All language subtitles for Au Service De La France S02E05

[en arabe] Allez, allez,
rentrez chez vous ! Rentrez !

- Allez, allez ! Vite ! Vite !
- Oui, ça va. C'est bon.

Il est passé où, l’indigène ?

C’est ce que je disais.
Il faut pas leur faire confiance.

- Les mains en l'air.
- Et voilà.

[en arabe]
C'est bien fait pour vous, sales chiens !

[algérien] Allez !

- C'est vous, le FLN ?
- Oui.

- Et le GPRA.
- Vous vous prenez pour qui ?

De quel droit vous traitez comme ça
un colonel de l’armée française ?

Un colonel missionné
par le général de Gaulle

pour mettre un terme à ces événements.
On est en France ici.

Justement, on est là pour en discuter

et nous sommes habilités à négocier
avec l’occupant français.

- L'occupant ?
- Ça va, Jacquard. Ça va.

Personne ne quittera cette maison
tant que tout cela ne sera pas réglé,

même si ça dure une semaine.

On ne solde pas 130 ans
de vie commune comme ça.

Je voudrais bien savoir pourquoi le FLN

ne se satisfait pas
de l’autodétermination.

Si vous ne voulez pas de ça,
qu’est-ce vous voulez ?

Pour commencer,
nous voulons le droit de vote

pour ceux que vous appelez les indigènes,

les Algériens,

à parité avec les Français.

[le colonel] Accordé.

Enfin, mon colonel.

Pardonnez-moi
mais ça me paraît pas très judicieux.

Écoutez, Jacquard, on va pas
y passer la journée. Quoi d'autre ?

Nous voulons la libération
des détenus politiques.

Accordé.

Nous voulons la reconnaissance
de la nationalité algérienne.

Accordé.

L'indépendance.

Accordé.

- Enfin, mon colonel.
- Nous voulons l’indépendance,

le départ des Français,
récupérer tous leurs biens.

Les terres, les magasins,
les usines et les maisons.

Accordé.

Bien, on a fait le tour, non ?

Il a quelque chose à signer ?

Alors, Jacquard vous venez ?

[prostituée] Viens, mon mignon.

Alors, mon mignon. On se balade ?

Bonjour, madame. C’est combien ?

Ça dépend, belle petite gueule.
C’est pour quoi ?

Pour tout mais si c’est bien fait
et bien cochon.

Merci, madame.

Mon colonel,
c’est vraiment la volonté du général

de brader les départements français ?

Ah, ça fait du bien un peu d’air.
On crevait de chaud dans leur gourbi.

Sidi colonel.

Ça s’est bien passé, Sidi Jacky ?

[le colonel] Vous les avez en jaune ?

- Surtout pas de marron. En 43.
- J'en ai.

C'est pour Marthe.

Ah. Mon colonel, je voudrais comprendre.

Ça fait 130 ans
que la France demande aux colons

de développer l’Algérie
et on les lâche comme ça ?

Vous avez quand même développé
sans demander notre avis.

- Il n’a pas tort votre ami indigène.
- Moktar, Sidi colonel. Moktar.

Vous êtes certain
que ce sont bien les ordres du Général

parce que c’est pas du tout
ce qu’il dit en public ?

- Il y a pas plus tard que deux jours...
- On va pas parler de ça toute la journée.

Voilà, c'est 45 francs.

Bien sûr. 45 francs. En France,
pour 45 francs, j’achète des mocassins.

L’Algérie, c’est la France.

[Moktar rit]

Ça va. Vous voyez, il faut toujours...

Elle est jolie. C’est pour ma femme,
on est un peu en froid en ce moment.

Ah. Marthe ?

Marthe ? Qu’est-ce que vous racontez ?
Ma femme s’appelle Irène.

Vous ne m’écoutez pas du tout, Jacquard.
Je vais en prendre neuf.

Mais mon colonel, la France a prévu
une indemnisation, au moins ?

Non parce que s’il faut compter
sur les assurances...

Et voilà. Ça fait 270 francs.

- 270 francs.
- Garde la monnaie.

Mon colonel,
on pourrait revoir le FLN, rediscuter.

Je vais me prendre une tortue, moi.
Elle est mignonne celle-là.

Et celle-là, aussi.

Je vais prendre celle-là
et celle-là pour vous.

Et tiens, je vais en prendre une
pour Mokar.

Il est sympathique votre indigène, Jaktar.

Trois cent francs, monsieur.

Divisé par trois.

Bonjour, Merlaux.

Bonjour.

Monsieur.

Vous avez l'air en forme.

On nous avait annoncé votre mort.

On vous a menti.

Le service m’a trahi. La France m’a trahi.

Dorénavant, je veux me battre
pour une cause juste.

[Mullerovitch]
Qu’est-ce que vous nous voulez ?

Et qu'est-ce que vous nous voulez ?

Je veux entrer au KGB.

Au revoir, monsieur.

Et c'est tout ?

♪ Non rien de rien ♪

♪ Non je ne regrette rien ♪

♪ Ni le bien qu’on m’a fait ♪

♪ Ni le mal
Tout ça m’est bien égal ♪

[en arabe] C'est bientôt fini ce boucan ?!
Va chanter ailleurs !

De quoi je me mêle, on est en France ici !

Quoi ? Plus pour longtemps !

♪ Je me fous du passé ♪

♪ Avec mes souvenirs ♪

♪ J'ai allumé le feu ♪

♪ Mes chagrins mes plaisirs ♪

♪ Je n'ai plus besoin d'eux ♪

♪ Balayés les amours ♪

♪ Avec leurs trémolos ♪

♪ Balayés pour toujours ♪

♪ Je repars à zéro ♪

La France vous trahit.

De Gaulle vous trahit.

Il négocie secrètement avec le FLN.

Non seulement de Gaulle négocie
avec le FLN, mon général,

mais il accède à toutes ses demandes.
Toutes.

Mon général,

l’armée française a gagné le match,

elle s’est imposée
de façon incontestable et définitive

mais De Gaulle va donner la coupe
à l'adversaire.

Non seulement la coupe, mon général,
mais le terrain,

les maillots et les shorts.

De Gaulle brade l'Algérie
pour avoir la paix en métropole.

Et qui sont les dindons de la farce,
mon général ?

Je ne suis pas militaire,

mes généraux, mais si je l'étais,
je l’aurais mauvaise.

Je ne laisserais pas faire.
C’est une question d’honneur

et d'indemnités.

Je prendrais bien un kawa, moi.

Comment vous dites "kawa" en arabe ?

Kawa.

Vous voyez, ils nous doivent tout
et nous, on va tout laisser.

Wahad kawa khouya !

[coups de feu à l'extérieur]

Le climat est agréable dans ce pays
mais c’est quand même très bruyant.

Il semble
que quelques militaires aient décidé

de garder l’Algérie française,
mon colonel.

Ils ne sont pas obligés
de faire tout ce barouf.

[sirène]

[Fernand Renaud] Je suis à l’indice 280
j’ai le mois double,

la gratification, l’indemnité
de transports, j’ai ma retraite.

Votre bureau a appelé. C'est urgent.

[Jean Poiret] Vous ne pensez vraiment
qu’à vous.

Il faut qu'on y aille.
On dirait qu'il y a du grabuge.

[le téléphone sonne]

J'écoute.

Bien.

[le téléphone sonne]

J'écoute.

Qui le demande ?

Je vous le passe.

Calot, j'écoute.

[on frappe à la porte]

Oui ? Oui ?

[logeuse] Marie-Jo, on vous demande
au téléphone. C’est urgent.

Merci, madame Bernardin. Je descends.

[sirène]

[Guy] Qu'est-ce qu'il se passe,
à votre avis ?

Sans doute la suite des faux pas
commis à Berlin.

Qu'on fasse taire cette sirène.

Je déclare la mise en place immédiate
du code "état d’urgence".

Ce soir à 10h05,
un putsch a eu lieu à Alger.

Sous l’impulsion de quatre généraux,

des militaires de l'armée française
se sont soulevés

et ont pris le contrôle de la ville.

Ils se sont emparés du palais
du gouvernement, de l’aéroport,

de l’hôtel de ville et de la radio.

Il est envisageable qu’ils aient prévu
un coup d’état, ici, à Paris,

pour renverser le général.

Vous voyez, il n’y a pas
que dans votre zone que ça s’agite.

Personne ne menace de renverser le général
dans ma zone parce qu’elle est tenue.

[Moulinier] Dans ma zone, non plus.

Vous avez des putschs
tous les trois jours.

[Moïse] Calot ? Moulinier ?

Allez-y, Schmidt.

[Schmid] Bien.

En vertu de l’article 43B, alinéa 4,
du règlement intérieur

qui définit la procédure "état d’urgence",

en l'absence du colonel Mercaillon,
grand résistant,

en mission classée très secret défense

et sur ordre du général Dubernet,
grand résistant,

du colonel Favier, grand résistant,

et de Monsieur le Préfet de police Papon,
grand résistant,

Moïse, directeur adjoint, est nommé
directeur du service par intérim.

Merci, Schmidt.

Maintenant qu’a été énoncé
le cadre réglementaire,

passons aux mesures propres
à l’état d’urgence.

Primo, je récupère mon bureau.

Et deuxio. Allez-y Schmidt.

Application de l'article 43C.

Tampons non urgents restitués,
tampons urgents en service.

Eh bien alors, mademoiselle Marie-Jo ?
Tampon.

Oui, bien sûr, monsieur Schmid,

mais faut-il tamponner
avec un tampon urgent

ou avec un tampon non urgent ?

Eh bien, oui.

Le règlement ne le précise pas.

Un vice de procédure.

En tant que directeur du service
par intérim,

je décide que le 43C sera tamponné

deux fois, avec un tampon urgent,

puis avec un tampon non urgent.

Un vrai chef.

Que prévoit ensuite la procédure

d’état d’urgence
après la procédure tampons, Schmidt ?

Schmid, avec un "d".

- Alors ?
- Il n'y a pas pot.

Pardon ?

Je suis comme vous, je ne comprends pas.

Un second vice de procédure, peut-être.

- Monsieur Moïse ?
- [Moulinier] C'est incroyable.

Pas pot.

Pardon, jeune homme.

Oui ?

Auriez-vous l’heure, je vous prie ?

Ah.

Eh bien...

Il est minuit moins le quart.

Merci, jeune homme.

Bonjour chez vous.

Au revoir.

Monsieur Moïse ?

Oui ?

Je ne veux pas vous déranger
en plein état d’urgence

mais j’ai cru comprendre dans les derniers
dossiers que j’ai dactylographiés,

je peux me tromper,

que la bombe atomique Gerboise verte
était entreposée à Alger

en vue du prochain essai nucléaire.

- Eh bien ?
- Eh bien, alors, j'ai pensé,

si cette bombe se retrouvait
entre les mains des putschistes ?

Merci, Marie-Jo.

Qu’est-ce qu’ils fabriquent encore ?

Moktar, c’est Moïse.
Dites-moi, Moktar, je...

Oui, bonjour.

Ça va, oui. Enfin, non. Dites-moi,
je n’arrive pas à joindre Jacquard.

La famille va bien, je vous remercie.

C'est important, la famille, bien sûr.

Bon, Moktar, vous allez transmettre
ce message à Jacquard.

Il faut prendre la Gerboise et la promener
à Reggane. C’est extrêmement urgent.

Il faut prendre la Gerboise
et la promener à Reggane.

Non, il ne peut pas la promener ailleurs.

Bon, débrouillez-vous

pour leur faire passer le message et vite.

Oui, je salue tout le monde pour vous.

Oui, tout le monde va bien.

Oui, oui, oui.

Oui. Inch'Allah.

[sirène]

[coup de feu]

Monsieur Moïse, il m’a téléphoné.
C’est très urgent.

Il m’a dit voilà : "Il faut prendre
la Gerboise et la promener à Reggane."

Poussez-vous un peu, Mokar.
Je vois plus rien.

"Il faut prendre la Gerboise
et la promener à Reggane."

Je comprends rien du tout, Moktar.

Peut-être que je me trompe, Sidi Jacky,
mais la bombe atomique Gerboise verte,

elle est entreposée à Alger
pour le prochain essai nucléaire.

Comme il y a le putsch, je me dis,

si elle tombe entre les mains
des putschistes,

c’est pour ça peut-être
qu’il faut la promener à Reggane.

Qu’est-ce que c’est,
cette histoire de "pouche" ?

Mon colonel, on va aller faire
un petit tour à Reggane.

Ah. C’est loin ?

1 500 km de désert, plus ou moins.
Ça dépend de la voiture.

Jaktar, Mokar, on y va.

- Il y a un souk ?
- Du calme mon colonel, on ira demain.

Il est tard, là.

J’ai une petite chose
à régler avant de partir.

Vous m’avez fait peur.
Avec tout ce barouf, on est à cran, là.

J’ai une mission à vous confier,
Moulinier.

- À vos ordres.
- Voilà, il s'agit d'une filature.

Non mais attendez, moi,
j’ai passé l’âge des missions filatures.

Nous sommes en état d’urgence.

Et en état d’urgence, on obéit encore plus
aux ordres et on les discute encore moins.

- Quelle est la cible ?
- Une femme.

Ah donc, filature et courtoisie, alors ?

Qu’est-ce que c’est que cette misogynie ?

Depuis quand les missions courtoisie
ne concernent que des cibles féminines ?

Vous n’avez accompli des missions
courtoisie qu’avec des cibles féminines ?

- Non.
- Alors ?

Non, ce n’est pas une mission courtoisie.

Donc, vous allez suivre cette femme
et vous ne posez pas de question.

Je veux savoir ce qu’elle fait,
où elle habite, qui elle voit.

Et attention, vous n’établissez
aucun contact autre que visuel.

Une pro FLN ?

Une pro OAS ?

Une pro putsch ?

Une pro anti putsch ?

[sirène]

[Moïse] Qu’est-ce qu'il s’est passé ?

- C’était peut-être un court-circuit.
- Ou bien un long circuit.

Je vais appeler le cabinet du ministre.

Ils ont peut-être eu
des nouvelles d’Alger.

Dites, qu’en est-il pour les primes ?

C'est-à-dire ?

Il semble logique qu’il y ait
une prime état d’urgence, non ?

Et une prime de nuit.

Plus la prime surcroît de travail.

Sans omettre les nuisances sonores
liées à la sirène.

L’état d’urgence permet de torturer
sur tout le territoire métropolitain

sans contrôle judiciaire.
C’est une prime en soi.

Qu’est-ce que ça change
par rapport à d’habitude ?

On torture d’urgence.

[Mullerovitch] Pst.

Pourquoi voulez-vous entrer au KGB ?

Qu’est ce que vous attendez de nous ?

Une protection ?

Des femmes ?

- De l'argent ?
- Pas du tout.

Je veux rejoindre les forces vives
de l’Union Soviétique.

Je ne veux plus de cette France
capitaliste, bourgeoise et conservatrice.

- Je veux une France communiste.
- Chut.

Je ne veux plus accepter
que 10 % de la population mondiale

possède 90 % des richesses.

L'idée communiste en est à son tout début,
alors que le capitalisme reproduit

les vieilleries et les inégalités
de l'ancien régime.

Je veux aider à changer le monde,

comme mes parents ont essayé de le faire
en luttant contre le fascisme.

Et qu'est-ce qui me prouve

que tout ce beau discours
n’a pas été mis au point

par les services français ?

Ces gens-là m'ont tué et enterré.

Que faut-il de plus ?

Ça veut dire que vous m'engagez ?

Vous êtes pressé ?

Non,

mais tous ces petits papiers...

Vous doutez de l’efficacité
des méthodes du KGB ?

Non.

Bien sûr que non.

Mullerovitch.

Hôtel du Lion d’Or, chambre 7, attendez.

En tant que directeur du service
par intérim,

et compte tenu de la gravité
de la situation,

je vous informe qu’un nouvel agent va être
titularisé à compter de cette nuit.

Cette titularisation vient saluer
et consacrer ses qualités

de ponctualité, d’ordre, de bonne tenue

des dossiers et d’intuition.

Des qualités remarquables, essentielles

qu'il est temps d'estimer
à leur juste valeur.

Est nommé agent de catégorie A, échelon 1.

Cottin.

C'est qui ?

Non, monsieur Moïse.
Je sais pas, je peux pas faire ça.

Ne vous en faites pas. C'est sans doute
un nouveau vice de procédure.

Ponctualité, intuition, bonne tenue.

Ce sont des qualités de femme.

Ça n’a rien à voir
avec des qualités d’agent.

[Moïse] Félicitations, agent Cottin.

Marie-Jo.

Merci, monsieur Moïse.

- Je sais pas quoi dire.
- Vous agissez, c'est beaucoup mieux.

- Il y a pot ?
- Pas de pot pendant le putsch.

Là, Bénichou, vous ne pouvez pas
me dire que ce n’est pas la guerre.

Guerre, dommage de guerre,

dommage de guerre,
remboursement par l’assurance.

C’est un putsch, monsieur Jacquard.
Ce n’est toujours pas la guerre.

Des militaires, des chars dans les rues,
des attentats, c’est quoi alors ?

Le terme retenu par ma compagnie est...
Attendez.

Ah voilà.

"Un pronunciamiento organisé
par un quarteron de généraux en retraite."

En retraite ? Ils sont en pleine forme.

Ce sont les propres mots
du général de Gaulle.

Si les mots de de Gaulle deviennent
le prototype de la précision,

- on n’a pas fini de putscher. Voleur !
- Antisémite.

Non.

C'est bon. Monsieur Jacquard,
monsieur Bénichou,

vous faites honte à la France.

[Moktar] Il faut être gentil
avec les gens.