All language subtitles for Prendre le large (Gael Morel, F 2017) [1080p].2 FR

Un nom qui aurait déjà dû
être oublié,

mais dont certains
ont du mal à se séparer.

Je pense qu'ils le savent bien.
Il n'y a pas besoin de changer.

Nadia ?

Tiens, Nadia. Ce soir.

Tu comptes rester comme ça
toute la journée ?

Je resterai comme ça tant
que vous continuerez à travailler.

Tu te fatigueras vite.

Chacun pour sa gueule, c'est ça ?

- Au revoir.
- Au revoir.

Édith Clerval ?

Oui ?

Je vous en prie.

Votre atelier
est le prochain à fermer,

nous allons devoir rompre le contrat
qui vous unissait à la société.

Je suis licenciée ?

Effectivement.
Mettre un terme au contrat de travail

se solde par un licenciement,
habituellement.

C'est la solution la plus classique,

mais il y en a d'autres.

Comme notre groupe se délocalise,
vous pouvez demander un reclassement

là où nous allons continuer
la production,

au Maroc.

Je dois vous en informer,

mais ce n'est pas la solution
la plus avantageuse pour vous.

Au Maroc ?

Oui.

Les coûts de production
sont beaucoup plus bas.

Et je peux y aller comme ça ?

Comment, "comme ça" ?

Je veux dire...

Je peux y aller moi, comme ça ?
Sans...

Il n'y a rien à faire ?

Il vous faut un passeport
en cours de validité, bien entendu,

et le contrat de travail.
Ce n'est plus mon domaine, après.

J'aimerais beaucoup.

Vous seriez intéressée ?

Oui.

Bon.

Dans ce cas,

vous recevrez ce formulaire
en lettre recommandée.

Remplissez-le sous six jours
et rapportez-le-moi.

En attendant,
vous gardez votre poste.

Vous changerez peut-être d'atelier,
mais vous restez employée du groupe.

En acceptant ce reclassement,

vous ne toucherez pas
les indemnités de licenciement.

Ils parlent
de "domaines de compétences", ici.

J'ai eu un CAP dans un autre domaine.

Je peux le préciser ?

Mais on vous demande
vos compétences dans le textile :

conditionnement, couture,
manutention.

Ça ne sert à rien
de vous étendre sur votre CV.

C'est bien.

C'est très bien.

Vous pouvez me rappeler votre nom ?

Clerval. Édith Clerval.

Vous avez
des indemnités confortables.

Vous ne gagnerez rien
à partir là-bas.

Ni à rester ici toute seule,
au chômage.

Là-bas, au moins, je travaillerai.

Oui, mais sur un salaire calculé
sur la base des locaux

avec un ajustement,
mais pas grand-chose.

Et tous les frais annexes :

le logement, la nourriture,
tout ça reste à votre charge.

- Il faut prévoir un peu d'argent.
- Mais j'en ai.

Pas beaucoup, mais j'en ai un peu
pour m'installer là-bas, oui.

Je ne comprends pas.
Vous n'avez pas de capital.

Prenez les indemnités,
ce sera plus raisonnable.

J'ai du capital. Ma maison.

Écoutez. Il faut suivre la procédure
que je vous ai décrite,

car vous n'avez pas envisagé
cette solution sereinement.

Vous feriez une grave erreur.
Vraiment.

Quelles sont vos motivations ?

Travailler.

Qu'est-ce que je vais faire
une fois la boîte fermée ?

T'as pas d'idées ?

Non.
Je ne sais pas faire grand-chose.

Je sais lire, écrire, compter,

rien d'extraordinaire,

additionner, multiplier,
soustraire... La base.

Cuisiner.

Pareil.

Conduire et nager.

Six trucs.

Six trucs,
c'est tout ce que je sais faire.

Ça remplit même pas mes deux mains.

Mais non.

Tu sais aussi coudre.

Tu sais couper les cheveux.

Tu sais faire des enfants.

tu sais faire
ce qu'on te dit de faire.

Ouais.

C'est bizarre,
t'as pas l'air stressée.

De quoi ?

De ce qu'il se passe.
La fermeture, la boîte, tout ça.

J'ai mon idée à moi.

Franchement,
j'arrive pas à te comprendre.

C'est vrai
que c'est une autre vie, là-bas,

mais c'est certainement pas mieux
qu'ici.

Tu me caches pas quelque chose ?

Quoi ?

Je sais pas, la visite médicale
que tu as passée ?

Tu as appris une mauvaise nouvelle ?

Non, c'était pour voir
si tout allait bien.

Pour le reclassement, justement.

Tout va bien. T'inquiète pas.

Mais tu y as vraiment pensé
quand même ?

Avec l'islam. T'es une femme.

Et puis la vie, le travail,
c'est très dur.

C'est pas le paradis.

Je sais.
Je suis allée voir sur Internet.

Pour l'islam, quand t'es française,
c'est pas pareil.

Pour le reste, je verrai bien.

...le 1678 à destination
de Paris-Gare de Lyon.

Dans quelques minutes...

Excusez-moi.
J'ai dû me tromper d'étage.

J'ai dû mal compter.

Vous êtes bien au 3e.

- Vous êtes la maman de Jérémy ?
- Oui.

Je vous ai vue en photo.

Moi, c'est Thierry, l'ami de Jérémy.

- Enchanté.
- Bonjour.

Entrez.

Il ne m'a pas prévenu
que vous veniez.

Je voulais lui faire la surprise.

Il est pas encore rentré.
Il doit fermer l'agence.

Je suis de corvée pour préparer
le dîner. Nous recevons.

Désolée de vous déranger.

Vous plaisantez ? Ça fait plaisir,

il m'a tellement parlé de vous.
Mettez-vous à l'aise.

Je lui ai apporté
un de ses plats préférés,

un gratin de cardons à la moelle

et de la confiture.

Jérémy est fou de desserts.

Les garçons qui aiment le sucre
adorent leur mère.

C'est un bon point pour vous.

On se rencontre enfin.

Il était déçu de cet empêchement
quand on s'est pacsés.

Allez-y, Édith. C'est lui.

Qu'est-ce que tu fais là ?

C'est quoi, ce délire ?

J'y suis pour rien.

Remets-toi.

J'avais une nouvelle à t'annoncer.

C'est grave ?
Tu as un problème de santé ?

Non. T'inquiète pas.

Même si tu es étonné, je l'ai été
beaucoup plus que toi. Crois-moi.

Je comprends, j'aurais dû te parler.
Je suis désolé, j'ai...

Non, c'est ma faute.

Ça m'apprendra à faire des surprises.

À table !

On parlera plus tard, d'accord ?

Je vous en prie.

Notre femme de ménage
s'en occupera demain.

Mais ça me dérange pas.

Maman,
tu vas dormir à l'hôtel à côté.

Mais je peux très bien dormir
sur le canapé.

Tu vas pas dormir dans les odeurs
de bouffe et de clope.

Mais je reste qu'une nuit.

Je peux très bien dormir
sur le canapé.

Vu ta tête, tu dois m'en vouloir.

Pourquoi ?

Pour l'hôtel ou pour tout le reste ?

Pourquoi tu m'as menti ?

Je te fais honte ?
C'est pour ça que tu me caches ?

Qu'est-ce que tu racontes ?

Pour le pacs ?

Pourquoi tu m'as menti ?

Je t'ai juste rien dit.

Comment tu voulais que j'imagine
que tu montes à l'improviste ?

J'ai jamais eu de problème
avec ta vie,

quand j'ai appris que tu étais...

Enfin, que tu aimais les garçons.
J'ai jamais eu honte.

Je t'ai même envoyé une lettre
pour te dire que ça changerait rien,

que je voulais que ton bonheur
et c'est tout.

Je tenais pas
à parler de ma vie sentimentale

ni de ma vie sexuelle.

C'est pas contre toi, mais...

Tu aurais préféré que je te rejette
comme d'autres ?

Dis-moi plutôt
ce que tu voulais me dire.

Ça doit être important
pour que tu sois montée.

Non. Ça n'a plus d'intérêt. Vraiment.

Puisque tu le dis. Comme tu veux.

- Bonjour, madame.
- Bonjour.

Une petite signature,
s'il vous plaît.

Édith Clerval.

Allô ? T'es là ?

Tu dois encore m'en vouloir.

Pour Pâques, on part au Brésil.

Je descendrai plutôt
pour les vacances,

mais si tu veux remonter avant
à Paris, préviens.

Allô ?

Oui, j'ai bien entendu ton message.

Je ne serai plus là
pour les vacances.

Je pars au Maroc.

Non, pour travailler.

J'ai accepté d'être reclassée
au lieu d'être licenciée.

C'est ça que je voulais te dire
quand je suis montée.

Non, c'est trop tard pour parler.

Oui, c'est ça, t'as raison.
Je suis complètement folle.

Ne m'appelle plus.

De toute façon, j'ai résilié
ma ligne de portable.

J'en veux bien. Merci.

J'ai appris que tu avais accepté
le reclassement.

Comment tu le sais ?

Tout le monde le sait.
Tu es la seule.

On en a pas mal parlé au CE.

Et alors ?

Personne ne comprend.
Tu leur fais un sacré cadeau.

Toutes ces indemnités...

Viens en parler avec les camarades
au prochain CE.

J'en ai pas envie.

T'es devenue folle ou quoi ?

Tu as pensé à Pierre ?

Quand il est mort,
son cancer venait de l'usine,

des produits, des merdes
qu'il respirait à la teinturerie.

Et là,
tu leur offres tes indemnités ?

Il doit se retourner dans sa tombe !

Arrête ! Arrête ça tout de suite.

Tu sais rien. Tu connais pas ma vie.

Fais pas de connerie.

Quelle connerie ? Tu peux me dire ?

Alors ?

OK. Ça va, c'est bon, Édith.
Excuse-moi.

Non, c'est pas bon.
Je fais pas une connerie !

Ça t'emmerde
que je croie plus tes discours,

"L'union fait la force"
et tes conneries de syndicaliste.

Quelle conne !

Hé !

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Rien. C'est Gisèle, cette connasse !

C'est pas grave. Calme-toi.

On va pas la laisser gâcher
notre dernière soirée.

À la nôtre !

À toi.

À ta nouvelle vie.

Vous êtes française ?
Espagnole, anglaise ?

Française.

Venez avec moi, madame.

- Non merci.
- Venez avec moi !

Non. S'il vous plaît.

Monsieur, s'il vous plaît. Monsieur !

S'il vous plaît. Monsieur.

Taxi, madame ? Vous voulez un taxi ?

Suivez-moi.

Je vous en prie, madame. Montez.

Montez.

Vous avez de la chance, madame.

Hier, c'était le chergui.

C'est un maudit vent d'est.

Ça nous rend tristes, madame.

Quelle histoire, cette ville !

Vous verrez, madame,
il y a autant de fous que de chats.

Vous allez dormir
dans cette pension ?

Oui.

Pas d'étoiles, madame. Merci.

C'est vous, la Française ? Édith ?

L'amie de Nadia ?

Oui. Et vous, c'est Mina, alors ?

Oui, c'est ça. Suivez-moi.

Merci.

Il vous a pas volée, le taxi ?

Non, je crois pas.
Il était très gentil.

J'ai trouvé
qu'il parlait bien français.

Vous croyez qu'on a besoin de diplôme
pour être chauffeur de taxi ?

C'est sûr qu'Ali sera jamais taxi,
lui, s'il continue comme ça.

Je vous présente mon fils.

Arrête, maman ! Bonjour, madame.

Bonjour.

Rhabille-toi, s'il te plaît.

Pourquoi ? Je vais à l'entraînement.

Mais je crève de chaud, ici.

On crève de chaud, chez toi.

Achète un climatiseur.

À vos ordres, chef.

C'est vrai qu'il fait chaud.

Oui, c'est le jour le plus chaud
de la semaine.

Ma mère a toujours raison.

Mais vous verrez,
cette chambre est fraîche.

- Voilà.
- Merci

Le réchauffement climatique
et puis...

- Bonne journée ?
- Épouvantable.

Impossible de se baigner
avec tous ces travaux.

On va partir plus tôt
et aller dans le sud.

Je vous comprends.

Je vais à l'entraînement.

Alors ? Elle vous plaît, la chambre ?

Oui, ça va.

"Ça va", c'est tout ?

C'est la plus belle
et la plus grande.

Comment on fait pour le loyer ?

Comme on a dit par mail.

Pour le tarif, c'est d'accord,
mais je vous paie quand ?

Vous savez ce qu'on dit, ici ?

"Ceux qui vont vite sont déjà morts."

On est loin de l'ancienne gare ?

Le bus de ramassage pour aller
à l'usine passe juste à côté.

Je voulais faire un repérage
avant demain.

C'est facile. Je vous expliquerai
quand vous partirez.

Il faudra compter 10 minutes à pied.

Je préférais y aller maintenant,
ça me rassure.

Nadia m'a dit
que vous pourriez me montrer,

que je pourrais vous demander.

Il fallait que Nadia vienne,
si vous voulez un guide.

C'est pas mon travail.

Édith, vous pouvez venir ?

- Moi !
- Moi !

Il va vous accompagner.

- Allez-y.
- Merci.

Madame, c'est là-bas.
C'est là-bas, madame.

- Viens avec moi.
- Non, c'est là-bas.

Hé ! Tu viens ?

Oui, madame.

- Bonjour.
- Assalamu alaykum.

Vous parlez français ?

Un chouia. Un peu.

Pour aller à l'usine de tissu ?

L'usine de textile

dans la zone franche.

Ici, c'est le Maroc.

Tu travailles les olives,
tu travailles ici.

Tu veux travailler ? Attends.

Ramzy !

Travailler ici, madame ?

Non.

Tu veux quoi, madame ?

Je voudrais prendre le bus.

Autobus ?

Oui. Pour aller là.

Madame, il comprend.
Il amène toi là-bas.

Merci, au revoir.

Madame, ça va ?

Oui.

Excusez-moi. Vous parlez français ?

- Merci.
- De rien.

Madame, je peux vous aider ?
Je parle français.

Oui, je veux bien.

Les bus qui vont dans la zone
industrielle, dans cet endroit,

ils passent par-là ?

Non, c'est pas là, c'est là-bas.

D'accord, merci.

Je vous en prie.

Vous êtes fou ?!

Faites attention, madame.
Ici, c'est dangereux.

Bonjour. Vous allez à l'usine ?

Pas français.

OK.

Ici ?

Montez.

Merci.

Espagnole ?

Non. Française.

Il faut pas rester les cheveux
comme ça dans le bus, c'est pas bon.

Voilà,
c'est ici que vous travaillerez.

Je ne suis pas au même poste ?

Pardon ? Parlez plus fort.

Je pensais occuper le même poste.

Vous avez inscrit "couture"
dans vos compétences,

sur le contrat de reclassement.

Mais je connais pas ces machines.

Najat vous montrera. C'est facile.

La moitié des filles ici
ne savent pas lire

et elles y arrivent.

Bonjour.

Édith, suivez Najat, s'il vous plaît.

Toi, ici.

Vous pouvez m'expliquer ?

Comment ça fonctionne ?
Vous pouvez m'aider ?

Najat, c'est la contremaître
de cet atelier.

Vous êtes sous sa responsabilité.

Elle va vous montrer
le fonctionnement des machines.

Édith, n'hésitez pas à me contacter

si vous avez des problèmes
ou des questions.

D'accord.

Najat, faites un effort.

Toi, faire pareil.

Oui. Bien !

Vite ! Plus vite !

Manger ?

Pas faim ?

Si. Mais il n'y a pas une cantine
ou un distributeur ?

En fait, j'ai rien prévu.

Attends.

Il me reste un peu à manger. Viens !

C'est gentil.

J'ai même pris une fourchette
pour toi.

Merci.

Qu'est-ce qu'elle dit ?

Tu dois savoir. Le car de ramassage

est à une association islamique.

Comment on dit ?

Pour moi, c'est interdit ?

Non, pas interdit,

mais c'est mieux de mettre
quelque chose sur la tête,

comme la dame.

Bonsoir, Ali.

Bonsoir.

Merci.

Fatigué ?

Oui, mais c'est pas grave.

Les cours commencent tard,
je ferai la grasse matinée.

- Tu fais quoi comme études ?
- Je suis au lycée français.

Je voudrais faire du commerce
après mon bac.

C'est bien.

Moi aussi, je suis fatiguée.

Tu sais pas où je pourrais manger ?

Pas trop cher et pas trop loin ?

Un peu partout,
mais il faut un bon estomac.

Il y a de bons restaurants,
mais plus chers.

Tant pis.

Bonne nuit.

Édith ?

Ça va ?

Oui, ça va.
C'est rien, c'est la fatigue.

Attends.

Dada ?

Venez.

Asseyez-vous.

Merci.

Rien à signaler, chéri ?

Personne ce soir, à part Édith.

Sinon, que des annulations.

Et toi ? Le film, c'était bien ?

Oui.

C'est quoi, ce sourire ?

Tu es allée au cinéma toute seule ?
Habillée comme ça ?

Arrête, tu vas pas faire ton barbu.
On dirait ton père !

Si tu vois quelqu'un,
tu peux me le dire.

Je n'ai pas quitté ton père
pour le premier venu.

J'espère.

Il n'y a rien à espérer.

C'est ma vie, mon chéri.

Vous gênez pas.
Faites comme chez vous !

C'est votre fils
qui m'a proposé de manger ici.

Elle y est pour rien, c'est ma faute.

Vous comprenez l'arabe, maintenant ?

Non, mais j'imagine que...

N'en parlons plus.

Aucun client n'a le droit
de rentrer ici. Vous le saurez.

Au fait,

j'aurais besoin du loyer.

Oui, bien sûr. Pour quand ?

Le plus vite possible.

Oui.

Bonne journée ? Ça va ?

- Ça va ?
- Oui.

- Oui.
- Tu cherches quelqu'un ?

- Tu fumes du haschich ?
- Non.

Viens avec moi.
Je peux boire un peu d'alcool.

- Non. C'est gentil, merci.
- Pourquoi, madame ?

Donne-moi l'argent.

J'ai rien, je suis désolée.

S'il vous plaît ! Faites pas ça !

S'il vous plaît ! S'il vous plaît !

Bonjour, Édith.
Vous avez pensé au loyer ?

Édith ? Le loyer ?

La fin du mois approche.
Je compte sur cet argent.

Je vais me coucher.

Comment ça ?

Avant, vous pourriez me répondre.

Je peux pas vous payer.
Pas maintenant.

J'ai pas envie d'être patiente.
Vous connaissez pas ma situation.

J'ai des factures à payer, moi.
Faites-vous envoyer de l'argent.

Vous n'avez pas de famille
ou d'amis ?

Non, j'ai personne.

Si un client veut la chambre,
je vous demanderai de partir vite.

Un mois de loyer, ce n'est pas rien.

Très bien. Je vais me débrouiller.

Et merci pour l'hospitalité.

Oui, c'est ça,
l'hospitalité marocaine.

Vous avez lu ça dans un guide ?

J'ai été volée. On m'a tout pris.

Ça peut se faire,

mais la demande doit passer
par le siège social à Casablanca

puis être validée à Paris.

C'est ça, la mondialisation.

- Ça prendrait combien de temps ?
- Trois semaines, pas moins.

La paye est versée quand ?

À la fin du mois,
dans quelques jours.

Ça ne sert à rien
de demander une avance ?

Pour le mois prochain, si.

Mais pour celui-là, rien du tout.
En effet.

Je suis désolée pour le loyer.

J'ai demandé une avance,
mais c'est très compliqué.

Il me faut ma paie pour vous régler.

Vous pouvez
attendre encore quelques jours ?

Oui, ça ira.

Merci, c'est gentil.

On peut se tutoyer.
Ça sera plus simple.

Oui, très bien. Je préfère aussi.

Désolée pour l'autre fois
si je me suis emportée.

Ce sont ces annulations
à cause des travaux.

Je m'énerve facilement.

Au fait, c'est vrai,
cette histoire de voile ?

Ali m'a dit que tu te voilais.

C'est à l'usine, on t'oblige ?

Non, ce n'est pas l'usine.
Je me voile dans le bus.

C'est une association religieuse
qui offre le transport et...

Ils sont partout.

Non, je le retire à l'usine
et je le remets quand je rentre.

Je crois que j'ai une idée.

Les freins, l'accélérateur.
Tu peux y aller.

J'en ai pas fait depuis longtemps.

- Ça ira ?
- Oui.

Il y a un problème.

Ma machine n'est pas isolée.

Aïe ! Ça pique.

Problème électricité.

Là.

La machine
lance des décharges électriques.

Ça règle pas le problème.

Pas de problème ! Toi, problème.

- Allez.
- Comment ça ?

Mais il y a personne
pour réparer les machines ?

Allez ! Travail, maintenant.

Allez !

Nos machines sont vieilles,
mais on accepte tout pour le travail.

Regarde.

Mais tu dois avoir très mal.

Ce matin, ça m'a carrément brûlée.
J'ai pas supporté.

Toutes les machines ont un problème ?

Pas toutes, mais beaucoup.

Un jour, je ne travaillerai plus ici

parce que mes doigts
ne marcheront plus.

Il n'y a personne
pour vérifier le matériel ?

Si. Najat.

Elle dit pas les problèmes

pour pas que la direction
la remplace.

N'importe quoi. Si tout le monde
a peur de tout le monde,

rien ne changera.
Ça sera de pire en pire.

Toi, pourquoi tu dis rien ?

Parce que moi aussi, j'ai peur.

Elle veut essayer ?

Elle te demande si tu veux essayer.

C'est quoi ?

Du khôl,

pour enlever la fatigue
dans les yeux.

Oui, je veux bien.

Ça pourrait bien t'aller.

C'est joli.

- C'est Ali.
- Entre.

On fait un couscous ce soir,
tu veux venir manger avec nous ?

Évidemment.
C'est même elle qui propose.

Je sais pas si c'est une bonne idée.

Allez, viens.
Tu es toujours enfermée.

Tu verras, ma mère est cool.

C'est le divorce avec mon père
qui l'a rendue chiante.

Tu sais, elle a dû se battre.

Au début de la Moudawana,
c'était dur.

La quoi ?

La Moudawana, c'est le code
de la famille que le roi a réformé.

Il a facilité le divorce
pour les femmes.

Du coup,
ma mère en a profité tout de suite.

Elle attendait que ça
pour quitter mon père.

Je savais pas.

C'est pas la France, ici.

Divorcer, même avec la Moudawana,
ça reste très mal vu.

Ma mère est quelqu'un de bien.

J'en suis certaine.

Quelle chance
d'avoir une telle grand-mère !

C'est pas ma grand-mère.

- Ah bon ?
- Pas du tout.

Non, c'est pas ma mère.

Elle était mariée jeune.
Son mari l'a répudiée.

Elle pouvait pas avoir d'enfants.
Il l'a jetée à la rue sans rien.

Mes parents l'ont recueillie.

Après, elle m'a élevé,
elle m'a aidé aussi à élever Ali.

Depuis, elle ne nous quitte plus.

Et vous ?

Chantez-moi quelque chose.

Je connais pas de chanson.

Ben quand même !

Allez !

Si. Je...

J'en chantais une à mon bébé,

à mon fils quand il était petit.

J'ai descendu dans mon jardin

J'ai descendu dans mon jardin

Pour y cueillir du romarin

Gentil coquelicot, mesdames
Gentil coquelicot, nouveau

Gentil coquelicot, mesdames
Gentil coquelicot, nouveau

J'en n'avais pas cueilli trois brins

J'en n'avais pas cueilli trois brins

Qu'un rossignol vint sur ma main

Gentil coquelicot, mesdames
Gentil coquelicot, nouveau

Gentil coquelicot, mesdames
Gentil coquelicot, nouveau

Je me souviens pas de la suite.

Bravo !

Je suis vraiment désolée.

Édith ! Travail !

C'est un petit bout, ce n'est rien.
Un mètre, même pas.

J'en ai besoin pour les poches
d'une robe que je fais.

Ce tissu est très cher.

J'ai une machine à coudre chez moi.

Après l'usine, je pars directement.

Je fais des retouches
ou des choses que je revends.

Je suis très douée.

J'ai rien dit.
J'ai juste peur pour toi.

S'il y a un contrôle
ou des fouilles ?

Ne t'inquiète pas.
C'est Najat qui fouille

et elle m'aime bien.

Ah bon ? Elle est capable
d'aimer quelqu'un ?

Elle sait que je prends du tissu,
mais elle l'a jamais dit.

Avec toi, c'est pas pareil.
Elle est un peu dure.

Elle avait un fiancé
qui est parti en France.

Il devait la faire venir
quand il a trouvé du travail,

mais il n'est jamais revenu.

Il s'est marié là-bas.

C'est pas ma faute.

T'es française.

Et ça fait deux mois que t'es là.

Najat comprend pas comment tu fais
pour vivre avec la paie minable.

C'est pas ça
qui t'a fait venir à Tanger.

Elle pense que c'est bizarre,
ton histoire.

Disons que j'avais envie
de prendre le large.

Le "large" ?

Édith, si je peux pas doubler ma paie
avec la couture chez moi

pour nourrir mes sept frères
plus ma mère,

je devrai aller faire la pute.

Tu n'es jamais allée au hammam ?

Non, jamais.

Ça va te plaire.

Celui-là est très bien.

C'est propre,
on te donne des serviettes.

Mais j'aime pas leur savon noir.

On va en acheter ici, viens.

C'est bon ? On y va ?

Essaie de rester à côté de moi,

parce qu'on rentre à la Médina.
Comme ça, on ne se perd pas.

Qu'est-ce que vous dites ?

Tu es tendue, pour une touriste.

Je lui ai dit que tu travaillais ici.

Elle me sent bien, en tout cas.

C'est vrai qu'ici, le travail,
c'est pas facile.

Je me sens vidée,
complètement tendue.

Ça te donne pas envie de rentrer ?

Comment ça ?

Aller chez toi, en France.

Ça va pas ? T'es folle ?
Après tout ce que j'ai fait...

De toute façon, ici ou là-bas,
je n'ai rien à perdre.

Ici, au moins,
je me sens moins seule.

Le travail, c'est important.

Je pourrais pas vivre
sans travailler.

Je rêve de ça, moi.
Vivre sans travailler.

Je tiens ça de mon père.

Pas un jour d'absence
de toute sa carrière.

Même malade. Il se gavait d'aspirine.

Malgré la fièvre et des courbatures,
il allait quand même à l'usine.

Ça ressemblait à quoi,
ta vie en France ?

Tu faisais quoi, le soir ?

Pas grand-chose.

Je faisais la cuisine.

Ça, c'est un vrai plaisir.

Comme j'étais seule,
c'était pas très motivant.

Il y a personne qui t'attend là-bas ?

Personne, personne ?

Il y a bien des gens qui comptent
pour moi, pour qui je compte,

mais de là à m'attendre,
je suis pas sûre.

Et ton fils ?

On n'a plus vraiment de relation.

Il sait même pas où je suis.

Ah bon ?

- Il n'a aucun moyen de te joindre ?
- Non.

Et s'il a envie de te parler
ou quoi que ce soit ?

Beaucoup de choses se sont passées
depuis ce long silence

que je regrette.

J'imagine le souci
que tu dois te faire.

Je vais bien, rassure-toi.

Je commence à aimer
ma nouvelle vie, ici, à Tanger.

Il me faut encore du temps
pour m'installer

et pouvoir te recevoir
comme j'aimerais.

Tu me manques

et j'ai hâte de te revoir.

Je t'embrasse.

Bonjour.

Bonjour. Déjà levée ?

Oui.

Tu me laisseras préparer
le repas de midi ?

C'est le week-end.

Tu veux pas te reposer
ou te balader ?

Non, j'adore faire la cuisine.
Ça me détend.

Comment tu vas faire
avec tout ce bordel ?

- Il y a presque rien qui marche.
- T'inquiète.

Bon.

Bon, je vais faire les courses.

D'accord.

À tout à l'heure.

12 dirhams.

Mina, ça va ?

Regarde dans quel état il est
après un match !

C'est à moi qu'il faut demander ça.
C'est moi qui ai mal.

Calme-toi. Je suis avec mes amis.

Donne-moi de l'arnica,
ce sera plus utile.

Tu as vu comme il se goinfre ?
Il sent même pas ce qu'il mange.

Je mange vite parce que c'est bon.

C'est ta faute, Édith.
Tu cuisines trop bien.

Ça me fait plaisir que tu aimes.

Mon fils, c'est l'homme de ma vie.

Enfin, l'un des premiers.

Mais le dernier, ça, c'est sûr.

Heureusement
qu'il ressemble pas à son père.

Vous le voyez, parfois ?

T'es folle ? Il s'est remarié.

Il a refait sa vie en Espagne,

il y a à peu près six ans.

Depuis, plus rien.

Au début, j'avais peur
qu'il veuille la garde d'Ali,

qu'il me le vole.

Maintenant,
je regrette qu'il s'en foute.

Il n'a pas l'air de lui manquer.
Au contraire.

Il est facile, ton fils.

Oui, c'est bien ce qui m'inquiète.

Tu vois, là-bas ?

On y est. C'est l'Espagne.

C'est si proche ?

Un jour, ça lui prendra.
Il ira voir son père.

Va savoir ce qu'il se passera.

Montrez-moi la machine défectueuse.

C'est celle-là.

Je veux voir la machine.

C'est pas bien, ce que tu as fait.

Tu m'as déçue.

Qu'est-ce qu'il se passe ?
C'est le grand rangement ?

ça lui donnerait peut-être envie
d'en faire quelque chose.

Elle a de la chance de t'avoir.
Tu l'aides bien.

C'est normal, c'est ma mère.

- Ton fils t'aidait aussi ?
- Quand on était proches, oui.

Pas ces derniers temps.

Pourquoi ? Vous vous êtes disputés ?

Non, pas vraiment.

Il a fait sa vie
et j'en fais plus vraiment partie.

Des fois, je pense
au jour où je partirai d'ici.

À ma mère, surtout.

Voir son fils partir, c'est...

Tu peux pas savoir
à quel point il me manque.

Surtout quand je vous vois,
Mina et toi.

Ça me rappelle des souvenirs.

Vous m'impressionnez, surtout toi.

Ta générosité, ta maturité.

Et tu es tellement jeune.

Moi, je me sens pas jeune du tout.

Justement, j'aimerais passer
des soirées à faire la fête,

à boire, à draguer.

C'est comme ça que j'imagine
les jeunes en France. Libres.

Ici, c'est trop compliqué
avec tout ça.

J'aimerais bien
que tu m'emmènes là-bas.

Il faudrait voir ça avec Mina,

parce qu'elle risque de me détester.

Un jour, je partirai

et je ferai ma vie.
Et ça, ça sera sans elle. Alors...

Quand mon fils
est parti vivre à Paris,

j'étais tellement mal

qu'une amie me disait
que je l'avais bien élevé,

que je lui avais donné
les bonnes armes.

Voilà. C'est ça que tu devrais dire
à ma mère.

Je sais que, pour elle aussi,
ce sera compliqué.

Mais ça me consolait pas du tout.

C'est son départ qui m'a blessée.

Il voulait s'éloigner de la maison,
s'éloigner de moi.

Tu vois, le jour où tu partiras,

explique bien à ta mère
que ce n'est pas contre elle,

que c'est pour toi.

Pour ta vie à toi.

Toi, attends.

Najat !

Mais ce n'est pas à moi !

Toi, la Française. Mme Saraï !

Mme Saraï, j'ai dit !

J'ai plus de travail. C'est ta faute.

Pourquoi t'as fait ça ?

Va-t'en !

Mais il n'y a pas de syndicat ?

- Personne pour nous défendre ?
- On n'est pas en France.

C'est Najat
qui est censée jouer ce rôle.

Quoi ?

Je dois appliquer sa sanction.
C'est un flagrant délit de vol.

Je vous jure que ce n'est pas à moi.

On a dû ouvrir mon casier

et mettre le tissu dans mon sac,
je ne sais pas.

Pour Karima,

c'est Najat qui acceptait
qu'elle sorte du tissu parfois.

Je suis certaine
que vous avez raison,

mais comment le prouver ?

Ici, personne ne témoignera
contre Najat.

C'est comme ça.

Même si je voulais faire bouger
les choses, je ne pourrais pas.

Vous recevrez votre lettre
de licenciement la semaine prochaine.

Votre solde d'heures travaillées
ce mois-ci

ne vous sera pas versé
à cause du vol.

Mais c'est impossible !

Il me faut cet argent.

J'ai seulement pu requalifier "vol"
en "faute grave".

Mais vous ne pouvez pas faire ça.

J'ai besoin de ce travail.

- Ce serait comme si...
- Je suis vraiment désolée.

Vous ne travaillez plus
pour notre groupe.

T'es venue. Monte.

Monte.

Allez, allez.

Dormir ici.

Madame.

Madame ?

Attention.

Ça va aller.

Ça va aller.

Édith ! Édith !

Jérémy ?

- Oui ?
- Bonjour.

On a téléphoné à Nadia
pour avoir votre contact.

Bonjour.

Ma mère, Mina. Moi, Ali.

On l'a trouvée évanouie dans la cour.

On a eu peur alors on l'a amenée ici.

Ils l'ont gardée
et on vous a prévenu.

Vous avez bien fait.

Bon, on vous laisse.
C'est la 2e porte à droite.

- Merci beaucoup.
- Au revoir.

Maman ?

Pourquoi t'es partie comme ça ?

Tu peux pas savoir
comme je m'en suis voulu.

J'ai repensé à plein de trucs.

Quand je suis monté à Paris,
tu m'avais accompagné à la gare.

Tu te rappelles ?

Tu m'as jamais fait sentir

que c'était dur pour toi
de te retrouver toute seule.

Au contraire, tu souriais.

Tu voulais
que je parte le cœur léger ?

Comment j'ai pu oublier
tout ce que tu es pour moi ?

Bon, je peux être très con, des fois.

Je suis pas un fils modèle,
c'est clair.

Tu peux pas continuer comme ça.

C'est fini.

J'ai vu les médecins, tu sors demain
et on rentre en France.

On va plus se perdre.

Toutes ses affaires sont ici ?

Ben oui.

Vous dormez où, ce soir ?

Je suis dans un hôtel,
près des remparts.

La vue est plus belle.

C'est bien ici aussi.

C'est juste qu'on est plus proche
de l'hôpital.

Vous savez, votre mère va me manquer.

J'aimais bien qu'elle soit là.
J'espère qu'elle ira mieux.

Ça devrait.
Les médecins sont confiants,

ils disent
qu'elle pouvait sortir aujourd'hui.

On vous donnera des nouvelles.

Vous passerez ici avant de partir ?

Non, pourquoi ?

J'aurais pris les valises.

- Votre avion est à quelle heure ?
- Midi.

Je vais la chercher à 9 h
à l'hôpital,

on aura peu de temps.

Oui. À plus tard.

Arrêtez-vous.

Maman ?

Tu dors pas ?

Non.

Toi aussi, tu tournes en rond ?

T'es pas obligé
de venir aussi souvent, tu sais.

Ça va mieux, maintenant.

Je me force pas.

Ça me fait plaisir.

Même si ça va mieux,
je continuerai de venir.

Mais il faut pas.
Je vois bien que tu t'ennuies, ici.

C'est sûr que c'est pas Paris.

C'est trop silencieux,
surtout la nuit.

Chaque bruit, chaque craquement,
ça me réveille.

Tu as un sommeil tellement fragile.

Quand tu étais petit, le week-end,

j'osais pas me lever.

J'avais tellement peur
de faire du bruit et de te réveiller.

Alors, des fois,
je restais au lit jusqu'à midi.

On dirait que tout est fini.

Qu'il n'y aura plus jamais rien
dans cette maison.

Pourquoi tu dis ça ?

Regarde, on est là.

Ça changera rien, j'en suis certaine.

J'ai parcouru votre dossier.

Pour la cuisine et le textile,
la région est plutôt sinistrée,

ou alors il faudrait accepter
d'être mobile.

Tout ce que je peux vous proposer
dans les alentours,

c'est un poste
d'assistante maternelle,

mais pas dans l'immédiat.

L'image est tellement nette.

On dirait que tu es à côté.

Ce serait bien.

Vous me manquez.

Attends,
je dois te montrer quelque chose.

Qu'est-ce que c'est ?

Voilà. Regarde !

Super !

T'as vu les murs ?

Oui. Bravo !

J'aurais aimé que ma mère
soit aussi contente que toi.

Aucun banquier veut lui faire crédit.

Justement, je voulais vous parler.

Appelle Mina.

Maman !

2,52 sur 1,50 m.

On va mettre du double vitrage.

- Tout va bien ?
- Aucun problème.

- La hauteur ?
- Tu mets du 19 mm ?

Vas-y.

Alors, Édith, pas de regrets ?

On peut encore tout arrêter.

Non. Ça fait tellement longtemps
que j'y pense.

C'est pourtant une belle maison.

Oui, mais pas quand on est seule.

Alors adjugé, vendu. On continue.

Tu penses à quoi ?

À la suite.

Je suis tellement pressée,
tu peux pas savoir.

Retravailler dans la cuisine,

monter un restaurant avec eux,
là-bas, à Tanger.

Ils ont l'air très bien, mais...

Ils sont très bien.

Sûrement,
mais les affaires sont les affaires.

Tu me laisseras m'occuper
des contrats. D'accord ?