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T'en fais pas.

Le premier jour, j'ai oublié
tout ce que j'avais appris en cours.

- C'est vrai ?
- Je t'assure.

C'est toujours difficile,
même si on est bien formé.

On n'est jamais à l'abri
d'un truc totalement imprévisible.

D'ailleurs,
j'ai une anecdote assez marrante.

Vas-y.

Salut.

- Tu la connais ?
- Nate.

Salut.

- Jessica.
- Allez, je vous la raconte.

C'est ma 1re semaine ici,
je suis de portail.

C'est-à-dire ?

Les gamins sont libres de partir.
T'essaies de les convaincre de rester.

T'as fait vite.

- C'est vrai. Bonjour.
- Nate,

voici Grace, ta nouvelle chef.
- Enchantée.

- De même.
- Tu devrais enlever ta cravate.

Et sache que Mason

raconte des histoires
totalement farfelues.

Pisse pas dans l'eau du bain.

C'était calme, cette nuit.

Grace, ma nouvelle chef
merveilleuse de l'époque,

me laisse au portail 3 heures
sans pause toilettes.

Et j'en peux plus,

vu qu'on nous a servi des tacos
et qu'elle a omis de mentionner

leur effet laxatif.

Sur ce, un gamin de 16 ans,

une putain de baraque
d'une tête de plus que moi,

se pointe
et passe tranquillement le portail.

C'est mon 2e jour.

Je suis largué.
Grace, qui est plantée là,

ne bouge pas.

En tout cas,
je vois Mason d'un côté du portail

et Wesley de l'autre,
qui jubile se sachant intouchable.

Pourquoi ?

A l'extérieur, on peut pas les toucher.

Elle me dit de le suivre,
ce que je fais.

Pendant des heures,
je marche 2 m derrière lui.

Il monte dans un bus, moi aussi.

A ce stade, je suis obnubilé

par l'effet de ces tacos
sur mes intestins.

Je décide donc

de foutre le camp au prochain arrêt
pour ne pas me faire dessus en public.

Pile à ce moment-là, Wesley

penche sa grosse tête vers moi
et me sort très calmement :

"Je descends au prochain.

"Si tu me suis, je t'arrache les couilles
et je te les fais bouffer."

Oh, putain !

Totalement farfelues.

C'est vrai, j'y étais.

Ah ouais ? T'es sûr ?

Le bus s'arrête, il descend.

Je m'avance vers la porte.

Il m'attend sur le trottoir, à 3 m,
les yeux braqués sur moi.

Mais j'ai pas le choix.

Je descends donc, et à l'instant
où je pose le pied à terre,

c'est comme si un nœud dans mon fion
se défaisait.

Mon estomac en feu
se déverse sur mes jambes.

Je suis comme un con avec la merde
qui gicle sur mes cuisses et bousille

mes baskets.
- Et Wesley est là,

plié en deux, mort de rire.

Faut le voir se marrer...

C'est parti, Nate.

Amène-toi !

Vas-y.

Sammy !

Lâchez-moi, gros pervers !

Nate, attrape ses pieds.

On va attendre un peu
que tu décompresses.

Décompresse, mon cul,
enculeurs de canards.

Je connaissais pas celle-là.

T'as l'habitude, Sammy.
Ça va passer.

Ça va mieux ?

Je crois que t'as battu
ton record de distance.

Enfin bref, suite à ça,

il m'a suivi
rien que pour pouvoir raconter

que j'avais fait dans mon froc.

Tout le monde l'a su.
C'est même remonté jusqu'à ma mère.

On te l'a racontée ?

Ça se passe bien ?

D'enfer !

La crise est passée, Sammy ?

Tu veux aller te reposer ?

On se relève.

On se voit dans le bureau.

Bienvenue au foyer.

STATE OF GRACE

Les dossiers des gamins
avec les horreurs qu'ils ont subies.

Ils restent longtemps ?

Normalement moins d'un an,
mais parfois un peu plus de trois.

Le temps que le comté
décide où les placer.

Tom, va te brosser les dents.

T'es ni leur père

ni leur psy,
t'es là pour fixer un cadre sécurisant.

Entendu.

Ils vont te tester, au début.
Dis non dans un premier temps.

Non.
D'accord.

Tu pourras être sympa après.

Ça va aller.

Rassemblement dans 5 minutes.

Luis, traîne pas.

Des menaces ?

T'as 5 secondes.

T'as pas les couilles.

Je t'ai déjà dit de pas la chercher.

Moi aussi, je t'aime.

C'est pas cool.

Kendra, tu fais la secrétaire ?

O.K.

Merci.

L'assemblée est ouverte.

Des annonces ?

Pas d'annonces ?

Qu'est-ce qui se passe ?
Vous avez tous l'air amorphes.

Tu leur as fait quoi ?

Je sais pas.

J'ai lâché un pet dehors,
il a dû me suivre.

Tu t'es rechié dessus ?

C'était pas un pet foireux, merci.

D'ailleurs, c'est arrivé une fois

et t'étais même pas ici.

Ça reste drôle.

C'est bon ?
C'est la troisième fois ce matin.

Elle est bonne.

C'est vrai.

J'ai une annonce qui n'a rien à voir
avec ces histoires scato.

Comme vous devez le savoir,

Marcus va avoir 18 ans et nous quitter.

J'aurai sa chambre ?

On va fêter ça la semaine prochaine.

Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

Me raser le crâne.

Je parlais de la nourriture.

Je veux pas de nourriture.

Je veux me raser la tête.

Entendu.

Tant que je tiens le rasoir.

Les autres, pour la fête de Marcus,
vous voulez manger quoi ?

Un à la fois.

Luis, merci de lever la main.

C'est qui le type zarbi ?

C'est Nate.

Soyez pas vaches avec lui,
c'est son 1er jour.

Tu veux te présenter ?

Volontiers.

Salut.
C'est dit, je m'appelle Nate.

Je fais une pause d'un an
dans mes études

pour être sur le terrain

auprès d'enfants défavorisés.

- C'est quoi, ces conneries ?
- Du calme.

- Non, vas-y.
- T'entends quoi par "défavorisés" ?

Je voulais pas dire ça.

Alors, réfléchis
avant d'ouvrir ta gueule, le nouveau.

Va dans ta chambre.

Va dans ta chambre.

Je suis désolé.

Désolé.

Niveau et sentiment général.
A vous.

Vas-y, Luis.

Vert. Bien.

- Argent. Bof.
- Jaune.

Je me sens bizarre.

Vert. Ça va.

Jaune. Enervée.

Foyer Short Term 12, Grace.

Maintenant ?

T'en penses quoi ?

De la nouvelle lampe.

C'est génial.
Elle s'allume et s'éteint au toucher.

Essaie.

Cool, non ?

On m'attend à une séance de groupe.
Tu m'accompagnes ?

D'accord.

C'est Jayden.
On vient de l'orienter vers nous.

Son père est un ami d'ami,
un type sympa, très cultivé.

Pourquoi elle est pas avec lui ?

Il a perdu sa femme
il y a quelques années.

Jayden lui mène la vie dure
depuis 2 ans.

Elle a été de foyer en foyer.

Elle a un comportement dangereux.

Elle a mordu le nez de son thérapeute.

Super.

On la garde la semaine,
elle rentre chez elle le week-end.

Entendu.

J'ai promis
qu'on s'occuperait bien d'elle.

Comme de tout le monde.

Je sais et je te fais confiance
pour bien t'occuper de Jayden.

Elle arrive quand ?

Elle est peut-être déjà là.

J'aime bien ton prénom.

C'est un prénom de mec.

Ah bon ? J'aurais pas cru.

Demande à Will Smith.

Tu peux pas garder ça.

On le met dans une armoire
et tu y auras accès.

Je sais. Pas de ceinture, rasoir,
ciseaux, ni de putain de liberté.

Ni de jurons.

Merde, j'avais oublié ça.

Je laisse passer celui-là
parce que c'était futé.

Viens voir ta chambre.

Et voilà.

Super accueillante.

Déco libre
tant que ça n'est pas indécent.

Pas de photos de pénis ?

Sauf si c'est scientifique.

C'est super bien fait.

C'est nul.

J'aimerais être aussi nulle.

Sors tes fringues avant de te coucher,
elles seront lavées.

Et...

la porte reste ouverte.

Je ne le fais plus.

Et si je veux me taillader,
ces conneries y changeront rien.

On a dit pas de jurons.
Tu descends d'un niveau.

Je descends d'un niveau ?
Mon Dieu !

Ton comportement n'aide personne.

- Qu'est-ce qu'il est devenu ?
- Qui ça ?

Le gars qui t'a fait faire
dans ton froc.

Wesley ?

Il a refugué et a été retrouvé mort.

C'est ça, la véritable fin.

J'aime pas cette partie-là.

Tu rentres pas avec moi ?

Ça va m'aérer.
T'as bien géré, Nate.

Merci.

A plus.

Ciao. A demain.

Grace ?

Suivez-moi.

Le test est positif.

Super.

Vous vous sentez comment ?

J'avais déjà fait
au moins 7 tests chez moi.

Alors, je suis pas vraiment surprise.

Vous avez plusieurs options
dont on peut discuter...

Je peux avoir un rendez-vous samedi ?

Vous ne voulez pas en discuter ?

Vous avez déjà été enceinte ?

Une fois.

C'est pas trop tôt, mon putois.

T'as encore cette toque stupide ?

Je la garderai toujours.

Tu fais quoi de bon ?

Comme tu me trompais avec ton vélo,

je me prépare des piments,
des tortillas et une sauce salsa maison.

On dirait qu'il y en a assez pour deux.

J'en doute.

Mase,

tu vas pas être jaloux de Floyd ?

Ton vélo a un prénom ?

On est très proches.

Tu lui trouves quoi ?

J'aime sa prise
et sa selle confortable.

Pas aussi confortable que la mienne.

C'est vrai.

Je vais me doucher.

Floyd m'a mise en nage.

Je déteste ce vélo.

Va te faire foutre, Floyd !

- J'ai fini le mien.
- O.K.

J'y suis presque.

T'es en train de tout changer
à la dernière minute.

Je suis nul en nez.

Bon. Toi d'abord.

La vache !

Les tiens sont toujours super.

Merci.

Mais j'ai l'air d'un S.D.F.

C'est un peu la réalité.

C'est quoi, ce truc-là ?

Ça ?

Le morceau d'avocat dans ta barbe.

Non ! Ça craint.

Il a pas bougé de là.

- Dégueu.
- Super soirée.

Merci de m'avoir rien dit.

Voilà le mien.

Prépare-toi à un choc.

Je me suis surpassé, je crois.

Allez.

C'est du lourd.

C'est du lourd !

Le nez est incroyable.

Je voulais faire un truc
en forme de champignon.

- C'est une barbe ?
- Non.

J'ai essayé de dessiner une ombre.
C'est assez réussi, non ?

C'est très joli.
Qu'est-ce qui sort de ma tête ?

Ça ? C'est des fleurs.

Elles représentent les pensées
si particulières de ton esprit magnifique.

Pourquoi t'es si gentil avec moi ?

T'es sérieuse, là ?

C'est facile.

C'est parce que tu es
la personne la plus étrange et la plus belle

que j'aie jamais rencontrée
de toute ma vie.

Quoi ?

Rien. Ça fait un bail
que tu m'as pas embrassé comme ça.

C'est pas vrai.

On n'a pas couché ensemble
depuis 9 jours et 13 heures.

A l'heure près ?

J'ai fait quelque chose ?

Non.

T'es formidable.

Alors, c'est quoi ?

Si tu t'ouvres pas un peu à moi,
je vais devenir dingue.

Tu le fais pour moi ?

Ça va ?

Tu veux pas que j'arrête ?

Arrête.

Arrête !

Merde !

Qu'est-ce que t'as, Grace ?

Votre attention.

Vous avez déjà dû faire connaissance
avec la nouvelle.

Jayden, tu veux te présenter ?

Soyez pas vexés
si je garde mes distances.

Je vivrai bientôt avec mon père

et les relations de courte durée
m'intéressent pas vraiment.

C'est pas contre vous.

Elle a l'air vraiment sympa.

Si elle veut être tranquille,
c'est son droit.

Vous voulez jouer à quoi à la pause ?

- Au whiffle ball !
- Non, sérieux.

C'est chiant.

Quand tu seras moins nul,
on pourra peut-être y jouer.

Fais gaffe, toi.

Ça suffit, tous les deux.

D'autres suggestions ?

Oui, Sammy ?

On peut jouer à gros et petit ?

C'est un vrai jeu
ou tu viens de l'inventer ?

Un vrai jeu que je viens d'inventer.

Je vois.
Tu me l'expliqueras plus tard.

En rang, s'il vous plaît.

Je vais fouiller les chambres.
A plus.

Salut, Nas.

Allez !
Vas-y, Shawnta, vas-y !

Cool, du baseball.

C'est parti !

Tu l'as !

Sammy,

va la chercher.

Cours, Shawnta !

Allez, Sammy !

Tu trouves ça nul ?

Quoi ?

Tu trouves ce jeu nul ?

J'aime pas transpirer.

Rapproche-toi, Connor,
Marcus va pas la toucher.

Tu veux pas la grosse batte,
t'es sûr ?

Prise !

- Et d'une.
- Y a pas prise.

Elle est nickel, bouffon.

C'est trop dur ?

Vas-y, continue de jacter.

Tu viens sauter à la corde ?

Non.

Désolé. On n'est pas censés...

On parlait pas de ça.

Tu me fais écouter ?

Troisième prise, on change.

Ta mère a hâte de te voir, non ?

Marcus !

T'as dit quoi sur ma mère ?

Ça va pas, non ?
Va t'asseoir.

Emmenez Luis plus loin.

- Ça va ?
- Je gère.

- Luis, viens.
- T'as mal où ?

Viens t'asseoir deux minutes.

Tu te sens comment ?

Pas terrible.
C'était complètement dingue.

Ça arrive souvent, ces bagarres ?

Nate, c'est pas à toi
que je pose la question.

Ah oui. Pardon.

Ça va ?

A quoi tu joues, bon sang ?

Coups et blessures,
détention de stupéfiants.

C'est assez pour aller en taule.

Je m'en branle.

Tu sors d'ici dans 8 jours.

T'es bien plus malin que ça.

- Ça fait peur de sortir...
- J'ai pas peur.

En tout cas, être envoyé en taule,

c'est pas une bonne idée.

Mon père y est depuis 10 ans.

Je veux pas que tu vives ça.

Va dans ta chambre.

Les corvées d'abord, la détente après.

Qu'est-ce qu'il a ?

Il veut pas partir.

Je vais lui parler ?

Bon, je vais aller servir
de punching-ball à Marcus.

Amuse-toi bien.

T'as de nouvelles paroles ?

C'est plein d'insultes.

Je cafterai pas.

En gros, c'est ça.

Voyons voir.

Comme ça ?

A quoi bon, maintenant ?
Bientôt 18 ans

Les belles images dans ma tête
ont toutes foutu le camp

Quand je pense à ma daronne

J'ai la gerbe,
elle est tarée, cette conne

Ta mère et la douleur, envoie-les chier

Tu dérailles,
tu vas finir dans le fossé

Tu te prétends maman, mais putain

C'est aux forceps
qu'on m'a sorti de ton vagin

Tu sais quoi ?
Tu feras plus la loi

T'obliges ton gosse
à dealer pour l'oseille

T'es plus froide
qu'un jour sans soleil

Les coups pleuvent
et t'oses prétendre m'aimer ?

Encore ? Encore ?
Je dois encore dealer ?

J'ai 10 ans, bordel, laisse-moi jouer

Tu te dis mère,
toi, la chérie de ton père

Je dis O.K., je l'aime
et je refourgue la came

Va te faire foutre,
je suis plus fort que toi

Va te faire foutre,
je frappe plus fort que toi

Va te faire foutre,
j'ai pas le choix, tu sais

Pour moi, t'es déjà dans le fossé

Complètement paumé,
bientôt 18 ans

Les images dans ma tête
foutront jamais le camp

Je rêve de vivre un truc
hors du commun

Mais on sort pas de la merde
un beau matin

Catalogue-moi
et tu sauras ce que c'est

Que de vivre sans savoir
ce qu'une vie normale est

Etiquette-moi
et tu sauras ce que c'est

Que de vivre sans savoir
ce qu'une vie normale est

Regarde-moi
et tu sauras ce que c'est

Regarde-moi
et tu sauras ce que c'est

Regarde-moi
et tu sauras ce que c'est

Que de vivre sans savoir
ce qu'une vie normale est

Je sais pas quoi dire.

Y a pas de blème.

Je veux juste me raser la tête.

J'aurai quand même le droit ?

J'aime bien ta déco.

Merci.

Elles sont très instructives.

Je peux dessiner avec toi ?

Quand j'avais 9 ou 10 ans,

je dessinais les portraits
des mecs de ma mère.

Et je les lui revendais 10 $ pièce.

Elle a eu combien de mecs ?

Assez pour que je puisse me payer

une chaîne portable
avec protections antichocs.

T'es vieille.

A l'époque, c'était cool.

D'ailleurs, c'est bizarre.

Chaque fois que je dessinais
le portrait de ces types,

ça prenait un temps fou.

Trente ou quarante minutes,
ça n'en finissait plus.

"Je dois rajouter quelques ombres.

"Je corrige le nez..."

Je sais pas pourquoi.

Je les détestais tous sans exception.

Ça les tenait à l'écart de ta mère.

Oui.

Peut-être.

T'as fini ?

Je dois rajouter quelques ombres
et corriger le nez.

T'es vraiment pas con.

Tu descends d'un niveau.

C'est pas vrai !
Je descends d'un niveau ?

J'espérais faire un baby-foot.

Dommage.

J'ai fini.

Tu veux jeter un œil ?

Ça rend chouette, Marcus, regarde.

Y a des bosses ?

C'est-à-dire ?

Je laissais pousser mes cheveux,

parce qu'elle me frappait là.

Y a encore des bosses ?

Non, vieux.

Y a rien du tout.

Juge par toi-même.

C'est lisse.

Et à l'arrière ?

Pas de cicatrices ?

Rien ?

Ça rend super bien.

Mason...

J'ai un truc à te dire.

Dis-moi.

On va avoir un bébé.

Quoi ?

On va avoir un bébé.

C'est vrai ?

Je reviens.

Oh, putain !

Tu sais qu'on y arrivera, hein ?

On va être des parents d'enfer.

Je t'aime tellement, Grace.

C'en est dingue.

Fais-moi voir.

Quoi ?

Ça se voit pas encore.

C'est un truc de dingue.

T'es au courant pour Sammy ?

Quoi ?

Ils lui ont pris ses poupées.

Son thérapeute dit
que ça va l'aider à lâcher prise.

Tu parles !

Elles étaient à sa sœur ?

Il est pas prêt.

C'est l'heure des médicaments, Sammy.

Je suis désolée, mon grand.

Jayden, tes médicaments.

Bien dormi ?

Super mal.

Tu peux dire au médecin
d'augmenter ma Trazodone ?

Je lui dirai.

Bon anniversaire.

Et...

Il y a ça, aussi.

Mason l'a fait.

Merci.

Ton père passe te prendre ?

T'es contente ?

Je m'en fous.

Shawnta, il y a quelqu'un pour toi
à l'entrée.

Salut, Shawnta !

Pourquoi

Et merde ! Tu les surveilles ?

- O.K.
- Nate ?

Jayden ?

Tu sais que la porte
doit rester ouverte.

Arrête de pousser sur la porte.

Jade, je suis désolée pour ton père.

- Pourquoi ouverte ?
- Par sécurité.

Je vais me tailler les veines, connards,
et vous serez tous virés.

- Allez, Jade.
- M'appelle pas Jade, pouffiasse !

Jayden, ouvre, s'il te plaît.

Ouvre et on te laissera tranquille.

Ouvre ou on va devoir forcer la porte.

Aide-moi.

Dégagez de ma chambre, enculés !

Attrape-la.

Plaque-la contre le mur.
Doucement.

- Un, deux, trois, on descend.
- Enculés !

Luis, assieds-toi.

Tu m'écrases, gros tas !

Et comme ça ?

Lâchez-moi !

Reste pas là, Grace.

T'es pas capable de me tenir les pieds,
pauvre fiotte ?

T'as besoin de l'autre conne ?

Tiens bon.

Ouais, tiens bon, Nate.

Désolé, mec.

Ça va aller, Jayden.

Ça va aller.

Je te déteste.

Je te déteste.

C'est pas grave.

T'es pas obligée de m'apprécier.

Attends que ça passe.

Ça va, Nate ?

Pas terrible.

C'est bien.
Continue comme ça.

Grace,

mon cupcake est comment ?

Elle va comment ?

Elle décompresse.

File-moi ça.

Une par personne.

Allez.

Tu veux voir les miennes ?

Putain !

J'ai éternué.

C'est allé trop profond.

Mon tendon a failli y passer.

Pourquoi ?

Ma mère est morte.

Je suis allée vivre chez mon père et...

Quand on saigne,
on oublie tout le reste.

Ce truc m'horripile.

Moi aussi.

Prends tout ton temps.

Passe une journée pas mal

C'est ta journée. Amuse-toi bien !
Ton amie Tracy

Joyeux anniversaire !

Souffle-les !

Vas-y !

Jayden !

Gros cul, gros cul, gros cul !

Gros cul, n°4.

N°4, n°5.

N°5, n°6.

- N°6, n°5.
- N°5, n°7.

N°7, gros cul.

Gros cul, n°9.

J'y crois pas ! Elle bosse ici !

Elle devrait avoir honte !

J'ai honte.

C'est pas grave.

On refait un tour.

Moins vite.
Vous avez pas le rythme.

Tu l'as dit !

Pas moyen d'avoir un ensemble.

Mase, t'es comme mon frangin,
mais côté discrétion, t'es discrédité

On t'a repéré,

t'arrêtes pas de draguer Grace
en loucedé

Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Je suis au portail si tu te tailles

Quand je suis arrivé,
vous avez cherché mes failles

Asseyez-vous, s'il vous plaît.

On a une fugue.

Jayden !

Grace !

Reste avec les gosses.
Je t'appelle.

Ça arrive. T'inquiète.

Ralentis, s'il te plaît.

Je vais dégueuler.

T'approche pas plus près.

Tu peux pas me toucher dehors.

Je peux t'accompagner ?

Fais ce que tu veux, j'y retournerai pas.

Je t'accompagne, alors.

Tu sais que t'es pas censée être ici.

Salut. On est chez son père.

Y a personne, je crois,
mais elle est entrée.

D'accord. Merci.

Il est pas là ?

Tu veux rentrer ?

Ça va ?

A demain.

Je peux te raconter une histoire ?

Bien sûr.

C'est un conte pour gamins
sans mots compliqués.

Il était une fois,

à des kilomètres
sous la surface de l'océan,

une jeune pieuvre appelée Nina.

Elle passait son temps seule,

à réaliser d'étranges créations
en coquillages.

Elle était très heureuse.

Mais lundi, le requin apparut.

"Comment t'appelles-tu ?"

"Nina", répondit-elle.

"Tu veux être mon amie ?",
demanda-t-il.

"Oui. Qu'est-ce que je dois faire ?",
répondit Nina.

"Pas grand-chose", dit-il.

"Laisse-moi
juste manger un de tes tentacules."

N'ayant jamais eu d'amis,
Nina se dit

que c'était peut-être normal.

Elle regarda ses 8 tentacules et jugea
qu'elle pouvait en sacrifier un.

Elle en offrit donc un
à son nouvel ami si formidable.

Cette semaine-là,

ils jouèrent ensemble
à explorer des grottes,

faire des châteaux de sable
et la course dans l'eau.

Le soir, le requin avait faim

et Nina lui donnait
un autre de ses tentacules.

Le dimanche,
après avoir joué toute la journée,

le requin dit à Nina
qu'il avait très faim.

"Je ne comprends pas", dit-elle.

"Je t'ai déjà donné 6 tentacules.
Tu en veux un de plus ?"

Il lui sourit gentiment et lui dit :

"Je n'en veux pas un.
"Je les veux tous."

"Pourquoi ?", demanda-t-elle.

Le requin répondit :
"Les amis sont faits pour ça."

A la fin de son repas,

le requin se sentit très triste et seul.

Il n'avait plus personne pour explorer
les grottes et faire la course.

Nina lui manquait énormément.

Il partit donc à la recherche
d'un nouvel ami.

Jayden ?

Ton père t'a déjà fait du mal ?

Il te fait encore du mal ?

Faut pas qu'elle retourne là-bas.

Ça n'arrivera pas.

T'as vraiment assuré, aujourd'hui.

Merci.

Mangeons !

Bienvenue à tous.

S'il vous plaît.

Je vais être bref, juste quelques mots.

Mais je vais les dire en anglais.

Je me suis déjà
assez ridiculisé comme ça.

J'aimerais simplement

vous remercier, maman, papa.

Je ne pense pas que quiconque ici

vous considère juste
comme une famille d'accueil.

Pour moi, ça ne veut rien dire.

Vous êtes ma famille, tout simplement.

Et je pense pouvoir au nom de tous
vous remercier

de nous avoir accueillis.

De m'avoir accueilli
quand j'étais qu'un sale gosse flippé.

Quand j'étais seul au monde,
vous m'avez montré ce que c'était...

que d'être aimé.

Aucun de nous ne serait ici sans vous.

Regardez quelle belle famille
vous avez fondée.

Levons nos verres aux rois de la fête.

A vos 30 ans de mariage !

Tout ce que j'ai réussi,
je vous le dois.

Santé.

Veux-tu m'épouser ?

T'es sérieux ?

On ne peut plus sérieux.

Qui s'amuse à appeler sur le fixe ?

C'est son fiancé.

Si ça concerne son père,

ce serait mieux
que je relaye le message.

Merde.

C'était qui ?

Un contrôleur judiciaire.

Ton père sera probablement libéré
le mois prochain.

Il faut vraiment qu'on discute.

Pas maintenant, Mason.

Ça va aller.
Ça me fera du bien de bosser.

Le poisson de Marcus
est mort cette nuit.

Quoi ?

Il pense que c'est un coup de Luis.

C'est le cas ?

Dis-moi que t'as rien fait
au poisson de Marcus.

Luis, réponds.

Je sais pas de quoi tu parles.

Je te jure.

Je suis sincèrement désolée, Marcus.

C'est pas Luis.

Ça a pas d'importance.

Je préfère être seul si ça t'embête pas.

Je suis là, si t'as besoin de moi.

Vous avez vu Jayden ?

Jess, où est Jayden ?

Chez son père, pour le week-end.

Pardon ?

Jack a donné son accord.

Putain, c'est une blague ?

Tu l'as laissée partir ?

Jan, je te rappelle tout de suite.

Son père

s'est excusé,
il a eu une urgence.

C'est pas le problème, Jack.
T'as lu mon rapport ?

Bien sûr et il m'a alarmé.

Mais Jayden a dit
à l'assistante sociale

que son père
ne l'a jamais maltraitée.

Evidemment, elle est pétée de trouille.

On vous apprend quoi à la fac ?

Dans sa tête,

ce type est derrière elle en permanence.

Quand elle dort, quand elle chie,
quand elle voit son thérapeute.

Il est derrière elle, prêt à bondir.

Tu crois qu'elle va le dire comme ça ?

Vous êtes cons ou quoi ?

Elle crie au secours et tu l'envoies
dans la gueule du requin.

Je vois bien que tu es énervée.

Mais crier n'est pas
la bonne façon de communiquer.

Ecoute, Jack.

Je m'excuse.

S'il te plaît, annule l'autorisation

pour l'instant.

Je la connais
et ça ne se passe pas bien chez elle.

Tu le sais
parce qu'elle t'a lu un conte ?

Joue pas à ça avec moi, Jack.

Je vis avec eux au quotidien.

Hier soir,
cette gamine s'est mise à pleurer

et à se confier à moi
à sa manière à elle.

Tu fais partie du personnel de terrain.

Les larmes, c'est pas à toi

mais aux psys de les analyser.

Dans ce cas,
tes psys sont nuls à chier.

- T'a-t-elle parlé de maltraitance ?
- C'était pas nécessaire.

Si je dois retirer cette enfant
à son père,

si, c'est nécessaire.

C'est des conneries.

Grace,

je bossais déjà avec ces gosses
que tu n'étais pas née.

Et je donnerais ma vie
pour chacun d'eux.

Leur regard triste me donne envie
de choper l'enfoiré responsable

et de le réduire en charpie.

Mais même si ce sentiment
m'habite chaque jour,

je sais que je ne peux pas
tous les venger,

soigner toutes leurs blessures

ni accuser tous les parents
d'abus sexuels.

Surtout pas des amis d'amis, pas vrai ?

Cette discussion est terminée.

Jan, où en étions-nous ?

Sammy ?

Marcus ?

Qu'est-ce que tu fais
dans la chambre de Luis ?

Luis ?

Quoi ?

Non. Merde !

Mason ! Quelqu'un !

A l'aide !

Luis, ta taie d'oreiller.

Donne-la-moi.

Dépêche-toi !

Marcus, regarde-moi.

Regarde-moi.

Ça va aller, mais regarde-moi.

Marcus, regarde-moi.

Qu'est-ce qu'ils foutent ?

Toujours pas d'infos.

C'est au-dessus de mes forces.

Grace ?

Où tu vas ?

C'est au-dessus de mes forces.

Très bien, on rentre.

J'ai la voiture.

Je ne veux pas rentrer à la maison.
Je parlais pas de ça.

Je sais qu'on a eu une journée de merde.

Mason,

t'as pas idée de ce que je traverse.

Alors, dis-le-moi.

Ça marche comme ça.
Tu m'en parles

pour que je t'aide,
au lieu d'en chier toute seule.

C'est pour ça que j'ai signé.

Mais je ne peux pas t'aider
si tu ne t'ouvres pas à moi.

Je ne peux pas.

Je suis désolée.

T'es désolée ?

Grace, t'es sérieuse ?

Je t'attends depuis très longtemps.

Je chéris chaque seconde passée,
parce que je t'aime comme un malade.

Mais j'attends

depuis 3 ans
que tu me fasses enfin confiance.

J'attends depuis 3 ans
que tu suives les conseils

que tu files aux gamins
toutes les 5 minutes

et que t'apprennes à te confier.

Tu peux pas faire ça pour moi ?

Quel que soit le problème,
tu peux m'en parler.

Je peux pas.

Je peux pas t'épouser.

Je peux pas avoir ton bébé,
je peux pas.

Je peux pas.

Tu veux faire quoi ?

Tu vas te faire avorter ?

J'ai déjà pris rendez-vous.

Fais ce que tu veux.

Moi, c'est terminé.

Qu'est-ce que tu fais ?

C'est un peu extrême, non ?

Tu deviens cinglée ?

Probablement.

Quand j'avais ton âge,

j'ai dû aller au tribunal
raconter à des inconnus

de quelles multiples façons
il me maltraitait.

Avec quoi il me frappait,

comment il se soûlait.

Comment il m'a obligée
à me doucher avec lui.

M'a mise enceinte.

Je l'ai envoyé en prison.

Je n'en ai pas parlé.

Je n'y ai plus repensé.

Jusqu'à ce que tu arrives.

A présent, je suis paumée.

J'ai un bébé dans mon ventre
et je suis complètement paumée.

J'essayais juste de t'aider.

Mon Dieu !

Son truc, c'est la ceinture.

Quel cliché !

Jayden, il faut faire quelque chose.

Lui exploser la tronche
à coups de batte dans son sommeil ?

Faut pas rester là.

Il dort comme une souche.

Maintenant, faut y aller.

Ils vont te poser des questions.

Ce sera pénible.

J'éviterai de mentionner
ton intrusion avec la batte.

Merci.

Tu seras une super maman.

Je lui ai dit que je ne rentrerais plus.

Que j'en avais marre de ses conneries.

Il a pété un câble.

Mais je m'en foutais.

Je suis désolée.

Je pensais pas ce que j'ai dit.

Je fais n'importe quoi en ce moment.

Marcus va s'en sortir.

Moi aussi, je crois.

Grace, je sais que c'est très difficile
pour vous de vous confier.

Mais c'est notre 4e séance ensemble.

J'aimerais vraiment que vous essayiez.

Je sais pas trop quoi dire.

Votre père va sortir de prison.

Vous voulez en parler ?

Ça va ?

Regardez le moniteur derrière moi.

Ça y est.

Le voilà.

Ne bougez pas.

Attendez une seconde.

Attendez.

C'est le cœur du bébé qui bat.

Tenez-vous bien, parce que
c'est une histoire démentielle.

Je vous jure qu'elle est vraie,
demandez à Grace.

Si tu la racontes comme il faut.

C'est obligé.
Cette histoire, c'est le pied absolu.

- Accroche-toi.
- T'arrives pile-poil.

Je commence au tout début.

Il y a 3 ans, on a une fille ici
qui s'appelle Liza Green.

Elle a 17 ans,
c'est l'aînée du groupe, à l'époque.

Et sans arrière-pensée vicelarde,
elle est très jolie.

Canon.

Les jeunes

lui courent tous après sans succès.

Elle étudie non-stop.

- Elle était très brillante.
- Oui.

Deux semaines
avant ses 18 ans et son départ,

un nouveau arrive, un mec de 15 ans.

Un vrai dur, silencieux mais cool.

Tranquille, le mec,

il observe de loin.

Franchement,
il a pas dit un mot la 1re semaine.

Un jour, en assemblée,
on demande qui a une annonce à faire.

Le mec en question lève la main,

il se tourne vers Liza Green et dit :

"Tu me connais pas,
je viens d'arriver,

"mais je t'ai observée.

"Je te trouve carrément fascinante

"et j'aurais aimé faire ta connaissance.

"Voilà."

Quel tombeur !
Elle a répondu quoi ?

Rien.

L'horreur.

Je vous dis pas le malaise.

Elle est partie sans lui parler,

et les autres
l'ont chambré pendant 1 an.

Les boules.

Il s'en foutait.

Ça lui coulait dessus.
Comme s'il savait un truc

et pas les autres.

C'est qui ?

C'était Marcus.

- On me l'a jamais dit.
- Le meilleur arrive.

Carrément.

On prend un café chez Ronny ce matin.

On entre et qui voit-on
tout seul à une table ?

Marcus.

Il va comment ?

- Bien.
- Super bien.

En chemise, il sirote un cappuccino.

- Marcus boit du cappuccino ?
- Apparemment.

Faut croire.

On lui demande de ses nouvelles.

Il nous dit qu'il bosse à l'aquarium,

combien il touche en pourboires.

Il compte s'inscrire à un cours
au prochain semestre.

C'est bizarre,
parce que c'est la première fois

que Marcus est aussi bavard
depuis que je le connais.

Je me demande

si c'est l'excitation de nous voir,
le stress...

Et là, je remarque
un autre cappuccino sur la table

et une chaise vide à côté de lui.

Et comme au cinoche,

la porte des W.-C. s'ouvre

et Liza Green en sort.

C'était un rencard ?

Genre le 5e.

Et dès que

Liza s'assoit, il pique un fard
et ne sait plus où se mettre.

C'était trop mignon.

Grave.
J'ai failli me pisser dessus.

Ils rayonnaient tous les deux.

C'est clair. Et ils...

C'est reparti !