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Oui, beaucoup.

Vous avez vu ce film, "L'arnaqueur" ?

Oui

Vous vous rappelez cette premi�re sc�ne.

L'asphalte br�lant, deux hommes dans une
voiture. Formidable.

Le d�roul� du g�n�rique, vous vous rappelez,
avec le film qui s'arr�te puis red�marre.

Comme dans "Des agents tr�s sp�ciaux".
Vous avez vu les films tir�s de la s�rie ?

Oui

Si je prends des auto-stoppeurs,
c'est qu'ils me tiennent compagnie.

J'aime entendre ce qu'ils ont � dire.

Un homme commence par faire du stop et
puis tr�s vite, il a sa propre voiture.

J'ai pris des tas de gens. Ils ont tous une
histoire � raconter.

Peu importe que ce soit vrai ou pas.

Vous �tes citadin ?

Je l'ai �t� la plus grande partie de ma vie.

Je ne suis jamais inquiet en prenant un auto-
stoppeur. Vous voyez ce que je veux dire ?

Certains pensent que c'est dangereux.
On sait jamais sur qui on tombe.

Ce bruit de moteur ne me dit rien qui vaille.

J'aimerais bien m'arr�ter pour jeter
un �il aux bougies.

Y a une place un peu plus loin o�
je peux me garer facilement.

Vous pouvez me donner un coup de main.
On ira en ville ensemble. �a vous va ?

Oui, bien s�r.

J'ai des outils dans le coffre.
C'est important d'�tre bien outill�.

Vous voulez une cigarette ?

Je n'en ai pas l'utilit�.

Merci

�a fait quatre ans que j'ai cette voiture.

Quel �ge avez-vous ?

Qu'est-ce que vous avez dit ?

Pourquoi vous avez arr�t� la cigarette ?

Y a une cl� � molette l�. Vous voulez bien
l'attraper pour moi.

Ma fille. Je parie que vous ne pensiez pas que
j'avais une fille.

Elle a un plan. Elle a onze ans.

Elle veut faire le tour du monde.

Vous imaginez une petite fille faire
le tour du monde toute seule.

Je lui ai dit, pourquoi voyager ?

On a tout, ici.

Pour des vacances, je comprends. Tout le
monde a besoin de changer d'air.

Recharger les batteries, tout �a.

Mais vous savez ce que c'est, son plan ?

Elle veut passer sa vie � bourlinguer.
Aller partout dans le monde.

Elle veut commencer l'ann�e prochaine.

L'ann�e prochaine.

Bref, je lui ai dit, comment une petite fille
comme toi peut voyager sans argent ?

On s'amuse bien ensemble, tous les deux.

On ne prend rien de tout �a au s�rieux,
vous savez.

Mais je lui dis, qui va payer ?

C'est une dr�le de petite.

Vous savez, je crois qu'au fond,
elle ne veut pas travailler.

Je crois que c'est �a. Qu'est-ce que
vous en pensez, de ce plan ?

Il faudra que j'y r�fl�chisse.

Voil�.

Ecoutez, je crois que j'ai assez roul� pour
aujourd'hui. Allez-y et laissez-moi l�.

Oh, tr�s bien.

Et merci beaucoup de m'avoir pris.

J'ai une bonne nouvelle pour vous.

Je crois qu'on ferait mieux d'entrer.

Que je vous mette � l'aise avec
quelques bonnes nouvelles.

Notre demande de deux syst�mes
synaptiques a re�u un accueil favorable.

Certains d'entre vous croient plus
en cette approche que moi.

Mais je pense qu'on peut se r�jouir que le
mouvement g�n�ral

vers ce qui avait coutume d'�tre consid�r�
comme de l'analyse fondamentale

se perp�tue � notre niveau.

Mais je voudrais insister sur le besoin de
revoir les hypoth�ses

dont nous avons discut�
en d�tail le mois dernier.

Mais j'en viens � l'information principale.

La raison pour laquelle je vous ai r�unis

est que lors des dix prochains jours nous
allons devoir lancer cinq comit�s,

dont un d'un peu moins de 300 personnes.

Je prendrai moi-m�me
la direction de ce dernier,

et je voudrais faire une �bauche de nos plans.

Le grand comit� sera
une affaire assez co�teuse.

Les invit�s ont tous des
imaginations divergentes.

Il y aura peu de sondages, et
j'esp�re qu'il se r�unira � la loge.

Si elle est libre, nous
pourrons avancer tr�s vite.

Le second comit�, dont j'esp�re
qu'il sera dirig� par Philips,

comprend dix-huit personnes, et Philips
et moi en avons d�j� parl� en d�tail.

Il est en droit de soutenir que puisque
la soci�t� ne lui fournit plus

les moyens de subsistance
qu'il voudrait lui voir fournir,

si cela n'advient plus, il est en droit,
par cons�quent,

d'informer la soci�t� qu'il ne souhaite plus
r�colter les dividendes de la soci�t�,

ni n�cessairement contribuer
aux d�penses de la soci�t�.

Quant � la motion, dont il est question
depuis un certain temps,

je n'ai que quelques commentaires � faire.

Et si vous voulez bien me laisser
finir sans m'interrompre,

j'�couterai vos commentaires
quand j'aurai termin� mon expos�.

Je parle d'une situation tr�s particuli�re

inscrite dans un contexte
beaucoup plus large.

Nous savons tous ce dont il s'agit

et je vous serais reconnaissant
d'aller droit au but

sans les habituelles circonlocutions qui ont
g�ch� le d�bat par le pass�.

Ceux qui se prononcent
en faveur de la motion

Ceux qui se prononcent
en faveur de la motion

l'ont fait avec une grande lucidit�,

mais aucun de leurs arguments
n'�tait opportun.

Ceux qui se prononcent contre, et � qui
la m�me critique s'applique,

ont soulev� quelques arguments int�ressants,
qui �taient tous �galement inopportuns.

Vous savez tous ce que je veux...

Excusez-moi. Votre manteau d�passe.

Bonjour.

Bonjour.

Voil�, je m'excuse de vous d�ranger,

mais quelque chose vient d'arriver et il faut
que je m'absente un moment.

C'est impossible. On ne peut
vraiment laisser partir personne.

L'attente est d�j� trop longue.

J'ai cette lettre, pour aller � un comit�.

Un comit� ?

J'ignore de quoi il s'agit.
�a ne dit pas grand-chose.

On ne peut savoir ce qu'ils ont
en t�te sur simple lettre.

Cela se passe toujours comme �a. On re�oit
une lettre et on part rejoindre un comit�.

�a peut durer un jour comme une semaine.
�a vous est d�j� arriv� ?

Non, jamais. J'en ai entendu parler
de temps en temps.

Vous savez de quoi il s'agit ?

�a peut �tre n'importe quoi.
J'ai particip� � l'un d'entre eux, il y a un an.

Il �tait compos� de huit hommes.

On nous a demand� de choisir l'orange
qui nous paraissait la plus ronde.

Mais c'est plut�t inhabituel.

La plupart du temps, �a ressemble
� un long week-end � la campagne.

Une partie de campagne qui n'en finit plus.
Tr�s amusant, vraiment.

C'est quand m�me �trange que les gens
acceptent sans se poser de questions.

Oh, non.

Vous vous faites des id�es.

Il n'y a aucune contrainte.

Vous aurez peut-�tre � remplir un ou deux
formulaires, pendant qu'ils font le travail.

Quand vous �tes dans un comit�,
vous en devenez un �l�ment.

Il ne s'agit pas de contraindre les gens.

Mais de quoi s'agit-il, alors ?

Autant se demander ce qu'un employ� du
t�l�phone fabrique dans une bouche d'�gout.

Il s'agit d'entretenir le syst�me.

Dr�le de question.

Vous allez vous amuser.

Je veillerai � ce qu'on vous remplace.

Certains reviennent un peu chang�s,
et ce changement peut signifier beaucoup.

J'ai vu un film int�ressant hier soir.

J'aimerais en discuter avec vous.
Je vous offre un verre apr�s le travail.

Oui, d'accord. Merci beaucoup.

Si vous voulez bien aller dans le hall
principal pour vous inscrire.

Pouvons-nous laisser nos bagages ici ?

Oui, �a ira. Votre chambre se trouve
dans l'�difice derri�re ce b�timent.

Est-ce qu'il y a une piscine, ici ?

Oui. Nous avons tout un ensemble
d'installations, tennis, canotage, etc...

Si vous voulez bien patienter,

nous allons nous occuper de tout
le monde tr�s rapidement.

Remplissez un de ces formulaires,

si vous pouviez les rapporter avant le
d�jeuner, ou juste apr�s.

Vous �tes ensemble ?
Chambre 37, s'il vous pla�t.

C'est dans le b�timent qui est
juste derri�re cet �difice.

Vous �tes seul ?

Oui.

Chambre num�ro 4. C'est dans le b�timent...
Permettez.

Nous y voil�.

Combien de temps cela prendra-t-il,
� votre avis ?

C'est difficile � dire tant que nous
n'avons pas trait� les formulaires.

Quand les imprim�s reviendront de la ville,

je pourrai me faire une id�e plus pr�cise.

Pour en revenir � ce dont
nous parlions tout � l'heure,

je crois que ma position est �tay�e par
les quatre cents derni�res ann�es.

Les quatre-cents derni�res ann�es ne
rel�vent-elles pas plut�t de l'exception ?

Quand bien m�me.

Je parie que vous quitterez
votre comit� d�s ce soir.

Vous savez ce dont il s'agit ?

J'attends d'�tre � ce soir.

Il se peut tr�s bien qu'on reste l� pendant
un mois, si vous voulez mon avis.

C'est vrai.

Excusez-moi.

Excusez-moi.

Ressentez-vous une g�ne
au niveau des dents ?

Non, non.

Pas particuli�rement.

Parfait, dans ce cas.

Excusez-moi.

C'est tout � fait stup�fiant.

Vous �tes le sosie de ma femme.

Non vraiment, c'est stup�fiant.

Vous avez le m�me front, les m�mes yeux,
le m�me nez,

exactement la m�me bouche.

Tout est pareil,

sauf la moustache, bien s�r.

Vous voulez faire une partie de ping-pong ?

Non merci. J'allais justement me baigner.

Bonjour.

Salut.

Tiens, prends �a.

Tu es arriv� ce matin ? Je ne t'ai pas vu.

Oui, j'�tais l�. Comment �a va ?

�a va.

Maman demande de tes nouvelles.
Il faudrait vraiment que tu lui �crives.

Oui, je sais. Je vais le faire.

C'est super ce comit�,
on dirait des vacances gratuites.

Pas pour moi.

Comment �a ?
O� veux-tu en venir ?

Bon, �coute.
Je vais te le dire.

Je suis inquiet.
J'ai vraiment peur.

Je crois que ce comit� est l� pour moi.

J'ai d�coup� un type l'autre jour.

Bref, il est � la loge, l�.

Oh, non.
Tu te trompes s�rement.

Qu'est-ce qu'il a dit ?

Rien. Je ne crois pas qu'il
se souvienne de moi,

mais j'en suis s�r.
C'est pour �a.

Tu es s�r ?

On filera, alors. On s'en ira ce soir
quand tout le monde sera couch�.

On s'en ira, tu vois ce que je veux dire.

Oui

Oui. Je vois ce que tu veux dire.

C'est moi qui m'en irai.

Tu n'y es pour rien. J'en suis s�r.

Le directeur veut que ces formulaires
soient trait�s.

Tr�s bien

En fait, je ne suis pas fou de feux d'artifice,

mais je sais en reconna�tre un bon
quand je le vois.

Vous pensez que le spiritualisme, vous savez,
la communication avec les morts,

est la m�me chose que la P.E. S ?

Ca d�pend. Si les morts sont l�, oui,

sinon, c'est assez diff�rent.

L� d'o� je viens il y a deux choses � faire,
rester ou s'en aller.

Qu'avez-vous fait ?

Vous savez ces cr�atures que Cocteau
met dans ses films,

avec des t�tes de cheval et des corps
d' homme - ce sont des santons � l'envers.

Vous voulez dire des centaures.

Oui, des centaures � l'envers.

Je me souviens d' une fille
qui craquait tout le temps.

On attendait qu'un taxi l'emm�ne � l'h�pital.

Et elle restait assise � dire
des choses comme

"c'est affreux", "c'est atroce",
"c'est d�gradant".

C'est atroce, c'est horrible.

Mais �a l'est vraiment.

J'�tais vraiment heureux, un soir.

J'avais invit� une fille du bureau � d�ner,
et on rentrait chez elle.

J'attendais �a avec impatience.

En chemin, on est pass�s devant
une boutique d'animaux.

La rue �tait vide, la seule lumi�re
venait de la boutique.

Et l�, dans la vitrine, il y avait un grand
r�servoir plein de tortues.

De petites tortues.

Et leurs carapaces �taient presque
toutes peintes.

Quelqu'un �tait venu et les avait peintes
de diff�rentes couleurs,

avait peint des petites fleurs, ou des courts
messages sur leur carapace.

Et j'ai remarqu� que l'une d'entre elles
�tait incrust�e de nacre,

et la fille m'a pris par le bras,
tout excit�e et a dit,

oh, regarde, regarde comme celle
avec la nacre est jolie.

Apr�s �a j'ai su que je ne monterais
pas chez elle.

J'imaginais sa coiffeuse couverte
de petits accessoires f�minins,

des �pingles � cheveux,
des bigoudis, divers objets,

des peignes et des brosses,
tout �a incrust� de nacre.

Si vous voulez bien me suivre
dans mon bureau.

Asseyez-vous.

J'aimerais vous faire un pr�l�vement de sang.

Y a-t-il quelque chose dont
vous voulez me parler ?

Que voulez-vous savoir ?

J'aimerais que vous me disiez ce qui
s'est pass� dans la clairi�re l'autre jour.

Vous voulez savoir pourquoi,

pourquoi je lui ai coup� la t�te avant
de la remettre en place ?

Oui.

Je ne voulais rien lui faire
subir d'irr�m�diable.

Je voulais prendre sa t�te et m'en servir
pour faire une blague,

comme l'accrocher � un mur pour
faire peur aux passants.

Mais j'ai laiss� la blague et finalement,
j'ai remis sa t�te en place.

Vous semblez vous attendre
� un jugement de ma part,

responsable ou irresponsable, innocent
ou coupable, sain d'esprit ou fou.

Je me jugerai tout seul.

Vous vous jugerez peut-�tre tout seul, mais je
peux conditionner votre jugement � ma guise.

Si vous avez une opinion, c'est parce que
je vous autorise � l'avoir.

Pourquoi dites-vous "Je" ?

Pourquoi pas "Nous" ?

Comme vous voulez. Nous
nous �loignons de la clairi�re.

Je ne veux pas para�tre snob,

mais ce type qui s'inqui�tait pour sa voiture.

Vous m'avez compris.
Il n'est pas vivant.

Si vous avez le pouvoir de faire ce que vous
dites, pourquoi vous ne le r�veillez pas ?

Contentez-vous de me dire
ce qui s'est pass�.

Si vous lui posiez la question,

il serait incapable de vous r�pondre.

C'est �a le probl�me, pas vrai ?
Il en serait incapable.

Et vous ?

Voil� ce que je peux vous dire.

Dans cette voiture, il ne se passait rien,
voyez, rien, on parlait, c'est tout.

Il n'y a rien de honteux � dire
qu'un homme pareil ne pense pas.

Il ne ressent presque rien.

Il joue � �tre humain parce que personne
ne lui a dit de faire autrement.

Vous �tes peut-�tre le meilleur
chirurgien du coin,

mais ce que vous dites n'est pas tr�s clair.
Qu'est-ce qu'il ne pense pas ?

Bon. On est en droit de penser que c'est
un homme intelligent et accompli.

Accompli selon quels crit�res.

Les n�tres.

Ses crit�res � lui ne comptent pas ?

Voil�.

D'une certaine mani�re,
ils ne comptent pas.

Je sais que �a semble affreux. Je ne le pense
sans doute m�me pas vraiment.

Peut-�tre ai-je tort du tout au tout.

La seule chose � faire est d'essayer
d'am�liorer les choses.

Selon quels crit�res ?

Ecoutez. J'aimerais tout vous
expliquer � propos de ce type.

Il est prisonnier de lui-m�me.
Un vrai moulin � parole.

J'ai l'impression qu'il ne s'int�resse � rien.
Qu'il ne s'int�resse pas aux autres.

Tout le reste est affaire de go�t,
affaire d'opinion,

mais si on peut vivre sur cette terre
sans se soucier des autres...

Alors vous lui avez coup� la t�te.

Ce que vous lui avez fait illustre
ce que vous lui reprochez.

Je ne lui ai rien fait.

Il va tr�s bien. Je l'ai remise � sa place,
la t�te, je veux dire.

Sa t�te � lui.

Oui, j'ai remis la bonne t�te en place.

Dans cette voiture, j'�touffais.

Pas que cette fois-l�.
Plusieurs fois.

On n'y peut rien, vraiment.

Vous comme moi.

Si nous n'y pouvons rien, alors nous
ne sommes pas responsables.

Mais tout n'est pas pareil.

Je peux retenir ma respiration, mais cela
n'emp�che pas mon sang de circuler.

On peut retenir son souffle quelque temps,

mais quand on emp�che le sang de circuler,
c'est pour de bon.

Dans l' ut�rus, le b�b� croit que
tout l'univers est l�.

Et � la naissance du b�b�, une lueur appara�t.

J'�tais l�-bas, et maintenant je suis l�.

Il y a donc deux choses, l'univers et moi.

L'univers est l� pour moi.

Et ensuite, qu'arrive-t-il ?

Les autres.
Voil� ce qui arrive.

En gros.

Les autres.

En th�orie on peut faire table rase.

En pratique, l'histoire est omnipr�sente.

En un sens, on se vend,

mais l'univers est l� pour vous.

A pr�sent, dites-moi ce qui s'est pass�
dans la clairi�re.

Je me suis fait quelque chose.

Un divertissement, un amusement,
une r�verie.

Il n'y avait rien, et puis j'ai vu quelque chose.

J'ai vu sa t�te sous le capot de la voiture.

Vous pouvez dire ce que vous voulez,

mais j'ai vu l'oiseau du paradis
d�ployer ses ailes.

Et l'�touffement. Vous �touffez encore ?

L�, non. Non, pas l�.

Vous pouvez vous mettre � ma place ?

Vous imaginer de quoi �a a l'air pour moi ?

Vous imaginer de quoi �a a l'air pour moi ?

C'est bien la seule chose dont
je suis incapable.

Pourquoi n'arrivez-vous pas �
vous mettre � ma place ?

Parce que cela reviendrait
� m'�liminer, � me tuer.

Ou alors vous avez peur de vous voir ?
Et qui suis-je ?

Vous �tes le directeur du comit�.

Vous �tes l'Etat.

Le probl�me, c'est qu'avant m�me le d�but de
la conversation, tout a �t� dit.

Dans dix ans, il y aura quelqu'un qui errera,

et les gens diront que c'est vous.

Aujourd'hui ils disent que ce sera vous.

Mais que lui devez-vous vraiment.

Supposons qu'il meure de faim.

Est-ce que cela vous ennuie ?

Pouvez-vous exp�rimenter ses plaisirs ?

En un sens, oui, comme vous pouvez
exp�rimenter les miens.

Quelle est la diff�rence entre votre relation
� vous-m�me, dans l'avenir,

et votre relation � autrui aujourd'hui ?

Je pourrais devenir directeur
d'un comit�, dans l'avenir.

Je n'arrive plus � penser.

On se dirige vers quelque chose,

mais je n'arrive pas � voir ce que c'est.

Pensez-vous que j'ai acc�s au savoir,

que je comprends quelque chose
� la soci�t� ?

Oui.

Vous voulez que j'arr�te de jouer,
que je vous dise tout ?

Oui.

Supposons que je vous le dise,
comme �a, en une phrase.

Savez-vous de quoi �a aurait l'air ?

Pourriez-vous le comprendre ?

Serait-ce un son ?

Je peux vous dire une chose.

Vous en faites tout autant partie que moi,
et que lui.

Ce qui m'int�resse dans l'autorit�,
c'est l'imposture.

Et ce qui m'int�resse dans le rejet de
l'autorit�, c'est encore l'imposture.

Je crois que le monde est un asile de fous,

un asile int�gral.

Est-ce une fa�on de dire que vous �tes fou ?

Tant que le dialogue se poursuit,
il y a une chance de rationalit�.

Tout le monde ne serait pas d'accord avec �a.

J'ai une question � vous poser.

Admettons que nous puissions
nous �loigner suffisamment

de la soci�t� humaine pour l'observer
avec d�tachement.

A quoi ressemblerait-elle ?

A une moisissure, une colonie de bact�ries
qui suivent l'�volution classique ?

Et quand bien m�me, que pourrait-on y faire ?

Tenter de briser cette horrible cha�ne ?

Par quels moyens ?

Il faudrait en comprendre le processus,

ou alors se d�fouler, frapper au hasard.

Il est tard, peut-�tre trop tard.

Je propose qu'on choisisse
le meilleur raccourci.

Vers la loge ?

Oui, si vous voulez. Vers la loge.

Il est clair que mon engagement
envers la soci�t� n'�tait pas total.

J'aurais pu me couper la t�te et la remettre,

mais la blessure ne se serait pas
compl�tement referm�e,

pas compl�tement.

Certains pensent que ce sont les criminels et
les fous, les vrais h�ros.

Pourquoi pas, dans un monde corrompu,

dans une soci�t� vicieuse et d�nu�e de sens.

Mais dans une soci�t� raisonnable ?

Il n'y a pas de criminels.

Donc un acte criminel peut transformer
une soci�t� raisonnable

en soci�t� d�raisonnable.

Ou lui faire prendre le chemin inverse.

Vers la loge.

Oui, si vous voulez.

Vous jouez au bridge ?