All language subtitles for Un couple (1960) fr

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Vous qui, selon les injonctions de la

censure, avez tous plus de 18 ans, vous
êtes venus, seuls, à deux,

ou même à trois, dans cette salle, pour
voir et entendre l 'histoire d 'un

couple.

Vous pensez peut -être que ce film va
traiter des problèmes qui vous

préoccupent, de vos soucis, de vos
angoisses.

Nous vous le disons tout de suite,
détrompez -vous.

Ce n 'est pas le français l 'amour.

D 'autres s 'en chargeront sans nul
doute.

Non, c 'est l 'histoire de deux jeunes
gens mariés depuis trois ans.

L 'homme constate alors que faire l
'amour est devenu pour lui une habitude

il le dit à sa femme.

Un vrai tordu, n 'est -ce pas ? Il y a
encore d 'autres tordus dans ce film.

Par exemple, le mari qui serre sa femme
dans ses bras en pensant à Marilyn

Monroe.

Pendant que sa femme pense... Ah, Marlon
Brando.

Vous voyez bien, mesdames, messieurs,
que nous n 'avons pas fait un film

réaliste, loin de là.

Ce n 'est pas du tout votre histoire, ni
celle du cousin Jules, ni celle de

votre concierge. Toute ressemblance avec
votre vie personnelle ne sera que pure

coïncidence.

Anne, tu te souviens ? Bien sûr.

Est -ce que ce sont des choses qu 'on
oublie ? Mais tu n 'avais jamais voulu

revenir ? Oui, c 'est un endroit sacré
pour moi.

Pas à cause de tous ces dieux.

Mais c 'est là où je t 'ai vu pour la
première fois.

Je regardais tout attentivement.

J 'étais fascinée.

Pas encore par toi.

Je faisais pas attention aux gens qui m
'entouraient.

Je t 'ai suivie.

Oui. J 'ai fini par remarquer un grand
type qui s 'intéressait aux mêmes objets

que moi.

Tu m 'as tout de suite été très
sympathique.

Bientôt, nous n 'avons plus parlé que de
nous.

Et de nouveau, je n 'ai plus fait
attention aux gens qui nous entouraient.

Quand les gardiens se sont mis à crier
pour la fermeture, on se trouvait là.

Oui.

Bien.

C 'est du stock.

Non, c 'est du sucre.

Et je t 'ai embrassé.

Et moi aussi, je t 'ai embrassé.

Tu m 'as demandé si j 'embrassais aussi
facilement les autres garçons.

Ça pouvait paraître un peu goujard.

Mais je t 'ai compris.

Et tu te souviens de ce qu 'on a convenu
entre nous ? Qu 'on serait toujours

francs l 'un envers l 'autre ?
Justement.

Justement, je vais te parler de choses
graves.

Et tu m 'as menée ici ? Alors ? On ne s
'entend plus ici.

C 'est ça, on ne s 'entend plus.

Mais ici, Pierre, on s 'entend.

Tu ne veux pas me comprendre.

Qu 'est -ce que tu as ? Qu 'est -ce que
tu veux ? Je te le répète, te parler de

choses graves.

Quelles choses graves ? Notre entente.

Notre entente ? Notre entente physique,
elle n 'existe plus.

Pourquoi dis -tu ça ? Mais je le dis
parce que c 'est la vérité et que toi tu

'oses pas en parler.

C 'est naturel, une femme n 'ose pas
parler de ces choses -là, mais moi j 'en

parlerai.

Crois -tu vraiment que tu es raison ?
Après ce premier baiser là -bas,

tu es devenu tout pour moi.

Tu le sais bien, tout.

À partir de ce moment -là, le matin
quand je me levais, je pensais déjà au

quand j 'entrerais près de toi.

J 'y pensais toute la journée.

Revoir, Anne. Parler avec Anne.

Dîner avec Anne.

Écouter de la musique avec Anne.

T 'embrasser.

Te mettre nue.

Prendre ton corps.

Maintenant, je pense toujours autant à
toi.

Tout est pareil.

Sauf ce corps.

Ce corps qui s 'éloigne de moi et qui ne
se laisse pas reprendre.

Mais dis quelque chose.

C 'est pour ça que tu m 'as fait venir
ici ?

Parce que tu crois que je ne veux plus
faire l 'amour avec toi ? Avoue que ça

te fait plus le même plaisir qu 'avant.

Mais tu sais bien que je t 'aime.

Avoue que pour toi c 'est devenu une
habitude.

Une habitude pour toi, si c 'est là où
tu veux en venir.

Je ne pensais pas que cette conversation
tournerait à la scène de ménage.

Ce serait la première.

Je commence à croire que la franchise ne
t 'aide pas.

La franchise ? Tu appelles ça de la
franchise ? Mais oui, c 'est une

facile que tu prends de te sentir
blessé.

Tu n 'essaies même pas de me comprendre.

Et moi, est -ce que tu cherches à me
comprendre ?

Est -ce que tu crois que je n 'ai pas
pensé à tout cela, moi aussi ? Depuis

combien de temps crois -tu que ça ne va
plus entre nous ? Je ne sais pas.

Cinq ou six mois.

Moi, j 'aurais dit trois ou quatre.

Mais ce n 'est peut -être plus tout à
fait pareil.

Peut -être.

Ce sont des choses qui arrivent à tous
les couples.

Si c 'est pour faire comme tous les
couples, pas vrai, les jours où par

ça aura bien marché.

Il y a une autre femme dans ta vie.

Une autre femme ? Tu t 'imagines que j
'aurais pris tous ces détours pour t

'annoncer cette nouvelle ? Non, je n 'ai
jamais pensé à d 'autres femmes qu 'à

toi.

Pardon.

Mais toi, tu n 'as jamais pensé qu 'avec
un autre homme, peut -être... Tu te

rends compte de ce que tu dis ?
Écoute... Laisse -moi, je m 'en vais.

Tu te souviens, on avait convenu aussi d
'autre chose. Pas seulement la

franchise. On avait convenu que si ça te
gâchait entre nous, il valait mieux se

quitter. Où vas -tu ? Je te quitte.

Anne !

Tu n 'as pas besoin de rentrer avec moi.

Je vais être seule.

Tu ne veux pas me suivre, non ?

Qu 'est -ce que vous me voulez ? Pardon
? Mais qu 'est -ce que vous me voulez à

la fin ? Rentrez chez moi tranquille,
ton papa t 'incombre la vue.

Bonsoir, madame Chonard.

Bonsoir, monsieur Baroche.

Vous n 'avez pas honte, petit blouson
noir ?

Bonsoir, Mme Chenard.

Bonsoir, M. Antoine.

Vous, mais on ne comptait pas sur vous.

C 'est comme ça.

Je viens vous donner un coup de main.

Très temps.

Un peu plus, moins.

Il doit bien être minuit, non ? Pas tout
à fait.

Le patron est déchaîné en ce moment.

Il va tous nous faire crever.

C 'est comme ça qu 'on fait les grandes
maisons.

Puis les grosses industries.

Les petits joujoux aussi.

Et moi qui avais toujours cru que vous
aimiez votre métier.

On change.

C 'est la vie.

Bravo pour l 'âge ! Essayez donc de nous
faire maintenant un coucher de soleil

aux pommes, avec trépusculement aux
peaux amoureuses enlacées.

Et mettez toute la gomme, hein ? Vous
pouvez lui dire, je trouve ça

sensationnel. Oui, dites, chenard, il y
a une cliente avec moi, elle dit qu

'elle trouve votre truc sans ça. Ça
coûte pas que vous soyez à ça, hein ? C

un garçon épatant, mais c 'est bien la
première fois qu 'il me fait l 'honneur

de travailler aussi tard.

Un hasard singulier.

Bien singulier. Pourquoi donc ? Il aime
son métier, mais...

Il aime encore mieux l 'amour.

Pour lui, l 'amour passe avant tout.

Dites donc, Chenard, qu 'est -ce qui
vous arrive ce soir, mon vieux ? Vous

abandonnez votre femme pour votre boulot
? Vous allez le troubler.

Le troubler ? Mon ami Chenard, oh non,
impossible.

Il n 'y a qu 'une femme qui puisse le
troubler, la sienne.

Il est très beau, ce garçon.

Oui. Qu 'est -ce que vous pensez de ce
quadruped ? Tenez, montez dessus, allez

-y. Allez, essayez.

Allez, vous couchez.

Oh, mais je vais craquer ma robe.

Bravo !

Ça se voit, vous savez.

Qu 'est -ce qui se voit ? Rien.

Alors ? Vous savez, je ne vous demande
pas de confidence.

Vous restez ? Oui.

Bon, ben, alors, à demain, vitrine
Beaugirard.

Allez, au galop !

Alors, il vous plaît, mon petit âne ?
Ah, je l 'adore ! Allez, Chénard, ça

suffit pour ce soir, on coupe tout, hein
? D 'accord.

Un instant, j 'arrive.

Dites, vous tenez avec nous pour une
fois, hein ? Moi, je me farcirai bien la

grosse, là, alors essayez de vous
occuper de l 'autre.

D 'accord ?

Allô ? Les usines Gratteloup ? Oui,
madame. C 'est madame Chenard.

Bonsoir, madame Chenard.

Pourrais -je parler à mon mari ? Il y a
plus d 'une heure qu 'il n 'est pas.

Il avait du travail hier.

Ah, ça, madame, je ne sais pas.

Merci.

60. Allez -y, ne craignez rien, ça
glisse tout seul.

Allez, attendez.

Allez voir ça. 120.

Aïe!

Alors,

qu 'est -ce que vous en dites? C 'est
bon pour les

muscles? Il faut être un ange pour faire
des joints.

180.

Vous voyez que je suis un ange?

C 'est votre tour.

300.

Mettez vos casques.

Allez,

chenards. Pas d 'hésitation.

Ne soyez pas lâchés.

On les embarque.

Allez, à vous de jouer.

On se sent bien ici. C 'était un pire.

Excusez -moi.

Par ici mon petit.

Et voilà, voilà ma tanière.

Alors défaites -vous, débarrassez -vous,
vous êtes ici chez vous.

Quelle horreur, qu 'est -ce que c 'est ?
Ça, c 'est une tête d 'indien givaro.

C 'est ma femme qui a ramené ça d 'un
coin perdu dans l 'Amérique du Sud. Pas

trop de femmes.

Oui, ah non, mais ne craignez rien, elle
est en voyage.

C 'est même sa distraction favorite.

C 'est elle ? Oui.

Eh bien.

Ah, une gaillarde.

Elle vous fiche des trompes ? Bon, assez
parlé d 'elle.

Et puisque vous devez prendre le train
demain matin à la première heure, eh

bien, je pense qu 'on pourrait aller
discuter de votre commande. Je n 'en ai

le courage.

Mais si, venez donc dans mon bureau, là.

Et puis, j 'ai la tête qui me tourne.
Oui, eh bien, là -bas, vous serez au

calme, justement.

Allons.

Les breuvages sont dans le petit bain de
derrière.

Vous voulez boire quelque chose ? Non,
merci.

Moi aussi j 'ai la tête qui tourne un
peu.

Pas vous.

Vous avez tout votre sang froid.

Vous tenez l 'alcool.

Vous êtes un homme.

On dit même que vous êtes un ange.

C 'est un métier ridicule, n 'est -ce
pas ? Fabriquer des jouets.

Et vous êtes un ange marié ? Oui.

Jeune marié ? Un an ? Deux ans ? Trois
ans.

Vous accompagnez souvent votre patron
dans ce genre de sorties ? J 'ai fait

exception. À cause de moi ? Peut -être.

Vous n 'en êtes pas sûr ? Je préférerais
en être sûr.

Je vous plais ? Oui.

Moi aussi tu me plais.

Beaucoup même.

Alors voilà.

Tu es vraiment amoureux de ta femme à ce
point -là ? Je sais que c 'est très

ridicule, mais je ne pourrais pas faire
l 'amour avec une autre femme que la

mienne.

C 'est bien ce qu 'on disait.

Un ange.

Qu 'est -ce que vous faites ? Vous
partez ? Vous voulez attendre les autres

leur adresser nos félicitations ?

Maintenant, nous allons chacun de notre
côté.

Il n 'y a rien nu, il n 'y aura ni
regret, ni remords.

Ce n 'est pas mieux comme ça ? Pour
vous, peut -être.

Qui ? Madame Chenard.

Aïe.

Écoutez, dites que je ne suis pas là.

Non, attendez.

Faites la monter.

La barbe, la barbe, la barbe, la barbe,
la barbe.

Bonjour, chère madame. Bonjour,
monsieur.

J 'étais venue voir mon mari et on me
dit qu 'il n 'est pas encore arrivé.

Qu 'il ne viendrait peut -être même pas
ce matin.

Oui, en effet, il a quelques vitrines à
superviser.

Rien de grave, j 'espère.

Non, mais il a déjà travaillé toute la
nuit.

Toute la nuit ? C 'est -à -dire, il est
rentré très tard et ce matin, il est

parti très tôt.

Et il y a quelque chose d 'important à
lui dire ?

Important, oui.

Enfin, ça peut attendre.

N 'importe comment, vous êtes invité
chez les mitouflets. Eh bien, vous le

retrouverez là -bas.

N 'ayez pas peur.

Il ne va pas se perdre dans Paris.
Allez. Et où est -il en ce moment ? Je

sais pas moi -même, au juste.

Mais, si je peux lui faire une
commission... Non, merci, monsieur.

Avis. C 'est ton tour.

Bonjour.

Je suis en retard.

Et de plus, je ne peux pas rester.

Ça ne vous ennuie pas trop ? Tu me
manques, mon vieux.

Seulement, moi, je ne pourrais pas t
'amener toute seule.

Faut qu 'on m 'envoie quelqu 'un de l
'usine.

J 'aimerais mieux que ce soit vous qui
téléphoniez.

Qu 'est -ce que je dirais ?

Ce que vous voudrez.

Je ne sais pas, moi.

Vous allez peut -être quitter Gratteloup
très tard, cette nuit.

Ce serait une excuse.

Enfin, Gratteloup ou quelqu 'un d
'autre.

Pas du tout.

Je les ai plaqués aussitôt que j 'ai pu.

Des clous. Oh, puis pensez -en ce que
vous voulez.

Il y a une chose qui ne change pas en
vous.

Votre orgueil.

Mon orgueil ? Il vous étouffe.

Je vous propose mon amitié, vous la
dédaignez. Je ne la dédaigne pas.

Si vous saviez comment j 'ai passé la
nuit, je vous ferais pitié.

Alors, racontez rien.

Et raccrochez -moi cette guirlande.

Supposez deux êtres qui s 'aiment.

Qui se sont aimés.

Et qui s 'aiment toujours autant.

Et pourtant, ce n 'est plus comme avant.

Plus tout à fait comme avant.

Mais il fallait que je le dise. Mais c
'était idiot.

Il faut savoir se taire, j 'ai tout
gâché.

J 'ai passé la nuit dehors.

Ce matin, quand je suis rentré chez moi,
elle n 'y était plus.

Elle est partie ? Elle vous a quitté ?
Je ne pense pas. Elle n 'a pas

emporté ses affaires.

Mais alors ? J 'ai très peur.

Quel être étrange vous faites.

Vous avez l 'air d 'appartenir à un
monde disparu.

Vous êtes gentil, trop gentil.

On ne détruit pas comme ça trois ans d
'amour.

Viens voir mon nouveau bidule
extraordinaire.

Qu 'est -ce que tu as ? Qu 'est -ce qui
t 'arrive ? Anne n 'est pas là.

Je ne sais pas, je n 'ai pas fait
attention. Bonjour, maman.

Biquette, attends, t 'es là ? Je n 'en
sais rien, ce n 'est pas mes agneaux.

Qu 'est -ce qu 'il y a ? On cherche sa
sœur Anne.

Tiens, te voilà, toi.

Pierre voulait savoir si Anne était là.

Pourquoi ne serait -elle pas là ? Je ne
sais pas.

J 'avais deux mots à lui dire.

Rien d 'important.

Elle n 'est pas là, n 'est -ce pas ?
Non.

Moi, je ne m 'inquiétais pas.

Elle doit faire des courses.

Justement, hier, je lui ai parlé de
soldes formidables. Je lui ai donné l

'adresse.

Si tu es inquiète, t 'as qu 'à
téléphoner au commissariat.

Lui, il s 'affole tout de suite.

Tu ne déjeunes pas avec elle ? Non,
comme d 'habitude.

Tu la verras ce soir chez les
mitouflets. Ce soir, c 'est long.

Elle ne vient pas travailler, Anne ? J
'ai mon idée.

Biquet, laisse le cardinal !

Bonjour, ma victorie.

Laisse -moi tranquille. Va plutôt me
chercher des gâteaux. Viens à la crème.

Alors, mon bonhomme, on se fait quand
les fraises ? Oh, Biquet ! Le respect !

'est -ce qu 'il n 'y a pas ? Je t 'ai
vu, Biquet ! Je n 'ai rien de mal à

avec Métoufleur. Dis plutôt que tu te
moquais de lui.

C 'est tout ce qui m 'est arrêté, ce
vieux schnappe.

Je n 'ai rien dit ? Et dire que plus
tard, tu me parleras comme ça. Ça,

sûrement.

Retour ! Retour ! Alès ! Alès ! Viens
photographier les mitouflets ! Alès !

Inutile d 'appeler au secours, madame.
Je suis là.

Je me présente.

Félicien Mignon, représentant des
établissements en pillons.

Farce, attrape et cotillon. Les
cotillons, vous courez surtout après.

Vous êtes drôle.

Là, ne levez pas.

Drôle et charmante.

Charmante et belle.

Belle et spirituelle.

Spirituelle et... Pierre n 'est pas avec
toi ? Non, je ne pense pas qu 'il

vienne. On l 'a vu ce matin.

Qu 'est -ce qu 'il vous a dit ?
Rebonjour.

Vous voulez bien danser avec moi ?

J

'ai beaucoup d 'affection pour votre
mari aussi.

On va pas tarder à arriver, je pense.

Je ne sais pas.

Vous n 'avez vraiment pas revu depuis ce
matin ? Non.

C 'est pour photographier ça que tu m
'as appelé ? C 'est un mauvais jeu.

Une pédantie.

Une vase.

Et voilà, dis donc, ça commence à se
remarquer, ton absence.

Ah, mais là ? Là -bas, avec Rateloup.

Tu vas me présenter, hein ? Tu me l 'as
promis.

Merci, tu es vraiment chic, c 'est
tellement important pour moi.

Et qu 'est -ce que vous fabriquiez ? On
vous attendait.

M. Grateloup, je vous présente mon beau
-père.

Bonjour, monsieur.

Enchanté.

Je suis la sœur de Mme Chenard. Et voici
mon mari.

Ah, enchanté, ravi.

M. Grateloup, je m 'occupe de mon père.

Comment ? Il est vrai, des gros ? Ah
non, non.

Des petits.

Comme vous.

Des petits comme moi.

Monsieur, monsieur, je m 'excuse, mais
ça va bientôt être à nous.

Sacré monsieur Mithouflet ! Je te
cherchais.

Je vous en prie, je vous en prie ! Mes
amis, mes amis, approchez.

Approchez.

Attention !

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, mes
chers petits,

c 'est pour moi un grand honneur et une
grande

joie. Une grande joie et un grand
honneur.

C 'est pour moi une joie et un honneur
de féliciter

aujourd 'hui nos amis, nos chers amis.

nos très chers amis, Madame et Monsieur
Mithouflet, Lulu et Loulou,

pour les intimes.

Pour une fois, ne vous endormez pas.

De les féliciter, dis -je, d 'être
arrivés à un âge,

je ne dirais pas avancé, mais
triomphant.

Et ce, en demeurant unis, non seulement
par les liens du

mariage et ceux depuis cinquante ans,
mais aussi par ceux

du cœur et des sens.

J 'en prie.

Nous tiendrons bien à quatre.

C 'est bien, cet immeuble.

Par ici, mon petit.

C 'est bien, ne prends plus les clés.

Oh, mais j 'ai les miennes.

Oh non, pas moi d 'ouvrir cette porte.

Je ne comprends plus ce que j 'ai fait
hier, Anne.

Je ne me souviens même plus de ce que j
'ai dit.

T 'es idiot, idiot.

T 'es fou, Anne.

Attends.

Comme je t 'aime, Anne.

Comme je t 'ai déguée.

Comme je te veux.

Viens, on partira.

N 'importe où. Dans du monde.

Très loin.

Mon amour.

Mimi, il y a de la bonne salade.

Je n 'ai pas apporté ma taupe. Je la
réserve pour le concours.

Bravo ! Bravo !

C 'est neuf, c 'est ingénieux.

Il faudrait que j 'aie le temps de voir
ça de plus près, quoi.

Dites, vous croyez que vous serez prêts
à temps pour le concours ? Enfin prêt,

monsieur Gateloup. Notre beau -frère
sera là ? Tiens, j 'espère bien.

Ils ne vont pas rester à Val d 'Isère
jusqu 'à la fin de l 'hiver, non ? Les

brigands, ils doivent être plus souvent
au plus bas que sur les pistes de ski.

Tant mieux, d 'ailleurs, comme ça, ils
ne se casseront pas un mot.

M. Grateloup, on n 'est tout de même pas
sur la terre rien que pour s 'aimer.

Bravo. Bravo, chère madame, mais vous
avez tort.

Croyez -en ma vieille expérience, l
'amour, il n 'y a que ça. M.

Grateloup. Oui, ils ont raison d 'en
profiter, faire l 'amour, un tour de

un temps qu 'ils peuvent.

M. Grateloup.

Pas vrai?

Oui. Mais enfin, il y a aussi le
travail. Le travail.

Bravo. Le travail.

Dites, quand il travaille, il en met un
bon coup.

Je vous choque, hein?

Non.

Alors, à dimanche au concours. Oui,
monsieur Gratteloup. C 'est bien triste.

Viens, ma petite Gratteloup, viens.

Oui, mon petit slipo.

Que c 'est beau.

Que d 'eau.

Vous n 'avez pas vu l 'Amazone ? Quelle
Amazone ?

C 'est un fleuve très cher, un fleuve en
Amérique du Sud.

Vous cherchez toujours un mimili avec
vos voyages ? Très cher, ne prenez pas

air boudeur, il va mal avec vos biceps.

Et puis, essayez de vous intéresser à ce
concours, ça fera plaisir à mon mari.

Oh, petit insolent !

Petite Clara, tu vas montrer ce que tu
sais faire.

Allez, vas -y, fonce.

Il est lourd, l 'océan.

Allez, vas -y, Clara.

Pourquoi l 'avez -vous baptisé Clara?

C 'est le prénom de ma femme, monsieur.

Vous me présentez?

Vas -y, Clara.

Allez, vas -y, ma bichette.

Vicky, recule -toi. Allez.

Bonjour. Bonjour.

Je voulais pas vous déranger.

Dites donc, ça vous réussit, les sports
d 'hiver ? Vous avez passé de bonnes

vacances ? Très bonnes, je vous
remercie.

Vous avez l 'air en pleine forme.

Et vous, c 'est fait.

Pas trop accablé de travail ? J 'ai
trouvé un peu de temps pour me

Tu te souviens de ce monsieur qui
prenait des photos chez les Métouflet ?

si, j 'ai beaucoup dansé avec lui.

J 'ai pas fait attention.

Il doit venir pour le concours.

Il doit même être là.

C 'est quelqu 'un de très bien.

Ah oui ? Il me plaît beaucoup. Je le
trouve très sympathique.

Veux -tu en venir ? J 'avais envie de le
revoir.

C 'est moi qui lui ai dit qu 'il y avait
ce concours.

Et tu lui as donné rendez -vous ? Comme
tu dis.

Je suis décidée à des tas de choses.

Tu ne songes même pas à tromper Alex ?
Comment j 'y songe pas ? Mais si j 'y

songe. Et pourquoi s 'il te plaît j 'y
songerai pas ? Mais tu n 'aimes pas ce

type ?

D 'abord, tu n 'en sais rien.

Puis ensuite, si je ne l 'aime pas, j
'aurai l 'esprit plus dégagé pour

apprécier la chose.

Je ne savais pas que tu étais devenue
comme ça.

Devenue comme quoi ? Tu comprends, je
commence à en avoir marre, moi, des

moteurs et des bestioles électroniques
qu 'il a le bon goût d 'appeler de mon

nom. Ce n 'est pas très offensant.

Non.

J 'aimerais mieux qu 'il m 'offense un
peu plus.

Toi, tu es peut -être heureuse, mais
moi... Moi, j 'en ai ma claque de penser

Marlon Brando quand Alex se décide à
agir.

À Marlon Brando ?

Le moteur n 'est pas assez puissant. Ça
ne fait rien.

Bravo. C 'est raté, mais c 'est un bon
début.

Allez, à table.

Tout le monde à table. C 'est moi qui
régale. Allez, allons -y.

Véronique, voilà.

Une jeune comédienne pleine d 'avenir.

Glory Canada.

Enchantée. Ça, c 'est le plus beau des
jouets.

Oui, mon gros.

Ma femme, une de mes collègues de l
'usine.

Enfin, Véronique.

Dites -moi, à propos de ce sous -marin
qui est dans la mare.

Enchantée. Mon mari m 'a souvent parlé
de vous.

Il m 'a aussi parlé de vous.

À l 'usine, pour nous, vous êtes quelqu
'un d 'un peu irréel.

Moi ? Irréel ? Oui.

Tous les deux, d 'ailleurs.

Nous sommes pourtant bien réels.

Oui, mais je sais pas. Vous vivez pas
comme tout le monde.

C 'est drôle ce que vous me dites.

Je ne savais pas que nous passions pour
des êtres si singuliers.

C 'est foutu, foutu, foutu.

Gratteloup m 'a bien dit un mot aimable,
mais tout le monde rigolait.

Gratteloup, il s 'en fout de ta taupe.
Ce qui l 'intéresse en ce moment, c 'est

sa fille.

Sa fille ? Il a une fille ? Tu es trop
mignon.

Il est accroche, Moutard.

Mais d 'où il sort, celui -là ? Oh, il
est dégoûtant.

Allez, fais -en.

Quelle éducation. C 'est celle que tu
lui donnes.

Regarde le sous -marin, dans la mare.

Bon, tu parles. À côté de ma taupe.

Alors,

ce concours de petites choses ?
Sensationnel. Vachement intéressant,

vous voulez dire que ça dépasse toutes
mes espérances ? Alors, je m 'en réjouis

pour vous, mon ami.

Ils doivent être ensemble.

Madame Grasso et son sportif.

Remarque, lui et sa starlette.

Quand tout ça, c 'est du beau monde.
Faut pas toujours penser à mal.

Où tu vas ? On va manger ? Au petit
coin.

Tiens, vous voilà, vous.

Quelle heureuse rencontre.

J 'en ai assez de toute cette corrida.

Quelle corrida ? Tu n 'entends pas ? Qu
'est -ce que tu veux y faire ? J 'en ai

assez, j 'en ai assez, j 'ai envie de
foutre le camp.

On devrait repartir.

Mais cette fois -ci, très loin.

Je ne sais pas, moi.

En Océanie.

Et ne plus jamais revenir.

Moi, je suis prête.

Je dirai où tu voudras aller.

Nous partirons.

Nous partirons, je te le promets.

Un chaput de canton dans la Lozère, en
huit lettres.

C 'est fortif, ça.

Fournols.

Comment tu sais ça, toi ? C 'est là où
je suis née.

C 'est pourtant vrai.

Je ne m 'embête pas.

Va jouer.

Est -ce que je m 'embête, je ne peux pas
jouer ? Mais laisse ton père

tranquille, tu vois bien qu 'il est
occupé.

Les parents indignes, ils pensent qu 'il
leur plaît.

Dis, Clara, je voudrais te poser une
petite question.

C 'est pour ton mot croisé ? Non, non, c
'est du sérieux.

Qu 'est -ce que tu as encore imaginé ?
Je n 'ai rien imaginé, seulement je

voudrais te poser ma petite question.

Eh bien, pose, mon chou, pose.

Tu ne m 'as jamais trompé.

C 'est ça que tu as imaginé ? Non,
écoute, je te répète, je n 'ai rien

Ça m 'en répond moins.

Jamais.

Et tu n 'en as jamais eu envie ? Oui.

Qu 'est -ce qu 'il y a ? C 'est la
première fois qu 'on est à la pêche de

Vécovite. Ah oui, c 'est bien le moment.

Alors, alors, ne pleure pas, Vécovite.

Il faut d 'abord retrouver Clara.

Mais enfin, bon sang de bon sang, où
peut -elle bien être ? Alors, tu la

trouves, Clara ? La gueule, pas.

La taupe, trétin.

Enfin, te voilà.

Je t 'ai inquiète, Lucienne.

Toi, tu peux être sale.

On y va maintenant, la pêche aux
écrevilles ? Mais va -t 'en au diable

écrevilles. C 'est bon, j 'y vais.

Vicky, écoute.

Attends, attends.

On va prévenir ta maman. Elle va venir
avec nous ? En fait, pourquoi pas.

Pierre.

Au musée, tu ne pensais vraiment pas à
une autre femme ? Je te l 'ai déjà dit,

non.

Pendant deux semaines, j 'ai été si
heureuse.

Pourquoi ? Tu ne l 'es plus ? Mais si,
seulement, avant le dessert, ça a été

vraiment comme avant.

Comme avant quoi ? Comme avant le soir,
au musée.

On devrait partir.

Tout de suite.

Très loin.

Pour toujours.

Tu crois ça, toi ?

Qu 'on puisse penser à quelqu 'un d
'autre quand on fait l 'amour.

Pourquoi me demandes -tu ça ? Une idée
de Clara.

Quelle idiote.

Elle pense à Marlon Brando, elle.

Et pourquoi pas à Yul Brynner ? On n
'est pas forcés de penser à un acteur.

À qui alors ? Je ne sais pas, moi.

Quelqu 'un qu 'on connaît ou qu 'on a
rencontré.

Tout à l 'heure, toi, tu pensais à moi ?
Bien sûr, Anne.

A toi.

Alors, tu l 'as retrouvée ta mère ? C
'est pire que la taupe, elle est

introuvable. Qu 'est -ce qu 'elle peut
fabriquer ? Les lavabos, papa. T 'as

pensé aux lavabos ? Ah, ça c 'est vrai.

Il n 'y a plus d 'idées dans deux têtes
que dans une.

Tiens.

Si tu me l 'appelles.

Tu n 'y changes pas.

Appelle -la, toi.

Maman, maman, tu es là ? Qu 'est -ce qu
'il y a ? Tu es là, Clara ? Où veux -tu

que je sois ? Nous deux, Biquet, on va à
la pêche aux écrevisses.

Eh bien, allez -y.

Mais qu 'est -ce que tu fais là -dedans
? Je visite.

Pourquoi ? C 'est un monument historique
? Tu ne reconnais pas M. Mignon ? Une

femme que si.

C 'est une heureuse surprise pour moi de
retrouver votre charmante épouse tout à

fait par hasard.

Tu ne devinerais pas pourquoi M. Mignon
est là ? Là ?

Il est de la partie.

Quelle partie ? J 'estime ma présence
nécessaire chaque fois qu 'il s 'agit de

jouets. De jouets à quoi ? Non, des
jouets, ETS.

ETS ? Allez, viens, on va à la chasse
aux écrevisses.

Ah, ce qu 'il est bête, papa ! La chasse
aux écrevisses ! La chasse !

C 'est grâce à nous.

On reprend le concours ? Il pleut.

Chénard, soyez gentil, fermez la porte.

Ça vous intéresse tant que ça, ce
concours ? Justement, je voulais vous

Vous n 'avez pas les jouets, hein ? Non,
ce n 'est pas ça.

Mais j 'ai beaucoup réfléchi.

Ma femme et moi, nous avons beaucoup
réfléchi. Les vacances, c 'est fait pour

? Oui, nous pensons que...

Nous souhaitons vivement... Nous voulons
quitter Paris pour toujours.

Tout le monde me quitte.

C 'est tout ce qui nous entoure que nous
voulons quitter.

Et moi avec ? Ce n 'est pas une question
personnelle.

Vous me jugez sévèrement.

Nous voulons échapper à tout cet
univers.

Que vous retrouverez ailleurs.

Mais non, pas le même.

Un autre. Mais vous vous retrouverez
vous -même, c 'est pas en vous déplaçant

quelques milliers de kilomètres à la
surface infime de ce globe ridicule que

vous deviendrez un autre homme ou une
autre femme. Mais justement, nous

rester les mêmes tels que nous sommes,
Anne et moi. Venez, venez voir.

Des confidences sous l 'appui.

Des confidences faites pour nous
détruire.

Et détruire qui veut.

Enfin, on est quelquefois détruit sans
le vouloir.

Sans l 'avoir voulu.

Vous êtes libre, chôneur.

Moi, j 'ai mes petites solutions.

Mais qu 'est -ce que tu as, Bibi?

Arrête de crier, écoute.

Oh, vends -moi ma saucisse, petit. Non,
non, sois compréhensible.

Je veux la saucisse.

Anne, tout à l 'heure, tu parlais de ces
gens qui pensent à d 'autres quand ils

font l 'amour.

Je vais être franc.

Je pensais à Véronique.

L 'autre jour, quand je ne t 'ai pas
retrouvée, je l 'ai embrassée, comme ça,

par désarroi.

Mais elle, je crains qu 'elle ne se
fasse des idées.

Et toi ? Tu crois que tu ne t 'en fais
pas non plus ? Qu 'est -ce que tu veux

dire ? Tu as peut -être envie de
poursuivre cette expérience ? Mais non,

Pourquoi pas ? Je t 'aime et je voudrais
que tu te sentes libre.

Mais ça ne te ferait pas de peine ? Si
ça te gênait, je ne te le montrerais

Comment voudrais -tu que j 'accepte si
ce n 'était pas réciproque ?

Mais oui, mon vieux, mais votre patron
me l 'a déjà montré, tout ça, je

Seulement, vous comprenez ? Oui, oui. Si
vous n 'y mettez pas du vôtre. Oui.

Nous, on est d 'accord.

Seulement, vous comprenez ? Il faut que
vous y mettiez du vôtre. Mais oui, je

sais, mon vieux, votre patron me l 'a
déjà dit, tout ça. Bon, d 'accord.

Est -ce que vous pouvez être frileux ?
Je ne suis pas un homme du Nord, moi.

Ah, vivre dans un pays où il fasse
toujours beau, toujours chaud.

C 'est vrai que vous avez l 'intention
de le quitter ? Oui, c 'est vrai.

Quand ? Je ne sais pas. Je ne m 'en suis
pas encore occupé.

C 'est un projet.

Et votre femme est d 'accord ?
Naturellement.

Vous penserez à moi ? Naturellement.

Je ne vous demande pas une réponse de
simple politesse.

La politesse n 'est pas admise entre
nous. Entre nous ? Pourquoi entre nous ?

Vous m 'avez embrassé.

Vous parlez comme une petite fille,
Véronique.

Je serais très triste si vous attachiez
de l 'importance à cette erreur de ma

part.

Vous m 'entendez, Véronique ?

Vous ne voulez pas de mon amour, c 'est
ça

? Mais qu 'est -ce que vous savez de l
'amour, petite Véronique ? Est -ce que

vous en avez lu dans les livres ? Pas de
tromper vous, j 'en ai une bonne

expérience. Ah ? Oui.

Je vous regarde vives, Pierre.

J 'en devine plus que vous ne croyez.

Mes sentiments, ma vie, ça ne vous
regarde pas.

Pourquoi m 'avez -vous embrassé ? Ma
petite Véronique, ne parlons plus de ça

restons bons amis.

Vous voulez oublier, hein ? Oublier.

Oublier ce baiser.

Moi, je n 'oublierai pas.

Puisque mon amitié vous suffit, elle est
à vous.

J 'en disposerai comme vous le voudrez,
quand vous le voudrez.

Encore des compliqués, hein ? Mais non,
mais remarquez... Ça n 'a rien à faire

avec eux. Mais mettez -y du vôtre. Mais
oui, mon vieux.

Mais oui, on en reparlera. Je suis d
'accord.

Je suis trois fois d 'accord, enfin,
tout de même.

Alors, de quoi est -ce que vous parliez,
tous les deux, hein ?

Eh bien, je disais que les intentions de
ce fabricant... Ah oui, bravo, bravo.

Mais dites donc, cheneur, il ne faut pas
me raconter l 'histoire.

Quand un homme et une femme sont seuls
ensemble, on sait bien de quoi ils

parlent, pas vrai?

Même si ça n 'est que pour parler.

Je parie que vous êtes du Sagittaire. Ah
non, là, mon cher, vous vous bourrez,

je suis Capricorne.

Capricorne ? Mais ce sont les astres qui
se font bourrer.

Vous êtes une Vénusienne.

Oui, vraiment.

Vous avez le type Vénusien très accusé.

Tellement accusé qu 'il pourrait le
faire passer en jugement.

Mais moi, je le ferai quitter.

J 'ai toutes les faiblesses pour Vénus.

Car je suis moi -même du type Apollon.

Vous ne trouvez pas ?

Tu as vu la fille seule, là -bas ? Mais
alors ? Elle a l 'air en détresse.

Elle doit chercher une âme seule.

Tu vas fraterniser ? Je pousserai bien
jusqu 'à la fin.

Quelle misère.

Ce joli garçon. C 'est galvaudé comme
ça.

Vous dansez, mademoiselle ? C 'est peut
-être le tango qui ne vous plaît pas.

Non, c 'est vous.

Je m 'en veux d 'insister, mais la
qualité de votre solitude me semble

une attention particulière.

Si vous insistez, je vous gifle.

Puisque vous l 'entendez ainsi, je n
'insiste pas.

Bonjour Jean -Loup.

Vous ne m 'appelez pas.

De plus en plus difficilement.

Vous rajeunissez tous les jours.

Vous avez été cruel au concours.

Puis -je au moins vous appeler Clara ? C
'est bien familier, si vous y tenez.

Du moment que ça ne tire pas à
conséquence.

Justement, ce sont les conséquences que
je voudrais tirer. C 'est mignon, je

vais vous gronder.

Grondez -moi, mais ne me faites pas
mourir.

Comme vous y allez, on n 'en est pas
encore là.

Clara.

à vous retenir, vous vous en allez.

Je vous ai aperçu. Trop tard.

Vraiment ? Des amis français m 'ont
parlé de cet endroit.

Typique, n 'est -ce pas ? Mais vous, je
suis sûr, madame, on n 'est pas ici à

votre place.

Je me fais comprendre.

Vous parlez bien français.

Vous dansez.

Regardez ma soeur.

Marie.

Ça vous étonne ? Ce qui m 'étonne, c
'est d 'être ici, avec vous.

Je suis venue ici avec ma soeur, plutôt
pour ma soeur.

Et elle, elle n 'est pas mariée.

Comme c 'est curieux.

Elle a deux femmes charmantes, qui sont
soeurs, qui sont mariées, et qui

viennent dans un endroit où on ne
rencontre que des hommes seuls.

Pouvez -vous m 'expliquer ce que vous en
demandez ? Il n 'est pas question de

bien ou de mal.

Je ne sais pas pourquoi vous êtes ici.

Moi, j 'y suis par curiosité.

Je suis curieux des autres.

Des autres femmes ? Oui.

Moi aussi, je suis marié.

Et ce serait limiter étrangement sa
curiosité que de la limiter à une soeur.

J 'ai un rave, il s 'en suit du rue de
la Glacière.

Il faut sortir de son petit monde.

Changer ses petites habitudes.

Ils vous ont changé souvent ? Cela n
'exclut ni l 'amitié,

ni l 'amour.

N

'auriez

pas dû faire ça ? Je sais.

Je ne peux pas.

Je comprends.

Vous êtes belle.

Merci.

Salut.

Bonsoir. Bonsoir, M. Schoenert.

Par ici, mon petit.

Anne ! Anne, où es -tu ? Qu 'est -ce que
c 'est que ce désordre ? Anne !

Anne ! Anne ! Je viens.

Et comme ça, c 'est complet.

Et les cendriers ? Où sont les cendriers
? Mais qu 'est -ce qui t 'a pris ?

Rien.

Mais qu 'est -ce que tu fais ? Je range.

Tu ranges ? Eh oui, puisqu 'on ne part
plus, je range.

Mais qu 'est -ce qui t 'a dit qu 'on ne
partait plus ? Tu n 'as pas l 'air bien

pressée.

Ce n 'est pas si simple.

Je m 'ennuie à la longue à ne rien
faire.

Tu as un travail pourtant.

Quel travail ? Une demi -journée chez ma
soeur, tu appelles ça du travail ? On

me propose une situation, je veux l
'accepter.

Tu te plains qu 'on ne parte plus et tu
veux accepter une situation ? Mais une

situation où ça se quitte facilement. Ça
attache aussi.

En tout cas, moi, je ne suis pas
attachée pour mon travail actuel.

Petite montre de Clara.

Qui s 'est mis à tromper plus ou moins
Alex.

Elle ne ferait pas ça, ce brave type.

Elle ne le fera peut -être pas parce que
c 'est le genre de fille qui ne va pas

au bout de ce qu 'elle entreprend.

Qu 'est -ce qu 'elle a entrepris ? Elle
est entreprise, plutôt.

Par qui ? Par un espèce d 'enjeu
emminable.

Ce marchand de force attrape qui se
trouvait au concours.

Je me demande ce qu 'elle peut lui
trouver de plus qu 'à Alex.

Il y a toujours quelque chose d 'autre
chez quelqu 'un d 'autre.

Qu 'est -ce que tu veux dire ? Clara

n 'attend plus beaucoup de révélations
de la part d 'Alex.

Elle en a eu, sans doute.

Je ne crois pas qu 'Alex ait jamais été
bien fougueux.

Mais c 'est un être bon.

Il ment.

Pour le reste. Quoi, pour le reste ? Il
faut se mettre à sa place. Clara n 'est

plus pour lui qu 'un meuble comme un
autre.

Il commence à se patiner.

Et moi ? Qu 'est -ce que tu as à voir là
-dedans ? Tu me vois comme ça ? Comme

un meuble ? Voyons, mais Alex et moi, ça
fait deux.

Entre Clara et toi, il y a un monde.

Tu es la seule, tu sais bien.

Mon amour.

Mon amour.

Oui, mais un meuble, ça peut se changer.

On peut modifier le décor de l
'appartement.

Je trouve le mien très bien comme il
est.

Tu ne trouverais pas agréable de
découvrir un autre corps de femme ? Et

Le corps d 'un homme ? C 'est peut -être
terrible.

Se sentir de nouveau toute nouée devant
l 'inconnu.

Qu 'est -ce qui te fait dire ça ? Rien,
rien.

Alors il y en a un de nous deux qui
ment.

Mentir ? Toi tu dis la vérité, après ça
tu es tranquille.

Si on se tait, les choses tombent un
jour en poussière.

Pierre, cet après -midi j 'ai embrassé
un homme.

J 'étais avec Clara dans un thé dansant.

Et ça t 'a plu ? Non, absolument pas.

Et voilà.

Pierre, tu vois, j 'ai été franche.

Tu ne devrais pas porter une ombre sur
notre amour.

Mimi, il y a de la bonne salade.

Condoléances, madame Mitouflet.

Condoléances, madame Mitouflet.

Condoléances, madame Mitouflet.

Condoléances, madame Mitouflet.

Je lui avais bien dit, Lucien.

Je l 'avais prévenu.

Apprends le bridge, ça te distraira.

Ne détèle pas, tu resteras jeune.

Il ne pensait qu 'à se reposer, à
dormir.

Voilà où ça l 'a mené.

Dis, papa, pourquoi tu ne fais pas des
corbillards électroniques et enverras

macchabées dans la lune?

Si tu es bien sage.

Alors, on ne te voit plus depuis que tu
travailles ailleurs. Oui, tu sais, je

suis très prise.

Ça fait un vide maintenant que tu n 'es
plus là.

Tu t 'ennuies ? Pas trop.

C 'est drôle, hein ? Je commence à m
'intéresser aux inventions d 'Alex.

Et Mignon ? Mignon, c 'est fini.

Ça n 'a même jamais commencé.

Pourquoi ? Je ne sais pas.

Je n 'ai pas voulu faire de la peine à
Alex.

Il y avait le petit.

J 'ai pensé à leur bonheur.

Et puis, je ne tenais pas tellement.

Tu crois ? Tu vois, Alex.

Eh bien, Alex.

Eh bien, quoi, Alex ? Dans le fond, je l
'aime, mon Alex.

L 'amour unique ? Bien sûr. Comme toi.

Tu y crois encore ? Vous savez, on vous
regrette. C 'est gentil de me dire ça.

Et Pierre ? Pierre, il fait de l
'escrime.

Oh, quelle idée.

Il accompagne Gratteloup.

Il faut ça pour conserver leur forme.

Moi, je n 'ai pas besoin de ça pour
conserver la mienne. N 'est -ce pas,

Oui, mon chou.

Et toi, qu 'est -ce que tu fais pendant
ce temps -là ? Je l 'attends.

Ah, c 'est ce que vous avez de mieux à
faire.

Viens donc nous voir à la maison.

Non, merci.

Tu peux venir sans lui.

Mais qu 'est -ce que tu racontes là ?
Elle a raison, il ne faut pas séparer

ménages.

Fendez -vous ! Fendez -vous !

Je

vais lui porter une bosse à celui -là.

Vous ne trouvez pas ? Elle est quand
même moins forte qu 'en natation.

Ah, vous n 'êtes pas juste.

Pour une débutante, elle est
sensationnelle. Bravo ! Allez, vite ! Qu

que vous pensez de son partenaire ?
Enfin, je veux dire, son adversaire.

Pas fatigué, non ? Non ? Non.

J 'ai offert de l 'esprit.

Ce n 'est pas un vrai sport.

Un vrai sport, c 'est le marial.

Et là, je suis champion.

C 'est une chatouille.

Ce que tu fais cet après -midi ? Tu vas
à la salle d 'armes ? En principe, oui.

J 'ai rendez -vous avec les grattefonds.

Si tu attends de nuit, je n 'irai pas.

Si tu n 'y vas pas, qu 'est -ce que tu
feras cet après -midi ? Je ne sais pas.

On pourrait peut -être aller au cinéma ?
Quel film aimerais -tu voir ? Aucun.

Tu sais bien, moi, le cinéma.

Alors ? Alors on va rester ici.

On va écouter de la musique.

Tu ne veux pas t 'ennuyer ? Anne, tu
sais bien que je veux me rester près de

toi.

C 'est pourquoi je ne te vois pas ce que
plus.

Tu me le reproches ? Nous étions bien d
'accord pourtant.

On avait décidé d 'adopter une autre vie
pour un temps.

On avait décidé, oui.

Mais jusqu 'à quel point ? Mais jusqu
'où chacun de nous le juge bon.

J 'ai confiance en toi, Anne.

Je me sens en sécurité près de toi.

Et aussi lorsque je suis loin de toi et
que je pense à toi.

Tu es souvent loin de moi.

J 'aime pouvoir m 'appuyer sur toi.

C 'est ça un couple.

Alors c 'est comme ça que tu parles
maintenant.

Raison, sécurité, confiance.

Mais ça, est -ce que tu ne crois pas que
je pourrais le trouver aussi ailleurs ?

Avec l 'essentiel en plus, avec ce que j
'aime, avec l 'amour.

Avec le plaisir.

Mais je t 'aime, Anne.

Avec tendresse.

Avec toute ma tendresse.

Tu ne peux pas me comprendre.

Tu accepterais que je retourne auprès de
toi si je trouvais tout cela auprès d

'un autre homme ? Tu ne penserais pas ce
que tu représenterais pour moi alors ?

Et toi, maintenant, tu parles comme un
courrier du cœur.

Tout est médiocre pour les médiocres.

C 'est comme ça que tu me juges du haut
des principes.

Laisse -moi, Pierre.

Laisse -moi, elle va te distraire avec
tes amis.

Tu as raison. Si les mots n 'ont plus de
sens entre nous... C 'est ça.

Tu peux me laisser.

Anne, voyons, je ne voulais pas t
'offenser.

Mais non, bien sûr.

Je ne me baigne que le dimanche.

Mais vous étiez là ? Vous voyez.

Tout le monde est parti maintenant.

Et pourquoi êtes -vous resté ? Je ne
vous dérange pas au moins.

Je reste près de vous ? Pierre, je peux
vous aider ?

Que pourriez -vous faire ? Que savez
-vous de moi ? Vous avez tout risqué,

avez tout perdu.

C 'est difficile de rencontrer quelqu
'un qui vous comprenne.

Parce que je demande trop, n 'est -ce
pas ?

Non. Je n 'admets pas les
compromissions, moi.

Quand un homme et une femme commencent à
se mentir, tout est foutu.

Écoutez, Véronique, un homme vous aime.

Vous êtes pour lui toute son existence.

Et un jour, il s 'aperçoit que non, ce n
'est plus comme avant.

Alors il vous le dit.

Il a raison, il faut qu 'il le dise.

Eh bien non, il paraît que ce n 'est pas
possible.

Mais si, c 'est possible.

En amour, il n 'y a rien à cacher.

Rien à se cacher.

Une femme doit comprendre ça.

Pierre, cette fois -ci, tu n 'oublieras
pas.

Non, Pierre.

Pas ce soir.

Ou tu voudras, quand tu voudras, mais
pas ce soir.

Je t 'aime, tu sais.

Pense un peu à moi.

M. Antoine, pourriez -vous me rendre mon
fer à repasser ? Je n 'aurai besoin.

Mme Chenard ? Oui ? Je suis désolé.

Je vais vous le chercher si vous voulez
attendre une seconde.

Je vais vous le trouver tout de suite ou
tout à l 'heure parce que je ne sais

plus très bien où je l 'ai rangé.

Viens vous l 'apporter car vous l 'aurez
trouvé.

Mais entrez donc.

Laissez -moi vous offrir quelque chose
pendant que je cherche ce sac à fer à

repasser.

Vous croyez que c 'est nécessaire ?
Laissez -moi vous offrir quelque chose

une fois.

Depuis le temps que je vous emprunte
ceci ou cela, je suis un voisin vraiment

assommant.

Asseyez -vous.

Petit Paul.

Ça me fait tout drôle de vous voir ici.

Bien sûr.

Vous habitez là, de l 'autre côté du
palier, et vous êtes si lointaine.

Nous nous rencontrons, nous nous
salvons.

Vous passez, vous disparaissez, comme un
songe.

Vous êtes une femme étrange, madame
Chenard.

C 'est un air connu.

Comment ça ?

Vous vous intéressez à la géographie ?
Il vous vient d 'ouvrir ses rêves, n

-ce pas ? Est -ce que vous rêvez
beaucoup ? Quand on vous rencontre dans

'ascenseur... On ne le croirait pas, n
'est -ce pas ? Je sais, j 'ai une très

mauvaise réputation dans l 'immeuble. N
'exagérez rien.

Je n 'exagère pas.

Je sais très bien ce que l 'on pense de
moi.

Peut -être pas vous, mais les autres.

Comme si un homme pouvait vivre seul
entre quatre murs à rêver en permanence.

Un homme et une femme, remarquez bien.

Je ne veux pas vous retenir plus
longtemps, madame Fenard.

Votre mari va s 'impatienter.

Mon mari n 'est pas là.

Alors, restez encore un moment.

Vous ne trouvez pas qu 'on manque un peu
d 'air ?

Vous

êtes habile, la technique est au point.

Quelle technique.

Rendez -moi mon fer à repasser.

Le voilà.

Vous ne venez pas ?

Une femme

comme vous ne passe pas inaperçue à mes
yeux.

Si elle n 'est pas heureuse, ça se voit.

Il ne faut pas venir chez un monsieur
seul, surtout quand on n 'est pas

heureuse.

Parce qu 'on est plus heureuse, n 'est
-ce pas ?

Pourquoi ne seriez -vous plus

heureuse ? Dites -moi.

Vous avez le droit de me gifler, Mme
Chénard.

Le téléphone, s 'il vous plaît.

Voilà, monsieur.

Tu as été heureuse ? Oui.

Mais, qu 'est -ce que tu fais là ? Tu
vois, je m 'en vais.

Je ne peux plus.

Je viens de coucher avec un type.

Et ça t 'a fait plaisir ? Oui.

Mimi, il y a de la bonne salade.