All language subtitles for The Art of Crime.S04E01.Le.testament.de.Van.Gogh.Part.01.1080p.BluRay.FLAC2.0.x264-SbR_track7_[fre]

- Moteur.
- Ça tourne.

Action, Julien.

Cette magnifique Arlésienne

a été peinte à Arles
en novembre 1888,

quelques mois seulement
après l'arrivée de Van Gogh

dans la petite cité provençale.

Mais le peintre ne se doute pas alors

qu'il va bientôt être la victime

d'un des plus célèbres drames
de l'histoire de l'art.

C'est sous cette chambre,
dans l'atelier du rez-de-chaussée,

que Vincent s'est coupé l'oreille.

Mais que s'est-il réellement passé

dans la nuit
du 23 au 24 décembre 1888 ?

Pourquoi Van Gogh,
avant de s'écrouler sur son lit,

a-t-il confié son oreille coupée

à une jeune fille
des quartiers malfamés de la ville ?

nos équipes ont scrupuleusement
reconstitué pour vous

l'intérieur de la maison du peintre

avec l'aide des meilleurs historiens.

Je vous invite à présent
à y entrer avec moi.

Ensuite, on enchaîne directement ?

C'est ça. Je te reprendrai
juste devant l'entrée.

- On a un mannequin pour Van Gogh ?
- L'accessoiriste s'en occupe.

- Daniel a vérifié le décor ?
- Il est passé ce matin.

Tout le monde est prêt
pour une répétition ?

- C'est parfait, les fleurs. On y va.
- Un petit coup de maquillage.

Quand le commissaire de la ville

entre dans la maison jaune
le matin du 24 décembre,

alerté par l'un
de ses agents de police,

il y découvre un désordre inquiétant.

- Là, je monte ?
- Oui, vas-y.

Viens, tu me suis,

et surtout, tu montreras bien
les taches de sang sur le mur.

À la vue de tout ce sang,

le commissaire d'Ornano se demande

ce qui l'attend au premier étage.

Juste à côté de la chambre de Vincent
se trouvait celle de Paul Gauguin,

que l'on a d'abord accusé
du meurtre de son colocataire.

En effet, la police,

découvrant le peintre hollandais
allongé sur son lit,

inconscient,
dans des draps rougis de sang,

pensait avoir affaire à un mort.

C'est derrière cette porte
que se trouve la célèbre chambre.

Et voilà ce que notre commissaire

a découvert ce matin-là.

Daniel.

Daniel.

Non, Hugo,
c'est avec moi qu'il doit être,

pas avec cette gendarmette.

Quoi ?

Oui, ben,

les apparences sont contre moi,

mais s'il était vraiment
amoureux d'elle,

est-ce que tu crois qu'il aurait fait
tous ces rêves où il m'embrasse ?

Moi.

Mais non, rien à voir.

Non.

C'est juste qu'il a oublié
qu'il avait fait ces rêves.

Il a juste oublié qu'il avait
du désir pour moi, c'est tout.

- Si tu le dis.
- Petite amnésie rétrograde.

Il doit juste retrouver sa mémoire.

Alors, je sais pas encore comment,
mais...

crois-moi,
il va la retrouver sa mémoire.

Au fait, capitaine, il dit quoi
le docteur pour votre amnésie ?

Que c'est pas grave.

- Que je peux vivre avec.
- Ah bon ?

Vous auriez préféré
que ce soit grave ?

Non, pas du tout.

- Et voilà, je savais qu'il était là.
- Qu'est-ce que c'est ?

- Le menu traiteur pour...
- Pour ?

Pour mon mariage.

Avec qui ?

Ben, avec Juliette.

Oui, bien sûr.

On l'a pas annoncé officiellement.
Vous êtes la première à le savoir.

- Félicitations.
- Oui, je vais me marier.

- Le commandant voudrait vous voir.
- On arrive, Adèle, merci.

Madame Chassagne, ça va ?

Ça glisse.

Vous vous êtes fait mal ?

Non.

On a déjà Alex
qui s'est pété la jambe en scooter.

C'est la semaine ou quoi ?
Je vais toucher du bois.

Voilà, c'est fait.

Ça va ?

Super.

- Vous connaissez Daniel Blanc ?
- L'historien de l'art ?

Bien sûr, j'ai lu un article de lui
sur Van Gogh le mois dernier.

Pourquoi ?

- On va collaborer avec lui ?
- Non.

Il a été assassiné ce matin
à coups de marteau.

On vous attend sur la scène du crime.

Vous travailliez ensemble
depuis longtemps ?

C'était mon conseiller historique.

Daniel a conçu toute cette maison
avec l'équipe déco.

Il connaissait tout sur Van Gogh.

Il y avait personne d'autre ?

Non, je tournais avec l'équipe
au musée d'Orsay.

Il devait s'assurer des détails
avant qu'on arrive.

Il vous a pas parlé d'un truc
pouvant expliquer une agression ?

Il a reçu des menaces

ou s'est disputé avec quelqu'un ?

Je vois pas, non.

Il était tellement gentil,
tellement passionné.

On va prendre votre déposition.
Noah ?

- Tu prends sa déposition ?
- Je m'en occupe. S'il vous plaît.

Ça va, Mme Chassagne ?

Tout va bien ?

Le tueur devait savoir qu'il serait
seul à ce moment-là, sans témoins.

Et il a été tué
où Van Gogh a failli mourir.

OK, et quoi ?

Et il a été retrouvé
dans une mare de sang, comme lui.

D'accord, allez-y,
car je sens qu'il y a...

Et ça fait beaucoup de coïncidences
quand même, non ?

Le tueur voudrait
dire quelque chose ?

Genre, en faisant ça là,

ce serait une sorte
de truc un peu symbolique ?

Symbolique, oui.

Venez voir.

J'ai trouvé quelque chose en checkant
la boîte mail de Daniel Blanc.

OK, super.

Vous voyez, c'est ça
le petit truc en plus que vous avez.

- Ça date d'hier, d'un mail anonyme.
- "Enfant de salaud".

- Ils font quoi, ses parents ?
- À priori rien. Ils sont morts.

Ah oui.

- On peut retrouver l'expéditeur ?
- Carrément.

- Bon, allez-y.
- Mme Arnaud, s'il vous plaît.

j'ai le droit de savoir
ce qui se passe sur mon plateau.

Bonjour, capitaine Verlay.

Vous tombez bien,
j'ai quelques questions.

Moi d'abord, si ça vous dérange pas.

Est-ce que ce drame a quelque chose
à voir avec mon émission ?

Vous comptez interdire le tournage ?

Moi aussi je suis choquée
par cette mort

mais pas mon banquier
ni mon assureur.

Je comprends,
mais je ne peux rien vous dire.

C'est pas vrai.

- Vous êtes mariés ?
- Comment ?

- Vous êtes mariés ?
- Tous les deux ? Non.

Louer une salle,
engager du personnel,

s'occuper de la déco,
des plans de tables,

vous avez déjà fait ça ?

- Oui.
- Moi, non.

Dites-vous bien qu'un tournage,
c'est beaucoup plus d'emmerdes.

j'aimerais au moins
pouvoir prévenir les beaux-parents,

- parce qu'ils ont tout payé.
- Écoutez,

on va laisser la police scientifique
faire son travail

et je pense que d'ici 24 heures,
ça devrait être bon. OK ?

- OK, merci.
- Adèle ?

Montre le mail.
Madame Arnaud, sauriez-vous

qui aurait envoyé ça à Daniel Blanc ?

"Enfant de salaud" ?

J'en ai aucune idée.

Mme Chassagne
est historienne de l'art

et voudrait avoir
accès aux recherches.

- Voilà ?
- Oui, bien sûr.

Je m'en occupe.

Merci, madame Arnaud.

Vous prévenir les beaux-parents
pour le... Bref.

- Elle est...
- Ouais.

Si un jour vous vous mariez,
vous comprendrez.

Bon, on se remet au boulot ?

Tout à l'heure, j'ai eu l'impression
que vous aviez eu un super feeling.

Je vous laisse chercher, d'accord ?
Hop, hop, hop ?

"Hop, hop, hop..."

Pourquoi l'avoir tué
dans cette chambre ?

Je l'aimais tant, cette maison jaune.

Vous l'avez quittée
pour l'asile de Saint-Rémy.

On voulait plus de moi à Arles.

D'accord, j'avais perdu la raison.

Je m'étais coupé l'oreille.

Mais c'était juste une crise.

On sait pas exactement
ce que vous aviez.

C'était peut-être simplement
une forme d'épilepsie.

Je suis ici, en train de guérir.

Je peins
mes plus grands chefs-d'œuvre.

À cause de leur pétition, j'ai fait
d'autres crises encore plus fortes.

On me chasse de chez moi.

Ils m'ont enfermé dans cet asile.

Attendez.

Attendez.

Mais oui.

C'est évident.

Quoi, alors ?

Merci beaucoup.

Il y a six mois,
Daniel Blanc a publié un article

qui explique les raisons
de l'internement de Van Gogh

à la ville de Saint-Rémy. D'accord ?

C'est une pétition

signée par 30 personnes
qui habitaient son quartier.

C'est d'après cette pétition
que le maire d'Arles

a fait interner Van Gogh.

Et regardez ce qu'il dit
à la fin de l'article.

Il avoue être le descendant
d'un signataire de la pétition.

Et mieux que ça,
le propriétaire de la Maison jaune.

Donc lui, c'est l'enfant,

et le salaud,
c'est son arrière-grand-père.

Voilà, qui a provoqué
l'internement de Van Gogh.

Vous croyez qu'on peut reprocher
aux voisins de Van Gogh

d'avoir eu peur d'un type
capable de se couper une oreille ?

Ils l'ont pas chassé
de la Maison jaune

car ils avaient peur de lui.

Daniel Blanc a identifié
les 30 signataires,

et c'étaient tous
des amis de son aïeul,

le propriétaire de la Maison jaune,

qui avait peur que Van Gogh
ne lui paye pas ses loyers

et qui voulait le remplacer.

- C'est clair ce que je dis ?
- Oui.

Donc, il s'est fait envoyer à l'asile
juste pour une histoire de fric.

Oui, et il s'en est jamais remis.

Certains disent même que sans ça,

il se serait jamais suicidé
un an après être sorti de l'asile.

La fameuse chambre.

Le symbole du paradis perdu.
Après ça,

Van Gogh n'est jamais
retourné à Arles.

Daniel Blanc s'est fait tuer
dans cette chambre

car quelqu'un a voulu venger
un peintre mort il y a 130 ans ?

Exactement.

Mme Chassagne pense
que celui qui a envoyé le mail

fait référence
à l'article de Daniel Blanc.

OK, je vous laisse creuser.

On fera le point
après l'audition des témoins.

- Allez, je prends votre café.
- Je vous suis pas.

C'est Juliette, je reviens.

Oui.

Je vais l'appeler.

Je vais m'en occuper.

OK.

Il faut qu'on lui dise...

Quand mon frère
m'a annoncé son mariage,

j'ai eu l'impression de tout perdre.

J'ai cru que je devenais fou.

Je sais. Vous vous êtes même
coupé l'oreille le soir même.

Si vous permettez,
je vais essayer de pas en arriver là.

Je vais plutôt tenter autre chose.

Capitaine.

- Capitaine.
- Oui ?

Vous pouvez venir avec moi
dans la salle des scellés ?

Oui, si vous voulez.

Madame Chassagne,

vous êtes très gentille,

mais je comprends pas
pourquoi vous voulez

que je retrouve la mémoire
de cette semaine.

Je vis très bien sans.

C'est ce que vous pensez,

mais imaginez qu'on vous dise
qu'on vous a retrouvé

déguisé en reine d'Angleterre
à faire un striptease.

Vous aimeriez bien savoir
si c'était vrai.

Oui, évidemment. Ce serait gênant
si c'était vrai, d'ailleurs.

Donc moi, je vais stimuler

votre mémoire olfactive et visuelle.

Vous savez ce que c'est ?

C'est de la myrrhe.

Qu'est-ce que vous...

Laissez-moi faire, ça va vous aider.

Vous me faites confiance ?

Alors, allez-y.

- Qu'est-ce que...
- Respirez, respirez.

C'est très bien.
Maintenant, regardez la momie.

Mais bien. Fixement. Regardez-la.

Voilà.
Vous avez déjà vu cette momie...

Vous en avez rêvé même.

Un rêve où nous étions tous les deux.

Dans une maison
où ça sentait la myrrhe.

Et c'était bien.

Alors ?

Non, je suis désolé. Rien.

Rien ?

- Il y a rien, il faut pas insister.
- Capitaine ?

- Que se passe-t-il ?
- J'ai eu la femme de Daniel Blanc.

Elle confirme que c'est l'article
sur la pétition qui a tout déclenché.

Attends que je...

Comment elle sait ça ?

Le soir de sa publication,

Blanc a commencé
à recevoir des appels bizarres,

le jour, la nuit.

- Des menaces ?
- Elle sait pas.

Son mari lui a rien dit
pour pas l'inquiéter.

- Tu peux retracer les appels ?
- Je m'en occupe.

Merci.

Bon, ben bravo.

C'est revenu ?

Rien à voir, je vous dis bravo
par rapport à l'article.

est le même
que celui qui lui a envoyé le mail.

Voilà, bravo.

- Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien.

Vous ne me dites jamais "bravo"
quand je trouve un truc.

- Qu'est-ce qui vous prend ?
- Je sais pas. C'est pas bien ?

- Si.
- Alors, profitez-en, pour une fois.

D'un côté, il se souvient pas
du désir qu'il a pour moi,

et de l'autre, il est aimable,
je le reconnais pas.

Il est adorable.

C'est quoi, le truc ?

Le mariage, ça change un homme.

Il a peut-être compris qu'il devait
faire plus attention aux autres.

Tu veux dire
que ça veut pas dire qu'il m'aime.

J'en sais rien, mais c'est pas
parce qu'il a rêvé de toi une fois

qu'il t'aime avec un grand A.

Il y a quand même
une petite différence, non ?

Tu vois, Van Gogh, l'annonce

du mariage de son frère Théo
l'a rendu fou,

et ensuite...

- Il a essayé d'accepter.
- Oui.

C'est la toile qu'il a peinte
pour la naissance du fils de Théo.

Tu as raison.

Je vais laisser tomber, c'est mieux.

Il a jamais été amoureux de moi.

C'est dans ma tête, en fait.

C'est lui.

Allô ?

Non, vous me dérangez pas.

Merci de me le demander
aussi gentiment.

C'est très aimable.

Comment ?

Vous avez retrouvé le type qui
a envoyé le mail "enfant de salaud" ?

OK, oui, j'arrive tout de suite.

Non, Florence.

Je sais,
je dois arrêter de lui courir après.

Je commence demain.

Jonas Kieffer, 22 ans,
étudiant en art.

Vous êtes très actif
sur les réseaux, non ?

Groupes altermondialistes,

anarchistes, anti-capitalistes.

Et aussi
grand admirateur de Van Gogh.

Et alors ?

Vincent symbolise les individus
broyés par le conformisme bourgeois.

Il était du côté des travailleurs,
des petites gens.

Donc, c'est le capitalisme
qui l'a tué, c'est ça ?

On a voulu le punir
parce qu'il était différent.

Parce qu'il rapportait pas de fric.

Il se serait pas suicidé

si on l'avait
pas enfermé dans cet asile.

Alors oui, ce sont les capitalistes
qui l'ont tué.

D'accord.

C'est toi qui as créé
cette petite vidéo ?

"Ils ont tué Van Gogh."
C'est un peu agressif, non ?

Et eux, ils étaient pas agressifs
avec Van Gogh ?

On n'est même plus sûrs
que vous vous soyez suicidé.

Pourquoi être revenu
dans votre chambre d'hôtel

après avoir raté votre suicide ?

Vous aviez la force de marcher
avec une balle dans la poitrine

mais pas celle de vous tirer dessus
une seconde fois ?

Je voulais pas mourir dans le fumier
au milieu de nulle part.

La trajectoire de la balle
va de haut en bas.

Étrange comme position
pour un suicide.

Je...

Je me souviens plus.

On a découvert que vous fréquentiez
une bande de jeunes qui...

aimait beaucoup
manier les armes à feu.

Une fois sorti
de l'asile de Saint-Rémy,

vous êtes parti vous réfugier
à Auvers-sur-Oise.

Le 27 juillet 1890,

on vous a vu sortir de l'auberge
après le déjeuner

et avec votre matériel de peinture.

Vous êtes rentré le soir,

blessé et sans votre matériel.

Personne n'a jamais su ce qui s'était
passé pendant ces cinq heures.

"N'accusez personne.
C'est moi qui ai voulu me suicider."

C'est la phrase que vous avez dite
sur votre lit de mort.

Pourquoi ?

Vous aviez peur
qu'on accuse ces jeunes ?

Ce serait un comble
que Daniel Blanc soit mort

à cause d'une erreur
d'interprétation historique.

Ta source d'inspiration,
c'est l'article de Daniel Blanc ?

Et alors ?

Ce mail : "Enfant de salaud".

C'est le grand capital ou toi
qui l'as envoyé aux descendants

des 30 signataires de la pétition ?

- C'est moi.
- Oui.

Je veux dénoncer les descendants
de ces meurtriers, c'est un crime ?

Non, mais Daniel Blanc
s'est fait tuer hier matin.

Quoi ?

Attendez, vous croyez quand même pas
que je l'ai tué ?

Je sais pas.

Tu l'as harcelé au téléphone.

18 appels en trois jours
jusqu'à 4 heures du matin.

- Mais j'ai jamais fait ça.
- Si, c'est toi, mais tu es malin.

- Tu as acheté un téléphone au black.
- N'importe quoi.

Ça te parle, ça ?

Parce qu'il s'est fait virer
de cette chambre,

l'aïeul de Blanc a aggravé
la maladie de Van Gogh.

Et je pense que c'est pour ça
que tu l'as tué là-bas.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Quoi ?

Le capitaine Mariton
t'a amené tes enfants.

- Merde, j'ai oublié.
- Elle t'attend là-haut.

- OK, tu jettes un œil ?
- Je m'en charge.

Alors, Boucle d'or ?

- Je commence à avoir l'habitude.
- Ça va ?

- À quelle heure tu rentres ?
- Je sais pas, j'ai une grosse opé.

Ça peut durer longtemps.

Dis-moi,

quand vas-tu leur dire
qu'on se marie ?

Ben, là.

Oui. Il faut que je réfléchisse
à ce que je vais leur dire.

- Je peux pas balancer ça comme ça.
- Antoine,

je pense qu'ils sont au courant.

Ils sont pas bêtes.
Ils captent tout à cet âge-là.

Écoute, je vais leur en parler,
je te promets.

C'est juste que bon,
"papa se marie" c'est pas...

Tu vas faire comment
pour les garder ?

- Tu as fini ?
- J'ai encore une audition.

J'ai peut-être une petite idée.

- Bonjour, Juliette.
- Bonjour.

Je vous laisse, hein.

- À ce soir.
- OK.

Ça va, madame Chassagne ?

Je suis confuse, papa,
mais je vais pas pouvoir venir.

Je fais du babysitting.

Non, c'est pas à toi que je parle.
Je te rappelle, papa.

- Ben quoi ? Je me cultive.
- Mais oui, bien sûr.

Tu te cultiveras
quand tu seras plus grand.

- Tu aimes les chevaliers ?
- Oui.

Regarde.

- C'est de la peinture d'or ?
- Oui, tu l'as en vrai au Louvre.

Tu t'intéresses à Van Eyck ?

- Ils disent que c'est un mariage.
- Oui, absolument.

Tu vois, lui,
c'est un riche marchand flamand,

et elle, c'est sa femme.

Elle a une robe verte,
mais c'est son mariage.

Il a l'air triste de se marier,
comme papa.

Comment ça, "comme papa" ?

Juliette est gentille,
mais papa n'est pas amoureux d'elle.

Pourquoi tu dis ça ?

Quand il va au travail,
il lui fait jamais de bisou.

Et à la maison,
on dirait qu'il est triste.

Il croit être heureux avec Juliette,
mais c'est pas vrai.

Ah bon ?

- Mme Chassagne ?
- Oui ?

- Vous venez deux secondes ?
- Oui.

Ça va, les enfants ?

On a vérifié l'alibi de Kieffer,
ça peut pas être lui.

Il a peut-être un complice.

Une sorte de secte
des adorateurs de Van Gogh ?

Les appels anonymes ont commencé
juste après la parution de l'article.

Il y a forcément un lien.

Qui pouvait lui en vouloir
d'écrire ça ?

Il faudrait chercher
du côté des autres descendants.

Oui, peut-être.

Ça vous dérangerait pas
de vous en charger ?

- Pardon ?
- Je suis seul ce soir avec eux,

et comme c'est un peu compliqué
avec mon mariage...

Je comprends.

Pas de problème.

- Ils vous en ont parlé ?
- De quoi ?

"De quoi ?" Du mariage.

Du mariage ? Non, pas du tout.

Vous avez été super sympa
de les garder aujourd'hui,

d'autant plus que je vous lâche
pour le boulot ce soir...

Franchement, vous êtes top.

Je suis top ?

Il serait particulièrement aimable
avec vous ?

Ah oui, avec moi.

D'ailleurs, pourquoi il me parle
à moi de son mariage ?

Je suis pas son amie,
je suis sa collègue.

C'est parce que

vous nous avez jamais vus ensemble.

Quand on est tous les deux, il y a...

Je sais pas,

c'est impalpable,
mais c'est puissant. Enfin...

C'est là, quoi.

Mais il a oublié
qu'il avait eu du désir pour moi

et du coup, je comprends plus rien.

C'est comme s'il avait peur
de vous perdre.

- Inconsciemment, bien sûr.
- Me perdre ?

S'engager avec Juliette
doit contrarier

le désir enfoui qu'il a pour vous.

Comme s'il n'arrivait pas
à renoncer à vous.

Mais oui.

Mais bien sûr,
c'est d'une logique implacable.

- J'avais raison depuis le début.
- Oui, mais vous savez,

rien nous dit que ce désir enfoui
accédera à sa conscience un jour.

Surtout si son désir pour Juliette
est plus fort.

Celle qu'il oublie d'embrasser
quand il part travailler ?

Maintenant qu'on est d'accord
tous les deux,

comment je fais
pour bousiller ce mariage ?

Pardon ?

Donnez-moi un conseil,
au moins une stratégie.

Sinon, je vois pas ce que je fais là.

Ici, vous faites une psychanalyse
avec un psychanalyste.

Pas un gourou
ni un briseur de ménages.

Oui.

Bien sûr.

Bonjour.

Capitaine, je crois
que j'ai trouvé quelque chose...

sur Daniel Blanc,
mais je vais revenir plus tard.

Non, venez, car on a un truc
à vous demander.

À moi ?

Oui ?

Vous préférez quoi ? Bœuf ou poulet ?

- Répondez sans réfléchir.
- Poulet.

Non.

Non, je suis désolée,
excusez-moi, mais c'est pas festif.

Mais c'est justement festif,
le poulet, pour un mariage.

- Tu prends ta cuisse, tu te balades.
- C'est classe.

Alors, je pense que ma présence n'est
d'aucune utilité dans cette pièce.

- Je repasserai plus tard.
- Non, attendez, c'est mon tour.

Vous préférez manger à table
ou faire un buffet ?

- C'est la dernière question.
- On est jamais d'accord. C'est fou.

Buffet.

Ah ouais.

Ah ouais.

D'accord, j'ai compris.
Vous vous êtes parlé, c'est ça ?

- Quoi ? Mais non.
- Je vais lâcher l'affaire.

On va faire buffet poulet,
ça sera très bien.

Et vous, bravo, bien joué,
vous avez failli m'avoir.

Sérieusement.

Non, mais on en...

Au revoir.

On en a pas parlé de ça, du coup ?
Car je sais plus.

Non.

Vous vouliez me parler d'un truc
sur Daniel Blanc ?

Oui.

Regardez ce que j'ai trouvé.

Blanc a identifié les pétitionnaires
pour écrire son article.

Donc, il a dû comparer
les 30 signatures de la pétition

avec toutes les signatures des fiches
d'État civil de la mairie d'Arles,

et ça sur 50 ans.

J'ai vérifié hier.
Ce sont des milliers d'archives,

ça a dû lui prendre
des mois de travail.

Quelqu'un l'a forcément aidé,
sauf que,

dans son article,
il ne mentionne pas d'assistant.

Il remercie personne,
comme s'il l'avait fait tout seul.

Il aurait piqué
les recherches de quelqu'un

- pour son article ?
- Oui.

On peut tuer pour ça ?

Moi, non. Personnellement,
c'est pas mon genre.

Quoique si on me piquait
des mois de recherches,

peut-être qu'il pourrait
passer un sale quart d'heure.

Ça se vérifie. Bon boulot,
madame Chassagne. Bravo.

Merci.

Décrochez, c'est votre père.

- Papa ?
- Florence ?

- Tu vas jamais me croire.
- Quoi ?

Tu as bien rencontré
un présentateur télé,

Julien quelque chose ?

Oui, Quignard, il est témoin
dans une affaire de meurtre.

Il m'a dit qu'il t'avait vue

et que ça lui avait donné
l'idée de m'appeler.

Mais pour quoi faire ?

Pour remplacer l'historien
avec qui il travaillait.

Tu as accepté ?

Pourquoi j'accepterais pas ?
Tu m'en crois pas capable ?

Non. Van Gogh est ton dada,
mais de là à passer à la télé...

Excuse-moi, ma chérie,
mais en tant qu'historien,

je préfère cultiver les gens

plutôt que de jouer à Fantômette
avec un flic inculte.

Oui, je retire ce que j'ai dit,
tu vas être super.

Et je serai pas tout seul, tu sais.

Les techniciens ont remarquablement
reconstitué la Maison jaune.

Comment tu le sais ?

Parce que j'y suis, pardi.

D'ailleurs, je te laisse,
je dois aller au maquillage.

On fait quelques essais.

Au maquillage ?

Tu peux rapporter
les recherches de Daniel Blanc ?

Je vais en avoir besoin pour préparer

la partie sur la mort de Van Gogh
à Auvers-sur-Oise.

Je suis désolée, papa,
mais j'ai rien sur Auvers-sur-Oise.

Si, c'est pas possible, ma chérie.

J'ai rien trouvé ici. C'est forcément
dans ce que tu as récupéré.

- Si, c'est possible, j'ai rien...
- Il faut que je te laisse.

M. Quignard m'attend.

Je lui ai dit que tu te ferais
un plaisir de nous aider.

- À tout à l'heure.
- Attends, papa...

Il a raccroché ?

C'est pas trop tôt.

- Bonjour, vous allez bien ?
- Merci, oui.

C'est le carton
que m'a transmis la productrice.

Et il y a rien
sur la mort de Van Gogh.

Tu es passée à côté, tout simplement.

- Ma fille est très distraite.
- Et mon père est très sympathique.

Il n'y avait pas un autre endroit
où il mettait ses recherches ?

Il m'en a pas parlé.

Je devais le voir aujourd'hui
pour faire le point

sur la deuxième partie de l'émission.

La répète est dans 5 minutes.

Très bien, j'arrive. T'as pas pensé
à mes petits gâteaux bio ?

- Si, les voilà.
- Les petits gâteaux bio.

- Ça va, Madonna ? Tout va bien ?
- Julien, c'est à toi.

OK, je vais sur le plateau.
À tout de suite.

J'essaie juste d'être professionnel.

Je comprends, c'est normal.

Rends-toi utile pour une fois.
Trouve-moi ses recherches.

À vos ordres, caporal.

J'ai épluché les mails de M. Blanc
sur les six derniers mois.

Regarde.
Elle, c'est Christelle Scotto.

Elle lui envoie un premier mail
il y a 6 mois, le 2 décembre.

Elle explique qu'elle a identifié
les 30 noms de la pétition d'Arles.

Elle envoie ses recherches
en toute confiance

et demande à Blanc de l'aider
à publier son travail dans une revue.

Il répond que c'est intéressant,
qu'il verra ce qu'il peut faire.

Un mois plus tard,
elle le relance, pas de réponse.

Deux mois plus tard, même chose.
Toujours pas de réponse.

Et un mois plus tard,
l'article est publié

et les appels anonymes commencent.

Daniel Blanc a piqué
le travail de cette Scotto

et il l'a rayée de la carte.

T'as une adresse ?

C'est mon jour de congé, aujourd'hui.

2h30 de transport en moins,
ça me fait des vacances.

- Je vous en prie.
- Merci.

C'est marrant que vous veniez
nous parler de Daniel

car je disais à Jacques qu'on allait
bientôt le voir passer à la télé.

Il a des problèmes ?

Pour l'instant, je rassemble
juste des informations.

Moi, ça fait bien 10 ans
que j'ai pas vu Daniel.

On se fréquentait surtout
quand on était étudiants et après...

il a continué,
et moi, j'ai très vite arrêté.

Et puis j'ai rencontré Jacques,

alors nos chemins se sont séparés,
comme on dit.

- Vous aimez beaucoup Van Gogh.
- Oui.

Ça, ce sont des vieux trucs,
quand j'essayais d'avoir ma licence.

Mais bon, les examens,
c'était pas pour moi.

Je perdais à chaque fois mes moyens.

- J'ai jamais réussi à m'en séparer.
- Je comprends.

Vous faites encore

des recherches sur l'histoire
de l'art pour le plaisir ?

- Des recherches ?
- Écoutez,

ma femme est caissière
à 20 bornes d'ici.

Vous croyez qu'elle a le temps
de s'amuser avec des artistes ?

Ça vous parle, ça ?

C'est un article de Daniel.

C'est ça ?

Vous l'avez aidé à l'écrire, non ?

Ah non.

C'est bizarre car j'ai

des mails que vous lui avez envoyés
par rapport à ça.

C'est quoi, cette histoire ?

Votre femme a mis des mois
pour écrire cet article

et Daniel Blanc le lui a piqué
pour faire le beau gosse à la télé.

Ça a dû vous énerver, ça, non ?

Et le téléphone qui a servi
à le harceler a été acheté

juste en bas, au coin de la rue.

Bon.

Écoutez, laissez tomber.

J'ai passé les coups de fil
à cet enfoiré.

Christelle n'y est pour rien,

elle s'est juste
fait enfler par un connard.

C'est elle qui devrait
passer à la télé.

D'accord.

Je suppose que vous êtes allé lui
dire en face que c'était un connard.

Je veux dire, un truc musclé
d'homme à homme.

Que voulez-vous dire ?

Daniel Blanc a été assassiné
il y a deux jours.

J'ai rien fait.

Je te jure que j'ai rien fait.

Ces deux autoportraits
ont été peints par Van Gogh

deux ou trois semaines
après s'être coupé l'oreille.

Il se montre tel qu'il est,
affaibli, l'oreille bandée.

C'est un formidable
travail d'introspection,

comme s'il s'interrogeait

sur la nature de la crise aigüe
qui l'a frappé.

Non, non.

J'ai réfléchi.
Je suis désolé, mais ça va pas.

- On va pas faire comme ça.
- Pardon ?

- Coupez.
- Pour parler de la compréhension

que Van Gogh a de sa maladie,
il faut partir de la nature morte.

- Ouais...
- De la nature morte ?

- Pardon.
- Suivez-moi,

on va plutôt
se mettre dans l'atelier.

Vas-y, suis-le.

- Je peux le faire.
- Non, je vais m'en occuper.

- Votre père est un peu...
- Envahissant ?

- Oui.
- Un tout petit peu.

- On va dire ça comme ça.
- Vous verrez, on s'y habitue jamais.

Tenez, poussez-vous un peu.

- Je vais le dire, ce sera mieux.
- Je ne vous gêne pas trop ici ?

Non, très bien.

- Je peux y aller ?
- Ça tourne.

Là, vous avez tout.

Vincent fait tout pour se soigner
et comprendre sa maladie.

Il peint un annuaire de la santé.

Des oignons contre l'insomnie,

une bouteille vide
qui indique qu'il ne boit plus.

Il veut montrer que la flamme
de sa vie n'est pas encore éteinte.

Mais surtout, il y a cette lettre.

C'est une lettre de son frère Théo,

et Vincent l'a reçue
le jour du déclenchement de sa crise.

Et que contient-elle ?

Cette lettre contient
l'annonce du mariage de Théo.

Pour Vincent, c'est un cataclysme.

Il rêve d'installer
une confrérie artistique à Arles.

Or, ce rêve dépend entièrement
du soutien financier de Théo.

Mais avec ce mariage,
avec l'arrivée d'une famille,

Théo aura-t-il toujours
les moyens d'aider son frère ?

Ne serait-il pas en train
d'abandonner Vincent ?

Avec ce tableau,

Vincent cherche à comprendre
les raisons de sa maladie,

mais il cherche aussi, surtout,

à accepter la perte de son rêve

anéanti par ce mariage.

Qu'est-ce que t'en as pensé ?

C'était pas bien ?
J'en ai fait trop ?

Franchement,

t'étais super.

Quignard veut que je parle
de cette théorie idiote

qui affirme que Van Gogh
ne s'est pas suicidé.

Idiote ?

Pourquoi idiote ?

Florence,

la thèse du suicide
est confirmée depuis longtemps

par tous les historiens sérieux.

Il y a pas matière
à faire des recherches

ou une émission de télé.

Mais avoue qu'il y a
des éléments troublants.

Non, écoute, on va pas recommencer
cette discussion, s'il te plaît.

On a même retrouvé le revolver.

Alors, justement,
parlons-en du revolver.

On sait que Van Gogh n'a jamais
touché une arme de toute sa vie.

En revanche, le type
qui a raconté 60 ans plus tard

qu'il narguait Van Gogh, lui,
il les aimait bien, les armes à feu.

C'est grotesque.

Donne-moi ce que t'as trouvé.

Papa, il y a rien
sur Auvers-sur-Oise, rien.

T'es sûre ? Il y a rien là-dedans ?

Non, à part ça.

Ces photos ridicules.

Bravo.

C'est quoi ?

Ça ?

Une clé USB cachée derrière la photo.