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LE PAPILLON

Basé sur le court métrage Stow
Après quatre-vingt-dix ans " de Milovan Glisic.

Adaptation cinématographique : Djordje Kadijevic

Dramaturge : Bojana Andric

Vule !

Oh, Vule !

- Qui est là ?
- C'est moi, Zivan.

D'accord.

Un instant.

- Tu es ici.
- En effet.

Très bien.

Je viens de faire une petite sieste.

C'est difficile de résister.

En écoutant ce bruit.

Tout le temps.

Le conseil est donc terminé ?

Oui.

Que s'est-il passé ?

- Il y avait un tas de gens.
- Vraiment ?

Vraiment.

Ouste !

Que Dieu te maudisse !

Ouste !

Quand je dois revenir ?

Ce sera fait dans la matinée, Maître Zivan.

Alors, tu vas dormir ici ?

Oui.

Seul ?

Seul.

Tu n'as pas peur ?

Non.

Je devrais ?

Maître Zivan, ne serait-ce pas votre fille, Radojka ?

Oui, c'est elle.

Magnifique.

Comme un papillon.

Va mourir, bon sang.

Vule !

Oh, Vule !

Allons-y.

Tout le monde !

Tout le monde.

Tout le monde.

Pourquoi ce vacarme ?

Vule est mort.

Qu'est-ce que tu dis ?

Mort.

Mort.

Qui est mort ?

Vule.

Lui aussi.

Strahinja, tu m'as fait peur.

Où étais-tu passé tout ce temps ?

Ici même, Zivan a annoncé que je suis libre pour le mariage.

Encore ?

Je le jure.

J'aurais préféré que tu ne me dises pas ça.

Oh, mais comment n'aurais-je pas pu ?

Qu'est-ce qu'il a dit ?

Oh, tu le connais.

Je gardais les moutons
au-dessus du moulin à eau.

Je regardais la rivière.

Et j'avais envie de plonger dedans.

Me noyer dedans.

Cours, cours, il est là.

Cours Strahinja, s'il te plaît.

Pourquoi devrais-je courir ?

Pars, je t'en supplie.

Pourquoi es-tu là ?

J'ai suivi le troupeau.

Retourne à la maison.

Souviens-toi, si je te revois ici.

Tu ne sortiras plus jamais !

Pauvre Vule.

Que Dieu bénisse son âme.

C'est le troisième.

Non,

c'est le quatrième.

Quatre meuniers, en une seule année.

Sava est de retour, j'ai dit.

- Il est de retour.
- Ça devrait être réglé.

Si peu de paix.

Que Dieu maudisse ce mal.

Les gens.

N'écoutez pas ces histoires à dormir debout.

Il n'y a pas de Sava Savanovic.

Il n'y a pas de vampires.

Pensons au moulin.

Je vous entends tous,

pleurnicher comme de vieilles femmes.

Vous ne voyez pas que nous sommes sans pain ?

Pas de mal à avoir.

Pas de " vulkodlaks " dont il faut se méfier.

Et Vule ? Comment est mort Vule ?

COMMENT ?

Comme n'importe quel autre homme mort.

Son heure était venue.

Alors il est mort !

Ah.

Et maintenant quoi ?

Devons-nous laisser notre blé pourrir ?

À cause de lui et de cette folie ?

C'est vrai, vous avez raison.

Nous ne pouvons pas vivre sans le moulin,
nous avons du mal à nous en sortir sans blé.

Écoutez mes frères.

Soyez courageux, affrontons nos peurs ;
dormons-y quelques nuits.

Allez, qui est avec moi ?

Je le dis mes frères :
essayons encore une fois.

Trouvons un autre meunier.

- Oh, et qui sera ce nouveau meunier ?
- Personne ne veut le faire.

Peut-être que si nous avions un vrai prêtre, ses prières marcheraient, et on l'utiliserait.

Tu parles de Sredoje ?
Celui qui fait toujours des bêtises ?

Je plaisante parfois, mais quand je travaille,

je ne suis pas juste un menteur
qui fait semblant d'être utile.

Idiot !

Garde tes mains loin de moi.

Comment oses-tu !

Allez.

Bonjour, Maître Zivan.

- Je vous souhaite une bonne journée.
- Qu'est-ce que tu veux ?

Je suis ici, Maître Zivan, pour demander...

la main de Radojka.

Pour le compte de qui ?

Pour moi, qui d'autre ?

Je ne pouvais pas deviner.

Tu as vraiment décidé de te marier, hein ?

Oui.

Avec Radojka ?

Avec Radojka.

Tu vas l'emmener vivre dans cette cabane ?

C'était une bonne maison pour ma mère,
ce sera bien pour ma femme aussi.

Comment vas-tu nourrir ta femme ?

Pourquoi me demander ça ?

Je suis peut-être pauvre,

mais je suis en bonne santé,
je vais travailler.

Pourquoi tu attends ?

J'attends une réponse.

Alors tu vas attendre un moment.

Bien, je ne suis pas pressé.

Alors tu attendras jusqu'à
ce que tu sois mort.

Alors, j'ai besoin de vous dire
quelque chose, Maître Zivan.

Même sans votre
bénédiction, je la prendrai.

Va-t'en... tu as perdu la raison.

Sache ceci.

Si jamais tu reviens ici.

Je ferai entrer... un peu de bon sens
dans ton crâne.

Tu t'es décidé pour de bon ?

J'ai réfléchi aux différentes options.

Il n'y a pas d'autre option.

- Et la maison ?
- Je m'en fiche.

Une maison...
pourquoi en aurais-je besoin ?

Un endroit pour faire de la poussière
et être malheureux ?

Où iras-tu ?

Je ne sais pas.

Quelque part, très loin.

Et moi ?

Et toi ?

Tu peux me laisser ?

Je devrais rester pour te regarder voir épouser un autre homme ?

Je vais à Podsavina. Je vais me débrouiller, d'une manière ou d'une autre.

C'est mieux que de rester ici.

Qu'est-ce que j'ai ici ? Rien.

Que va-t-il m'arriver ?

Tu te marieras bien assez tôt.

Qui sait à quel homme tu appartiendras.

Oh, Radojka !

Il est temps de décider ce qu'il faut faire.

- Démolissez-le !
- Qu'est-ce qu'il dit ?

- Détruisez le moulin et construisez-en un autre.
- Non, mes frères, pourquoi ferions-nous cela ?

- Mettez-le par terre !
- Mets ta femme par terre.

Va te faire foutre !

Arrêtez ça, arrêtez ça !

Silence.

Oh,

Strahinja !

Où est-ce que tu vas ? Viens ici.

Je ne peux pas, je suis pressé.

C'est absurde.

Oublie le travail un moment.

Bois avec nous.

Où étais-tu ?

À la maison.

Viens, viens, repose-toi un peu, repose-toi.

C'est vide...

Hein...

Oh mon dieu, ça l'est certainement.

Un moment, s'il te plaît.

Qu'est-ce qui se passe,
vous tenez le conseil ?

J'ai bien peur que oui,
nous avons de gros problèmes.

Mais pourquoi ?

Nous n'avons plus de meunier maintenant.

Ce n'était pas Vule le meunier ?

Vule...

est...

mort.

Que Dieu bénisse son âme.

Et maintenant, cher Straw.

Nous ne pouvons pas trouver un autre meunier.

C'est un ennui lugubre.

Un si grand village, un seul moulin à eau
et personne pour le faire fonctionner.

Le voilà, Strahi.

Mon garçon.

Je ne t'ai pas vu, depuis un bon moment.

Tu sais,

nous t'aimons, comme si
tu étais notre propre fils.

Strahi.

Mon cher.

Mon cher.

Voudrais-tu être notre meunier ?

Accepterais-tu de nous aider
en cas de besoin ?

Aide-nous, mon frère, nos enfants

ont faim, sans pain.

Pourquoi moi ?

Nous t'implorons, si tu ne nous aides pas,

nous devrons moudre le blé,
avec nos dents nues !

Je vais le faire.

Mais seulement pour un certain temps.

J'aurai besoin d'argent.

Je me prépare pour la route.

Eh bien, fiston, que Dieu te bénisse.

J'ai toujours dit, que tu étais
deux fois plus homme que nous.

Allez les gens, buvons !

Allez Strahinja, bois !

Allez, entre.

OK, j'y vais.

- OK.
- OK.

Oh, Strahinja !

Oh, comme c'est malheureux.

De pleurer.

Ne perds pas de temps à pleurer.

Rassemblons ce qui reste.

C'est toi, Strahinja ?

C'est moi.

Au nom de Dieu, tu es vivant ?

Oui.

- Dis-nous.
- Que s'est-il passé la nuit dernière ?

C'était... lui ?

Qui ?

Sava... Savanovic.

Hé, hé, je vous l'avais dit.

Mais, tu l'as vu de
tes deux yeux, hein ?

- Le nom du père, du fils.
- Que Dieu nous sauve.

- Dieu est avec nous.
- Sauve le peuple.

Tout le monde !

- Quelqu'un connaissait-il Sava Savanovic ?
- Seulement sa tombe.

Qui pourrait le connaître ?
Il est mort il y a plus d'un siècle.

- Je connais quelqu'un qui peut nous le dire.
- Qui ?

La vieille femme, Mirjanicka.

Elle saura.

Je doute qu'elle ou quiconque puisse nous le dire.

Allez.

Venez, venez ici.

Je t'en prie, demande-lui.

Non, pas moi.

Je vais demander, si personne d'autre ne le fait.

Grand-mère Mirjana !

Plus fort.

Oh, grand-mère Mirjana !

Tu peux faire mieux.

Mirjana !

Attendez, je vais essayer.

Oh, grand-mère Mirjana !

Pourquoi tu cries ?

Eh.

Grand-mère, tu sais quelque chose
sur Sava Savanovic ?

D'où viens-tu, fiston ?

Nous... nous sommes du
conseil de Zaroshje !

Bien, bien.

Vous savez pour Sava Savanovic ?

Allez grand-mère, vous savez
quelque chose sur Sava Savanovic ?

Sava Savanovic ?

Je ne sais rien, je le jure.

Tout ça pour ça.

Sava, vous dites ?

Je connaissais Sava.

Il était moche.

Où est sa tombe ?

- Qu'est-ce que tu dis ?
- J'ai dit, où est sa tombe ?

Hein... Hein...

Sa tombe, où est-ce que c'est, sa tombe ?

La tombe de qui ?

Celle de Sava !

Oh... Sava !

Je... ne sais pas, mon cher.

Je le jure.

Ça ne mène nulle part.

La tombe de Sava ?

C'est juste là.

- Où ?
- Où ?

- Où ?
- Où ?

Là-bas, un peu plus loin... près d'un
fossé, sous un orme.

Quelle perte de temps.

Cette marche me tue.

Mes frères.

Pourquoi est-ce qu'on fait ça ?

C'est complètement inutile.

Tout ceci est inutile.

- Pourquoi avons-nous écouté la vieille sorcière ?
- Écoutez ça.

Nous avons besoin d'un cheval pour continuer.

Vieil homme, pourquoi
ne pas l'avoir dit avant ?

D'abord, il nous faut un étalon.

Ensuite, nous préparons un piquet,

et de l'eau bénite.

Qui a un étalon, dans notre village ?

Maître Zivan... c'est le seul.

Ce bâtard ? Il ne veut pas nous le donner.

Que Dieu te bénisse, mon frère.

Tu te reposes, hein ?

- Pourquoi es-tu ici ?
- J'avais du travail à faire avec Mirjanicka.

Tu l'interroges sur Sava Savanovic, c'est ça ?

Non.

Comment as-tu su ?

Vous êtes pire qu'une bande de gamins...

qui chassent les vulkodlaks.

Honte à vous.

Mon frère.

Tu n'as pas un cheval, un étalon ?

J'en ai un, pourquoi demander ?

Pour se reproduire avec ma jument.

Là, dans l'étable.

Prends-le.

Mon frère.

Pourquoi as-tu refusé cet homme ?

Qui ?

Strahinja.

Je l'ai fait ?

Tu l'as fait.

Bien... bien... et maintenant.

Pourquoi ne lui donnes-tu pas la fille ?

Mon frère, si tu es venu pour me demander
ça, vas-y, la sortie est là.

Qui a dormi dans le moulin la nuit dernière ?

Djemo.

Ne le guide pas.

Laisse-le diriger.

Si tu sais mieux, tu le fais.

Attendez, attendez.

Mes frères, qu'est-ce qui se passe ?
Le cheval nous dirige.

Mieux vaut suivre un cheval, qu'un fou.

Je reste ici.

Moi aussi.

Taisez-vous.

Qu'est-ce qu'il y a ?

C'est la tombe ?

Oui, c'est la tombe.

OK.

Commencez à creuser.

C'est ici.

On continue à creuser ?

On continue à creuser.

Encore, encore.

Tiens ça.

Un pieu.

De l'eau bénite.

Une prière.

Au nom du Père,
du Fils et du Saint-Esprit.

Prêtre, surveille le papillon.

Maintenant.

Continue.

Prêtre, de l'eau bénite, de l'eau bénite !

De l'eau bénite, vite !

- Verse.
- Verse-la !

C'est ici !

Attrapez-le !

Attrapez-le !

Attrapez le papillon !

Bon sang de bonsoir.

Pourquoi le laisser partir ?

Nous avons perdu le papillon.

Hé, Sava !

Pourquoi tu ne te lèves pas maintenant ?

Bienvenue, grand-mère.

Que Dieu vous bénisse.

Que Dieu vous bénisse.

Que Dieu vous bénisse.

Prêtre, santé !

C'est devenu sec ?

Oui.

À sec.

Alors... il ne veut pas l'abandonner ?

Il ne le fera pas.

Mais pourquoi ?

Parce que je suis pauvre.

Il a dit : "Je ne la laisserai pas vivre
dans cette maison de paille"

Il a dit ça ?

Il l'a dit.

Tu es malchanceux.

C'est bon.

Arrête, Cjeba.

Chaque homme du village
offrirait sa fille, n'est-ce pas ?

Et ce bâtard ne veut
même pas l'écouter.

Cet homme est vraiment amoureux, il a quitté sa maison et tout, à cause de cette fille.

Ce n'est même pas le père de Radojka :
un oncle ou... quelque chose ?

Qui sait s'ils ont un lien de parenté ?

Ne sois pas stupide, Strahinja.

Si Radojka t'aime, alors prends-la.

Arrête, Cjeba.

Je sais ce qu'il faut faire.

Je vais...

venir avec toi !

- Qui d'autre ?
- Moi !

Arrêtez, les gens, arrêtez,
demandez d'abord au prêtre.

Ne vous précipitez pas dans le péché.

Ce n'est pas un péché de voler la fille, n'est-ce pas ?

Bien sûr, bien sûr.

Il est un...

homme décent.

Bien sûr, bien sûr.

Coucher avec elle ?

Bien sûr, bien sûr.

Si ce n'est pas un péché.

Je m'en vais aussi !

Radojka.

Oh, Radojka.

Qui est-ce ?

C'est moi, Strahinja, n'aie pas peur.

- Qu'est-ce que tu veux ?
- M'enfuir avec toi.

- Oh Strahinja, comment je le pourrais ?
- N'aie pas peur.

Allez, qu'est-ce que tu fais ?

- Félicitations, mon frère.
- Félicitations.

Je te souhaite du bonheur.

- Lève-toi, il va t'attraper !
- Je reste, je reste.

Laisse-le m'attraper.

- À de nombreuses années de bonheur !
- Voici notre véritable mari.

Dieu merci, en un seul jour,
nous avons un héros et un meunier.

Bonne chance à vous.

Quelle belle robe, et quels cheveux.

Jolie, très jolie.

Tu n'es pas... partie ?

Partie ? Non.

Pourquoi pas ?

Juste parce que.

Si jamais tu me quittes à nouveau,
ne prends pas la peine de rentrer chez toi.

Jamais.

Je ne te quitterai plus jamais.

Je te le jure.

Vous allez voir, bande de bâtard.

- Pour l'amour de Dieu, ça suffit.
- Tu es un bon mari.

Tiens, prends-en !

Les amis, j'ai une suggestion.

Ces deux hommes,
devraient être les parrains.

Je n'ai rien contre.

Et grand-mère Milanija,

doit protéger la fille,

ce soir.

La protéger de qui ?

C'est la tradition.

Tout est en ordre.

C'est comme ça.

- Le diable ne dort jamais.
- Alors, n'aie pas d'idées la nuit.

Et viens demain matin.

Directement à l'église !

J'espère juste que le prêtre n'est pas trop bourré,

pour célébrer le mariage.

Tu vas rester seule ce soir ?

Seule.

Je peux venir te voir ?

Tu peux.

Ma belle...

Mon petit poulet.

Oh, grand-mère Milanija !

As-tu protégé la fille ?

Hé.

Les oiseaux d'amour.

Réveillez-vous, le prêtre est là !

Ça suffit !

Gardez quelque chose pour ce soir.

FIN

Production : Zoran Milatovic
Slavoljub Prokic

Chef électricien : Zdravko Simojlovic
Garde-robe : Olga Skorobac

Maquillage : Leposava Prvanovic
Propriété : Milija Andjelkovic

Costume : Mirjana Kuruzovic

Design de production : Stevo Skoric

Assistant caméra : Dusan Nedeljkovic

Directeur de la photographie : Branko Ivatovic

Mixeur de son : Milan Trickovic

Preneur de son : Vladimir Dodig

Superviseur du scénario : Radmila Calovic

Montage du film : Neva Paskulovic-Habic

Assistant réalisateur : Nikola Jankovic

Réalisateur : Djordje Kadijevic