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♪ Je m'appelle, tu t'appelles ♪

♪ Qui m'appelle dans le noir
Un jour d'été, un jour d'hiver ♪

♪ Un beau soir par hasard ♪

♪ On s'est croisés, désir, plaisir ♪

♪ On s'est aimés à en mourir ♪

♪ On s'est quittés, fatal, fatal ♪

♪ On s'est regrettés ♪

♪ Ça fait très mal ♪

♪ Brouillard bizarre ♪

♪ Dans nos mémoires ♪

♪ C'est notre histoire, souvenirs ♪

♪ Souvenirs chiffonnés ♪

♪ Amour ♪

♪ Mots d'amour envolés ♪

♪ Baisers ♪

♪ Baisers éparpillés ♪

♪ Signes, signes, signes ♪

♪ Signes particuliers ♪

♪ Petite fille ♪

♪ Abandonnée ♪

♪ Je t'appelle, tu m'appelles ♪

♪ On s'appelle sans espoir
Un jour d'été, un jour d'hiver ♪

♪ Un beau soir par hasard ♪

♪ La page est tournée
Il y a plus d'abonnés ♪

♪ Images effacées, photos déchirées ♪

♪ On fuit le passé qui nous a fait mal ♪

♪ On s'est oubliés ♪

♪ Crois-tu normal ♪

♪ Brouillard bizarre ♪

♪ Dans nos mémoires ♪

♪ C'est notre histoire ♪

♪ Souvenirs ♪

♪ Souvenirs chiffonnés ♪

♪ Amour ♪

♪ Mots d'amour envolés ♪

♪ Baisers ♪

♪ Baisers éparpillés ♪

♪ Signes, signes, signes ♪

♪ Signes particuliers ♪

♪ Petite fille ♪

♪ Abandonnée ♪

♪ Je t'appelle, tu m'écoutes ♪

♪ Tu me parles dans le noir
Tu dis"Mon ange, j'ai eu si peur ♪

♪ "De ne jamais te revoir" ♪

♪ Le goût, la chaleur des baisers passés ♪

♪ J'ai tout essayé pour les oublier ♪

♪ Pour les effacer ♪

♪ Le temps écoulé ♪

♪ N'a pas compté ♪

♪ Laisse-moi t'aimer ♪

♪ Brouillard bizarre ♪

♪ Dans notre histoire ♪

♪ Perd la mémoire ♪

♪ Laisse-moi t'aimer ♪

♪ Brouillard bizarre ♪

♪ Et notre histoire ♪

♪ Perd la mémoire ♪

T'es la meilleure, tu sais, vraiment.

- Et Bernard, il est pas là ?
- Non, il a téléphoné, il ne va pas venir.

Fait chier, il avait promis.

- Allez Charlotte, je t'offre un verre.
- Non, laisse-moi, je veux partir.

Charlotte !

Bonjour,

vous êtes bien chez Bernard Vannier,
je suis absent.

Laissez un message après le bip sonore.

Oh...

Hop là.

Tu m'accompagnes à la porte, ok ?

- Ça va ?
- Hm.

[garçon] Tu rentres quand ?

Ce soir.

Tu travailles toute la journée ?

Toute la journée.

Freddy, tu rentres.

Suivez-le.

Quatre ans, ça fait.

Quatre ans et deux mois.

Oh, c'est tellement compliqué.

Merci.

Ben bois.

Moi, j'ai rien choisi.

- Qu'est-ce que vous foutez ?
- Moi, je suis prêt.

- On reprend.
- C'est l'heure.

- On y va ?
- Oui, j'arrive.

Je tombe mal.

Vas-y, c'est pas grave.

J'en ai encore pour une heure.
Tu peux m'attendre là ?

Oui.

Tu veux ta veste ?

Non, garde-la. Je reviens tout de suite.

Tu bouges pas, Charlie.

Elle est partie, la petite dame.

Elle vous a dit où elle allait ?

Non, elle a juste dit
que vous deviez payer les cognacs.

C'est 24 francs.

Merci.

Bon, Freddy, je t'ai dit mille fois
de pas jouer avec le violon.

Donne-moi ça. Allez.

Ne le grondez pas, Mathieu.
Il est très doué, ce petit.

- Vous allez briser une vocation.
- À table.

Maman, tu veux bien t'occuper de Freddy ?
Il l'a cassé ?

Non, mais il a pas
à jouer avec, c'est tout.

Fallait pas le laisser traîner.

- Il mange comme nous Freddy ?
- Bien sûr.

Au fait, Mathieu, j'ai oublié de te dire.

Quelqu'un a appelé pour toi
tout à l'heure, une femme.

Elle avait l'air de pleurer au téléphone.
Elle a pas voulu laisser son nom.

- Ah !
- Oh, merde.

- Attends, je vais t'aider.
- Décidément... Laisse ça.

- À quelle heure elle a appelé ?
- À 17 h.

- Tu vois pas qui ça peut être ?
- Pas du tout.

Bon, j'emmène ça à l'atelier
et je reviens.

- Je te sers ?
- Oui, je veux bien.

Il y avait rien,
pas d'électricité, pas d'eau.

Excuse-moi.

Je me suis souvenue
qu'on pouvait entrer par le garage.

Faut pas que tu restes là, Charlie.
On va entrer et on dira à Christine que...

Non, je t'en supplie, c'est pas la peine.

Demain, je serai partie.

Christine, c'est ta femme ?

Oui.

Si elle me voit, ça fera des histoires,
faudrait expliquer.

Je peux pas, je suis trop fatiguée.

Bon, je t'ai apporté à manger.

C'est gentil, mais j'ai pas faim.

Ah bon ?

Alors, aspirine,

valium,

temesta.

Temesta.

Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

C'est Bernard.

On s'est disputés, je me suis enfuie.
Je veux pas qu'il me retrouve.

J'avais même pas d'argent
pour aller à l'hôtel.

Merci.

Ça te fait plaisir de me revoir ?

Moyen.

Moyen comment ?

Moyen pas terrible.

Ça remue de drôles de souvenirs.

On en a eu des beaux.

Oui, au début,
et puis après, y en a eu des moches.

Des vraiment moches, tu sais.

Quand t'es partie.

Mathieu.

Embrasse-moi.

Juste pour me dire bonsoir.

Allez, dors.

C'est encore ce qu'il y a de mieux.

T'es sûr que tu veux pas venir ?

Ils vont être déçus.

Quoi ? Y a personne
pour ramasser les balles ?

Qu'il est con.

- Christine.
- Oui ?

Je voulais te dire que...

Mathieu, quand tu seras marié avec maman...

je pourrais t'appeler papa ?

Oui.

Allez.

Au fait,
qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Je me souviens plus,
ça devait pas être important.

- À ce soir.
- Allez, salut.

Viens.

Cher Mathieu...

Cher Mathieu, merci pour tout.

Excuse-moi si je t'ai dérangé.

Adieu

ou à bientôt, qui peut savoir ?

Charlotte.

Salut.

Bonjour.

- Tu veux du café ?
- Oui, je veux bien.

Ça fait longtemps
que tu la connais, Christine ?

Deux ans.

Et qu'est-ce qu'elle fait ?

Elle est prof de maths.

Ah, merde. Y a plus de gaz, dis donc.

Ça fait rien.

C'est marrant, ta mèche.

T'aimes bien ?

On dirait du sang.

Et toi, tu travailles ?

J'ai essayé des trucs.
Maintenant, je chante.

C'est vrai ?

Tu te souviens du Night and Day ?
T'y avais joué autrefois.

Ouais, bien sûr.

J'y suis passée, ça a très bien marché.

Bravo.

Oh, qu'est-ce qu'il y a ?

Rien, j'étouffe.

Tiens, donne.

Tu lui as parlé de moi à Christine ?

Quand ? Là, maintenant ?

Non, je veux dire de moi en général.

Ben évidemment.

On a quand même vécu six ans ensemble.

Tu sais,
je suis très heureux avec Christine.

Et pourtant quand t'es partie,
j'ai failli en crever.

C'est drôle d'avoir envie de crever
pour une fille qui vous aime plus.

C'est qui ?

Oh, merde, c'est ma leçon.

On est tous profs dans la famille.

C'est contagieux. Viens, on va te cacher.

Tu rentres là-dedans.

Non, au fond, au fond.

Tu bouges pas, hein ?

Bonjour, monsieur.

Bonjour, Marie-Cécile.

Alors,
t'as bien travaillé cette semaine ?

[Marie-Cécile] J'ai essayé d'apprendre
le premier mouvement par cœur,

mais il était dur, hein.

Bon, on écoute ça.

Quelque chose est tombée ?

Non, c'est le chat.

[Marie-Cécile] Vous avez un chat ?

On étouffe ici,
on va aller dans la grande maison.

On sera plus au frais.

Je suis bien ici, j'ai pas chaud.

Moi, j'étouffe. Allez, viens, dépêche-toi.

C'est marrant
que t'aimes bien contredire.

[Marie-Cécile] C'est pas ça,
mais on était bien.

Eh ben, c'est très bien, Marie-Cécile.

On se voit dimanche prochain.

- Mais j'ai pas fait l'allégro.
- Ah oui, mais il est midi.

Il est pas midi, il est moins dix.

Bon, alors l'allégro.

Ça y est, tu commences à fouiller partout.

Premiers symptômes d'une guérison rapide.

Je fouille pas, je range.

Regarde.

Dix-neuf ans, 19 ans trois quarts,
20, 21, 22 et demi.

C'est marrant que t'aies gardé tout ça.

Moi, je les ai jetées.

Tu m'étonnes.

Sauf celle-là. On était trop mignons.

J'ai pas réussi à la déchirer.
Tu me la donnes ?

Ben tu l'as déjà.

Je retournerai pas là-bas.

Elle était mariée à un pilote.

- De course ?
- Non, de ligne.

Beau mec,

genre GO, le cliché, quoi.
Une hôtesse à chaque escale.

Puis au bout de deux ans, elle a craqué.

Elle est partie
quand Freddy est né.

J'adore Freddy.

Si j'ai un gosse,
je voudrais qu'il lui ressemble.

C'est le journal d'aujourd'hui ?

Ça t'intéresse pas ce que je te raconte ?

Mais si, ça me passionne. Continue.

Tu l'aimes, Christine ?

Ouais.

Eh ben,
c'est formidable, ça.

Au début, il m'a fascinée.

Il était très brillant.

Il savait me distraire.

Je m'amusais avec lui.

Et petit à petit, je me suis rendu compte
qu'il était étrange.

J'avais l'impression qu'il mentait.

Et moi, je restais.

Peut-être par curiosité.

C'est magnétique,
les gens qui vous échappent.

Et puis...

j'ai voulu chanter.

Il s'en fichait.

Tout ce qui pouvait m'arriver,
il s'en fichait.

C'est pour ça que t'es partie ?

Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?
J'ai tout laissé.

J'ai plus de passeport,
plus d'argent.

- Retourne les chercher.
- Ah, non.

C'est trop dangereux, s'il me voit.

Qu'est-ce que tu veux qu'il te fasse ?
Il va pas te tuer.

- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Non, surtout pas.

Me regarde pas.

Je te connais par cœur.

Non, j'ai changé.

Tu risquerais de me trouver moins belle.

Bon, je t'attends dans le salon.

Vous êtes bien chez Bernard Vannier,
je suis absent.

Laissez un message...

Qu'est-ce que tu fais ?

Rien, rien, je descends.

Me touche pas.

Tu sais que je suis mauvaise.

Va-t'en.

Charlotte, va-t'en.

Va-t'en ! Fous le camp,
je veux plus te voir !

- Il me faut de l'argent.
- Je t'en donnerai.

"Aucun n'en sortira vainqueur,

"mais le combat les laissera
durement éprouvés l'un et l'autre."

Et c'est fini.

Et à demain.

- Tu fais gros dodo.
- Non, j'ai pas envie.

Si, t'as envie de faire gros dodo.

Allez.

À demain.

Bonne nuit.

T'as envie d'aller au cinéma ce soir ?

- Pourquoi, t'es fatigué ?
- Un petit peu, oui.

T'as rien fichu de la journée, t'es crevé,

et moi, j'ai joué au tennis par 40 degrés,
je suis en pleine forme.

- Toi, t'es une femme.
- Je vois pas le rapport.

- Bonsoir, Irène.
- Bonsoir.

Freddy dort déjà,
vous pouvez regarder la télévision.

Si vous avez faim,
fouillez dans le frigidaire.

- Bien, madame.
- Bonne soirée.

- Bonsoir.
- Bonsoir.

Tu viens ?

Qu'est-ce que tu fais ?

Maman, elle aime pas
qu'on fouille dans ses affaires.

Je fouille pas, je jette.

Elles sont très moches, tu comprends ?

Alors ta maman m'a dit
de les mettre à la poubelle.

Allez, viens te recoucher.

Comment tu t'appelles ?

Je suis la grande sœur d'E.T.

C'est vrai ?

Évidemment !

Mais c'est un secret.

Il faut répéter à personne
que tu m'as vue.

C'est promis ?

C'est promis.

Allez.

Dors.

- Au revoir, mon bébé. Tu m'embrasses ?
- Au revoir.

Pourquoi la dame elle a dit
que tes affaires étaient moches ?

Allez, oublie tout ça.

Sois bien sage à l'école.

C'est bizarre que le chien ait pas aboyé.

Tu sais bien qu'il adore les cambrioleurs.

À ce soir.

- Bonjour.
- Bonjour.

Ça va ?

Bonjour.

Je les prends à 16h30, d'accord ?

Ça m'arrange. Vous m'attendez
deux minutes dans le car, j'arrive.

- Salut, Christine !
- Salut, Marie.

Qu'est-ce que tu faisais
dans la maison, hier soir ?

Je m'ennuyais.

J'ai fouillé un peu pour me distraire.

J'ai trouvé ça dans son bureau.

Charlotte, j'en ai par-dessus la tête
de tes histoires !

T'avais qu'à m'emmener dans un hôtel.

T'auras ton argent ce soir.

Tu restes pas
cinq minutes de plus ici, d'accord ?

Génial.

Bon, et Christine n'a cours qu'à 11 h,
tu te montres pas avant.

Promis.

Bon, j'y vais.

Tu seras sage, hein ?

Comme une image.

J'arrive pas à comprendre
pourquoi ils ont embarqué ce ventilateur.

- [Marie-Cécile] Bonjour, madame.
- Bonjour.

Excusez-moi, mais hier,
j'ai oublié mes partitions là-haut.

Dans l'atelier ?
C'est pas grave, je t'accompagne.

T'es sûre que c'est là-haut
que tu l'as oubliée ?

[Marie-Cécile] J'aimerais bien,
mais ça va être dur. Faut travailler.

T'aimes pas travailler ?

[Marie-Cécile] Si, mais...
ça va pas être de la tarte, hein.

Charlie.

Un capital de 1 000 francs

est placé au taux annuel de 5 %.

Un capital de 1 000 francs

est placé au taux annuel de...

Excusez-moi un instant.

Qu'est-ce que tu fous là ?

Je peux te parler maintenant ?

C'est pas vraiment le moment, mais...

Attends-moi dans le préau, là-bas.

Je m'absente un instant,
commencez à travailler. Et pas de chahut !

Alors, qu'est-ce qu'il y a ?

Tu es entrée dans l'atelier ?

- Marie-Cécile avait perdu ses partitions.
- T'as rien remarqué d'anormal ?

Non, rien du tout.

T'es sûre ?

Qu'est-ce qu'il y a, Mathieu ?

Rien, j'ai perdu des trucs importants.
Je voulais savoir si tu les avais vus.

Et c'est pour m'annoncer ça
que tu me déranges en plein cours ?

Je sais pas ce que tu me caches,
mais ça doit être encombrant.

J'espère qu'au moins, tu t'amuses bien.

♪ Souvenirs ♪

♪ Souvenirs chiffonnés ♪

On n'a jamais su
ce qu'il faisait exactement.

Il disait qu'il était journaliste,
qu'il écrivait des polars.

Charlotte avait l'air heureuse avec lui ?

Au début, ouais.

Mais... depuis quelque temps,
ils s'engueulaient souvent.

Enfin, quand il était là parce que lui,
on le voyait pas souvent.

Tu vois, Charlotte,

elle restait là pendant des heures,
à boire toute seule.

C'est pour ça,
un jour, je lui ai dit"Chante."

Je me suis dit
"Ça va lui faire du bien."

D'ailleurs, elle est douée.

Non ?

J'arrive pas à croire
qu'il soit mort comme ça.

Bon, si t'as des nouvelles de Charlotte,
tu m'appelles.

Ah, t'es là ?

Oui, j'ai encore tout ça à corriger.

Tu... Tu dois avoir faim, non ?

Ben, tu parles.

Y a des trucs
dans le frigidaire.

On a volé la voiture de Marie.

- Qui ça ?
- On ne sait pas.

Peut-être la grande sœur de E.T. ?

Pourquoi tu me parles pas, Mathieu ?

De toute façon,
un jour ou l'autre, je le saurai.

Alors, autant que ce soit toi
qui me le dises.

Même si c'est très grave.

Hein ?

C'est Charlotte.

Mais tu crois que c'est elle ?

Tuer un type.

Tu te rends compte ce que c'est
de tuer un type ?

Si elle l'avait fait,
tu l'aurais vu sur sa tête.

Je sais pas si je l'ai vraiment regardée.

Elle m'a pas dit qu'il était mort.

On n'a même pas beaucoup parlé.

T'as couché avec elle ?

Non.

♪ Toute la mode qu'on applaudit ♪
Dans un magazine, spécial mode ♪

♪ Marie-Claire bis ♪

Chez votre marchand de journaux,
le spécial mode, Marie-Claire Bis.

Allô ?

Allô ?

C'est toi ?

Oui.

Où tu es ?

À Chinon.

Mais j'ai plus d'essence.
J'ai peur, Mathieu.

Je suis censé m'occuper de toi ?

T'appelles et j'arrive ?

Mais cette fois, Charlotte,
ça ne marchera pas, j'en ai marre.

Tu peux m'apporter de l'argent ?

Tu es où ?

À Chinon, je t'ai dit.
Près de Tours.

T'as un train qui part à 18 h,
je t'attendrai à la gare.

Tu changes à Saint-Pierre-des-Corps.

Écoute, on frappe, je vais ouvrir.
Tu bouges pas.

Tu tombes à pique toi,
t'aurais pu prévenir.

Ah, ben...

Allô ?

Allô ?

Merde !

Elle s'est taillée, la gonzesse ?

Tu sais que t'es un comique, toi ?

Alors ?

Elle a téléphoné, elle est
à 300 bornes de Paris, sans argent.

Tu vas l'aider ?

Je peux pas la laisser tomber.

Bien sûr.

- Elle est toute seule, Christine.
- Arrête.

Tu reviendras vite ?

T'inquiète pas.

Tire-toi.

Tire-toi !

Comment tu me trouves ?

Je lui ressemble, hein ?

Comme ça,
je vais pouvoir utiliser son passeport.

- Elle a remarqué que je l'avais emporté ?
- Pas encore.

Je te plais pas ?

Si c'est ringard, c'est pas moi,
c'est ce qu'il y avait de mieux.

J'ai piqué la perruque dans un magasin.
Ça m'a pris l'après-midi.

Pourquoi tu m'as pas dit
qu'il était mort ?

Oh, Mathieu, j'ai eu si peur.

J'ai eu si peur.

♪ Souvenirs ♪

♪ Souvenirs chiffonnés ♪

♪ Amour ♪

♪ Mots d'amour, envolés ♪

Depuis quelque temps,
on vivait plus vraiment ensemble.

On se disputait trop,
c'était devenu impossible.

- Tu habitais où ?
- N'importe où. À l'hôtel.

Remarque,
je finissais toujours par rentrer.

Je perdais pas espoir que ça s'arrange.

Et vendredi,
il avait promis de venir m'écouter.

Il est pas venu.

Ça m'a foutu hors de moi.

Je me suis tirée de la boîte.

J'avais envie d'être seule.

J'ai traîné dans Paris
une partie de la nuit.

Et je me suis décidée à lui téléphoner.

Fallait qu'on s'explique.

- Qu'on se parle.
- ... chez Bernard Vannier...

Et je suis tombée
sur le répondeur.

J'ai cru qu'il était sorti.

Alors je suis montée.

En réalité, il était là
avec une espèce de nana, une Américaine.

Tu la connaissais ?

Non, pourquoi ?

Faudrait la retrouver.
Elle a peut-être des choses à raconter.

Je sais même pas son nom.

Continue.

Sors d'ici ! Dégage !

Je me suis mise en colère
comme jamais.

J'ai foutu l'Américaine à la porte
et j'ai vidé mon sac

les mensonges, les cachotteries
continuelles, les mystères,

et moi, toujours toute seule.

Il a essayé de me calmer.

Mais j'étais comme une folle,
je sais pas ce qui m'a pris.

J'ai hurlé,
je l'ai traité de tous les noms.

Et je me suis tirée.

J'ai marché longtemps
pour récupérer mes esprits.

Vers 3 h du matin,
j'étais complètement vidée.

Je pensais plus qu'à une chose, dormir.

Alors je suis retournée chez lui.

Et là, l'horreur.

Il était mort.

Y avait du sang partout.

Et un revolver à côté de lui.

Tu me crois, hein, Mathieu ?

Tu sais, c'est vrai,
c'est pas moi qui l'ai tué.

Même si tu mens, je préfère te croire.

Ça sent bon.

Ça sent la liberté.

Je te rembourserai, tu sais.
Je vais travailler.

Chanteuse, en Espagne,
ça peut toujours marcher.

T'as pas sommeil ?

Non, je réfléchis.

Dis-moi,
on pourrait enquêter de notre côté.

On pourrait trouver l'Américaine
ou des copains à lui.

Non, on n'est pas de taille.

Bernard, tu sais,
naviguait dans des milieux...

Ça serait très dangereux.

Ils l'ont bien tué, lui.

Mais t'inquiète pas, j'ai mon plan.

Demain, on ira à la gare,

après avoir abandonné
la voiture que j'ai empruntée.

On prendra le train.
Chacun dans la direction opposée.

Moi, je passerai la frontière.

Et toi, tu retrouveras Christine.

Et nous,
on s'oubliera très vite, tu verras.

Et si je partais avec toi ?

Pour quoi faire ?

Je t'aime plus, moi.

Rassure-toi, moi non plus, je t'aime plus.

Elle nous avait à la bonne, la patronne.
On aurait pu partir sans payer.

- À quoi ça nous aurait avancés ?
- À rien. Juste pour rigoler.

Passe-moi les clefs.

Tu conduis ? C'est une voiture volée.

Justement, ça m'excite.

Ça me fera des souvenirs à raconter
quand je serai vieux,

à mes petits-enfants.

"Quand j'étais jeune,
j'ai conduit une voiture volée.

- "C'est pas vrai ?"
- "Si, mon gars."

Laisse.

Ça me rappelle des choses.

- Pas toi ?
- Hm...

Voilà ce que ça me rappelle.

Au revoir.

Adieu.

Et merci.

Pour tout.

Bonjour, les enfants.

Bonjour.

- On s'amuse bien ?
- Ouais.

- Comment tu t'appelles ?
- Freddy.

- Et toi ?
- Émilie.

- C'est ton petit frère ?
- Oui.

Tiens, viens voir, Freddy.
On va jouer à un jeu.

Regarde.

- Tu connais ce monsieur ?
- Ouais.

- Et toi, Émilie ?
- Oui.

- Comment il s'appelle ?
- Mathieu.

C'est ton papa ?

Non, c'est Mathieu.

Il habite ici ?

- Oui, mais il est pas là.
- Ah, il est pas là.

- Et la dame, tu sais qui c'est ?
- Non.

Qu'est-ce que vous voulez ?
Laissez les enfants tranquilles.

Bonjour, madame.

Police.

Mademoiselle ?

Allons, réveillez-vous.

- Comment il va ?
- Groggy.

Avec tout ce qu'on lui a donné... Et elle ?

Je comprends pas,
pas moyen de la réveiller.

Pauvre petite mère.

Elle a dû avoir très peur.

Tant qu'elle dort,
elle dit pas de conneries.

C'est malin.

Toi, tout ce que tu dis est intelligent.

Arrête !

[à voix basse] Réveille-toi.
On a assez dormi, c'est fini.

Fiche-moi la paix.

On peut pas rester là, réveille-toi.

Viens, allez.

Fais un effort.

Faut partir, les flics vont arriver.

- Aïe !
- Chut !

- Ça fait mal ?
- Va doucement. Oui, ça fait mal !

Allez.

Tiens, tu vas mettre ça.

Ils m'ont drogué, c'est pas possible.

T'as très mal ?

Je suis complètement dans le potage.

Dans la poche droite de ton pantalon,
y a un peu d'argent.

Donne, merci.

Où tu vas, là ?

Téléphoner à Christine.
Faut qu'elle vienne te chercher.

Si je te laisse,
tu vas encore faire des conneries.

Sois pas bête, Mathieu, t'es blessé.
Comment veux-tu qu'on s'en sorte ?

On rentre à Paris
et on trouve un bon avocat.

Je ferai 20 ans en taule
pour un type qui m'en a fait baver.

Non.

- On n'a plus rien à faire ensemble.
- Si c'était vrai, tu serais pas revenue.

Ok.

Ok.

- Allô ?
- Christine.

C'est toi ? - Oui, on a eu des problèmes.

Ah...

- Un accident avec la bagnole.
- C'est grave ?

La voiture est en miettes et moi,
je me suis déchiré le bras.

Je comprends.

Je suis à l'hôpital, je sors.

Tu sais, on a trouvé une photo
de toi chez le type qui est mort.

Ils sont sûrs que c'est elle.
Ils veulent entendre ta déposition.

Non, mais je peux pas rentrer maintenant.

Mais quand, alors ?

Deux, trois jours peut-être, je sais pas.

- Vous allez faire quoi ?
- Elle veut aller en Espagne.

En Espagne ?

Elle s'accuse complètement
en agissant comme ça.

Il faut qu'elle rentre absolument,
Mathieu.

J'ignore si elle est innocente,
mais faut la mettre à l'abri.

Tu prends vraiment des risques.

Il faut la protéger.

Elle est perdue, tu sais,
un peu comme une enfant.

Tous des malades.

On n'a pas trouvé le plus rapide.

Alors plus je suis loin d'elle,
plus je suis content.

Parce que c'est elle
qui a voulu habiter Lyon.

Moi, ce que j'aime, c'est la mer.
Le bord de la mer.

Les vagues. Hein ?

L'iode, c'est tonique, ça.
Vous trouvez pas ?

C'est vachement tonique, ouais.

Remarquez, attention,
parce que j'aurais pu divorcer,

si je voulais.

Parce que 20 ans de mariage,
c'est 20 ans d'enfer.

Dur, hein.

- Je peux ?
- Ah oui, faites.

Encore, nous, on a pas d'enfants.
Moi, j'en voulais, mais au début.

Elle, non,
parce qu'elle supporte pas les gosses.

Elle a tous les défauts de la terre.

Quand j'y pense,
c'est vraiment une peau de vache.

Oui, mais je la garde.

Parce que je me suis habitué.
Je suis tranquille.

Parce qu'avec une autre, attention.

Avec une autre, ça serait
l'aventure aux quatre coins de la rue.

Je suis représentant de commerce,
je suis pas explorateur.

Vous entendez pas un bruit bizarre ?

- Oh ?
- On a crevé, non ?

Non !

Non, regardez, non.

Attendez, si !

Je vois pas bien, mais ça fume !

- Ça sent le caoutchouc brûlé.
- Ouais.

Hein ?

Désolée, Jojo.

Mais, hé ! Mais ça va pas, ma bagnole !

Revenez ! Ma bagnole !

Tiens, cherche une route
pour reprendre la nationale dix.

La dix, j'ai bien l'impression
qu'on lui tourne le dos.

Je m'en doutais.

Hé ! Ma bagnole !

Oh, ben non alors.

Alors ça !

Alors là, tiens.

Ma bagnole, elle est quand même à moi.

Oh, c'est pas vrai.

Ça, c'est pas vrai.

Ça arrive qu'à moi ça.

Qu'à moi !

Ça arrive qu'à moi, ça.

Hé !

Oh, non ! Mais c'est pas vrai !

Mais ça va pas, oh ! Ma bagnole !

Représentante de farces
et attrapes, c'était un boulot pour moi.

"La grande surprise."

Ah ! Ouh, la vache.

Alors.

Je cherche un pantalon.

Attends.

- Y a déjà le nœud de la cravate.
- Regarde, y'a la complète, là.

T'es superbe.

Encore !

Non, faut ménager l'artiste.

L'artiste qui va pas tarder à mourir
parce qu'il a très mal au bras.

Regarde.

C'est moche.

Il va falloir trouver un toubib,
sinon on va droit à l'infection.

Je m'en voudrais qu'on te coupe le bras.

- Pauvre Mathieu.
- Alors t'es pas si méchante que ça ?

Crois-tu ?

Ouh, ça fait du bien !

On pourrait se baigner ?

- Non, viens t'occuper de moi.
- Tu crois pas ?

Viens t'occuper de moi.

Alors.

On s'est aimés pendant des lustres
et je t'ai jamais rasé.

Ça dépend ce qu'on entend par là.

Salaud ! J'ai de quoi me défendre hein.

Oh non, ça suffit.

Bon, alors dis pas de bêtises.

C'est une créature adorable,

mais il vivait perpétuellement
sous la menace.

Au secours !

Si t'es pas content,
retourne chez ta femme.

- D'accord.
- Non, arrête !

J'ai pas fini.

- Christine, je la trouve pas attirante.
- Ah !

Elle est... un peu trop lisse.

Un peu comme une Golden. Tu vois ?

Mais on te demande pas ton avis,
c'est ma Golden, pas la tienne.

Très juste !

Pourquoi t'es revenue ?

Et toi, pourquoi tu m'aimes ?

Tu connais l'histoire du singe
amoureux d'une banane ?

Non. Et alors ?

Il allait voir son psy, il le payait,

et le lendemain,
il retournait voir sa banane.

Oui ?

Si on se quittait plus cette fois ?

Hein ?

Ça, c'est ton côté kamikaze.

C'est là ?

Ouh !

Dépêche-toi, démarre, vite !

Grouille-toi ! Qu'est-ce que t'attends ?
Je veux pas qu'il me voit.

Dépêche-toi !

Tu peux te relever,
on est sur la route, là.

Tu lui as piqué ?

Mieux que ça !
Je lui ai raconté un bobard.

Fille-mère, seule dans la vie,
enfant malade à l'hôpital.

Ça marche à tous les coups.
En plus, il était hollandais.

Il comprenait rien.

Pourquoi tu l'as suivi
dans le camion ?

Parce qu'il n'avait pas d'argent sur lui,
mon chéri.

Je suis bien contente d'avoir réussi.

C'est bien, non ?

Tu mets ton clignotant ?

On va prendre de l'essence.

T'aurais pas plutôt accepté
un petit marchandage ? Hein ?

Oh, comment ça s'ouvre, ce truc-là ?

Ah, ça y est.

Bon, tu me réponds, oui ?

Un petit marchandage ?

Qu'est-ce que t'entends par là ?

Qu'est-ce qu'on peut faire à un type
dans une bagnole pour 300 balles ?

- T'as une idée ?
- Mais t'es fou !

T'es vraiment fou.

T'en serais peut-être pas capable ?

Vas-y. Passe tes nerfs.

Tu m'as toujours prise
pour une pute, c'est ton fantasme.

Garde-le si tu veux,
mais enfonce-toi bien dans la tête

que j'ai jamais couché pour de l'argent.

Ce soir, c'est une première.

[soupir exaspéré] T'es fatigant, vraiment.

C'est pas ton bras
qui est le plus malade.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Oh, merde, des flics.

Qu'est-ce qu'on fait ? On s'arrête ?

Non, t'es folle. Allez vas-y, fonce.

Oh là là, j'ai dû lui faire vachement mal.

T'inquiète pas,
il est déjà debout.

Ils rappliquent, accélère !

Oh, j'ai peur !

Je vous salue Marie, vous êtes
la meilleure de toutes les femmes.

C'est quoi déjà la suite ?

Tu vois le chemin qui est à droite ?

- Je crois, oui.
- Éteins tes phares.

- Oh, non !
- Éteins tes phares !

Ralentis, on va tourner.

- Oh, non !
- Attention !

J'entends rien, ils nous ont pas suivis.

Qu'est-ce qu'on fait ?

- On marche.
- T'es fou ?

- Si on conduit, ils vont nous coincer.
- Tu crois ?

Affirmatif. Allez, en route.

Y a un bled pas très loin,
j'ai vu un panneau.

On en a pour une petite heure.

- Allez !
- J'ai déjà mal aux pieds !

Allô.

Allô ?

[à voix basse] C'est moi. Charlotte.

- Où est Mathieu ?
- Il est là, il dort.

Il va pas très bien,
il a de la fièvre.

On a eu des ennuis.

On a été obligés d'abandonner la voiture.

Mais où est-ce que vous êtes ?

Dans un hôtel à Barbezieux.

C'est près d'Angoulême.

Christine, je...

Quoi ?

Il nous faudrait de l'argent parce que...

Vous pourriez nous en envoyer ?

Comment ?

Un mandat télégraphique.

À la poste, on l'aurait tout de suite.

Combien il vous faut ?

Je sais pas, ce que vous pourrez.

Allô ?

Allô ?

Oui !

- Vous voulez bien ?

Je le fais vraiment pas pour vous.

Bien sûr.

Alors dites à Mathieu que...

Et puis non, lui dites rien.

Et me remerciez pas.

C'est pas la peine.

- Au revoir.
- Au revoir.

Vous n'avez pas vos papiers,
je ne peux rien faire.

Mais dites-moi si l'argent est là.

C'est le règlement,
je ne peux rien vous dire.

Rendez-moi service, c'est important.

- Ils ont dû arriver cette nuit.
- Je ne crois pas.

Oh, Christine, quelle surprise !

C'est gentil d'être venue,
Michel va être ravi.

Vous avez fait bon voyage ?
C'est génial, il fait un temps magnifique.

On vous a réservé une chambre
dans l'hôtel.

Pourquoi vous êtes venue ?

Cette nuit, juste après avoir raccroché,
j'ai pensé que...

vous ne pourriez pas toucher
de mandat sans papiers.

Je savais pas comment vous joindre.
Mon indication, c'était Barbezieux.

Alors j'ai pris le minicar, et me voilà.

J'ai déjà fait deux hôtels.

J'avais pas de liquide à la maison,
mais si il y a une banque...

Vous manquez pas d'audace, vous.

Je suppose qu'à la circonstance,
c'est un compliment.

Oui.

Eh bien, merci.

Merci encore.

Je vous les rendrai dès que je pourrai.

C'est pas la peine,
je vous les donne volontiers.

Je vais reprendre la route tout de suite.

J'ai laissé mon fils à mes parents
et je veux pas rentrer tard.

Vous avez pas dormi.

C'est pas grave, je boirai du café.

Vous voulez pas prendre une douche ?

Non, je crois que je préfère pas
rentrer dans cet hôtel.

Rangez-les.
Puis achetez-vous des fringues.

Une blouse d'hôpital,
c'est pas très discret.

Ah ! J'oubliais le principal.

Dans votre situation,
dormir à l'hôtel, ça devient...

Alors voilà.

C'est la maison de mes parents.
Ils l'ont achetée y a pas très longtemps.

On...

On devait y passer des vacances
avec Mathieu.

Je vous ai mis un itinéraire.

C'est dans les Landes, près d'un lac.
Vous verrez c'est très joli.

Et puis là-bas,
l'Espagne n'est plus qu'à 100 km.

J'ai pas tué Bernard.

C'est pas moi
qu'il faut convaincre.

Enfin, Mathieu vous protège et...

moi, je le protège, c'est tout.

Il reviendra.

Il est très attaché à vous et à Freddy.

N'en faites pas trop,
s'il vous plaît.

Enfin, tenez-moi au courant
de vos décisions.

Parce que les questions,
c'est à moi que les flics les posent.

Christine !

Elle a pas voulu te voir.

"La maîtresse de Bernard Vannier
a disparu."

Hm, c'est vachement mignon
ce petit truc que je me suis trouvé.

Ah, c'est très mignon.

Tout rouge !

Ça me change.

Elle est bien celle-là aussi.

Elle a une tenue de route impeccable.

Consommation réduite.

Bon, tu sais quoi, je vais aller pisser.

- Tu m'attends, tu bouges pas.
- Je bouge pas.

Attention.

Quelle horreur !

Ça fait vachement peur.

♪ Tes petits souliers vernis ♪

Mathieu !

- Ouais ?
- Regarde, c'est la mer !

C'est beau !

Hop là !

Attends ! Attention !

Je t'aime, Charlotte.

Attention quai numéro quatre,

le train à destination
des gares de Dax, Bayonne,

Hendaye et Irun va partir.

Fermez les portières, s'il vous plaît.

Eh ben, bravo.

Tiens.

- À ta place, j'aurais les jetons.
- Pourquoi ?

Tu voyages avec l'ennemi public numéro un.

J'ai les jetons.

- Où on va ?
- Attends.

On a un petit coin tranquille, là.

Youpi.

"Tu sais, je crois que je t'aime.

"Je vais prendre mon seau, mon balai
et travailler dur pour arriver..."

Mahieu Stéphanie.

C'est un joli nom, Stéphanie.

- Vingt-deux ans.
- Ah, inutilisable.

Pourquoi ?

Vingt-deux ans, tu pourrais être sa mère.

Imbécile.

Ça peut toujours servir.

Et pour moi, on fait comment alors ?

Ne t'inquiète pas, Mimi,
je te laisserai pas tomber.

Regarde.

Il m'a fait un clin d'œil.

Ça doit être par là.

On va faire des provisions.
Il doit rien y avoir dans la maison.

Ah, ouais. Bonne idée.

Emilio !

- Vous appelez ça une épicerie, vous ?
- On peut avoir du pain ?

Non, ça fait gonfler.
Je vous mets des biscottes.

Bonjour.

Voici les savons.

Si vous en prenez deux,
je vous fais cadeau... d'un peigne.

Ben...

Et d'une lime à ongles.

- Dans ce cas-là, d'accord.
- À la bonne heure.

Je les pose là.

Je vais chercher le peigne.

Voilà le peigne.

Merci.

C'est bizarre.
Fernando est là tôt, non ?

Mais si, il avait dit qu'il reviendrait !
J'y vais.

- C'est un ami de ma femme.
- Ah oui ?

Oui, c'est une sorte
de caballero sirviente.

Chevalier servant.

Comment tu vas ?

[femme, en espagnol] Salut, Nando.

Qu'est-ce qu'il dit ?

"On couche avec des vieilles
parce qu'on les croit fidèles,

"mais quand on se réveille,
on finit cocu."

Combien je vous dois ?

Je fais les comptes.

Il vient d'Espagne ?

Oui, mademoiselle,
il fait la route tous les jours.

Dans un sens, puis dans l'autre.

Alors on se rend des petits services.

- T'as pas mal ?
- Mais non.

- T'es sûr ?
- Hm.

Ça doit être là, non ?

Heureusement, j'en peux plus.
J'ai les pieds en bouillie.

En plus, j'ai envie de faire pipi.

C'est vrai.

- T'imagines on entre et y a la police.
- T'es bête, toi.

Entre pas !

Encore un petit baiser avant de mourir.

Tu crois qu'il nous voit ?

Qui ça ?

Bernard.

Si Dieu fait bien son boulot,
il sera aux premières loges.

Allongé sous le traversin.

Arrête, ça me fait peur.

Viens.

Mathieu.

C'est moi qui l'ai tué.

C'est vrai,
on se disputait sans arrêt.

Je le quittais souvent
pour dormir à l'hôtel.

Seule, tranquille.

Et vendredi soir, il avait promis
qu'il viendrait m'écouter chanter.

Il est pas venu.

Je sais pas pourquoi, ça m'a démolie.

J'ai donc téléphoné.

Et je suis tombée sur le répondeur.

Je suis montée.

La maison était vide.

J'ai attendu.

J'ai fouillé dans ses affaires.

Y avait rien de compromettant.
Je le savais.

Je fouillais souvent.

Seulement cette nuit-là,
en ouvrant un tiroir,

j'ai trouvé un revolver
enveloppé dans un chiffon.

J'en avais jamais vu de ma vie.

Je savais même pas qu'il en avait un.

Il est rentré à ce moment-là
avec la petite Américaine.

Évidemment, on s'est engueulés.

J'ai fichu la fille à la porte.

D'ailleurs, elle est partie tout de suite.
Sans insister.

On a continué à s'injurier,
puis à se battre.

On était fous.

Fous.

J'ai pris le revolver sur la table,
il a voulu me l'arracher,

le coup est parti tout seul.

Enfin, je crois.

Il est tombé.

Tu te rends compte ?

Je l'ai tué.

J'ai été capable de ça.

Et puis après, comme une automate,

j'ai fait les gestes
que j'avais vus au cinéma.

Essuyer l'arme,

ranger, fermer l'appartement.

Puis je suis venue chez toi,
la seule personne qui pouvait m'aider.

Et quand je t'ai vu, j'ai...

[à voix basse] C'est fini, Charlie.

Madame est servie.

Ça va, t'as dormi un peu ?

Ouais.

Bon, tu manges, hein.
Il faut prendre des forces.

Le plus dur reste à faire,
on va partir très vite.

Dès ce soir.

Tiens.

Je t'aime.

- Même après cette nuit ?
- Surtout.

Parce que maintenant,
j'ai l'impression que tu l'as...

Enfin je veux dire, machin...

c'est un peu à cause de moi que tu l'as...

C'était un accident, Mathieu.

Oui, ben disons que je me sens
complice d'un accident.

J'ai le droit, non ?

♪ Mots d'amour, oubliés ♪

♪ Baisers ♪

♪ Baisers éparpillés ♪

♪ Signes, signes ♪

Bon. - ♪ Signes, signes ♪

Bon, ça s'arrange pas. Tiens. - ♪ Signes particuliers ♪

Alors j'ai pas trouvé grand-chose.

C'est bien du 37, toi ?

Hm.

Et puis des fringues.

Voilà.

- Ça va ?
- Oui...

Tu lis pas ?

Je sais ce qu'il y a dedans.

Alors...

- Et puis...
- Et puis ?

Et puis on est bien.

On se croirait sur une île.

Là-bas, sur la terre ferme,
tout le monde s'agite.

Ici, le temps s'est arrêté.

Quel jour on est ?

Euh, vendredi.

Je suis un tout petit bébé

et tu me berces.

Tu me berces.

On pourrait prendre un bateau,

et on irait tout là-bas,
tout au bout de l'horizon.

Qu'est-ce qu'il y a là-bas ?

L'Amérique.

L'été prochain, on le passera
tous les deux en Amérique.

Ok ?

♪ Petite fille ♪

♪ Abandonnée ♪

Ah, le Freddy ! Oh, qu'il est lourd !

Oh, dis donc !

Mais t'as grandi, toi !

En trois jours, ça m'étonnerait.
Viens, Freddy.

- Bonjour.
- Bonjour.

On a pris un avion et un taxi.

Il fallait que je vous vois.

Toute seule, je peux plus faire face.

Bon, on va prendre un café.

Un monsieur comme ça, il a une barbe.

Fais voir un peu.

Mais t'as perdu ta dent, toi.

- Elle est passée la petite souris ?
- Ouais.

Tu rentres à Paris avec nous ?

Non, écoute,
il va falloir être très gentil avec maman.

Parce que tu sais, Freddy,

peut-être qu'on se reverra plus.

Enfin, plus tout de suite.

Je vais être obligé de partir.

Mais je vais penser très fort
à toi, tout le temps.

Un témoin s'est manifesté.

Une vieille voisine.

Sa fenêtre donne sur la terrasse
de l'appartement où...

Enfin bref, elle croit vous avoir vue.

Si vous êtes innocente,
vous devez absolument rentrer, sinon...

Qu'est-ce qu'il y a, mon chéri ?

Il trouve que vous ressemblez
à la grande sœur de E.T.

T'es très physionomiste, c'est très bien.

Ça veut dire quoi
"physionomiste" ?

Bon, Christine, faut que je te parle.
Mais pas devant eux, viens.

- Je vous le laisse un moment ?
- Hm.

Alors ?

Alors elle est décidée,
elle veut passer la frontière.

Et toi ?

Tu vas partir avec elle ?

Ouais.

Et les flics ?

Eh ben, tu pourras leur dire la vérité.

Elle a avoué ?

- Mais non ! Enfin, peu importe.
- J'en étais sûre.

Tu dis que je me suis enfui
avec elle pour que...

- Et j'irai en taule pour complicité !
- Mais non, tu risques rien, toi.

Tu es étrangère à cette histoire.

Étrangère, oui.

T'as trouvé le mot juste.

Excuse-moi.

C'est fou, tout ça.

Tu me quittes pour une fille
que t'as toujours connue,

qui t'en a fait bavé à un point,
qui a peut-être tué un type.

Moi, je comprends pas.

Quelque chose me pousse vers elle,
je peux pas t'expliquer.

Je me sens responsable,
j'ai l'impression que sans moi, elle...

Peut-être que tu l'aimes.

Tout simplement.

Allez, viens.

Maintenant qu'on a construit le bateau,
tu vas t'asseoir là. Oups.

Tu m'attends, je vais chercher un bassin,

pour le faire flotter.

- D'accord ?
- D'accord.

Enfin, tu peux pas tout laisser tomber
en cinq minutes.

Et Freddy, t'y as pensé ?

Écoute, rentrons, ils nous attendent.

Tu veux déjà plus me parler ?

Mais les mots,
ça n'arrangera rien, tu sais bien.

Embrasse-moi alors.

Embrasse-moi.

- Freddy ?
- Charlotte ?

Où est Charlotte ?

Par là.

Elle est partie ? Elle t'a laissé seul ?

Oui, parce que je joue, moi.

Elle est gonflée, on lui confie Freddy
et dès qu'on a le dos tourné...

Regarde ce qu'elle m'a donné.

Elle est gentille la dame.

C'est joli, ça brille.

Où elle est ?

Vous êtes encore là, vous ?
La petite m'a dit que vous étiez à Paris.

Où elle est ? Vous l'avez vue ?

Dans le camion avec Fernando.
Ils ont parlementé et il l'a emmenée.

Où ça ?

Est-ce que je sais, moi ?
Là où le soleil brille.

Elle vous a donc laissé tomber ?

Oh !

Oh !

Oh !

Ah !

Oh.

C'est le troisième, là.

T'es sûr ?

Avance Freddy, s'il te plaît.

- Je t'appelle samedi, en fin de journée.
- Fin de journée, oui.

- Je serai à la plage.
- Vers 18 h.

Vas-y, monte là-dedans.

Allez.

Va-t'en, vite !

Je le connais, c'est mon cousin, Mattéo.

Bonjour, cousin !

C'est mon mari.

Bonjour, comment allez-vous ?

Bonjour.

Bonjour, cousine.

Tu vas bien ?

Ça va, ouais.

Je t'écrirai !

- T'habites toujours à la même adresse ?
- Ouais.

- T'as épousé Christine ?
- Oui.

Tu vois, je te l'avais dit.

- Où tu vas là ?
- En Espagne.

♪ Souvenirs ♪

♪ Souvenirs chiffonnés ♪

♪ Amour ♪

♪ Mots d'amour, envolés ♪

♪ Baisers ♪

♪ Baisers éparpillés ♪

♪ Signes, signes, signes ♪

♪ Signes particuliers ♪

♪ Petite fille ♪

♪ Abandonnée ♪

♪ Je m'appelle, tu t'appelles ♪

♪ Qui m'appelle dans le noir
Un jour d'été, un jour d'hiver ♪

♪ Un beau soir par hasard ♪

♪ On s'est croisés, désir, plaisir ♪

♪ On s'est aimés à en mourir ♪

♪ On s'est quittés, fatal, fatal ♪

♪ On s'est regrettés ♪

♪ Ça fait très mal ♪

♪ Brouillard bizarre ♪

♪ Dans nos mémoires ♪

♪ C'est notre histoire, souvenirs ♪

♪ Souvenirs chiffonnés ♪

♪ Amour ♪

♪ Mots d'amour envolés ♪

♪ Baisers ♪

♪ Baisers éparpillés ♪

♪ Signes, signes, signes ♪

♪ Signes particuliers ♪

♪ Petite fille ♪

♪ Abandonnée ♪