All language subtitles for La part du feu 1978 FRENCH 1080p WEBRip x264-VXT8_French

[mélodie inquiétante]

[mélodie inquiétante]

[pas]

[une femme rit]

[la femme rit fort]

[homme] Oh, Catherine, tu as vu l'heure ?

- Oh, je m'en fous !
- Son avion arrive dans 35 min.

Mais toi, tu restes, si tu veux.

Non, faut que j'y aille aussi.

Avec moi, à Orly ? [il pouffe de rire]

Pour qu'il nous voie ensemble ?

[Catherine] Mais non, à la maison,
pour que je prépare.

- Ce sera une grande soirée ?
- Pas spécialement, mais tu connais Bob.

Allez !

[Catherine gémit]

[homme] Y aura qui ?

[Catherine] La petite mafia habituelle.
Le député à tout faire,

de Warnier, ces dames…
Où est ton briquet ?

[homme] Sur la table, à côté.

En veston ou en smoking ?

Pendant que tu y es,
tu me passes le cendrier, s'il te plaît ?

C'est en smoking ?

Veston.

[le chat miaule]

Ne faites pas cette tête-là.

J'ai pris l'avion plus tôt.

Désolé que tu te sois bousculé pour moi.

Qu'est-ce que tu fais ici ?

Hm ?

Je t'ai évité une contravention,
je viens de mettre un ticket.

Tu vas attraper froid.

Va te rhabiller, quand même.

C'est à toi le chat ?

- C'est une compagnie…
- [l'homme ricane]

Bon… Tu es prêt ?

- Oui.
- Bah on y va.

- Où ?
- Tu verras.

[homme] On va pas attendre Catherine.

Allez, viens.

- Où m'emmenez-vous ?
- Au bureau.

Ce n'est pas la direction.

Tu crois ?

Tu as peur de salir tes souliers ?

Ça fait longtemps que j'avais envie
de monter avec toi.

C'est le règlement.

Au cas où tu voudrais te balancer
du 30e étage, je veux pas d'ennuis.

Je croyais que nous allions au bureau.

Viens.

Je préfère vous attendre ici.

Qu'est-ce que tu as ?

Rien.

Viens.

Tu te souviens
de notre première rencontre ?

Ici, y avait un jardin.

Selon qu'on pouvait y construire ou pas,
il valait une fortune ou rien.

Vous savez bien
que je n'ai jamais vu le terrain.

Non, je te demande

si tu te souviens de la première fois
où j'ai frappé à la porte de ton bureau ?

À la Préfecture, porte C,
escalier 4, je crois.

Je me rappelle très bien.

- Moi aussi.
- Tu regrettes, hein ?

Non, mais j'en suis pas fier pour autant.

Y a prescription !
Qu'est-ce que je te demandais ?

Un certificat d'urbanisme m'apprenant,
ô désolation,

que cette parcelle serait frappée
de non aedificandi.

Plus question d'y empiler deux briques !

La preuve.

[Bob] Tout le monde peut se tromper.

Ça change de ces fonctionnaires

qui accordent des permis de construire
à tire-larigot.

Toi, tu me l'as refusé, c'est moins grave.

Sauf pour le type
qui vous a vendu le terrain.

De toute façon, il est mort.

Tu te décides ?

Pas trop peur ?

Un peu le vertige, c'est tout.

À quoi voulez-vous en venir ?

Patience…

De quoi est mort le type ?

Qui ?

Celui qui cultivait ses choux,
là, juste en dessous.

J'en sais rien.

De rage, quand il a appris la vérité.

Tu y penses, de temps en temps ?

Le moins souvent possible.

Tu as tort.
Il faut savoir à quoi ont tenu les choses

et d'où on vient.
C'est ce qui donne son prix à la réussite.

Je sais ce que je vous dois.

Non, pas avec moi.
Les beaux sentiments, laisse ça à…

À ceux qui grouillent en bas,
les larves…

Les gens normaux.

Viens.

Viens.

Avoue que ça fait quelque chose.

- Si vous voulez qu'on s'explique…
- Qu'est-ce qui te prend ?

Oh non, mon petit vieux !

Catherine te plaît, bravo !

Autant toi qu'un autre.

Je t'assure qu'ici,
les histoires de cul…

Pourquoi m'avoir obligé à vous suivre
après m'avoir dit qu'on allait au bureau ?

Nous y sommes. Presque.

Une fois la tour centrale terminée,
ça va aller vite.

Dans six mois, nous nous installons.

Reconnais que ça valait la peine,
l'escalade !

Il est six heures, faut redescendre.

Vous avez du feu ?

Oh !

Il était moins une !

Il s'appelle reviens !

Et si je vous demandais
de venir le rechercher ?

Moi, j'y vais, mon vieux.
J'ai commencé comme toi !

Remets-toi.

Ce genre de type n'a pas le vertige.

Il est dans le vide
comme toi sur un trottoir.

Il a de la chance.

T'as trop d'imagination.
C'est comme ça qu'on se casse la gueule.

On redescend, ils vont couper le courant.

Un instant. Regarde une dernière fois.

Pour en arriver là dans la vie,
tous les moyens sont bons.

N'importe lesquels, tu comprends ?

- Non, pas très bien.
- Mais si !

Depuis que je te connais,
tu as le même défaut.

Ne pas assez réfléchir avant
et croire qu'il suffit de regretter après.

Ça doit faire partie de ton charme.

[conversations mêlées]

Ce n'est pas que je sois contre les Noirs,
mais ils ont une odeur.

C'est vrai… Vous avez remarqué ?

Je manque un peu d'expérience.

Je n'ai eu que des Bretonnes.

Vous avez bien de la chance.

J'ai dû lui donner ses huit jours,
ce n'était plus tenable.

[femme] À ce point-là ?

Vous avez vu que L'Instant a publié
le dernier article

de sa série sur les scandales
des champs de courses ?

William, tu ne lis pas ce torchon ?

Seulement chez le coiffeur, ma chère.

Non, vraiment, merci.

Comme il se fait un rinçage par semaine,
il ne rate pas un numéro, notre banquier.

- [rires]
- Je m'informe.

Si on peut dire…

Ce Delbaut n'écrit que des mensonges,
il ne respecte rien.

[Bob] Ni le pouvoir, ni l'argent…

Pas même la classe ouvrière. Non merci.

Où allons-nous ?

Dans les prochaines semaines,
leurs numéros

seront consacrés à l'immobilier.

On me l'a dit, oui.

[Bob] Qu'il vienne.

[femme] Ce serait un comble
qu'il s'en prenne à vous.

On pourrait aussi s'en passer.

Ce journal devrait être interdit.

Oh… Peut-être pas très démocratique.

Si ça continue, ils nous dégoûteront
de financer du logement social.

[femme] Je l'ai toujours dit.

Vous donnez à ces gens-là le confort,
la salle de bains, le chauffage,

et ils votent communiste !

C'est pourtant vrai, quand on y pense.
Ils sont ingrats !

Bon, on va passer… Hein, ma chérie ?

Pourquoi êtes-vous partis ensemble ?

- Quand ?
- Tout à l'heure, chez toi.

- Il a voulu aller au chantier.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Rien.

Ma chérie, tu voudrais bien offrir
des cigares à William, s'il te plaît.

Tout de suite.

Essaie de la calmer.

Oh, ceux que je préfère !

On ne se refuse rien.

- Je les ai rapportés de Genève exprès.
- C'est vrai, il a fait l'aller-retour.

- Très gentil, je vous remercie.
- Tenez.

Non, merci, je fume déjà trop.

Bob est un prince. On formule un souhait,
il est réalisé le jour-même.

Je suis payée pour le savoir.
Mon clip, là… Il est beau !

- Bob me l'a offert…
- Pour votre anniversaire.

Pas du tout ! C'est quand Édouard
vous a obtenu la dérogation.

Elle dit n'importe quoi.
Vous feriez mieux de vous repoudrer.

- Je brille ?
- Non, mais ça pourrait venir, là.

On demande M. le Député au téléphone.

Prenez-le dans mon bureau,
je vous montre le chemin.

- Gisou, vous venez faire un bridge ?
- Volontiers !

Asseyez-vous, je ne joue pas.

- Je décroche ?
- Non. Vous signez.

C'est ça que vous êtes allé faire
à Genève ?

Oui. Ça ne regarde pas William.

Tenez, voilà.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Votre argent.

Le reçu que m'a remis la banque
au dépôt de l'argent sur votre compte.

- C'est bien la somme convenue ?
- Oui.

Vous allez me donner deux signatures.

- C'est nécessaire ?
- Écoutez, Édouard.

Les comptes chiffrés, c'est pratique.
Les banques suisses, c'est discret.

Ils ignorent votre nom
mais si vous devez retirer quelque chose,

faut bien qu'ils aient un spécimen
de votre signature.

La vôtre est illisible.
Ne craignez aucune indiscrétion. Là.

Oui.

Et une autre là.

C'est la procuration totale
que votre femme devra dater à votre décès.

- Charmant.
- Il faut ce qu'il faut.

Qu'elle ne me remercie pas en public.

Je vais dire à Jacques
de porter ça à la banque demain.

Ni vu ni connu,
vous n'avez pas mis les pieds à Genève.

- Ce n'est pas imprudent ?
- Quoi ?

- Vous êtes sûr de ce garçon ?
- Absolument. Comme de moi-même.

- Où as-tu mis les cigares, chérie ?
- Sur la console.

[femme] Édouard, ça ne vous ennuie pas
si j'emmène Gisou à l'opéra, demain ?

- Nous n'avions rien de prévu ?
- [Giselle] Non.

Bon, alors.

Bob vous a reparlé du terrain
de Faubourg Saint-Honoré ?

Ah non, non.

Vraiment ? Tant mieux, j'y ai repensé.

Si vous êtes à même
d'obtenir les dérogations nécessaires,

nous pourrions nous passer de lui.

[William] On en reparlera.

Bob, nous cherchons un quatrième.

Demandez à Jacques.

Mes amis ont besoin d'un troisième.

William,
pourrais-tu m'apporter mon écharpe ?

- J'ai un peu froid.
- Tout de suite, ma chérie.

Qu'est-ce que vous complotez ?

- Nous rebâtissions le monde.
- Grosse affaire.

Ne manquez pas de me tenir au courant.

[mélodie intrigante]

Pas trop fatiguée ?

Hein ? T'es fatiguée ?

- Bob ?
- Oui ?

Viens.

Où vous êtes allés avec Jacques ?

- Il t'a pas raconté ?
- Non.

- Tu ne lui as pas laissé le temps.
- Au chantier.

Qu'est-ce que tu lui as dit ?

[Bob soupire]

Rien. Enfin rien qui puisse t'intéresser.

Tu vas le renvoyer ?

Pas question !

Mais non, par exemple !

Je tiens à lui, moi aussi.

Qu'est-ce que ça changerait ?

Ne nous complique pas la vie.

- Déjà debout ?
- Je m'en vais.

- Si tôt ?
- Je pars, Bob.

Ah…

Tout se passait trop bien.

C'est extraordinaire,
ce goût que vous avez,

les femmes, de toujours dramatiser.

Tu comptes aller chez toi ?

Oui, à Maurepas. Après…

Seule ?

- Hm ?
- Oui.

Après tout…

Ça ne regarde que toi.

Oh là, il faut que je file !

Réfléchis bien, Catherine.

Tu te rendras compte que rien n'a changé.

Simplement, maintenant,
vous savez que je sais.

Et alors ?

[le téléphone sonne]

[le téléphone sonne]

[le téléphone sonne]

- Allô ?
- [Catherine] C'est moi.

Quelle heure est-il ?

Je voulais te dire que je quitte Bob.

[Jacques] Quoi ?

Il faut que je te voie.

- Quand ?
- [Catherine] Tout de suite.

Qu'est-ce qui s'est passé ?

Hier soir, tout allait bien.

Je t'aime, c'est tout.

C'est pas une raison.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Il t'a dit quelque chose
que tu veux pas me dire ?

Mais non ! J'ai peur, c'est tout.

Peur de quoi ?

Son calme !

T'aurais préféré
qu'il me casse la gueule ?

Oui.

Tu cesses de dramatiser.

[Jacques] Hein. Et t'es raisonnable.

Ton mari est correct, alors…

Essayons de l'être aussi, quoi.
Tu comprends ?

Si vous deviez vous en servir contre lui,

ce serait pas brillant pour vous non plus.

Je ne suis pas un élu de la nation, moi.

Aux yeux du public,
c'est un promoteur de plus qui traficote.

Un député, c'est autre chose…

Mon nom n'apparaît nulle part.

Lis, j'ai pas de secret pour toi.

Un, deux, trois…

Un, deux, trois, tu gardes ceux-là.

Et ça ?

Deux précautions valent mieux qu'une.

Voilà, ça…

Tu vas en faire un dossier.

Tu vas aller le déposer dans le coffre,
à Maurepas.

À Maurepas ?

Oui. Celui-là, tout le monde connaît
la combinaison, même ma secrétaire.

Voilà.

Tiens, je te donne la clé du coffre,
là-bas.

Dans le salon, sous le dessin de Picasso,
y a un meuble.

C'est un coffre-fort.

La combinaison, c'est 9-7-3-0.

- Je vais le noter.
- Pas la peine. C'est la date du tableau.

9 juillet 1930.

Neuf, sept, chiffres romains, 3, 0. Tiens.

Demain… Te dépêche pas.
Passe la journée là-bas.

Tu peux y dormir.
T'as l'air pâlot, qu'est-ce qu'il y a ?

- C'est le tracas ?
- Non, rien.

Ça se tassera.

En attendant que tu ailles à Genève,
les originaux…

Poche restante.

Voilà.

[moteur de voiture]

Firmin, s'il vous plaît.

Je laisse ma voiture,
si elle gêne, vous la déplacez.

- Bonsoir Marie.
- Je ne sais pas si Monsieur est là.

- Ne vous faites pas de souci.
- Laissez-moi vous annoncer.

Robert Hansen !
Il paraît qu'on s'annonce, maintenant.

- Qu'est-ce que vous faites là ?
- Et vous ?

Vous refaites le monde ? Où ça ?

Dites-moi, ça peut m'intéresser.

À la Défense ? Aux Champs-Élysées ?
Ah non, y plus un mètre carré de libre.

Faubourg Saint-Honoré, je parie.

Vous êtes saoul.

Non, je suis de bonne humeur.
Ça se ressemble un peu.

Je suis passé par hasard, tout seul…

Comte de Champagne, on ne se refuse rien.

Je me suis dit : pauvre Édouard,
il est tout seul, Giselle est à l'opéra.

- Vous avez dîné ?
- Non.

Mais en vous voyant ensemble,
ça me donne un appétit féroce !

[mélodie inquiétante]

[aboiements]

[aboiements]

[Catherine] Jacques ?

Ah !

J'ai entendu le chien.

Oh, c'est trop merveilleux !

Je dois être affreuse, je dormais.
J'ai entendu le chien.

Je t'ai déjà dit ça. Je deviens gâteuse.

Embrasse-moi.

Oh, Jacques…

Ne restons pas là.

Tu as raison, partons.

Non, Catherine.

Je voulais dire que tu vas prendre froid.

Ah… Oui…

Il fait pas très chaud.

Tu as trouvé facilement ?

Je suis déjà venu.

Oui.

Jacques…

Comment as-tu appris que j'étais là ?

Je savais même pas
que t'avais quitté Paris.

Et… Pourquoi tu es là ?

Je dois mettre quelque chose
dans le coffre.

Tu peux allumer ?

Tu connais la combinaison ?

- Pas toi ?
- [Catherine] Non.

Je croyais que cette maison t'appartenait.

Oui, mais c'est lui qui a acheté
le coffre. Je connais pas le chiffre.

- Tu l'as pourtant devant le nez.
- Quoi ?

Non, rien.

Qu'est-ce que c'est, ces papiers ?

Je sais pas.

Tu les as pas regardés ?

Non.

Tu es venu mettre ça dans le coffre,
c'est tout ?

[Jacques] Oui.

S'il te l'avait dit,

tu serais venu ?

Non.

Ne me pose pas de question
si tu supportes pas la vérité.

Déforme pas ce que j'ai dit.

Je voulais réfléchir,
voir un peu plus clair. Tu comprends ?

- Je suis crevé.
- Si y avait que ça.

- Hein ?
- Rien. Tu as faim ?

Non, j'ai dîné sur la route, merci.

Viens.

Viens.

Il veut nous détruire, Jacques.
Avec le sourire, c'est sa manière.

Il est en train de réussir !

Tu crois que je ne vois pas
que je t'exaspère ?

- Mais non !
- C'est tout ce que tu as à dire.

Catherine !

- Tu vois pas que je suis à bout !
- Moi aussi, figure-toi !

Moi aussi, je suis à bout !

Oui… Si j'ai bien compris,

y en a jamais que pour toi, hein ?

N'est-ce pas ? Toi !

Quand t'as fini de parler,
faut qu'on te fasse l'amour.

Moi, ça m'intéresse pas.

Parce qu'il y a moi, aussi !

Oui, moi !

Ça t'intéresse peut-être pas,
mais c'est pas tout, y a le reste !

Y a le reste et c'est ce qui compte.

Mais calme-toi.

C'est ça. Je me calme,
je m'occupe de rien, je laisse tomber ?

Je suis nourri, logé !

Non. Non, merci.

Bien que tu sois née sur un tas de fric,

ça m'intéresse pas !

Tu vois…

Je suis comme ton mari.

Ce qui me fait bander,
ce sont ses affaires.

Ça fait trois mois qu'il est sur le coup
du terrain Faubourg Saint-Honoré.

Y a 5 000 mètres.

Ça te dit quelque chose ?

Je te jure qu'il faut ramer.
On finira par l'avoir !

- Ça, tu veux que je laisse tomber !
- Mais non, Jacques. Non.

Il suffisait de m'expliquer.

- Repose-toi…
- Laisse !

Où est-il exactement, ce terrain ?

Tu te couches pas ?

Réponds-moi.

Pour ce que ça t'intéresse…

Si tu ne veux pas me le dire…

Il est près de chez Hermès.

Voilà. T'es satisfaite ?

Ça dépend.

De quoi ?

Essaie de me faire un peu plus confiance.

Bonne nuit.

- Tu ne viens pas ?
- Tout à l'heure. Je n'ai plus sommeil.

Moi, je dormirai.

J'espère bien.

[mélodie intrigante]

[la bouilloire siffle]

[Catherine] Chéri ?

Où est Jacques ?

C'est toi.

- Bonjour quand même.
- Bonjour.

Où est Jacques ?

- Il doit dormir.
- Non.

Ah. Tu as regardé dans sa chambre ?

Quelle chambre ?

La chambre d'amis.

Qu'est-ce que je te disais.

Allez, debout les morts !

Vous n'êtes pas bavards.

- Je suis pas encore réveillé.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on te dise ?

On est pas bien, tous les trois ?

Il fait beau, rien ne nous presse.

Pourquoi toujours choisir, dans la vie,
quand rien ne nous y oblige ?

Préférer celui-ci à celui-là,
c'est perdre l'un ou l'autre.

J'aime pas perdre.

Sur ces bonnes paroles,

je vais rendre visite à nos gens.

- Le jardin est à peu près entretenu ?
- Oui, je crois.

Il faut que tu partes, vite !

Pourquoi ?

Je sais pas ce qu'il prépare,
mais ne reste pas ici.

[il ricane]
Après tout, peut-être qu'il s'en fout.

[Catherine] De quoi ?

Bah… De toi, de moi.

Le mari complaisant ? C'est pas son genre.

Écoute, Catherine.

Tu trouves normal
qu'il t'ait fait venir ici ?

[il ricane] Oui.

Et sa façon de parler avec son fusil,
dès le matin ?

Non. Je sais pas.

Vous n'allez pas la laisser attachée ?

- Mais c'est qu'elle fait des dégâts !
- C'est jeune, ça se dresse.

[homme] Faut que je rentre mes poules.

Si elle vous en bouffe une,
je vous la paye.

[Bob] Jacques !

- Où vas-tu ?
- Je rentre. J'ai rien à faire ici.

Allons, écoute, non, sois pas bête.
Nous avons à parler sérieusement.

[Catherine] Tu ne pars plus ?

Non, nous avons à parler.

[aboiement]

[la poule caquette]

[rire au loin]

C'est vrai, si tu avais vu sa tête.

La tête de qui ?

- Tu comprendrais pas.
- [Catherine] J'aimerais rire aussi.

Édouard.

Tu nous crois pas ?
Quand je dis la vérité, on me croit pas.

Viens ici ! Charognard !

Viens ici, je te dis !
Allez hop, au pied !

[homme] Allez, viens !

- Tu vas me la donner, cette poule ?
- [Bob] Jamais de coup de gueule.

Hein ! Voilà. Non, n'aie pas peur.

Mettez ça dans une toile de sac.

- Quoi, c'te poule ?
- Bien serrée.

Un bourrelet…
Que ça lui fasse comme un collier.

Voilà. T'en fais pas, ma vieille.
Tu l'auras, ta poule.

- Catherine n'est pas là ?
- Elle est allée s'habiller.

Tu étais là ?

C'est nouveau, cette pudeur.

Il y a combien de temps
que nous n'avons pas fait l'amour ?

Laisse-moi, tu me gênes.

C'est plus grave que je ne pensais.

Oui.

Monsieur ?

Il m'énerve,
à m'appeler tout le temps monsieur.

Monte !

- Pardon.
- [Bob] Non, entre.

Entre.

Aide-la.

Elle ne supporte pas d'être nue
devant nous. Aide-la.

Mon pauvre Bob.

Ce que tu penses ou ne penses pas…

[mélodie inquiétante]

Jacques !

Tu vas pas faire un caprice ?

J'en ai assez, je m'en vais.

Bien sûr.

Vous êtes trop forts pour moi,
tous les deux.

Je rentre à Paris.

Pas question.

Oh si, justement.

J'aime pas qu'on me résiste,
tu devrais le savoir.

[coup de feu]

[une voiture démarre]

- Il est parti ?
- Oui, il est parti.

Je vais pas tarder non plus.

Tu comptes le rattraper ?

- Et toi, tu ne vas pas t'éterniser ?
- Je sais pas encore.

- Mais en tout cas, merci.
- De quoi ?

J'ai appris quelque chose de bien amusant.

Ah ?

Tu es jaloux, Bob.

- De toi ?
- Non. De Jacques.

Ah…

Tu as raison.

Mais non, je ne le suis plus.

Mais je l'ai été, je peux pas le nier.

Du jour où j'ai compris
qu'il avait une maîtresse.

Enfin quelqu'un, quoi. Pas des rencontres.

Il quittait le bureau de plus en plus tôt
sans dire où il allait,

alors c'est vrai, j'étais jaloux.

Et puis, comme tous les jaloux,
j'ai cherché à savoir.

Bien. Il se trouve que c'était toi.

C'est là que ça devient curieux.

C'est que j'ai été soulagé.

J'ai d'abord été étonné, comme toi,
là, maintenant.

Mais j'ai été soulagé.

N'oublie pas
de donner le lapin au gardien.

[femme] Départ à destination de Genève,
vol 723,

clôture imminente de l'enregistrement.

Embarquement dans dix minutes,
porte numéro 36. Bon voyage.

[brouhaha de l'avion]

Vous êtes les derniers ?

Tu peux couper ça !

Je suis désolé que nous ne puissions pas
monter là-haut avec ce vent.

Ce sera pour une autre fois.

De préférence
quand la moquette sera posée.

- Non, c'est pas par-là.
- Je trouverai bien.

Je vous raccompagne.

Vous m'avez toujours pas donné
votre réponse. L'option tombe demain.

Oui, je sais, mais mon cher ami,
cette affaire est très délicate.

Certes,
l'immeuble actuel n'est pas classé,

théoriquement, on peut le détruire,

mais le Faubourg Saint-Honoré
n'est pas la Défense.

Édouard nous a donné à vous,
comme à moi, assez d'assurances.

Oh ! Vous savez,
les dérogations d'Édouard…

Tout de même !
Sans lui, c'est pas 30 étages

que nous pouvions construire ici,
mais seulement huit !

[William] Oui,

mais concernant le Faubourg,
vous auriez tort de compter sur Édouard.

Nom de Dieu, le con !

Qu'est-ce qu'il fait là-haut ?

C'est pas moi qui irais le chercher,
il fait chaque fois pareil.

Je parie qu'il est pas attaché !

Oh !

Oh !

Oh !

Tu m'écoutes, nom de Dieu !

Descends immédiatement.

[l'homme crie]

[mélodie dramatique]

- Il était marié ?
- Oui.

Trouvez-moi l'adresse de sa femme.

Alors, vous avez réfléchi ?

Mais à quoi, grand Dieu ?

À la vie, à la mort…

Et bien sûr, à notre affaire.

Comment pouvez-vous
dans un moment pareil ?

Je peux.

Vous aussi, d'ailleurs.

Alors ?

C'est non.

Tu permets ?

Parfait.

Vas-y tout seul.
C'est au-dessus de mes forces.

Nous avons des devoirs.

Cet homme était mon ami.

Tu vas me faire pleurer.

Je ne t'en demande pas tant.

Contente-toi de renifler,
ce sera suffisant.

Souvent, je montais parler avec lui.

Hier encore, je…

Oui, il me l'avait dit.

Excusez-moi.

C'était un garçon très bien,
très courageux.

- Peut-être trop.
- Non merci.

- Vous en voulez ?
- Non merci.

[femme] Mon Pierrot…

Mon Pierrot…

Vous finissez pas ?

Non, c'est trop.

C'est l'émotion.

Elle n'est venue que pour vous embrasser.
Hein, Catherine ?

Vous êtes très bonne.

Pour parer au plus pressé.

Oh…

Vraiment, c'est très gentil.
Je vous remercie, je suis touchée.

L'argent, c'est peu de chose
quand on a tout perdu.

Je partage votre douleur, Madame.

Je vous avoue que j'en ai ma part.

Merci.

Pierrot était un ami.

Ne l'oubliez pas.

- Je vous raccompagne ?
- [Bob] Non, c'est pas la peine.

Les émotions, ça me creuse.

Tu veux dîner quelque part ?

Non merci. Tu m'as demandé
de t'accompagner, je l'ai fait.

Pour le reste, ne compte plus sur moi.

Tu as regagné le domicile conjugal,
comme on dit.

Je suis rentrée à Paris
parce que j'avais à faire.

Tu voulais retrouver Jacques, et alors ?

T'en ai-je jamais empêchée ?

D'ailleurs,
tu vas le revoir tout de suite.

Il n'est pas à Paris.

Je te dis qu'il est de retour.

On va le voir.
On est en retard, d'ailleurs.

Tu l'as invité à dîner ?

Ça t'étonne ?

Il a accepté ?

Pas la première fois !

Tu es le patron, n'est-ce pas ?

[mélodie entraînante]

Voilà comment j'ai appris
qu'Édouard et William

me faisaient un enfant dans le dos.

C'était à prévoir.

Y a pas plus faux cul que ces deux-là.

Je suis pas étonné.

Dans une affaire,
quand y a trois personnes,

comme nous sommes trois à cette table,

il n'est pas rare que deux des trois
décident de filer le parfait amour

en cachette du troisième.

- Tu veux ?
- Non merci.

Hm ?

Oui, oui.

Tu te marieras cette année.

Voilà où j'en suis.

Ou je me laisse éliminer,

ou je prends l'initiative des opérations.

Je fous dans la merde
celui qui a essayé de m'y mettre.

Tu m'as dit que dans la vie,
il ne faut jamais choisir.

Vaut mieux éviter, oui.
Il faut parfois faire la part du feu.

Brûler un quartier
pour sauver une ville, par exemple.

Ou mettre le feu à un bois
pour épargner une forêt. Le plus gros.

Ce procédé a fait ses preuves.

[mélodie douce]

Alors, à votre avis,
lequel de ces messieurs ?

Hm ?

- Je t'ennuie ?
- Oh, pas du tout.

En ce qui me concerne,
j'ai déjà fait mon choix.

À propos de feu, chéri,

s'il te plaît ?

Qu'est-ce que tu attends ?
C'est demandé si gentiment.

Tiens, Delbaut.

Il me semblait bien
avoir vu votre voiture.

- Tu connais cet ignoble individu ?
- Non, je ne crois pas.

Un bon point pour vous, Madame.

Malheureusement, je ne peux pas
en accorder autant à votre mari.

- Patrick Delbaut.
- Ah, c'est vous !

[Catherine] Oh, mais il est charmant.

Ne le répétez pas trop.

Ça pourrait faire baisser
le tirage de L'Instant.

Alors, quoi de neuf ?

Vous le savez aussi bien que moi.

Votre petit accident de tantôt ?

Ce malheureux qui a fait plouf.

C'est tout ?

Ça ne vous passionne pas ?

C'est pas moi qui compte,
c'est les lecteurs.

Ce qui intéresse les gens,
c'est le coût de la vie, le prix du steak,

celui du député.

Ça vous donne une idée du personnage.

C'est comme les champignons vénéneux,
faut les connaître pour s'en garder.

Vous connaissez mon collaborateur,
Jacques Noblet.

Bon, invite Catherine à danser.

Qu'est-ce que tu faisais à Genève ?

Des trucs pour la boîte.
Ça n'a aucun intérêt.

Tu aurais pu me prévenir.

Je pensais qu'il l'avait fait.

Il va falloir que tu te décides.

Y a pas le feu.

Sa petite démonstration
n'était pas assez claire ?

La tienne aussi, entre parenthèses.

Cette idée
de m'appeler "chéri" devant lui !

Il était question de faire son choix,
si j'ai bien compris.

Il ne manque que le tien.

Qu'est-ce que tu racontes ?

Il s'agissait simplement d'une affaire.

Tu devrais me faire confiance, Jacques.

Quand comprendras-tu
que je ne peux pas le quitter ?

- Que je ne veux pas !
- Je le sais !

- Bon, alors t'arrêtes.
- Calme-toi !

Donne-moi jusqu'à demain.

Soyons sérieux.

Votre cher député ne s'est pas mouillé
seulement pour vos beaux yeux.

Édouard est mon ami.

Elle vous a coûté combien,
cette précieuse amitié ?

Vous êtes répugnant.

Question d'habitude.

Personnellement, je ne m'y ferai jamais.

Excusez-moi.

Tu permets ?

Qu'est-ce que tu as ?

Tu n'as peut-être pas remarqué,
mais j'étais en train de danser.

Il en trouvera facilement une autre.

Si on rentrait ?

Je crois que j'ai trop bu.

J'ai pas envie de laisser Jacques
avec ce type. Viens.

- Tu viens boire un verre ?
- Non, je suis fatigué.

Le temps d'appeler un taxi, viens.

[mélodie douce]

Viens, Catherine. Viens t'asseoir.

Non, je préfère rester debout, merci.

Tu veux danser ?

C'est vrai,
je vous ai interrompus, tout à l'heure.

[Jacques] Non, non.

Mais Catherine veut.
N'est-ce pas, Catherine ?

Va, va. Va, je te dis.

Tu veux ?

Pourquoi pas.

Qu'est-ce que tu fais ?

C'est mieux, non ?

Bonsoir.

Je te raccompagne chez toi.

Voyons ça.

C'est intéressant, non ?

En effet.

Une question.

Pourquoi faites-vous ça ?

J'ai mes raisons.

- Qui ne me regardent pas, bien entendu.
- Voilà.

Eh bien, c'est parfait.

Bon.

Si je veux imprimer ça aujourd'hui,
il faut que je m'en occupe vite.

Passez-moi l'atelier.

Vous permettez ?

Je m'en allais.

Vous connaissez le chemin.

- Au revoir.
- [Delbaut] À bientôt et merci.

Lorsque j'aurai fini avec l'imprimerie,
vous me passerez Édouard Moureu.

Oui, le député.

Gaston ? On casse la une.
On efface tout et on recommence.

Bonjour Flora.

Bonjour Madame.

Voulez-vous dire à mon mari
que je suis là.

Il est encore au chantier.

Ah, c'est vrai, j'avais oublié !
Ça ne fait rien, pas besoin de lui.

Je vais mettre ça dans le coffre,
je pars en voyage tout à l'heure.

Avec tous ces cambriolages,
je ne vis plus.

Je vous laisse faire,
vous avez la combinaison.

Oh !

Zut ! Toujours quand on est pressé.

Vous auriez du fil et une aiguille ?

De cette couleur, je sais pas…

Avec ce genre de bouton, on verra rien.
Je vais le recoudre.

Non, vous avez à faire !
Portez-moi le nécessaire, je ferai ça.

Ne vous inquiétez pas.
Je mets le truc dedans et je referme.

[brouhaha métallique]

[Bob] Il vous a dit quoi ?

[Édouard] Qu'il voulait me voir
au journal, tout de suite.

C'est tout ?

Avant que j'aie pu poser une question,
il avait raccroché.

Oh bah c'est clair,
il essaie d'aller à la pêche.

Il en sera pour ses frais, comme avec moi.

Vous l'avez vu ?

Hier, justement.

Vous lui avez parlé de moi ?

Bah oui, vous êtes mon ami,
ce n'est pas une tare.

Quant à nos accords,
qui est au courant ? Personne.

Non. Enfin, si… William.

Vous lui en avez parlé ?

Enfin… Je crois bien.

Là, vous avez eu tort.

- Vous avez vu l'heure ?
- Je me suis pas réveillé.

- M. Hansen est là ?
- Pas encore, mais sa femme est là.

- Sa femme ?
- Oui.

Elle est venue
mettre ses bijoux au coffre.

Ça fait 25 minutes
qu'elle recoud un bouton.

- Un bouton ?
- Hm. Vous devriez aller voir.

J'ose pas la déranger.

Qu'est-ce que tu fais là ?

Tu vois, j'attends Bob. Et toi ?

Moi aussi.
La secrétaire m'a dit que tu étais là.

Alors, où en sommes-nous ?

Tu as réfléchi ?

Oui.

C'est vrai ?

Hm…

Tu auras mis le temps.

Bonjour Flora. M. Noblet est là ?
Vous me l'envoyez, s'il vous plaît.

Il est dans votre bureau, avec Mme Hansen.

C'est pas tous les jours
que tu me fais ce plaisir.

Je suis venue te dire adieu.

Qui te dit que ce n'est pas
ce que j'attendais.

Reste.

C'est trop beau.

Cette scène déchirante
ne pouvait pas attendre ce soir ?

Je t'ai rapporté le collier
que tu m'as donné.

La rivière ?

Au point où nous en sommes.

C'était notre souvenir le plus cher.
Je sais que t'es au-dessus de ça.

Il est dans le coffre.

- Qui te l'a ouvert ?
- Ta secrétaire.

Qu'est-ce que tu vas lui dire ?

Mes employés
n'ont d'ordre à recevoir que de moi.

Vous pouvez venir, s'il vous plaît ?

Monsieur ?

Qui vous a autorisée à ouvrir ce coffre ?

- [Flora] J'ai cru bien faire.
- Évidemment, je lui avais demandé !

J'étais très content de vous,
mais trouvez une autre place.

- Mais je…
- Navré.

Tu es ignoble.

Ignoble ?

Tu entends ?

Qu'est-ce que tu en dis ?

Hein ? Qu'est-ce que tu en dis ?

Ne reste pas là comme un imbécile.
Tu en meurs d'envie.

- Tu ne cours pas après lui ?
- Rien ne presse.

Pour le moment, je me régale.

Profites-en.

[Édouard] Il est clair
qu'on cherche à me déshonorer.

À travers moi,
c'est la France qu'on veut souiller.

Ça, je ne le supporterai pas.

Qui vous a remis ces papiers ?

Si je le savais,
je n'aurais pas eu à vous déranger.

- Quelqu'un vous les a remis.
- Non. Je les ai trouvés sur mon bureau.

Sans explication ?

Rien.

D'où ma méfiance.

Sans parler de l'élémentaire correction
qui veut que je vous prévienne.

Vous avez bien fait.

Laissez-moi vous dire, cher ami,
que ce sont des faux grossiers.

Cette signature n'est pas la mienne.
D'ailleurs, elle est illisible.

En effet.

Merci, Gaston.

- [Édouard] Vous n'allez pas publier ça ?
- [Delbaut] Non.

C'est une maquette grossière.

Pour vous donner une idée,
vous voyez, là…

Je vois les documents.

En bas, un éclaté
avec une petite phrase amusante.

Ici, j'aurais vu une photographie.

Non, pas un portrait.

Plutôt quelque chose…

Qui vous situe bien par rapport
à une de vos activités politiques.

Ou autres.

Impensable.

Absolument ignoble.

C'est bien mon avis.

Hein ?

Je trouverais impensable qu'un homme
dans votre situation ait pris ces risques.

- Ce n'est pas vrai ! Jamais je…
- [Delbaut] Et c'est dommage.

Je veux dire
du point de vue journalistique.

Les lecteurs auraient apprécié.

Enfin, vous connaissez notre devise.

"Une tête par semaine."

[Édouard ricane] Très drôle.

Remarquez bien…

Je ne veux de mal à personne.

Si vous êtes réellement innocent,

je ne demande pas mieux
que de m'intéresser

à quelqu'un d'autre.

Mais qui ?

Un promoteur ? Un banquier ?

Je ne vois pas.

Pourtant, vous êtes bien placé.
Vous connaissez du monde.

Moins qu'on ne le dit.

Dommage.

À défaut de vous mettre à l'affiche,
j'aurais espéré une compensation.

Vous en avez déjà pris une à l'instant.

Peut-être bien.

L'essentiel,
c'est que je vous aie convaincu.

Vous l'êtes, n'est-ce pas ?

Absolument. Je ne vous raccompagne pas.

Non. Ne vous donnez pas cette peine.

Alors ?

Donnez ça au clichage.

- [homme] Mais vous venez de dire…
- Quoi ?

Ah oui. Qu'il m'a convaincu.

Je le suis, mon vieux.

Delbaut vous a demandé une compensation ?

Quoi, des renseignements sur…

Vous sauriez quelque chose ?

Sur qui ?

Je ne sais pas. Sur… De Warnier ?

Un banquier, bien sûr.
Vous n'allez pas faire ça à William ?

Au point où j'en suis.

[Bob] N'exagérons rien.

Après tout,
il ne s'agit que de votre honneur.

Je vous en prie, pas d'ironie.

Pas après m'avoir mis dans ce pétrin.

Vous n'avez pas le choix, il faut payer.

La presse de chantage n'existe pas, Bob.

En Amérique, peut-être, mais pas ici.

Tout s'achète, ici comme ailleurs.

Le silence comme le reste.
Il suffit d'y mettre le prix.

Vous devez en savoir quelque chose.

Je crois que vous avez
un excellent avion pour Genève

dans trois quarts d'heure.

Et c'est moi qui dois casquer,
avec mon argent !

- C'est aussi un peu le mien, non ?
- [Édouard grommelle]

C'est vous qui l'avez gagné,
mais il faut le dépenser !

Sinon, où serait le plaisir ? [Bob rit]

- Voilà, vol 36, vous avez juste le temps.
- 36, merci.

"…entre les soussignés Mme Dermont,
Amélie, Joséphine, sans profession,

"née au Havre le 7 juillet 1899, demeurant
à Paris, 214 bis, Faubourg Saint-Honoré,

"Paris huitième,

"et Monsieur Noblet, Jacques,

"homme d'affaires né à Pontoise
le 15 mars 1941…"

Ce Monsieur devra me faire parvenir
un certificat de naissance

pour l'établissement de l'acte définitif.

Bien entendu.

"…demeurant 16 rue Monsieur,
il est convenu que la venderesse…"

C'est parfait, Maître.
Je lis plus vite que vous, excusez-moi.

Très bien.

Permettez-moi de vous signaler

qu'il me paraît impossible
de réunir les fonds dans un délai si bref.

C'est fait.

Je vends Maurepas.

Enfin, réfléchissez, Catherine.

C'est tout réfléchi. Nous signons demain.

Après tout, ce sont vos affaires.

Je vous aurai mis en garde.

On agit pas comme ça, sur un coup de tête.

Maître, vous m'avez dit la même chose
au début de mon mariage,

quand j'ai mis tout ce que j'avais
dans les affaires de mon mari.

Que je sache, je n'ai rien perdu.

[homme] Hypothéquer n'était pas vendre !

Je dois reconnaître que votre mari
s'est montré particulièrement avisé.

- [le téléphone sonne]
- Vous ne répondez pas ?

Non, je sais ce que c'est.

Et dire que votre arrière-grand-père
a planté ces arbres.

On ne peut pas tout avoir.

À propos, je voudrais vous demander
24 heures de totale discrétion.

Le temps de signer ce compromis.

- Vous pouvez compter sur moi.
- Merci.

[tonnerre]

[aboiements]

[le chien grogne]

[le téléphone sonne]

Oui ?

Bravo.

[Bob] Quoi, bravo ?

Je dis bravo, bien joué.

Ah. Mais encore ?

Voyons, Bob. Faubourg Saint-Honoré, hm ?

Il est à vous, maintenant,
puisque votre femme l'achète.

Pourquoi chercher à nier ?

Je ne comprends rien.

Si vous teniez au secret,
il aurait fallu empêcher Catherine

de téléphoner à la banque
pour demander un chèque certifié.

Elle passe le prendre demain matin.

En même temps qu'elle viendra
approvisionner son compte.

Pourquoi ne m'avoir pas tenu au courant ?

Je voulais vous faire une surprise.

Catherine ?

Jérôme, vous avez vu Madame ?

Pas depuis ce matin, Monsieur.

- Elle vous a dit quand elle rentrait ?
- Non, Monsieur.

Ni où elle allait, bien entendu ?

Bien entendu, Monsieur.

Tout ce que je puis dire à Monsieur,
c'est que Madame a emporté

une petite valise.
Un "baise-en-ville", comme on dit.

Monsieur dînera-t-il ?

[Édouard] Quarante-huit.

Quarante-neuf.

Et 50.

- Cinquante ?
- [obturateur]

Ce sont des francs suisses.

Oui, bien entendu.

Je ne sais pas compter
dans une autre langue.

Ce n'est pas suffisant ?

Ah si, bien sûr.

J'oserai même dire
que je n'en espérais pas tant.

C'est très bien.

Alors je peux compter sur vous ?

Absolument.

- Où est Catherine ?
- J'en sais rien.

Vous pouvez chercher, elle est pas là.

Je préfère ça.

- Tu allais dîner ?
- Moi ? Non.

C'est quoi, ça ?

C'est pour le chat.

Après ce qu'on avait convenu,
je suis un peu étonné.

Par quoi ?

Bah de vous voir ici.

Ah oui, c'est vrai !
Nous sommes brouillés à mort.

Ça m'était sorti de la tête.

Heureusement
que les autres le croient, eux.

Tu aurais frappé moins fort,
tu aurais fait le même effet.

C'est vous qui m'aviez dit
d'y aller carrément.

- Je t'en demandais pas tant.
- Je suis désolé.

Tu peux.

Pas à cause de ça.
Tu as fait une belle gaffe.

Moi ? Ah, avec Delbaut ?

Vis-à-vis de Catherine.

Je l'ai pas vue depuis…

- C'était dans votre bureau…
- Pourquoi tu lui as parlé du terrain ?

Elle est en train de nous doubler.

Où en est mon client ?

[homme] Dans le bain.

Vous pouvez rallumer, je le sors.

- Il a tué quelqu'un ?
- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

Il a une bonne tête
pour un homme politique.

- D'ailleurs, c'est une victime.
- Ah bon ?

Isabelle, dans l'éclaté, vous mettrez :
"Victime de sa naïveté."

Trouvez-moi du papier.

Non, du papier à emballage.
Et aussi du ruban.

- Du ruban ?
- [Delbaut] Rose, de préférence.

[brouhaha de la machine]

- On a apporté ça pour Monsieur.
- Très bien, posez-le.

- Encore un cadeau !
- Qu'est-ce que c'est ?

Tiens, y a une carte. Je peux l'ouvrir ?

Je suis d'un excité !

Des francs suisses !

[femme] Bon, salut.

- Monsieur ?
- L'Instant.

Oui, Monsieur. Merci, Monsieur.

[homme] Il a été transporté d'urgence
à l'hôpital.

Nous espérons pouvoir vous donner
plus d'informations sur son état de santé

dans notre prochain bulletin.

Je suis là.

- Tu veux du café ?
- Non. Tu m'embrasses pas ?

- Tu aurais pu téléphoner, où étais-tu ?
- À la campagne.

- À Maurepas ?
- Oui.

J'ai essayé d'appeler au moins trois fois,
ça répondait jamais.

J'étais sortie, j'étais tellement occupée.

Qu'est-ce que t'as fait ?

Ça peut attendre. Tiens, lis.

C'est ignoble. Édouard a eu une attaque !

- Une attaque ?
- Oui. Je viens de l'entendre à la radio.

Tu comprends pourquoi j'avais peur.

C'est lui qui a fait tout ça.

Tu ne me crois pas ?

Il est capable de tout.

Mais tu n'as plus rien à craindre.

Tiens.

Qu'est-ce que c'est ?

Ton refus de permis de construire.

La photocopie était à la campagne
et l'original, dans le coffre, à Paris.

C'est un faux ?

Pourquoi ?

Ma signature
est on ne peut plus authentique

et sur le papier à en-tête
de la Préfecture des Hauts-de-Seine.

Tout cela
me paraît parfaitement réglementaire.

Tout simplement, il est effectivement faux

qu'une interdiction de construire
ait frappé la parcelle 112, section B.

Et tu le savais.

On a pas toujours le choix des moyens.

C'est Bob qui t'a demandé de le faire ?

Il a pas eu à me pousser beaucoup.

Qu'est-ce que tu fais ?

Comme ça, tu n'auras rien à craindre.

J'aurais aimé ne jamais t'en parler.
Je voulais le brûler.

J'ai pensé
qu'il valait mieux le faire devant toi.

Pour que tu te sentes libre.

C'est gentil.

Si j'avais voulu, tu sais,
y a longtemps qu'ils seraient détruits.

J'ai eu 20 fois
l'occasion de les prendre, ces papiers.

Ils sont pas si compromettants.

C'était pas la peine
de me donner tant de mal !

Qu'est-ce que tu as ?

Bah… Rien.

Si, dis-moi.

Non. Toi d'abord.

Il t'a pas fallu 24 heures
pour que ça se termine comme ça.

Qu'est-ce que t'as fait ?

J'ai pensé à nous.

J'aurais préféré que tu le lises
à un autre moment.

Que ça se passe un peu mieux.

J'ai été maladroite.
Je te demande pardon, c'est de ma faute.

J'aurais dû avoir plus confiance en toi.

C'est tout ce que tu trouves à me dire ?

Non, mais… Laisse-moi m'habituer.

Alors, comme ça, à mon nom,
Faubourg Saint-Honoré.

Un cadeau ?

Oui.

Je voulais pas t'en parler avant.

Tu n'as plus qu'à signer.

C'est tout ?

Tu as lu ?

Oui.

Tu y gagnes quoi ?

Mais rien !

- Tu veux que je me sente libre.
- C'est ça.

- Tout à fait libre.
- Mais oui !

Donc libre d'accepter ou non
cette bagatelle d'un demi-milliard.

Je sais.

On parle pas du prix
des cadeaux qu'on reçoit.

Mais je le connais.

Tu as tort, Catherine.

Je crache pas sur l'argent.

Faut pas trop me pousser
si tu veux que je sois vraiment libre.

Mais tu l'es.

Tu as raison.

Pour en arriver à ce que je veux
et, si tout se passe bien,

pour ressembler un peu à Bob,

j'ai pas besoin de toi, Catherine.

Tu l'appelles Bob, maintenant.

C'est son nom.

Oui.

Étant donné
que tu vas marcher sur ses traces,

je te signale que Bob, lui,
a eu besoin de moi.

De toi ?

Mon argent, si tu préfères.

Oh non, mais moi, je préfère pas.
La preuve.

C'est de lui dont j'ai besoin.

C'est pas possible, Jacques.

Tu te rends pas compte de ce que tu dis.

Tu as tout à fait raison,
il se rend pas compte.

Ressaisis-toi, hein !

Comment vas-tu, depuis le temps ?

- Hm ?
- Qu'est-ce que tu fais ici ?

Nous t'attendions.

Tu permets ?

Il est excellent.
Un peu froid, mais très bon.

Autant que son lit.

C'était bien mon tour, avoue.

[Bob rit]

[Bob] Non, rassure-toi,
il a dormi sur le canapé.

Toi et moi, nous n'avons pas
la même conception du mot possession.

Signe.

L'argent est intégralement versé
chez le notaire.

Tu entends ?

Ça change des boutons de manchettes,
des briquets en or

et autres zinzins
qui maintiennent le gigolo en forme.

Au moins, toi, tu y mets le prix.

Tu n'as qu'à signer.

Hm ?

Qu'est-ce que tu attends ?
C'est pas tous les jours.

[Bob soupire]

Bah signe !

Tu as vu ?

[la porte claque]

Décidément,
tu as encore beaucoup à apprendre, toi.

[la porte claque]

[mélodie dramatique]

- Catherine !
- [Catherine] Je suis là.

Tu présides un conseil d'administration,
déjà ?

Non.

J'avais besoin
de me donner une contenance.

Moi non plus, je n'aime pas perdre.

Tu es content ?
Tu es arrivé à ce que tu voulais ?

Mais tu n'as pas encore gagné, Bob.

Pourquoi tu n'as pas tiré tout de suite,
quand je suis entré ? Avant de parler.

C'est trop tard, tu le feras pas.

[coup de feu]

Messieurs, Dames, s'il vous plaît.

Ah, mon pauvre Monsieur.
Qui l'aurait cru ?

Courage. Que vous dire de plus ?

- Courage.
- Il en faut.

Mais vous en aurez.
Je vous connais, mon cher.

- Mes sincères condoléances.
- Merci.

Ah, Giselle.

Pourquoi a-t-elle fait ça ?

Je ne sais pas.

On croit avoir assuré le bonheur d'un être
et lui avoir tout donné, et voilà.

Venez.

Comment va Édouard ?

Il arrive à manger un peu à la cuillère.
Ça me demande des heures.

Maintenant, tout le monde
me tourne le dos, à commencer par lui.

Pas que je le trouvais joli de face,
mais quand même.

C'est dur.

- Je vous raccompagne ?
- Non merci, j'ai ma voiture.

- Quand serez-vous au bureau ?
- Cet après-midi.

- La vie doit continuer.
- Les affaires aussi.

C'est très bien.

N'oubliez pas de me téléphoner.

Tiens, signe.

Signe.

Je t'aime bien, tu sais.

[bip]

[homme] Allô ?

- Allô, M. de Warnier ?
- [William] Oui ?

- Jacques Noblet à l'appareil.
- [William] Ah, bonjour, cher ami.

Bonjour.

J'ai une affaire à vous proposer.

- [William] Vous…
- Oui, moi.

- [William] Avec Bob ?
- Non. Moi, tout seul.

[William] Ah. Voulez-vous demain,
à 14 h, dans mon bureau ?

Demain. Merci. Au revoir.

[mélodie dramatique]

[Bob] Tu vois, pour en arriver là,
tous les moyens sont bons.

Tu comprends ? N'importe lesquels.

[mélodie dramatique]