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Ceci est une fiction � propos
de l'�crivain Samuel Dashiell Hammett,

qui, selon les mots de l'un
de ses glorieux contemporains,

tira le genre policier
de sa torpeur pour le rendre

� ceux qui s'y connaissent vraiment.

Le genre policier en fut
� jamais chang�.

De Dieu.

Les perles �taient assur�es
pour 100.000,

quand le voleur a propos�
de les vendre pour 5,

la compagnie d'assurance
s'est adress�e � nous.

Il n'y avait qu'un seul hic.

Le voleur insistait
pour qu'une femme fasse l'interm�diaire.

Le vieux sugg�ra Sue Alabama,

qui avait travaill� pour nous
quelques ann�es auparavant.

Quand il me demanda mon avis,

je dis qu'elle me semblait parfaite.

�a arr�tera un chaton,
si t'as de la chance.

�a stoppera un tigre,
si on sait s'en servir.

Son vrai nom n'�tait pas
Sue Alabama.

C'�tait Sue et un nom grec
impronon�able,

mais on l'appelait tous Alabama,
alors elle l'avait chang� en '25.

Juste apr�s qu'elle et moi
pr�mes Nowhere Nickelton

au Biltmore � L.A.

Elle l'amor�a,
et je suivis pour le nettoyage.

Le sexe �tait � peu pr�s
tout ce dont Sue Alabama avait besoin.

Elle l'utilisait un peu
comme certains utilisent un black-jack.

Je pense toujours qu'elle �tait
la meilleure associ�e que j'aie eue.

- Cinq mille balles ?
- Dans la poche int�rieure.

Il lui fallait une main pour l'argent
et l'autre pour le flingue.

Il n'�tait pas assez bon
pour g�rer les deux.

Si ce n'est pas Pen Pal Morrison.
Salut, Pen Pal.

- Au moins tu n'as pas touch� l'argent.
- Ce n'�tait pas le but.

Je ne l'imagine pas pr�cautionneux.

Il n'a jamais utilis� que l'U.S. Mail.

Extorsion.

C'est pour �a qu'ils l'ont parqu�
� Atlanta pour trois ans.

Peut-�tre qu'il est devenu ambitieux.

Peut-�tre bien.

- Pas de perles, alors ?
- Pas de perles.

C'�tait un joli vol, c'est tout.
� deux doigts de l'extorsion.

O� voulais-tu les �couler, � Chicago ?

Cincinnati.

Si tu les veux toujours,
tu vas devoir utiliser ce p�tard.

Donne-moi deux heures.

- Pourquoi ?
- En souvenir du bon vieux temps.

Je t'en donne une.

OK, une.

Je ne lui ai pas donn� une heure,
bien s�r. Pas m�me 15 minutes.

Il l'attrapa � Union Station,
un billet pour Chicago dans son sac.

J'�tais presque navr�
qu'elle n'y f�t pas arriv�e.

En '26, Sue Alabama et moi
avons failli nous marier.

Je pense que c'est aussi bien
qu'on ne l'ait pas fait.

Ryan.

Merde, Ryan.

- James Francis Xavier Ryan.
- Lui-m�me.

Regarde-toi, fiston,
tu es plus blanc que moi.

- J'ai une vie saine.
- Toujours tubard ?

Bien s�r. Presque, en tout cas.

- T'as soif ?
- Toujours.

J'ai regard� �a en attendant.

Son nom n'�tait pas Sue Alabama,
mais Betty Philadelphia,

et je l'avais �pous�e,
manque de chance.

- T'as eu de ses nouvelles ?
- Et toi de la tienne ?

- Une question litt�raire ?
- Vas-y.

Je serais l�, assis � rien faire,

je prendrais l'un de ces romans de gare
pour voir s'il y a une histoire.

Lorsqu'il y en a une, c'est
toujours � propos d'un vieux renard

qui a deux, trois longueurs d'avance
sur tous les autres.

Comment se fait-il
qu'il n'ait pas de nom ?

Ils sont durs � trouver ?

Je sais �crire des noms.

Foxfire McCabe,

Bitsy Glass, Joe Pickles.

- Tu crois que c'est toi ?
- C'est le cas, je le sais.

Il fait tout ce que je faisais.

Je ne sais pas si je dois
me sentir flatt� ou embarrass�.

Qu'est-ce qui t'am�ne en ville ?

C'est ce dont je voulais parler.
Une histoire de personne disparue.

- Qui ?
- Une jeune Chinoise.

D'environ 16 � 17 ans, jolie.

Elle s'appelle Crystal, Crystal Ling.

J'ai besoin d'aide, Sam.

- Tu connais ce patelin, moi pas.
- J'ai arr�t�.

Si t'y entres, t'en sors jamais.
Je parie que t'es toujours curieux.

Je t'ai bien form�.

Je parie que tu lis
le courrier des autres,

tu fouilles dans leurs m�dicaments,
tu �coutes aux portes.

Quand je marche dans la rue,
tu sais ce que je regarde ?

Lobes d'oreille, nez, sourcils.
Les cicatrices, s'il y en a.

Tu vois ce que je veux dire ?

Oui, mais tu essayes
de les mettre en prison,

moi, j'essaye de les mettre
dans un magazine.

Comme dit, j'ai besoin d'aide, Sam.
Et sp�cialement � Chinatown.

- Sers-moi de couverture.
- Laisse tomber.

Je ne tra�ne plus avec les flics.
Pas dans cette ville.

- Allons chercher � boire.
- Deux secondes.

Je vais d'abord
te raconter une histoire.

Tu aimes �a, les histoires, non ?
�videmment.

Il semblerait que ce vieux renard
soit all� dans un endroit nomm�

Butte, dans le Montana.

Il a un partenaire, un gosse envoy�
par l'agence. Blanc comme neige.

Ils finissent par se retrouver
dans la merde.

Le vieux prend du plomb dans l'�paule,

qui �tait destin�
� l'�il gauche du gosse.

Le jeune promit au vieux

qu'� propos de n'importe quoi,
n'importe quand, n'importe o�,

il n'avait qu'� lui faire signe.

Tu te souviens de cette histoire.

N'importe o�, n'importe quand,
c'est maintenant, Hammett.

J'en appelle � ta promesse.

Allons chercher ce whisky.

Salut, voisin.
Tu me donnerais un verre d'alcool ?

Salut, Kit. J'ai plus rien.

Oh, pardon. Je ne savais pas
que tu avais de la visite.

- Mlle Conger, M. Ryan.
- Enchant�.

Kit a une librairie au centre-ville.
On sort pour poster �a.

- Je vais te ramener � boire.
- OK, je te donne de l'argent.

D'o� venez-vous, M. Ryan ?

De Baltimore, Birmingham, Butte,
c'est comme vous voulez.

- D'une ville commen�ant par B.
- Je me suis arr�t� � Biloxi.

Ta nouvelle histoire se d�roule
dans l'une de ces villes, Sam ?

- Peut-�tre, peut-�tre pas.
- J'ai pens� � Baltimore.

- Tu as fait une copie ?
- Non.

Un de ces jours...

C'est ce que vous portez
� la librairie ?

C'est ce que j'ai en dessous
de ce que je porte � la librairie.

- Vous n'en aviez jamais vu ?
- Deux fois, trois peut-�tre.

Quatre, en comptant
la contorsionniste rousse de Yakima.

- Un beau petit lot.
- Oui, tr�s.

- Tu as quitt� Pinkerton.
- Oui, il y a trois ou quatre ans.

Beaucoup de boulot, peu de pognon.
�a rapporte l'�criture ?

- Un penny par mot.
- �cris un million de mots, et bingo.

- Genre Guerre et Paix.
- Je te rapporte du gin.

C'est pour les vieilles dames.
Ram�ne plut�t du Scotch.

De Dieu, t'as l'air rupin.

Quelque chose entre
un bootlegger et un banquier.

J'ai ma propre agence � Tacoma.

Y a beaucoup de divorces � Tacoma.

Pas �tonnant.
Il y pleut 350 jours par an.

Ta ville est comment,
libre et facile ?

- Ouais, c'est �a en gros.
- Qui la dirige ?

Les m�mes qui dirigent ailleurs.

Les flics, les escrocs
et les gros riches, hein ?

Qui d'autre ?

- O� �a ?
- Un peu � ta droite,

six m�tres en arri�re.
J'aimerais bien le perdre.

- Tu sais encore comment on fait ?
- Oui, je devrais m'en souvenir.

En spirale ou en dispersion ?

En spirale.

On dirait que je t'ai appris
quelque chose, finalement.

Tu sais qui me rappelle
ce petit voyou ?

- Qui ?
- Tu te souviens de Blacky Marbles ?

- T'as raison !
- Attends, je dois poster �a.

- Plus tard.
- Attends deux secondes, hein ?

Allez, on se bouge.

�a va ?

Oui. Si on se perd de vue,
rendez-vous au Cookies'.

- C'est quoi, un bouge ?
- Oui, t'as qu'� demander.

- J'ai perdu mon manuscrit.
- Viens.

Par piti�, allons-y.
Sortons d'ici.

- Que s'est-il pass� ?
- Mon manuscrit !

Vous avez vu o� est pass� le gros type ?

- Le type au chapeau.
- � l'arri�re.

Le marin, tu as vu un gros type
passer par l� ?

Non, monsieur, j'ai vu personne,
mais tr�s jolie, vous voulez jolie...

une tr�s jolie.

- Vous aimez les jolies filles ?
- Monsieur, moi pas ch�re ?

Non, merci. J'essaye d'arr�ter.

Ma fille travaille avec moi.

Monsieur, monsieur !
Vous avez le temps ?

Deux dollars ?

Un dollar ?

Jimmy !

Salut, Tom.

Samuel.

Je vois que tu n'es pas regardant
sur tes fr�quentations.

C'est du travail, �a nourrit.

- Salut, O'Mara.
- Que fais-tu dans le taudis ?

Je suis l� avec l'un de mes amis,
mais il semble s'�tre perdu.

Qu'offres-tu pour lui,
une r�compense de cinq centimes ?

- Pour vous, O'Mara, ce sera 10.
- J'aurais pris les 5, Samuel.

C'est pas vraiment ton quartier,
n'est-ce pas, Hammett ?

Je ne savais pas que vous teniez
Chinatown sous contr�le.

Ce n'est pas le cas, mais je pense
que ce serait une sacr�e bonne id�e.

Tu es s�r de n'avoir pas vu mon ami ?
Un type d'environ 50 ans.

1 m�tre 80, v�tu d'un pardessus brun
avec un col de velours.

- �l�gant.
- Rien vu de tel.

Et que ferait ton �l�gant ami
dans les parages ?

- Il cherche une jeune Chinoise.
- N'est-ce pas ce qu'on cherche tous ?

- Ton ami est un priv� ?
- Peut-�tre.

- Il y aurait peut-�tre un peu de...
- Peut-�tre, on sait jamais.

- Qu'en penses-tu, Tom ?
- C'est vous qui voyez, lieutenant.

Qui est la fille ?

Elle s'appelle Crystal Ling.

Je vais te dire, Hammett,

je n'ai jamais entendu parler
d'une chinetoque de ce nom-l�.

Si tu �tais � moiti� malin,
tu n'en aurais jamais entendu parler.

Et ton �l�gant ami
au col de velours,

s'il a la moiti� de ta malignit�,
ce qui en ferait le quart d'un malin,

il n'en aurait jamais
entendu parler non plus.

Eh bien, si c'est pas
un beau "laisse tomber", �a !

Rentre chez toi et
tape � la machine, Hammett.

Samuel, c'est un bon conseil.

- C'est quoi le probl�me ?
- Comment allez-vous ?

Dites, vous �tes Dashiell Hammett,
n'est-ce pas ?

- C'est sur mon certificat de naissance.
- Je suis l'un de vos grands fans.

- Je suis �galement �crivain.
- Oh, vraiment ?

Journaliste. Salt, Gary Salt.

J'ai ador� Dead Yellow Women...

Je parie que vous me suiviez
dans cette ruelle

- pour avoir mon autographe ?
- Eh bien, non. En fait, bon,

le type qui �tait avec vous avant...

- Jimmy Ryan ?
- C'est �a, M. Hammett.

- Que lui voulez-vous ?
- J'ai quelque chose pour lui.

Vraiment ? C'est int�ressant.

Il est s�rement au Cookies'.
Venez, je vais vous pr�senter.

Tr�s bien.
Merci, M. Hammett.

C'est o� le prochain ?

Venez, Salt.

Je l'emp�cherai de vous faire du mal.

- Salut, Sam.
- Salut, Mike.

Je dirais : "Je ne veux pas entendre
ces conneries. D�gage."

� la place, j'ai dit :
"Prenons un verre."

- Salut, Helen.
- Comment va, Sam ?

- Oh, d�sol�.
- Pardon.

- Buddy, �a roule ?
- Tu viens bien tard ce soir, non ?

Je crois.

Je cherche un de mes potes.

Pardessus en poil de chameau,
chapeau brun, environ 1 m�tre 80.

Personne n'est venu ce soir,
� part les habitu�s.

- Merci quand m�me.
- Ce sera quoi, mon pote ?

Rien, merci.

Il n'est pas l�.

Vous en faites pas, il sera l�.

Faites-vous du bien,
dites-moi ce que vous lui voulez.

�a a un rapport avec Chinatown.

Ma femme m'a quitt�.
Elle est partie, comme �a.

Je travaille sur une affaire,
en ind�pendant.

Comme je l'ai dit,
je travaillais sur cette affaire

depuis un bon moment, c'est � propos
d'une Chinoise qui a disparu...

Pardon.

Oh, d�sol�, j'ai cru que vous �tiez
un ami, un ancien coll�gue du cirque.

- Bonne soir�e.
- C'est bien, c'est bien.

- Salut, Sid.
- Comment va, Sam ?

Un excentrique avec un n�ud papillon.
Tu as vu o� il est pass� ?

L'est pas l�.

Excellente couverture le journal, gamin.
J'adore �a.

J'ai connu un gars qui
se d�guisait en bouche d'incendie.

�videmment, il avait
un petit probl�me avec les chiens.

Je vais te dire, je vais rentrer
pour dormir un peu.

Laisse tomber le cirage de tes pompes
et prends un taxi.

Il y a une superbe porte coch�re
en face de chez moi.

Tu peux y rester toute la nuit.

- Emm�ne un bon bouquin.
- Fais faire ton portrait, connard.

Ta maman te reconna�tra plus
quand j'en aurai fini avec toi.

� plus tard, fiston.

Au fait,
ton journal est � l'envers.

�a n'a rien � voir avec la chance, Pop,
tu te rappelles ?

- Salut, Sam.
- Salut, Mike. Comment va Crystal ?

Tr�s bien.
Le b�b� porte ton nom : Samantha.

Extra.

� la tienne, Sam.

Dans le cornet.

Tu m'interroges pas
� propos de ton dernier r�cit ?

Il est arriv� ce matin.

- C'est du bon boulot, Samuel.
- Heureux que �a t'ait plu, Pop.

Sam, Sam, Sam.

Foley va gagner
� coup s�r contre ce tocard.

Parie sur Mickey Walker.

- C'est un pari d�bile, Mike.
- La cote est � 8 contre 5.

- Le pari malin, c'est Pulaski.
- Combien tu mets ?

- Je mets 50 sur Pulaski.
- C'est not�, Sam.

Oh, t'as d�rap�.

Voyons ce dont tu es capable.

C'est bon.

� quoi tu joues ?
Personne ne me fait �a.

Personne.
Tu viens de faire une grosse erreur.

Je vais te soigner, connard.

Je dis :
"On leur trouvera quelque chose".

Comment dis-tu :
"Je te l'avais bien dit" ?

Essaye.

- J'ai perdu mon manuscrit.
- Je te l'avais bien dit.

Que comptes-tu faire ?
Le r��crire ?

Je vais en �crire un meilleur.

C'�tait une soir�e bien remplie.

J'ai perdu Jimmy Ryan en chemin.

Il est peut-�tre chez toi.

Jimmy ?

L'agence et moi t'avons sorti
de la rue, Hammett.

On t'a � peu pr�s appris
tout ce que tu sais.

Je t'ai appris la surveillance,
la couverture,

m�me comment mentir.

�a m'a pris des ann�es � apprendre �a,

et je te l'ai enseign� pour rien.

Toi, tu prends �a et tu le vends
dans un magazine minable.

1 et 2 et 3...

5 et 6 et 7...

5 et 6 et 7...

Quoi encore ?

- Que voulez-vous, Salt ?
- Je peux entrer un instant ?

Salt, j'ai une histoire
� rendre pour avant-hier,

alors ne tournez pas autour du pot.

En fait,
je ne suis pas vraiment �crivain.

Je rassemble des ragots
pour le Post & Call.

J'essayais d'�crire
une vraie histoire, pour une fois.

� propos de l'esclavage � Chinatown,
des filles de 12-13 ans

mises au bordel
� peine descendues du bateau.

Bon, je l'ai rencontr�e l�.
Crystal. Regardez.

- Elle n'est pas belle ?
- Si, elle est belle.

- Elle est tr�s belle, et alors ?
- Plein de gens veulent lui parler.

J'aimerais aussi lui parler.
Pourquoi tout le monde est-il int�ress�

- par cette jeune Chinoise ?
- Dites � votre ami de me la rendre.

La rendre ?
Qu'essayez-vous de me dire, Salt ?

C'est tout ce que je peux dire.
J'ai d�j� tellement d'ennuis...

Dites � Ryan que s'il n'y prend pas
garde, il pourrait y laisser sa peau.

Et dites-lui que je suis s�rieux.

C'est l'Ouest sauvage, hein ?

- All�.
- Sam, c'est moi.

- Ryan, o� diable es-tu ?
- J'ai des ennuis.

Regarde dans le dictionnaire,
ton gros dictionnaire.

Je ne peux pas parler, l�.
Je dois trouver cette fille.

Extra.

Et je commence par o� ?

Je pourrais avoir une autre copie
du Chronicle du 3 janvier ?

- �a vient tout de suite, Sam.
- Merci, Hank.

Il faut r�gler �a.

"M. Callaghan �tait un �minent
repr�sentant des affaires locales...

"Revers financier r�cent.
D�courag�.

"Selon le porte-parole de la famille
l'avocat E. Hagedorn."

Eddie Hagedorn, l'Anglais.

J'aimerais...

- �crire une chanson sur toi.
- Bonjour.

- Salut.
- Vous vous souvenez de moi ?

- Helen.
- Elizabeth.

- Le soir de No�l 1924.
- Exact. Je suis mari�e maintenant.

- F�licitations.
- Merci.

Lee, o� irais-tu � Chinatown

pour trouver une fille
qui s'est enfuie du bordel ?

Il n'y a qu'un endroit.

La maison de la mission
sur Sacramento Street.

Oui, puis-je vous aider ?

Enchant�. Je suis Peter Collinson
du Chronicle.

Je d�sirerais parler
� Mlle Cameron, s'il vous pla�t.

- Vous �tes reporter pour la presse ?
- Oui Mme, pour le Chronicle.

J'�cris un article sur
les trafics humains dans le quartier.

J'ai un probl�me,
mais vous pourriez peut-�tre m'aider.

Nous avons des difficult�s � retrouver
une source de premi�re importance.

Qui "nous", M. Collinson ?

Ce n'est pas Fong Wei Tau,
quand m�me ?

Attendez.
Je sais qui c'est, mais c'est tout.

Votre source est venue
en pleine nuit avec rien de plus

que ses habits sur le dos,
folle de peur.

Elle ne m'a confess� que
son �vasion de chez Fong.

Fong a pay� $5.000 pour elle
lorsqu'elle a �t� amen�e ici

en provenance de Chine, � 12 ans.

Cinq mille dollars !

Pour pouvoir vendre son corps
dans son bordel.

Si elle est attrap�e,
sa vie sera fichue, n'est-ce pas ?

Vous savez o� elle se trouve ?

Un jeune homme a r�ussi
� s'introduire ici et l'a emmen�e.

Je ne me pardonnerai jamais
d'avoir �t� absente ce jour-l�.

Merci, c'est extra.

Si je trouve quelque chose,
je vous tiendrai au courant.

De rien, M. Hammett.

Je vis � San Francisco
depuis 1895, jeune homme.

Je sais � peu pr�s
tout ce qui s'y passe.

Oui, madame.
J'aurais d� m'en douter.

Eli.

- On va o�, Hammett ?
- � la morgue.

- Les affaires reprennent ?
- On peut dire �a.

Je me suis inqui�t� un moment.

J'ai cru que tu devenais
presque respectable, comme moi.

- Entrez.
- Salut, doc. C'est la retraite ?

J'ai 13 gosses, Hammett.

C'est jamais la retraite
quand on a 13 gosses.

D�j� entendu parler
d'un docteur avec 13 gosses ?

J'�tais s�r d'avoir appris
votre retraite.

J'ai appris
que vous aviez arr�t� de boire.

On se trompe tous les deux, alors.

Vous savez quel est mon probl�me ?

Je suis � moiti� honn�te
dans un monde � 90 % malhonn�te.

- Quel est votre probl�me ?
- Le suicide.

Mon conseil : n'h�sitez pas.

Pas le mien, celui de C.F. Callaghan.

C'est amusant.

Un type m'a pos� la m�me question
la semaine derni�re.

Il avait un beau pardessus brun.

Et un chapeau assorti.
Il �tait plein aux as.

Vous �tes riche, Hammett ?

Non.

�a fait longtemps,
nous deux, non ?

- Assez.
- Cette affaire Concord en '21.

Ce n'�tait pas avec moi, doc.
Et Callaghan ?

Vous �tes s�r de ne pas avoir d'argent
comme l'autre type ?

Certain.

- Vous savez quoi ?
- Quoi ?

C'est une sale affaire.

Comme je l'ai dit,
c'est un cas int�ressant.

Le type s'est frapp� la t�te
� l'aide d'un objet contondant,

puis s'est perc� un trou de .38
dans le c�ur.

C'�tait peut-�tre dans l'ordre inverse.

Le suicide...

- est souvent fascinant.
- En effet.

Crystal Ling, c'est �a ?

Ne fermez-vous jamais
votre porte, M. Hammett ?

Pourquoi pas ?
Il n'y a rien de pr�cieux.

- On ne sait jamais qui peut entrer.
- C'est vrai.

En vous attendant,
je me sentais en s�curit�.

Prot�g�e.

Tout est si masculin ici.

Prot�g�e de quoi ?

De votre ami, M. Ryan.

Que savez-vous de Ryan et moi ?

Vous �tiez ensemble � Chinatown,
la nuit derni�re.

Rien n'y passe inaper�u.

Voudriez-vous dire � M. Ryan
d'arr�ter de me chercher ?

Je ne suis pas perdue.

Qu'en est-il de Salt ?
Gary Salt.

Il semblait penser �galement
que vous �tiez perdue ou � la d�rive.

Salt.

C'est un vilain petit homme.

Il est v�nal.
Il est pire que Fong Wei Tau.

Non, ce n'est pas vrai.

Personne n'est pire que Fong,
pas m�me Salt.

Pourquoi venir chez moi ?

� Chinatown,
vous avez la r�putation d'�tre gentil,

d'�tre un homme juste.

Je suis venue parce que j'ai besoin
d'un endroit s�r pour quelques heures,

pas plus de huit.

J'ai besoin d'un refuge.

Si vous m'aidez,

- je pourrai...
- Faire quoi ?

Tout. Tout ce que vous voulez.

Ouais, j'en suis convaincu.

Il faudra d'abord
faire quelque chose pour moi.

Apr�s tout,
je suis un homme gentil et juste.

Tout.

Absolument tout.

Parlez-moi de vous et C.F. Callaghan.

Je ne peux pas.

Pourquoi pas ?

- J'�tais l� quand elle l'a tu�.
- Qui �a, "elle" ?

- Sa femme.
- Oh, Mme Callaghan.

Je me suis enfuie et...

- Ensuite, la police est venue et...
- A conclu au suicide.

Suicide.

Que diable faisiez-vous l�-bas ?

Eh bien, vous voyez,
M. Callaghan m'avait achet�e.

Il m'a rachet�e � Fong.

En voil� une histoire, petite.

C'est vrai, M. Hammett.

C'est la triste, l'horrible v�rit�.

Vous devez comprendre,
j'�tais une pute.

Une pute tr�s habile.

Jusqu'� ma rencontre avec le Christ,
mon R�dempteur.

� la mission ?

Oui, � la mission.

On m'a fait faire

de ces choses.

Je devrais y aller.

M. Hammett, puis-je rester ?

Bien s�r, verrouillez la porte,
n'ouvrez � personne

et ne r�pondez pas au t�l�phone.
Je reviendrai plus tard.

- J'�tais si faible.
- Oui, je vous crois.

Alors, c'est comment
les merveilles de l'Orient ?

Je l'ai vue monter.

- C'est un service que je dois � Ryan.
- Bien s�r, Sam. Tu m'�tonnes.

�coute, je connais un flic
un peu girouette,

mais � peu pr�s honn�te.
Il s'appelle Bradford.

Tom Bradford.

Si je ne suis pas rentr� � l'heure
o� tu partiras travailler demain,

appelle-le et dis-lui
de me chercher chez Fong.

- C'est tout, chez Fong ?
- Il comprendra.

C'est bien.

Et pour le chou � la cr�me, l�-haut ?

- Ne t'approche pas d'elle.
- Pourquoi, elle attire les ennuis ?

C'est une catastrophe.

H� !

Craps, roulette, black-jack ?

Je veux voir Fong.
Je serai � la table de black-jack.

- Deux dollars en jeu.
- La table de la chance pour tous.

C'est �a, la carte ?

OK. Change pour monsieur.
Quelqu'un d'autre ?

Oui.

Faites vos jeux.

La banque a un as.
Des cartes ?

La banque a 21.

Vous, venez avec moi.

M. Hammett, je suis honor�.
Votre r�putation vous pr�c�de.

Ah oui ?
J'en ai entendu sur vous aussi.

Vraiment ? Pourriez-vous
en venir � ce qui vous am�ne ?

Je me demandais si l'un de mes amis
�tait venu ici, Jimmy Ryan.

Ryan ? Jimmy Ryan.

J'ai entendu dire
que vous aviez une amie commune,

une fille �patante
qui s'appelle Crystal.

Il y a un peu trop de monde ici.

Venez par ici, je vous prie.

Faites vos jeux.
Tout le monde gagne ici.

Tr�s joli. Simple mais �l�gant.

J'aime vos toiles.

Votre ami Jimmy est venu.

En fait, il est toujours l�.

Appr�ciant mon hospitalit�
pendant que je consid�re sa proposition.

Quel genre de proposition ?

Crystal, avez-vous dit ?

Un travail tr�s int�ressant,
M. Hammett.

Ma premi�re rencontre
avec le genre policier.

Est-ce de la fiction pure,

ou vous inspirez-vous de la vie r�elle ?

De la vie r�elle, Fong.

Je serais ravi de vous montrer
mes po�mes un jour,

mais si �a ne vous ennuie pas,
j'aimerais r�cup�rer �a.

M. Hammett, le bon sens vous dicterait
d'�couter attentivement.

Votre travail vous a peut-�tre
fait perdre le sens des r�alit�s.

Vous verrez que je suis
de moins bonne composition

que vos bandits de papier.

Dans ce cas, je vais prendre cong�.

Merci pour le th�.

Vous ne semblez pas comprendre qu'il
m'est important de parler � cette dame.

Ne soyez pas stupide,
dites-moi o� elle se trouve.

Bien s�r.

Vous pers�v�rez dans la sottise ?

Allez au diable.

La r�sistance physique ne fait pas
partie du m�tier d'�crivain, mon ami.

Souvenez-vous vite de Crystal

et �pargnez-vous
toutes ces humiliations.

Tu crois que t'y arriveras, petit gars ?

Oh, merde.

Pourquoi �a peut pas �tre des araign�es
g�antes et des �l�phants roses ?

Et c'est cens� �tre quoi ?

�a ressemble � quoi ?
C'est un bordel mexicain.

C'est toi qui l'as choisi, merde.

Ah oui ?

Je t'avais dit
qu'il ne se souviendrait pas.

C'est �a, fiston.

C'est ici qu'ils font
leurs gros profits.

Le G�n�ral Calaveras et sa clique.

Vingt caisses de Springfield '03

pour 85.000 dollars argent mexicains.

Tu te souviens, maintenant ?

Il va falloir
que tu te d�brouilles sans lui.

Et t'�tais cens� me couvrir.

Tu parles d'une couverture !

Qui es-tu ?

Merde.

O� sommes-nous ?

O� m'emm�nes-tu ?

Joli petit diable.

Allez. Non.

Non, merci.

La paix.

- Ryan, qu'est-ce que tu fais l� ?
- Soul�ve la grille, fiston.

- C'est verrouill� ?
- Pourquoi �a le serait ?

Je ne peux pas l'atteindre.

Donne-moi la main.

Que s'est-il pass� ?

La discussion a pris un ton aigre.

- Un peu aigre, c'est tout.
- Je m'en doute.

Fichons le camp.

Ne bougez pas.

En selle.

- Attention en bas !
- Descendons.

Allez, vous deux, en avant.

C'est dommage
que ta copine nous ait appel�s.

J'aurais pu te sortir d'ici
dans une bo�te.

Montez.

- Vous �tes le fameux Jimmy Ryan ?
- Oui, je suis Ryan.

Vous et moi, mon gars,

on va avoir une petite discussion,
montez.

Tu sais ce qui t'est arriv�,
Ryan ? Tu perds pied,

tes nerfs l�chent,
ton cerveau se ramollit.

Et quelle fut ma seule erreur ?
J'ai eu piti� de toi.

Personne ne doit avoir piti� de Jimmy.

Pourquoi ne pas commencer
par ce stupide appel t�l�phonique

� propos du dictionnaire
et m'expliquer un peu ?

Tu joues � quoi ? Un joli chantage,
une petite extorsion peut-�tre ?

Tu ne sais pas � quoi rimait cet appel ?

Toi, le grand �crivain policier.

C'�tait un indice,
imb�cile de fils de pute.

Ils ont �t� apr�s toi,
et je me suis occup� de mon affaire.

D'accord, Hammett.

On recommence.

Pourquoi as-tu recherch�
Crystal Ling dans toute la ville ?

Je ne l'ai pas cherch�e
dans toute la ville.

Tu as demand� � Tom et moi, � Fong.

Tu as m�me essay� de nous corrompre,
Tom et moi.

Dieu m'est t�moin, il n'a pas essay�
de nous corrompre, Tom ?

Si Dieu est t�moin, lieutenant,
il a essay� de nous corrompre.

Qu'est-ce que tu fais en rentrant
chez toi le soir, Tom, tu vomis ?

Je bois, Samuel.
Je bois �norm�ment, ensuite je vomis.

Ryan dit que tu es son interm�diaire.

- Il ment ! L�chez-moi.
- Qu'est-ce que tu racontes ?

Allez.

Allez.

O� �tais-tu � 3 h 13
ce matin, Hammett ?

Je vous l'ai dit. J'�tais chez Fong.
Pourquoi ?

Parce que c'est � cette heure-l�
que �a s'est produit.

Je ne sais pas de quoi vous parlez.

C'est bon, emm�ne-le en bas,
montre-lui et fous-le dehors.

Viens, Samuel.

Crystal Ling.

Elle y a eu droit � 3 h 13 exactement.

C'�tait au bout de la ligne
du trolley n�19.

Le m�canicien et le conducteur venaient
tous deux de regarder leur montre

- quand ils l'ont entendue crier.
- Combien de fois ?

A-t-elle cri� ?

Juste une fois.

- Qu'est-il arriv� � son visage ?
- Il est bien amoch�, hein ?

Ils ont trouv� une batte de baseball
pr�s du corps.

On l'a frapp�e � la t�te neuf fois,
peut-�tre dix.

Elle a �t� agress�e sexuellement ?

On n'a pas encore fait l'examen,
mais je le crois volontiers.

On n'a pas encore fini, Samuel.

Je crois que j'ai compris.

�a suffit.

�a suffit, nom de Dieu.

O� avez-vous eu �a ?

�a a fait le tour des cin�mas
clandestins, ces trois derniers mois.

Qui l'a r�alis� ?

On pensait que tu nous le dirais.

Moi ? Tu te trompes de type.
Tu devrais parler...

Tu fouinais autour d'elle, Samuel,
tu nous as rendus curieux.

- Qu'avez-vous fait de Ryan ?
- On l'a laiss� partir.

Vraiment ? Extra.
Je vais faire la m�me chose.

Samuel.

- Tu veux prendre un verre avant ?
- J'en aurais besoin apr�s tout �a.

Diable, M. Hammett,
vous avez mauvaise mine.

D�gage, Salt. Je suis claqu�.

J'ai appris que Ryan et vous
aviez �t� embarqu�s.

Leur a-t-il dit quelque chose
� propos de Crystal ?

Que leur aurait-il dit
� propos de Crystal ?

Par exemple, que leur dirais-tu
� propos de Crystal ?

Bon Dieu, M. Hammett.
Vous m'avez compris.

Regarde. �a va �tre le plus long
pont suspendu du monde.

Les magouilles qui l'accompagnent
battront aussi le record du monde.

Superbe.

Oui, c'est superbe.

J'esp�re �tre encore en vie
pour voir �a.

Salt, j'en ai marre d'�tre trait�
comme l'idiot du village.

Supposons...

Supposons que je te frappe
jusqu'� la syncope

� moins d'obtenir
quelques r�ponses claires.

C'est toi qui as �loign� Crystal
de Mme Cameron, non ?

- Non.
- Elle �tait bien en fuite,

mais ce n'�tait pas � cause
d'une affaire louche, hein ?

Crystal est morte, Salt.

Elle est couch�e
avec un drap sur la t�te.

- Va demander aux flics !
- C'est bien, il doit...

Salut, Hank. Comment va ?

O� as-tu �t� tra�ner, fiston ?

Bon Dieu, Sam. On dirait qu'un chat
s'est balad� sur toi.

- Que s'est-il pass� ?
- Laisse tomber.

- Tu ne me croirais pas.
- Tu prends un verre ?

Non, j'aimerais quelque chose
� emporter.

- Je suis � sec.
- OK.

La sp�ciale.

Je la gardais
pour ton mariage.

La chance.

Oh, M. Hammett,
que vous est-il arriv� ?

- J'ai gliss� sur une peau de banane.
- Oh, je suis navr�e.

45, 50, 55, 60, 65,
70, 75, 80, 85, 90,

95, 100.
Pr�ts ou pas, j'arrive.

Ils sont l�-haut ?

Bon Dieu.

Je ne sais pas lequel est le pire,
toi ou �a.

T'en fais pas pour le sang,
c'est s�rement celui d'un poulet.

- Un quoi ?
- Ou un canard.

Ou c'est peut-�tre un autre suicide.

En tout cas,
c'est juste un avertissement.

Peut-�tre le 3�me ou le 4�me,
je ne me souviens plus tr�s bien.

- Un avertissement pour quoi ?
- Pour laisser tomber.

�a a commenc� avec Ryan.
Apr�s Ryan, �a a �t� Gary Salt,

apr�s Salt, les flics,
et apr�s les flics, Crystal Ling.

Un, deux, trois.

Ryan a fil�, Crystal est sur le point
d'�tre enterr�e par les flics.

- Il ne reste que Gary Salt.
- Qui est Gary Salt ?

Un type qui a mis� 50 centimes
sur le 777, jeudi dernier.

- Les nombres.
- Juste.

Tu as devin� qu'il jouait.
Que signifient ces noms pour toi ?

Herson, Chamblers, Norsette,
Creal, Michaelson, Dorn...

De l'argent. Plein. Six des hommes
les plus riches de San Francisco.

Encore juste.
Serais-tu assez folle, mon ange,

- pour user tes semelles ?
- � faire quoi ?

� rechercher Gary Salt.

Qui es-tu l�,
Hammett l'�crivain

- ou Hammett le d�tective ?
- Il ne reste qu'Hammett l'idiot.

Quel g�chis.

Kit, voici Eli,
le dernier ponte de l'IWW.

- Vous �tes vraiment un Wobbly ?
- Non, c'est ce que dit Hammett.

Je suis une esp�ce d'anarchiste
aux tendances syndicalistes.

Eli, qui utilise des billets roses ?

Probablement Frank Nester
dans le quartier de la vieille mission.

Il a un kiosque � journaux.

Allons bavarder avec lui.

Tu ne m'avais pas dit
que tu �tais briseur de gr�ves

- quand tu travaillais chez Pinkerton ?
- Si. C'est pourquoi je suis parti.

Je ne fais que mon travail.
Voudriez-vous...

Le plein.

626.

Merci.

T'as perdu, mon vieux.

- Je cherche celui qui l'a achet�.
- Mais oui, bien s�r.

- T'es flic ?
- Et elle ?

On ne l'oublie pas facilement.

Le studio en haut des escaliers,
elle y passait r�guli�rement.

Merci.

- Elle a des ennuis ?
- Peut-�tre.

- Les filles comme elle,
- Reste dans le coin, Eli.

elles vivent d'ennuis.

Quelle belle d�charge.

On cherche quoi ?

Si je le savais.

On trouvera peut-�tre ton manuscrit.

Je sais o� il se trouve, celui-l�.

Dommage que tu n'aies pas pu le lire.

L'un des personnages
devrait t'�tre familier.

Une fille ?

Peut-�tre.

Ses yeux �taient trop rapproch�s
pour lui faire confiance,

mais assez �cart�s
pour qu'elle soit belle.

Comment t'as devin� ?

Parce que tous tes personnages
f�minins sont comme �a.

Pourquoi tes femmes n'ont-elles jamais
des yeux semblables � des lacs perdus ?

Parce que tout le monde �crit �a,
ch�rie.

Regarde �a :
"James Ryan, $100 d'honoraires."

�a date du 27.

Il y a une semaine.

Le gros client de Jimmy Ryan,
Gary Salt.

- Il a achet� Ryan pour 100 balles.
- Ce doit �tre la chambre � coucher.

Encore bien devin�.

Ma grand-m�re avait un lit
m�tallique de ce genre-l�.

Oh, elle y cachait
ses vieilles lettres d'amour.

Elle pensait le secret bien gard�,

mais mes fr�res et moi
lisions les lettres.

Ta grand-m�re.
Comment va cette vieille Lizzy ?

Je dois lui �crire.

Oh, regarde,
il y a quelque chose � l'int�rieur.

Qu'est-ce que c'est ?

Avance, b�b�.
On y est presque.

Je ne les ai pas, je te dis.
Je le jure.

Hagedorn dit que tu les as,
�a me suffit largement.

- Hagedorn se trompe.
- Hagedorn ne se trompe jamais, b�b�.

Jamais.

- Tu fais jamais de march� ?
- Je ne fais pas de march�, b�b�,

tu devrais le savoir maintenant.

- Je peux te mettre dans le coup.
- Non.

- Tu peux avoir ma part.
- J'ai dit non.

- Je veux ce que je suis venu chercher.
- Mais je ne les ai pas.

- Tu ferais bien de les trouver.
- On peut discuter, non ?

On a assez discut�.

Dans la chambre, ver de terre.

Je les veux maintenant, mon pote.
Pas demain, ni apr�s-demain.

Je ne les ai plus.

- Je le jure devant Dieu, je ne les...
- Il te reste cinq secondes.

Un,

- deux...
- Non.

- Quatre.
- Pour l'amour de Dieu !

Bon, �coute...

Cinq.

Ne sois pas b�te. L�che-la.

Encore un pas, b�b�,
et elle s'en ira,

mais lentement,
tr�s lentement.

L�che-la, j'ai dit.

Allez. Ce vieux truc ?

Ah oui ? Tente ta chance.

Tr�s bient�t. Je vais te rayer

- de ma liste tr�s bient�t.
- Pourquoi pas maintenant, bordel ?

Qu'est-ce qui se passe ?

Toujours sur le sentier de guerre.
D'o� vient cette artillerie, Eli ?

Tu devrais la mettre sur roues.

Il faut se prot�ger
quand on est taxi � Frisco.

C'est San Francisco.

Je suis taxi ici, madame.
C'est Frisco pour moi.

L'enveloppe.
Qu'y a-t-il dans l'enveloppe, Kit ?

Je ne sais pas, je n'ai pas regard�.

T'es un sacr� d�tective, ch�rie.

Tu les reconnais ?

- Les six de la liste ?
- Ouais.

Et Salt est mort.

On ne devrait pas appeler la police ?
Faire quelque chose de l�gal ?

On va d'abord te d�poser, mon ange.

Tu appelles les flics,
et je vais voir Hagedorn.

Je dis quoi � la police ?

Dis-leur que tu sais
o� trouver un autre corps,

que ce n'est pas un suicide,
et pas de noms.

Tiens.

- Mets �a en s�ret�.
- Tu connais des gens bien.

O� est ton arme ?

Dans le tiroir du haut de mon bureau.

T'as besoin d'une bonne cl� anglaise ?

- Plut�t rupin.
- Ouais.

�a va �tre long ?

Jamais trop court, jamais trop long.
Pourquoi ?

C'est ce qu'ils disent tous.
Je suis humain,

- je veux savoir ce qui se passe.
- Je ne t'en veux pas.

Tout le monde veut
savoir ce qui se passe.

On va tra�ner un peu ici,
et on rentrera. �a marche ?

�a marche.

Qui est l� ?

Si vous ne voulez pas
un gros trou dans le bide,

sortez de l�, les mains en l'air.

H�, tu as $50 ?

Du calme, fiston.

H�, tu as $50 ?

Allez. On dirait qu'Eddie
va avoir besoin d'un nouveau gars.

Un gosse lui a pris �a,
mais il me l'a rendu.

Fils de pute,
je vais t'�trangler avec tes boyaux.

Les gens perdent leurs dents pour avoir
parl� comme �a. Y a quoi l�-dedans ?

Entre.

Comment allez-vous, M. Hagedorn ?

J'ai pens� que nous devrions avoir
une petite discussion.

En effet, monsieur.

Vous avez un avantage sur moi,
je le crains.

C'est quoi l'histoire
entre vous et Jimmy Ryan ?

Je crois qu'on va tr�s bien s'entendre.

J'aime les gens directs.

Vous avez un style tr�s persuasif.

Manquant peut-�tre de finesse,
mais la politesse n'est pas tout.

� qui ai-je l'honneur ?

Sam Hammett.

Samuel Dashiell Hammett.

Un ancien de chez Pinkerton.
Et maintenant ?

Le ma�tre du mot � un penny.

- Vous vous enrichissez ?
- On se d�brouille.

Comme nous tous.

De quoi allons-nous parler ?

De votre porte-flingue, pourquoi
me suit-il dans toute la ville ?

- Il me trouve beau ou quoi ?
- Porte-flingue ?

Quel bel usage de la langue, monsieur.

Vous connaissez le synonyme
de porte-flingue, bien entendu ?

P�d�raste, eff�min�, tante, minet.

Au fait, vous ne devriez pas
le laisser porter �a.

Un signe de faiblesse.
Pourquoi me suit-il ?

Nous cherchons M. Ryan, en fait,

que nous croyons �tre en possession
d'une certaine information

- utile � ma cliente...
- Mme Callaghan,

dont feu le mari s'est suicid�,
en quelque sorte.

Pourquoi Callaghan s'est-il suicid�,
si c'est bien vrai ?

Il �tait d�truit.
Financi�rement, je veux dire.

� cause de quoi,
alcool, femmes, jeu ?

De mauvaises intuitions
quant au march�.

Le march� s'est envol�,
il n'a pas assur� ses arri�res.

Je vois. Et � propos de Callaghan
et Crystal Ling ? Feue Crystal Ling.

Alors, quoi ?

J'ai cru comprendre
qu'il l'avait rachet�e � Fong.

Ma parole, monsieur,
vous avez eu affaire � des menteurs.

On dirait.

Crystal �tait comme une fille
pour les Callaghan.

Je suis s�r qu'ils ont eu quelques
merveilleux repas du dimanche.

N'importe, ils sont morts tous les deux.

L'une assassin�e, l'autre suicid�.
D'apr�s les flics.

Il y a un troisi�me corps � la morgue
qui pourrait vous int�resser.

Pas un suicid�, un vrai assassin�,
avec t�moin.

- Puis-je demander qui ?
- Gary Salt.

- Salt ?
- Le petit pornographe.

- Assassin�, vous dites ?
- Refroidi,

par votre petit ami.
Il a d� �tre un peu impatient

lorsqu'il cherchait les photos cochonnes
ou peut-�tre qu'il aime �a.

Tout ce que je sais, c'est qu'il a fait
un trou dans la poitrine de Salt.

Oh, mon Dieu.

Je devais vous chercher, M. Hammett.

Mes clients ne m'auraient
jamais pardonn�.

Vous comprenez.

�videmment.

Mon Winston me manquera,
M. Hammett.

Pas � moi.

Nous �tions ensemble depuis longtemps,
tr�s longtemps.

On se comprenait.

Mais en tant que membre du barreau,
j'ai mes obligations.

- Qui appelez-vous ?
- Les autorit�s comp�tentes.

- Qui feront quoi ?
- Qui r�gleront tout, �videmment.

- Juste comme �a ?
- Oui, M. Hammett, juste comme �a.

- Vous �tes un original, Hagedorn.
- La porte d'entr�e est � gauche.

Merci.

Ouvre, Samuel.

- Je suis au t�l�phone.
- D�p�che.

Kit ?

- Quoi ?
- Mon avocat, c'est Jim Welch,

il est dans l'annuaire.
Appelle-le d�s que je serai sorti.

Je n'aime pas ta nouvelle carri�re.

�a a failli me faire tuer hier soir.

Et pour quoi ? R�ponds, petit malin.
Qu'avais-je � y gagner ?

Une planque dans un taudis,
des relations sexuelles.

- Des relations sexuelles, au moins.
- Je suis s�rieuse.

�coute, tu es venue
parce que je te l'ai demand�.

Parce que tu savais
qu'il n'y avait personne d'autre.

Du calme, Tom.

- Salut, Tom. Quel bon vent ?
- Je t'avais dit de laisser tomber.

- C'est vrai.
- On y va.

Me demande pas o�,
ne discute pas,

parce que sinon,
je te mettrai les bracelets.

Eh bien, tu ferais bien
de me les mettre.

Et voil�.

Samuel, � partir de maintenant,
tu es tout seul.

Que Dieu te vienne en aide.

Merci.

Que je sois maudit.

Bienvenue, M. Hammett.

Nous avons grand besoin de vous,
monsieur.

Vous connaissez M. Fong
et le lieutenant O'Mara, bien s�r.

Les autres messieurs, je...

Je peux faire les pr�sentations,
Hagedorn, merci.

Voyons voir, import-export, c'est �a ?

Vous, c'est Little Miss Muffet,
pas vrai ?

Les assurances,

et votre pr�f�rence allait
� Little Bo Peep.

Les chemins de fer de grand-papa,
si je me souviens bien.

Cendrillon. Un peu vieille, non ?
Ben, mon cochon.

Vous, c'est le sucre. Peut-�tre
la moiti� du sucre de la plan�te.

Voyons. La petite fille � son papa,
je dirais, mais je peux me tromper.

Vous, c'est le p�trole.

C'�tait le p�trole de M. Rockefeller.
Maintenant, c'est le v�tre.

La reine de la 6�me, ou du CM2.
Du CM1, peut-�tre.

Et puis quoi,
vous �tes vraiment tr�s riche.

Vous pr�sidez des �uvres de charit�,
�tes influent dans le sens des r�formes.

Et vous aimez... voyons voir.

On dirait la petite fille
aux allumettes.

- M. Hammett, je dois...
- La ferme, Hagedorn,

voyons si je peux imaginer la suite.
�a a d� commencer...

- M. Hammett, je dois vous dire...
- Laissez-le parler.

Vous faites un sacr� duo, vous deux.

Tout a commenc� lors d'une soir�e,
une soir�e tr�s priv�e.

Au Nouvel An, peut-�tre.

En tout cas, le clou de la soir�e,
c'�tait un film porno.

Avec Crystal Ling
et l'homme loup.

Et ensuite ? Une ou deux semaines
plus tard, quelqu'un,

peut-�tre quelqu'un comme Gary Salt,
vous a murmur� dans l'oreille

que vous aussi, moyennant finances,
pourriez jouer avec Crystal.

Un par un,
vous �tes pass�s dans la chambre

avec les gentils pornographes
et bingo, c'est les mille et une nuits.

Aucun fantasme n'est tabou,
aucun go�t trop bizarre,

sauf qu'� chaque fois,
la cam�ra tourne.

Puis, quelqu'un a vol�
les n�gatifs � Salt, pas vrai ?

Crystal, peut-�tre.
Et vous avez fouill� San Francisco

� sa recherche.
Soudain, Crystal est retrouv�e morte,

et un corps � la morgue le prouve.

Mais voici qu'arrive le ma�tre chanteur.
Soit vous payez,

soit des photos de vous et Crystal
seront envoy�es � tous les clubs s�lects

entre ici et New York,
sans parler de vos �pouses.

- J'ai juste jusqu'ici, Hagedorn ?
- C'est sensiblement correct.

Je vis dans cette ville
depuis sept ou huit ans.

C'est une bonne ville,
plus amusante que la moyenne.

Les rues sont balay�es, les ordures
ramass�es, les �crivains pay�s.

Mais les politiciens n'ont jamais
vraiment dirig� cette ville.

Eux la dirigeaient, ils avaient
l'argent. � pr�sent c'est vous,

parce que vous avez l'argent.
Vous la dirigez selon vos int�r�ts.

J'ai perdu quelqu'un en route,
je vais trop vite pour vous ?

Vous achetez le pouvoir, vous en faites
commerce. Et vous savez quoi ?

� votre mort, votre photo ira
rejoindre les autres au mur.

Pas un seul d'entre vous

n'a eu � se battre
pour une fichue voix,

et c'est pour �a que je n'aper�ois pas
le maire ou le procureur ici.

Juste les flics, les escrocs
et les gros riches.

Et moi. Pourquoi moi ?

Parce que la personne

qui a ce que nous souhaitons acheter
a insist� pour que ce soit vous.

Et alors, qu'ai-je � y gagner
� faire le coursier pour vous ?

Eh bien, M. Hammett,

nous sommes enfin parvenus
� l'essentiel.

Vous nous trouverez tr�s g�n�reux,
monsieur.

- Du fric, hein ?
- En effet, monsieur.

Au diable votre fric.
Je veux deux choses :

1. Je veux r�cup�rer mon manuscrit.
C'est peu, mais c'est le mien.

C'est mon travail, je veux le r�cup�rer.

2. Le plus important.

Je veux qu'on me fiche la paix.

Que demande le ma�tre chanteur,

- un million ?
- Un million de dollars.

Un gros paquet de fric.
O� et quand ?

Dans une heure, monsieur.
Vos autorisations,

qualifications et compl�tes instructions
se trouvent dans cette enveloppe.

Une derni�re chose :
quand j'aurai le million,

qu'est-ce qui m'emp�chera
de prendre le premier bateau ?

Votre clairvoyance
et la haute estime

que vous avez de votre vie.

C'est bien ce que je pensais.

Bonne soir�e, messieurs.

Cent fois $10.000.

Signez l�.

C'est votre premier jour ?

Me voici, � 34 ans,

et les deux seules personnes
sur qui je puisse compter

sont une libraire trop fut�e
et un soi-disant terroriste.

Tu en as au moins deux,

�a fait deux de plus
que la plupart des gens, Hammett.

- C'est vrai.
- Y a quoi dans le sac ?

- Un gros paquet de fric.
- On va racheter quelque chose ?

- Exact.
- Combien ?

- Un million.
- Tu d�connes, putain.

- Oh, pardonnez-moi, madame.
- Eli.

- Pardonnez-moi.
- Regardez la route, Eli.

Les riches.

Que veulent-ils racheter
pour un million ?

Leurs r�putations.

- Je peux venir ?
- Tu restes l�.

J'attendrai l�.
Si j'entends un coup de feu ou un cri...

- Ou m�me un plouf.
- Ou m�me un plouf.

J'appelle le standardiste,
je pr�viens le procureur

et je fiche le camp d'ici.

- J'esp�re que tu sais ce que tu fais.
- Comme nous tous.

- Bonsoir, Crystal.
- Arr�tez-vous, Hammett.

Posez le sac et ouvrez-le.

J'esp�re n'avoir pas �t� trop long.

Reculez de cinq pas,
mettez les mains derri�re la nuque.

- Les n�gatifs.
- La veuve Callaghan,

elle a vraiment tu� son mari, non ?
Comme vous l'aviez dit.

Dashiell Hammett,

toujours sur la br�che.

Oui, elle l'a tu�.
Je l'ai rendue tr�s jalouse.

- �a n'a pas �t� difficile.
- Vous et lui �tiez li�s

- fortement, hein ?
- Nous �tions amants.

L'id�e du chantage �tait de Callaghan.

Il �tait ruin�,
alors on a mont� l'op�ration.

Avec Salt. Vous aviez un bel alibi
� la mission aussi.

J'ai bien aim� la fa�on dont vous avez
roul� les flics. Vous �tes forte.

Quand Callaghan a �t� tu�,

j'avais d�j� acquis
un peu d'influence, disons.

Je vois. Le corps de la Chinoise
aux grosses chevilles

qu'on a essay� de me vendre
� la morgue. C'�tait vous aussi ?

J'avais besoin d'une journ�e tranquille.

Elle a �t� une garantie utile, je pense.

Il y en a des millions d'autres
comme elle en Chine, comme moi.

Je n'en jurerais pas.
Vous �tes unique en votre genre.

Je vais ramasser ces n�gatifs,
si �a ne vous fait rien.

Fermez le sac en m�me temps.

Vous �tes le mal, hein ?
Le mal � l'�tat pur. �a fait quoi,

- vraiment ?
- Le mal ?

C'est quoi le mal ?

Expliquez-moi.

Mes parents m'ont vendue
� 9 ans pour $5.000.

Je suis arriv�e � mes fins
avec un Blanc � 11 ans.

� 17 ans, je suis millionnaire.

Je me demande ce que je serai � 21 ans.

- Morte.
- Vous croyez ?

Absolument.

Vous �tes presque en retard, M. Ryan.

J'ai pens� que c'�tait le bon moment.
Comment �a va, fiston ?

Salut, Ryan.
T'es quoi, son nouveau mac ?

Plut�t un partenaire.
Pas vrai, ch�rie ?

Je te savais aigri, Ryan.
Je ne pensais pas que tu �tais simplet.

Elle va te d�vorer tout cru.

Tu ne vas pas faire confiance
� cette petite Mlle Butterfly, si ?

Qui ne ferait pas confiance
� ce visage ? Nous sommes partenaires.

Je leur fais toujours confiance, tu
te souviens ? Jusqu'� un certain point.

Ne le l�che pas.

Jette-le de c�t�,
que je puisse entendre le plouf.

Voici ton manuscrit, fiston.
Ma part du contrat.

J'ai d� payer cher
pour le racheter � Fong.

Plus qu'il ne vaut.
Je l'ai m�me relu.

Je ne l'aime toujours pas.
Il lui faut une meilleure fin.

Que dis-tu de �a :
"Le vieux r�ussit le grand chelem

"et quitte la ville avec le million."

Tu pensais ma vie finie, Hammett.
Elle ne fait que commencer.

Tu veux des faits r�els
� relater, inspire-toi de �a.

Ceci est une urgence.

Passez-moi le bureau du procureur,
je vous prie.

Merci.

Pas tout de suite, petite dame.

Il lui fallait une main pour l'argent
et l'autre pour le flingue.

Il n'�tait pas assez bon
pour g�rer les deux.

Je l'ai lu aussi, Hammett.
J'aime la fin.

- Extra.
- C'�tait un ami ou quoi ?

- Oui, c'�tait un ami.
- Il �tait dou�.

Il d�barque de nulle part,

suit ma trace,
devine tout et s'en m�le.

- Il �tait dou�.
- C'�tait le meilleur,

- dans sa p�riode de gloire.
- Vous ne le connaissiez pas si bien.

Peut-�tre que je ne le connaissais
pas du tout.

Prenez sa place, Hammett.
Venez avec moi.

Vous pourriez �tre
mon garde du corps, mon biographe,

mon amant, mon petit chien.

Ne soyez pas b�te.
Je vais vous l'expliquer clairement.

Vous ne pensez pas s�rieusement
qu'ils vont laisser tomber ?

Vous pourriez aller
� Berlin ou Constantinople,

peut-�tre m�me � Hong Kong,
peu importe o�,

un jour vous serez
au mauvais endroit et...

Rideau, plus de Crystal.
Vous comprenez ?

Vous vous battez contre
100, 200, 300 millions de dollars.

Vous luttez contre
le pouvoir, mon ange,

la grosse machine.

Je peux les vaincre.

Bien s�r. Et comment !

Je vous prouverai
que je peux les vaincre.

Pas de grand chelem, Jimmy.

Tu as tout perdu.

Tout.

Sauf ton culot.

C'est bon, Eli.

- Voil� les coursiers.
- Les n�gatifs, Hammett.

La petite dame et vous pouvez passer
tous les appels que vous voulez.

Ryan est �tendu sur le dock,
abattu.

C'est son �uvre, � elle.

Quelqu'un ira le ramasser.

Je vais m'occuper de lui, Samuel.

C'est pas comme dans l'une
de tes histoires, n'est-ce pas ?

C'est jamais le cas.

Sous-titres :
Radioactiveman

Relecture :
Loupinou

French TeAm
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