All language subtitles for Dix Pour Cent (Call My Agent.) - 01x02 - Line . Françoise.FRiES.French.HI.C.orig.Addic7ed.com

[la fleuriste] La couronne est prête.
Il ne reste plus qu'à poser le ruban.

Vous pouvez me rappeler son prénom ?

[ensemble] Samuel.

[fleuriste] Très bien.

Il n'aurait jamais dû partir en vacances,
quelle bêtise...

Et les causes du décès ?

On m'a rapporté une histoire
de prostituée brésilienne.

Non. N'importe quoi.

Faut pas écouter les rumeurs.
Non, il a vraiment avalé une guêpe.

Comme quoi, on peut avoir une vie
pleine de panache et une mort de merde.

Andréa,

Samuel est mort.
Je viens de perdre un ami très cher.

Je sais, Françoise. Vous savez, moi aussi.

Mais j'ai perdu aussi mon agent.

Je comprends très bien.

Et évidemment, je suis tout à fait
disposée à prendre la relève.

Oui, oui...

Le film que je dois faire, là...

Jusqu'au bout, le film de Gabor Rajevski ?

Oui, c'est ça.

Jusqu'au bout, oui.

Euh, je crois que je ne vais pas le faire.

Je vais vous demander de l'avertir.

Mais c'est pas possible,
le tournage débute dans trois semaines.

On a monté le film sur vous, Françoise.

- [dame] Madame Fabian ?
- Oui ?

Pardon de vous déranger.

Je vous ai adoré dans votre dernier film.

Merci beaucoup, madame.

[dame] Vous étiez formidable.

Françoise, on peut peut-être décaler
un peu le tournage, si vous voulez,

que vous ayez le temps de vous reposer.

Mais c'est un film très sombre.
J'ai besoin d'optimisme.

Françoise.

Mais faut pas réagir à chaud,
dans la douleur.

Pensez à Samuel justement.

Qu'est-ce qu'il aurait voulu, lui ?

Que vous soyez forte, que la vie continue,

qu'on continue à faire des films.
Des films forts et intenses.

Comme celui de Gabor.

J'ai envie de voir ma fille, de voyager.

Il faut que je suive mon instinct.
Samuel l'aurait compris, lui.

C'est sûr. Mais on peut pas
vraiment parler d'instinct, là.

Restons professionnelles.

Mais vous n'avez pas de famille.

Vous vous consacrez
uniquement à votre travail.

Moi, j'ai construit une vie,
c'est différent.

Ouais, mais y a des gens autour de vous
qui comptent sur ce film, voilà,

qui se sont battus depuis des années
pour qu'il existe.

Vous pouvez pas tout envoyer balader
comme ça.

Non mais c'est pas possible !

Enfin je sais pas, vous vous rendez compte
de ce que vous faites ?

C'est pas vrai, ça s'arrête à quel âge,
les caprices ?

Pardon.

Samuel, c'était une autre classe.

Excusez-moi.

Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi
je reste encore dans cette agence.

- Voilà, mesdames. Ça vous convient ?
- [Françoise] Oui.

C'est parfait.

Parfait.

[générique]

C'est fou de finir tous les jours
après 22 heures.

Attends, ça fait à peine dix jours
que je suis là,

je suis complètement cramée.

Je sais pas comment vous faites
pour avoir une vie.

On en a pas.

Moi j'arrive pas à garder un mec
plus d'un mois, avec ce boulot.

Non mais là, c'est simple :
j'ai pas baisé depuis la mort de Samuel.

C'était il y a six jours !

Je sais, c'est horrible,
je vais avoir tout oublié.

Non mais attends, moi ça fait trois mois
que j'ai pas fait l'amour.

- Trois mois ?
- Oui. Ben, ça va.

T'as pas baisé depuis trois mois ?

C'est pas près de s'arranger,

vu comment c'est impossible
de rencontrer quelqu'un ici.

Tu sais que c'est dangereux ?
Je suis à deux doigts de me dévouer.

Trois mois, Camille !

C'est malsain.

- Je monte à pied, tu viens ?
- Oh non, trop la flemme.

Attention, tu vas avoir la fesse molle.

Fermeture des portes.

Ouverture des portes.

- Bonjour.
- Bonjour.

Du coup, il va se passer quoi
maintenant que ton patron est...

Je sais pas.

On attend des nouvelles du notaire

pour savoir ce que Samuel
a prévu pour l'agence.

Et évite de me tutoyer ici, tu veux bien ?

- Ça va, y a personne, là.
- Camille !

Est-ce que j'ai fait une seule chose
de déplacée depuis que je suis arrivée ?

À part t'imposer dans mon agence
sans mon consentement, tu veux dire ?

Je suis pas là
pour te faire des problèmes,

je fais juste mon boulot, je te parle pas,
je te regarde même pas,

personne sait rien, même moi, je suis pas
au courant que je suis ta fille.

Bonjour.

[Arlette] On dirait un enterrement
de gangsters, on se croirait à Chicago.

[Hervé] Je te préviens,
j'ai horreur des mollassonnes.

[Arlette] C'est quoi ça ?
"Je suis avec vous de tout cœur".

La cérémonie funéraire a lieu jeudi
à 10 h, au Père Lachaise.

Ça c'est sûr,
on s'attend à pas mal de monde.

Non. C'est ni le lieu ni le moment

pour faire passer ton scénario
à Valérie Lemercier.

C'est ça. À jeudi.

C'est dément. Les gens prennent

les funérailles de Samuel
pour le festival de Cannes.

Moi, dans le genre malaise, j'ai eu
des appels de grandes marques qui veulent

prêter des robes à nos actrices
pour l'enterrement.

Pour l'hommage à Samuel de jeudi soir,

n'oubliez pas de me faire passer la liste
de vos invités. Ça part demain soir.

Pardon, mais ça me gêne
que tu sois assis là.

[Camille] Et voilà !

Ceci est un fauteuil, Andréa.

Non, ceci est la place de Samuel

qui est mort il y a six jours.

Pourquoi tu te mets pas là ?

Parce que c'est la place de Camille.

Hein, Camille ?

Oui.

Bien.

Évitons de perdre du temps
avec des détails.

D'autant que nous avons un certain nombre
de problèmes urgents à régler.

À commencer par l'avenir
des clients de Samuel.

À ce propos,

j'ai pas que des bonnes nouvelles :
Arditi s'en va.

Il dit qu'ici sans Samuel,
ça tiendra pas six mois.

Quand est-ce que t'as appris ça ?

Il m'a appelée hier.
Du coup, je l'ai invité à la Poule d'or,

avec grand cru à 250 euros la bouteille.

Rien à faire.

La clientèle de Samuel représente 18 %
de notre chiffre d'affaires.

On peut pas se permettre de la perdre.

Si le bruit commence à courir
que des gens quittent l'agence

ça va être la débandade. Alors, voilà...

J'ai réfléchi à une répartition
des clients de Samuel entre nous.

Voilà ce que je propose.

C'est une base de discussions, évidemment.

Donc, t'as fait un tableau Excel

avec ce que rapporte
chacun des talents, c'est ça ?

[Mathias] Exactement.

[Arlette] Ah ben d'accord !

Donc moi, tu me donnes qu'un seul acteur
et il a une cirrhose.

Ah bon ? Non ?

Si.

Tu pensais prendre Françoise Fabian ?

Je l'ai vue ce matin.

Tu as démarché Françoise Fabian
avant qu'on en parle ensemble ?

Non, Herr Kaporal !

Je ne l'ai pas démarché.
Elle a souhaité me voir.

Elle veut que tu la représentes ?

Oui.

Enfin, c'est un peu compliqué.

Elle est bouleversée
par la mort de Samuel.

Elle dit qu'elle veut plus
faire le film de Gabor.

Bon, je l'appelle.

Non, il n'en est pas question, Mathias,
c'est moi qui m'en occupe.

Dans un tel moment, elle a sans doute
besoin d'écouter quelqu'un de rassurant

et de stable émotionnellement.

Ou peut-être de quelqu'un
qui aime vraiment le cinéma.

Voilà. Allez, ça suffit !

C'est vrai que t'avais été rassurant
aussi, avec Cécile de France, hein ?

Andréa, on peut pas se permettre
de planter ce film ! Si c'est pas réglé

dans 24 heures, j'interviens.

T'as vraiment dit à Françoise Fabian :

"Ça s'arrête à quel âge, les caprices" ?

Oui.
[il rit]

- T'es une légende.
- Une légende de la honte, oui.

Bon, tu vas manger quand même, hein ?

Oui...

T'en parles surtout pas à Mathias.

Non, évidemment.

Je te jure. Ce film, c'est une splendeur.

C'est un gâchis monstrueux.

Mais non, mais je suis sûr que tu vas
trouver quelqu'un d'autre. J'en suis sûr.

Tu parles. Ça tourne dans trois semaines.

Tu penses que Mathias a raison ?
Que je suis instable et...

pas rassurante pour mes clients ?

Non, pas du tout. Non.

Je sais pas, tu pourrais à la limite
travailler un peu

sur ton impulsivité, mais...

Ah non, mais alors quoi ?
Dans ce métier de... quoi ?

T'as un tout petit peu de caractère,
tu te laisses pas faire,

ça y est, tout de suite, t'es impulsif ?

Si t'as pas un peu d'autorité, tu te fais
piétiner sans arrêt. Sans déconner.

Moi, ça m'énerve.
[bip]

À table !

[Gabriel] Voilà.

[Andréa] C'est qui, ça ?

Ça, c'est Florence, mon ex.

Tu sais bien...

Ouais, ouais.

Florence. Mais c'était y a longtemps.

Ça fait un an. Un an et quelque, quoi.

Pourquoi elle est partie, déjà,
cette conne ?

Cette conne, non !
Elle est partie parce que...

Parce que je travaillais trop, voilà.

Non, elle est partie parce que moi,
je voulais un enfant et pas elle.

C'est pas grave. Ça va mieux, c'est passé.

Qu'est-ce que tu fais ?

T'as dit : "C'est passé."

- Tu sais quoi ?
- Quoi ?

Moi je crois que je pourrais
faire un enfant avec toi.

Le vin, ça te fait dire des bêtises.

Non, je suis sûre
que tu serais un père formidable.

- Ah bon ?
- Tes clients

t'appellent "papounet", quand même.

Toi, tu voudrais des enfants ?

J'en sais rien.

Y a rien de honteux à vouloir des enfants.

Non. Mais c'est juste plus compliqué
quand tu couches qu'avec des filles.

Parce que toi, tu...
t'as jamais couché avec un garçon ?

Ben si.

Évidemment.

- Et ?
- C'est pas mal.

C'est... C'est marrant.

Non mais moi, c'est les filles.
C'est comme ça.

Les mecs, j'ai toujours l'impression
qu'il y a une arnaque.

En tout cas, quitte à choisir

entre un donneur anonyme hollandais
et un bon ami,

je préfèrerais un bon ami.

T'es en train de me demander un truc, là ?

Je suis quand même très touché.

[Camille]
Je vais voir si elle peut vous recevoir.

Rebecca Vialle. Pardon.

Rebecca Vialle...

- Oui, Camille.
- Ah, Andréa.

Pardon, il y a une de tes comédiennes,
Rebecca Vialle,

qui est passée à l'improviste.

Tu peux la recevoir ?

- Elle est là ?
- Oui, elle est dans le couloir.

T'as vu un rendez-vous avec Rebecca Vialle
dans mon agenda, à la date d'aujourd'hui ?

Non, mais c'est une cliente, quand même.

Une cliente qui travaille plus
depuis deux ans, c'est plus une cliente.

C'est quelqu'un
qu'on ose pas radier de sa liste.

Mais si on l'aide pas,
elle risque pas de travailler, la pauvre.

Elle s'est mise à pleurer et tout...

C'est une actrice, Camille,
tu sais, elle pleure sur commande.

T'as acheté le châle en cachemire
pour Françoise Fabian ?

T'as bien mis mon petit mot avec ?

Oui, la livraison est partie.
Ça, c'est la facture.

- Tu lui as pris en vert ?
- Oui, un super joli vert.

On offre jamais du vert à une actrice,
Camille.

C'est une couleur porte malheur
chez les acteurs.

Ah ?

Putain.

Putain, non.

- Bonjour Line.
- Comme tu es gentil d'être venu.

Tu me fais plaisir.

Excuse-moi : c'est un déjeuner au débotté.

Non mais pas du tout, vous plaisantez,
vous avez bien fait d'improviser.

Je suis ravi de vous voir.

Notre Samuel.

C'est incroyable.
Mais quel choc ça a dû te faire, toi !

- C'est lui qui t'a formé, non ?
- Oui.

On est tous un peu orphelins
à l'agence, là.

Tu te rends compte ?

Y a à peine deux mois, on déjeunait ici,
tous les deux, à cette table.

Quel copain, quel gentleman !

Ça m'a mis un pied dans la tombe.

Mais tu me connais, je l'ai vite retiré.

Oui !

Vous n'êtes pas faite pour la mélancolie,
vous, Line.

Non. La mélancolie, non.

C'est vrai, cette histoire de partie fine
à Rio de Janeiro ?

Ah non ! Je vous jure,
il a vraiment avalé une guêpe.

Mais quel con !

[Camille] Oui c'est parce que
j'ai pris un vélo pourri. Du coup, il a...

Non, mais franchement, si elle l'avait pas
mis dans la poubelle, je l'avais.

- C'est con. Il était hyper cher, en plus.
- Va faire des photocopies.

Beaucoup de photocopies. Beaucoup.

Ah, merde !

- Bonjour.
- Bonjour.

Tout se passe bien ?

Oui. Ça bugue.

Ah non, je trouve que ça marche très bien.

Y a un très beau contraste.
Bonne petite balance des gris.

T'es Camille, c'est ça ?
La nouvelle assistante d'Andréa ?

- Oui
- OK.

Et toi, tu travailles ici ?

- Je t'ai jamais vu.
- Non, je suis... comédien.

Tu m'as pas vu
dans les fichiers d'Andréa ?

C'est elle qui me représente.
Hippolyte Rivière.

Hippolyte Rivière. Si, tout à fait.
Vous avez rendez-vous ?

Non, mais j'ai bien fait de passer.

Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Déjà commencer par me retutoyer.

Puis, je sais pas, venir boire un café
avec moi sur la terrasse.

Non, là j'ai du travail. Si vous voulez
voir Andréa, faut prendre rendez-vous.

OK...

Bon eh bien, merci quand même.
Bonne journée. Bien à vous.

Samuel était un grand agent.

Mais tu sais, des rôles importants,

à mon âge, y en a plus beaucoup.
Je comprends pas pourquoi, d'ailleurs.

On est les mêmes qu'à 40 ans,
mais en pire. Ça devrait

inspirer les gens, ça. Non ?

Tu vois, moi, je veux que ça bouge.
De l'action, de l'énergie.

Je voudrais
que tu me trouves un truc fort.

Un truc vibrant.
Est-ce que tu vois ce que je veux dire ?

Oui. Parce que justement, Line,

on a un très beau projet en ce moment
à l'agence.

Et j'ai pensé à vous.

- Oui ?
- Oui.

- Avec Michel Piccoli.
- J'adore Michel.

Voilà ! C'est un film de Gabor Rajevski,
vous savez, le jeune réalisateur

qui a eu le prix "Un certain regard"
à Cannes y a trois ans.

Oh là, là ! Là, je sens venir un film

- bien compliqué.
- Non, pas du tout, Line.

Au contraire, c'est très engagé.

L'engagement, ça je sais ce que c'est,
j'en parle chez les Chirac.

Voilà !

C'est une sorte de Bonnie & Clyde
chez les octogénaires.

Attends,
tu sais que j'aime pas la violence.

Non. Alors, justement,
c'est très fin à ce sujet.

C'est très suggéré.

C'est l'histoire d'un couple un peu âgé,

ruiné par la crise, qui décide
de braquer des gens pour s'en sortir.

Ils y prennent goût et ils se lancent
dans une espèce de cavale un peu folle

jusqu'à braquer,
à séquestrer un patron de banque.

Très bien !
Ils lui piquent tout son pognon

et ils filent sur une île du Pacifique.
J'adore !

En fait, ils finissent cernés par le GIGN

et ils décident
de sauter du 17e étage, mais...

- Oh...
- Mais c'est un peu comme

deux oiseaux épris de liberté.

- Pourquoi t'as pensé à moi pour ce rôle ?
- Ben, parce que.

Parce que comme vous dites,
c'est un truc fort.

Un truc vibrant. Et... début du tournage

dans trois semaines.

Trois semaines ?

- Pourquoi si vite ?
- Parce qu'au début, c'était...

Françoise Fabian qu'était pressentie
pour le rôle, mais... attention,

que ça change rien à votre choix.

Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle a décroché autre chose ?

Non, elle était juste un peu fatiguée.

Line Renaud dans du Gabor Rajevski.

Line, ça sonne très bien, je trouve.

Pourquoi pas ?

Faut qu'on soit combien en tout ?

Gabriel a dit 80 personnes max.

Eh ben, tu réduis sa liste.

Attends,
Mathias en a déjà 50 sur la sienne.

Ben oui, c'est proportionnel
à son chiffre d'affaires dans l'agence,

c'est normal.

- [Hervé] Bonjour.
- [Noémie] Bonjour.

OK, tu invites qui tu veux, mais moi,
je rajoute Gabor Rajevski sur ma liste.

- [Sofia] Oui, patientez, s'il vous plaît.
- [Hervé] Bonjour.

- [Sofia] Bonjour.
- Je m'en occupe.

Vous cherchez Andréa, peut-être ?

Venez. Je vous accompagne.

Votre productrice est déjà arrivée.

J'ai eu Françoise au téléphone.
Elle m'a dit que tu avais été odieuse.

La mauvaise foi de cette femme !
Elle avait déjà pris sa décision.

Et Piccoli m'a fait savoir
que si c'est pas Françoise,

il le fait pas.

Samuel est mort et tout part en vrille.

Utiliser la mort de Samuel
pour nous faire des reproches,

c'est abject, Emma.

Ça fait quatre ans que je porte le projet
à bout de bras.

J'ai suivi les 18 versions du scénario,
j'ai même accompagné Gabor

en cure de repos quand on a perdu
l'aide de la région Poitou-Charentes.

Alors, venez pas me dire que j'ai
pas fait ce qu'il fallait pour ce film!

- Enfin, en attendant, le film est mort.
- Arrête, enfin !

Samuel est mort, ça c'est ce qui s'appelle
mourir. Un film, c'est jamais mort.

- On va trouver une solution.
- "On va trouver

"une solution."
Pour remplacer Françoise Fabian.

Une grande actrice de 80 ans

et qui plaît à Gabor,
qui n'a ni Parkinson, ni Alzheimer,

et qui est libre dans trois semaines.
Je t'écoute.

Mais qui parle de remplacer
Françoise Fabian, enfin ?

On va pas remplacer Françoise Fabian.
Je vais la convaincre de revenir.

Je vais y arriver.

Oui, bonjour, Françoise.

C'est Andréa Martel.

Voilà, je tenais à m'excuser pour hier.
J'aurais pas dû m'emporter.

C'est vrai
que votre décision m'a prise de court.

C'était un petit peu brutal, mais...

Enfin, je veux pas dire par là
que vous, vous étiez brutale.

Vous, vous étiez...

Super.

Pour réenregistrer votre message, tapez 1.

Pour l'écouter, tapez...

Oui. Bonjour, Françoise.
C'est Andréa Martel.

Je tenais à m'excuser pour hier.
J'aimerais vraiment beaucoup vous parler.

Je vous admire énormément.

C'est terrible pour moi
d'imaginer que je vous ai blessée.

Je me sens vraiment comme...

Comme une merde !

Oui. Bonjour, Françoise.
C'est Andréa Martel.

- Vous pouvez raccrocher.
- J'ai... Oh putain !

Tu me fais chier, voilà !

Merde !

Réserve-moi un massage pour ce soir,
s'il te plaît.

- Pas avant 20 heures.
- OK.

[Gabriel]
♪ Blottie au creux des bois ♪

♪ On y voit des écureuils sur le seuil ♪

Oui, Gabriel ?

♪ Si la porte n'a pas de clé,
c'est qu'il n'y a rien à voler ♪

♪ Sous le toit de ma cabane au Canada ♪

C'est quoi, ça, déjà ?

Line Renaud.

Voilà ! Line Renaud
pour remplacer Françoise Fabian

dans le prochain film de Gabor Rajevski.

C'est pas l'idée du siècle, ça ?

Line Renaud
dans un film de Gabor Rajevski ?

Oui. C'est génial, non ?

Pourquoi pas Enrico Macias ?

Non mais attends,
je préfère mourir que d'entendre ça, moi.

Mais quoi ? Line Renaud,

elle est belle, elle a l'âge du rôle,
elle est extrêmement populaire.

Mais enfin, Gabriel, tu débloques
complètement, là. Line Renaud !

Je l'aime beaucoup. C'est le cabaret,
la joie de vivre, mais enfin...

c'est pas du tout le registre.

Ça a rien à voir avec un film de Gabor.

Demande peut-être à Gabor
ce qu'il en pense.

Non, certainement pas.
On passerait pour des marchands de tapis.

Je vais pas m'humilier
en sachant pertinemment qu'il dira non.

Attends,
sauf que si ça peut sauver le film...

Ce serait un autre film.

Allez,
laisse-moi travailler, s'il te plaît.

Même si visiblement, tu comprends pas
très bien comment je travaille.

Mais ce que tu peux être snob, Andréa !
C'est à pleurer.

Non, j'ai des convictions, c'est tout.

[porte qui claque]

C'est qui, Line Renaud ?

Ça va, qu'est-ce que tu fais ?

- Je doute.
- Ah ?

Tu veux un jus de carotte ?

Non, merci.

Juste... Quand t'auras fini de douter,

faut que tu rappelles Line Renaud,
elle a cherché à te joindre.

Euh non, Line.
Je change pas d'avis comme de slip, non.

C'est juste
que j'ai relu le scénario de Gabor.

Et je crois que je me suis un peu emballé.

- Ah bon ?
- C'est quand même ultra violent.

Je pense pas que ce soit complètement
votre truc

d'énucléer quelqu'un à l'arme blanche.

- Ben si je trouve ça marrant, moi.
- Marrant ?

Bon, Gaby, je te laisse,
je vais au Lido ce soir.

D'accord, on se rappelle.

[bip]

Non, Gabor. Tu vas pas mourir.

Tu vas te faire un jus de citron chaud
avec du miel

et tu vas regarder des vidéos rigolotes
sur Internet.

[Andréa] Ben sinon, du porno.
C'est bien, le porno, ça calme.

C'est du côté de la vie. Hein ?
Et je te rappelle demain, OK ?

Je t'embrasse.

Excusez-moi.

[Andréa] Je suis là.

En tout cas, Hélène, si vous avez besoin
de quoi que ce soit en ce moment,

vous pouvez comptez sur nous.

C'est gentil, merci.

[Gabriel] Je vous en prie.

Je vous ai demandé de venir ce soir

parce que vous étiez des associés
de mon mari.

Et il faut donc
que vous en soyez informés.

Samuel n'a pas laissé de testament.

L'intégralité de ses parts
me revient donc de droit.

Vous voilà maintenant propriétaire
de 60 % de l'agence.

Ne vous inquiétez pas,

je n'ai pas l'intention de prendre
des responsabilités dans l'agence.

Non, je veux vendre.

ASK sans Samuel,
qu'est-ce que ça va devenir ?

Je sais que vous avez des clients
qui sont déjà partis.

Je sais que Françoise Fabian
ne fera pas le prochain Rajevski.

Je ne veux pas voir le travail d'une vie
partir en fumée.

Je préfère vendre avant.

- Mais à qui ?
- Ah, je ne sais pas.

Au plus rapide, au plus offrant.

Pardonnez-moi Hélène, mais...

Dans cette affaire, nous sommes
vos partenaires, pas vos ennemis.

[brouhaha]

Excusez-moi.

Nous pouvons vous racheter
les parts de Samuel.

Qui ça, nous ?

"Nous" ! Nous quatre.

On sait très bien que de nous tous,
c'est toi qui as le plus d'argent

et de très loin.

Moi j'ai rien, mes parents n'ont rien.
Ils me donneront rien.

Je suis locataire. J'ai pas
un centime à mettre dans l'agence.

Moi c'est pareil.

Bon, bien sûr, je suis propriétaire
d’un studio rue de Clichy.

Enfin, de toute façon,
c'est mon frangin qui l'occupe, donc...

[Arlette] Moi, j'ai mon assurance-vie.

L'argent, ça se trouve.

Ben oui, c'est sûr.
Surtout quand on en a déjà.

Tu pourrais augmenter tes bénéfices
dans l'agence

en faisant d'autres choix artistiques.

Ah oui ? Je pourrais défendre des gens
qui m'intéressent absolument pas ?

Je pourrais passer mes journées
à négocier des contrats énormes

pour des films que je trouve débiles ?

Mais ça finirait par faire de moi
quelqu'un de franchement détestable.

Non mais attends, c'est pas vrai ?

On change complètement de sujet, là.
C'est toi qu'es en train de faire une OPA.

Vous préférez qu'ASK disparaisse ?

Attendez deux secondes. Être racheté,
ça signifie pas forcément disparaître.

Dans le meilleur des cas,

Hélène vend ses parts
à un financier discret

qui cherche juste à investir

et rien ne change pour nous.

Mais dans le pire,
on est absorbés par une grosse boîte

qui nous impose une nouvelle ligne
contre laquelle on ne pourra rien.

Un peu comme t'avoir pour patron,
finalement.

Merci, Arlette.

[soupir]

[bip]

Oh...

Un peu.

Quoi ?

Putain... Merci.

Pas impossible.

[bip]

Putain, et moi, j'aime pas les fillettes
dans ton genre.

[Arlette] Tiens.

- Ça va, ma grande ?
- Ça va ?

T'arrives tard, aujourd'hui.

- Café ?
- Oui. Merci, Damien.

- Oui, j'ai pas beaucoup dormi.
- T'as fait la fête ?

Vas-y, fais-moi rêver un peu.

Ben oui, c'était la folie... J'ai passé
toute la nuit sur "ma banque en ligne.fr"

à faire des simulations d'emprunts.

Et toi ?

Euh ben...
Moi aussi, j'ai fait mes comptes.

Et je me suis dit que le pognon que j'ai,

autant que je le donne à cette agence.

De toute façon, j'ai pas d'enfants.
À part Jean Gabin.

Alors, à quoi ça peut me servir ?

C'est vous, ma famille.
Vous et mes acteurs.

Tu veux faire pipi, Jean Gabin ?

Attends, il fait pipi.

C'est cocasse quand même
que Gabriel ait proposé Line Renaud

pour remplacer Françoise Fabian.

Ah ouais ? Tu trouves ça cocasse, toi ?

Franchement, j'adore Gabriel.
Il améliore ma vie d'environ 36 %.

Mais faut quand même reconnaître
que par moments,

il est complètement à côté de la plaque.

Non mais enfin, je veux dire,

quand on connaît
le passif entre elles, c'est cocasse.

Quel passif ?

Elles peuvent pas se piffrer
toutes les deux.

Ah bon ?
J'ai jamais entendu parler de ça, moi.

Oui, parce qu'elles s'abaissent pas
à le montrer.

Elles se sont connues toutes jeunes
à la Régence.

C'était un restaurant.
À l'époque, tout le monde y allait.

On faisait la fête ensemble.

Line était une chanteuse connue.
Elle avait déjà sorti Ma cabane au Canada.

Et Françoise sortait du Conservatoire

où elle avait rencontré, devine qui ?

- Euh, je sais pas.
- Samuel.

- Françoise a été avec Samuel ?
- Oui.

Jusqu'à ce qu'elle lui présente Line.

Si tu vois ce que je veux dire.

Effectivement,
j'avais pas tout le dossier... Et alors ?

Alors, là elles se sont fâchées
et après, ben ça s'est pas arrangé.

Line est devenue
une grande vedette du music-hall,

et Françoise a bâti sa carrière
dans le cinéma d'auteur :

Bunuel, Malle, Rohmer, Demy...

Au fond, tu vois, je crois que...

Françoise aurait aimé
être une chanteuse populaire.

Et Line, une grande actrice
de la Nouvelle Vague.

Et chacune déteste l'autre
d'avoir ce qu'elle a pas.

Exactement.

ASK, bonjour.

Sofia, il faut absolument
que tu postes ça.

[Sofia] 10 h au Père Lachaise.

Est-ce que t'as reçu un colis
pour Andréa ?

ASK, bonjour. Voilà.

J'ai un grand service à vous demander,
s'il vous plaît.

ASK, bonjour. Patientez s'il vous plaît.
Oui ?

J'ai un rendez-vous très important

et Hervé est complètement débordé
avec les funérailles.

Moi, je me fais une petite manucure,
comme vous voyez.

Oui. Une livraison directement

à l'agence, voilà. Au revoir.

Vous m'envoyez ça s'il vous plaît

à Caroline Braudel,
la directrice de casting.

C'est les photos des comédiennes
que j'ai sélectionnées.

C'est hyper urgent,
je peux compter sur vous ?

Ben oui, quand y'a un truc bien relou
comme ça vous hésitez surtout pas.

ASK, bonjour. Patientez, s'il vous plaît.

Attendez, excusez-moi.

Gabriel, Pourquoi vous avez mis la brune
au milieu des blondes,

- là elle a aucune chance.
- C'est une stratégie.

Je veux la mettre en avant, je m'arrange
pour qu'elle sorte du lot. Stratégie.

Ah ouais...

Oui pardon, excusez-moi.

Oh, ça alors !

- Françoise !
- Ah, Andréa.

Je sors d'une projection juste à côté.

Oui ?

Et vous, comment allez-vous ?

Ça va très bien, merci.

Je suis désolée, hein, pour l'autre fois.

Non, c'est oublié.

Je me suis emportée.

En tout cas, je voulais vous dire
que Gabor a compris votre décision.

Même si ça a été un très gros coup dur
pour lui, il vous en veut pas.

C'est un garçon intelligent.

- Comment va-t-il ?
- Écoutez, franchement, plutôt bien.

- Très bien, même.
- Ah bon ?

Oui.

Ben tant mieux. Vraiment.

Non vraiment, même si ça a été un choc,
il s'est relevé très vite.

C'est fou comme l'étincelle peut partir
et revenir vite dans ce métier.

Oui, c'est vrai. Eh oui.

Écoutez, c'est encore très confidentiel.

Mais à vous, je peux le dire,
vous avez été tellement liée au projet.

On est sur Line Renaud, en fait.

- Line... Line Renaud ?
- Oui.

C'est Gabor qui est arrivé avec cette idée
que je trouvais sincèrement très farfelue.

Line et vous, on peut difficilement
faire plus opposées, mais...

Françoise Fabian
a renoncé à faire le film.

Tu te rends compte,
si proche du tournage ?

C'est pas bien.

Il paraît qu'elle est fatiguée.

Très fatiguée.

Gabor est tellement enthousiaste.

Il trouve
que c'est un contre-emploi génial.

Ben... il m'a convaincue.

Ah ben c'est formidable.

Elle est si rare au cinéma.

Ça s'appelle comment son dernier film,
déjà ? Ah oui ! Les Ch'tis.

- Quel âge elle a ?
- Oh là, je sais pas !

Écoute, à son dernier anniversaire,

les bougies ont coûté plus cher
que le gâteau.

- Bon, quelle grande actrice, quand même !
- Ah, ça oui ! Grande actrice !

Cette allure...

Oui, ses yeux bleus, ce regard de légende.

Quand elle joue dans un film,
on se sent tout de suite...

plus intelligent.

Elle jouerait un SS,
on la trouverait quand même sympathique.

C'est la femme française.

Elle est dans le cœur
de tous les Français.

Elle a cette élégance un peu rigide.

Elle peut faire peur quelquefois, tu sais.

Oui, c'est l'éternelle bonne copine, quoi.

Moi, j'ai toujours pensé
que ce rôle était pour vous, Françoise.

Ah bon ?

J'ai retourné Françoise Fabian.

Non ?

C'est bon. Elle revient.
Elle fait le film.

Comment t'as fait ?

J'ai fait mon Mathias.

Je lui ai dit
que Gabor voulait Line Renaud.

Je l'ai manipulée en lui mentant
comme un vieux chacal.

Moi je déteste faire ça.

Oui c'est horrible,
mais qu'est-ce que c'est bon !

C'est fou où peut se loger
la rage de vivre d'une actrice.

Le pouvoir de la rivalité.
C'est quelque chose, ce métier.

Mais c'est bon, le film est sauvé.

Gabor va être fou de joie.

- Non mais quand j'y pense...
- Qu'est-ce qu'il y a ?

À Line Renaud
dans un film de Gabor Rajevski.

C'est tellement absurde.

[on frappe]

Oui ?

Il me veut.

Je viens de passer deux heures avec Gabor.

On s'adore. On tourne
dans trois semaines, mes enfants.

Merci Gaby !

Tu es mon petit miracle.

Allez, champagne !

On passe pour qui, nous, maintenant ?

Mais on passe pour des gens de goût,
Andréa.

Qui comprennent parfaitement
le cinéma de Gabor.

Et qui grâce à des intuitions fulgurantes

peuvent sauver des situations
même les plus désespérées.

Personne t'a rien demandé.
Tu t'es incrusté sur mon dossier.

Non, tu faisais une crise d'angoisse.

Mais c'est pas
parce que je fais une crise d'angoisse

que je gère pas très bien la situation.

- Je voulais t'aider.
- Tu parles !

T'as voulu faire ton malin
auprès de ta nouvelle cliente.

La seule personne
pour qui ce rôle a été écrit,

c'est Françoise Fabian.

Donc maintenant, tu vas voir Line Renaud
et tu lui dis de se retirer.

parce qu'elle a rien à foutre là !

Pourquoi c'est pas toi
qui vas voir Françoise Fabian

en lui expliquant que le rôle
est déjà pris et que c'est trop tard

- pour changer d'avis.
- Gabriel !

Je joue pas là. Tu fais ce que je te dis !

Tu me parles pas comme ça,
je suis pas à tes ordres !

J'ai pas envie que tu laisses pourrir
la situation

comme tu sais si bien le faire !

Tu préfères que j'aille insulter
mes clients,

comme toi tu sais si bien le faire ?

Démerde-toi toute seule, Andréa,
puisque t'as besoin de personne !

Non effectivement, et sûrement pas de toi
et de tes idées débiles !

Andréa ! Et le jour de tes 40 ans,
quand tu voudras un enfant,

là aussi, tu pourras compter
sur quelqu'un d'autre.

Exactement !

Je resterais donc propriétaire
de 17 % des parts ?

Oui. Nous avons pensé que vous apprécierez

cette rente en mémoire de Samuel.

Vous n'aurez à vous occuper de rien.
Vous toucherez juste les bénéfices.

Vous pensez à ma retraite, c'est gentil.

À moins que vous n'ayez pas,
à vous quatre,

la surface financière
pour racheter la totalité ?

Vous savez,
nous faisons un gros effort financier

pour vous faire cette offre, Hélène.

Gabriel hypothèque son appartement,
Andréa fait un emprunt sur 20 ans,

Arlette investit son assurance-vie.

Et vous, Mathias, vous devenez majoritaire
et vous prenez la tête d'ASK.

En augmentant les bénéfices de l'agence,

nous serons probablement en mesure

de vous racheter la totalité des parts
d'ici un an.

Vous avez déjà trompé votre femme,
Mathias ?

Je vous demande pardon,
mais je ne suis pas très doué

pour les confidences.

Moi, Samuel m'a énormément trompée,
et presque toujours avec des actrices.

- Mais j'imagine que vous le saviez ?
- Pas vraiment, non.

On pourrait croire

avec le temps, en vieillissant,

que l'on compose, que l'on accepte.

Eh bien, pas moi.

Je voudrais vous dire une chose, Mathias.

Je déteste les actrices.

Alors, vous voyez,

l'idée de toucher un pourcentage
sur leurs petites acrobaties

me fait horreur.

Je suis désolée, Mathias, mais...

Je vais devoir étudier
les autres offres que j'ai reçues.

L'addition, s'il vous plaît.

Parce qu'il y a déjà eu d'autres offres ?

Eh oui.

Comme vous le savez, les gens
n'hésitent pas à enjamber les cadavres,

avec des dossiers sous le bras.

- [Gabriel] Bonsoir, Sofia.
- Bonsoir.

- Salut.
- Non, mais il est super tard, là.

Y a plus personne. Andréa est partie.

- Ben, bonsoir.
- Oui, pardon, bonsoir.

Euh, que puis-je faire pour vous ?

Je viens chercher un scénario
qu'Andréa a laissé pour moi.

Non, pas du tout,
elle a rien laissé du tout.

Fais-toi plais'.

Merci, Camille.

Admettons que... Pardon.

Admettons qu'il y ait
un axe invisible entre toi et moi...

OK ? Comme ça.
Si jamais je te filme comme ça au début...

Non. Ça, c'est un geste de réalisateur
très relou, faut pas le faire.

- C'est assez classe.
- C'est juste pour qu'on imagine le champ.

Si je te filme comme ça...
Après, on peut pas sauter l'axe.

[Hippolyte] Que ce soit dur à faire ça
d'accord mais c'est quand même pas beau !

N'empêche qu'il y a des gens qui ont envie
d'essayer... de savoir le faire.

Du coup avec ma mère,
on fait des petits tutos de coiffure.

Elle montre, elle explique.

Ça me plait, mais là ce qui m'intéresse
c'est, par exemple, toi,

je vois qu'il y a un travail...

Quelle star c'est ?

- Non, mais c'est personne.
- C'est toi.

Quand tu regardes les films,
les scènes d'amour...

- Tu...
- Ils le font vraiment.

- Mais non.
- Ah si ! Ils font tout vraiment...

Ils s'embrassent vraiment.

Ah, ils font... comme ça ?

À peu près, oui.

Je comprends pas comment
Gabor peut hésiter entre les deux.

Il l'a rêvé pour Françoise, ce rôle.

Alors, oui, c'est vrai
que Line a vraiment quelque chose, mais...

Franchement, non.

Qu'est-ce que je vais dire à Françoise
s'il la prend pas, maintenant ?

[la fille] Chut !

Non mais c'est pas possible !
J'arrive pas à me concentrer, là.

Pardon, je suis désolée.
[soupir]

Ben...

Pardon.

Qu'est-ce qu'il y a ?

L'enterrement de Samuel Kerr.
J'y serai jamais.

Ils sont où sont mes trucs ?

Je t'accompagne en scooter si tu veux.

- Ah bon ?
- Oui.

Oh, trop bien...

Bon, arrêtez-moi si je me trompe.

Françoise Fabian et Line Renaud

sont maintenant
en compétition sur le même rôle,

et celle qui ne l'aura pas
va tellement nous détester

qu'elle quittera cette agence

en nous faisant une réputation
épouvantable, c'est bien ça ?

Comment c'est arrivé un merdier pareil ?

Demande à Gabriel.

Demande à Andréa.

[Arlette grogne]

On peut pas faire une trêve, là ?

On enterre Samuel, je vous rappelle.

Bonsoir.

Au nom de toute l'agence ASK, je tiens
à vous remercier de votre présence.

Et j'aimerais maintenant passer la parole
à une grande amie de Samuel :

madame Françoise Fabian.

Bonsoir.

Il y a quelques semaines,
je dinais avec Samuel.

Et il m'a dit cette phrase magnifique

qui résonne en moi
particulièrement aujourd'hui :

"Quelle chance vous avez,
vous les acteurs,

"d'exercer le seul métier
qui s'appelle 'jouer'.

"Voilà pourquoi vous restez des enfants.
Vous jouez.

"Vous jouez pour ne pas grandir.
Vous jouez pour ne pas mourir."

Samuel,

nous essayons de rester
de grands enfants passionnés

mais en ce triste jour,
passe l'envie de jouer.

Tu nous manques terriblement.

Merci.

Mais il aurait pas voulu qu'on pleure.
Hein, mon biquet ?

T'aurais aimé qu'on rigole.

Samou était un joyeux, un homme libre.

Un chien fou.

Qu'est-ce qu'on a pu
faire la fête à l'époque !

On riait tellement qu'un jour,

je suis entrée en scène avec le fou rire.

Je pouvais même pas attaquer ma chanson.

[rires]

Ah ! Tu nous manques, Samou.

Mais je te promets une chose.

Nous allons continuer de rigoler.

Autant que ton absence
nous donne envie de pleurer ce soir.

Merci, Samou.

Oui, faut résister au chagrin.

Samuel était très doué pour le rire.

Mais c'était surtout un homme
d'une très grande profondeur.

La lumière de ton intelligence
s'est éteinte, Samuel.

Et tu nous laisses tous dans l'obscurité.

Merci.

Tu aimais tellement les chansons.
En particulier, celle-ci.

Tu disais qu'elle était notre chanson.

♪ Que reste-t-il ♪

♪ De nos amours ?
Que reste-t-il de ces beaux jours ? ♪

♪ Une photo, vieille photo ♪

♪ De ma jeunesse ♪

♪ Que reste-t-il ♪
[rires]

♪ Des billets doux ? ♪

♪ Des mois d'avril, des rendez-vous ♪

♪ Un souvenir ♪

♪ Qui me poursuit ♪

♪ Sans cesse ♪

♪ Bonheur fané, cheveux au vent ♪

♪ Baisers volés, rêves mouvants ♪

♪ Que reste-t-il de tout cela ?
Dites-le-moi ♪

Oui, dis-le-nous, Samou.

♪ Un petit village, un vieux clocher ♪

♪ Un paysage si bien caché ♪

♪ Et dans un nuage, ♪

♪ Le cher visage ♪

♪ De mon passé ♪

[Line prolonge la note]

[applaudissements]

Et si on les prenait toutes les deux ?

Bonnie and Clyde à 80 ans,
c'est iconoclaste.

Mais avec un couple de femmes,

ça, c'est moderne. C'est féministe.

C'est La vie d'Adèle
qui rencontre Tarantino.

Attends, tu veux dire
un vrai couple de femmes ?

Oui, Emma, des lesbiennes. Mais âgées.

Line Renaud, Françoise Fabian.

On vient de les voir :

chacune isolément, c'est une star,
mais enfermée dans un genre.

Alors que les deux ensemble...

Vous avez vu
comment elles mettent le feu aux poudres ?

C'est des flingueuses nées.
C'est des professionnelles du braquage.

Et si on braque pas

une Palme d'or à Cannes avec ça,
moi j'arrête le métier.

[Gabriel] C'est vrai que c'est pas mal.

C'est complètement inattendu.
C'est radicalement

irrévérencieux.

Non, mais ça va faire parler. C'est sûr.

Puis pour le coup, c'est deux cachets
au lieu d'un.

- Mais on va te faire un petit prix, Emma.
- [Gabriel] Évidemment.

Outjet.

[Emma] Bon, ben outjet.

Alors, euh...

- Outjet.
- [Andréa] Outjet.

- [Gabor] Outjet.
- [Emma] Outjet.

- [serveur] S'il vous plaît
- Non, merci.

Non, merci.

T'as dû courir dans le cimetière ?

Oui, j'ai couru dans le cimetière.

Tout le monde était autour de la tombe
et toi, t'es arrivée, t'as couru ?

[Catherine] Hippolyte !

Camille, je te présente Catherine,
ma mère.

- Bonjour.
- Bonjour.

Camille, c'est la nouvelle assistante
d'Andréa Martel.

Ma pauvre ! Vous tombez mal.

- Vous connaissiez bien Samuel ?
- Oui.

Mon mari travaillait avec lui
depuis plus de 15 ans.

Tiens, quand on parle du loup. Mathias !

[Hippolyte] Voilà.
Toute la famille est au complet.

Je vous présente pas, du coup.

Camille est la nouvelle assistante
d'Andréa Martel.

Oui, je sais. Hippolyte m'a dit.

Je savais pas que tu...
que vous aviez un fils comédien.

T'aurais pu me dire
que t'étais le fils de Mathias.

Ben ça change quoi ?

[Catherine] Mathias, j'ai soif.

On va boire un verre ?

J'avais très envie aussi,
depuis tout à l'heure.

Il faut pas
parce que si quelqu'un rentre...

Mais personne va rentrer, on s'en fout,
c'est pas grave.

Attends, juste...
je me souviens plus très bien, en fait.

- Qu'est-ce qu'on a fait hier soir ?
- Ça t'excite qu'on en reparle ?

- Non. En vrai, Hippolyte !
- En vrai ?

Comment ça, tu te souviens
de rien de ce qu'il s'est passé hier ?

Est-ce qu'on a...

Est-ce qu'on a quoi ? Baisé ?

Ouais.

[rire]
Donc toi, quand t'es sobre,

t'arrives plus à dire le mot, c'est ça ?

Réponds-moi.

Ben on était chez moi, on a bu,

on s'est embrassés,

je t'ai portée jusqu'à mon lit,
je t'ai couchée,

et rien, quoi. Rien, tu t'es endormie

en deux secondes, comme une merde.

C'est vrai ?

Oui, c'est vrai.
[soupir soulagé]

Merci.

Tavernier qui fait une fiction
sur la guerre d'Algérie,

qu'est-ce que tu veux de plus ?
C'est bon ?

Mais non. Il n'y a pas de rôle pour toi.

Il n'y a que des français
et quelques kabyles, mais pas d'arabes.

Kabyle ? C'est pas bon ?

Hein ? Et le Gallienne, il en est où ?

- [Mathias] Comment ?
- Que je lise au moins le scénario.

Dis-moi ce qui se passe.

Juste que je sache un peu
de quoi ça parle.

Je suis désolée pour hier.
C'était une idée géniale, Line Renaud !

Moi aussi, je suis désolé.

Promis, je te laisserai pas toute seule
pour faire ton petit bébé à 40 ans.

- Je t'accompagnerai en Hollande.
- Salaud.

Tu sais, si t'étais pas là, des fois,

je crois que j'aurais
un petit peu envie d'arrêter ce métier.

Mais oui, Sue Ellen.

À quoi tu joues avec mon fils ?
Qu'est-ce que tu cherches ?

Rien. Je savais pas que c'était ton fils.
Il m'a rien dit. Il porte pas ton nom.

- Tu le dragues, c'est ça?
- Non !

- C'est ça ?
- Non.

T'es... C'est complètement inconscient.

C'est toi qui me dis ça !
Mais c'est toi qui mens à tout le monde.

C'est toi qui fous le bordel
avec tes histoires,

- qui assume rien du tout, qui est lâche !
- Tais-toi

C'est toi qui t'es jamais occupé de nous.

Tu t'approches pas de ma famille,
est-ce que c'est clair ?

Moi aussi, je suis ta famille.

T'as du feu, Noémie ?

Non, je fume pas.

Merci.

Ne t'en fais pas, va.

Les chagrins, les hommes...

Tout finit par partir en fumée.