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Ranité lassa mica bamboutou.

Ranité lassa mica bamboutou.

Ranité lassa mica bamboutou.

Hé oh ! La mémé, tu roupilles ?

Ta gueule.

Il y a bien le Groenland. C'est neuf.

Et il y a aussi cette idée du Tibet.

Vous ne pensez
qu'au Tibet, vous. Non.

La bonne idée, c'est l'Amazonie.

Non. L'Afrique Centrale,
région des lacs.

Épinglez-moi ça, Planchet.

Bonjour, Charlotte.

L'idée : plonger le touriste
dans la vie sauvage.

Voilà le parc des volcans,
encore vierge.

Ici, des savanes,
bourrées de fauves,

et là, la grande forêt.

On installe un club
avec le confort habituel,

et on monte des expéditions
pour approcher les tribus sauvages :

les pygmées bambuti.

Allez, Victor. Allez-y.

Tire ! Allez, vite !

Allez de l'autre côté !

Démontez le poteau de l'autre côté !

Allez, Victor. À toi la balle !
Lance-moi la balle !

Allez à l'essai ! Faute !

J'ai pris du Valium,
si vous êtes angoissée.

En tout cas, tranquillisez-vous,
j'ai réservé les sièges à l'arrière.

Les rescapés des catastrophes
étaient assis à l'arrière.

Planchet, vous croyez
que c'est le moment ?

Je vais acheter des bombes
anti-moustiques.

Vous avez pris de l'intestopan ?

On en achètera là-bas.
C'est pas un trou.

Je sais d'où je viens, où je suis.

Où vais-je,
ça c'est une autre paire de manches.

Mahmoud, ça c'est pour ton père.
Tu lui dis qu'il réponde vite.

Makao, Joël.

- Je suis prêt, Victor.
- Une minute.

Bakary. Au revoir.

Nelson.

Patterson !

Oh ! Victor !

- Vous avez les huîtres ?
- Tenez, les voilà.

Dites-moi, j'ai trouvé encore
un éléphant massacré, cet après-midi.

Le 20e en 1 mois.

Du 7-62, Kalachnikov, à mon avis.

C'est des mercenaires ougandais.

Avec la migration qui commence,
qu'est-ce que ça va être ?

J'ai repéré des gros troupeaux
qui descendaient par ici.

J'ai fait doubler la garde
des postes de contrôle.

Aucun véhicule ne peut passer
sans être fouillé systématiquement.

- Bon. À ce soir.
- Bye bye.

Oh ! Ben, dis donc,
ils sont bien sortis les oignons, là.

Allez, au bain, tout le monde.

- T'avais mis du fumier, Bako ?
- Oui, Victor.

Je ne comprends pas comment
la merde peut les faire pousser.

Mais c'est pas la merde,
je te l'ai dit.

Ce sont les composés nitriques
qu'il y a dedans.

Laisse tomber tout ça.
Apporte-moi la machine.

Eugénie !

Eugénie !

Hop, là !

Les enfants,
vous avez été voir vos papas ?

J'ai pas eu le temps.

- Je suis fâchée avec eux.
- Mais c'est pas une raison.

C'est important que les enfants
voient leurs pères.

- Et les affaires ?
- Elles reprennent.

Tu as vendu quoi ?

6 boîtes de sardines,
3,5 paquets de lessive,

et 17 gauloises.

- 17 paquets ?
- 17 cigarettes.

Ah, bon.
Nous sommes en pleine croissance.

Tiens.

Oh, c'est gentil !

Attention, elle n'est pas
toute neuve. Doucement.

Ça, c'est ton cadeau de Noël.

Je trouve plus cette lettre
pour le ministre.

Il est ministre de quoi, déjà ?

Où sommes-nous ?

C'est agréable de voyager
avec vous.

- Pour ce qu'il y a à voir d'ici.
- Mais il y a moi.

- Où avez-vous mis la lettre ?
- Je sais pas.

Ah, oui, elle est là-haut.

- Oh, zut. J'ai filé mon bas.
- Votre collant.

Enfin, je veux dire, c'est embêtant.

Ah ! Planchet !

C'est le ministre chargé
de la conservation de la nature.

Vous êtes sûr
qu'avec cette chaleur...

Ne craignez rien.
Elles étaient hier soir à Cancale.

Et puis, nous sommes en décembre.
Un mois en "R".

- "R" comme houîtres.
- "Huîtres", Patterson. "Huîtres."

Ou alors, belon, si vous voulez.

- Belon, je préfère.
- Oui, je m'en doute.

Malheureusement,
ce sont des Marennes.

Des malins, vous dites ?

C'est difficile. Marennes.

Au fait,
ce sont des Crassostrea Angulata,

Voilà le vrai mot.

Il sait tout, cet homme-là.

Comment un scientifique comme vous

est venu s'enterrer
dans un trou comme ici.

La science, Patterson.

Mettons des mots sur les choses,
des formules,

juste pour empester l'atmosphère.

Non. Parlez-moi d'autre chose.

Tenez, regardez.

Il y a quand même un mystère.

Par où l'ivoire sort-il du pays ?

Au sud, des routes gardées.
Au nord, le lac.

Après le lac,
une forêt de pygmées.

Ensuite, c'est la chaîne des volcans
et une forêt vierge jusqu'à l'océan.

Alors ?

Je ne cesse de me pencher
sur ce problème.

Et d'ailleurs ce n'est pas le mien.
C'est vous, le conservateur du parc.

Je ne suis qu'un vulgaire épicier.

Un épicier tout à fait remarquable.

Mais si je suis ici, Patterson,

ce n'est pas que
pour déguster du chablis.

C'est important, d'accord,

mais ce qu'il y a de plus important,
c'est cet endroit béni,

où les bêtes ont tous les droits
et pas les hommes.

Le paradis des éléphants.

Moi, je les admire, ces bêtes.

Je les admire. Elles ont la force,
la beauté, le charme.

Quelque chose de plus
que les autres,

même plus que nous, peut-être.

Et il y a des brutes qui tuent
ces montagnes de muscles

et d'intelligence
pour fabriquer des boules de billard,

ça me fout en rogne !

Cher Victor, je crois
qu'il vous faudrait une femme.

Je dirais même plus, une épouse.

Non, me parlez pas
de cette engeance.

Notre pays, chère madame,

est un des derniers sanctuaires
de la nature.

Regardez cette côte.

Choisissez l'endroit que vous voulez.

À vrai dire, je pensais
au lac Guillaume.

Plus précisément au village
de Wochango.

C'est la saison des pluies.

Les routes sont presque
impraticables.

Vous ne pourriez pas nous prêter
un petit porteur aérien ?

Je vais envoyer une phonie
à mon ami, le docteur Patterson,

le conservateur du parc des volcans.

Un Anglais.

Mais rassurez-vous, il est charmant.

- Amadou.
- Oui, monsieur le ministre.

- Essaie de joindre Patterson.
- Tout de suite.

Vous prendrez l'avion
de la ligne régulière demain matin.

À Nokolo,

un petit porteur aérien vous
conduira au bord du lac Guillaume.

L'arrivée du vol 732,

en provenance de Nangayo
est annoncée porte no 1.

C'est ce salopard de Grec
qui est encore en bas ?

- Vous devez dégager la piste.
- Je te demande si c'est Poulakis !

Rachid, bouge pas.

Tu fais encore ton sale commerce,
le Grec.

J'ai ma licence
d'exportation d'animaux.

Cette fois, Victor,
ça va te coûter cher.

Je vais te tailler la peau des fesses
si tu continues ton trafic.

Commandant, arrêtez-le.

Victor,
les volatiles n'étaient pas à toi.

Ces volatiles comme tu dis
n'étaient à personne.

Ils ne pourriront pas dans des zoos

pour que Poulakis s'en foute
plein les poches !

Je suis le commandant
de cet aéroport, et je t'ordonne...

T'es plus le commandant,
il n'y a plus d'aéroport.

Je vais te retirer ta licence.

Tu dis quoi, toi ?

Tu veux me retirer ma licence ?

Charlotte.

Je te rends ta licence.

Tu es en état d'arrestation.

Joseph, tu vas finir par m'énerver.

Quand comprendras-tu que ces salauds
massacrent ton pays ?

Vas-y, Victor. Fonce.

Charlotte.

T'as pas changé.

Allez, Victor, tu viens avec nous.
On t'embarque.

Je ne peux pas travailler
avec un matériel de merde.

Le chef s'est fait mal.

La voiture !
Il faut arrêter la voiture !

Arrêtez-la !

- C'est qui ? Vous le connaissez ?
- C'est mon mari.

C'est super comme coïncidence.

C'est incroyable. Votre mari.

Je ne savais pas.
Vous êtes mariée ?

Oui. Si on veut.

Il faut qu'on trouve un taxi.

Je descends en ville, chère madame.

- Puis-je vous être utile ?
- Oui. Merci beaucoup.

Ma voiture.

Les bagages, fissa !

C'est tout de même incensé
de tomber sur votre mari.

Ça faisait longtemps ?

Ma vie privée vous regarde-t-elle ?
2 ou 3 ans, et alors ?

- Vous fâchez pas.
- On est en instance de divorce.

- Vous sentez ces odeurs ?
- C'est une région magnifique.

- C'est la 1re fois que vous venez ?
- Oui.

- Vous êtes ici depuis longtemps ?
- Oui.

J'ai entre autres une affaire
d'exportation d'animaux sauvages.

Des singes pour distraire
les enfants d'Europe.

J'adore les bêtes et les enfants.

On est un peu dans la même branche.

Vous exportez l'exotisme, moi,
j'amène à l'exotisme.

Racontez pas votre vie
au premier venu.

- On ne sait pas qui on rencontre.
- Mais il est charmant.

Et puis ça peut nous être utile.

On va monter un centre
de vacances au lac Guillaume.

C'est une bonne idée,
mais le lac Guillaume, c'est loin.

Mais justement,
nous recherchons le dépaysement.

Je veux mettre les touristes
en relation avec les pygmées

qui habitent les forêts alentour.

Ils ne se laissent pas
approcher si facilement.

Ils vivent dans la zone interdite.

- Ils sont au diable.
- "Au diable" ?

On dit qu'ils vivent
aux portes de l'enfer,

sur les flancs d'un volcan.

Les Noirs, ici, en ont très peur.

Ils pensent que les pygmées
sont les lutins du diable.

Évidemment,
ce ne sont que des légendes,

mais je crains que vous ayez
beaucoup de difficultés.

Merci.

J'ai secoué la cabane
et lui gueulait :

"Victor,
je vais te retirer ta licence."

"Victor,
je vais te retirer ta licence."

Charlotte.

- Tu leur dis quoi ?
- Pardon.

L'histoire de notre vie commune,
mais sur un mode plaisant.

Oui. Je vois.

Non. Le coup de l'aéroport à mon ami,
le commissaire.

- Il va tout arranger.
- Ah bon. Je respire.

Mais que fais-tu là, toi ?

Je dois aller au lac Guillaume
et c'est toi qui vas nous piloter.

Ah bon.

- J'imaginais...
- N'imagine rien. Le monde est petit.

Après ta douche,
on se retrouve pour dîner ?

Tu m'expliqueras
ce que tu as derrière la tête.

Je prends le 16.
Pardon. Excusez-moi.

Ça, c'est la plus fraîche.

Oui, Planchet ?

Ça vous ennuierait
de dîner seul ?

Je voudrais faire le point
avec le soudard.

Non. Je ne vous en veux pas.
J'ai cessé de me vexer.

Surtout en ce qui concerne mon mari.
La page est tournée.

Entendu. À demain matin.

Charlotte.

Charlotte.

C'est pas mal pour un début, Coco,
mon grand.

- T'as pas tellement changé.
- "Tellement" ? Je te remercie.

Tu aurais pu mettre une robe,

parce qu'on est très strict
dans ce pays, le soir.

Non. Laisse. Je plaisantais.
Alors, raconte-moi.

- Tu fais quoi ici ?
- Je te l'ai dit.

Je vais au lac Guillaume.

C'est là où j'habite.
C'est curieux. Non ?

Que tu soies le pilote
de Patterson, c'est incroyable.

J'ai pas dit "incroyable",
j'ai dit "curieux".

Tu lui veux quoi, à Patterson ?

Je prépare en ce moment une étude...

Je travaille sur...
Il est mignon, ce perroquet.

À nous.

À nous.

Qu'est-ce qu'il est devenu,
notre perroquet ?

Coco ?

Mme Martinez faisait le ménage,
et il s'est envolé.

C'est elle qui a écrasé
l'iguane, aussi.

Ça me fait beaucoup de peine,
tout ça.

Puisqu'on parle de choses tristes,
la guenon est morte en février.

J'ai donné le chacal.

Mais, t'es complètement folle,
Charlotte.

Toutes mes bêtes.

T'avais pas pris de leurs nouvelles.
Des miennes non plus.

Avant, c'est toi qui voyageais.
Maintenant, c'est moi.

Si je veux ramener des éléphants,
rue Lepic ça me regarde.

Tiens, il y a ton...

Planchet,
venez que je vous présente.

Paul Planchet, mon collaborateur.

Mon mari.

Ravi. Vous voulez une coupe ?

Une coupe, s'il vous plaît.

- C'est quoi la rue Lepic ?
- C'est là où j'habite.

- Et la maison d'Argenteuil ?
- Moi et la banlieue...

J'aime la campagne,
et ma femme, Paris.

Alors j'avais pensé que la banlieue,
c'était logique, non ?

- J'ai pas compris votre nom.
- Planchet.

Argenteuil est en vente.

- Et mon laboratoire ?
- Il a sombré.

Je ne vais pas passer mes soirées
à arroser tes plantes.

Toutes ces recherches...

T'as jamais rien trouvé.
Si, une culture d'algues comestibles.

- C'était fantastique, ça.
- Immangeable.

Pas franchement mauvaise,
mais aucun goût.

Mais à qui la faute ?

Tu vends le brevet alors que
j'allais trouver une hybridation.

On était fauchés. J'avais trouvé
un marché fantastique.

Vous faites quoi, vous ?
Objectivement.

Voilà.

Ne tranchez pas
sans avoir les données.

La recherche biologique,
c'est long,

c'est délicat, c'est dangereux.

- Arrête.
- Quoi ?

Ça, là.

Et puis entre la recherche
et le marché agroalimentaire,

il y a un monde, quand même, non ?

Mais vous la connaissez.

L'expansion, la rentabilité,
le concret.

Toujours au ras des pâquerettes,
tiens. Au ras.

Je vous laisse.
Je vais manger un morceau.

- C'est ton amant ?
- Voilà.

Arrête de touiller ton champagne,
tu sais que ça m'a toujours énervé.

Non. Eh ben,
ça n'aura pas duré longtemps.

Elle est déshonorée, cette veste.

- On peut dîner ensemble ?
- Oui. Si vous voulez.

Vous êtes ravissante, ce soir.

Si c'est pour entendre
des cochonneries...

- "Cochonneries" ?
- Oui. Déjà, le coup de mes bas.

Je ne suis pas venue ici
pour une partie de jambes en l'air.

- Je vous ai jamais vue ainsi.
- Y a des filles pour ça.

Calmez-vous.

On doit se lever tôt.
Allez prévenir le pilote, là.

Je ne suis pas sûr, Paul,
que tu vas poursuivre ce voyage

dans des conditions psychologiques
aussi fâcheuses.

Excusez-moi, votre femme demande
à quelle heure on décolle, demain.

Demain matin 6 h 30, dans le hall.
Bonsoir.

Allez, les pirates.
On va rigoler, là.

Allez.

Tiens !
C'était une très bonne plaisanterie.

Jette ça au feu, Victor.
C'est la mort.

Charlotte !

- Où as-tu trouvé ça ?
- Tu le sais bien.

Comment veux tu que je le sache ?

Tu nie avoir mis
ça dans la chambre ?

- Où ça ?
- Sur mon lit.

Charlotte, tu ne te rends pas compte.

C'est un drôle de pays, ici.

Il y a des sorciers
et des féticheurs.

Tu sais ce que ça veut dire quand
on trouve ce genre d'objet charmant ?

Ça veut dire
qu'il va y avoir un malheur.

Tu me jures que c'est pas toi ?

Je te le jure.

Allez, viens. Je te ramène.

- Mais alors, qui est-ce ?
- Ben, tu sais, ici...

Ah, Victor !

Ah, merde. J'ai trop bu.

Pourquoi tu bois autant ?

Ça ne m'arrive pas souvent.
Je ne supporte plus.

Puis ce soir,
je voulais oublier des choses.

Allez.

Laisse, je vais conduire.

C'est quoi, le numéro de ta chambre ?

Je me sens comme
une vieille serpillière, ce soir.

- Où est mon chapeau ?
- Sur ta tête.

- Et la plume ?
- Ben, sur ton chapeau.

Il ne faut pas que je la perde.
C'est mon fétiche, cette plume.

On va monter.

- Ça va ?
- Oui.

- Victor, il faut que je te parle.
- Je t'écoute.

Tu ne m'as pas demandé
ce que je suis venue faire ici.

Attends.

Il y a des moments, dans la vie,
où une femme n'est pas de trop.

Voilà. J'ai beaucoup réfléchi.
J'ai besoin de toi.

Je sais que quand on a fait
des trucs ensemble,

ça n'a pas toujours très bien marché.

Mais je me rends compte que c'était
ma faute. J'étais maladroite.

- Mais non.
- Si.

Si. Je t'assure.
Je te demande pardon.

Mais c'est plus pareil.
Il n'y a plus rien entre nous.

On est des amis.

Lolotte...

Alors voilà.

Le Club Méditerranée
a l'intention d'implanter un village

au lac Guillaume,
avec des excursions.

Ça pourrait être formidable.

Oh, j'ai un trou dans ma chaussette.
Il se remarque, là ?

- Mais tu m'écoutes ?
- Oui.

C'est un peu ta faute.

C'est toi qui m'as écrit :
"J'ai enfin trouvé le paradis."

Ça trottait dans ma tête.
J'ai bouquiné.

Mais il faut que j'aille voir
sur place.

Il n'y a que toi pour m'aider.

Mais qu'est-ce qu'elle a encore
imaginé, là ?

Le Club Méditerranée, maintenant.

Charlotte.

"Je te conseille la Patagonie
ou la Mongolie extérieure.

"Ici, il n'y a rien.
Rien ni personne.

"Ton vieil ami. Victor."

T'allais décoller sans nous ?

- T'as pas lu mon mot ?
- Si. J'ai droit à une explication.

Tu me disais vouloir installer
des hôtels chez les pygmées ?

Pas une chaîne... Mais oui.

Tu ne les installeras pas chez moi.

C'est pas toi qui vas m'en empêcher.

T'es venue ici pour m'emmerder.

J'ai pas fait 5 000 km
pour venir t'emmerder.

Ce pays va décoller.
Il faut investir, aller de l'avant.

Ça recommence, maintenant.

Écoute, Charlotte. J'ai trouvé ici
la paix, la sérénité parfaite.

Je t'ai aimée beaucoup, c'est vrai,

je ne t'oublierai jamais,
c'est d'accord,

mais il faut regarder les choses
en face :

moins on se voit,
mieux on se porte.

Adieu.

Ça va pas, non ?

Tu ne nous as pas prévenus.
Et les enfants, alors ?

C'est un terrain d'aviation.
Pas un terrain de rugby.

Je commence en avoir
par-dessus la tête. Je le confisque.

- Pas de courrier, patron ?
- Non. Je suis pas facteur.

Et ne m'appele pas "patron".

Bon sang ! Personne n'a pensé
à réparer ça ?

Voilà mon petit Victor adoré !

Ton petit Victor adoré,
il voudrait qu'on se secoue.

C'est pas en restant vautré
qu'on va faire avancer les affaires.

Il faudrait penser à...
Je ne sais pas moi, à investir,

à rechercher de la clientèle,
à aller de l'avant.

Bon Dieu.

Ils font chier, tous ces Nègres,
à la fin.

Victor n'est pas content
parce que la boutique ne marche pas.

Il faut dire aux clients
de venir un peu, quand même.

Il n'y a pas à dire.
C'est eux les plus forts.

Bon, alors...

10 allumettes, 1 bonbon,
3 cigarettes et 2 petits cakes,

ça fait 3,95
pour le citoyen Ex Désiré.

Fais voir combien tu as.
Eh ben, il nous manque 2,70.

Je te les marque, Ex Désiré.

Remarquable, cette idée
de Club Méditerranée. Remarquable.

Si vous avez besoin d'être épaulé,
Poulakis est là.

Car ici, il faut connaître.
Il y a des risques.

Je suis de la race
de ceux qui prennent les risques.

- La race des bâtisseurs d'empire.
- Vous m'êtes sympathique.

- Est-ce que la fumée du cigare...
- Me dérange.

- C'est quoi, ce camion, derrière ?
- Sanitaire : chasse d'eau, lavabo.

Vous vendez des lavabos en brousse ?

En plastique.

Les femmes s'en servent comme
calebasse. On peut tout leur vendre.

Parce que le Noir,
c'est pas méchant,

mais ça pense pas plus qu'un babouin.

Stop !

C'est l'entrée de la réserve.
Ils sont emmerdants.

Au fin fond de la brousse,
il faut encore trouver des flics.

Du blé pour les petits poulets.

Ça picore, les petits poulets.

Pourquoi dire
que Victor est mon mari ?

Je croyais...

Je ne mêle pas vie privée
et affaires.

Ça, jamais.
Il faut bien le reconnaître.

Excusez-moi, monsieur Poulakis.

- Mon beau frère m'a dit...
- Quoi ?

Que vous recrutiez pour la chasse.

Tu sais que la chasse
est interdite. Qui a raconté ça ?

- C'est Rachid, je crois.
- Rachid, c'est un farceur.

J'ai autre chose à faire
que de braconner la pintade.

Viens pisser avec moi.

Attends là.

Alors, tu parles à n'importe qui ?
Faut pas parler comme ça.

Faut pas parler comme ça.

Il est tonique, ce bonhomme,
vous trouvez pas ?

Sur un plan privé
ou sur un plan d'affaires ?

Non. Sur un plan strictement
sexuel, bien entendu.

Non. Sérieusement ?

Il m'a l'air d'être ici
comme un poisson dans l'eau.

Comme un requin dans l'eau.

Alors, Rachid, ça va pas ?

Rachid, il ne supporte pas
les cahots de la route.

Ça lui monte au coeur.

Allez, grouille, Rachid. On démarre.

En route !

Rendez-vous à Wochango !

Plus vite ! Allez, plus vite !

Ne le regardez surtout pas.

Je ne parlerai plus à cet individu.

- Vous voulez du thé, Victor ?
- J'ai à vous parler.

Vous avez vu le couple
qui est arrivé avec Poulakis ?

Oui. Je l'ai vu.

Vous deviez les amener par avion.
Vous le savez ?

Oui. Je le sais.

Elle est divine. N'est-elle pas ?

Vous savez
ce qu'elle vient faire ici ?

Une idée fantastique.
Elle veut installer un hôtel.

Patterson, vous êtes le patron
d'un parc naturel.

Vous entendez ? Naturel.

Vous êtes ici
pour protéger la nature,

les éléphants, les papillons
et les pygmées.

Vous avez raison, mais ça mettrait
de l'animation dans ce trou.

Vous ne croyez pas qu'on en a
déjà assez avec les braconniers,

sans se coller sur le dos
des zouaves suisses-allemands ?

Vous ne pensez pas les expulser ?

Si. Dans les 24 h,
sinon le pays est foutu.

Vous devez prendre une décision
très ferme.

"Très ferme" ! Mais elle est divine.

On part de là.

6.

7.

8 et 9, 30.

Vous notez, Planchet ?

On va prendre de l'autre côté.

Là-bas.

Pourquoi tu ris ?

Je ne te parle plus, mais c'est
mon foulard sur ton chapeau.

Ah, oui.
Tu veux que je te le rende ?

Ne restez pas dans mes jambes.

Elle est très belle.

C'est Eugénie.

- Tu nous présentes pas ?
- J'en vois pas la nécessité.

Oh, je ne vais pas déranger
ton bonheur.

- Allez là-bas.
- Faites attention, vous.

- Regardez où vous mettez les pieds !
- Je suis désolé.

Ça ne va pas faire
repousser mes betteraves.

Quel vieux ronchon.

Je vais mettre de la terre.

Laissez, Planchet.
Pour des betteraves...

Mais enfin, ça, c'est incroyable.

Ils ont toute l'Afrique
pour leurs cantines,

il doivent venir
dans mes plates-bandes !

Vous voulez faire
un parking dans mon potager ?

Il n'y a qu'à raser le baobab,
arracher ces saloperies de bananiers,

couper la colline en 2,
cimenter tout ça !

Tiens, eh ben, voilà Patterson.

- Bonjour, madame.
- Docteur Patterson.

J'ai à vous parler. J'ai une mission
difficile à accomplir.

C'est un endroit idéal
pour notre village.

- Ah, oui.
- Oui, n'est-ce pas une jolie place.

Ferme.

Mais je serai très ferme.

Il m'est impossible
de vous autoriser à rester ici.

Mais... Je ne comprends pas.

Le ministre m'a dit :
"Patterson est un homme remarquable."

Moi, je découvre un être exquis,
et il voudrait me chasser d'ici,

moi qui ai fait 5 000 km
pour découvrir ce paradis ?

Madame, je suis coupé en 2.

Il y a l'homme de la loi
et il y a le gentleman.

Mais il est propre, ce pont, Eugénie.

Ça fait 3 fois que tu le laves.

- À quoi ça sert ?
- Ça sert à calmer les nerfs.

Elle ne va pas rester longtemps ici,
crois-moi.

Venez prendre du thé,
nous pourrons parler de tout ça.

Je vais vous expliquer notre projet.
Nous nous proposons de...

Alors ?

Alors tout est parfaitement réglé.

Cette femme voudrait faire
une petite balade autour des volcans.

- Vous voyez ?
- Vous vous foutez de moi, non ?

Victor, cette amie,
qui est charmante, adore cette place.

"Cette place" n'existera plus
dans 1 mois !

Elle va tout massacrer !

- Nous allons discuter.
- C'est ça, discutons.

Le pour, le contre,
la concertation, le dialogue !

Patterson, quand est on responsable

et qu'on est incapable
de prendre ses responsabilités,

on fait de la politique.

D'ailleurs...

Ah ! Voilà.

Voilà le carnet de bord de l'avion,
ma licence et ma démission.

Vous vous trouverez un autre pilote.

J'ai passé l'âge de jouer les Mermoz,
Patterson.

Eugénie.

Vous êtes d'une humeur d'Irlandaise.

On lève l'ancre, on descend
le fleuve, on traverse l'Atlantique,

et dans 3 mois,
nous sommes sur l'Amazone.

Vous n'allez pas installer
une succursale

chez les Jivaros, non ?

Très bien. Il nous reste
une solution, Planchet.

Monsieur Poulakis !

Monsieur Poulakis !

Puis-je vous être utile
à quelque chose ?

Charlotte !

Attends-moi !

Je vous emmène.

- Mais qu'est-ce qui te prend ?
- J'ai changé d'avis. C'est tout.

Avec ou sans moi,
tu feras toujours ce que tu voudras.

Et une balade au-dessus des volcans
n'engage à rien.

Il n'est pas tard pour voler ?

C'est le moment idéal,
mon cher Planchet.

Puisque c'est comme ça, Victor,
je te reparle.

Voilà, je vous dépose là.

Vous avez un car tous les mois.

5 jours de route pour Nevacha,

de là, vous prenez le train
pour Nokolo,

vous descendez la rivière
par le bateau régulier.

Vous serez à la capitale
avant 2 mois.

Vous reprendrez votre voyage
de zéro,

mais vous foutrez pas votre parking
dans mon champ de poireaux.

Il va lui falloir un bon avocat.
Je vais le gratiner.

Il va pouvoir en vendre,
des savonnettes.

Je vais lui casser la gueule. Non.
Vous allez lui casser la gueule.

Oui, je vous le promets.

Mais avant,
il faut trouver une auberge.

Quel salaud !

Reprenez-vous.
Nous allons téléphoner à Patterson.

Mais quoi téléphoner ?
Il nous a largués dans un trou !

1 : soyons méthodique.

Bonjour, madame. Planchet, enchanté.

- Vous avez le téléphone ?
- "Téléphone" ?

Bien. Vu.

2 : les idées claires.

- Où sont les WC ?
- Dans la cour, monsieur.

Comment ça s'appelle ?

C'est l'alcool du kiwi
mélangé avec du poivre.

C'est raide.

Sale type.

Goûtez ça.
Ça descend tout seul.

Merci.

Je sens que nous allons
nous en sortir.

Comment, je ne sais pas,
mais je le sens.

Dis donc, madame Bemamba, là.

La voiture, elle paraît encore
en bon état.

Pourquoi l'avez-vous transformée ?

Mon mari, il a roulé tout droit
dans le lac.

Et moi, je ne sais pas conduire,
non plus.

Vous avez la clé
pour mettre le contact ?

J'ai vendu 2 savonnettes
et 1 boîte de sardines.

L'argent est dans la boîte.

- Où vas-tu ?
- Je retourne chez ma maman.

Toi, le maboule dans la tête.

Depuis longtemps,
tu as l'amour pour cette femme.

Mais tu racontes quoi ?

Moi, je sais. Malade le coeur,
maboule partout.

On ne peut rien faire.
Il n'y a que le sorcier.

Mais tu ne crois pas le sorcier.

Eugénie !

De toute façon,
ça ne peut pas faire de mal.

Ah, ça va beaucoup mieux.

Désormais, je me fous
de ce qui peut arriver à Charlotte.

Tu viens, Eugénie ?

Je m'en foutais déjà avant,
mais maintenant, je m'en contrefous.

Allez, on va rire un peu ?
Allez, viens.

Saloperie de truc.

- Victor, où tu as laissé ta femme ?
- À Bontankou, pourquoi ?

- C'est la zone interdite.
- Oui. Pourquoi ?

Le barman m'a dit que Helmut
et Poulakis y partent cette nuit.

Regarde.

- Elle est où la piste ? À droite ?
- Oui. Derrière le troupeau.

- Oui.
- Regardez la carte.

En principe,
la piste remonte jusqu'au fleuve,

et puis, on a la forêt
qui commence là.

Charlotte, il faut que je vous parle.
J'ai longuement réfléchi cette nuit.

Ce qui vous a toujours manqué,
c'est un environnement stable,

et drôle, en même temps.

La complicité et la fantaisie.

Vous voyez, Charlotte ?

Vous n'avez pas
la gueule de bois, vous ?

- Pas du tout, et vous ?
- Non. Pas du tout.

Attention, là !

Au camion !

Allô, Patterson. Victor.

Hello, Victor. Alors, cette balade ?

Il y a un massacre d'éléphants
sur la Galana.

- Quoi ?
- Je le tiens. C'est Poulakis.

Envoyez une patrouille
sur la piste de Boutenko.

Oh, les salauds !

En voilà d'autres, maintenant.

Non, mais c'est pas vrai !

C'est Charlotte !

La vache !
J'ai pété mes freins, Bon Dieu.

Charlotte !

Oh, je suis navré, Charlotte.

Je vous ai pris pour des braconniers.

Il n'y a pas de bobo, au moins ?

Ça va, Charlotte ?

Planchet ! Répondez-moi, vous.

Ma femme n'est pas blessée,
au moins ?

Merde.

Votre femme me charge
de vous dire "merde".

- Qu'est-ce que vous dites ?
- Il est sourd, en plus.

Bon, attends. J'arrive.

Victor !

Dommage.

Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

Allez au bord de la piste.
Il va finir par passer un camion.

- Espérons...
- Oui !

Je profite du fait
que l'on soit en tête a tête

pour te dire que je suis
quand même touché.

Les crocodiles...

"Victor !"

Dans les coups durs,
ça se ressoude entre nous.

Tu boudes encore ?
C'est dommage.

Parce que si tu me regardais,

tu pourrais te rendre compte
que je suis pas mal pour mon âge.

Hé ! Oh ! 50 balais, ma belle.

Rien que du muscle !

Enfin, presque.

Charlotte !

C'est quand même terrible
un caractère comme ça, bon sang !

Il y a 3 caïmans.
Ils n'ont pas l'air commodes.

Écoutez-moi, Planchet.

On est dans la zone interdite.
Il ne passe jamais personne.

On va prendre un tronc
et le coincer dans les rochers.

Je ne sais pas... Il faut absolument
passer de mon côté.

- Je pense que c'est la solution.
- Plutôt crever !

Plutôt crever !

Bon. Très bien.

Moi, dans ce cas-là...

Un petit coup de tavel bien frais,
une tranchette de saucisson,

et puis voilà.

On ne va quand même pas
passer la nuit ici.

Encore des ennuis, chère madame ?

Charlotte !

Puis-je vous être utile
à quelque chose ?

Décidément, monsieur Poulakis,

vous êtes notre sauveur.

Charlotte !

Cha... Planch...

Allez, on embarque.
Dépêchons-nous, on embarque.

C'est tout à fait remarquable
de se retrouver sur un même bateau.

Bon.

Seulement, avec mes freins pétés,

je suis trop court pour décoller.

Patterson de Victor.
Vous m'entendez ? À vous.

Patterson de Victor.
Vous m'entendez ? À vous.

Patterson de Victor. Allô.

Vous m'entendez ? À vous.

Ah ! Te voilà, Victor.

Patterson a disparu.

Non, il est là. Ça ne va pas du tout.

Docteur Patterson dort beaucoup.

C'est la sorcière
qui lui a fait le poison.

Qu'est-ce que tu racontes ?

C'est Poulakis
qui lui a donné un gros cadeau.

Mais t'es un beau salaud.

C'est son métier, patron.

On paie le sorcier
et il fait le maléfice.

Il ne sait plus
comment on enlève le diable.

Pourtant je lui ai donné
la caisse de la boutique... Pas tout.

Bon. Allez.
Il faut l'emmener au dispensaire.

Tu fonces et tu reviens vite fait.

Nous, on va remonter le fleuve
et toi, tu t'occupes de Patterson.

Oui. Moi, je suis juste bonne
à faire l'infirmière

pendant que tu cours
après les femmes dans la forêt.

Écoute, Eugénie,
c'est pas le moment.

Je lui fais la soupe, le balai,
la blanchisseuse, la rigolade...

J'ai jamais fait de palabres
ni de cris.

Seulement voilà, je suis toute noire.

Arrête, Eugénie,
tu vas ameuter le pays.

Que vais-je devenir, moi,
avec les enfants ?

Trouve un des trois pères.
Il y en a forcément un de bien.

Pas forcément.

- Dépêche-toi, Bako.
- Oui.

- Allez, balance tout.
- Oui.

- T'as largué devant ?
- C'est fait.

Là, ça passe ?

La radio !

Allez !

Les chutes sont là.

On devrait voir les pygmées.
On est à mi-chemin.

À vol d'oiseau,
les distances ne veulent rien dire.

Mais avec une vedette rapide,
on emmène les touristes en un jour.

Et dire qu'ils vont faire ça,
pour le plaisir. En payant, en plus.

Arrêtez de rouspéter.

Tous les enfants rêveraient de ça.
Soyez un peu enfant.

Vous avez raison.

Et en plus, vous oubliez,
pour les plus grands,

le plaisir d'être avec vous.

Merci.

T'as eu le contact avec Helmut ?

Oh ! Qu'il est beau, celui-là.

Johnny, tu me le prépares.

Je bois à la santé des dames
et des hommes audacieux.

Merci.

C'était quoi, ce coup de feu ?

Quelle horreur.

- Plaisant, non ? Vous connaissez ?
- Oui.

C'est une riche idée,
le Club Méditerranée, mais...

- Ça dérange vos affaires ?
- On ne peut rien vous cacher.

- C'est quoi, vos affaires ?
- C'est quoi, la petite chose, là ?

Ça ? C'est de l'ivoire.

"De l'ivoire." Vous avez deviné.

Je déniche l'ivoire,
je l'amasse et je l'exporte.

- Vous massacrez les éléphants ?
- "Massacrer"... C'est des mots.

Je les chasse pour que les jolies
femmes aient des bracelets,

des bigotes, des chapelets,
et les chapelles, leur crucifix.

Mes plus gros clients :
Lourdes et le Vatican.

- Ça rapporte gros ?
- Très gros. Mais il y a des risques.

La preuve : votre ami Patterson
et votre mari veulent ma peau.

Donc j'ai pris des précautions.

Vous êtes mes hôtes.

Je vous signale
que nous ne sommes pas n'importe qui.

Moi, je vous conseille
de rabattre votre caquet.

Vous m'êtes très sympathique,
mais vous n'êtes pas mon genre.

Vous êtes plutôt du genre de Johnny.
Hein, Johnny ?

Arrête de boire, Johnny.

Quand il est saoul,
on ne le tient plus.

J'ai toujours rêvé d'avoir
une aventure avec une blonde.

Et mon flair me dit que...

vous serez peut être consentante.

Qui sait ?

Qui sait...

Allez. On va dormir,
On se lève tôt, demain.

Écoutez, Planchet,
restons très calmes.

Vous êtes drôle.
Vous avez vu la gueule du Johnny ?

Vous avez vu la gueule de Poulakis ?
On peut échanger si vous voulez.

Ce soir, vous dormez avec moi.

Victor, on ne voit plus rien.
Arrêtons-nous.

Non. On a 10 heures
de retard sur eux.

- Je prends la barre, un peu.
- Non. Ça va, Bako.

- Vous dormez ?
- Non.

- Que dit le tam-tam ?
- Les piroguiers arrivent.

J'espère qu'ils vont trouver
le dépôt, ces cons.

Bébert, tu me passes Helmut.

- Ne bougez pas, je vais voir.
- C'est risqué.

Helmut de Poulakis.
Helmut de Poulakis.

Helmut.

Ouais. Pas intéressant, je m'en fous.

Nous sommes à un jour du dépôt.

Comment trop tard ?

Je livre après demain.
Appelle Loufanski.

On est là dans deux jours.
OK. Ciao.

On s'en va tout de suite !

- La femme a disparu.
- On la laisse aux chacals.

Prenez Planchet.

Embarquez tout ! Embarquez tout !

Allez ! Allez !

Charlotte !

On va passer la nuit
à s'emmerder pour une bonne femme.

Charlotte, Charlotte !
Ils m'emmènent !

On fonce ! Envoie les piroguiers
au dépôt d'ivoire !

Oh ! Ça y est, Bako.

Ils ont dû camper là.
Ça fume encore.

N'aie pas peur, Charlotte,
c'est moi. C'est moi. Là...

C'est fini.

C'est fini, ma grande.

Bako ! Ils ont enlevé Planchet.
T'en penses quoi ?

Je pense que tu vas me dire :
on remonte le fleuve.

Je vais dire :
"Merde, je ne continue pas."

Et je vais continuer,
et on se fera couper les couilles.

Mme Charlotte, on lui fera
je ne sais pas quoi.

Oui. Allons-y quand même.

Allez. Hop !

- Ça va, à gauche, là ?
- Ça passe, ça passe.

Ça devient oppressant.

Si ça se rétrécit encore,
on ne va pas aller loin.

Personne ne vient jamais, ici ?

J'étais venu, il y a quelques années,

puis il a été décidé de laisser
cette forêt complètement vierge.

Un des derniers sanctuaires
du monde sauvage.

- Il y a des pygmées ici ?
- Ici commence leur territoire.

J'avais lu des livres sur eux,
mais...

Vu de près, ça doit être épouvantable
de vivre dans cet univers.

C'est mieux de les entasser en HLM
pour bouffer des Wimpy ?

La question n'est pas là.

Coupe le moteur, Bako.

Écoute. Tiens, écoute.

C'est bien joli, cette chanson.

De toute façon,
ils vont finir dans des HLM.

Mais je ne vois pas l'intérêt
de précipiter le mouvement.

Oh ! Attention !

Bon sang ! En arrière toute !

À gauche.

- Non, à droite !
- À gauche j'avais dit !

Attention ! Viens là.

Quoi qu'il arrive,

il ne faut pas se laisser abattre.

C'est le pauvre Patterson
qui dîne tous les soirs en smoking.

Alors il m'avait fait venir
celui-ci de Londres,

mais j'ai un peu forci.

Ça ne m'étonne pas si tu manges
tous les jours comme ça.

Dis donc, ce que c'est pimenté.
Tu veux profiter de la situation ?

Il y a bien longtemps
que ces choses ne m'intéressent plus.

J'ai tiré un trait.

Ça, c'est ce que tu dis.

- Je suis bien trop vieux pour toi.
- C'est toujours la même différence.

Un an sous les tropiques,
ça compte double.

Je suis complètement usé,
ma pauvre Charlotte.

Tiens, l'idéal, ça aurait été...

que tu sois ma fille.

L'inceste ?
Ça ne doit pas être mal.

Non. Ça, jamais.

J'aimerais mieux
coucher avec ma femme.

Ça, c'est très conventionnel.

Repartons de zéro.

Vous dansez, monsieur Victor ?

- Vous dansez bien pour votre âge.
- C'est votre 1re sortie avec moi.

Mais vous aurez bientôt
les pieds en miettes, Mlle Charlotte.

- Vous habitez chez vos parents ?
- Non.

- Vous êtes marié, peut être ?
- Hélas...

Vous trompez votre femme,
quelquefois ?

Jamais.

Mais ce soir,
je sais pas ce qui m'entraîne.

Elle est jalouse ?

Très.

Ne lui dites rien.
Comment pourrait-elle savoir ?

Elle renifle tout.

C'est une emmerdeuse.

Ah ! Pauvre Planchet, quand même.

Ben oui.

Arrête.

"Arrête" quoi ?

De me tripoter.

- Je te tripote, moi ?
- Oui, tu me chatouilles.

Mais qu'est-ce que je te chatouille ?

Tu me chatouilles derrière.

Charlotte, ne sors pas.

Laisse-moi mettre mon pantalon.
J'arrive.

Charlotte, reste là !

Ça peut être dangereux !
Il peut charger !

Attends, je filme.

Mais t'es folle !

- C'est extraordinaire.
- Mais viens ! Charlotte !

Attends !

Qu'est-ce qu'ils font ?

- Attention, Charlotte.
- Quoi ?

Il y a des mères, là-dedans.
C'est dangereux, les mères !

Je te dis que c'est dangereux !
Tu vois pas ? Allez, file !

Monte dans un arbre ! Allez !

Qu'est-ce que c'est que ça ?

Je sais pas.

Mais d'où ça vient ?

Allez, on descend.

Eh bien, un pan de mystère est tombé.

Et tout ça grâce à qui ?

Mais pourquoi
ils remontent la rivière ?

Elle est naviguable jusqu'aux chutes,
mais après, rien.

La forêt, la forêt, la forêt.

Il faut les suivre.

Voilà Bako. Viens.

Mais qu'est-ce qu'il fabrique ici,
celui-là ?

Allez, Bako. On avance.

Il faut trouver les pygmées.

Ils vivent ici.
Ils ont dû voir quelque chose.

Ils ne se laissent pas
facilement approcher.

- Victor, il n'y a pas de piste.
- Il faut entrer dans la forêt.

Les pygmées n'en sortent jamais.

Allez, en route.

Tiens, Charlotte, vien voir.

Il est très net, celui-là.

Bambouti.

On dirait un pied d'enfant.

Ne bougez pas.
Enfin... Ayez l'air naturel.

Ne vous retournez pas.

J'ai l'impression
qu'ils nous observent.

Il y en a beaucoup ?

Quelque chose m'inquiète.

Moi, il y a beaucoup, beaucoup
de choses qui m'inquiètent.

Ça fait 3 heures qu'on marche
dans la forêt.

Ils auraient dû montrer
leur désir de contact.

C'est pas normal.
T'en penses quoi, Bako ?

Je pense que Poulakis
est venu enquiquiner les pygmées,

donc ils veulent zigouiller
les Blancs.

T'as raison. Allez, hop !
On file, Charlotte.

Moi, je pense qu'il faut essayer
le système d'intégration progressive.

Qu'est-ce que tu dis ?

C'est peut-être une erreur
de leur offrir ce seau.

- Si ce n'est pas ça, la culturation.
- Quoi ?

- L'affaiblissement d'une culture.
- Oui. J'avais compris.

Allez. On y va.

Non. Je reste.

- Tu restes pas toute seule.
- Je pars pas sans Planchet.

Charlotte, on va tous y passer !

Oh ! L'égoïsme qui ressort.
Le vernis craque vite.

Qu'est-ce qu'elle parle de vernis ?

On est en Afrique avec des sauvages
armés de flèches empoisonnées.

- Oh ! Raciste.
- Oh, arrête, Charlotte.

T'es un commando réactionnaire !

- Quoi ?
- Avec ton fusil et tes grenades.

Oh, mais j'en ai marres des lubies
de cette intellectuelle de gauche !

Vous avez quoi, contre
les intellectuels de gauche ?

Restez ici avec les pygmées,
formez un comité de quartier !

Ça sera que la 3e fois
que tu me largues en pleine jungle.

Regardez !

- Passe-moi la pharmacie. Vite.
- C'est une blessure par balle.

- Tu crois ?
- Certain.

- Tu parles le bambouti, toi ?
- Oui, j'ai essayé d'apprendre.

- Il a l'air de te comprendre.
- Ben, oui.

Victor, venez voir.

Viens là. Viens !

Dépêche-toi.

Il dit que les Bamboutis
ne vont jamais plus loin.

Le pays des mauvaises âmes
commence.

Les Blancs mauvais vont là-bas.
Ils ont amené Planchet.

La bouche du diable
vomit l'oiseau de fer.

La bouche du diable
vomit l'oiseau de fer ?

Oui. Ben, on verra bien.
Allez, allons-y.

Attends, patron.
Le chef veut dire quelque chose.

Il dit qu'il te remercie
car tu as soigné son frère blessé.

Les Bamboutis ont la forêt.
Les autres ont le monde.

Pourquoi ils viennent dans la forêt ?

Plus personne ne viendra
dans la forêt.

Charlotte, on est bouleversés,
mais si tu veux retrouver Planchet...

Bako, si tu veux pas passer,
on t'en voudra pas.

Quand on est dans la merde
jusqu'au cou,

on peut être dans la merde
jusqu'aux yeux. Proverbe pygmée.

Je passe le premier.

J'ai le vertige, Victor.

Embrasse-moi.

Victor, je crois qu'on n'a jamais été
aussi heureux.

C'est vrai. Comme quoi,
il nous faut pas grand-chose.

Merde ! Le pont !

Victor !

- Ça va, patron ?
- Oui.

La routine, quoi.

- J'ai eu peur, tu sais.
- Oui.

Pourquoi tu m'as jamais fait
d'enfants ?

C'est toi qui voulais attendre.

Au début, oui. Pas après.

- Charlotte, c'est pas le moment.
- C'est jamais le moment.

Regarde. Les voilà.

Mais qu'est-ce qu'ils vont foutre
de tout cet ivoire, là-haut ?

Regarde.

Allons dormir. On fera la 1re
rotation à la tombée de la nuit.

Toi, l'intellectuel, dodo.

C'est le moment, Charlotte.

Si on n'avait plus l'occasion
de se parler,

je voulais te dire...

Moi aussi, Victor.

Allez, Bako.

Passe ton sac
et larguez les amarres.

Vite. Allez.

- Merde !
- Chut...

Va voir un peu en bas.

Aidez-moi, je vous en prie.
Je ne sais pas nager.

Je ne vous emmènerai plus.

En voyage d'études ?
Rassurez-vous, je m'imposerai plus.

T'as rien vu ?

Balancez-moi l'ivoire à la flotte.
On va être trop lourds.

Ça y est ?

Merde, l'avion !
Réveillez-vous, bande de cons !

Saloperies ! Voleurs !

Traficants !

Non !

C'est au nom de tous les amoureux
de la nature,

dont les coeurs battent à l'unisson,

à l'unisson de l'univers,

que j'adresse
ma chaude reconnaissance

à nos amis M. Planchet,
le docteur....

J'ai bien réfléchi
à ton histoire de club et...

Dans le fond, c'est pas bête.

Non. C'est gentil, mais je crois
que t'avais raison.

C'est pas très commode, par ici.

J'ai envie d'arrêter tout ça.

Je pense à reprendre l'ethnologie.

J'avais commencé un stage
au Musée de l'Homme.

Oui, c'est pas une mauvaise idée.

Et puis le Trocadéro,
c'est un quartier aéré.

Oui. Et toi ?

Moi, je vais remonter une épicerie.

Tu sais, à mon âge...

Bon. Je crois que je vais y aller.
Quelle heure il est ?

Ben, il est moins le quart.

Oui. Faut que j'y aille.

T'as rien à me dire ?

Non.

Si.

Bon voyage.

Tu sais que t'as jamais
signé les papiers du divorce ?

- Ah oui ? C'est idiot, ça.
- Ben oui.

Si jamais tu veux refaire ta vie,
ou moi.

Oui.

Alors, les amoureux ?

L'avion du ministre décolle
dans 10 minutes.

On a des chances d'être à Nokolo
pour le 8 h 15 de Paris.

À moins que...

Victor,

vous êtes définitivement
un vieux pachyderme.

- Si tu passes un jour par Paris...
- Oui ?

Tu pourras toujours m'en faire un.
Fille ou garçon, ça m'est égal.

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