All language subtitles for Calmos (Blier, Bertrand 1976)_WEBRip.1080p.x264.AAC_FR

Bonjour docteur.

Pardon monsieur.
La rue Gustave-Flaubert, s'il vous plaît ?

- Qu'allez-vous y foutre ?
- Ça ne vous regarde pas.

Alors m'emmerdez pas !
C'est tout ce que je vous demande.

- Vous pourriez être aimable.
- En quel honneur ?

Incroyable ! Je lui demande
un renseignement, il m'insulte.

De quel droit
vous lui demandez un renseignement ?

Même dans la rue,
on ne peut plus avoir la paix maintenant.

Il faut que vous veniez
nous les briser jusque sur les trottoirs !

Y a pas de renseignement,
y a pas de rue Flaubert, y a plus rien !

Vous voyez pas que c'est un homme fatigué ?
À deux doigts du break.

Vous cherchez l'incident, ou quoi ?

Ça alors !

Vous trouvez pas qu'elles auraient
tendance à nous faire chier ?

Toutes.

- Vous êtes du quartier ?
- Non, de Montrouge.

Elles sont comment à Montrouge ?

Il va arriver un moment
où on pourra plus. Et alors là...

À force de jouer avec nos nerfs...
Fragiles, les nerfs...

Et on en a beaucoup.

Si ils pètent tous à la fois,
ça risque d'abîmer leurs petites gueules.

Elles auront que ce qu'elles ont cherché.

C'est pas compliqué,
j'étouffe. Je suis asphyxié.

Forcément, elles nous pompent tout.

Ça va pas durer comme ça.
Je vous le dis : il faut que ça craque !

Y a qu'à faire la valise, point final.

Si je vous dis "maquis",
que me répondez-vous ?

"Maquis" ?
Attendez, bougez pas.

Je vous dis "sous-bois", "silence".
Chaque bruit compte dans le silence.

un oiseau qui s'éveille, une branche
qui craque, un chevreuil qui s'enfuit.

Progression à pas feutré sur la mousse.

Vieilles chaussures parfaitement culottées.
C'est l'aube, rosée.

Dans les creux,
des petits nappes de brouillard.

Hop, le chef s'arrête.

On est arrivés au point de rendez-vous.
Un arbre mort. Un mélèze.

Maintenant, on va attendre les autres :
les gars de Fleurac ou Mérouge.

On s'assied, on sort un paquet de tiges.
On se le partage à dix.

Personne parle.
On fume.

C'est la première, celle du matin.
La meilleure. On est bien.

On a un peu peur,
mais on est bien entre hommes.

Les femmes, on y pense pas.
On s'en fout.

Ça nous manque pas du tout,
leurs semelles compensées.

On tire sur la cigarette,
et puis c'est tout.

Hop ! le chef sort son cognac.
Il devisse le bouchon.

On se dit : "avec un peu de bol,
ils va nous ne filer une goutte".

C'est du bon.
Du 15 ans d'âge.

Il nous regarde. On comprend.
On se passe la fiasque.

Pas une parole de prononcé.

C'est pas la peine.

On est comme les 10 doigts de la main.
Jamais d'histoire, de pataquès.

Voyez nous, par exemple. Ça fait 3/4 d'heure
qu'on se connaît et déjà on forme une paire.

- Solide.
- Et sans s'éterniser en baratin.

"Et je vous invite au cinéma", "Et je vous paie
un petit dîner", "Et que faites-vous demain ?".

Tout ça pour se faire filer le grappin,
dans la nuque, et nous tirer.

Du calme, reprenez vos esprits.
Votre mari a disparu depuis quand ?

Ce matin vers 10h.

"Disparition" paraît exagéré.
J'appellerais plutôt ça une "absence".

Enfin, M. le commissaire. Il a quitté
son cabinet sans rien dire à sa secrétaire.

Il l'a laissée avec tous les rendez-vous
de la journée sur le dos.

Que vouliez-vous qu'elle leur raconte,

à toutes ces bonnes femmes
qui n'arrêtaient pas d'arriver,

qui voulaient pas décoller
tant qu'il serait pas là.

À la fin,
il y en avait plus de 30 au salon.

Plus une dans son bureau,
toujours les pattes en l'air.

On retrouve sa blouse
abandonnée dans le hall.

Et puis plus de nouvelles.

Votre mari, est-il coutumier du fait ?

Mais non, pas du tout.

C'est un mari modèle.
Un très bon père de famille.

Pitié, vous n'allez pas commencer.

Je vous préviens : quand je vois des larmes,
je me tire. Je peux pas le supporter.

- Donnez un calvados à madame.
- Oui, chef.

Madame, à votre connaissance,
votre mari a-t-il une liaison ?

Lui, Paul ? Enfin voyons,
gynécologue !

Ça vous dit quelque chose ?
Toute la journée, des culs.

Toujours des culs.
30 à 40 touchers par jour en moyenne.

Elles aiment ça, les garces.

Y en a qui revienne tous les jours
tellement elles sont folles de son médius.

Alors j'aime mieux vous dire
qu'une fois sa journée terminée,

il ne pense plus qu'à une chose :
faire ses mots croisés

devant un restant de blanquette
à la cuisine et puis d'aller dormir.

Parce que le lendemain matin,

à 7h sur le pont,
des culs, toujours des culs !

Donc, un homme heureux.

Mon Dieu, faites qu'il ne lui soit
rien arrivé.

C'est quand même malheureux de voir une femme aussi
remarquable plaquée comme une vulgaire bonniche.

- Sans déconner, je me sens déjà mieux.
- C'est vrai, vous avez meilleure mine.

Qu'est-ce qu'elle nous a fait chier,
cette bonne femme dans le train,

avec son histoire de disparition.

Ça vous donne un aperçu de ce que
peut être la vie dans un commissariat.

Les disparitions, nous,
c'est toute la journée qu'on s'en tape.

Tenez : pas plus tard que ce matin,
une histoire affreuse.

Une bonne femme, pour pas changer.

Une femme d'affaires, magasin
de prêt-à-porter ou je ne sais quoi.

Elle arrive avec le rimmel qui lui
dégoulinait jusqu'au menton. Une fontaine.

Faut dire que son mec,
c'était pas le joli gogo.

Non seulement, il l'avais plaquée.
Mais en plus, il avait piqué la caisse.

5 briques, bonhomme.
La recette de la semaine.

- Une pâle ordure.
- Oui.

Il est pas repoussant, ce petit village.

Vous croyez pas qu'on pourrait... ?

- Nom de Dieu !
- Tu parles !

Bonjour messieurs.
Vous désirez ?

Quelque chose de frais.
Vous faites à votre idée.

J'ai ce qu'il vous faut.
C'est pas grand, c'est pas luxueux.

- Vous n'êtes pas à cheval sur le confort ?
- Oh non.

- Y a une cuisinière ?
- À charbon. Mais on peut travailler.

Dans 3 heures, c'est l'apéro.

Avec un petit oignon ?

Si t'en prends un, j'en prends un.

Oh, les connes !

Tu sais pas ce qu'on devrait se faire un
jour ? Un aïoli, et pas se laver les dents.

Oh les connes !

Geneviève, par exemple.
Tu vois qui je veux dire ?

Celle qui tenait le magasin ?

Oui. Elle le tient toujours,
mais sans moi.

Tu me croiras si tu veux,

à chaque fois avant de s'envoyer en l'air,
elle me faisait becqueter du cachou.

Mon odeur de tabac incommodait madame.

À force de nous faire chier,
elles ont gagné. Pas vrai ?

Paul... PAUL !!!

Qu'as-tu ?

Bon Dieu, qu'as-tu ?

Y a personne.

T'es tout seul, mon vieux.

Tu vois bien qu'elle est pas là, Geneviève.

Que te faisait-elle encore ?

Elles viennent me racoler
jusque dans mon sommeil.

Elles sont là sous mon crâne.
Je peux pas les extirper.

Faut que je dorme, que je récupère,
sinon je referai jamais surface.

- Je leur ai sacrifié trop d'heures de sommeil.
- On en est tous au même point, mon pauvre vieux.

- Moi aussi, j'ai du mal à dormir.
- Dès que je ferme les yeux, elles arrivent.

Reconnais qu'on n'a pas été
très raisonnables.

Parce qu'une mousse au chocolat sur un rôti
de porc, sincèrement. Avoue que ça pèse.

Tu sais, j'y peux rien
si j'ai pas eu de diplômes.

À 16 ans j'avais 2 options :
l'usine ou vivre avec ma queue.

- Moi aussi j'aurais bien fait médecine.
- Alors là, mon pote.

C'est toi qui l'as choisi, ta spécialité !?

Tu pouvais être oto-rhino,
si tu voulais. Ou bien ophtalmo.

Tandis que moi, j'avais que ma gueule.

J'en ai marre d'être aimé, tu comprends ?

Si je descendais te faire
une bonne petite omelette,

tu crois pas que ça te ferait du bien ?

- Avec le restant de girolles ?
- Par exemple.

Et on ouvre une bouteille de gamay.
Ah, va bien falloir le goûter.

- Y a qu'un truc qui pourrait me nettoyer.
- Quoi donc ?

Les tripes.

T'es marrant, mon vieux.
Tu veux jamais qu'on achète d'avance.

Y a pas que la fraîcheur.

Tant qu'on fera pas vraiment
des provisions, on pourra pas lutter.

T'es pas tout seul, mon vieux.

Commac.

Ça commence à sentir
drôlement bon chez vous !

Un petit civet, et vous ?

Oh, rien de spécial.
À déjeuner, je fais attention.

Une lichette de terrine,
1 ou 2 petit chèvre,

un sablé avec de la confiture...
Quand j'exagère, je ballone.

Allez va !

Minuit !
Au boulot !

Si tu te tapes un cauchemar,
je paye un litre.

Qu'as-tu ?
Ça va pas ?

J'ai pas faim.

Moi non plus.
En voilà, une excuse !

Attention, Albert.

Si tu commences à t'écouter,
t'es bon pour retourner chez Geneviève.

Et becqueter son cachou.

Je suis barbouillé.

Débarbouille-toi.
La Tuborg est fait pour ça.

Y a rien de tel pour
se remettre la bouche à neuf.

Ça glisse ?

- Ça glisse, oui.
- À la bonne heure !

Essaye les trucs salés.
Ça passe tout seul.

Prends de la moutarde,
prends des cornichons.

Un maximum d'épices, ça donne soif.

- Tu veux du saucisson à l'ail ?
- Oh non.

Moi je vais en prendre.

L'admirable cholesterol qu'on va se payer !

- Ça vaut mieux que des barbituriques !
- Ouais.

Quand on mange sain, sans produits
chimiques, y a jamais de contre-indications.

Dans le sommeil...

Le plus important, le plus réparateur,
c'est le premier sommeil.

Là, en coupant la nuit en 2,
ça te fait 2 premiers sommeils, tu me suis ?

- Docteur !
- Ouais ?

La selle m'irrite.

- Vous avez déjà eu des ennuis de ce côté-là ?
- J'avoue que c'est mon point faible.

Depuis quelque temps, par exemple,
j'ai le clitoris qui gonfle.

Au début, j'ai pris ça
pour une boursouflure passagère,

Mais maintenant, j'avoue
que je suis inquiet.

Ça me fait comme un tarin.

À chaque fois que mon mari
voit mon cul, il se met à rigoler.

Il m'appelle Cyrano !

- À mon avis, vous changez de sexe.
- Ah oui ?

Quelle odeur !

Je sens que je vais encore devoir
faire beaucoup de pénitence après ce repas.

Je vous absous d'avance, mon frère.

À l'odeur, on dirait de la grive.

C'est plus compliqué que ça en a l'air.

Ce que je suis en train de manger
est absolument divin.

De la grive, il y en a.
C'est sûr.

Moi je dirais grive plus gélinotte.

Oui.

- Plus alouette.
- Oui.

J'irais même jusqu'à ajouter becfigue.

Bravo, l'abbé !

C'est le pompon.

Merveilleux !

Quand je pense aux malheureux
dont la principale obsession

est d'apercevoir un peu
de la culotte des petites filles.

Alors qu'il y a le flageolet !

- Vous avez entendu ?
- Un voleur ?

Ça fait plusieurs fois qu'on vient
me chouraver mes reines-claudes.

Félix !

Viens ici !

Aïe, mon père.
Je le referai plus.

Fais sentir tes mains.
Tu seras privé de foot dimanche.

Soyez pas vache !
Pas le foot !

Petit misérable !

C'est pas moi, mon père.
C'est elle qu'a commencé, la Claudine.

C'est toujours elles qui commencent,
petit imbécile ! Quel âge as-tu ?

14.

Oh les chiennes !
Elles s'attaquent aux enfants !

Si vous croyez que ça les arrête !
Rien ne leur fait peur.

Vous ne pouvez pas imaginer ce qu'on est
obligé d'entendre en confession. Des horreurs !

Quel que soit l'âge, un pied dans la tombe,
elles ne pensent qu'à ça.

D'ailleurs maintenant, y a pas à tortiller,
je dis tout au mari.

Tu veux savoir avec qui
couche ta Claudine ? Rémi.

Caveau. Le nouveau vétérinaire. Le
vieil ermite. J'en passe et des meilleures.

Ferme ta braguette !

Je me suis fait avoir exactement
comme toi, mon petit gars, à ton âge.

Parce que moi aussi, j'avais envisagé la
vocation ecclésiastique. Tu sers la messe ?

- À chaque fois qu'il lui tombe une dent.
- Moi je la servais tous les dimanches.

Tu sais comment tout ça s'est terminé ? Un
gâchis épouvantable. Prends-en de la graine.

Mes parents avaient une petite bonne. 19 ans.
Elle arrivait de Bretagne toute neuve.

Épargnez-nous la suite.
On connaît l'engrenage.

Elle vous apportait
le petit déjeuner au lit le matin ?

Parfaitement. Le piège classique.
Les premières chaleurs du printemps.

On commence à s'émouvoir sous l'édredon.

Une blouse un peu étroite
qui ne demande qu'à s'ouvrir.

Les mains s'égarent.
C'est chaud, c'est doux.

Ça sent le café, le savon de Marseille.

On se confesse, et on
recommence le lendemain.

Et à 40 ans, on est une épave.

- C'est ça que tu veux ?
- Non monsieur.

J'ai jamais pu terminer Proust.
Tu sais qui c'est ?

J'ai jamais dépassé Un amour de Swan.
Parce que figure-toi

qu'à chaque fois que j'essayais d'ouvrir le tome
4, on aurait dit que ça déclenchait un disque.

"Mon petit Paul, on éteint ?".
Tous les soirs pendant 20 ans.

Et on appelle ça le devoir conjugal.

C'est bien ça, mon père ?
Ça fait partie du sacrement ?

Je dois reconnaître que l'Église
est très incomplète à ce sujet-là.

Moi je veux rester célibataire, monsieur.

Le célibat, ne crois surtout
pas que ce soit dans la poche.

Tiens moi, par exemple :
toute la vie, je me suis défendu pied à pied.

Toute ma vie, j'ai été poursuivi
par une malédiction.

Chaque fois qu'une femme me voit,
il faut qu'elle s'emballe.

"Tiens, voilà Albert".
Ça y est, elle a l'il qui s'humecte.

C'est bien simple, depuis ma 1ère communion,
j'ai l'impression que ma braguette est ouverte.

Je passe mon temps à me vérifier.

L'enfer, on sait ce que c'est.
On peut en parler. On en vient.

Mais voulez-vous parier
qu'il a même pas dîné. Hein, réponds !

As-tu seulement mangé un morceau
avant d'aller au cinéma avec ta grue ?

Non, mon père.

Petit con ! Tu sais pas qu'avec
un organisme sous-alimenté,

tu risques de choper le 1er microbe venu ?

Mais écoute monsieur.
Il est docteur.

Les maladies vénériennes, j'en ai vu
défiler des centaines dans mon cabinet.

C'est ça que tu veux ?
Pisser des lames de rasoir !

- Ne plus pouvoir boire de vin !
- Va te laver les mains, je te mets une assiette.

L'intérêt avec le sucre,

c'est que ça donne de remarquables caries.

Surtout le soir.

Ça macère toute la nuit.
Ça attaque bien l'émail.

Ce qu'il faudrait, c'est qu'on chique.

Parce que là, mon vieux :

le sucre, les morceaux de bidoche,
et le jus de tabac par dessus.

Je te garantis que tu te payes
des chicots superbes, caramélisés à souhait.

C'est tout un système de valeur
qui serait à revoir.

Un curé sans soutane, par exemple,
qu'est-ce que c'est ?

Une soupe sans sel !
Un baiser sans moustache !

Quand vous pétez en pantalon,
ça vous colle aux guibolles.

Tandis qu'avec la soutane, on aère.

Couillue, votre mare !

Mon père, je pourrai
jouer au foot dimanche ?

- C'est bon ?
- Oui monsieur.

- T'as goûté la charlotte aux pommes ?
- Oui monsieur.

- T'as toujours envie d'aller tripoter la Claudine ?
- Non mon père.

- Pourquoi ?
- Parce que je préfère la charlotte.

Finalement, c'est cette petite bonne
que vous avez épousée ?

Pensez donc !

Mes parents ont été obligés
de la foutre à la porte, elle était voleuse.

Ça, les Bretonnes.

En plus, elle m'avait filé la chtouille.

Tu sais qu'avec cette pluie,
demain va y avoir des champignons.

Faut pas dormir trop tard.

Merde, les plombs !

Un parapluie ouvert dans une maison,
ça porte malheur.

C'est pas les plombs, c'est l'orage.

Je me déshabille même pas.
Fait chier !

Les enfants, que se passe-t-il ?

J'y vais.

Le con !

Le con !

Mes très chères surs.

Que le Seigneur soit avec vous.

Toute ma vie, j'ai vu l'homme
et la femme se déchirer.

Faisons la paix, séchons nos larmes.

Nous vivons une époque troublée.

On avorte, on divorce, on se drogue,
on se réfugie dans la violence.

Au lieu de ça,
sous le toit d'une modeste chaumière,

au sein d'une brave population qui
se lève avec le soleil, que trouvons-nous ?

2 hommes, simples et bons,
qu'unit la plus fraternelle des amitiés.

Que demande ces hommes ?
Un peu de silence.

Faut-il les mettre au pilori ?
Mes surs, un peu de charité chrétienne.

Je les ai vus les premiers jours.
Ils faisaient peine à voir.

2 hommes lézardés, qui se sentaient
craquer de toutes parts.

Juste un peu de silence.

Voilà ce qu'ils ambitionnent :
le recueillement, la méditation.

Retrouver sous leurs pas ce qu'ils avaient
oublié depuis si longtemps : la terre.

La bonne terre, chaude, grasse,
que Dieu a destiné à la vigne.

Alors si je comprends bien : femme,
enfant, foyer. Tout ça, terminé.

Ils nous quittent pour rien.
Pour personne. Pour la terre !

Préférez-vous les savoir dans une clinique,
bourrés de neuroleptiques, maigrissant à vue d'il ?

Ça nous permettrait au moins d'aller
leur rendre visite, d'aller les embrasser.

Je suis là, je veille sur eux.

Ils se remettent petit à petit.
Je vais vous les rendre ressuscités.

- Quand, mon père ? Quand ?
- Je sais pas. 6 mois, 1 an, au printemps prochain.

Ils ont besoin de longues marches,
de soins attentifs,

d'un régime soutenu,
et surtout pas de contrariétés.

Nous, pendant ce temps-là,
on est bonnes pour rentrer au Carmel ?

Vous pourriez pas nous indiquer
un petit couvent bien tranquille,

avec un poulailler et un petit clapier ?

Et puis quelques tonneaux de beaujolais.

Figurez-vous que tout à l'heure,
on a fait un tour à la cave.

Ils ne s'ennuient pas, vos deux apôtres :
meursault, pommard,

Et ça ?
C'est du sirop pour la toux ?

J'ai l'impression que vous connaissez.

À voir votre tarin, ce n'est pas uniquement
pour le vin de messe que vous levez le coude.

Vous faites une fine équipe tous les trois : le
curé, le maquereau et le gynéco. Joli fable !

On devrait la mettre
au programme des écoles.

Je ne sais pas si vous êtes
au courant mais il y a eu vol.

Votre ami Albert,
votre petit protégé qui est si malade.

- Il est pas parti les mains vides.
- 5 briques. Jolie quête, vous trouvez pas ?

Vous savez que recel de malfaiteurs,
ça va chercher dans les 5 ans ?

Et puis au mitard, on aura
le temps de perdre sa brioche, hein curé ?

En tenant compte des désirs légitimes
des différentes parties,

il serait peut-être possible
d'arriver à un compromis raisonnable ?

Ils sont encore fragiles sur leurs jambes.

Je ne pense pas pouvoir
vous les rendre définitivement.

Toutefois, une promenade
de convalescent, à votre bras,

ne me paraît pas contre-indiquée.
Ils pourraient venir passer avec vous

un petit week-end.

Celui de l'Ascension, par exemple ?

Ça te laisse une quinzaine
de jours pour les mettre au point.

Oxygène, calories, footing,
tu nous les envoies en super forme.

- On marche comme ça ?
- OK, d'accord, faites-moi confiance.

- Je vais m'employer à la réussite de ce voyage.
- Minute, curé.

Si jamais par malheur, ils nous faisaient
faux bond, le week-end de l'Ascension,

c'est chez toi qu'on viendra le passer.
Dans ta petite planque.

Et on restera un moment.
Histoire de se refaire nous aussi une santé.

Tu nous apporteras le petit déjeuner
au lit avec le journal.

Tu nous liras l'horoscope.

Et tu nous gratteras le dos
dans la baignoire.

T'iras chez le pharmacien
acheter nos petits produits.

Le dissolvant, le démaquillant
et nos petits tampons.

Tu nous laveras notre linge.
Tu le feras sécher au soleil sur un fil.

Ça sera joli,
de la dentelle sur des choux-fleurs.

Avec nous à côté
en train de bronzer en bikini.

Toute notre affection sera pour toi,
puisque les autres sont partis.

Faut bien qu'on ait un homme.

C'est quoi, ton petit nom ?

Émile.

Gare à toi, Émile.
T'as intérêt à marcher droit.

- Du courage, faut y aller !
- Non, je peux pas.

Comment ça ? Voyez-vous ça !
Qu'est-ce que ça veut dire, sans blague !

On est des grands garçons ou pas ?

Juste un mauvais moment à passer.
Bâclez votre affaire et revenez vite.

Je vais tout de même pas y aller à votre
place ! Je viens vous chercher dimanche soir.

Faites-moi confiance :
les assiettes seront bien garnies.

Dieu vous accompagne.
Vous serez dans toutes mes prières.

Si vous avez 5 minutes,
essayez de me trouver du poivre vert.

On se fera un petit plat antillais.

Bonjour, M. le curé.

- Bonjour Fouchard, comment va cette tension ?
- 22-23

- Faut arrêter le chirouble, mon vieux.
- Que me reste-t-il ?

- Ta femme, tu l'honores ?
- Vous savez, 25 ans de mariage.

Faut que ce soit comme
au premier jour, Fouchard.

Faut que ça ronfle,
et dans tous les foyers.

Sinon le beau village, boum !

Si on allait casser
une petit graine à La Villette ?

Une entrecôte à la moëlle,
ça vous dirait rien ?

Oui, ce serait chouette.

C'est ça, ensuite un bon western
et puis demain le football.

C'est drôlement bien, chez toi.

Les enfants sont pas là ?

Non, en week-end chez leur grand-mère.

C'est curieux.
Une brusque envie d'aller la voir.

C'est dommage, ça m'aurait
fait plaisir de les embrasser.

Ils seront là lundi. Tu pourras
les accompagner à l'école si tu veux.

- La bonne n'est pas là non plus ?
- Non, congé exceptionnel.

- C'est dommage, elle va mieux ?
- Très bien.

- Elle tousse plus ?
- Non.

- Et son genoux, ça va ?
- Si t'enlevais ta musette ?

Tu ne remarques rien ?

- Non.
- Sur moi.

- Ben non.
- Et comme ça ?

- Non.
- Tu ne sens rien ?

- Ben non.
- Mon parfum.

Ah oui.
Ça, je le reconnais.

- Non, justement, c'est un nouveau.
- Oui, c'est ce que je me disais aussi.

Paul, t'as plus de couilles ou quoi ?

Et dans le frigo, qu'y a-t-il ?

- Paul, je suis prête.
- Ouais, j'arrive.

- Paul ?
- Oui ?

J'ai beaucoup réfléchi.

Je pense que tous les deux,
nous ne sommes pas allés assez loin.

Nous avons connu l'amour,
mais ce n'est pas suffisant.

Il faut dépasser le stade
de la simple satisfaction des sens.

J'ai beaucoup lu pendant ton absence.
J'ai découvert un univers fascinant.

Paul, il nous reste
un long chemin à parcourir.

Le moment est venu
d'attaquer l'érotisme à l'état pur.

Le plaisir pour le plaisir.

L'abjection peut être
une source de joie, sans limite.

Je suis prête à subir la souffrance,
la honte, l'humiliation.

J'attends.
À toi de commander.

Je dirai toujours oui.

Sois mon maître. Parle.

Dis-moi ce que tu veux.

Quelques toasts supplémentaires
pour finir le foie gras.

Paul, sors de là !
Paul, viens ici !

Paul, je te rappelle que tu es mon mari.
Tu dois me baiser.

Restez pas dehors.
Vous allez attraper la crève.

Mettez mon costard qui est sur la chaise.

Ne faites pas attention,
quand elle est dans cet état-là.

Elle voit plus rien, elle entend plus rien.

Ça va, chérie ?

Ta mère a eu un accident,
écrasée par une voiture.

Vous voyez, elle s'en fout complètement.

Tenez, prenez ma montre. Si, si.

- Paul !
- Albert !

- J'ai peur.
- Tu vas pas commencer à faire dans ton froc.

C'est une opération de survie.
Ou elles ou nous.

Je ne peux pas chasser l'image de cette
chose noire qu'elles ont entre les cuisses.

Tiens, bois un coup.

Allez, viens.

Ça va mal se terminer, je le sens.
On va vers une catastrophe globale.

Décontractez-vous.
Respirez lentement.

La route est plate.
Pas de vent, pas de pluie.

La température, idéale.

Vous avancez le pied gauche,
le pied droit ne demande qu'à suivre.

- Qu'as-tu dans ton sac ?
- Ma femme.

Je l'ai tuée.

Voilà un garçon courageux.

Je voulais vous montrer
la photo de ma femme.

Oh là là !

- Oh là là, quelle horreur !
- Eh ben, mon pauvre vieux !

Vous comprenez maintenant.

N'aie pas peur, chérie.
Je suis là, voyons.

Ben, Raymond !
Raymond, où vas-tu ?

- Raymond !
- Maurice !

Maurice !

Je m'excuse,
mais je voudrais poser une question.

C'est bien gentil de se promener
dans la nature le nez au vent,

mais maintenant, quel est le programme ?

Quelque chose de prévu pour le repas ?
Une roulante, des gamelles ?

Où va-t-on coucher ?
Y a des lits de camp, des tentes ?

J'aimerais parler au responsable.

Quel responsable, et responsable de quoi ?

- Alors c'est la chienlit.
- T'as qu'à rentrer chez toi.

Et comment ? Y a quelque chose
de prévu pour le retour ? Une navette ?

D'abord, où est-on ?
Vous avez des boussoles, des cartes ?

Mais pourquoi foutre ?
T'es pas bien là ?

Bravo, dis !
On marche à l'aveuglette.

On risque de s'embourber dans des marais.

Je suis pas client pour le palu.
Vous avez de la quinine ?

Si je me fais piquer par une vipère, vous avez
du sérum ou je suis censé crever sur place ?

- J'ai une femme et des enfants.
- Alors que fous-tu là ?

J'ai suivi le mouvement, cette bonne blague.
Quand je vois des gens qui marchent, je suis.

- Je suis libre, c'est mon droit.
- Et puis t'es con aussi.

T'es sacrément con.
Jamais vu un con pareil.

T'es presque aussi con que ma belle-mère.

Quand on est con comme ça,
y a plus qu'à fermer sa gueule.

C'est ce que j'explique depuis 10 ans à ma
belle-mère. Mais rien à foutre, faut qu'elle moufte.

Et en général, pendant le match.

Ta gueule.

Colonne Dufour !

Combien êtes-vous ?
À vue de nez, 300 pékins.

On va voir ce qu'on peut faire pour vous.
6 moutons, ça vous va ?

2 Futail, 2 Cahors.
Il est un peu vert, mais il dégraisse.

Disons 30 boules de pain.

Et 40 grammes de tabac par tête de pipe.
Pour l'instant, je peux pas faire mieux.

Une petite signature.
Simple formalité.

On sait jamais, quand les hostilités sont
terminées, il peut y avoir des comptes à rendre.

C'est pas pour demain, j'espère.

Partis comme on est partis,
on est pas prêts de revoir nos foyers.

- Parlez pas de malheur !
- Dépêchons.

On repart dans 1h. Faut absolument
ravitailler les gars de la Bergement.

Allez, la goutte du chef.
Du 15 ans d'âge, c'est du bon.

Et du côté de la Bourgogne, ça bouge ?

On est sans nouvelles.

Beaucoup de villages sont isolés, téléphones
coupés, les troupeaux dans les bois.

Ça commence à prendre bonne tournure.

Et le moral, ça va ?
Vos gus pensent pas trop à la trique ?

Je leur en mets tellement plein les pattes
toute la journée que le soir...

Bravo, c'est la bonne méthode.
Crapahutage, crapahutage.

Faut bouffer du kilomètres.

"Moi je prends le maquis avec mes potes.
Je pars au bistro boire l'apéro.

C'est l'heure du kir, du picon-bière, du verre
de vin chaud, du petit pernod et du beaujo.

Picoli, picola, pas copuli, pas copula

Y a quelqu'un ?

Fais gaffe !

Docteur Dufour ?

Bon écoute mon vieux.
Tu nous en veux pas, mais on te laisse.

Les mecs, attendez-moi.

Dieu tout puissant, dans ton immense bonté,
porte secours à l'humble pécheur que je suis.

Épargne à cette malheureuse Geneviève
la douleur de me perdre.

Je veux tellement la serrer dans mes bras,
lui faire un petit enfant, l'épouser.

Geneviève, je serai plus jamais maquereau !

Docteur Dufour, votre femme vous a pris des
rendez-vous pour demain matin à partir de 9h.

Maintenant, quand je mets un doigt,
c'est pour vider un poulet !

Fais pas le con !
Tu vas les énerver !

Bon écoute bonhomme, on n'est pas fâchés.
Mais pour moi, le gymkhana est terminé.

Alors, je rentre.

Passe me voir au magasin.
Ça me fera plaisir.

240, boulevard Vaillant-Couturier
à Montrouge. On se fera une petite bouffe.

Sincèrement, pour moi courir comme ça,
c'est plus de mon âge.

Je voudrais pas te décourager,

mais je crois qu'il est un peu tard pour
rentrer à la maison avec un bouquet d'orchidées.

Écoute.

Quoi qu'on fasse,
elles nous baiseront la gueule.

Fallait s'organiser dès le début.

Maintenant, c'est bel et bien foutu.

Les nids de résistance
s'écroule les uns après les autres.

Fleurac, Mérouge, la Bergement.

- C'est pas vraiment la guerre, dites-moi que je rêve.
- C'est pire que la guerre.

Y a pas de reddition possible,
pas d'accord de Genève, rien.

Vous levez les mains en l'air.
Crac ! Direct au gland !

Y a que ça qui compte pour elles :
le gland, le gland, le gland.

Elles vous pompent jusqu'au sang.

Bir Hakeim, Cassino, les Ardennes,
tout ça était du tourisme.

Tandis que là, pas de cadeau.
30 contre 1.

Les tabors étaient des
enfants de chur à côté.

Et quand elles ont fini,
y en a 30 autres qui arrivent.

Et puis encore 30, et c'est à l'infini.

Comme un ressac, et tout ça sur mon gland.

Jamais les fridolins m'aurait fait
une chose pareille, jamais !

J'avais l'impression d'être assis
sur une mine qui n'arrêtait pas de sauter.

Vous permettez que je jette
un coup d'il à la pêche ? Je suis médecin.

Oh non, pitié.
C'est vraiment pas présentable.

- Question bouffe, qui s'en occupe ?
- Personne.

Elles ont bousillé tous les stocks.
Intercepté tous les convois.

En Bourgogne,
elles saccagent les vignobles.

À Meursault, je les ai vu arracher
cep par cep des coteaux entiers.

Pire que le philoxera.

Tout un patrimoine piétiné.

Oh, la vache !

Bande de connes, c'est malin !
Bravo, très fort !

Regarde-moi tous ces boudins.

C'est les nouvelles collections
d'été que vous présentez ?

Rien qu'à vous voir,
on a envie d'entrer dans les ordres.

Attends un peu que je te fasse reluir.
Tu vas voir si t'appelles pas ta mère.

Je te la prends et je la fais gonfler
jusqu'à ce qu'elle éclate, tu me suis ?

Toi, je t'adresserai la parole le jour où
tu me feras rêver. Et c'est pas pour demain !

Et ça ? Que dirais-tu
si je te coinçais le nud là-dedans ?

Vos gueules, nom de Dieu !
Merde !

Vous feriez bien de faire gaffe.

Elles en veulent, mes mômes.
J'ai un mal fou à les retenir.

Écoutez madame, pour l'instant,
y a qu'un truc qui nous fait bander.

C'est le beaujolais. La blanquette
de veau, le roquefort, la frangipane,

le tabac brun et le calme.

Vous connaissez ce mot, "calmos" ?

CALMOS !

Eh les filles, y en a un
qui a le sphincter émotif.

Il a tellement eu la trouille
qu'il en a fait dans son froc.

- Allez, allez.
- Mlles, soyez raisonnables !

Ça suffit !

Mais résumons la situation.
Essayons d'y voir clair.

Ce que vous voulez essentiellement, arrêtez-moi
si je me trompe, c'est qu'on vous baise.

Vous êtes en manque.

Terriblement sevré, l'homme, finalement,
on a beau cracher dessus, c'est utile.

Malheureusement, mon copain et moi, en ce
moment, on n'a pas tellement la tête au cul.

Ce qu'on voudrait, c'est prendre
encore un peu de repos peinards.

Se refaire une petite santé
pour essayer de retrouver nos 20 ans.

L'âge où on ne pensait qu'à un truc :
la nique !

La nique, tout le temps.
Nique, nique et renique.

Alors, vous nous laissez partir gentiment.

Sans essayer de nous faire un enfant
dans le dos, et en échange,

En échange, attention, on se fout pas
de votre gueule, on vous donne rendez-vous.

Dans un mois, où vous voulez,
à l'heure que vous voulez, toutes.

Et on vous prend les unes
après les autres comme des chiennes.

À jet continue, le grand jeu. Vous
demanderez pardon, c'est moi qui vous le dis.

Arrête ton char, j'inonde mes linges.

Putain, j'ovule à mort.
Viens vite me faire un môme.

On l'appellera le "foireux".
Ce sera le portrait de son père.

Ce qu'il nous faut, c'est un coup de bite.
Un bon coup de bite dans le cul.

J'ai besoin que tu t'agites.
Jusqu'à ce que je n'en puisse plus.

Vos gueules !

Ce qu'il nous faut, c'est un coup de bite.
Un bon coup de bite dans le cul.

J'ai besoin que tu t'agites.
Jusqu'à ce que je n'en puisse plus.

Vos gueules, nom de Dieu !
Merde !

Vous allez la boucler
ou j'en prends une pour taper sur l'autre ?

Qu'est-ce que ce cirque ?
Vous vous croyez au bordel ?

Toutes les permissions sont supprimées.

Et cette nuit, marche forcée,
le paquetage sur le dos.

Avec traversée de rivière au clair de lune.
Ça vous décongestionnera le périnée.

Et vous, les deux terreurs,
arrêtez d'exciter mes mômes, compris ?

Mollo, mollo, on provoque pas.
Malentendu.

Vous auriez pas plutôt un petit
quelque chose à becqueter, même froid ?

Vous comprenez, ça fait 3 jours
qu'on marche coupés de nos bases.

Attends, bouge pas.
J'ai un restant de lait Nestlé. Tiens.

Ça retape, hein ?

- T'en veux un coup ?
- Non merci.

Vous voulez peut-être une nappe
et des bougies ?

Qu'attend-on pour l'astiquer,
le grand chauve ?

Où c'est qu'on les emmène comme ça ?
Chez Pronuptia ?

Ma parole, on attend
la nuit que ce soit plus intime.

Chef, on y va. J'ai le clitoris qui se cabre.
Il refuse d'aller plus loin.

Pas tout de suite, les filles.

Ce qui est bon dans l'amour, c'est quand
on monte l'escalier qui mène à la chambre.

Ça me rend amoureuse de les voir
marcher devant moi dans la poussière.

Une deux, une deux.
Ils savent qu'à chaque instant, crac !

On peut leur attraper le paquet,
quand on veut, où on veut.

Moi, plein les pattes et rien dans le cul,
c'est pas mon slogan.

J'ai dit : pas tout de suite !

Alors quand ? Ça fait des mois
qu'on n'a pas vu la couleur d'une queue !

Allez les gonzesses ! Merde, dites
quelque chose, on va encore se faire baiser !

Qui commande ici ?
C'est qui, le pitaine, toi ou moi ?

Simone.

Moi aussi, j'ai envie de tirer ma trempe.

Je suis comme vous,
mais pas n'importe comment.

Naturellement, vous voudriez
vous les enfiler tout de suite.

Vous jeter dessus sans réfléchir.

Vous croyez pas que ce serait trop facile ?
Un peu fadasse ?

En attendant,
ça nous dégagerait les bronches.

Monique, allons. Un peu de classe !
Un peu de noblesse, bordel !

Un chouïa de poésie.
La guerre n'est pas la chienlit.

Apprends à respecter ton ennemi.

Une victoire est une victoire,
pas une humiliation.

Regardez-moi ce que vous avez
ramassé comme prisonniers !

Vous croyez que ça fera honneur
à notre section ? Sincèrement ?

Deux, deux, deux, deux.

Section, halte !

Monsieur, s'il vous plaît.
C'est des combattants que je veux.

C'est comme ça que je vous aurai.
À la loyale.

Dufour, écoute-moi bien :

Tout à l'heure, t'as eu
un sursaut d'orgueil, ça m'a plu.

On va jouer cartes sur table,
tous les deux.

J'accepte le principe du rendez-vous,
seulement, c'est moi qui le donne.

Ce sera pas dans un mois,
ce sera demain soir, vu ?

Un handicap de 24h.
24h de sursis.

24h pour cavaler.
Hop, hop, hop !

J'aime bien sentir que l'ennemi crapahute,
pendant que je suis sur ses talons.

La chasse, c'est ça qui m'excite.

Faire courir le Kanak.
Le traquer jour et nuit.

Sentir sa pisse dans les fougères.

Arriver sur des traces encore chaudes.

Ils ont pas encore eu leur dose de suée.

Ils sentent encore trop l'after-shave.

C'est trop tendre.
Trop frais.

Ça manque de kilomètres au compteur.

Ce qu'il faut, c'est qu'ils
soient bien roustonnés.

Caramélisés dans leur jus.

Al dente !
Qu'en en croque !

Putain, ça me fait mouiller de penser que
demain à la même heure, je vais m'en taper un.

Lequel ?

Tu vois, Dufour,
c'est ton copain qui me plaît.

- Comment tu t'appelles ?
- Albert.

Albert.

Ben tu peux lui dire à Albert,
que demain, il y passe.

Là-dedans, chez le pitaine.

Ah non, merde !
Pourquoi toujours ma gueule ?

Je suis pas le seul !
Y en a d'autres.

Et des beaucoup mieux que moi !
Y en a marre, à la fin !

C'est vrai, c'est toujours les mêmes !
Pas d'accord !

Dès qu'un type a le malheur
d'avoir un peu de charme, allez hop !

Avec une arme, en plus ?

Moi aussi, je pourrais te foutre
la trouille si j'avais un...

C'est facile.

Seulement, y a un truc beaucoup plus
dur, c'est de nous plaire, de nous séduire.

Qu'on ait envie
de se retourner sur votre passage.

Mais j'aime autant vous dire que c'est pas
en vous boudinant dans des tenues léopard

et en vous parfumant avec Djebel de chez
Pigeard qu'on va vous inviter pour un tango.

Hein Paul, on aime bien
le décolleté dans le dos.

Le long fume-cigarette.
Ça nous trouble.

Mais le côté "une, deux, une deux",
ça nous la coupe.

Tu ferais mieux de pas trop fatiguer ta langue,
parce que tu risques d'en avoir sacrément besoin !

Et pas pour faire un discours demain soir.

Mais tu crois tout de même pas
que je vais bander pour tes médailles !?

Écoute-moi bien, Albert,

quand je te choperai, tu feras
pas long feu, c'est moi qui te le dis.

Trouble ou pas trouble, tu décalotteras.

Le doigt, la trique et crac !
À mon drapeau !

Et rigide.
Sinon, c'est la gégène.

Les électrodes au cul, mon petit père.
Très érogène, le trou du cul.

Et pas d'éjaculation précoce avec moi.

On me l'a trop fait,
ce coup-là. Tu m'attendras.

Tu me feras goder.
Tout dans les lombaires, en souplesse.

Tu lui diras des mots dans le cou
à ton pitaine, j'en suis sûre.

Après, je te file à mes mômes.
Et je m'envoie en l'air avec Dufour.

Allez hop, du balai !
Dégagez la piste !

Eh, vous paluchez pas trop !

J'en peux plus, Paulo.

J'ai la tête qui tourne, les oreilles
qui sifflent. Je suis au bout du rouleau.

Respire fort.
Ça va passer.

Ce qu'il faudrait, c'est que je mange.
C'est ça qui va pas.

Manger, sinon je vais m'évanouir.

Je demande pourtant pas grand-chose.

Juste un morceau de pain.

Avec un petit bout de fromage.

Si tu continues à me parler bouffe,
je te fous mon poing sur la gueule !

3 jours.

3 jours sans becqueter.
Même pas un oignon.

Je t'avais prévenu.

Tu sais ce que t'es ?
Un misogyne.

Bois un coup !

Jesus, Marie, Joseph !

Un petit rosé du coin.
Sans prétention.

Sans aucune acidité.

Vous mangerez bien un morceau !?

Ce serait avec plaisir, mais on est
attendus au village pour déjeuner.

Un peu de persillé,
ça n'a jamais coupé la faim.

Santé !

Solide.

Fais gaffe, on a été drogués.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Qu'ai-je entre les jambes ?

Dites-moi la vérité, docteur.
Je préfère savoir.

Faut opérer.
Enlevez-moi ça !

- Faut couper !
- Surtout pas, non !

Ça me tire vers le plafond.
Tenez-moi, je monte.

- Détendez-vous.
- Je ne veux pas partir.

Là. Là.

Pas la peine de courir.
Y en aura pour tout le monde.

Pas de panique.
C'est pas les soldes.

Poussez pas, bordel, ou je vais cogner.

C'est pas croyable ce qu'elles
peuvent avoir le feu au cul !

Les 2 triqueurs,
je voudrais pas être à leur place.

Ralentissez les envois, s'il vous plaît.
Je n'y arrive plus. Je suis débordée.

- Amar, Dominique.
- Letouze, Adrienne.

- C'est pas des cheveux bruns que vous avez là.
- Je me suis fait décolorer.

- Et pourquoi ça ?
- Ils me plaisaient pas.

Et maintenant, ça va mieux ?

- Ce serait pas une perruque, des fois ?
- Non, madame.

Attention, des resquilleuses,
on en déjà coffré 15 depuis hier.

- Vous avez déjà eu des maladies vénériennes ?
- Non, jamais.

Vous passez dans la cabine
et vous pissez dans ce verre.

Allons mesdames, dépêchons.

On enlève tout.
Absolument tout.

S'il vous plaît, madame.
Je pourrai garder mes lunettes ?

Négatif.
Pas de lunettes, pas de bijoux. Rien.

Mais j'y vois rien.
Je suis complètement miro.

Y a rien à voir. D'habitude,
ces trucs-là, ça se fait dans le noir.

- Et si je me perds ?
- T'as qu'à suivre le mouvement.

C'est tout droit. Quand tu vois
un arbre, tu grimpes.

- C'est bientôt fini, oui ?
- Y a mon rimmel qui se débine.

Ils s'en foutent de ton rimmel.
Ils sont pas en état d'apprécier.

- Ils se taperaient n'importe quoi.
- Que fais-je avec la carte ?

Tu la gardes ! Si on te donne une carte,
c'est pas pour des prunes !

- Qu'est-ce que ce paquet ?
- Du chocolat.

Il est strictement interdit de
donner à manger aux hommes.

Mais je peux pas arriver les mains vides.

C'est pas mon genre,
de m'allonger de but en blanc.

Faut quand même qu'il se passe
quelque chose, un peu d'affection !

Est-ce que j'en ai, de l'affection ?

- Comment va le cur ?
- Rien à signaler.

- Tension ?
- 11,2

- Température ?
- 36,8.

- La prostate, ça va ?
- Calme.

- Et la queue ?
- Une légère baisse de rigidité.

- Combien ?
- 2 DIN.

- C'est pas tragique. Longueur ?
- 39. On a perdu 2 centimètres.

- Diamètre ?
- Ça tourne autour de 5,3.

- Comment va le vôtre ?
- On se maintient, c'est pas la grosse forme.

- On va monter les vasodilatateurs.
- On en est déjà à 38 gouttes.

Passez à 40.

Forcez un peu sur les acides aminés,
pendant que vous y êtes.

Ça peut pas leur faire de mal.

Triquard, Marie-Madeleine.

A baisé !

Merci, madame.
Merci, madame.

Gondinet, Francoise.

A baisé !

Excusez-moi, mais ça valait vraiment pas la
peine de faire 6h de train. Debout, en plus.

Allons-y, mesdames.

On n'hésite pas à frotter.
Faut que ce soit nickel.

Et on bâcle pas, s'il vous plaît.
On va dans les coins.

Ce serait pas possible
d'avoir un peu d'eau chaude ?

Et quoi encore ?
Pourquoi pas du lait d'ânesse ?

On est vraiment traitées comme des putes.

Merde, bon sang !
Mon Dystir !

- Bericard, Odile.
- Guillaume !

Mon Guillaume !

Allons madame !
En place, ne perdons pas de temps !

C'est Dilou qui est là.
Ta Dilou.

Je t'avais apporté un beau 4-quarts.
On me l'a confisqué.

Il vous reste 2 minutes,
madame. Allons-y.

Vous permettez que
je lui dise bonjour, oui ?

Je vais pas lui sauter dessus comme ça
alors que ça fait 2 ans que je l'ai pas vu.

- 1 min 30, madame.
- Ça veut dire quoi ? On prend pas le train.

1 minute.

Ça alors !
Guillaume, dis quelque chose !

Guillaume, tu m'entends ?
Explique-leur.

A baisé.

Mais non, je l'ai pas baisé.
Pas d'accord !

J'ai rien senti.
Y a pas eu pénétration.

Raymone, Marie-Agnès.

Non, mademoiselle.
Pas par ici, c'est occupé.

J'ai prévenu.
Sans mes lunettes, je vois rien du tout.

Par ici, mademoiselle.
Venez. Sur ce lit.

Dans l'autre sens, voyons !

Voilà.

Approchez-vous encore un peu !

- Oh, c'est énorme.
- Oui. Vous y êtes.

Accrochez les poignets.
Ça vous permet un meilleur travail.

Allez-y doucement, maintenant.

Bougez, maintenant.

À la bonne heure !

Non, je veux pas y aller !

Bechon, Geneviève.

Non, je veux pas y aller.
Non !

Oh hisse !

- Ça te dirait rien de tirer un petit coup ?
- Dans ces conditions-là ? Non merci.

Moi ce que j'aime,
c'est qu'on me prenne sauvagement.

Chef ! La rigidité
tombe à 60, 50, 40.

- Le mien commence à baisser des bras.
- J'ai un testicule qui remonte.

- Longueur : 35 ; 33 ; 31.
- Diamètre : 4,9 ; 4,8 ; 4,7.

L'encéphalogramme est plat.
On va en faire des demeurés.

- T'en as pas marre de surveiller des cailloux ?
- Ta gueule.

- Encore une marmotte ?
- Fais pas le con, c'est un gonzesse !

- Tu me fais le coup tous les jours.
- Regarde !

Là, regarde si c'est pas une gonzesse !

- Des marmottes.
- Des marmottes ?

T'as encore plus la trouille que moi.

Tu fais tellement dans ton froc
que tu préfères nier l'évidence.

Tu refuses de voir.

Tu te réfugies derrière ta cataracte.
C'est pratique.

En attendant, moi je mets les bouts.

- Je veux pas retourner en enfer.
- Y a que des marmottes, je t'ai dit.

- Vraiment, t'es complètement gâteux.
- Moins gâteux que toi. Tu t'es pas regardé.

Fais gaffe, parce que j'ai encore
la force de te mettre le nez dans ton caca.

Mon caca sent moins mauvais que le tien !

T'es vraiment chiant
comme genre de mec à suivre.

Ça va réveiller ma sciatique,
tes conneries !

Gna gna gna !
C'est pas le moment de gémir !

Heureusement que je suis là
pour ouvrir l'il.

Dès qu'on se repose un peu, crac !
Elles arrivent.

Y a pas de repos pour nous.
C'est perpète.

Parce que tu t'imagines que tu les
fascines encore ? Laisse-moi me marrer !

C'est fini, mon vieux.
Elles nous ont pompé toute la moëlle.

On les intéresse plus.

Ne crois pas ça. Tu les connais pas.
Elles ont plus d'un tour dans leurs ovaires.

Elles sont encore capable de nous filer
un greffon entre les pattes.

Ou de nous injecter
des cellules de taureau.

Arrête tes conneries.

C'est marrant, on dirait des poils de cul.

T'as vu le sol ?
Il est tout mou.

Quelle chaleur !
J'espère qu'il n'y a pas de serpents !

Fais gaffe, ça glisse !

- Albert !
- Paul !

Aide-moi.
Sois pas vache !

Je t'avais dit de faire gaffe.
Ça va ?

- Tu parles d'un bled !
- Tiens-moi la main.

Merde, on dirait une grotte.

Eh, regarde la grotte.

Alors, fais gaffe.
Ça glisse.

Une drôle de grotte.

- Y a du monde.
- Bouge pas, toi !

Vous avez entendu ?

Qui va là ?

Français !

- Vous avez du tabac ?
- Ouais !

Approchez.

Les mains en l'air.

Jetez vos paquets de tabac.

Qui c'est qui chante ?

- Y a une femme, là ?
- Oui.

- Où elle est ?
- Tu peux pas la voir.

- Mais pourquoi ?
- Parce que t'es dedans.