All language subtitles for (02) Maigret et la grande perche

Ernestine Mikou ? Oui.

Vous êtes flic ? Inspecteur Maigret.

C 'est pas moi.

C 'est ma copine qui a fait le coup.

Où est -elle ? Je sais pas.

Cherchez -la, c 'est votre métier.

Habillez -vous et suivez -moi.

Je vais d 'abord finir mon sandwich.

Habillez -vous et suivez -moi.

Je suis bien comme ça, non ? J 'ai un
mandat d

'arrêt. Habillez -vous et suivez -moi.

Vous allez m 'arrêter ? Je veux bien.

Mais par dessus le marché, vous ne
pouvez pas me demander de vous aider.

Je suis chez moi. Il fait chaud. J 'ai
le droit d 'être à poil.

Voilà les personnes, monsieur Maigret.

Vous vous souvenez, monsieur le
commissaire ? La grande perche.

Vous m 'en voulez toujours.

Vous savez, il faut que je vous dise
tout de suite, vous vous êtes trompé

moi il y a 17 ans.

J 'ai fait 10 mois de tôle pour rien.

C 'est ma copine Lulu qui a piqué l
'argent.

Vous voyez, monsieur le commissaire,
tout le monde peut se tromper.

Même vous.

C 'est pour ça que vous êtes venu ? Non.

C 'est pour Alfred.

C 'est qui Alfred ? Alfred Jussio, mon
mari.

Un vrai mari avec un vrai mariage à l
'église. C 'est lui qui a voulu.

Il a gardé de la religion.

Vous le connaissez peut -être, monsieur
le commissaire. On l 'appelle Alfred le

triste.

Celui des coffres -forts ? Oui.

C 'est un client de Boissier.

Enfin, si vous voulez.

L 'inspecteur Boissier l 'a arrêté deux
ou trois fois.

La dernière, Alfred a tiré cinq ans à
Fred.

Vous vous êtes disputés, il vous a
tabassé ? Non, pas du tout.

Il ferait pas de mal à une mouche.

Alors, qu 'est -ce qu 'il a fait ? Bien.

Seulement, il s 'est mis dans de sales
draps sans le vouloir.

Où est -il ? Je ne sais pas.

Il a disparu ? Il faut aller voir
Boissier, c 'est pour lui.

Inspecteur Boissier, c 'est les
cambriolages. Vous, c 'est les

Il a tué quelqu 'un ? Non.

Monsieur le comitaire, je vous le jure.

Je le connais, c 'est insensible.

Il se met à pleurer pour un oui ou pour
un non.

Alors, qu 'est -ce qu 'il a fait, ce
brave homme ? Il a fait un coup.

Pas la nuit dernière, la nuit d 'avant.

Un oeil.

C 'est où ? Vous étiez avec lui ? Non.

Non, il n 'a jamais voulu que je fasse
le guet.

C 'est un solitaire.

Quand il prépare un coup, il passe des
heures à observer les lieux et les

habitudes des gens.

Alors c 'est à Neuilly qu 'il a
travaillé ? Oui.

La veille du cambriolage, il m 'a dit qu
'il avait été arrêté par les flics

derrière le jardin d 'acclimatation, en
revenant de Neuilly pour un contrôle d

'identité.

Et vous ne l 'avez pas revu depuis ?
Non.

Mais il m 'a téléphoné à 5h du matin.

Je ne dormais pas, j 'étais inquiète.

J 'ai tout de suite compris au son de sa
voix qu 'il y avait un pépin.

Il n 'arrivait presque pas à parler.

Vous n 'avez aucun meurtre à signaler
dans les dernières 24 heures du côté de

Neuilly ?

Une femme.

Pas de corps repêché dans la scène.

Personne n 'a signalé de coup de feu.

Merci.

Appelez le commissaire divisionnaire
Maigret, si vous avez quelque chose.

Pourtant, je n 'invente rien.

Il m 'a bien dit au téléphone qu 'il
avait vu une femme étendue derrière le

bureau qui le fixait avec des yeux
morts.

Même qu 'elle tenait le récepteur du
téléphone dans la main.

Elle avait la poitrine toute sanglante.

Ce serait plus simple s 'il était là
pour confirmer, monsieur Alfred.

Il a eu peur quand il a entendu la
voiture qui s 'arrêtait devant la

Il a vu la personne qui en sortait ? C
'était un homme.

Et Alfred s 'est enfui quand il est
entré dans la maison.

Il a laissé son matériel sur place ?
Oui.

Il m 'a dit au téléphone qu 'il quittait
Paris. Il a paniqué.

Est -ce qu 'il aurait pas une petite
amie, Alfred ? Ça, non.

J 'en suis certaine.

Si l 'on avait l 'envie, j 'en
trouverais tant qu 'il veut.

Ah bon ? La vie est déjà pas si drôle ?
Si vous écrasiez vos téléphones, tenez

-moi au courant.

Vous aussi, monsieur le commissaire.

Vous en savez peut -être long sur la
vie, mais je pourrais peut -être vous

aider.

Il y a des choses que les gens comme
nous comprennent mieux que vous.

Sous -titrage

Société Radio -Canada

L 'emplacement de centaines de coffres,
et à chaque fois, il a la poisse. Donc

sur des titres, des papiers de famille,
des bricoles, impossible à vendre.

Sa femme est venue vous trouver ? Oui,
elle dit qu 'il a quitté Paris. Elle

pas où il est.

Vous savez où ça s 'est passé ? Du côté
de Neuilly.

Une maison avec un jardin bordé d 'une
grille.

Enfin, c 'est vague.

C 'est peut -être suffisant.

Laissez -moi une minute.

Vous me demandez votre bureau.

Il a travaillé dix ans chez Planchard,
le fabricant de coffres -forts.

C 'était un de leurs meilleurs
spécialistes.

Quand il en eut assez de les installer,
il s 'est mis à les cambrioler.

Je vais vous lire ses états de service.

Ce que je voudrais plutôt, c 'est la
liste des coffres -forts qu 'il a

installés. Vous saviez tout de même ?
Bien sûr.

Vous ne devriez pas le dire,
commissaire, mais ça m 'empoisonnerait d

un Pierrot comme lui.

Et surtout de l 'envoyer en cabane. La
dernière fois, ils lui ont mis cinq ans.

Il avait presque envie d 'engueuler son
avocat à un minable. Il n 'a pas su le

défendre.

Alfred, c 'est un artiste.

C 'est un solitaire, il ne va pas jouer
les durs dans les bistrots.

Même si on l 'envoie en taule pour dix
ans, à peine sorti, il recommencera.

C 'est le genre de type qui est négibé.

Il tombe tout naturel d 'être chassé.

Il faudrait être là.

Arrêtez -vous un peu plus loin, en face
du café.

Prenez un grand, si possible.

Non, commissaire, j 'ai trop soif.

Je prendrais un grand jus de citron.

J 'ai pas de citron.

Alors un pastis avec beaucoup d 'eau.

Un verre de blanc.

Dites -moi, est -ce que vous connaissez
un dentiste dans le quartier ? Oui, il y

en a à l 'autre côté de la rue. Je sais
pas ce qu 'il vaut.

Je vois peu de clients entrer chez lui.

Comment allez -tu ? Beaucoup d 'eau.

Grand, comme vous, à cinquantaine.

Je le connais un peu.

Parce qu 'il vient de temps en temps
boire un verre en cachette.

En cachette ? Oui.

Quand il entre ici, il jette toujours un
coup d 'œil du côté de sa maison.

Et qu 'est -ce qu 'il boit ? Du rouge.
Toujours du rouge.

D 'habitude, il vient vers 6h, 6h30. Il
boit deux verres coup sur coup.

Il s 'effile à bouche avec son mouchoir.

Il paye.

Il s 'en va.

Pas très bavard.

On a de la visite, commissaire.

C 'est pas le bobo.

Monsieur le commissaire, vous avez aussi
trouvé ? J 'ai la liste des coffres.

J 'avais vu Alfred la cacher et je
connaissais l 'endroit où il l 'avait

Vous l 'avez là ? Non, je l 'ai brûlée.

Pourquoi ? Je ne vais tout de même pas
vous apporter des preuves contre lui.

Vous y allez ? Je peux vous attendre ?
Qui vous voulez ? Ça me ronge cette

histoire.

Vous avez rendez -vous ? Nous désirons
parler au docteur Serres. Le docteur ne

reçoit que sur rendez -vous.

Commissaire Maigret, police judiciaire.

Excusez -moi, monsieur le commissaire,
mais mon fils ne tient pas beaucoup à la

clientèle de passage.

Mon fils fait la sieste.

Installez -vous, je vous en prie.

Je vais le chercher.

Je ne voudrais pas être indiscrète,
monsieur le commissaire, mais mon fils n

pas de secret pour moi. Nous vivons
ensemble depuis 50 ans. Alors, avant d

'aller le réveiller, pourrais -je savoir
? Votre fils n 'est pas marié ? Si, il

est marié. Sa femme est ici.

Elle n 'y est plus, monsieur le
commissaire.

J 'espère qu 'elle n 'a pas fait de
bêtises.

C 'est à cause d 'elle que vous êtes ici
? Ressayez -vous, je vous en prie.

Après la mort de sa première femme, mon
fils ne voulait plus se remarier, puis

il a fait la connaissance d 'une
personne d 'un certain âge qui était une

clientes et qui vivait seule à Paris.

Ils se sont mariés ? Oui, je l 'ai
encouragée en me disant qu 'ainsi, Il ne

resterait pas seul.

Je ne suis pas éternelle.

Je comprends.

Elle est morte récemment.

Morte ? Vous en parlez au passé.

C 'est vrai, oui.

C 'est parce qu 'elle nous a quittés.

Quand vous a -t -elle quitté ? Il y a
deux jours.

Il y a deux jours.

Donc lundi. Oui.

Elle vous a donné les raisons de...

Son départ ? C 'est assez délicat à
expliquer, monsieur le commissaire.

Surtout pour un homme.

Nous traversons toutes, plus ou moins, à
un moment donné de notre vie, une

période ingrate où nous ne sommes plus
tout à fait nous -mêmes.

Rien ne nous irrite, nous nous faisons
des idées sur tous.

Des idées fausses, bien sûr.

Je comprends.

A la fin, elle ne rêvait plus que de la
Hollande, son pays d 'origine.

Elle est donc partie lundi ? Oui, elle a
pris le train de nuit.

Votre fils a conduit à la gare ? Non.

Elle a appelé un taxi ? Elle est allée
en chercher un au bout de la rue.

Elle ne vous a pas donné signe d 'avis
depuis son départ ? Je ne crois pas qu

'elle en éprouve le besoin.

Il n 'a jamais été question de divorce ?

Nous sommes catholiques, monsieur le
commissaire.

Mais pourrais -je savoir la raison de
votre visite ? Il est arrivé quelque

chose à Maria ? Pourriez -vous me dire,
madame, le plus exactement possible,

comment s 'est déroulée la soirée de
lundi ici, dans la maison ? Eugénie a

ma belle -fille à faire ses bagages.
Eugénie ?

C 'est notre femme de ménage. Elle vient
tous les jours de 9h du matin à 5h de l

'après -midi.

Est -ce que votre fils est sorti ce soir
-là ? Ce soir -là ? Oui, avant le

dîner. Il est allé faire sa promenade
comme d 'habitude ? Il est allé prendre

'apéritif. Il ne boit pas.

Jamais ? Seulement un verre de vin coupé
d 'eau à chaque repas.

Vous avez dîné à quelle heure ? Dès qu
'il est rentré.

Il fait toujours le même tour. C 'est
une habitude qu 'il a gardée du temps

nous avions un chien.

Vous vous êtes mis à table tous les
trois ? Nous avions déjà commencé à

quand Maria est descendue.

Il n 'y a pas eu de discussion ? Non, le
dîner s 'est passé en silence. Je

sentais que mon fils...

Entrez, monsieur Fer.

Je demande pardon, mais... Vous avez
entendu du bruit ? Les messieurs sont de

police.

Commissaire Maigret, inspecteur
Boissier.

Votre mère nous disait que votre femme
était partie avant -hier.

Qu 'est -ce que c 'est, messieurs Désir,
exactement ? Je ne sais pas.

À vrai dire, nous bavardions en vous
attendant, monsieur Serre.

Votre mère nous a appris que vous
faisiez la sieste.

En fait, si nous sommes là, mon confrère
et moi, c 'est qu 'il y a tout lieu de

croire que vous avez été victime d 'une
tentative de cambriolage.

Mais qu 'est -ce qui vous a donné cette
idée ? Nous recevons parfois des

informations confidentielles.

Des indicateurs ? Par exemple.

Je regrette, monsieur.

Vous n 'avez pas été cambriolé ? Si je l
'avais été, j 'en avais moi -même

informé la police.

Vous possédez bien un coffre -fort, n
'est -ce pas ?

Je suppose que je suis en droit de ne
pas vous répondre ? Effectivement.

Je ne vois pas d 'inconvénient à vous
dire que j 'en possède un.

Si je ne me trompe, il s 'agit d 'un
coffre planchard installé il y a environ

ans. Je ne me rappelle pas de la date d
'installation.

Et puis, cela ne regarde personne.

Vous dormez au premier étage, votre mère
et vous -même ?

Votre bureau est au rez -de -chaussée.
Je peux jeter un coup d 'œil ? Bien sûr,

monsieur le commissaire.

Vous verrez par vous -même qu 'il n 'y a
pas eu de cambriolage.

Vous voyez que tout est en ordre.

Il y a beaucoup de livres de droit.

Mon mari était avocat.

Il ne faut pas en vouloir à mon fils de
sa mauvaise humeur, vous savez, mais le

départ de sa femme... Vous êtes
satisfait, messieurs.

Voulez -vous voir la cuisine et le
cabinet dentaire ? Bon, merci.

Vous avez remplacé ces carreaux
récemment ? Il y a cinq jours. La

restée ouverte pendant l 'orage. Nous
avons eu deux carreaux de cassés.

Vous avez fait venir un vitrier ? Non, c
'est mon fils qui les a remplacés.

C 'est toujours lui qui fait les petits
travaux dans la maison.

Ça suffit, maman, ne répondez plus.

Ces messieurs n 'ont aucun droit de nous
importuner.

Monsieur le commissaire !

Ah, je l 'avais oublié.

Alors ? Il n 'y a pas de cadavre.

Et personne n 'a essayé de les
cambrioler.

Il ne manque pas un carrois et une
fenêtre ? Si, deux.

Ils ont été cassés par l 'orage de la
semaine dernière.

Et ils mentent ? Il y a sûrement quelqu
'un qui ment.

Et vous pensez que c 'est moi ? C 'est
peut -être Alfred.

Je ne vois pas pourquoi il m 'aurait
téléphoné au milieu de la nuit pour me

raconter cette histoire.

Moi non plus.

Au revoir, commissaire.

Ils n 'ont peut -être rien raconté du
tout, nos premiers alcools.

Dites -leur, voici, vous soyez votre
grippe.

Restez quelques jours au lit.

À cette heure -là, ça pouvait pas être
pour nous.

C 'était Ernestine qui est descendue.

J 'ai entendu parler assez longtemps.

Et Alfred, il est parti à quelle heure,
la veille ? À dix -cent d 'heure.

Tout premier.

Merci.

Ah, c 'est vous.

Excusez -moi.

Vous voyez les temps changer.

Entrez.

Vous avez des nouvelles d 'Alfred ? Non,
rien. Pas un mot, pas un signe.

C 'est curieux, vous ne trouvez pas ? Il
se méfie, il va penser que je suis

surveillée.

Vous pouvez fouiller si vous voulez.

Allez -y.

Vous savez, j 'y réfléchis.

Il faut bien que quelqu 'un ait menti.

Vous n 'avez pas plus de raison de me
croire que les autres.

Vous voulez un café ? Non, merci.

Monsieur Magret.

Monsieur Magret.

Il y a une dame qui vous attend depuis
une heure.

C 'était

le

seul homme dans la maison.

Je croyais qu 'il avait été marié une
première fois.

Sa femme n 'a pas vécu longtemps.

Combien d 'années après leur mariage
était le mort ? Deux ans.

Et voyez comme c 'est curieux, monsieur
le commissaire.

Avec Maria aussi, il n 'a vécu que deux
ans.

Qui était sa première femme ? Une
personne d 'excellente famille, une

Elle avait des enfants ? Non.

De quoi était le mort ? Une crise
cardiaque.

Je voulais vous téléphoner hier soir,
monsieur le commissaire, et puis j 'ai

préféré venir vous voir.

Il s 'agit sûrement d 'un malentendu.

Nous n 'avons rien à cacher.

Le carreau de la fenêtre du bureau,
quand il était brisé ? Les deux

vous l 'ai déjà dit.

Au moment de l 'orage de la semaine
dernière.

La fenêtre était restée ouverte.

C 'était dans la journée ? Oui, il était
6 heures du soir.

Donc, après le départ de la femme de
ménage.

Oui, puisqu 'elle part à 5 heures.

Enfin, vous devez comprendre, monsieur
le commissaire, que nous n 'avons rien à

cacher. Je vous fais remarquer, madame
Sartre, que vous êtes venue ici de votre

plein gré.

Oui.

C 'est vous qui me demandez de vous
poser des questions.

Bien.

Reprenons les événements à partir du
dernier pas que vous avez fait ensemble,

votre belle -fille, votre fils et vous
-même.

Vous trouvez les bagages à ce moment -là
? Dans le couloir.

Qui les avait descendus ? Eugénie avait
descendu les deux valises et Guillaume s

'était chargé de la malle.

Une grosse malle ? Oui, une malle
-cabine.

Ma belle -fille voyageait beaucoup avant
son mariage.

Vous n 'avez pas assisté au départ de
votre belle -fille ?

Non. Ce sont des situations pénibles, je
préfère éviter les émotions.

Je lui ai dit au revoir en bas dans le
salon et je suis montée dans ma chambre.

Où se trouvait votre fils à ce moment
-là ? Dans son bureau, je pense.

Vous ignorez s 'ils ont eu une dernière
conversation ? Ça m 'étonnerait, je n

'ai rien entendu.

Vous étiez au premier étage, vous croyez
que vous auriez pu entendre les bruits

d 'une conversation dans le salon, porte
fermée ?

J 'ai l 'oreille fine.

J 'entends craquer une lame de parquet à
l 'autre bout de la maison.

Qui est allé chercher le taxi ? Maria,
je vous l 'ai déjà dit.

Elle a resté longtemps dehors ? Assez
longtemps, oui.

Il n 'y a pas de station de taxi à
proximité.

Elle a dû attendre un taxi en maraude.

Que s 'est -il passé après son départ ?
Vous êtes descendue ? Non.

C 'est Guillaume qui est monté dans ma
chambre.

Il était ému.

Il était comme vous l 'avez vu.

Il savait que sa femme ne reviendrait
pas.

Il s 'en doutait.

Si elle avait l 'intention de revenir,
elle n 'aurait pas emporté toutes ses

affaires.

Un moment, oui.

Il n 'est pas sorti de la maison.

Non, pourquoi faire ? Où garde -t -il sa
voiture ? Notre garage est à 100

mètres.

De sorte qu 'il peut prendre sa voiture
sans être vu.

Entrez.

Bonjour, patron.

Entre, Jovi.

Tu as du nouveau ? Euh, oui.

Tu peux entrer ?

La personne s 'appelle Maria Vanert.

Elle a 51 ans.

Elle est originaire de Tnek, en
Hollande.

Avant son mariage, elle habitait une
pension de famille rue de Longchamp, à

Neuilly.

Et le taxi ? On n 'a pas encore
retrouvé, mais Ragné s 'occupe de la

Bon, c 'est très bien.

Appelle -moi dès que tu as du nouveau.

Je suis venue pour répondre franchement
à vos questions. Je ne comprends pas ce

qui se passe.

Parce que vous êtes inquiète.

Hier, vous avez parlé d 'un cambriolage.
Maintenant, vous paraissez préoccupé au

sujet de Maria.

Je suis troublée, je l 'avoue.

Vous n 'avez pas reçu de ces nouvelles.

Je ne compte pas en recevoir.

Vous me cassez certains faits, monsieur
le commissaire.

Asseyez -vous, madame.

Un homme s 'est introduit cette nuit -là
chez vous.

Pour quoi faire ?

Pour cambrioler le coffre -fort.

Qu 'a -t -il emporté ? Rien.

Il n 'a rien emporté parce qu 'à un
certain moment, sa torche électrique a

éclairé un objet qui ne s 'attendait pas
à trouver dans la pièce.

Quel objet ? Le cadavre.

Le cadavre de femme.

Qui pourrait bien être celui de votre
belle -fille.

Il vous a dit cela ?

Pourquoi ne demandez -vous pas à cet
homme de venir répéter devant moi ses

accusations en face ? Il n 'est pas à
Paris.

Vous ne pouvez pas le faire venir ? Vous
avez sans doute de bonnes raisons de

croire en cet homme, un cambrioleur,
plutôt qu 'en une vieille femme de 77

qui n 'a jamais fait de mal à personne.

Monsieur Maigret, je vous demande
instamment de venir chez nous.

Je vous ouvrirai toutes les portes, je
vous montrerai tout ce que vous voulez

voir. Je vous remercie.

Quand je serai parti, essayez de vous
mettre à ma place.

Essayez d 'oublier que vous passez votre
vie à vous occuper de crimes.

Imaginez que c 'est à vous que l 'on
pose les questions que vous m 'avez

Que c 'est vous que j 'en soupçonne ? Je
n 'y me regrette pas, madame.

Salut, Garcin, ici Maigret.

Je vais bien, merci.

Écoute -moi, c 'est délicat.

Tu vas sauter dans une voiture et te
rendre au 43 Bis rue de la Ferme.

J 'en viens t 'a dit. Bien.

J 'ai besoin de voir le dentiste seul.

Le temps presse, le type n 'est pas
commode et j 'ai pas le temps de faire

un mandat.

Faut agir vite avant que sa mère rentre.
Elle sort d 'ici.

Tu l 'emmènes sous un prétexte
quelconque, raconte -lui ce que tu

tu as besoin de son témoignage.

C 'est pas très légal, je sais.

Entrez.

D 'accord, on vous demande.

Comment ça s 'est passé ? J 'ai fait une
convocation par le commissaire.

Je lui ai présenté le papier, il l 'a lu
et m 'a suivi sans dire un mot.

Il est là, il n 'a pas desserré les
dents.

Bon, allons -y.

Bonjour, monsieur Serres.

Je vous demande pardon de vous avoir
dérogé, mais j 'aimerais que vous

à quelques questions.

J 'ai reçu une convocation du
commissaire de police de Neuilly.

Dois -je comprendre que vous refusez de
me répondre ? Catégoriquement.

Très bien.

Bien, le commissaire de police va vous
recevoir.

Je n 'aime pas beaucoup ce genre d
'éducation.

Moi non plus.

Tu peux le faire venir.

Qu 'est -ce qu 'on lui reproche ? Il a
peut -être tué sa femme.

André ? Asseyez -vous, M. Speer.

Il s 'agit d 'une vérification. Je n
'abuserai pas de votre temps. Vous

rester, garçon.

Vous êtes bien le propriétaire d 'une
voiture qui porte le numéro

RS 8822L.

Quand vous en êtes -vous servi pour la
dernière fois ? Je suppose que j 'ai le

droit de savoir pourquoi vous me posez
ces questions.

Supposons que votre voiture, ou plutôt
son numéro, nous ait été fourni comme

celui d 'un véhicule ayant renversé
quelqu 'un.

Quand ? Lundi soir.

Où ? À proximité de la Seine.

Ma voiture n 'est pas sortie du garage.

Quelqu 'un peut s 'en être servi à votre
insu.

Difficile, le garage est fermé à clé.

Vous affirmez que vous n 'avez pas
utilisé votre voiture lundi soir, ni

tard dans la nuit.

Et où sont les témoins de l 'accident ?
Je n 'ai pas d 'autres

questions à vous poser, monsieur Serres.

Vous pouvez disposer.

J 'ai fait ce que j 'ai pu.

J 'ai vu.

Arrêtez -vous une minute.

Bon, et puis non, continuez.

Commissaire, vous savez du nouveau ?
Rien du tout.

J 'ai reçu ça.

Alfred ? C 'est son écriture.

Je dois avoir.

Répondez -moi franchement.

Assurez -vous qu 'il revienne à Paris.

Vous voulez savoir si on l 'arrêterait ?
Oui.

On ne peut pas l 'arrêter puisqu 'il n
'a pas été pris en flagrant délit.

Et d 'autre part, Guillaume Serre ne
porte pas plainte. Et ni même qu 'on se

soit introduit chez lui.

Alors on le laisserait tranquille.

Au moins qu 'il n 'ait menti et qu 'il
se soit passé autre chose. Passons, j

deux tuyaux.

Bon.

Au revoir, commissaire. Au revoir.

Elle s 'appelle Gertrude Oesting.

C 'est la femme d 'un brasseur. On va
facilement retrouver l 'adresse.

Elles ont dû continuer de s 'écrire.

Oui, c 'est ce que j 'ai pensé.

Est -ce que Torrance est là ? Il est
rentré ce matin.

Appelle -le.

Tu vas aller te blanquer de l 'affaire,
mon ami.

Enfin, vous garant de trois bis.

Pas besoin de te cacher, au contraire.

Si tu vois sortir un malabar dans ton
genre, suis -le ostensiblement. C 'est

tout ? Oui.

Fais -toi remplacer une partie de la
nuit.

Bon appétit.

Merci, patron.

Appelez -moi la police du Havre.

Suivez -moi.

Madame Eugénie ! Qu 'est -ce que vous me
voulez ? Bavarder un instant avec vous.

J 'ai pas le temps.

Je suis de la police.

J 'aimerais vous poser quelques
questions.

Qu 'est -ce que vous pensez de vos
patrons ? Des chiens.

La vieille madame Serre aussi ? Pire.

Je vais vous reconduire.

J 'aime pas les filles.

Ah, mais c 'est votre droit.

Et la belle -fille, vous ne l 'aimiez
pas ? Elle raflait tout ce qu 'il y

dans le garde -manger.

A l 'heure du déjeuner, je ne trouvais
plus rien de ce que j 'avais préparé.

Vous savez quand elle est partie ?
Lundi.

C 'est ici.

Mais pourquoi vous voulez la retrouver ?
On a de bonnes raisons de croire qu

'elle a été assassinée.

Pour les arrêter ? Nous n 'avons pas
encore de preuves.

Et qu 'est -ce que je viens faire là
-dedans, moi ? Vous vous souvenez bien

la journée de lundi ? Très bien.

Vous avez aidé Mme Serres, la jeune, à
faire tes bagages ? Ça m 'a pris toute

matinée.

Elle en portait beaucoup d 'effets
personnels ? Des tas.

Elle avait au moins une trentaine de
robes.

Elle ne jetait rien.

Elle ne les portait plus, mais elle ne
les aurait jamais données.

Alors ? Comme tous les riches.

On m 'a dit qu 'elle était partie avec
une malle et deux valises.

Exact. Elle restait partie en camion la
semaine d 'avant.

Le mari savait ? Bien sûr.

Elle était décidée depuis longtemps.

Depuis quand ? Depuis sa dernière crise.

J 'avoue qu 'elle avait une crise.

Elle disait qu 'elle voulait retourner
dans son pays.

Des crises de quoi ? Le cœur.

Elle était cardiaque ? Pareil.

Elle prenait des médicaments ? Ils en
prenaient tous les trois.

Chacun son petit flacon ou sa petite
boîte à pilules devant son assiette.

Ils se disputaient souvent ? Il y avait
des semaines où ils ne se parlaient pas.

C 'était dans sa chambre.

Qui ? Maria ou la mère ? La Hollandaise.

Passait ses journées à écrire des
lettres. Il me les donnait toujours à

'était toujours pour la même personne.

À Amsterdam.

Gertrude Austin.

Oui, quelque chose comme ça.

En tout cas, c 'était bien Gertrude.

Vous travailliez déjà pour eux quand ils
se sont mariés ? Non.

Vous ne savez pas qui travaillait avant
vous dans la maison ?

Il change tout le temps de femme de
ménage.

C 'est le facteur qui me l 'a dit.

Dès qu 'on connaît la maison, on s 'en
va. D 'ailleurs, moi, à la fin de la

semaine, je me sauve.

Pourquoi ? Parce que j 'en ai assez de
voir la vieille compter les morceaux de

sucre dans le sucrier.

On est sournoises avec ça.

Toujours polie.

C 'est une façon de vous regarder comme
si vous étiez moins qu 'un.

Mardi matin, quand vous avez repris
votre travail.

Vous n 'avez rien remarqué de spécial ?
Non.

Vous n 'avez pas remarqué dans le bureau
une vitre cassée pendant la nuit ? Vous

n 'avez pas senti une odeur de mastic ?
Vous vous trompez de jour.

Quel jour était -ce ? Deux ou trois
jours avant.

La nuit du gros orage.

Vous en êtes sûre ? Certaines.

Il y avait deux carreaux de cassé. J 'ai
dû cirer le plancher parce que la pluie

avait pénétré.

Qui les a remplacés ?

M. Serres, il a dû aller chez Gilot, le
quincailler d 'Arudelonchamps.

Ils sont tellement radins qu 'ils ne
feront jamais venir un ouvrier s 'ils

peuvent s 'en passer.

C 'est le dentiste qui débouche les
cabinets.

Bien.

Vous pensez qu 'ils l 'ont tué ? Je ne
sais rien.

Une minute.

Bonsoir. Vous vendez du verre à vitre ?
On ferme, monsieur.

Bonne judiciaire.

Oh, pardon.

Pour vous.

Vous connaissez M.

Serres, le dentiste ? Oui, il a un
compte chez nous.

Vous l 'avez vu récemment ? Je l 'ai
servi la semaine dernière.

Il a acheté du verre à vitre et du
mastic.

C 'était quel jour ? C 'était le
lendemain de l 'orage.

Vendredi, je crois.

Vendredi.

Pierre, merci.

Je peux regarder dans les livres de
comptes ? Il est revenu cette semaine.

Pardon ? Il est revenu mardi.

Il a acheté du vitre aux mêmes
dimensions.

41 sur 45.

Vous en êtes certain ?

Bien sûr que j 'en suis certain.

C 'était le premier client de la
journée.

C 'est à quelle heure ? J 'ouvre à 8
heures.

Vous l 'avez inscrit sur le registre ?
Bien sûr.

Je vais envoyer quelqu 'un pour le
photographier. Surtout, ne détruisez pas

page.

Commissaire Maigret, de la police
judiciaire.

Ah, excusez -moi.

C 'est pas très légal.

Mais du moment qu 'ils ont menti au
sujet des carreaux cassés, ça a moins d

'importance.

Qu 'est -ce qu 'on fait si le nautiste
me surprend ? Attendez qu 'il soit

couché. Je vais entrer.

Terrence, monte la garde devant la
maison.

Le garage n 'est pas visible de la
fenêtre.

Bon travail.

Bonsoir, patron.

J 'ai pu retirer Gertrude Oetting à
Amsterdam.

Elle parle assez mal le français. J 'ai
déniché une interprète à l 'ambassade

des Pays -Bas.

Vous l 'avez attendue à la gare d
'Amsterdam mardi matin.

Et elle n 'est pas arrivée.

Qu 'est -ce qu 'elle dit ? Elle dit qu
'elle est inquiète.

Elle demande si Maria a mort.

Peut -être, madame.

Je vous passe une traductrice.

Demandez -lui de m 'envoyer les lettres
de ces 15 derniers mois.

Et puis une chose très importante.

Dites -lui qu 'il faut qu 'elle saute
dans un taxi et qu 'elle passe au bureau

central de la police d 'Amsterdam.

pour déposer une plainte concernant la
disparition de son amie, Mme Maria Cern

et Van Hertz.

C 'est urgent.

Excuse -moi, je t 'ai fait attendre.

Tu es fini ? Non, pas encore.

J 'attends un télégramme d 'Amsterdam
pour faire avancer l 'enquête.

Tu les réjouis, on dirait que tu es en
train de faire un bon tour à quelqu 'un.

Ah oui, c 'est un peu ça.

Christian, un verre de blanc.

Qu 'est -ce que tu veux manger ? Je ne
sais pas.

Je prendrais bien quelques huiles.

Tu m 'accompagnes au bureau, après ? Au
bureau ? Mais attention.

Pas de commentaires sur la poussière et
le désordre.

Ça s 'est bien passé ? Sans problème.

Alors ? On aura les photos dans 20
minutes.

Entre.

Vous avez trouvé quelque chose ? On a
examiné toutes les parties de la

Elle n 'a pas dû rouler depuis deux ou
trois jours.

Il n 'y a pas de désordre à l
'intérieur. Par contre, j 'ai relevé

éraflures dans le coffre.

Comme si on y avait mis un colis
encombrant et lourd.

Ça pourrait être ça, oui. Une balle ou
une caisse.

Pas de tache de sang ? Non, pas de
cheveux non plus.

T 'as eu l 'impression que la voiture
avait été nettoyée à ce moment ? Pas

extérieurement, mais j 'ai l 'impression
que l 'intérieur a été très

soigneusement brossé, car j 'ai eu du
mal à recueillir de la poussière.

Or, je vais monter pour examiner ce que
j 'ai pu récolter.

Bonsoir, madame.

Tu n 'as pas serein ? Non.

C 'est toujours comme ça ? Quoi ? Ton
travail ? Je ne connais pas.

C 'est lui le meurtre ? C 'est probable.

Tu connais le coupable ? Et il sait que
tu le soupçons ?

Ça doit être effrayant.

Pour la pauvre femme, ça n 'a pas dû
être très gai non plus.

Entrez.

Télégramme, commissaire.

Merci.

Je la demande d 'enquête de la police.
Vous pouvez rentrer à la maison, madame

Bégrin.

Il est photographié.

Elle n 'apportera rien.

Tu crois ? Les analyses de Moës non
plus.

Pourquoi ? Parce que ça a pris des
précautions.

Il n 'y a que ça à la place du
conducteur, c 'est de la poussière des

Des briques ? Des briques pour la
construction.

C 'est bien, c 'est déjà quelque chose.

Mais j 'aurais surtout besoin de toi
tout à l 'heure. Tu viendras avec tes

hommes et tes appareils et tu sortiras
le gros jeu.

Faut vraiment impressionner le bonhomme.

C 'est un dieu ? A sa manière, oui.

Je t 'appellerai de là -bas.

Vous pourriez peut -être aller faire un
tour sur les quais boissiers.

Essayez de savoir s 'ils n 'ont pas
débarqué des briques la semaine

D 'accord.

Vous avez un mandat ? Bonjour, M. Cerf.
Voici.

Comme vous le voyez, c 'est un mandat d
'acquisition.

Une information est ouverte au sujet de
la disparition de Maria Cerf des

Wanderts, sur plainte de son amie,
Gérard Brunosting.

Qu 'est -ce que c 'est, idiote ? Rien,
maman, ces messieurs désirent visiter la

maison.

Remontez dans votre chambre.

Si je comprends bien, c 'est comme
dentiste que vous avez fait la

de Maria Wernert ? Vous saviez qu 'elle
était riche ?

Le docteur Dubuc était le

médecin de votre femme, n 'est -ce pas ?
Il soignait Maria Wernert avant notre

mariage, oui.

Vous saviez en l 'épousant qu 'elle
avait une maladie de cœur ? On en avait

parlé.

Votre première femme aussi est morte d
'une maladie de cœur.

Oui.

Vous trouverez le certificat de décès
dans la chambre de ma mère.

Vous pouvez me montrer une photo de
votre père, monsieur Serre ?

Moi, je ne l 'envoie pas.

C 'est plein gaz.

Tu passes la maison pas une fois.

Vous pensez que ça va l 'impressionner ?
Ça finira bien par impressionner quelqu

'un.

Je vais essayer de

trouver quelque chose sur le père.

Vous voulez que je m 'en occupe ? Non,
merci.

Ah, voilà.

Alain sait.

Il est de dos.

Nous étions ensemble à la faculté.

Il est mort il y a une trentaine d
'années.

Quel genre d 'homme était -ce ? De quoi
celui -ci, mon petit maire ? De son

fils, qui est dentiste.

Oh, le gamin ! Je ne l 'ai jamais vu.

Je savais qu 'il existait.

Alain et moi.

Nous faisions partie d 'une bande de
joaillerons, pour qui la vie de famille

'était pas le souci principal.

C 'est pas sa femme, là ? Ah non, c
'était sa maîtresse.

Sa femme, je ne l 'ai pas connue.

Elle habitait du côté de Neuilly.

Mais elle restait longtemps avec la
petite danseuse, la Josette, une sacrée

yaillarde. On l 'appelait l
'engoulement.

Ils sont en haut, ils n 'ont rien
trouvé.

Je ne sais plus où me mettre, monsieur
Maigret. Qu 'est -ce qu 'il cherche ?

Mon Dieu, pourquoi l 'avons -nous laissé
partir ? Si j 'avais pu

prévoir.

C 'est à vous, monsieur Fer.

À qui voulez -vous que ce soit ?

Il

buvait ? Il avait une bonne descente.

Il menait la grande nuit.

C 'est inoubliable.

Alors, Jean -Yves ? Pas rien. Pas rien d
'intéressant.

Juste un certificat de décès de sa
première femme et du père.

Ils sont à la cave.

Essaie de prouver une photo du père.

J 'aimerais bien voir ta tête.

Allez -vous habiller, Monsieur Serre.

Oui ? Ce sont les lettres de Madame
Serres à son ami

Gertrude Austin.

On va les recevoir d 'Amsterdam.

Commencez par les plus récentes.

Entrez.

Merci d 'avoir... Ne pars pas sans m
'avertir.

Voulez -vous lire cela, M. Serres ?

C 'est la photographie d 'une page du
registre de la

Cangaillerie -Gillot, la page de mardi
dernier.

Celle où est inscrite la vente d 'une
vitre de 41 sur 45 et d 'une demi -livre

domestique.

Le premier client de la matinée.

Vous rendez -vous compte de ce que cela
implique ? Dois -je comprendre que vous

m 'inculpez ? Officiellement, vous êtes
ici comme témoin, mais je peux vous

inculper.

Ce qui vous permettrait de vous faire
assister par un avocat.

Je n 'ai pas besoin d 'avocat.

Vous avez une maladie de cœur, monsieur
Serre ? Hypertrophie du cœur, comme

vous, probablement.

Votre père est mort d 'une maladie de
cœur quand vous étiez adolescent, n 'est

-ce pas ? Oui.

Votre première femme est morte d 'une
maladie de cœur.

Maria Van Ert souffrait également d 'une
maladie de cœur.

Grande partie des gens meurent de
défaillances cardiaques, c 'est dans les

statistiques.

Vous êtes assuré sur la vie, monsieur
Serre ? Depuis mon enfance, oui.

Par contre, je n 'ai pas vu de police
sur votre mère.

Ma mère n 'est pas assurée.

Votre père l 'était ? Oui.

Votre première femme aussi ? Vous avez
trouvé les documents dans la chambre de

ma mère ? C 'est exact.

Et votre seconde femme ? C 'est assez
courant de nos jours.

Ce qui est moins courant, monsieur, c
'est de conserver tout cet argent chez

vous. Plusieurs millions en espèces et
en or dans un coffre -fort.

Des milliers de gens sont dans mon cas.

Une fortune qui ne rapporte aucun
intérêt.

Vous oubliez les impôts exceptionnels et
d 'évaluations successives, les lois

monétaires plutôt décourageantes.

Je comprends.

Vous admettez que votre intention était
de cacher ses capitaux et de fonder le

fisc.

Votre seconde femme, Maria, savait que
cet argent était enfermé dans votre

coffre ? Évidemment.

Son argent s 'y trouvait jusqu 'à son
départ.

Je n 'ai pas trouvé de contrat de
mariage parmi vos papiers.

Elle se mariait sous le régime de la
communauté des biens.

Ça paraît surprenant, étant donné vos
âges.

Un contrat nous aurait forcé à établir
un inventaire de nos biens respectifs.

Votre femme était riche ? Elle est
riche.

Plus riche que vous ? À peu près autant.

Sa fortune se trouve en France ?

En partie.

Elle a hérité d 'une fromagerie en
Hollande.

Sous quelle forme gardait -elle ses
autres biens ? Principalement en or.

Déjà avant de vous connaître ? Je vois
où vous voulez en venir.

Oui, c 'est moi qui lui ai conseillé de
vendre ses valeurs et d 'acheter de l

'or.

Cet or se trouvait donc dans votre
coffre -fort ? Oui.

Jusqu 'à quand ? Lundi, en début d
'après -midi, et quand Maria est

je lui ai remis ce qui lui appartenait.

Cette somme était donc dans une des deux
valises ou dans la malle lorsque votre

femme est partie ? Je la suppose.

Comment puis -je savoir, M. Serres, que
l 'argent que nous avons trouvé chez

vous était seulement votre argent, et
non le vôtre et celui de votre femme ?

Que signifient le N et le M ? Nous,
enfin, ma mère et moi, nous avons

vécu en mettant nos fonds en commun,
sans distinction de ce qui m 'appartient

de ce qui lui appartient.

Le M était donc pour Maria.

Effectivement.

Il y a un certain chiffre qui apparaît à
intervalles réguliers.

Sa participation aux frais du ménage.

Votre femme payait une pension mensuelle
? Non, en réalité, elle ne me versait

pas d 'argent directement puisqu 'il
était au coffre, mais son compte était

débité d 'autant.

Ne m 'attends pas, j 'entendrai tard.

Oui, ça vaut.

Merci.

Tu as trouvé les photos du père ? Non.

Madame Serre m 'a dit qu 'elle n 'en
avait plus.

C 'est parti pour la nuit.

Il va falloir penser aux munitions.

Vous permettez ? Vous avez pensé à cette
troisième vitre, monsieur Serres ? Non.

Vous avez tort.

Il serait préférable pour vous de
trouver une explication plausible.

Je n 'en cherche pas.

Vous persistez à soutenir que vous n
'avez remplacé qu 'une seule fois les

carreaux de votre fenêtre.

Le lendemain de l 'orage, la semaine
dernière.

Vous affirmez que depuis, vous n 'êtes
plus retourné chez le quincailler,

cette page du livre de comptes.

Jean -Bien, tu veux venir un instant ?
Mon inspecteur va enregistrer cette

partie de notre entretien. Vous lui
répéterez exactement ce que vous venez

dire.

Tout ce que j 'ai écrit sur ma vie ici,
sur G et sur ma belle -mère, tu dois

bien comprendre ce qui m 'arrive.

Je te raconterai tout cela.

Je partirai lundi soir.

Le temps passera vite.

Je ne peux pas supporter plus longtemps
la vie ici.

Seigneur patron, c 'est fait. Il vous
attend.

Très bien.

Intéressez -vous essentiellement aux
trois.

Maria Vernert, son mari, la belle -mère.

Ce qui m 'importe, c 'est de savoir
comment ils vivaient ensemble sous le

toit.

L 'argent, l 'alcool, la relation du
couple.

La jalousie, peut -être.

Et puis essayer de trouver quelque chose
sur le père, l 'avocat.

On n 'a aucune trace de lui.

Ni lettres, ni photos.

C 'est curieux.

C 'est comme s 'ils l 'avaient rayé de
leur vie.

Je peux vous demander un verre d 'eau ?

Vous ne préférez pas un verre de vin
rouge ? Mais oui,

cela fait partie du jeu.

Vous avez peur de votre mère que vous
êtes obligé de vous cacher pour boire ?

'est une question.

Non, vous n 'êtes pas obligé de me
répondre.

Le père de ma mère était alcoolique.

Ses deux frères étaient alcooliques.

La sœur de ma mère a fini séjour dans un
asile d 'aliénés.

Elle n 'a jamais eu d 'alcool à la
maison.

Ma mère a vécu dans la terreur de me
voir boire, moi aussi.

Elle croit que c 'est une tendance
héréditaire.

Vous aimez beaucoup votre mère, monsieur
Serre ? C 'est normal.

Nous avons toujours vécu tous les deux
seuls.

Un peu comme un ménage.

Qu 'est -ce que vous voulez dire ? Est
-ce que votre mère est jalouse ? Pardon

Cela arrive souvent dans le cas d 'une
veuve avec son fils unique.

Est -ce que votre mère se montrait
jalouse de vos relations ? Vous avez

d 'amis ? Quel rapport avec la soi
-disant disparition de ma femme ?

Je n 'ai pas trouvé chez vous une seule
lettre venant d 'un ami, une seule photo

de groupe.

comme on en trouve chez la plupart des
gens.

Une autre chose m 'a frappé au cours de
notre visite.

Toutes les photographies que nous avons
trouvées ne concernent que la famille de

votre mère.

Pas un seul portrait de votre père, ni
de sa famille.

Cela ne m 'a pas frappé.

Est -ce que vous savez quand elles ont
été détruites ? Quelle image gardez

de votre père ?

Ça a fait partie de l 'interrogatoire ?
Non.

Notre conversation n 'est pas
enregistrée.

Votre père était avocat ? Oui.

Quel genre d 'existence menait -il ? Une
existence exclusivement familiale ou

bien avait -il une vie mondaine ? Il
sortait beaucoup.

Avec votre mère ? Très peu.

Il avait des maîtresses ?

Votre père est mort dans son lit ? Dans
l 'escalier de la maison.

Vous étiez là ? Non, j 'étais sorti.

Quand je suis rentré, il était déjà mort
depuis deux heures.

Qui l 'a soigné ? Le docteur Dutilleux.

Il vit encore ? Non, il est mort il y a
plus de dix ans.

Vous étiez présent quand votre première
femme est morte ?

Répondez, s 'il vous plaît.

Oui, j 'étais dans la maison. Où étiez
-vous ? Dans mon bureau.

Quelle heure était -il ? Environ 9
heures du soir.

Votre femme se trouvait dans sa chambre
? Elle ne se sentait pas très bien.

Votre mère était avec elle ? Je ne me
souviens pas.

C 'est votre mère qui vous a appelé ? Je
crois.

Votre femme était morte quand vous êtes
arrivés dans la chambre ?

Non, elle a vécu encore 15 ou 20
minutes.

Elle est morte quand on sonnait à la
porte.

Quel docteur ? Du TIEU.

C 'était votre médecin de famille ? Oui.

Pourquoi n 'avez -vous pas signalé à la
police qu 'on a essayé de vous

cambrioler ? Je n 'ai rien à signaler à
la police.

Où est votre enfant ?

et que nous la retrouvions.

Je reviens à toi.

Apporte -lui de l 'eau.

Elle est dans la salle d 'attente, qui
est la mère.

Tant mieux.

Installez Vanier derrière la porte pour
qu 'il prenne en ce temps.

J 'ai décidé de partir.

Je n 'en ai encore parlé à personne.

La vieille dame, elle s 'en doute pas.

Elle est toujours aussi souriante, à
condition que je fasse tout ce qu 'elle

désire. C 'est la femme le plus égoïste
que je connaisse.

Pour Guillaume, ce sera un soulagement
de me voir partir.

Il sait depuis le début qu 'il n 'y a
rien de commun entre nous.

Je n 'ai jamais pu m 'habituer à l
'odeur de sa peau.

Comprends -tu maintenant pourquoi nous n
'avons pas partagé...

La même chambre.

Vous prétendez, monsieur Serres, que
vous n 'avez pas vu le chauffeur de taxi

Pourtant, il a fallu qu 'il descende
pour porter les bagages.

Je ne suis pas sorti de la maison.

Après deux ans, j 'ai le même sursaut
chaque fois qu 'il arrive de venir me

trouver.

Heureusement, ce n 'est pas souvent.

Je pense qu 'il vient en croyant de me
faire plaisir.

Parce qu 'il estime que c 'est son
devoir.

Ou bien c 'est sa mère qui le lui dit.

Ne t 'inquiète pas, je pense que je vais
en avoir pour toute la nuit.

Quand votre femme est revenue avec le
taxi, vous n 'avez pas allé à

la malle ? Non, mais dans mon bureau,
elle est partie, elle était fermée.

Vous voyez avec qui le bagage ? Une
malle et deux valises.

Vous comptez me retenir encore longtemps
? Ça dépendra de vous.

Vous ne croyez pas qu 'il serait plus
simple et moins fatigant de me dire la

vérité ?

A quel moment avez -vous tué votre femme
? Je ne l 'ai pas tuée.

Tu peux aller manger, Jean -Yves.

Fais -nous monter des penduites et de la
bière.

Bien, par contre.

Pourquoi avez -vous épousé Maria Werners
? Ma mère avait peur que je reste seul

un jour.

Pour elle, je suis encore un enfant.

T 'imagines que j 'ai besoin de quelqu
'un pour s 'occuper de moi.

C 'est pour vous empêcher de boire.

Asseyez -vous.

Votre père a perdu beaucoup d 'argent.

Je comprends pas.

Vous n 'avez pas entendu dire que votre
père menait, comme on dit, la grande vie

?

Il sortait beaucoup.

Et il dépensait sans compter.

Peut -être.

Votre mère lui faisait des scènes.

Ce n 'est pas dans nos manières.

Au fait, combien vous a rapporté votre
premier mariage ? Nous ne parlons pas

le même langage, monsieur Maigret.

Vous êtes bien marié sous le régime de
la communauté des biens.

Je vous l 'ai déjà dit.

Votre première femme avait de la
fortune.

Vous en avez donc hérité.

Ça vous paraît anormal ? Tant que le
corps de votre deuxième femme ne sera

trouvé, vous ne pourrez pas hériter de
sa fortune.

Je n 'ai pas de raison d 'hériter, si
elle est vivante.

Vous croyez qu 'elle est vivante,
monsieur Serres ? Je ne l 'ai pas tué.

Et le quincailler, lui, il vous a pris
pour un hôte quand vous êtes venu

une nouvelle vitre, le mardi matin, à l
'ouverture du magasin ?

Ma parole vaut la sienne.

À condition que vous n 'ayez pas tué
votre femme.

Le mardi matin, vous avez trouvé la
maison en ordre. Rien de particulier

votre bureau ? Rien de particulier et
pas de caisse à outils.

Je l 'ai redit plusieurs fois.

Et l 'information est ouverte, donc vous
avez le droit de m 'interroger, M.

Maigret.

Mais votre inspecteur m 'a déjà posé
toutes ces questions, et vous

Vous essayez de m 'avoir à l 'usure.

Moi, je peux prévoir que ça va durer
toute la nuit.

Alors pour gagner du temps, je vous
répète que je n 'ai pas tué ma femme.

Et je vous avertis que je ne répondrai
plus aux questions qui m 'ont déjà été

posées.

Votre mère est ici.

Elle est dans la salle d 'attente depuis
plus de deux heures.

Vous comptez la laisser y passer la nuit
?

Elle est libre, je ne vais pas l 'en
empêcher.

Je ne voudrais pas faire votre métier.

Vous voulez manger quelque chose ? Ah
oui, je veux bien, merci.

Vous désirez parler à votre mère ? Non,
je n 'ai rien à lui dire.

Est -ce qu 'elle a mangé ? Je l 'ignore.

Je vous répète qu 'elle est libre.

Elle ne sortira pas d 'ici tant que j 'y
serai.

Elle risque d 'attendre longtemps.

Comment est -elle ? Elle va bien.

Elle discute avec une ancienne
prostituée.

Elle parle beaucoup.

Vous pourriez peut -être lui faire
porter un sandwich ? C 'est déjà fait,

monsieur Serres.

Il y a torrance d 'emmener la grande
perche chez Lucas.

Alors, qu 'est -ce qu 'elle a raconté, à
un moment ? Je voulais savoir si j

'étais déjà venue, pourquoi j 'étais là.

Alors, j 'ai fait mon numéro. Je lui ai
dit que mon mari voulait se battre au

couteau et tout le team, quoi.

Et puis, petit à pied, elle s 'est mise
à me poser des questions.

Sur quoi ? Sur vous.

Alors, j 'ai fini le portrait. Je lui ai
dit que vous arriviez toujours à faire

parler les gens, quittant d 'employer la
brutalité.

Non, ça n 'a pas de sens.

Je lui ai raconté que vous aviez gardé
quelqu 'un tout nu dans votre bureau

pendant 24 heures en plein hiver et que
vous aviez ouvert les fenêtres toutes

grandes.

Ça n 'a pas rien d 'estime.

Mais ça marche, monsieur le commissaire.
Ça l 'impressionne.

Elle est moins sûre d 'elle, maintenant.

Elle tend l 'oreille à tout bout de
champ.

Elle m 'a aussi demandé si vous les
battiez.

Avec un fouet.

Votre mère est en train de s 'imaginer
que je vous torture.

Qu 'est -ce que vous lui avez raconté ?
Moi, rien.

C 'est probablement la fille qui attend
avec elle.

Ces gens -là adorent inventer des
histoires pour se rendre intéressants.

Je peux la voir ? Qui ?

Je crois que je vais l 'interroger moi
-même.

Ma mère ne sait rien.

Et vous ? Moi non plus.

Vous m 'obligez à l 'interroger comme je
l 'ai fait pour vous.

Vous n 'avez aucune pitié.

Aucune pitié pour qui ? Pour une vieille
dame.

Maria Wernertz aussi aurait bien voulu
devenir une vieille dame.

3 janvier, je vais m 'occuper de la mer.

On paie.

Il y a la grande dame qui voudrait
parler au commissaire Dégret.

Elle se sent mal.

Elle attend dans le bureau de l
'inspecteur Lucas.

Une bière, Marcel?

Ah, c 'est pas trop cher.

C 'est ce qu 'il y a.

C 'est rien, mais je n 'en pouvais plus
de jouer la comédie.

Elle est redoutable, cette bonne femme.

Je ne sais pas comment vous tenez le
coup avec le fils, mais elle est plus

qu 'eux.

Elle s 'est mise petit à petit à me
poser des questions et je n 'ai vu que

feu.

Tu lui as dit qui tu étais ? Non, je ne
sais pas comment elle a fait, mais elle

a deviné.

Deviné quoi ? Que j 'avais fait le
tapin.

Elle m 'a posé un tas de questions sur
la vie en prison, sans en avoir l 'air,

et je me suis laissée embobiner.

Tu lui as parlé d 'Alfred ? Oui, mais je
lui ai pas dit ce qu 'il faisait.

Il y a au moins une heure qu 'elle m
'interroge sur la vie en prison, à

heure on se lève, qu 'est -ce qu 'on
mange, comment sont les gardiennes.

Vous auriez pas quelque chose d 'un peu
raide à voir ? Elle m 'a tué, cette

toupie.

Je pensais que ça pourrait vous
intéresser.

T 'as parlé de son fils ? Non.

Mais elle sursaute à chaque fois qu 'on
nous l 'emporte.

Elle m 'a posé une question qui peut
peut -être vous intéresser.

Elle m 'a demandé si je connaissais des
gens qu 'on a guillotinés.

Quelle heure est -il ? Deux heures.

Tu peux rentrer chez toi.

Oh non, je reste.

Ce sont mes photos de Madame Van Aert.

Elles étaient dans une enveloppe avec un
mot de Mme Austin qui pense que cela

peut vous être utile.

J 'ai trouvé quelque chose d
'intéressant pour vous.

Ce sont des gens qui ont horreur de
voyage.

Ils n 'ont quitté la France qu 'une
seule fois, quand le père vivait encore.

C 'était pour aller à Londres.

Il paraît d 'ailleurs qu 'ils ont tous
eu le mal de mer pendant la traversée et

qu 'ils ont dû se faire soigner par la
médecine de bord.

Tout ça pour te dire que quand j 'ai
proposé d 'aller deux jours au carnaval

Nice... Ils n 'ont tout d 'abord rien
dit, comme d 'habitude.

Et puis Guillaume est venu me trouver
dans ma chambre pour expliquer que sa

trouvait cela choquant.

Il m 'a supplié de renoncer à ce projet.

J 'avais laissé les tiroirs de ma table
de nuit entre -ouverts et il y a jeté

machinalement un coup d 'œil.

Je l 'ai vu devenir tout pâle. Il a
touché le petit automatique que j 'avais

acheté pour mon voyage en Égypte et m 'a
demandé s 'il était chargé.

Je lui ai montré que le chargeur était
vide. Il m 'a alors demandé si j 'avais

des cartouches.

J 'ai répondu qu 'il devait y en avoir
quelque part.

Une demi -heure plus tard, ma belle
-mère est arrivée et m 'a expliqué qu

'était pas concevable pour une femme d
'avoir une arme et que je devais la lui

remettre. J 'ai récusé parce que je la
garde comme souvenir.

J 'ai réfléchi, monsieur Serres.

Vous n 'avez pas menti autant que je le
croyais.

Marianne ne devait pas disparaître. Vous
n 'aviez aucun intérêt à sa

disparition.

Elle devait réellement prendre le train
de nuit pour la Hollande.

Je ne sais pas si elle devait mourir
chez vous ou après son départ, une fois

dehors.

C 'est bien cela, n 'est -ce pas ? Elle
devait mourir d 'une mort naturelle.

ou plutôt d 'une mort qui pouvait
paraître naturelle.

Mais ça ne s 'est pas déroulé comme vous
l 'aviez prévu et vous avez dû faire

disparaître le corps et les bagages.

Il y a un autre détail qui me trouble.

Vous vous êtes dit adieu et pourtant
elle est retournée dans le bureau

son cadavre s 'y trouvait aux environs
de minuit.

Ne me répondez pas. Je vous demande
seulement de suivre mon raisonnement.

Je viens d 'apprendre que votre femme...

avec un pistolet automatique.

Vous avez peut -être tiré pour vous
défendre. Je suis prêt à vous croire.

Vous êtes affolé et vous avez abandonné
le corps pour chercher votre voiture

dans le garage.

Vous avez tort, monsieur Serres.

Tant ou tard, nous retrouverons le corps
et je suis persuadé que l 'autopsie

révélera qu 'elle a été tuée par balle.

Ce que je me demande, c 'est si la balle
a été tirée par votre revolver ou par

le sien.

Si la balle a été tirée par le revolver
de votre femme, on peut imaginer qu

'elle est venue pour vous réglamer
quelque chose et qu 'elle vous a menacé.

Question d 'argent, par exemple.

De toute façon, votre tête n 'est pas en
jeu, la préméditation n 'existe pas.

Vous pouvez même plaider la légitime
défense.

Ce qui reste à expliquer, c 'est
pourquoi votre femme, sur le point de

est venue vous menacer avec une arme.

Qu 'est -ce que vous en pensez ? Rien.

Vous êtes toujours décidé à vous taire.

Je réponds docilement à vos questions.

Votre femme n 'est pas venue vous
réclamer des comptes et elle ne vous a

menacé. Ma femme ne m 'a jamais menacé.

Ne soyez pas aussi catégorique, monsieur
Serres, vous pourriez le regretter plus

tard.

C 'est vous qui sublirez les jurés de
croire que votre vie ou celle de votre

mère était en danger.

Vous n 'avez aucun intérêt à vous mettre
un cadavre sur les bras.

Je veux dire, un cadavre qu 'on ne peut
pas montrer.

Quand votre première femme est morte, ça
s 'est passé de telle manière que vous

avez pu appeler le docteur Dutilleux
pour rédiger le certificat de décès.

Or, Maria souffrait comme elle d 'une
maladie de cœur. Elle aurait dû mourir d

'une mort apparemment naturelle.

Ce qui avait réussi avec l 'une devait
réussir pour l 'autre, mais il y a eu un

pépin. C 'est pas tué.

Et vous n 'avez pas fait disparaître le
corps, les bagages et les outils du

cambrioleur. Il n 'y a pas eu de
cambrioleur.

Vous aurez probablement la possibilité
de le rencontrer dans quelques heures.

Il s 'agit d 'un repris de justice bien
connu de nos services.

Il a mis sa femme au courant.

Elle est dans la salle d 'attente, en
compagnie de votre mère.

Décidez -vous.

Il est trois heures du matin.

Je n 'ai rien à dire.

Bien.

Vous me mettez dans l 'obligation de
questionner votre mère.

J 'aurais préféré ne pas tourmenter une
vieille dame.

Ça y est, j 'ai trouvé, commissaire.

C 'était facile, j 'ai fait tous les cas
de déchargement.

Vous trouvez ça ? Quatre billes en
cours.

C 'est qu 'une seule péniche qui a
déchargé des briques.

Quand ? Lundi dernier.

Elles sont toujours là.

C 'est de la poussière rouge le long du
quai sur plus de 100 mètres.

Moir se confirme que c 'est la même que
celle qu 'il a trouvée.

Téléphone à la fluviale de commencer l
'après.

C 'est déjà fait.

Votre fils a une maladie de cœur, n 'est
-ce pas ? Il a toujours eu le cœur

fragile, oui.

Je n 'aime pas annoncer les mauvaises
nouvelles, surtout à une personne de

âge.

Mais il a tué sa femme.

Il vous l 'a dit ? Il nie encore, mais
nous avons des preuves.

Quelles preuves avez -vous ? Nous avons
trouvé l 'endroit où il a jeté le corps,

dans la scène qui est bien au courant.

Votre fils refuse de plaider la légitime
défense, il a tort.

Je suis sûr que sa femme l 'a menacé
avec une arme quand elle l 'a rejoint

son bureau.

Ou alors elle vous a menacé vous.

Il a essayé de la désarmer, le coup est
parti accidentellement.

Il y a une troisième hypothèse.

Votre fils a tiré le premier avec son
propre revolver qu 'il gardait dans le

tiroir de son bureau.

Je ne sais rien, j 'étais dans ma
chambre.

Vous n 'avez rien entendu ? Que la porte
qui sort fermée, le bruit d 'un moteur

dans la rue. Le taxi.

Je suppose, puisque ma belle -fille
avait parlé d 'en chercher un. Vous n

pas sûre ? Je ne l 'ai pas vue.

Ça aurait pu être la voiture de votre
fils.

Il m 'a affirmé qu 'il n 'était pas
sorti.

Quand vous êtes venu me voir
spontanément, vous étiez sûre que votre

-fille avait quitté la maison en taxi ?
Je le suis toujours.

Mais vous n 'en êtes plus sûre.

Écoutez, monsieur Maigret, depuis deux
jours, vous me posez sans cesse les

questions. Je ne sais plus où j 'en
suis.

Puis j 'ai attendu des heures dans l
'antichambre, je n 'en peux plus.

Pourquoi êtes -vous venue cette nuit,
madame Serre ? Il est tout de même

que je sois près de mon fils dans une
situation pareille.

Vous le suivriez en prison ? Je ne
comprends pas.

Si j 'inculpais votre fils, est -ce que
vous prendriez sur vous une partie de

son acte ? Puisqu 'il n 'a rien fait.

Vous en êtes sûr ? Pourquoi aurait -il
tué sa femme ?

Êtes -vous certaine qu 'il ne l 'a pas
tué ? Pour autant que je le sache.

S 'il y a une possibilité qu 'il l 'ait
fait ? Il n 'avait aucune raison pour

cela.

Il l 'a fait.

Dès que le procureur de la République
arrivera au palais, je demanderai l

'inculpation de votre fils.

Je dois vous dire qu 'il n 'a aucune
chance de s 'en tirer.

Pour lui, c 'est la peine capitale.

Ta première femme sera exhumée.

Vous savez qu 'on trouve la trace de
certains poisons dans la squelette.

Ça n 'est pas possible.

Ça n 'est pas vrai, je ne vous crois
pas, monsieur le commissaire.

Vous cherchez à me faire souffrir.

Laissez -moi lui parler.

Laissez -moi seul avec lui quelques
minutes, je suis sûr que je découvrirai

vérité.

Vous avez passé toute la soirée de lundi
dans votre chambre ?

Oui. Vous n 'êtes descendu à aucun
moment.

Pourquoi serais -je descendu puisque
cette femme partait ? Enfin !

Votre fils n 'a tué ni sa première, ni
sa seconde femme. Comment ? Il n 'a pas

non plus tué son père.

Qu 'est -ce que vous voulez dire ?
Laissez -moi parler, Madame Serre.

Nous allons essayer de régler cette
affaire aussi proprement que possible.

Ne nous occupons pas d 'épreuves. Pour
le moment, elles viendront plus tard.

Ce dont je suis à peu près certain, c
'est que votre première belle -fille a

empoisonnée.

Je peux même certifier qu 'elle ne l 'a
pas été avec un de ces poisons violents,

arseniques ou autres qu 'on emploie
habituellement.

La première femme de votre fils, comme
la seconde, souffra d 'une maladie de

cœur. Or, vous savez que certaines
drogues, inoffensives pour des personnes

bonne santé, peuvent être mortelles pour
des cardiaques.

Dans une lettre à son amie, qui m 'a
beaucoup intéressé, Maria raconte que...

Vous auriez fait un voyage en Angleterre
avec votre mari et votre fils et que

vous auriez tous les trois été malades
pendant la traversée.

A tel point que le médecin de bord a dû
vous soigner.

Vous savez ce qu 'on prescrit contre le
mal de mer ? Non, je l 'ignore.

Vraiment ? On en a général de l
'atropine.

Or, une dose un peu trop forte d
'atropine peut être fatale pour un

De sorte que mon mari serait mort d
'une... Nous en parlerons plus tard de

mari.

Même s 'il est impossible d 'en établir
l 'épreuve, ce que nous savons, c 'est

que dans les dernières années de sa vie,
il a mené une existence désordonnée et

il gaspillait sa fortune.

Votre fortune.

Vous avez toujours eu peur de la misère,
madame Faye.

Non, pas pour moi, monsieur le
commissaire, pour mon fils.

Mais cela ne prouve pas que j 'aurais pu
tuer. Plus tard, votre fils s 'est

marié. Une autre femme a vécu dans votre
maison. Une femme qui portait votre nom

et avait les mêmes droits que vous.

Cette femme avait elle aussi une maladie
de cœur.

Elle était riche, plus riche que vous.

Vous insinuez que je l 'ai empoisonnée
après avoir empoisonné mon mari ? Oui.

J 'ai sans doute aussi empoisonné ma
seconde belle -fille.

Probablement, parce qu 'elle emportait
son argent.

Comme par hasard, elle avait elle aussi
une maladie de cœur.

Ce que je me demande, c 'est pourquoi...
Pourquoi le corps a disparu ? Si

elle avait été seulement empoisonnée à
la trempine, il suffisait d 'appeler un

médecin qui, étant donné l 'état de
santé de Maria, aurait conclu à une

cardiaque.

Cette crise pouvait même se produire
plus tard, à la gare ou dans le train.

Vous paraissez très sûr de vous,
monsieur Maigret.

Je suis persuadé qu 'il s 'est passé
quelque chose. Un événement imprévu qui

poussé votre fils à tirer sur sa femme.

Supposez par exemple que Maria ait
ressenti un premier malaise en

pour appeler un taxi.

Elle se méfiait, elle vous connaissait,
elle venait de passer deux ans et demi

avec vous.

Réalisant qu 'elle est empoisonnée, elle
se précipite dans le bureau où vous

vous trouvez.

Comment pouvez -vous affirmer que je m
'y trouvais ? Parce que c 'est vous

qu 'elle a immédiatement soupçonné.

Je dois vous dire, Madame Serre, que la
plupart du temps, neuf fois sur dix, les

crimes d 'empoisonnement sont l 'œuvre
de femmes.

C 'est vous qu 'elle mettait en cause.

Et si vous aviez été dans votre chambre,
elle serait montée.

J 'ignore si elle vous a menacé avec son
revolver ou si elle a cessé le

téléphone pour appeler la police.

Il ne vous restait qu 'une solution.

D 'après vous, c 'est moi qui l 'ai tué.

Non.

C 'est probablement votre fils qui a
tiré.

C 'est lui qui a achevé la besogne.

Entrez.

Vous voulez boire quelque chose, patron
?

Non, tu peux aller dormir, c 'est fini
pour toi.

Votre fils est décidé à prendre toute la
responsabilité sur lui et je ne vois

pas comment l 'en empêcher.

Il n 'a pas parlé jusqu 'ici, il est
capable de tenir jusqu 'au bout.

À moins que... À moins que... Il y a
quelques années, j 'ai eu dans mon

un homme qui n 'a pas desserré les dents
pendant 14 heures.

Votre fils est persuadé que vous avez
agi à cause de lui, par crainte de le

sans ressources, et aussi par jalousie.

Or c 'est faux.

Ce n 'est pas pour lui que vous avez
peur de la misère, madame Serre, c 'est

pour vous.

Ce n 'est pas pour lui que vous avez
tué. Et si vous êtes ici cette nuit, c

parce que vous avez peur qu 'il parle.

Peu vous importe qu 'il finisse ses
jours en prison ou qu 'il soit exécuté,

vous avez la certitude de ne pas être
inquiété et de pouvoir encore continuer

vivre dans votre maison à compter votre
argent.

Asseyez -vous, madame Serre.

Bien, j 'ai envie de le laisser.

Oui, c 'est fini.

Je n 'ai rien à avouer.

C 'est la même chose.

J 'aurais pu poursuivre l 'expérience
jusqu 'au bout, vous accorder le tête -à

-tête avec votre fils.

Mais nous avons déjà assez de cadavres
pour une seule vieille dame.

Qu 'est -ce que ça veut dire ? Cela veut
dire que vous lui auriez donné ces

comprimés, qu 'il les aurait pris pour
son médicament et qu 'il n 'aurait plus

jamais risqué de parler.

La pluviale vient d 'appeler le bianco.

Le scaphandrier a repéré une malle assez
grosse.

Le reste va suivre.

Tu peux l 'emmener au dépôt.

L 'homme aussi, pour complicité.

Ils sont toujours là ? Ils sont là.

Tu peux y aller.

Il a avoué ? C 'est elle.

Qu

'est -ce qu 'il

doit me faire d 'estime ? Rien, monsieur
le commissaire.

Mais je n 'en ai pas encore.