All language subtitles for (07) Maigret et les caves du Majestic1

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Merci Eugène.

C 'est là.

Excusez -moi.

Monsieur le commissaire, le directeur
vous attend.

Bonjour, monsieur le commissaire.

Bonjour.

Bonjour.

Garde.

Très bien, merci.

Il s 'agit de la femme d 'un Américain,
Michael Clark.

Ils sont arrivés il y a huit jours
accompagner leur fils d 'une

mademoiselle de Romane, et d 'une femme
de chambre, madame Brahms.

Ils avaient réservé la suite 110, nos
meilleurs appartements, pour un mois.

C 'est arrivé à quelle heure ?

Le médecin de l 'hôtel pense qu 'elle a
été tranquille entre une heure et une

heure et demie ce matin.

Elle était du genre à se promener dans
les caves, Mme Clark ? Pas du tout, ils

'ont son déjeuner très bien, mais ce
Clark est un important industriel de

Détroit, dans le Michigan.

Sa femme parle le français sans accent.

Et les autres ? La futuriste, Mlle
Norman, est une belle jeune femme.

Gertrude Burns, par contre, est assez...
disons, assez quelconque. Elle s

'occupe de l 'enfant.

Elle sert de gouvernante.

Vous les avez mis au courant ? La
gouvernante seulement. Elle est

L 'institutrice n 'a pas couché à l
'hôtel la nuit dernière.

M. Clark est parti hier soir pour Rome
pour affaires.

Vous savez quelle part il a pris ? J 'ai
fait une conférence.

Alors, Antoine, savez -vous quelle part
a pris M. Clark ? Oui, de l 'appartement

110.

Vous n 'avez pas fait porter ses bagages
à la gare ? Quel taxi ? Dédiré ? Ah,

merci.

Il a pris le taxi désiré qui stationne
habituellement devant l 'hôtel.

Vous permettez ? Je vous en prie.

Allô, la PJ ? Mademoiselle, s 'il vous
plaît, demandez l 'inspecteur Lucas.

Vous pourrez dire au concierge de m
'avertir dès que Désiré sera là.

C 'est toi, Lucas ?

File à la gare de Lyon et essaie de
savoir si un certain Michael Clark a

train hier soir pour Rome.

Oui, en wagon -lit, un industriel
américain.

Et demande à Janvier de se renseigner
sur Madame Clark, de Détroit, peut -être

'origine française.

Allez, file.

Bonjour docteur.

On a saisi par derrière.

On n 'a pas traîné le corps sur le sol,
il n 'y a aucune trace de poussière.

Vous pensez que le crime a été commis
ici ? On l 'a trouvé dans le fond de l

'armoire.

Je vais faire avertir le parquet.

Prêtez tout en place pour le moment.

Qui a découvert le corps ? Prosper
Donge, le responsable de la cafétérie.

Il travaille ici depuis longtemps ? Cinq
ans. Avant, il était à XTB en grand

hôtel.

Si vous en êtes satisfait, vous êtes un
collaborateur sérieux.

Pardon, monsieur le directeur.

On demande le commissaire Maigret au
téléphone.

Oui.

D 'accord.

Non, non.

Elle est ouverte ? Oui.

Aucune réservation de l 'autre
américaine n 'a été faite pour le train

revenir ce soir.

Est -ce vrai que Mme Clark a été tuée ?
Oui, Mme Harmon.

Elle demande si Mme Clark a été
assassinée. Je dois voir le corps. Oui,

Harmon, elle veut voir le corps.

Est -ce que vous avez reçu M. Clark ?
Est -ce qu 'il sait ?

Elle dit

qu

'elle sait que vous êtes de la police
mais qu 'elle ne répondra pas à vos

questions. Et pourquoi ne veut -elle pas
répondre ? Elle dit

qu 'elle ne veillera qu 'à une
convocation officielle.

Oui, rappelle -moi.

Mais

non,

pas par les cuisines. Ça, c 'est par là.

Alors ?

Alors quoi ? Vous avez du nouveau ?
Voyons.

Envoyez la truite, bonne nature.

J 'attends de vos nouvelles,
commissaire.

Attention, j 'annonce un lâche. Quatre
menus complètes avec deux pois gras,

bouchées.

Poursuivre. Côte de bœuf pour quatre,
deux saignants, deux poids.

Matissier, envoyez.

Compost de fruits, une pêche melba et de
charlatan fraise.

Oui, sire.

Saucier, deux bouchées à la reine. Oui.

Attention, ça marche.

Une omelette Marie -Herbert, on est
deux.

Deux mix gris, 100 fois de veau.

Une pomme pain neuf avec salade mimosa.

Non, Emilienne Gaudin.

Pas plus tôt.

Elle travaillait avec les vins.

Bonjour, je peux voir vos papiers ?

Bonjour. Alors,

vous

ne l 'avez pas emmené, Garde -Lyon ? Ah
non, pas du tout. Je m 'en souviens très

bien. J 'ai dû le prendre vers 7 heures
du soir.

Il m 'a demandé de le déposer rue de l
'Ambre, devant un hôtel, le Montparno.

Excusez -moi, vous étiez très occupé
toute la journée, je n 'ai pas voulu

déranger. Je vous raccompagne, j
'aimerais bavarder un peu avec vous.

Jean -Ramuel, avant d 'être au Majestic,
vous savez ce qu 'il faisait ? Il était

comptable dans une banque.

Michaud et fils, je crois.

Michaud et fils ? Ruco Martin, je me
souviens, oui.

Une drôle d 'affaire, faillite
fonduleuse.

Qu 'est -ce que vous en pensez de Ramuel
? Il n 'a pas l 'air d 'aller bien

fort.

Je crois qu 'il a des problèmes de
santé.

Le foie ? Oui, il a attrapé une maladie
qui lui a attaqué le foie.

Vous êtes responsable des cafés pour
tout l 'hôtel, n 'est -ce pas ? Je

savoir pourquoi vous avez choisi cette
profession.

Je suppose que ce n 'est pas par
vocation. Vous n 'êtes pas dit à 15 ans

vous seriez chef de caféterie.

Si je me posais la question, j 'étais
chasseur et puis garçon de café à Nice.

avec les bains au grand hôtel.

C 'est là que le directeur m 'a dit que
j 'avais pas le physique pour la

clientèle.

Alors il m 'a proposé la cafétérie, je
suis resté 5 ans, et puis je suis monté

Paris, et c 'est là que j 'ai accepté la
place de chef au Majestic.

J 'ai appris par le concierge de l
'hôtel que deux personnes au moins ont

la nuit dernière dans les sous -sols.

D 'abord Amuel, le comptable.

Il paraît qu 'il vit avec une mégère qu
'il met régulièrement à la porte de chez

lui.

Ils en rigolent dans les cuisines.

Depuis quelques temps, il passe toutes
les nuits dans son bureau.

Est -ce que vous savez si le directeur
est au courant ? En principe, c 'est

défendu.

C 'est la numéro 5.

Attendez -moi là.

Le danseur aussi, paraît -il, dort dans
les caves.

Comment vous l 'appelez ? Zébio ? Un
curieux personnage, je crois.

Sur les affiches, il porte le nom de
Zébio Foualdès. En fait, il s 'appelait

Edgar Fragonais.

Il paraît qu 'il dort dans l 'hôtel
quand il ne peut pas se payer un texte.

C 'est ce qu 'il a fait la nuit
dernière.

Il a même dansé avec Madame Clark
plusieurs fois.

La victime.

Ça ne vous dérange pas trop si j 'entre
un moment avec vous ? Si vous voulez.

C

'est

moi.

Monsieur, je m 'excuse, mais ce n 'est
pas l 'habitude que votre père amène

quelque chose à la maison.

C 'est le commissaire Maigret de la
police judiciaire.

Commissaire Maigret ? Qu 'est -ce qui se
passe ? Rien, madame.

J 'ai eu l 'occasion de visiter aujourd
'hui les cuisines du Majestic et j 'ai

fait la connaissance de votre mari.

Mon mari ? C 'est toi qui lui a dit qu
'on était mariés ? Ah non, je supposais.

Ah non, on vit ensemble, tout
simplement.

On est plus amis que... Vous comprenez
ce que je veux dire ? Ah, vous savez,

père et moi, on se connaît depuis
toujours.

Marie, on pourrait très bien se marier.

Ça ne changerait pas grand -chose.

C 'est vrai, il prospère.

Ah oui ? Entrez.

On pourrait peut -être rester dans le
jardin ? Mais non, venez dans la

vous serez mieux pour causer.

De toute façon, il faut que je m
'habille, c 'est l 'heure.

Vous savez, monsieur le commissaire,
nous deux, c 'est comme si on jouait à

cache -cache. Quand je rentre, c 'est
lui qui s 'en va et quand il rentre, c

'est moi.

On a tous juste le temps de manger
quelque chose. C 'est vrai, il prospère.

On prendrait bien un petit verre ? Oui,
j 'ai préparé à dîner. Alors, si ça vous

dit, tu mettrais la table.

Oui. Non, merci, je n 'en ai pas pour
longtemps.

Un meurtre a été commis ce matin au
Majestic.

Un meurtre ? Oui.

Je voulais demander à M. Droge quelques
renseignements.

Ça s 'est passé dans le sous -sol à un
moment où il s 'y trouvait presque seul.

C 'est quelqu 'un que tu connais ? Non,
c 'est une cliente de l 'hôtel, la femme

d 'un industriel américain.

Ils sont descendus avec leur fils, une
gouvernante, une institutrice, dans un

appartement de plus de 2000 francs par
jour.

À six heures du matin, on la retrouvait
tranglée dans les vestiaires du sous

-sol.

Qu 'est -ce qu 'elle pouvait bien aller
faire dans ses caves, Madame Clark ?

Surtout à six heures du matin, c 'est
pas facile d

'imaginer ce qu 'une riche américaine
pouvait aller chercher dans les caves d

'un grand hôtel si tôt le matin.

Emilienne Clark.

Née Gaudin.

Vous ne l 'auriez pas connue, vous -même
? Moi ? Ah non.

Pas sous le nom de Mme Clark, sous le
nom d 'Emilienne Gaudin.

Ou plutôt Mimi.

Vous voyez, à l 'époque, avant son
mariage, elle était entraîneuse à Aix

-Bains. À ce moment -là, vous y
travaillez aussi, tous les deux, non ?

auriez pu la rencontrer.

Mimi ? Emilienne Gaudin ? Ah non, je
crois pas.

Vous êtes sûre que c 'était Aix ? À l
'Oasis, derrière le Grand Hôtel.

Ah non, c 'est pas connu, mais... Et
toi, prospère ? Non.

Excusez -moi de vous avoir dérangé.

Bonsoir. Mais vous prendrez bien quelque
chose.

Non, merci.

Il faut que j 'y aille.

Bonsoir, monsieur le commissaire.

Elle a rejoint l 'Américain à la gare,
ils n 'ont pas pris le train.

Ils sont tout de suite allés à l
'ambassade américaine.

Puis un peu plus tard, ils ont pris un
taxi jusqu 'à l 'avenue de Friedland, au

14. C 'est un immeuble où il y a
pratiquement que des études d 'avocat.

Ils sont sortis une demi -heure plus
tard avec un type qui parlait l

ou l 'américain.

Et ils sont rentrés directement chez
Jules Bonneau. Je me suis arrêté là.

Quand je suis revenu au bureau, j 'ai
trouvé un message du juge. Il demande

vous le rappeliez. Il dit que c 'est
urgent.

Vous avez encore besoin de moi, patron ?
Non, non, tu peux rentrer chez toi.

Merci.

Bonsoir.

Bonsoir, patron.

Alors, Lucas, qu 'est -ce que tu as
trouvé ? Le numéro,

ce Clark.

Il donne l 'impression d 'être un homme
d 'affaires redoutable, mais...

Maintenant que je connais son emploi du
temps de la nuit passée, je peux vous

assurer qu 'il se comporte comme un vrai
gamin.

C 'est tout.

Il a d 'abord emmené l 'institutrice
dans un petit restaurant de la rue des

Abesses.

Le patron s 'en souvient très bien. Ils
ont sifflé deux bouteilles de champagne.

Ils s 'embrassaient comme s 'ils étaient
seuls dans le bistrot.

Ils se roulaient carrément des patins.

C 'est mon passé d 'expression.

Et puis, ils ont terminé la nuit vers 4h
du matin dans un petit hôtel de la rue

de l 'Ambre.

Le Montparno.

Curieux volant.

Bonsoir, commissaire.

Entrez.

Monsieur le juge.

Bonsoir, commissaire.

Asseyez -vous.

Vous ne parlez pas l 'anglais, n 'est
-ce pas ? Non. Oui, c 'est bien ce que

pensais.

Voilà, je crois qu 'il serait...

Préférable que vous ne vous occupiez
pas, je veux dire personnellement, de M.

Clark et de son entourage.

M. Clark est venu me voir cet après
-midi avec son avocat.

C 'est un personnage important.

Il a des relations dans les milieux d
'affaires au plus haut niveau.

Avant sa vie, j 'ai recueilli le
téléphone de l 'ambassade américaine.

comprenez, n 'est -ce pas ? Il faut
éviter les bulles.

L 'avocat de M. Clark a insisté pour que
j 'enregistre la déclaration de son

client.

Vous éviterez de le faire.

Demain matin, mon greffier vous fera
parvenir le texte.

Je vous mets au courant deux mots.

Clark devait se rendre à Rome pour ses
affaires. Depuis quelque temps, il est

fiancé à Miss Daroman.

Il a une institutrice qui s 'occupe de
son fils.

Vous avez dit fiancé. Je croyais qu 'il
était marié.

Oui, mais il comptait divorcer sous peu.

Sa femme n 'était pas encore au courant.

Effectivement, fiancé est une façon de
parler.

En tout cas, il a profité de ce voyage à
Rome pour... Pour passer la nuit à

Paris avec sa fiancée.

Vous avez tort de prendre sur ce temps,
commissaire. Clark m 'a fait une très

bonne impression.

Les habitudes des Américains ne sont
évidemment pas tout à fait les nôtres.

n 'avons pas à les juger.

De toute façon, il m 'a raconté très
exactement tout ce qu 'il a fait dans la

nuit qui a précédé le meurtre. Il vous
sera facile de vérifier tout cela.

C 'est déjà fait.

Et alors ?

Personne, à part Mlle Daroman, n 'a vu
M.

Clark à partir de 14h du matin.

Qu 'est -ce que vous voulez dire ? Rien
de plus.

M. le Commissaire, je vous répète que
nous sommes en présence d 'un personnel

important, protégé par l 'ambassade des
États -Unis.

Je sais.

Ne vous inquiétez pas.

Merci, M. le Juge.

J 'appelle tout de suite un garçon.

Bonsoir, monsieur le commissaire.
Bonsoir, inspecteur. Bonsoir. Vous

table ? Elle est grave, j 'espère ? Non.

Seulement l 'envie de me différer avec
mon collègue.

Je peux vous être utile d 'une manière
ou d 'une autre.

Je connais bien mon personnel.

Si je peux vous renseigner.

Les clients, ce soir, le train sera
habituel. Des provinciaux, des

Qu 'est -ce que je vous sers ? Un
cognac.

Deux.

Attends -moi un instant.

Mais ça me dégueulasse !

Ils sont safés comme des rois et ils
partent comme des cochons.

Oh, pardon, je ne vous avais pas vu,
monsieur le commissaire. Bonsoir, madame

Charlotte. C 'est libre.

Ah non, merci.

Vous savez, je ne sais absolument rien,
monsieur le commissaire. Ne vous en

prenez pas.

Non, mais j 'ai très bien vu tout à l
'heure chez nous, comme vous me

Vous imaginez que... Ah oui, que vous
connaissiez madame Clark, Mimi.

Vous ne vous en souvenez vraiment pas.

Vous avez été porteur -entraîneuse
toutes les deux à Aix -les -Bains.

Mais pas qu 'une seule boîte à Aix. Vous
étiez bien à l 'Oasis, vous aussi, non

? Et alors ? Rien.

Vous vous acharnez contre Prosper,
monsieur le commissaire.

Si vous le connaissiez.

Mais je ne m 'acharne pas.

Il n 'a jamais été à l 'école.

Tout ce qu 'il a appris dans les livres.

Les livres, c 'est sa passion.

Son seul rêve, c 'était d 'avoir un
enfant.

La fille doit faire quelqu 'un de bien.

Donc, votre père n 'a pas eu de chance
avec moi.

Vous connaissez Jean -Ramiel, le
comptable ? Non.

Vous voyez, une chose m 'a frappé.

Je n 'aurais pas à vous dire ça. Ça fait
partie du secret de l 'instruction. J

'espère que ça restera entre nous.

Une chose m 'intrigue.

Le revolver qu 'on a trouvé dans le sac
de Mme Clark a été acheté la veille.

C 'est un armurier de la rue Saint
-Honoré.

Vous ne trouvez pas ça bizarre ? Une
femme riche, mariée, mère de famille,

qui arrive de New York, descend dans un
palace et tout d 'un coup s 'achète un

revolver.

Et pas un petit jouet, une arme
sérieuse.

C 'est assez surprenant.

On peut supposer que l 'honorable Mme
Clark a eu dans le passé une vie un peu

plus tumultueuse et qu 'un des témoins
de ce passé est essayé de la faire

chanter.

Vous ne savez pas si Ramuel a vécu avec
Slébin ? Non. Et Edgar Fagonnet, c 'est

bio, le danseur mondain.

Non, je ne sais pas.

Remarquez, ça aurait pu être plutôt si
bien n 'importe quel garçon d 'étage ou

le gardien de nuit.

C 'est dommage que vous n 'ayez pas
connu Mimi.

Vous auriez pu me dire qu 'il y a plus d
'intérêt à cette époque -là.

Ça m 'aurait évité un voyage avec Sléma.

Bon, tant pis.

Je vais prendre le premier train. Au
revoir, madame Charlotte.

Oui, au revoir, madame.

Descends, voilà tes surveillants.

Elle va sûrement téléphoner.

Oui, j 'attends.

Oui, merci.

Allô ? Le bar des Amis ?

C 'est toi, Jean ? Oui, c 'est moi,
Charlotte.

Si.

Écoute -moi, mon petit, c 'est très
important.

Il faut absolument que tu dises à Julie
que si on la questionne sur Mimi... Oui,

Emilienne. Tu te souviens ? La blonde,
privée.

Oui. Si on la questionne sur Mimi, elle
ne sait rien.

Et surtout qu 'elle ne parle pas de
Prosper.

Non, ne t 'inquiète pas. Dis -lui
seulement qu 'elle ne connaît pas de

de Prosper.

Tu as bien compris ? Je compte sur toi.

S 'il vous plaît, monsieur, le bar des
amis.

Merci.

Excuse.

Une bière.

Bonjour.

Salut, Jean. Salut.

Aujourd 'hui, je t 'ai mis des manteaux
et tu verras, ça se prévient super.

Merci. Dites -moi, monsieur Jean, il y a
longtemps que vous tenez ce bord ? Vous

êtes de la police ? 15 ans.

Salut, Jean -René. Salut.

Vous êtes ouvert toute la nuit ? Oui.

Est -ce que vous connaissez une certaine
Gigi ? Gigi ? Non.

Vous n 'avez jamais eu d 'ennuis avec la
police ? Pour les machines à sous ou

autre chose du genre, distraction d
'arrière -salle ?

Et alors ? Non, je vous pose la question
parce que si vous avez déjà été

condamné, votre situation pourrait
devenir plus délicate.

Charlotte est bien gentille, elle
téléphone à ses amis pour leur demander

service, mais elle oublie de leur
préciser de quoi il s 'agit.

Je suis que quand on tient un commerce
comme le vôtre et qu 'on a eu des petits

ennuis en général, on essaye de ne pas
transmouiller dans de nouvelles

Vous savez, je peux demander à la
brigade des mains s 'ils n 'auront pas

à me dire où je pourrais retrouver
Jésus.

Vous permettez ?

Attendez. Vous avez parlé de ce mouillé.

Ce mouillé dans quoi ? C 'est grave ? Un
peu, oui. Un meurtre.

Un meurtre ? Vous voulez vraiment voir
Gigi aujourd 'hui ? J 'ai passé la nuit

dans le train pour ça.

Je peux bien vous dire où elle est, mais
il ne faut pas vous attendre à en tirer

grand -chose.

Deux jours sur trois, elle ne tient pas
de bois.

C 'est -à -dire ? Quand elle a trouvé sa
dose, elle le décroche complètement.

Elle est aux abonnés absents.

Et hier, après le coup de téléphone de
Charlotte, comme par hasard, elle en a

trouvé. Et aujourd 'hui, comme vous
dites, elle est aux abonnés absents.

Elle a un studio en ville.

Mais cette nuit, elle ne tenait plus sur
ses jambes.

Elle est tout en haut.

Qu 'est -ce que c 'est ? Que leur est
-il ?

Tu es déjà venu ?

Mais avie -toi tout seul.

Tu veux jouer au docteur ?

Qu 'est -ce qu 'il vous a dit, M.

Jean, cette nuit ? Jean ? C 'est un
copain.

Il t 'a refilé de la drogue hier soir.

Il t 'a parlé de Mimi.

Elle est prospère.

Prospère ? Quel con, je l 'adore.

Quand je pense à lui, j 'ai envie de
chialer.

Elle n 'a pas un peu dit.

Tu l 'aimes bien, Prosper ? Je l 'adore.

C 'est pas un homme comme les autres.

Il a un corps gros comme ça.

C 'est pas sur une salope comme Mimi qu
'il aurait dû tomber.

Tu le connais ? C 'est un cadeau, ce
mec.

Un peu, oui.

Il travaillait au grand hôtel quand tu
étais à l 'Oasis avec Mimi.

Et Charlotte... Faut pas dire du mal de
Charlotte.

C 'est une fille de première.

Il avait le béguin de Prosper, mais lui,
le pauvre, il ne voyait rien. Que

dalle.

J 'aurais dû lui dire.

Il était l 'amant de Mimi.

Il rampait devant elle.

Le con.

Quand il s 'est tiré, il ne voulait plus
vivre. Il disait qu 'il voulait se

flinguer.

T 'es vraiment un pote à lui, toi ?

L 'enfant, elle l 'a eu quand ? Ah oui !
L 'enfant

! C 'est sûr que tu n 'as pas un peu ?

Tu ne veux pas aller en demander à Jean
? Je te

ferai ce que tu veux.

Tu n 'as qu 'à demander.

Je suis fortiche quand j 'ai mieux,
mais... Va me chercher, va.

Elle a quitté Prosper pour partir avec l
'Américain.

Qui t 'a dit ça?

Prosper?

Il a rencontré la mère locale. Il l 'a
amené partout. Il

savait y faire.

Un jour, il m 'a écrit qu 'il attendait

un môme.

et qu 'elle avait fait croire à son
amère -là qu 'il était élu.

Et plus tard, elle m 'a réécrit pour me
dire que ça avait failli foirer parce

que les mômes avaient une tasse de vin
qu 'on prospère.

T

'es

pas de la police, toi ?

Qu 'est -ce qu 'il m 'a dit, Jean ? Qu
'est -ce qu 'il ne fallait pas que je

dise ? Il m 'a fait jurer de ne parler à
personne.

C 'est de la police, à vous, eh ! Qu
'est -ce que ça peut lui foutre, à la

police, que Mimi est prospère et putain
sale !

Je n 'ai rien de tenir pour venir.

Je suis contente de vous maintenant.

Vous êtes une belle ordure.

Vous croyez que je parlais à un ami et c
'était un flic.

Quel con, là.

En tout cas, vous n 'avez pas perdu
votre temps pour arrêter Prosper.

Qui t 'a dit qu 'il avait été arrêté ?
Charlotte m 'a téléphoné.

Il s 'y allait tellement que je ne
comprenais pas un mot de ce qu 'il

Elle m 'a demandé si j 'avais parlé.

Parlez, je ne sais pas, moi.

Je ne me souviens même plus ce que je
dis.

Bono a fait arrêter Prosper Donj.

Oui, je le sais.

Pourquoi ? Il a reçu une lettre anonyme.

Je ne l 'ai pas lu, mais d 'après ce qu
'il m 'en a dit, elle affirme que Donj a

été l 'amant de Mme Clark, qu 'elle a eu
un enfant de lui et qu 'elle l 'a

menacé plusieurs fois.

Quoi encore ? C 'est tout.

Bono est ravi. Il est persuadé que c
'est fini sur le chantage et que Mme

n 'a pas voulu céder.

Et Donj ?

Le juge l 'a interrogé, mais ça n 'a
rien donné. Il dit qu 'il ne veut parler

'avec vous.

Bonjour, monsieur le commissaire.

Vous voulez me voir ? Oui.

Je n 'ai pas voulu parler au juge.

Il est sûr que je suis coupable.

Allez, venez.

Vous avez mangé ? Tiens, va nous
chercher des bières et des sandwiches.

Retiens -lui les menottes.

J 'ai vu Gigi avec les mains.

Elle est arrivée ce matin à Paris.

Elle doit être avec Charlotte.

Il y a rien ? Non, non.

Vous avez vu le petit ? Non.

J 'ai aperçu dans le haut de l 'hôtel.

Vous êtes sûr que c 'est... Votre fils,
je sais.

C 'est lui.

Il me ressemble.

Tenez. Merci.

J 'ai pas faim.

Vraiment ? De toute façon, maintenant...

Ils me reprendront plus au Majestic, ni
ailleurs.

Vous aussi, vous croyez que je l 'ai tué
? Vous l 'aimiez, Mme Clark ?

J 'ai pas eu trop d 'histoires avec les
femmes.

Je les faisais plutôt rire quand je
devenais un peu... Sentimental ? Oui.

Quand j 'ai vu Mimi pour la première
fois avec les deux autres.

Charlotte est jugée ? Oui.

J 'étais fou amoureux de Mimi.

Elle aurait pu faire de moi ce qu 'elle
voulait.

J 'espérais qu 'elle m 'épouserait un
jour.

Vous auriez dû me dire Charlotte.

J 'aimais tellement Mimi.

Hier, le juge a dit que ce qui m
'intéressait avant tout, c 'est l

'elle me rapportait.

J 'aurais parti.

Avec l 'Américain, je n 'en ai plus
jamais entendu parler.

Elle a réussi à se faire épouser.

Moi, je n 'avais plus envie de rien.

Charlotte, elle a été formidable, elle m
'a aidé.

Elle est venue vivre avec moi.

Je ne pourrais plus supporter les bains,
le grand hôtel, l 'oasis, le bar des

amis, tout ça, ça me rappelle trop de
souvenirs.

J 'ai cherché une place à Paris, elle m
'a suivi.

Au début, on vivait un peu comme un
frère et une sœur.

Je ne pouvais pas l 'oublier, Mimi.

Vous saviez que Mimi avait un enfant de
vous ? Non.

J 'ai appris beaucoup plus tard.

Avec Charlotte, on avait fini par former
un couple, un vrai.

Elle pensait que j 'étais guéri.

Ça lui pesait, alors elle m 'a tout dit.

Mimi s 'était servi de l 'enfant pour se
faire épouser.

Alors j 'ai écrit à Mimi.

Je lui ai supplié de me rendre mon fils.

Elle ne m 'a jamais répondu.

Charlotte savait que vous aviez écrit à
Mimi.

Non, j 'ai écrit à l 'hôtel du
majestique.

Toujours de l 'hôtel ? Oui.

Qu 'est -ce que vous lui écriviez ?

J 'étais comme fou.

J 'ai supplié de me répondre. J 'ai peut
-être dit que si elle ne me rendait pas

mon fils, peut -être que... Que de quoi

? Je n 'aurais pas fait.

J 'en voulais tellement.

J 'ai peut -être menacé, mais je n
'aurais pas fait.

Comment vous avez su que Mimi était à
Paris ? J 'ai appris par hasard.

Elle a vécu huit jours au Majestic, sans
que je le sache.

Nous, les clients, on ne les connaît
pas, on ne les voit jamais.

J 'ai entendu une femme de ménage parler
un jour d 'une certaine Madame Clark.

Comme je ne parle pas l 'anglais, j 'ai
demandé à Ramuel de se renseigner pour

savoir si...

Si elle habitait des trois, si elle
avait un fils de sept ans.

Puis quand j 'ai su qu 'ils étaient là
tous les deux, j 'ai essayé de les voir,

je ne suis pas arrivé.

C 'était difficile.

Vous comprenez, monsieur le commissaire
? J 'essaye.

Même si elle m 'a demandé de vivre de
nouveau avec elle.

Peut -être que j 'aimais pas, je sais
pas.

De toute façon, j 'aurais pas pu quitter
Charlotte.

Je voulais seulement qu 'elle me laisse
voir le petit.

Mon fils.

Vous comprenez, monsieur le commissaire
? J 'ai rodé des heures dans l 'hôtel en

espérant voir le petit.

Je savais plus ce que je faisais.

Et puis il y avait le service, les cafés
à préparer, les poudlets à remplir, les

plateaux, j 'y arrivais plus.

Alors j 'ai décidé d 'écrire, je voulais
la voir.

Quand j 'arrive le matin à 6h, il n 'y a
personne dans les sous -sols.

Alors c 'était facile.

Vous l 'avez menacée.

Peut -être que j 'ai cru que si elle ne
venait pas, j 'étais capable de tout.

C 'est -à -dire ?

Si elle m 'avait empêché de voir le
petit, je crois que j 'aurais été

la tuer.

De toute façon, j 'étais en retard, j
'ai crevé.

J 'ai couru jusqu 'au vestiaire.

J 'ai pas vu de Mimi, j 'ai pensé qu
'elle était remontée dans sa chambre.

J 'ai aperçu la porte de l 'armoire avec
le foulard qui dépassait.

Vous êtes arrivé en retard parce que
vous avez crevé.

Oui, avec mon vélo, avenue fausse.

Il y a un agent qui m 'a vu.

Pourquoi vous ne m 'avez pas raconté
tout ça la première fois ? Je me disais

vous ne me croiriez pas.

J 'espérais qu 'on ne me ferait pas à
moi.

Vous alliez partout, vous interrogez
tout le monde, vous passiez à côté de

sans m 'adresser la parole.

Et quand vous m 'avez suivi en taxi...

J 'ai compris que vous étiez sur ma
tête.

Même Charlotte, ce matin, elle me
demandait pourquoi je ne lui avais pas

je l 'avais tuée.

Même Charlotte.

Comment vous avez fait parvenir la
lettre à Mme Clark ? C 'est pas un

l 'hôtel, un jeune, il m 'a dit qu 'il l
'avait remise à l 'émission.

Qu 'est -ce qu 'on va faire pour le
petit ? Et puis sa mère ?

Vous allez la laisser repartir en
Amérique ?

Le juge d 'instruction va

vous interroger de nouveau. Il faudra
lui répéter exactement tout ce que vous

venez de me dire.

Tu veux venir ?

Ça va les artistes ? Lucas, tu vas
essayer de me retrouver un agent que,

prospère donc, j 'aurais croisé avant
-hier, vers 6h, avenue Foch.

Et fais -moi un rapport détaillé sur
Ramuel, le comptable.

J 'aimerais savoir ce qu 'il faisait
exactement avant d 'être au Majestic.

Emmène -moi un maximum d 'informations.

Janvier, tu fais la même chose pour
Edgar Fagonel, le danseur argentin.

Bonjour, commissaire. Bonjour.

Bonjour, commissaire. Asseyez -vous.

Pas trop fatigué par le voyage ? En
fait, nous avons appris les mêmes

choses.

Moi à Paris sans quitter mon cabinet et
vous à Aix -les -Bains.

C 'est amusant, non ? En effet, c 'est
amusant.

Qu 'est -ce que vous en pensez de cette
affaire ? J 'ai ici la déposition de

professeur Donne.

Il paraît qu 'il n 'a fait que me
répéter ce qu 'il vous a dit ce matin.

En somme, il avoue tout.

Tout sauf le crime.

Sauf le crime, bien entendu.

Ce serait trop beau.

Mais il avoue qu 'il menaçait son
ancienne maîtresse.

Il avoue qu 'il lui a donné rendez -vous
dans le sous -sol de l 'hôtel.

Et sa lettre ne devait pas être très
rassurante, puisque la femme a couru s

'acheter un revolver.

Alors, il y a bien cette histoire de
pneu crevé qui l 'a retardé, mais... C

pas une histoire.

Comment le savez -vous ? Il peut tout à
fait avoir crevé exprès un pneu avant d

'entrer dans l 'hôtel.

Non, il l 'a pas fait.

On a retrouvé le policier qui l 'a
croisé près de l 'avenue Foch.

C 'est un détail.

Tenez.

Lisez, vous allez voir.

Regardez l 'enveloppe.

Elle a été postée au bureau de la rue Le
Pic, pas loin du Pélican.

Le dancing au travail, la maîtresse de
Donge, Charlotte Verdier.

Vous pouvez constater, n 'est -ce pas, c
'est la même écriture.

Le cahier a été saisi chez Donge.

Les recettes de cuisine ont été
recopiées par sa maîtresse.

Je sais que nous n 'avons pas toujours
les mêmes idées, la police et nous.

Mais avouez, commissaire, que ce n 'est
pas toujours nous qui avons tort.

Parce que si propre père d 'ange est
vraiment le brave homme qu 'on nous

pourquoi sa propre maîtresse enverrait
-elle une lettre anonyme pour l

? Je ne sais pas.

On verra que cette enquête ne prendra
plus longtemps.

J 'ai envoyé d 'ange à la santé.

Quand vous aurez interrogé sérieusement
Charlotte Verdier, nous en aurons

terminé.

Allô, oui ?

Mais oui, M.

Richelieu, oui, oui, moi aussi.

Une longue conversation avec Prosper ce
matin.

Qu 'est -ce qu 'il dit ? Il dit qu 'il n
'a pas tué Mimi.

Tu vois à quel que je te délais.

J 'ai vu aussi le juge Bonneau.

Il a reçu une lettre anonyme au sujet de
Prosper et Mimi.

Une lettre anonyme ? C 'est à vous ce
cahier ?

Oui, c 'est un billet de recette.

C 'est votre écriture ? Oui.

Vous voulez bien prendre un crayon ?
Quoi faire ? Je vous expliquerai.

Je n 'écris pas, Charlotte.

Avec des flics en lui, on ne sait
jamais.

Vous ne risquez rien.

Faites -moi confiance.

Allez -y.

Monsieur le juge.

Je vous écris au sujet de l 'affaire d
'ange que j 'ai apprise par les

Monsieur le juge, je vous écris... Au
sujet de l 'affaire d 'ange que j 'ai

apprise par les journaux.

Vous remettez toujours un S à journaux ?
Oui, pourquoi qu 'est -ce qu 'il faut

mettre ?

Regardez cette table.

Après, regardons le monde plus clair.

Qui a fait ça ? Je me le demande.

Vous avez cru que c 'était moi ? Je n
'ai rien cru du tout.

Ça m 'étonnait.

Ce que j 'aimerais savoir, c 'est qui,
en dehors de Gigi et vous, était au

courant de la liaison de Prosper et Mimi
et sur toute l 'existence de l 'enfant

? Tu vois qui, toi ?

En dehors de nous.

Vous avez encore la lettre que Mimi vous
a écrite après son mariage ? Je

voudrais la voir.

Non. Donne -la -lui. Tu vois bien qu 'il
est s 'étirer presque vers la mer.

Je vais plus vous dire, monsieur le
commissaire. Non, merci.

Une bière s 'il vous plaît.

Ma vieille Juju, ça y est, j 'ai mis le
temps, mais ça y est.

Vous rigoliez, Charlotte, et toi, quand
je vous disais que je deviendrais une

vraie dame.

Eh bien, c 'est fait.

Nous nous sommes mariés hier, en blanc,
à l 'église, avec un vrai curé.

Tu peux l 'annoncer à Charlotte.

Mais dis rien à Prosper.

Le pauvre, je crois que ça lui ferait du
mal.

Je me demande comment j 'ai pu rester
avec lui pendant plus d 'une année.

N 'empêche que sans le savoir, il m 'a
rendu un sacré service.

Pour l 'enfant, heureusement que je suis
tombée sur un médecin drôlement sympa

qui m 'a aidée à tricher un peu sur les
dates pour faire croire à Mike qu 'il

allait être papa.

C 'est bien l 'appartement de M. Clark ?
Oui, mais je suis désolé, M. Clark n 'a

rien.

Excusez -moi, je ne comprends pas.

Police judiciaire.

M. Clark, pas là.

S 'il vous plaît, vous pouvez me dire ce
que vous êtes là pour.

Je vous l 'ai dit, je ne comprends pas l
'anglais.

Tu comprends le français ? Oui, un peu.

Comment tu t 'appelles ? Jonathan.

What were you doing in my room?

Pardon? I said, what were you doing in
my room?

Je ne comprends pas.

Je dis, vous crapadez -vous dans votre
chambre?

Je suis commissaire divisionnaire, cher
monsieur, et... Leave us alone!

Don't be stupid, Michael!

Messieurs, messieurs, je vous en prie,
calmez -vous.

Please, Mr. Clark.

Dites à ce monsieur que je suis obligé
de l 'arrêter pour injure un magistrat

dans l 'exercice de ses fonctions.

Je suis désolé, monsieur le juge, mais à
mon grand regret, j 'ai été obligé de

mettre monsieur Clark en état d
'arrestation.

Monsieur Clark m 'a frappé.

Qu 'est -ce qu 'il dit ? Qu 'est

-ce qu 'il dit ? Je ne comprends pas l
'anglais.

Vous feriez peut -être mieux de demander
à l 'interprète.

Pouvez -vous traduire ce que dit M.
Clark ? Qu 'est

-ce qu 'il dit ? Il dit que vous n 'avez
pas le droit.

Allez -y, traduisez.

C 'est vrai tout ça, commissaire ?
Absolument.

Qu 'est -ce qu 'il a dit d 'autre ? Il a
dit... Il a dit que vous êtes allé dans

sa chambre.

J 'ai frappé à la porte et le plus
poliment du monde, j 'ai demandé à la

personne qui était là si je pouvais voir
M. Clark.

Je ne comprends pas, M. le commissaire,
qu 'un homme comme vous, qui a 35 ans d

'expérience, M. Clark a certainement
dépassé la mesure.

Enfin, vous, de votre côté, vous auriez
pu faire preuve d 'un peu plus de...

La subtilité.

Oh, please, vous permettez?

This letter is in my wife's handwriting.

Il reconnaît l 'écriture de sa femme.

Commissaire, est -ce que vous voulez
bien me dire de quoi il s 'agit?

C 'est un document qu 'on vient de me
remettre.

Je voulais vous le communiquer et le
verser au dossier, mais M. Clark s 'en

emparé avant que vous en ayez pris
connaissance.

This letter has been written by my wife.

Il dit que si on s 'est permis de
fouiller dans les affaires de sa femme,

'en plaindra à notre ambassade.

Il me demande de la traduire.

Il exige qu 'on traduise la lettre
immédiatement.

Pourquoi pas ? Vous voulez que je le
fasse ?

Non, non.

Traduisez.

Ma vieille Gigi.

Ça y est, j 'ai mis le temps, mais ça y
est.

Vous rigoliez, Charlotte, et toi, quand
je vous disais que je deviendrais une

vraie dame.

Quoi ? Eh bien, c 'est fait.

Nous nous sommes mariés hier en blanc à
l 'église avec un vrai curé.

Tu peux l 'annoncer à Charlotte, mais ne
dis rien à Prosper. Le pauvre, je

crois que ça lui ferait du mal.

Je me demande comment j 'ai pu rester
avec lui pendant plus d 'une année.

N 'empêche que sans le savoir, il m 'a
rendu un sacré service.

Pour l 'enfant, heureusement que je suis
tombé sur un médecin drôlement sympa.

Qui m 'a aidé à tricher un peu sur les
dates pour faire croire à Mike.

Qui allait être papa.

Il a très bien pris la chose, on a même
été boire le champagne.

Bref, je suis devenu Mrs. Clark.

Je pense souvent à toi et à Charlotte.

Ne rigole pas quand tu verras Prosper en
pensant qu 'il va être papa sans le

savoir.

Grosse bise Mimi.

Vous l 'avez fait exprès, commissaire ?
Je ne pouvais pas prévoir que monsieur

m 'enverrait son poing dans la figure.

Voilà.

Je voudrais savoir quel tweet vous
comptez donner à la dispute que vous

à l 'hôtel.

Des tweets que j 'ai déjà oubliés.

Forget it.

May I go?

Bien sûr.

Je vous remercie. Vous pouvez aller,
monsieur.

Vous avez eu ce que vous vouliez, n 'est
-ce pas ? Je n 'avais pas le choix.

Clark va se remarier avec cette
demoiselle Darman, et il y a un enfant.

Un enfant qui est le fils de Prosper d
'Orange.

C 'est -à -dire d 'un homme qui est en
prison et qui est soupçonné de meurtre ?

Bien sûr, seulement c 'est son fils.

Et nous n 'y pouvons rien.

Vous avez des enfants, commissaire ?
Non.

Bonsoir, monsieur le Président.

J 'ai parlé avec le concierge de l
'immeuble où il habite, à Aubervilliers.

C 'est assez pauvre, c 'est presque la
misère.

Assieds -toi.

J 'ai eu au téléphone le directeur du
sanatorium depuis Fortin.

Et alors ? Fagonnet a dû abandonner ses
études pour raisons de santé.

Tuberculose. Il a raconté au concierge
que c 'est au sanatorium qu 'il a appris

à danser.

Après le sana, il est monté à Paris,
seul.

Il a réussi à économiser pour faire
venir sa mère et sa sœur. Ils habitent

lui dans un petit deux -pièces.

La sœur a une maladie des os. Elle est
paralysée.

Tous les voisins m 'ont dit que Fagonet
est un garçon sympathique, courageux.

Le concierge m 'a même avoué qu 'il
aurait bien aimé avoir un fils comme

Il a pris le pseudonyme d 'Eusebio
Fualdes, un anthropomagistique comme

professionnel, il y a deux ans.

Ça lui arrive souvent de dormir à l
'hôtel ? Oui, surtout quand les soirées

dansantes se poursuivent très tard dans
la nuit, comme la veille du crime.

J 'ai aussi appris qu 'il a dansé
plusieurs fois avec Mme Clark.

Il gagne combien ? Entre 4 et 5 000 par
mois avec les pourboires. C 'est à peu

près ce qu 'il dépense pour sa mère et
sa soeur.

Pas de drogue ? Non, non. Je téléphonais
à son médecin. Il dit que dans son

état, la drogue serait mortelle. L
'organisme ne résisterait pas.

Merci.

Et le comptable ?

Ramuel Jean Oscar, 48 ans, né à
Grenoble.

Je n 'ai pas trouvé grand -chose sur lui
là -bas, si ce n 'est une inscription

dans une école d 'art graphique à l 'âge
de 18 ans.

Il est arrivé à Paris il y a 6 ans,
après avoir passé plusieurs années en

Égypte, à Londres et à Panama, où il a
travaillé pour une compagnie maritime

franco -belge qui a fait faillite.

Il est revenu en Europe avec une
certaine Marie de Ligard, une ancienne

prostituée qu 'il a rencontrée en
Amérique du Sud.

D 'après le patron de la brasserie où
ils ont l 'habitude de dîner tous les

vendredis, c 'est une emmerdeuse qui
râle pour un oui, pour un non.

Ils sont mariés ? Pas en France, en tout
cas. Mais ils la présentent comme sa

femme.

Quand ils sont rentrés d 'Amérique, ils
ont vécu sur la côte d 'Azur.

Avec l 'argent de la compagnie qui a
fait faillite ? Ça n 'a pas duré

Au bout de quelques mois, ils sont
revenus vivre à Paris.

Et comment ils ont vécu ? Sa femme a
repris son ancien métier ? Non.

C 'est lui qui a retrouvé un emploi de
comptable chez Michaud et Fiff. Vous

savez, la fameuse banque. Oui, la
faillite. Oui, exactement.

Ensuite, il est entré au Majestic.

T 'as eu le temps de faire un saut au
Majestic ? Oui.

Le patron est positif, il dit que c 'est
un excellent comptable.

Tu leur as demandé s 'il lui arrivait de
passer la nuit au Majestic ? Oui.

Il paraît qu 'il dort dans son bureau
chaque fois qu 'il se dispute avec sa

femme.

Allô, Maître Davidson ?

Je vous téléphone parce que j 'ai eu l
'impression que M. Clark était disposé à

nous aider.

Il est chez vous en ce moment ? Très
bien.

Pouvez -vous lui demander si Mme Clark
recevait souvent des lettres de France ?

Je sais qu 'elle en a reçu au moins
trois ces dernières années.

Oui, j 'attends.

Oui ? Vous dites tous les trois mois ?
Des sommes importantes ?

Elle est envoyée par chèque ? Sur quelle
banque ? Bank of Michigan.

Asseyez -vous, monsieur le commissaire.

J 'ai sorti son dossier, voilà.

Monsieur Donge, c 'est nous depuis cinq
ans.

Et même plus, puisque son compte nous a
été transmis par notre agence d 'Aix

-les -Bains.

Est -ce que vous pouvez me dire l
'importance de son compte à l 'époque d

-les -Bains ?

Très modeste, monsieur le commissaire.

Des petites économies.

Combien avait -il quand il est venu s
'installer à Paris ? Environ 85 000

francs. A peu près 5 ans d 'économies.

Et il a continué d 'économiser ? Jusqu
'à l 'achat de sa maison, oui.

Après, il ne restait presque plus rien
sur son compte.

Il y a 3 ans, il nous a écrit pour nous
avertir qu 'il avait changé de domicile

et il nous priait d 'envoyer son
courrier au 114, juré au mur.

Vous avez dit 3 ans ? Oui, je peux
retrouver la date exacte, si vous

Est -ce que vous avez déjà vu M. Donges
personnellement ? Avant, oui, mais pas

depuis cette lettre.

Vous n 'avez pas revu M. Donges depuis
trois ans ? Non.

Et quelles opérations vous a -t -il
demandé d 'effectuer depuis ce moment

Je dois vous avouer que vous étiez assez
surpris ce matin.

Après votre coup de téléphone, j 'ai
examiné le dossier de M. Donges.

Et j 'ai constaté que depuis son
changement d 'adresse il y a trois ans,

reçoit régulièrement des fêtes tirées
sur la Bank of Michigan de Détroit.

Chaque trimestre, n 'est -ce pas ? Oui,
effectivement, tous les trois mois.

Et la totalité de ces chèques représente
quelle somme, à peu près ? 600 000

francs. Et cet argent est toujours resté
sur le compte ? Oui, M. Dong n 'a

jamais effectué de retrait.

Mais il y a trois jours, nous avons reçu
une lettre de lui, qui ne contenait pas

de chèque, comme d 'habitude.

Il nous demandait seulement de lui
établir un chèque au porteur sur une

de Bruxelles.

Une opération courante.

Un chèque de combien ?

de 580 000 francs.

Vous avez déjà remis ce chèque ? Nous l
'avons envoyé directement chez lui.

C 'est -à -dire ? 114 rue Réaumur.

Commissaire Maigret, police judiciaire,
est -ce que vous avez reçu une lettre

adressée à Prosper de Rouges hier matin
? Oui, j 'ai été la porter tout de suite

à la poste.

Comment ça ? Eh bien oui, depuis presque
trois ans, monsieur Don, je m 'envoie

chaque mois des enveloppes tout prêtes
pour faire suivre son courrier.

Et à quelle adresse vous le faites
suivre ? Un moment.

Poste privé Gardel, 42 rue Saint
-Bernard dans le 11ème. Quel nom ? Il n

a pas de nom, il n 'y a que des
initiales.

JMD.

Vous l 'avez expédié hier matin, c 'est
bien ça ? C 'est grave.

C 'est toujours grave.

Commissaire Maigret, j 'aimerais savoir
si vous avez reçu ce matin une lettre

adressée aux initiales JMD.

Pourquoi voulez -vous savoir ça,
monsieur ? Si ça ne vous ennuie pas, c

qui poserai les questions.

Vous recevez des lettres à initiales, ce
qui est interdit par la poste.

Je paie ma patente.

Ce qui est interdit à la poste publique
n 'est pas interdit au poste privé.

Évidemment.

Ce que je veux savoir, c 'est si vous
notez dans un registre le vrai nom de

clients.

Vous croyez que tu viendrais ici, mes
clients, si j 'étais obligé de donner

nom ? Je pourrais peut -être exiger une
pièce d 'identité pendant que vous y

êtes.

Au

revoir.

Je sais que vous avez reçu ce matin une
lettre adressée aux initiales JMD.

C 'est possible, mais je m 'en souviens
pas.

Vous pouvez fouiller dans tous les
casiers si vous avez du temps à perdre.

Donc on est déjà venu la chercher.

Quand ? Je ne sais pas.

Même si je le savais, je ne crois pas
que je pourrais vous le dire.

Écoutez, ne jouez pas au plus malin. On
pourrait très bien vous demander de

fermer la boutique un de ces jours.

Des menaces, monsieur le commissaire.

Il y en a d 'autres qui ont essayé.

Mais vous voyez, ma boutique est
toujours là.

Depuis 25 ans.

Bien.

Maintenant, si ça ne vous fait rien, je
vais aller déjeuner.

Est -ce que vous avez déjà vu cet homme
? Il a une tache de vin sur la joue

droite.

Non.

Alors, Lucas, écoute -moi, il faut faire
vite.

Fais prévenir les banques en France et
en Belgique que si on leur présente un

chèque du crédit lyonnais de 580 000
francs, oui, un chèque au porteur établi

par Prosper d 'Onge, elles ne doivent
pas l 'accepter.

Oui, c 'est tout.

La merde, monsieur le commissaire.

C 'est -à -dire ? En sort de chez les
juges, il avait convoqué Charlotte ce

matin.

Mais qu 'est -ce que vous voulez que j
'y fasse ? Ils sont droits.

Elle est dans un bel état, la pauvre.

C 'est vrai qu 'il a tout avoué ? Il n
'a rien avoué.

Calmez -vous.

C 'est sans doute la seule astuce que le
juge Bonneau a trouvée pour essayer de

vous faire parler.

À l 'entendre, c 'est la dernière des
dernières.

Comme si moi, j 'étais capable...

d 'envoyer une lettre anonyme pour
accuser Prosper alors que je suis

sûre de son innocence.

Encore si elle avait été tuée avec un
pistolet.

J 'aurais pu le croire.

Oui, dans la colère.

Un coup de folie.

Mais l 'étrangler, non.

C 'est pas Prosper, ça.

Non. Dites -moi, est -ce que Prosper
verse toujours ses économies au Crédit

Lyonnais ?

L 'économie ? Il y a bien longtemps qu
'on ne fait plus d 'économie, monsieur

commissaire. Depuis quand exactement ?
Depuis quand on s 'est mis cette maison

sur le dos ? Trois ans ? Avec les
devises, ça devait coûter 80 000 francs

maximum. Aujourd 'hui, on a dépensé plus
du double.

Ce n 'est pas fini.

Ça veut dire que Prosper n 'a plus d
'argent à la banque ? Pas plus un sou.

Il n 'a même plus de compte.

Vous en êtes sûre ? Oui.

Je me souviens du jour où le facteur a
apporté un mandat de 1600 et quelques.

Oui, il avait écrit pour arrêter son
compte.

Ça t 'amuserait de venir pointer tous
les jours en janvier ?

C 'est le remplaçant de Prosper d 'Ange
? Oui, c 'est le nouveau.

Vous aimeriez peut -être déjeuner,
monsieur le commissaire ? Non, merci.

Vous avez du nouveau ? Je suis vraiment
navré qu 'on ait arrêté d 'Ange.

J 'avais espéré que les journaux ne
parlaient pas de la fête.

Pour un hôtel comme le nôtre, c 'est une
catastrophe.

Qu 'est -ce que vous en pensez, vous, de
Prosper d 'Ange ?

C 'est un garçon que j 'aurais pu citer
en exemple il y a quelques jours.

Vous savez, ici, il est en défilé de
toutes les couleurs.

Je veux dire, le meilleur et le pire. Ah
bon ? Je vous laisse, monsieur le

commissaire. Vas -y, profite -en, fais
-toi inviter.

Par contre, mon collègue aimerait bien
manger, lui.

Oui, bien sûr, pas de problème.

Ne reste pas là, José.

Tu m 'empêches de contrôler la
cafétérie.

Expliquez -nous. C 'est moi.

Si on demande, je te revois à 5h. D
'accord.

C

'est la

pause ? Oui.

Maintenant, c 'est calme jusqu 'à 4h,
4h30.

Les gens s 'arrêtent un peu pour
souffler. Certains en profitent pour

courses.

Oui.

Bien d 'accord.

Il va où, l 'eau au plateau ? C 'est
sûrement l 'économe qui l 'appelle pour

remettre les provisions de thé et de
café.

C 'est tous les jours à la même heure ?
Oui, entre 3h et 3h30.

Vous pouvez le prendre, j 'ai fini de le
lire.

Ah non, merci.

Alors Lucas, c 'est moi.

Va tout de suite à la section financière
et renseigne -toi sur la faillite de la

banque Michaud et Fils. Il se pourrait
bien que derrière la faillite, il y ait

eu des fonds en écriture.

Oui, c 'est urgent.

Je te retrouve à la PJ.

Va faire un tour dans la cave et le
laisse pas filer, on sait jamais.

Dites -moi, c 'est la seule boîte aux
lettres de l 'hôtel ? Oui, monsieur le

commissaire.

Le commissaire Jolin vient de me
confirmer que Ramuel était l 'homme de

confiance de Michaud.

Ils ont effectivement découvert des faux
en écriture, des traites.

sur lesquels on avait imité la signature
de deux clients.

Elle soupçonnait Ramuel, mais Michaud n
'a jamais porté plainte.

Je vois l 'impense qui doit tenir son
ancien patron d 'une manière ou d 'une

autre.

Officiellement, Ramuel a quitté la
banque Michaud pour raisons de santé.

On est bien vendredi aujourd 'hui.

Oui, déjà.

Tu m 'as bien dit que tous les
vendredis, Ramuel va dîner à la

'horloge.

Bien, on va lui faire une petite
surprise.

Bonsoir, commissaire.

On a depuis une demi -heure déplacé
votre inspecteur à la table voisine.

Tiens, bonsoir, Lucas.

Bonsoir, commissaire.

T 'as du boire à côté de toi ? Garçon,
changez -moi cette mayonnaise.

Elle n 'est pas fraîche.

Les jeunes français, elles vont la
rendre.

Tiens, monsieur Rabiel.

Quelle surprise, madame.

Ma femme, commissaire Maigret de la
police judiciaire.

Enchantée, commissaire.

Un steak frites et une bière. Qu 'est
-ce que tu prends, Lucas ? La même

mais un autre.

Vous êtes au régime ?

C 'est son foie.

Vous savez ce que je pense, monsieur
Ramuel ? Je pense que vous n 'avez

eu de chance.

Ça m 'a frappé la première fois que je
vous ai vu.

Il y a des gens comme ça à qui rien ne
réussit.

Et qui, en plus, attrapent toutes les
maladies.

Il va s 'en servir pour justifier son
caractère de plus.

Intelligent travailleur comme vous êtes,
vous auriez dû faire fortune dix fois.

Et le plus étrange, c 'est que vous avez
failli réussir.

Partout où vous êtes passé, à Panama, au
Caire, ensuite à Paris,

à chaque fois, après une ascension
fulgurante, vous vous retrouvez à zéro.

On dirait que ça ne marche jamais.

Quand vous décrochez une bonne place
dans une banque, elle fait faillite.

Au fait...

Je ne m 'attendais pas à vous trouver
ici.

Je vous croyais déjà dans le train de
Bruxelles.

Quoi ? Tu voulais aller à Bruxelles ? Tu
ne me l 'as pas parlé ? Une femme ?

Non, il ne s 'agit pas d 'une femme,
rassurez -vous.

Votre mari... Je veux dire, votre ami...
C 'est mon mari, monsieur le

commissaire.

Je ne sais pas ce qu 'il vous a raconté,
mais on est bel et bien mariés.

À Panama.

à Bruxelles, Adam.

Allons, répond ! J 'attends ! Je n 'ai
jamais eu l 'intention de

partir.

Je suis désolé, monsieur Ramuel.

Je ne pensais pas venir troubler votre
tête à tête.

J 'ai appris ce matin que vous aviez
retiré presque tout votre argent du

lyonnais et vous aviez demandé un chèque
de 580 000 francs à tirer sur une

banque de Bruxelles.

Vous avez dit 580 000 francs ?

Il avait 580 000 francs en banque et il
me refusait l 'indispensable ? Réponds

-je.

C 'est vrai tout cet argent ? Réponds
-moi ! Je ne vois pas ce que le

commissaire veut dire.

T 'as un compte en banque ? Je n 'ai pas
de compte en banque. Et je n 'ai pas

580 000 francs.

C 'est vrai ou c 'est pas vrai, monsieur
le commissaire ? Je suis désolé,

madame. Je ne voulais pas vous mettre
dans cet état.

Je pensais que vous étiez au courant.

Je comprends maintenant.

Qu 'est -ce que vous comprenez ?

Son attitude depuis quelques temps.

Il était trop gentil.

Il filait trop doux.

Il chantait bien que c 'était pas
naturel.

Il préparait son coup.

Alors... Tu faisais ton magou en
cassette.

Tu me laissais vivre avec trois fois
rien.

Tu préparais ton départ.

Saligo.

Un beau jour ni vu ni connu.

Je serais retrouvée toute seule avec le
loyer sur le dos.

Vous êtes sûr qu 'il n 'y a pas une
femme là -dessous, monsieur le

Monsieur le commissaire, on pourrait
peut -être aller ailleurs.

Tu me le paieras, petit salaud ! Calme
-toi, Marie.

Tu verras, tout va s 'arranger.

Je ne vois pas pourquoi le commissaire
pense que... Vous êtes sûr par vous

tromper ? Parce qu 'on vous connaît,
vous, les gens de la police.

Quand vous trouvez rien que vous
pataugez, vous inventez n 'importe quoi

faire chier les honnêtes gens.

Pas de scandale, madame, ça ne servira à
rien.

Qu 'est -ce que ça veut dire ? Ça veut
dire, madame, que je suis obligé de

mettre votre mari en état d
'arrestation.

Nous allons faire ça discrètement, ça
vaudra mieux pour tout le monde.

Partons gentiment, comme de bons amis.

Nous prendrons la voiture qui attend
dehors et nous irons faire un tour au

des orfeurs.

Attendez un instant, madame, s 'il vous
plaît.

Entrez, monsieur Ramuel.

Proteste, monsieur le commissaire. Vous
n 'avez pas le droit.

Je n 'ai pas le droit.

Venez ici, monsieur Ramuel.

Allons, venez ici.

Qu 'est -ce que c 'est ? Qu 'est -ce que
c 'est ? Rien.

J 'avais juste besoin de ça pour me
détendre.

C 'est pas très régulier, je sais, mais
ça fait du bien.

Demain, le juge t 'interrogera poliment
et tout le monde sera très gentil avec

toi.

Tu vas devenir une vedette des affiches.

Vous pouvez faire entrer tout le monde.

Vous pouvez venir.

Je crois qu 'il n 'y a des chaises que
pour les dames, mais je serai bref.

Asseyez -vous.

Vous pouvez vous rapprocher, Prosper.

T 'as la clé ?

Qu 'il a fait ? Ce qu 'il a fait, il a
continué de faire ce qu 'il a fait toute

sa vie, madame. C 'est -à -dire des
faux.

Tu dis rien, Jean ? C 'est vrai ? C 'est
des fois d 'argent et de voyage à

Bruxelles ? Oh, petit salaud ! Vous avez
de la chance qu 'il ne vous ait jamais

rien dit parce que je serai obligé de
vous arrêter comme complice.

Madame Charlotte, il faut que je vous
avoue quelque chose que Prosper ne vous

jamais dit.

Quand vous l 'avez écrit guéri et que
vous lui avez parlé de la lettre de Mimi

et de l 'histoire de l 'enfant, Prosper
n 'était pas guéri du tout.

Il ne vous a rien dit, mais un jour,
dans la caféterie, pendant la pause de l

'après -midi, il a écrit une longue
lettre à Mimi.

Vous vous en souvenez, Prosper ? Oui.

Vous en avez écrit d 'autres, n 'est -ce
pas ? Combien ? Trois.

Vous n 'avez jamais été dérangé ? Une
des trois fois, au moins ?

Vous n 'avez pas été appelé par l
'économe pour aller chercher les

thé et de café pour le lendemain ? C
'est possible.

Et votre lettre était restée sur la
petite table de la caféterie, juste en

du bureau vitré de M. Ramuel, qui
pouvait l 'avoir de sa place.

Ramuel le malchanceux.

Ramuel qui, malgré tous ses fous en
écriture, n 'arrivait pas à faire

Où postiez -vous vos lettres, Prosper ?
Il y a une bâtolette à la réception pour

le client.

Ce qui permettait à Ramuel de les
intercepter facilement.

Et c 'est comme ça que Mimi, Madame
Clark, après avoir reçu les lettres d

homme amoureux, des lettres où il était
surtout question de son fils,

en a reçu d 'autres par la suite, bien
différentes.

Toujours de la même écriture et toujours
signée Prosper d 'Onge, mais ces

lettres -là étaient menaçantes, elles
réclamaient de l 'argent.

Le nouveau Prosper d 'Onge voulait faire
payer son silence.

Et c 'était du beau travail.

Il a d 'abord fallu louer un bureau pour
le courrier, et puis écrire à Mimi que

le nouveau Prosper Donges avait changé d
'adresse.

Malheureusement, les secs que Mimi
envoyait tous les trois mois étaient au

de Prosper Donges.

Et c 'est là que le nouveau Prosper
Donges, Jean -Ramuel, a eu une chance

providentielle.

Le vrai Prosper Donges, qui arrive
difficilement à joindre les deux bouts,

à sa banque pour arrêter son compte et
demander qu 'on lui envoie le solde de

chez lui.

Ramuel le fait puisqu 'il intercepte son
courrier.

Et ce n 'est pas la lettre du vrai
Prosperdon qui arrive au crédit d

mais une autre écrite par Ramuel et qui
indique un simple changement d 'adresse.

À partir de ce moment -là, le courrier
de la banque arrive aux 114 rurées au

mur.

Jean Ramuel reçoit les chèques des États
-Unis.

Et les verse sur le compte, qui en
réalité n 'a jamais été fermé.

Les 1500 francs que vous avez reçus chez
vous, c 'est Ramuel qui vous les a

envoyés au nom de la banque.

Une escroquerie remarquable, comme vous
voyez.

Si minutieusement élaboré, que Ramuel se
méfie de cette adresse du 114 Ruray au

Mur, et que par précaution, il fait
suivre le courrier jusqu 'à une boîte

postale privée.

Gardelle.

Et puis, c 'est l 'événement imprévu,
catastrophique.

Mimi, Madame Clark, arrive à Paris.

Une suite au majestique.

D 'un moment à l 'autre, le vrai Prosper
Donge peut rencontrer la mère de son

enfant et lui prouver qu 'il n 'a jamais
voulu la faire chanter.

Et pourtant, la mort de Madame Clark a
été accidentelle.

Prosper apprend par hasard, par une
femme de chambre, que Mimi est arrivée à

'hôtel. Il lui écrit, il lui fixe rendez
-vous pour lui parler de son fils.

Ramuel est inquiet, il ne quitte plus
les caves.

Il a vu partir le billet et n 'a pas pu
empêcher le rendez -vous.

Et puis, l 'imprévisible.

Un pneu crevé. Pense -perdon, j 'arrive
à l 'hôtel avec dix minutes de retard.

Ramuel voit Mimi qui attend près du
vestiaire.

Alors tout bascule, tout s 'accélère.

Il se dit qu 'on va découvrir la
machination.

Il l 'étrangle et il cache le corps dans
une armoire.

Il croit que les mobiles accableront
Prosper d 'ange et que rien, bien au

contraire, ne fera peser les soupçons
sur lui.

Et puis tout va trop vite.

Naïvement, il écrit une lettre anonyme
en imitant l 'écriture de Charlotte.

Car il a vu plusieurs billets d 'aile
que Prosper garde dans son tiroir.

Vous avez quelque chose à ajouter, M.

Ramuel ?

Vous aviez raison de croire qu 'il
allait bientôt vous quitter, madame.

Il attendait sans doute d 'avoir plus d
'argent sur le compte pour partir seul,

soigner son foie à l 'étranger.

Il fallait conduire au dépôt.

Voilà.

C 'est fini.

Pardon, monsieur le commissaire.

Mon client aimerait avoir un entretien
avec vous et monsieur Dange dans mon

cabinet le plus tôt possible au sujet de
l 'enfant.

Merci.

Merci.