène sa propriété
de cette façon-là depuis des années.

Et puis il fallait trouver
autre chose,

Et puis il fallait trouver
autre chose,

parce que,
plus on fait des interventions,

avec des grosses machines...

La sylviculture,
c'est devenu monumental.

La sylviculture,
c'est devenu monumental.

C'est la tendance générale
de l'agriculture.

Les engins qui œuvrent en forêt,
c'est complètement monstrueux.

Les engins qui œuvrent en forêt,
c'est complètement monstrueux.

Comme le sol ici est très fragile,
avec très peu d'humus,

à chaque intervention,
tout est bouleversé.

à chaque intervention,
tout est bouleversé.

Sans être spécialiste,

Sans être spécialiste,

on se dit que si on fichait davantage
la paix aux arbres,

on se dit que si on fichait davantage
la paix aux arbres,

ils seraient un peu plus solides
et mieux implantés.

ils seraient un peu plus solides
et mieux implantés.

C'est ce que je me suis dit.

On voit qu'il y a des pins partout,
à différent niveaux.

On voit qu'il y a des pins partout,
à différent niveaux.

Il y a ceux qui ont émergé
de la végétation

et tous ceux qui poussent là,

et tous ceux qui poussent là,

encore tout petits,
sous la molinie et la fougère,

mais qui cherchent
leur place au soleil.

mais qui cherchent
leur place au soleil.

De laisser faire

De laisser faire

cette régénération naturelle,
ça économise de l'argent

et ça économise aussi la vie du sol,
tout simplement.

et ça économise aussi la vie du sol,
tout simplement.

Tout ce tissu végétal qui est là,

Tout ce tissu végétal qui est là,

c'est ça qui structure,

qui permet aux arbres

qui permet aux arbres

de ne pas pousser seuls,

de bien accrocher leurs racines.

de bien accrocher leurs racines.

Et il y a aussi du bouleau qui pousse
au milieu, des petits chênes.

Et il y a aussi du bouleau qui pousse
au milieu, des petits chênes.

Il y a beaucoup de bouleaux,
car c'est une essence de lumière.

Les arbres sont plus solides

Les arbres sont plus solides

quand ils sont ensemble.

C'est comme nous !
C'est une société, une forêt !

C'est comme nous !
C'est une société, une forêt !

On va voir ce qu'elle va donner
dans quelques années, cette forêt-là.

On va voir ce qu'elle va donner
dans quelques années, cette forêt-là.

Quel type de valorisation
voulons-nous pour cette forêt ?

Quel type de valorisation
voulons-nous pour cette forêt ?

On doit quand même pouvoir, à terme,

On doit quand même pouvoir, à terme,

remplacer les énergies fossiles

remplacer les énergies fossiles

par la cellulose de ces arbres.

J'y crois profondément.

Et il y a des industriels
qui y croient !

Et il y a des industriels
qui y croient !

C'est comme ça que se diffuse
un peu partout

ce modèle économique innovant,
optimiste de la France d'aujourd'hui.

ce modèle économique innovant,
optimiste de la France d'aujourd'hui.

Mécaniser, robotiser,

Mécaniser, robotiser,

moderniser une filière,

ne signifie pas
que cette filière perd de l'emploi.

C'est l'inverse !

Il faut arrêter
de trembler devant le progrès.

Il faut lui donner du sens,
mais il faut arrêter de trembler.

Il faut lui donner du sens,
mais il faut arrêter de trembler.

Il faut investir aussi,
changer les métiers,

former, accepter que la vie
de demain ne soit pas celle d'hier.

former, accepter que la vie
de demain ne soit pas celle d'hier.

Sapin 45 !

- Épicéa 30 !
- Sapin 35 !

- Épicéa 30 !
- Sapin 35 !

40 !

Sapin 40 !

- 2 !
- Un deuxième !

- 2 !
- Un deuxième !

Fayard, 75 !

Fayard, 75 !

C'est quoi "fayard" ?

C'est du hêtre.
Ça vient du vieux français.

C'est du hêtre.
Ça vient du vieux français.

Et puis en forêt,
on préfère dire "fayard",

Et puis en forêt,
on préfère dire "fayard",

car ça sonne mieux
à l'oreille que "hêtre".

De loin, on ne comprend pas bien.

Épicéa 70 !

Épicéa 70 !

Sapin 35 !

Sapin 35 !

C'est quoi ce geste
que tu fais avec le marteau ?

J'enlève d'abord de l'écorce

J'enlève d'abord de l'écorce

avec la partie hache du marteau.

Je retourne le marteau,
et de ce côté-ci,

j'ai une marque qui est gravée.

Il y a écrit
en lettres gothiques A.F. :

Administration Forestière.

Administration Forestière.

Je mets cette marque
sur le flachis que je viens de faire.

Je mets cette marque
sur le flachis que je viens de faire.

Dans quel intérêt ?

L'intérêt, c'est que les bûcherons
qui viennent couper...

L'intérêt, c'est que les bûcherons
qui viennent couper...

Après que la coupe soit vendue,
les bûcherons viennent

Après que la coupe soit vendue,
les bûcherons viennent

pour couper les arbres, et de loin,
ils voient que c'est marqué.

Cette marque-là
est déposée auprès des tribunaux.

Cette marque-là
est déposée auprès des tribunaux.

La contrefaçon est sévèrement punie.

La contrefaçon est sévèrement punie.

Ça équivaut à faire
de la fausse monnaie.

Sapin 40 !

Sapin 40 !

Et Sapin 50 ! Répète, là-bas !

Sapin 40, répétez pour Jean !

Depuis le début de la virée,

j'ai martelé 23,91 m³, presque 24.

j'ai martelé 23,91 m³, presque 24.

Tout est répertorié par essence,
par diamètre.

Tout est répertorié par essence,
par diamètre.

Un truc étonnant s'est passé
il y a quelques années.

Un truc étonnant s'est passé
il y a quelques années.

Un organisme appelé
l'inventaire forestier national

est chargé d'estimer la ressource
en bois et en forêts en France

et d'en déduire
ce que l'on peut en sortir.

et d'en déduire
ce que l'on peut en sortir.

Des chiffres ont été pondus.

Des chiffres ont été pondus.

Je ne sais plus, je ne veux pas
raconter de bêtises.

Et on s'est basés là-dessus,
l'ONF aussi,

Et on s'est basés là-dessus,
l'ONF aussi,

pour dire ce qu'il faudra
annuellement sortir

comme millions de m³ de bois
de la forêt française.

comme millions de m³ de bois
de la forêt française.

On est partis là-dessus,
pendant quelques années,

avant que quelqu'un se rende compte

avant que quelqu'un se rende compte

que les données de départ
étaient complètement erronées

et que les chiffres de prélèvement
étaient beaucoup trop élevés.

et que les chiffres de prélèvement
étaient beaucoup trop élevés.

On est plus incités à prendre
plus que moins.

On est plus incités à prendre
plus que moins.

À nous de résister à la pression,

À nous de résister à la pression,

mais on peut le faire
jusqu'à un certain point.

Dis-moi, Maurice,
elle a beaucoup changé

la forêt vosgienne
depuis que tu y travailles ?

Oui.

Moi qui la connais,

on voit beaucoup moins de gros bois,

on voit beaucoup moins de gros bois,

de gros sapins, de gros chênes,

en particulier dans la plaine,
du côté de Darney.

en particulier dans la plaine,
du côté de Darney.

En montagne aussi,
on voit moins de gros bois.

Pour le sapin, le diamètre
d'exploitabilité, c'est 50 cm.

Pour le sapin, le diamètre
d'exploitabilité, c'est 50 cm.

Au-delà, en caricaturant,
on perd des sous.

Au-delà, en caricaturant,
on perd des sous.

Ça vous fait mal au cœur ?

Ça vous fait mal au cœur ?

Bien sûr ! Évidemment.

On n'a pas été élevés
dans cette culture-là,

je vais caricaturer un peu aussi,

je vais caricaturer un peu aussi,

de la forêt usine à bois.

de la forêt usine à bois.

Ce n'était pas ma vision
du métier de forestier.

Quand je suis rentré à l'ONF,
ce n'était pas pour ça.

Quand je suis rentré à l'ONF,
ce n'était pas pour ça.

Ton secteur a évolué en taille
depuis le début de ta carrière ?

Ton secteur a évolué en taille
depuis le début de ta carrière ?

Oui. Il a triplé.

Oui. Il a triplé.

On passe beaucoup plus de temps
sur la route

et beaucoup plus de temps
aussi sur nos ordinateurs.

et beaucoup plus de temps
aussi sur nos ordinateurs.

Ça change la vie.

Ça change la vie.

C'est autant de temps
qu'on ne passe plus en forêt.

C'est autant de temps
qu'on ne passe plus en forêt.

Et un forestier
qui va de moins en moins en forêt...

Et un forestier
qui va de moins en moins en forêt...

C'est drôle, quoi !

Là, c'est un emplacement

où le garde-chasse veut
construire un petit abri.

où le garde-chasse veut
construire un petit abri.

Il y a quelques arbres,
que je vais marquer en plus,

pour les enlever.

Après, c'est une coupe classique.

Ça, mettez-le en BIL.

À part quand vous voyez un gros BC,

vous mettez tout en BIL.

vous mettez tout en BIL.

Et puis quelques Braunwurfe,
s'il y en a,

parce que dans la 40,
il y en aura beaucoup plus.

Ça fait 25 ans que je suis à l'ONF.

Ça fait 25 ans que je suis à l'ONF.

Quand j'ai signé
mon arrêté de nomination...

Sur mon arrêté de nomination,
quand j'ai réussi le concours,

Sur mon arrêté de nomination,
quand j'ai réussi le concours,

il était écrit noir sur blanc :

"Le forestier doit assurer
la pérennité de la forêt publique."

Donc notre objectif prioritaire,

Donc notre objectif prioritaire,

c'est de faire en sorte
qu'il y ait une régénération

c'est de faire en sorte
qu'il y ait une régénération

et qu'il y ait un renouvellement.

Et non un bilan financier positif.

Et non un bilan financier positif.

Tu vois la différence ?

Le grand souci de l'ONF,

Le grand souci de l'ONF,

c'est que notre budget global

se fait essentiellement
sur la vente de bois.

se fait essentiellement
sur la vente de bois.

En revanche,
la forêt ne produit pas que du bois.

C'est sa production en quantifiable,
en numéraire, en argent,

C'est sa production en quantifiable,
en numéraire, en argent,

mais elle fait plein d'autres choses.

mais elle fait plein d'autres choses.

Elle fixe le carbone.

Ici, dans les Vosges,
c'est une vraie éponge.

Ici, dans les Vosges,
c'est une vraie éponge.

Tous les captages d'eau potable
de nos villages sont en forêt.

Tous les captages d'eau potable
de nos villages sont en forêt.

Un hectare de forêt fixe

100 fois plus d'eau qu'un hectare
de prairie ou de champs agricole.

C'est une magnifique
réserve d'eau douce !

C'est une magnifique
réserve d'eau douce !

Mais on n'est pas payés pour ça.

Quand je viens ici, je pense souvent

à mon collègue Alain.

Il s'est donné la mort

Il s'est donné la mort

il y a trois ans.

il y a trois ans.

Depuis 2002,

on est souvent réorganisés,
restructurés.

on est souvent réorganisés,
restructurés.

La réorganisation de 2002
a été très violente

pour le personnel,

pour le personnel,

surtout pour le personnel forestier.

Les services de soutien
en souffrent aussi.

Les services de soutien
en souffrent aussi.

Il y a à peu près trois ans,
notre équipe d'origine,

Il y a à peu près trois ans,
notre équipe d'origine,

Paris a décidé de la disloquer,

Paris a décidé de la disloquer,

de disloquer ce collectif de travail.

Alain était forestier
sur ce secteur-là

depuis plusieurs décennies.

depuis plusieurs décennies.

Il fallait qu'il sorte de l'équipe
communale,

Il fallait qu'il sorte de l'équipe
communale,

il allait être intégré
dans une nouvelle équipe

et il l'a très mal supporté.

et il l'a très mal supporté.

Un beau matin,
dans sa maison forestière,

il s'est mis une balle dans la tête
avec son arme de service.

Il faut être très fort
pour supporter tout ça.

Il faut être très fort
pour supporter tout ça.

Ou très souple.

Ou alors s'en foutre, s'en moquer !

Ou alors s'en foutre, s'en moquer !

Être quelqu'un
à qui ça passe au-dessus.

Lui, il s'en fout,
il ne comprend pas.

Lui, il s'en fout,
il ne comprend pas.

Mais une personne
qui s'est attachée et investie

depuis des décennies dans tout ça...

depuis des décennies dans tout ça...

Comme disaient les bûcherons avant,

c'est un plaisir de revenir
voir si nos plantations ont poussé,

c'est un plaisir de revenir
voir si nos plantations ont poussé,

si nos éclaircies
ont bien fonctionné,

voir l'évolution de la forêt.

voir l'évolution de la forêt.

On a un attachement qui se fait.

C'est un peu comme notre jardin,

C'est un peu comme notre jardin,

même s'il ne nous appartient pas.

Mais on va laisser notre trace.

Mais on va laisser notre trace.

Et là, ce chamboulement,
Alain ne l'a pas supporté.

Depuis 2002, c'est assez triste.

On tient comme une comptabilité.

On est à plus de 35 suicides
de forestiers.

On est à plus de 35 suicides
de forestiers.

Quand, au final, on vous dit
que c'est imputable au service,

Quand, au final, on vous dit
que c'est imputable au service,

vous avez envie d'en prendre 1 ou 2
et de les secouer.

vous avez envie d'en prendre 1 ou 2
et de les secouer.

De leur dire :
"Tu as vu ce que t'as fait ?"

Et au final, on a continué.

Et au final, on a continué.

L'équipe a quand même
été dissoute, malgré ça.

Là, je n'ai pas compris.

Là, je n'ai pas compris.

On aurait pu... enfin, voilà.

C'est encore dur.

C'est encore dur.

Le Centre,

le Nord, Picardie,

le Nord, Picardie,

Pays de la Loire, Bretagne,

Normandie,

Normandie,

Aquitaine !

Est en train de se discuter ce matin,

dans la salle
du conseil d'administration,

le projet de contrat d'objectifs
et de performances.

le projet de contrat d'objectifs
et de performances.

Aujourd'hui,
dans ce projet de contrat,

il n'est pas remis en cause
le modèle économique de l'ONF.

il n'est pas remis en cause
le modèle économique de l'ONF.

On reste sur un financement principal

On reste sur un financement principal

sur les ventes de bois.

On va bien vers une privatisation
de l'emploi,

une fragilisation de l'emploi

et qu'est-ce que trouvent
la direction et les tutelles ?

et qu'est-ce que trouvent
la direction et les tutelles ?

Vendre les forêts domaniales.

Si nous sommes là aujourd'hui,
c'est qu'en 64-66,

Si nous sommes là aujourd'hui,
c'est qu'en 64-66,

nos anciens se sont battus
pour que soit maintenu

le statut de fonctionnaire à l'ONF.

le statut de fonctionnaire à l'ONF.

Aujourd'hui, il est clair

qu'une attaque est lancée
contre ce statut à l'ONF.

qu'une attaque est lancée
contre ce statut à l'ONF.

Mesdames, Messieurs,
je comprends parfaitement

Mesdames, Messieurs,
je comprends parfaitement

que, quand pendant dix ans,

vous avez une ligne de baisse
des effectifs,

vous avez une ligne de baisse
des effectifs,

toutes les décisions,
toutes les annonces

toutes les décisions,
toutes les annonces

ont cette baisse des effectifs
en filigrane.

Je comprends qu'un climat
de défiance puisse se construire.

Je comprends qu'un climat
de défiance puisse se construire.

Je pense qu'un climat de confiance
peut se reconstruire.

Je pense qu'un climat de confiance
peut se reconstruire.

La confiance,
ce n'est pas l'unanimité.

La confiance, ce n'est pas :
"Je suis d'accord avec vous."

Ce n'est pas de la démagogie.

Ce n'est pas de la démagogie.

La confiance, c'est quand
quelque chose est dit, c'est tenu.

Il y a un an, je vous ai dit, ici,

Il y a un an, je vous ai dit, ici,

que je souhaitais, dès 2016...

que je souhaitais, dès 2016...

Dubreuil, démission !
Dubreuil, démission !

Dubreuil, démission !
Dubreuil, démission !

Dubreuil, démission !
Dubreuil, démission !

Démission !

Démission !

Il faut que vous sachiez

qu'il y a de la foresterie
partout en France

qu'il y a de la foresterie
partout en France

qui vit une profonde exaspération !

Depuis 2002,
votre gouvernement a mis en place

Depuis 2002,
votre gouvernement a mis en place

une réforme catastrophique.

Nous sommes de bons garçons
bien élevés,

Nous sommes de bons garçons
bien élevés,

mais il y a chez nous des gens
dont je vois l'état mental

mais il y a chez nous des gens
dont je vois l'état mental

avec un profond abattement.

Et ça, vous allez un jour
le ramasser.

Vos beaux discours
ne vont plus y suffire.

Vos beaux discours
ne vont plus y suffire.

À qui vous ferez croire que vendre
des forêts domaniales,

À qui vous ferez croire que vendre
des forêts domaniales,

c'est pour arranger
des petites choses locales ?

On ne vous croit pas !

La foresterie, aujourd'hui, hier,
demain,

La foresterie, aujourd'hui, hier,
demain,

c'est des forestiers
à haut niveau technique,

qui seront aussi indispensables

qui seront aussi indispensables

pour les problèmes
du changement climatique.

Que croyez-vous que les forestiers
entendent dans les campagnes ?

Que croyez-vous que les forestiers
entendent dans les campagnes ?

Leur exaspération est
d'un autre niveau.

On est bien élevés, mais vous créez
de la désespérance !

On est bien élevés, mais vous créez
de la désespérance !

Il y a toujours eu une scierie ici, à
peu près depuis avant la révolution.

Il y a toujours eu une scierie ici, à
peu près depuis avant la révolution.

La révolution française ?

Voilà. C'est la route des scieries,

Voilà. C'est la route des scieries,

car dans le temps
il y en avait énormément.

Rien que sur la commune
du Val-d'Ajol,

Rien que sur la commune
du Val-d'Ajol,

il y avait 14 scieries avant,

il y a une cinquantaine d'années.

On n'est plus que 2 maintenant.

On n'est plus que 2 maintenant.

Il n'y a plus que moi et une scierie
un peu plus importante,

qui fait le double de moi.

qui fait le double de moi.

Comment vous expliquez
cette hécatombe ?

La concurrence.

La concurrence.

Certaines petites scieries comme nous

n'ont pas su se moderniser assez tôt.

n'ont pas su se moderniser assez tôt.

La concurrence européenne,
la concurrence allemande,

les grosses scieries françaises.

les grosses scieries françaises.

La marge diminue, diminue, diminue,

et au bout d'un moment,
on jette l'éponge.

et au bout d'un moment,
on jette l'éponge.

Le plus souvent, ce ne sont pas
des fermetures sèches,

c'est plus des liquidations,
parce qu'il n'y a pas de suite,

il n'y a aucun repreneur.

il n'y a aucun repreneur.

Personne ne veut se lancer
là-dedans aujourd'hui.

La plus grosse scierie française
est en Alsace, à Urmatt.

Elle produit 4 000 m³ par an,
environ.

Par jour, excusez-moi.

Par jour, excusez-moi.

C'est ma production à l'année.

Ils font, en volume de bois,

en 30 secondes,
ce que je fais en une journée.

en 30 secondes,
ce que je fais en une journée.

Et en une journée,
ils font ce que je fais en un an.

Et en une journée,
ils font ce que je fais en un an.

On n'est plus du tout
dans le traditionnel, le sur-mesure.

On n'est plus du tout
dans le traditionnel, le sur-mesure.

Ils font toujours la même chose :

Ils font toujours la même chose :

du standard, de la fermette.

Du standardisé,
toujours la même pièce.

Du standardisé,
toujours la même pièce.

Il faut faire le plus vite possible,

cramer du bois un maximum.

Tout ce qui est Tout Faire Matériaux,
Bricomarché,

Tout ce qui est Tout Faire Matériaux,
Bricomarché,

BigMat, Gedimat.
C'est toujours la même chose

BigMat, Gedimat.
C'est toujours la même chose

et les prix sont toujours
en dessous de tout.

Vous, justement,
ce n'est pas standardisé.

Non, je fais tout ce qui est
traditionnel, sur-mesure.

Non, je fais tout ce qui est
traditionnel, sur-mesure.

On me demande les grandes longueurs,
jusqu'à 13 mètres de long.

On me demande
n'importe quelle pièce, je la fais.

On me demande
n'importe quelle pièce, je la fais.

Aujourd'hui, les gros diamètres,
plus personne n'en veut ?

La politique de l'ONF change.

C'est un problème,

car on n'arrive pas à trouver du bois
ou de moins en moins.

car on n'arrive pas à trouver du bois
ou de moins en moins.

Parce que les forêts
se standardisent aussi.

Parce que les forêts
se standardisent aussi.

Il y a une masse de bois,
en particulier de chêne,

qui part à l'export,

qui part à l'export,

et qui nous revient
sous forme de parquet.

Des parqueteries, de toute façon,
en France, il n'y en a plus.

Des parqueteries, de toute façon,
en France, il n'y en a plus.

La seconde transformation en France,

en particulier dans le feuillu,
on l'a laissée mourir.

La première transformation,
le sciage, etc.,

La première transformation,
le sciage, etc.,

il y en a encore,

mais la quantité de scieries de
feuillus qui ont fermées en Lorraine

mais la quantité de scieries de
feuillus qui ont fermées en Lorraine

ces dix, vingt dernières années,

c'est phénoménal.
Et c'est vrai dans toute la France.

c'est phénoménal.
Et c'est vrai dans toute la France.

C'est dommage, car mes ancêtres,
en forêt publique,

depuis des décennies, façonnent
des bois par la sylviculture,

par la finesse du choix
des arbres à prélever,

par la finesse du choix
des arbres à prélever,

par la réflexion.

Ils façonnent des arbres
de la meilleure qualité possible,

Ils façonnent des arbres
de la meilleure qualité possible,

pour qu'ils atteignent
le plus gros diamètre possible,

pour avoir tous les usages possibles.

Donc ces arbres-là,
si on ne sait plus les utiliser,

Donc ces arbres-là,
si on ne sait plus les utiliser,

il y a un gros problème.

Les normes de construction
dans le résineux sont dictées

Les normes de construction
dans le résineux sont dictées

par l'Allemagne, l'Autriche,

qui ont des jeunes plantations
de résineux à valoriser.

Plus vite on coupe,
plus vite on en a.

Plus vite on coupe,
plus vite on en a.

Et puis les scies
qui font du 40-50 cm de diamètre,

Et puis les scies
qui font du 40-50 cm de diamètre,

on les a achetées aux Finlandais,
aux Suédois, aux Norvégiens.

Pourquoi les scies font
cette taille-là ?

Pourquoi les scies font
cette taille-là ?

Parce que l'épicéa
qui pousse sous ces latitudes,

Parce que l'épicéa
qui pousse sous ces latitudes,

autour du cercle polaire,

au bout de 300 ans,
il a toujours 40 cm de diamètre.

au bout de 300 ans,
il a toujours 40 cm de diamètre.

Donc cet outil était adapté
à cette ressource-là,

et on a encouragé nos scieurs
à s'équiper avec ça.

et on a encouragé nos scieurs
à s'équiper avec ça.

Il y a encore des scies.

Il y a encore des scies.

On a des scies modernes
qui peuvent scier de gros diamètres,

mais il n'y a jamais eu d'incitation
à s'équiper là-dessus.

mais il n'y a jamais eu d'incitation
à s'équiper là-dessus.

Il y a une ressource
et il faut les équiper

Il y a une ressource
et il faut les équiper

pour qu'ils utilisent
au mieux leur ressource.

Ça peut mettre un frein à l'export

Ça peut mettre un frein à l'export

des bois ronds,
vers la Chine notamment.

C'est pas nous, les scieurs,
qui fixons les limites,

C'est pas nous, les scieurs,
qui fixons les limites,

c'est les consommateurs,
c'est vous tous.

Et c'est vous tous qui,
dès que dans la planche

vous voyez des nœuds ou des défauts,

vous voyez des nœuds ou des défauts,

vous ne prenez plus ce produit-là.

C'est pas nous qui avons décidé
à un moment de se désintéresser

C'est pas nous qui avons décidé
à un moment de se désintéresser

de certains diamètres de bois,
c'est vous tous.

La scierie,
c'est la photo de la forêt.

La scierie,
c'est la photo de la forêt.

La première transformation s'adapte
à son bassin d'approvisionnement.

La première transformation s'adapte
à son bassin d'approvisionnement.

À une forêt...

naturelle peuvent correspondre
les scieries artisanales

naturelle peuvent correspondre
les scieries artisanales

ou des scieries-musées,

ça dépend de ce que l'on veut.

Si nous voulons une industrie,

Si nous voulons une industrie,

il nous faut une forêt productive,

il nous faut une forêt productive,

une forêt qui satisfasse

une forêt qui satisfasse

les besoins de nos concitoyens.

En qualité et en prix.

On ne peut pas vivre
sans en tenir compte.

On ne peut pas vivre
sans en tenir compte.

C'est quoi une forêt productive ?

C'est quoi une forêt productive ?

Qu'est-ce qu'une forêt productive ?

Regardons les forêts scandinaves,

Regardons les forêts scandinaves,

les forêts russes,
qui ont trois essences.

les forêts russes,
qui ont trois essences.

Une essence de feuillus
qui est le bouleau

Une essence de feuillus
qui est le bouleau

et puis le pin et l'épicéa.

Trois essences dominantes.

Trois essences dominantes.

Et nous, en France, on en a 46-47.

La différence est là.

La différence est là.

Bien sûr, la forêt,

Bien sûr, la forêt,

il ne s'agit pas de la sacraliser,

il ne s'agit pas de la sacraliser,

parce que si on la sacralise,

et c'est souvent
ce que nos concitoyens souhaitent,

et c'est souvent
ce que nos concitoyens souhaitent,

on la met sous cloche,
on la rend totalement naturelle.

on la met sous cloche,
on la rend totalement naturelle.

Mais il s'agit
d'une guerre économique.

Les Scandinaves nous disent
clairement :

Les Scandinaves nous disent
clairement :

"Ne vous embêtez pas
à faire de la forêt de production.

"Nous faisons de la forêt
de production,

"Nous faisons de la forêt
de production,

"nous vendrons les sillages

"et vous, vous faites
une forêt d'agrément."

Eux, ça leur va bien.

C'est une guerre économique.

C'est une guerre économique.

La forêt hétérogène,
diversifiée et complexe

La forêt hétérogène,
diversifiée et complexe

demande une présence sur le terrain,

des gens qui habitent sur place,
qui la regardent,

des gens qui habitent sur place,
qui la regardent,

des bûcherons
qui comprennent le territoire,

qui savent comment s'occuper
de cette forêt.

Des scieries qui savent
que là, le chêne est bon,

Des scieries qui savent
que là, le chêne est bon,

là, il est mauvais,
là, le châtaignier est bon,

là, il est mauvais,
là, le châtaignier est bon,

qui connaissent le territoire,
qui savent le valoriser.

C'est ce qu'on a fait en France
pendant 300 ans, finalement.

C'est ce qu'on a fait en France
pendant 300 ans, finalement.

Toutes les scieries,
dans chaque région,

sciaient le bois de la région.

sciaient le bois de la région.

On n'allait pas le transporter
sur des centaines de kilomètres.

Chaque région s'adaptait
à ce qu'ils avaient.

Chaque région s'adaptait
à ce qu'ils avaient.

Dès que la gestion est faite

par des organismes
qui sont loin du territoire,

par des organismes
qui sont loin du territoire,

les déplacements coûtent cher,

on n'est jamais sur place,
on ne connaît pas bien le territoire.

on n'est jamais sur place,
on ne connaît pas bien le territoire.

Tout ça doit être cadré,
simplifié à l'extrême,

et en plus,
il faut que ce soit prévisible

et en plus,
il faut que ce soit prévisible

pour les actionnaires,
pour les investisseurs.

pour les actionnaires,
pour les investisseurs.

Donc on fait des "forêts autoroute"

où tout est prévu.

Ça va loin, car dans les Landes,
on a des systèmes

Ça va loin, car dans les Landes,
on a des systèmes

où au moment où on plante,
on a déjà programmé la coupe rase.

On sait déjà quel diamètre
on va récolter,

On sait déjà quel diamètre
on va récolter,

quel volume,
à quel prix on va le vendre.

quel volume,
à quel prix on va le vendre.

Tout ça est simulé
avec des logiciels de simulation

qui vous permettent de savoir

qui vous permettent de savoir

si vous investissez telle somme,
vous récolterez telle somme.

Vous gagnez 2 % avec le rendement,

Vous gagnez 2 % avec le rendement,

les avantages fiscaux,
ça vous rajoute 1 %.

Tout ça est prévisible.

Dès qu'on est dans des forêts
comme celle-ci,

Dès qu'on est dans des forêts
comme celle-ci,

pour prédire quelque chose...

Je plante du feuillu,
je suis un peu le seul.

Je plante du feuillu,
je suis un peu le seul.

Des essences comme l'érable sycomore,
je vais pouvoir en parler.

On va me dire : "C'est pas bête,
mais faut pas en mettre trop."

On va me dire : "C'est pas bête,
mais faut pas en mettre trop."

Dès que ça sort de ça,
éventuellement le chêne d'Amérique,

mais si on essaie un peu
autre chose...

mais si on essaie un peu
autre chose...

Si je veux avoir la garantie
que mes graines sont adaptées...

Si je veux avoir la garantie
que mes graines sont adaptées...

Ici, on n'a plus
de semenciers d'érable,

ils sont rares les arbres
qui vont produire

ils sont rares les arbres
qui vont produire

la régénération naturelle, très peu.

On est sortis
de la culture forestière,

puisqu'on a des reboisements
de résineux

puisqu'on a des reboisements
de résineux

et peu de vieux arbres.

Il y a peu de semenciers.

Donc si je veux réintroduire l'érable
ici, ce n'est pas celui d'ici.

Donc si je veux réintroduire l'érable
ici, ce n'est pas celui d'ici.

C'est l'érable du nord-est.

C'est l'érable du nord-est.

C'est périlleux.

C'est embêtant.

Il faudrait que j'aille chercher
des graines

ou que moi-même,
je récolte des graines,

ou que moi-même,
je récolte des graines,

que je les mette en culture.

Ça se faisait avant sur les forêts,
on avait des pépinières.

Moi, j'ai un propriétaire
qui a une pépinière.

Moi, j'ai un propriétaire
qui a une pépinière.

Je lui dis que c'est génial
ce qu'il fait là.

Il faut continuer.

Il faut continuer.

Un seul ! Il achète des plants,
il les éduque.

Je lui ai dit que ce serait encore
mieux si on partait de la graine.

Je lui ai dit que ce serait encore
mieux si on partait de la graine.

Il n'y a plus que 2 producteurs
de graines forestières en France.

Si Vilmorin décide
de ne plus faire de l'érable...

Si Vilmorin décide
de ne plus faire de l'érable...

Je suis convaincu qu'aucun forestier
n'est indiffèrent

Je suis convaincu qu'aucun forestier
n'est indiffèrent

à voir une forêt comme ça,

à voir une forêt comme ça,

du jour au lendemain, remplacée
par une plantation de douglas.

J'en vois régulièrement

J'en vois régulièrement

et à chaque fois, je m'arrête

et je ne sais pas
quoi faire de mon sentiment.

Ma journée est foutue.

Je me sens très mal et j'ai
même honte de faire ce métier.

Je me dis que je vais arrêter.

Je me dis que je vais arrêter.

Je me rattrape en me disant
que moi, je ne vais pas le faire.

C'est déjà un défi.

J'ai suffisamment de stabilité
économique

J'ai suffisamment de stabilité
économique

pour être certain
que ça ne va pas me menacer,

que je peux le refuser
sans aucun problème.

Et je ne le fais pas.

Par contre, des salariés
de structures qui sont pilotées

Par contre, des salariés
de structures qui sont pilotées

par des directives et
des sylvicultures qu'on leur impose,

par des directives et
des sylvicultures qu'on leur impose,

soit par le propriétaire,
soit par un service de gestion,

eux n'ont pas le choix.

eux n'ont pas le choix.

J'ai choisi ce métier,
car j'aime la nature

et j'aime produire du bois,
car c'est vivant.

et j'aime produire du bois,
car c'est vivant.

Et je suis dans une filière

qui est pilotée par des logiques
qui ne sont pas du vivant,

qui est pilotée par des logiques
qui ne sont pas du vivant,

qui ne sont pas issues du vivant.

Les logiques viennent
de l'industrie du plastique,

Les logiques viennent
de l'industrie du plastique,

du pétrole et de la finance.

du pétrole et de la finance.

Ce n'est pas mariable.
À un moment donné, il faut percevoir

qu'elles ne sont pas mariables,
ces 2 logiques.

qu'elles ne sont pas mariables,
ces 2 logiques.

Sous-titrage : Hiventy

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