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[musique dramatique]

[percussions]

[musique intrigante]

[percussions rythmées]

[musique et percussions se mélangent]

[brouhaha]

Eddy Batkin.

Tu as tué un officier de police,
père de famille.

Tu es content, j'espère.

[policier] Patron ?

[sonnerie]

[commissaire] Ils sont bien là,
on verra ça demain.

Commissaire…
Je vous signale qu'on est malades.

Et en plus, on a des certificats.

Né en 1953.

Le jour ?

Le mois ?

Sexe ?

Masculin ou féminin ?

- Et si on te foutait à poil ? Hein ?
- [commissaire] Laisse tomber, Perez.

Rien sur Eddy Batkin.

Ni maison de correction ni une amende.

À mon avis, même pas intoxiqué.

C'est le fils de l'industriel
Jacques Batkin.

Marié à la fille Ferucci ?

- Transports Ferucci-Batkin ?
- C'est ça.

Mais son rejeton
est né d'une Ginette Favron.

Ginette Favron, c'est ça.

Je crois avoir rencontré le père
à une sauterie chez le préfet.

Il est dans un avion qui le ramène d'Iran.

Sa femme va avertir la mère de Batkin.

Sur la propriété du meurtre, tu as quoi ?

Là aussi, c'est le pognon.

Elle appartient à un banquier allemand
qui n'est jamais là.

Ses deux fils, des jumeaux,
font des études à Nice.

[commissaire] Des études ?

[quelqu'un fredonne]

Bon bah…
Y a plus qu'à attendre les avocats.

Les plus célèbres, évidemment.
Les psychiatres.

Et les huiles,
amies des parents de ces anges.

Ne leur touchez pas une plume,
ils vont les compter.

Et pour la femme de Grimaldi ?

Et ses trois gosses…

Je la connais, j'irai.

Quand ton père va débarquer,
ça va être un drôle de choc, pour lui.

Essaie d'y penser.

Jacques !

- Jacques ! Tu as su ?
- Laissez passer.

- Le petit !
- Tu vas te tenir !

Le petit, il a tué un flic !

- Un flic ! Il a tué un flic !
- Doucement…

Jacques…

Arrache-la-moi de là !

- S'il vous plaît !
- Calme-la !

S'il vous plaît.

Mon fils… Mon fils a tué.

Il a tué.

Saloperies.

Ils s'en foutent de mon môme.

C'est un accident,
Eddy n'est pas un assassin.

Tu as peur des mots ?

Mais non, c'est pas ça.

Ah, au fait…

C'est du centre de la police,
il faut que tu t'y rendes.

Je… Je suis venu sitôt que j'ai entendu
le flash de la radio.

Oh merci, Muriel.

Je te remercie d'être venu, c'est gentil.

Oh, entre toi et moi, Jacques,
depuis le temps…

"gentil"… c'est pas le mot.

Tu as raison, c'est mieux que ça.

- Tu vas défendre Eddy ?
- Heu… Non.

Pourquoi ? Tu ne veux pas ?

Tu sais bien, je…

J'ai un peu décroché, je ne plaide plus.

- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Mais la vérité.

Je suis maître Ritter, honoré,
reçu partout, couvert d'or et…

de gloire,

même de… médailles.

Hein ? L'illustre momie.

Non, mais sois tranquille,
la momie sera là.

Non, crois-moi,

on sera pas trop de deux avocats
pour cette affaire-là.

Et puis j'ai… un jeune avocat,

un jeune collègue
que je vais faire monter en ligne.

Moi, je constituerai… la réserve.

[Ritter] C'est mieux, crois-moi.

Eddy est très jeune, on en tiendra compte.

Il était très jeune.

Il a tué.

[Jacques] Pourquoi ?

"Pourquoi ?"

Il ne sait pas lui-même.

Un réflexe de peur.

Ils se réunissaient pour boire,
pour fumer du hasch, pour être ensemble.

C'est leur vie.

Vous êtes industriel,
moi, je suis policier.

Pour eux, on est des débiles,
comme ils disent.

Qu'arrivera-t-il à mon fils ?

Personne ne le plaindra.

- Il n'a que 17 ans.
- [commissaire] C'est vrai.

[commissaire] Mais il y a de plus en plus
de meurtriers de 17 ans.

Évidemment, les gens en ont assez.

Vous étiez peut-être de ceux-là.
Jusqu'à ce que ça vous arrive à vous.

Pour mon fils,
il n'y a pas eu préméditation.

Pas dans ses déclarations. On vérifiera.

Je peux le voir ?

Perez ?

Envoie chercher Eddy Batkin.

Demain, le juge le prend en charge.

Et les autres ?

Sur la cinquantaine,
je n'ai pu en garder que six,

pour les mœurs, et surtout pour la drogue.

Et les fournisseurs de la drogue ?

Vous allez me dire qu'ils devraient être
à la place des jeunes ?

- Vous savez, commissaire…
- [on toque]

Oui ?

[Perez] Voilà Batkin, patron.

[machine à écrire au loin]

C'était comme dans un cauchemar.

Ça me tapait dans la tête.

Et avec les lumières, d'un seul coup…

J'ai cru que j'allais mourir.

J'ai eu peur.

J'ai pris le fusil…

et j'ai entendu le bruit
comme si ma tête éclatait.

Après, on m'a dit que j'avais tiré.

Que j'avais tué.

Oui, tu as tué.

Redresse-toi.

C'est tout ce qui te reste.

Au juge, tu diras que maître Ritter
du barreau de Paris assurera ta défense.

Jean ?

Tu lui raconteras tout,

sans détour, sans hésitation,

qu'il croie pas
que t'es un voyou hypocrite.

T'as compris ?

Je le promets.

Je te jure que je voulais pas faire ça.

Avant toi, maman est venue.

Elle a crié.

J'arrangerai ça.

Papa…

Oui ?

Je te verrai plus ?

Oh si, tu me verras.

[brouhaha de la circulation]

[musique funk à la radio]

[homme] Attention,
un flash d'informations.

Au cours d'une cérémonie
à l'Hôtel de Ville,

le préfet décernera
la Légion d'Honneur à titre posthume

à l'officier de police Grimaldi,
tué par le jeune drogué Eddy B.

Maintenant, une page de publicité.

[machine à écrire]

[Jacques] Bonjour, monsieur.

[conversations entremêlées]

[femme 1] Bonjour.

[homme 1] Bonjour, M. Batkin.

[homme 2] Bonjour, monsieur.

[homme 3] Bonjour, M. Batkin.

[femme 2] Bonjour, monsieur.

Patron ? On voudrait vous dire que…

Merci Bertrand, je sais.

[homme 4] Bonjour, patron.

Bonjour, monsieur. Je voudrais vous dire…

J'ai appris ce qui est arrivé
et je suis sûre…

Merci, Florence.

[sonnerie]

Oui ?

[Florence] M. Crozier du Matériel lorrain
demande un rendez-vous.

Les Italiens, toujours cette histoire
des 20 camions bennes.

Et puis la réponse avec délai
aux Japonais,

leurs représentants à Paris…

Renvoyez tout, je veux voir personne.

[Florence] Me Ritter est là.

Oui, qu'il entre, voyons.

- Bonjour.
- Tu as lu les journaux ?

Oui. Ça t'a étonné ?

À ce point-là, oui.

Tu ferais mieux de ne pas les lire.

Tu t'attendais
à ce qu'ils te fassent des cadeaux ?

Tu es patron, tu es riche
et tu es dans la merde.

- [Jacques] Alors ils la remuent.
- C'est leur métier.

Dis donc…

Ces temps derniers,
le petit te paraissait normal ?

- Tu penses à la drogue ?
- [Jean] Oui.

Je n'ai rien remarqué, Muriel non plus.

À mon avis, c'est tout nouveau.
Et de temps en temps.

Bon.

Eh ben, attendons le dossier.

Et après ?

[Jean] Oh, après…

[Jean] Après, mon vieux,
on est dans le noir.

[Jean] Il faut compter
sur l'opinion publique,

qui en a assez
de la violence et des crimes.

[Jean] Surtout quand c'est commis
par des jeunes.

Et même lorsque ces mômes-là
viennent d'un milieu…

[Jean] Enfin… défavorisé, comme on dit.

Ça hurle à la mort, en ce moment.

La mort ? Pour Eddy ?

Non, non…

D'accord.

Eddy est très jeune, délinquant primaire.

Pas de préméditation,

ce n'est pas un crime crapuleux.

Enfin, on jouera avec tout ça.

Au besoin, je plaiderai en second.

Mais ça n'est pas gagné, tu sais.

Sincèrement,
qu'est-ce que tu crois que ça donnera ?

Au mieux…

et pas moins, 15 ou 20 ans.

Non.

C'est trop.

Mais enfin, Jacques,
ton fils a descendu un policier,

dans l'exercice de ses fonctions.

Je sais, tu as raison.

Puis ça va dépendre aussi

du juge d'instruction
sur lequel on va tomber.

- [Jacques] Tu as une idée là-dessus ?
- Oui.

Et elle n'est pas bonne.

Va falloir que tu te battes
pour mon gosse.

- [femme] Laissez-moi passer !
- Je vais me battre aussi.

[femme] Lâchez-moi ! Vous êtes folle !

[femme] Je suis sa mère !
Vous ne comprenez pas !

Tu veux m'empêcher de voir ce salaud ?
Cette ordure !

Il a envoyé mon fils en prison !

C'est pas sa pute de femme
qui le conseille,

trop peureuse avec son pognon !

- Calmez-vous, on vous entend.
- J'espère bien !

Le fils préférait son père,
il avait tout ce qu'il voulait.

[femme] Même de la drogue !

Tu as voulu le fric de cette gonzesse,
voilà le résultat !

Moi, je veux mon fils, t'entends ?
Je le veux ! Il est à moi !

C'est mon fils, t'entends ?
C'est le mien !

[elle crie]

[Jean marmonne]

Allez, venez. Je vous ramène.

[Jean] Venez, venez.

[gazouillis d'oiseaux]

[femme] Jacques ?

Jacques ?

Monsieur est en haut, madame.

Pour moi, il avait pas tellement changé.

Et pour toi ?

[femme] Il sortait davantage.

Je le connaissais, je le regardais…

S'il avait été alcoolique ou drogué,
ou n'importe quoi,

je l'aurais vu, non ?

Il faisait même du sport.

C'est toi que tu voyais.

Ce trop beau vélo brillant,
il ne s'en est servi qu'une fois.

Non.

Non, je suis pas aveugle.

Je le voyais bien.

Exactement comme il était.

J'ai toujours jugé les gens que j'aime,
jusqu'à m'en faire mal.

Je me disais qu'il était jeune.

Non, Jacques.

Tu ne le connaissais pas.

C'est pas mon fils, mais…
moi, je le voyais.

J'avais le temps, peut-être.

Toi, non.

Les voyages, l'argent, les affaires.

Tu n'avais pas oublié que tu avais un fils
mais peut-être lui,

il ne savait pas tout à fait
qu'il avait un père.

Commissaire,
des tuyaux sur l'affaire Batkin ?

La victime est enterrée,
l'inculpé sous les verrous.

Affaire classée.

Quelques détails sur le père.
On le dit d'origine polonaise.

Elle en vaut bien une autre.

[homme 1] Nous laissez pas tomber,
soyez chic, dites quelque chose.

[homme 2] Qu'est-ce que risque le môme
d'après toi ?

Vingt ans minimum.

Quelle heure est-il ?

L'heure de dormir pour toi.

Repose-toi.

Tu dois voir ce juge aujourd'hui.

Rassure-toi, j'y pense.

Dors.

[musique mélancolique]

Tiens.

Ta lettre.

C'est ta petite amie
qui t'écrit tous les jours ?

Monsieur Batkin,

avez-vous inculqué à votre fils
le respect d'une vraie justice ?

Je suis un homme d'affaires,
pas un magistrat.

Disons que vos affaires,
qui sont très prospères,

supposent que vous avez acquis
une très grande habileté.

La réussite est un crime, M. le Juge ?

Non…

Mais elle n'est pas une vertu.

Elle ne constitue en aucune manière
une protection pour celui qui la détient.

Il ne s'agit pas de moi, mais de mon fils.
Et il a 17 ans.

Monsieur Batkin,

quand on a condamné à mort
un assassin de 17 ans,

l'accusation avait demandé
la condamnation à perpétuité.

Mais les jurés ont voté la mort.

On a dit que ce n'était que le reflet
d'une opinion publique,

que les gens en ont assez de la violence,
qu'ils ont peur.

On a oublié qu'une chose, voyez-vous.

[juge] C'est que ce garçon
appartenait à un milieu très pauvre.

[juge] À l'opposé de celui
qui est aujourd'hui le vôtre.

Je vois pas le rapport, Monsieur le Juge.

Il y en a pourtant un, M. Batkin.

C'est que les assassins doivent être jugés
de la même façon,

quelle que soit la fortune de leur père.

Il n'est pas un assassin,
c'est un concours de circonstances.

Circonstances plutôt dorées, M. Batkin.

Enfin, vous expliquerez tout ça
à la partie civile,

aux orphelins du policier,

et à la veuve Grimaldi.

[il sonne]

Madame Grimaldi ?

Oui, c'est pour quoi ?

Je souhaiterais vous parler.

[Mme Grimaldi] C'est pas pour l'affaire ?
Vous êtes journaliste ?

Madame, ma démarche est très difficile.

Permettez-moi d'entrer.

Je suis le père d'Eddy Batkin.

Un père qui condamne l'action de son fils

et qui vous prie de croire
qu'il compatit à votre douleur.

Merci, monsieur.

Madame, j'aimerais pouvoir
soulager votre malheur.

Je vous comprends, monsieur.

Malheureusement, ce n'est pas possible.

Sachez que le repentir de mon fils
est profond

et que son terrible geste
a été incontrôlé.

Asseyez-vous, monsieur.

[voix d'enfants]

Écoutez…

si vous aviez besoin de quoi que ce soit…

- Comptez sur moi.
- Non, monsieur.

Mais je vous remercie.

Pardon.

Merci encore de m'avoir reçu.

C'était tellement inespéré.

[Jacques] Au revoir, madame.

Alors ?

Une brave femme.

Je pense qu'elle nous aidera.

C'est tellement important pour Eddy

que je n'ose… à peine y croire.

Il faut.

Je crois qu'elle nous recevra encore.

C'est en face d'elle
que j'ai le plus ressenti

le mal qu'avait fait Eddy.

- Allez, au revoir.
- [homme 1] À bientôt.

[femme] J'essaierai de revenir
la semaine prochaine.

[discussions entremêlées]

[Jacques] Tu dors bien, quand même ?

La nuit, j'entends sonner les heures.

Y a une église pas loin.

Je réalise pas ce que j'ai fait.

[sonnerie]

C'est l'heure.

Écris un mot à Muriel,
ça lui fera plaisir.

Tu vas pas partir en voyage ?

Ta visite, qui c'était ?

C'est mon père.

Le Polonais, c'est ton père ?

Oui, il est d'origine polonaise.

Nous, on l'appelait le Polak.

- Tu le connais ?
- Tu parles si je le connais.

On était en cabane ensemble.

T'étais en prison avec mon père ?

Ça te la coupe ?
Même qu'on a essayé de s'évader.

On était dans une prison du Luxembourg.

On s'était mis des grains de Vals
dans l'œil pour aller à l'hosto.

Il a pas dû oublier.

Et après, il s'en est sorti
en faisant le dingue.

Antoine Renac, parle-lui de moi.

C'était un caïd à l'époque.
T'inquiète pas, il te sortira de là.

Un caïd ?

Mon père ?

Heureusement pour toi.
Au moins, il a de l'expérience.

Te fais pas de bile,
j'ai quelques matons dans la poche.

- Ils te feront des fleurs.
- Renac !

[une cloche sonne]

[en anglais] Thank you for coming.

[en anglais] Have a nice trip back.

- [en anglais] Goodbye.
- [en anglais] Thank you.

[en anglais] Thank you.

Vous avez les Italiens à 11 h, monsieur.

- Les Italiens ?
- Je peux trouver un prétexte.

Non, vous les ferez entrer.

Bonjour Muriel, bonjour Jacques, ça va ?

Maître Vaulnet du barreau de Paris,
vous connaissez de nom.

Monsieur et Madame Batkin.

Monsieur.

Maître Vaulnet se déplacera
à chaque instruction.

De très bonnes nouvelles.

La veuve Grimaldi a accepté de l'argent
pour que son fils fasse médecine.

Eh bien, d'accord avec Me Vaulnet,
j'ai préparé sa lettre de désistement.

[haut-parleur] Deuxième et dernier appel,
vol Air France 6696…

"Je soussignée,
madame veuve Grimaldi, déclare,

"malgré la douleur qui me frappe,

"ne pas vouloir assouvir
une vengeance inutile.

"Non seulement je retire ma plainte
et j'abandonne la partie civile,

"mais, en souvenir de mon mari
profondément bon,

"je prie le tribunal de se pencher
avec indulgence

"sur un meurtrier de 17 ans

"qui a agi sans haine
et sans préméditation

"dans un moment d'inconscience."

[Jacques] Bonjour, madame.

- [Jacques] Je vous attendais.
- Moi aussi. Tenez.

Voilà votre argent.

- Je ne comprends pas.
- Lisez, vous comprendrez.

Je vous ai cru sincère,
vous n'êtes qu'une famille de bandits.

Tel père, tel fils.
Si vous revenez, j'appelle la police.

[machine à écrire]

[homme] "Le Polonais n'avait pas dû élever
son fils dans le respect de la police,

"ce qui n'étonnera personne aujourd'hui,
à la lumière du passé de Jacques Batkin.

"Un passé qu'il croyait
enterré pour toujours.

"Avec le temps, la fortune aidant.
Fortune…"

[raclement de gorge]

Intéressante,
la dernière édition aujourd'hui.

[Jean] Alors ?

Cette saloperie
est tombée un jour trop tôt.

La veuve l'a lue
et me l'a flanquée à la gueule.

J'avais besoin de quelques heures,
ils me les ont pas laissées !

Un journal doit se vendre.

- Mais Jacques a payé sa dette.
- Bien sûr, Muriel.

Je suis au courant, ce n'est pas moi
qui l'ai défendu, autrefois ?

Quant à payer sa dette, vous savez…

On vous réclame toujours des intérêts.

Quelle influence sur l'affaire ?

Pas bonne.

Le père ancien gangster,
le fils meurtrier.

Pour la presse, c'est une aubaine.

Et pour l'accusation, y a pas mieux.

Il faut intervenir,
que cette campagne cesse.

Nous avons des amis.

Nous avions des amis.

J'ai lu les journaux.
Renac m'a tout raconté.

Ce que vous avez fait ensemble.

Tout ce que t'as fait, toi.

Comment tu t'es arraché
en simulant la folie.

Comment t'as trompé
les médecins et les psychiatres.

T'étais un caïd.

Un vrai.

Un grand, a dit Renac.

Maintenant qu'on sait
que je suis ton fils…

on me respecte, ici.

J'ai même des privilèges.

- Tu es fier de moi ?
- Oui.

Très.

Écoute, Eddy.

J'ai mis près de 20 ans
à me sortir de mon trou.

À oublier, à me refaire une vie.

Pendant plus de dix ans,
j'ai remonté la pente tout seul,

sans rien dire,

avec mon passé, mais pour moi, seul.

Je le revoyais, ce passé.

Je revoyais Gerry Batkin,
mineur, immigré de Pologne,

qui avait crevé dans la mine.

Je regardais son fils, Jacques Batkin,

pour voir s'il devenait un peu plus
un homme comme les autres

et un peu moins une bête,
traquée et malheureuse.

Pendant des années, j'étais cette bête.

Jusqu'à ce que je décide
de sortir de l'enfer

et de conquérir autre chose
qu'une gloire de caïd, comme tu dis.

J'ai compris où était la vraie puissance,

et je l'ai voulue,
contre la misère de mon père.

Et tu sais pourquoi ?

[Jacques] Pour toi.

[Jacques] Eddy Batkin.

Pour que tu oses porter mon nom
et en être fier,

autre part que dans des prisons

et avec des gens
autres que des truands, des assassins

ou des escrocs minables.

C'est pour toi que j'ai gagné,
que j'avais gagné.

Moi qui n'ai rien eu

pour que toi, tu aies tout.

Tu crois que je vais accepter de perdre ?

Accepter qu'un petit con
qui a tué un flic parce qu'il a fumé…

Arrête.

… soit admiré parce que
son père était l'ami de Renac ?

C'était mon rêve, Eddy,
que tu aies les mains propres. À ma place.

[Jacques] Même là où tu es,

n'oublie pas.

Si tu en es capable.

Salut.

Il sera prêt à l'aube. Il part en Espagne.

- Vous m'offrez un peu de café ?
- Bien sûr, patron.

Merci.

Dans les ateliers,
on croit pas tout ce qu'on raconte.

Pourtant, c'est vrai.

Pour nous, ça change rien.

Merci.

Pour le café et pour le reste.

[musique mélancolique]

Bonjour, monsieur.

Excusez-moi,
je ne pensais pas que vous étiez là.

[il soupire] Ça ne fait rien.

Quoi de nouveau ici ?

Ils veulent réunir
un conseil d'administration.

- Sans moi.
- Très bien.

Ah, Florence…

Dites-moi ce que je dois faire.

Mais à quel sujet, monsieur ?

Ben, quelle question.

Les affaires courantes.
Apportez-moi le dossier.

Postez-moi ça en express, pour mon fils.

Très bien.

Merci.

Si je reste dans la police, elle divorce.

Elle me laisse le choix.

Peut-être qu'il y a pas assez
de chômeurs comme ça.

En tout cas, réfléchis.

Bonjour.

- Je vous dérange pas ?
- Non.

On m'a dit que vous étiez des habitués.

Asseyez-vous.

Un café, s'il vous plaît.

Je ne suis pas d'accord avec la presse,
si c'est pour ça que vous êtes là.

- Non, c'est pas pour ça.
- Je vois.

Vous vous battez pour le gosse.

À ma place, que feriez-vous ?

Vous avez un fusil chargé de chevrotine,

les deux fils sont des drogués notoires,

la propriété est ouverte à n'importe qui
pour y faire n'importe quoi.

- Et alors ?
- Vous trouvez ça normal ?

Voyez-vous, Batkin…

la propriété est isolée.

Avoir chez soi,

un fusil chargé de chevrotine
n'est ni un délit ni un crime.

Vous vous battez,
mais on s'est battus, nous aussi.

On a fait notre boulot, n'en doutez pas.

J'ai interrogé les jeunes
sous contrôle médical.

Même pas question de leur filer une gifle.

On a tourné et retourné les Allemands.

Ils faisaient la bringue, et après ?

Ils avaient un flingue, et après ?

Ils étaient bourrés de came, et après ?

Là aussi, cul-de-sac.
Je vous le répète, on a fait notre boulot.

J'aimerais en être aussi sûr que vous.

Écoute, Batkin.

Je sais ce que tu penses.

Figure-toi que je suis flic,
mais je te comprends.

Eh oui. Figure-toi que ça existe,
un flic qui comprend.

Surtout quand il a des gosses lui aussi.

Je sais également qui tu as été.

Et qui tu es,
malgré ce que tu es devenu avec ton fric,

tes affaires, tout le reste.

Les situations changent,
mais certains hommes changent pas.

Je te connais, tu es de ceux-là.

Ça, Batkin, y a un moment où c'est mauvais
d'être le même ou de le redevenir.

C'est de ma faute ?

Tu es prêt à faire des conneries,
ça sera de ta faute.

Ton gosse, il savait pas, lui.
Il a des excuses.

T'as déjà bouffé la soupe.

T'en auras pas, d'excuses,
si tu te remets à en bouffer.

Alors fais gaffe, y a des limites.

Ou alors je m'arrête de comprendre.

Voilà, je t'ai tout dit.

Et c'est pas à M. Jacques Batkin
que j'ai parlé.

Tu veux un cognac ?

Merci.

[musique jazz]

- On se retrouve chez Gaby ?
- D'accord.

[Jacques] M. Feldman ?

Non. Derrière.

[petit rire]

M. Feldman, je crois.

Je m'appelle Jacques Batkin.

Je suis venu pour deux choses.

Parler de votre fusil de chasse
et voir vos deux fils.

Mes fils ?

Les chéris de ma femme.

Où sont-ils ?

Demandez-leur de descendre.

Non.

Je peux rien faire.

Y a longtemps que je peux rien faire.

[une femme crie en allemand] Nein!

[musique jazz]

Ce n'est rien.

- [une porte claque]
- [la musique s'arrête]

[ils parlent allemand]

[le ton monte]

[il parle en allemand]

[la femme crie]

[elle parle en allemand]

Qui ? Qui vous fournit la drogue ?

Qui ?

Chiusi, 3 rue de la Graine.

Un horloger.

[la femme crie]

- [on toque]
- Oui, qu'est-ce que c'est ?

[Muriel] C'est moi, Muriel.

Entrez, Muriel.

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Jacques n'est pas rentré.

Il est 5 h du matin.

Il est peut-être resté à son bureau.

Hier, ils ne l'ont pas vu.

Si… S'il y avait un accident,
on le saurait déjà.

Ce n'est pas à un accident que je pense.

[brouhaha]

- Madame.
- Monsieur.

C'est pour un nettoyage, s'il vous plaît.

Oui.

Pas avant la fin de la semaine prochaine.

Vous auriez pas un délai plus bref ?

C'est important, je pars en voyage.

Je paierai ce qu'il faut.

Une minute, je vais voir.

Tiens, un type insiste.
Faut le faire, quand même.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Regarde, la routine, quoi.

- Nettoyage.
- Dépêche-toi quand même.

- Attends une seconde, écoute.
- Non, arrête.

- Ça suffit.
- Bougez plus.

Touchez plus à rien.

Exportations en tous genres.

Vous faites aussi du travail local ?

[l'horloge à coucou sonne]

Un joli cadeau à faire à un enfant, non ?

Vous avez des enfants ?

Moi, j'en ai un.

Il s'appelle Batkin.

Eddy Batkin.

Non.

Vous n'êtes pas des assassins.

Vous êtes mieux que ça.

La mort, vous ne la donnez pas,

vous ne la voyez pas,

vous la vendez.

Vous la pesez.

Vous la mettez en sachet,
vous l'expédiez comme des lettres anonymes

à des enfants qui crèvent
en les recevant !

Vous avez les mains propres

et l'esprit tranquille.

Vous avez déjà vu un jeune drogué ?

[Jacques] Avec ses pieds qui traînent,

ses lèvres et ses mains qui tremblent,

son regard fixe qui n'accroche plus rien,

comme si on l'avait amputé du cerveau.

Jamais, non.

Jamais vous n'avez entendu ses cris
et ses gémissements de douleur

quand il supplie,

quand il pleure pour s'envoyer en l'air
encore une fois avec la mort,

pour qu'elle le défonce, comme ils disent.

Vous pourrissez, vous détruisez,

y a plus de père, plus de mère,

plus d'enfance, plus rien.
Plus rien pour vous.

- Le fric !
- [l'homme crie]

On devrait vous pendre
à des crocs de boucher !

Vous écorcher vifs sur la place publique !

- [l'homme crie]
- [femme] Non !

[elle crie]

Transportez cette saloperie
dans la baignoire !

Vas-y !

[Jacques] Allez chercher le reste.
Fais-le, dépêche-toi !

[une horloge sonne longuement]

[plusieurs horloges sonnent]

[elles arrêtent de sonner]

Qui vous fournit ?

Je… Je vous le jure, je sais pas.

Qui vous fournit ?

[femme] Croyez-nous, on connaît personne.

On dépose l'argent
et on reçoit la marchandise.

- [Jacques] "La marchandise" ?
- Pitié.

"Pitié" ?

Qui aura pitié de mon fils ?

Des ordures comme vous, on leur fait rien.

Il paraît que vous êtes du menu fretin.

On vous ménage
pour arrêter les gros qu'on coince pas.

On compte sur vous
pour remonter la chaîne.

- [Jacques] Je la coupe, la chaîne.
- Non !

Non !

[elle crie]

Non !

[elle hurle]

[elle pleure]

[femme] Non, pas ça.

Je vais prendre un bain, je suis sale.

[Jean] C'est pas une raison
pour plonger les autres dans la crasse.

- Plonger qui ?
- Ben Eddy !

Il a craqué.
Personne ne l'a cru, c'est raté.

T'avais pas le droit !

"Le droit" ? Mais de quoi ?

Non, écoute, je t'en prie,
c'est pas parce que t'as fait le dingue

et que ça t'a réussi, qu'il faut inciter
le gosse à en faire autant !

- Qu'est-ce que tu dis ? Eddy a voulu…
- Jean.

- Il ne sait pas.
- Tu m'as cru capable de faire ça ?

Je te demande pardon, Jacques.

Vraiment, je te demande pardon, j'ai cru…

Mais Eddy l'a fait, cette connerie !

Hein ? Il a mis le paquet !

Et tout est manqué.

Ça n'arrange pas ses affaires.

Le juge t'attend.

Il va te poser des questions,
j'espère qu'il te croira.

Faut que tu y ailles.

Quand ?

À 11 h.

J'y vais.

Jean.

J'ai peur.

- Je crois voir un autre homme.
- Oui.

Un homme que j'ai connu dans le temps.

[homme] Le seul ennui,
c'est qu'à une époque,

vous aviez été atteint
de la folie de la persécution.

[homme] Je suppose que vous êtes guéri.

50 % d'atténuation mentale.

Vous en souhaitiez peut-être autant
pour votre fils.

Je ne souhaite rien
et je regrette ce qu'il a pu faire.

Voyez-vous, Batkin,
vous avez fait une erreur.

[homme] Une grave erreur.

Quand on donne des conseils,

surtout quand ils sont
de la qualité des vôtres,

encore faut-il être sûr
qu'ils seront bien suivis.

C'est raté, Batkin.

Je n'ai rien conseillé.

J'en suis moins sûr que vous

et j'ai bien envie de vous inculper.

Vous plaisantez ?

J'en ai l'air ?

Enfin, vous avez ma parole…

[petit rire] Votre parole…

Si je n'avais pas eu de parole,
mon dossier serait pas si épais.

Vous n'avez aucune preuve
de ce que vous avancez.

J'ai ma conviction personnelle.

Je m'en fous
de votre conviction personnelle !

Aux assises,
vos accusations serviront mon fils.

Aujourd'hui, la justice est sortie
de nos cabinets et de nos prétoires.

[homme] Vous lisez les journaux,
n'est-ce pas ?

[homme] Vous savez
comment vous y êtes traité.

Je ne dis pas
qu'ils ne sont pas très sévères,

mais on estime que votre reconversion
n'est pas due qu'à votre valeur.

À la chance d'un riche mariage,
disent-ils.

[homme] Et derrière ce luxe,

il y a un fils criminel.

- Que nous défendrons.
- C'est votre droit.

J'en ai un autre, moi.

Désolé qu'il ne coïncide pas
avec le vôtre.

[musique inquiétante]

Maintenant qu'il a signé,
laissez-le manger.

Pourquoi tu as fait ça, Eddy ?

Je sais pas.

Pourquoi tu as fait ça ?

Eddy.

Renac.

Il m'avait tout dit.

Comment tu avais fait, toi.

Tu sais, toutes ces choses.

Comment tu leur avais fait croire
que tu étais fou.

Que toi,

tu avais été capable de ça.

Voilà.

Et alors ?

Alors…

J'ai voulu faire comme toi, papa.

Tu comprends ?

Il fallait pas.

Si.

Je voulais te montrer que moi aussi,
je pouvais.

Mais moi, j'ai pas pu.

Je pensais à toi tout le temps.

Mais j'ai pas pu quand même.

Toi, oui.

Comment t'as fait ?

Moi, je pensais à personne.

C'est peut-être pour ça que j'ai réussi.

Moi aussi je voulais réussir.

Te montrer.

Il faut que tu me pardonnes.

C'est fait.

Tu sais…

J'ai entendu parler sur moi.

Ils disent
que je pourrais être condamné à…

À mort ?

Oui.

Je veux pas.

N'aie pas peur. Je suis là.

Papa.

Je veux pas mourir.

On simule la folie,

on cherche à se fabriquer
des circonstances atténuantes.

Vous vous conduisez comme un imbécile.

Et qui plus est
comme un récidiviste chevronné.

Il est vrai que vous avez de qui tenir.

C'est votre père qui vous a conseillé ça.

N'est-ce pas ?

C'est lui ? Je vous ordonne de répondre !

Il ne répondra pas.

Maître Ritter, c'est moi qui dirige.

En notre présence.

Non, mais permettez.

Vous instruisez le procès d'Eddy

ou de Jacques Batkin ?

C'est lequel qui vous intéresse ?

[Jean] On veut savoir,
les choses seraient plus claires.

Je n'ai pas de leçon à recevoir.

Sans doute,
mais alors ne vous trompez pas d'accusé.

Enfin, Monsieur le Juge,

je connais vos droits et vos limites.
Alors !

Alors ?

La vérité,
c'est que tout se retourne contre Eddy.

Le plus grave,
c'est que votre fils est très fragile.

Il en a donné la preuve.

Allez, restons pas là, viens.

[brouhaha]

[musique légère]

Je voudrais voir M. Octavi.

- Il vous attend ?
- Oui.

Veuille me suivre.

[brouhaha]

[voix entremêlées]

[musique douce]

[il toque]

Jacques vous écoutera.

Il n'a jamais oublié
ce que vous avez fait pour lui.

Et puis… il vous aime beaucoup.

Il vous admire.

[Muriel] Parlez-lui, Jean.

Je n'ai que des mots, ma petite Muriel.

Et ils sont inutiles,
Jacques est devenu sourd.

Parlez-lui tout de même.

Moi…

je ne peux rien.

Je ne suis personne, maintenant.

Promettez-moi.

Bon.

Je vous promets.

- [Muriel] C'est vrai ?
- Oui.

J'essaierai encore une fois.

Mais j'ai aussi une autre idée.

C'est très dangereux.

Et à mon avis, c'est une connerie.

Une connerie ? Pour qui ?

Pour le gosse.

Tu sais, il a plus grand-chose à perdre.

Réfléchis encore et reviens quand tu veux.

Merci.

Je vais réfléchir.

Je t'ai vu naître.

Je t'ai vu grandir.

Puis je suis ton parrain.

Allez, allez.

Je sais comme tu souffres
et puis comme tu regrettes.

[Jean] Mais j'ai confiance en toi.

- [Jean] Je vais te demander un service.
- Un service ?

- À moi ?
- [Jean] Oui.

[Jean] Pour ton père.

Tu ne t'en rends pas compte,
mais tu es le seul à pouvoir lui parler.

Il devient…

Enfin, il est redevenu ce…

Tel que je l'ai connu autrefois,
capable de n'importe quelle aventure.

Alors il faut que tu l'aides

à prendre son parti
de ce qui est arrivé, enfin…

tu comprends ?

Pour le sortir de cet état,
je crois qu'il faut…

qu'il te sente

responsable.

[Jean] Courageux, comme quelqu'un…

qui accepte son sort,
qui accepte de payer sa dette,

mais qui aura la volonté
de devenir un homme.

Après.

Plus tard.

Tu comprends ?

Oui.

C'est ça qui est important pour lui.

Tu comprends ce que je veux dire ?

Oui, d'accord, je vais essayer.

Tu peux compter sur moi.

[vrombissement de moteurs]

M. Batkin. Vous étiez peut-être
venu pour me voir ?

Non, je… Je passais.

Vous savez, pour votre fils,
on n'a pas encore compris.

En dehors de l'évidence,
y a pas grand-chose à comprendre.

De toute façon, il est trop tard.

- M. Andrei ?
- Oui ?

Attention aux autres.

Qu'est-ce que tu fais là ?

- [homme 1] Il est haut.
- [homme 2] Et solide.

C'est pas la solution,

de te ronger les sangs
et d'embrasser les murs.

[homme 1] Tu viens souvent à cette heure ?

Je viens même la nuit,
si vous voulez savoir.

Oui, je veux tout savoir.

Tu ferais mieux d'aller te reposer.

C'est pas parce que tu tournes en rond
que les murs s'écrouleront.

Dis-toi que c'est juste.

C'est mon fils,
je me fous de ce qui est juste.

[homme 1] T'as tort, Batkin.

- T'as payé assez cher pour le savoir.
- Pas ce prix-là.

Y a plus de prix, maintenant,
y a plus rien, Batkin !

Hier, on a failli se faire flinguer
par un travesti.

- [Eddy] Bonjour, Maître.
- Bonjour.

[Eddy] Vous êtes seul ?

- [Eddy] Maître Ritter ne vient pas ?
- Il viendra demain.

Ça va depuis la dernière fois ?

Bien. On va travailler
pour la prochaine audience.

Vous allez bien m'écouter.

[avocat] Il faut donner de vous
une image exacte.

C'est très important.

Parce qu'au fond…

elle n'est pas si mauvaise, hein ?

- Papa va bien ?
- [avocat] Oui.

Autant qu'il est possible.

J'avais préparé cette lettre,

à son attention.

Pour que maître Ritter la lui remette.

Je la remettrai moi-même.

Pour cette fois.

Le père de madame a téléphoné.
Vous devez le rappeler.

Je m'y attendais.

J'espère qu'il a pas oublié
qu'avec ma femme, on a 60 % des parts.

Je crois que ce n'est pas
une question d'argent.

Il voudrait enlever votre nom des camions
et de la raison sociale.

Si ça peut le réconforter.

Moi, je m'en moque.

- [on toque]
- Oui ?

[Jacques] Merci, Florence, laissez-nous.

- Bonjour.
- Bonjour, Jean.

- [Jacques] Bonjour, Maître.
- Eddy va mieux.

Je l'ai trouvé… conscient, responsable.

On le sentira, aux assises.

[avocat] C'est sa meilleure chance.
Il exprimera son repentir et…

ils y seront sensibles.

Tuer un flic, comme ça, pour rien.

Par peur de la lumière.

Et les assises.

Bon Dieu, les assises.

[avocat] Tenez.

- Une lettre de lui.
- Merci, Maître.

Eddy !

[klaxons]

[klaxons]

[klaxon]

[klaxon]

[klaxon]

[klaxons]

[klaxons]

[klaxon]

[klaxons]

Vite, mon fils, Batkin,
ouvrez, je vous en prie !

Il est encore sous le choc.

Sa corde de fortune a cédé.

Vous pouvez attendre,
ou revenir, comme vous voudrez.

Merci, je reviendrai.

Il allait bien, il était calme.

Il avait changé, en mieux.

Je sais pas ce qui lui a pris.

Moi, je sais.

Je sais.

[Muriel] J'ai vu ma sœur.

C'est la seule qui nous comprenne.

Tout ça n'empêche
que je suis un vieux con.

Et vous le savez bien.

Quand je pense que c'est moi
qui ai eu l'idée de parler au gosse.

J'ai plus de jugement.

Ne dites pas de bêtises.

Vous rentrez à Paris avant l'instruction ?

Ben…

Ça dépend
si Jaques a besoin de moi ou non.

Comme tu voudras.

Qu'est-ce qu'on décide pour mon père ?
Tu sais, l'histoire des noms.

[Jacques] Comme tu voudras.

Jacques.

M'attendez pas, je rentrerai tard.

- Messieurs, bonsoir.
- Bonsoir.

Le petit a voulu se tuer.

- Je sais.
- [Jacques] J'ai réfléchi.

C'est plus une question de prison,
il tiendra pas le coup et moi non plus.

- Tu vas faire une connerie.
- J'ai pas le choix.

Comme tu voudras.

Viens, on va te mettre au point.

[musique douce]

Échange de livres.

Tu dois te faire inscrire
pour le dentiste.

- Pourquoi ?
- Je t'expliquerai.

C'est tous les mois. Tu iras trois fois.

[vrombissement de moteurs]

[homme] Approchez-vous.

Eddy Batkin.

Né le 20 juin 1959 de Jacques Batkin

et de Ginette Favron.

Je suis le président Lenoir,
je présiderai la cour d'assises

devant laquelle vous comparaîtrez
le mois prochain.

Je vais lire l'acte d'accusation
dressé contre vous

après la clôture de votre instruction.

"Il y a un an,

"dans la nuit du 15 avril 1975,

"vous avez abattu d'un coup de fusil

"le brigadier de police Grimaldi
qui était en service commandé.

"Reconnu responsable de vos actes,
vous êtes donc coupable du meurtre

"prévu par l'article 304 du code pénal.

"Les conclusions du magistrat instructeur
sur les circonstances entourant le meurtre

"relèvent de l'article L628
de la loi du 31-12-70

"concernant l'usage des stupéfiants."

Préparez-vous pour le dentiste.

Pas de pain, y en a qui dégueulent.

Vous aussi, dentiste.

- [homme] Prends ton pain.
- Pas de pain, j'ai trop mal.

Ça tombe bien, vous n'y avez pas droit.

Tout le monde pour le dentiste.

Lezin et Batkin
sous surveillance spéciale.

T'as vu, Eddy ? On est les plus dangereux.

[musique de suspense]

[musique de suspense]

Question de minutes.

On ouvre à tous ?

Pense à toi quand tu étais à leur place.

Il a plié, ils arrivent.

[crissement de pneus]

Oh ! Merde ! T'as vu cette bonne femme ?

- Les gars, y a des dégâts, descendez !
- Ça va, on va voir ça.

Fais pas le con.

La clé.

Allez, ouvre.

- Eddy !
- [Eddy] Ici, papa.

[homme] Promenade !

[homme] Promenade !

[aboiements]

Eddy !

Lezin !

[Lezin] Eddy !

Eddy !

- [Jacques] Eddy, viens !
- [coup de feu]

[coup de feu]

Eddy !

[homme] On a attaqué le fourgon
avec Batkin.

Batkin ? Bon Dieu.

Bloquez l'aéroport.
Les postes frontière sur l'Italie.

Alertez les postes de montagne, j'arrive.

[homme] Poste central à chariot 4.

Chariot 4, j'écoute.

[homme] Alerte
à toutes les voitures disponibles.

Eddy Batkin évadé d'un fourgon cellulaire

en fuite dans une 604 Peugeot
gris vert métallisé

immatriculée 930 SS 06.

Ordre de boucler l'aéroport.

J'ai tout organisé.

J'ai un avion.

Tiens.

On se posera en Sicile,
dans une propriété privée.

[policier] Départ grandes lignes bouclé.
Nous croisons dans le secteur.

[vrombissement des moteurs]

[Eddy] Papa, les flics !

[policier] Chariot 4 à PC.
Prenons en chasse la Peugeot.

[policier] Chariot 4 à PC.

[sirène]

[homme] Les premiers interrogatoires
n'ont rien donné.

[homme] Les témoins n'ont rien vu,
les hommes étaient masqués,

tout s'est passé très vite,
peu de témoignages.

Mais je m'interromps,

on m'apporte une information
de dernière minute.

Une dépêche en provenance de Nice.

L'industriel Jacques Batkin
vient d'attaquer le fourgon cellulaire

qui transportait son fils Eddy,

inculpé du meurtre
d'un officier de police.

À l'instant où je vous parle,

les évadés, détournés de l'aéroport

où les attendait sans doute
un avion privé,

roulent en direction de La Vésubie

à bord d'une 604
de couleur bronze métallisé.

Jacques Batkin avait refait sa vie,
nous en avons parlé,

sans doute n'a-t-il pas oublié
ses habitudes de mauvais garçon.

Aveuglé par son amour paternel,
on suppose qu'il a entraîné son fils

dans une folle aventure
qui risque de tourner à la tragédie.

Tragédie parce que
Jacques Batkin est armé.

Notre correspondant est sur place,
j'espère que nous l'aurons rapidement

afin qu'il nous donne les informations
sur cette chasse à l'homme qui commence.

- De votre côté, Édouard…
- Vous êtes au courant.

C'est foutu, ils sont foutus !

Ils sont encore libres.

[Jean] Mais pour combien de temps ?

Il ne vous a rien dit ?

Non. Il nous a laissé une lettre.

Il s'excuse.
Il donnera des nouvelles plus tard.

Ah, ce Jacques !

Je l'ai sauvé quand il était jeune,
après j'ai cru en lui, j'en étais fier.

Et aujourd'hui ce désastre, ce gâchis !

Pas pour lui.

Enfin, Muriel, soyez un peu lucide,
c'est de la folie !

Ne le jugez pas.

Oui.

Il aurait pu penser à nous.

À vous tout au moins.

Je voudrais être avec eux.

[crissement de pneus]

- Bonjour, Jean.
- Salut.

Tu vas réduire.

Tu gardes le titre :
"Jacques Batkin fait évader son fils"

et à la place de tout mon laïus,

tu mets seulement :
"Aux dernières nouvelles,

"signalés dans La Vésubie,
ils se dirigent vers la frontière."

[Jean] Tu mets plus l'accent
sur le drame père et fils ?

[homme] On pleure pas
pour un tueur de flic.

L'affaire Jacques Batkin,
et nous allons tenter d'entrer en relation

avec Robert Cessieux
à bord de notre hélicoptère,

qui survole les Alpes maritimes

quelque part entre le col de Tende
et la vallée de La Vésubie.

[homme] Robert Cessieux,
hélicoptère RTL, à vous.

[Robert] Jacques Paoli,
je vous entends bien.

[Robert] Nous survolons
la vallée de La Vésubie,

nous avons perdu le contact
avec les fuyards et depuis un moment,

les deux hélicoptères de la police
quadrillent la forêt pour les trouver.

[klaxons]

[homme 1] Qu'est-ce qui vous prend ?
C'est pas à vous !

[homme 2] Roger ! Ta Jeep !

Ils ont fauché une Jeep.
Posez-vous devant eux.

Où, sur les arbres ?

[policier] Ils prennent le chemin
de la crête, on va les perdre.

[Robert] On est dans le sillage
des hélicos de la police,

ils survolent la Jeep que Batkin
et son fils viennent de dérober.

[Robert] J'ai l'impression
que la Jeep se dirige

vers les crêtes derrière lesquelles
se trouve la frontière italienne

et qu'ils vont essayer
de franchir cette frontière.

Si vous voulez, Jacques Paoli,
je rends l'antenne,

je vous rappelle quand je serai en mesure
de commenter la suite.

[Jacques] Merci, Robert Cessieux.
Vous intervenez quand vous le voulez.

Saute ! Allez, saute !

On les a perdus.

Allez, viens, bon Dieu.

Robert Cessieux, vous m'entendez ?

[Robert] Oui, Jacques, je vous entends.
On dirait que Batkin et son fils

ont abandonné leur Jeep
et progressent à pied sous le couvert.

[Robert] Les recherches
vont peut-être s'interrompre

car les hélicoptères vont sans doute
devoir regagner leur base

pour se ravitailler en carburant.

[robert] Pour le moment,
faute de les voir,

j'essaie d'imaginer les deux fugitifs,
sous les arbres,

et je ne peux m'empêcher d'avoir
une pensée pour Batkin et son fils.

[Robert] Je crois cependant
qu'il leur reste une chance.

En admettant que les policiers
parviennent à les repérer,

je ne pense pas qu'ils interviennent
car le terrain est accidenté

et je vois mal comment les hélicos
pourraient se poser.

[Robert] La frontière
est maintenant toute proche

et la capture de Batkin et son fils
me paraît compromise.

[Robert] Peut-être les retrouvera-t-on
dans un autre pays,

voire un autre continent.

[musique énigmatique]

[Jacques] Encore 200 mètres à découvert
et on est en Italie.

Dès qu'ils s'éloignent, on y va.

Les voilà.

- Dépassez-les, et posez-vous.
- Je peux pas, y a trop de vent.

Là-bas, sur la gauche ?

- C'est l'Italie.
- Mais je m'en fous !

[musique de suspense]

Tirez, nom de Dieu !

- On n'est plus chez nous, commissaire.
- Et alors ?

[musique douce]

[musique sombre]

[musique douce]