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En quoi Berkeley

se distingue-t-elle
des autres universités ?

Il y a une belle histoire,
sur cette université :

elle aurait été fondée par deux
joueurs et un tenancier de saloon.

Un soir,
au temps de la Ruée vers l'or,

I'un d'eux dit, si j'adapte
la langue du 19e siècle :

"Hé, mec..."
ils avaient un peu bu...

"Hé, mec, si on créait
une université ?"

Et tous de dire :
"Ouais, bonne idée !"

En réalité, c'est un mythe.

Il est impossible
que ça se soit passé ainsi.

Les élus se sont dit
qu'il serait bon

que la Californie
ait son université.

Ils préfiguraient
les élus actuels,

car quand ils sont passés à l'acte
20 ans après,

ils ont manqué d'argent.

C'est une tradition !

Mais ce mythe dit quelque chose...

quelque chose de vrai

sur ce qui distingue Berkeley

de Harvard.

Berkeley n'a pas été fondée
par un groupe de Puritains

séduits par l'idée
d'une institution modèle

d'enseignement supérieur.

Berkeley a certes été créée
sur le modèle de Harvard et Yale,

et dans les premiers temps,

on y trouvait un certain nombre
de membres du clergé.

Mais Berkeley avait

un rêve, un sens de l'avenir
et de la diversité,

dès les origines.

Une forme,
quoi que vous puissiez en penser,

d'idéal.
Un idéal défini par le fait

qu'on doit pouvoir
avoir accès aux études

même si l'on n'est pas
issu de l'élite.

Que différentes idées
doivent coexister.

Qu'il faut de l'espace.
Ils avaient beaucoup d'espace,

mais pas d'argent.

L'idée était que se jouait là
l'avenir de la Californie

et celui d'une population
diversifiée.

Pour le fonctionnement
de l'enseignement à Berkeley,

soit les salaires du personnel
enseignant et non enseignant

impliqué dans l'activité éducative,

I'Etat nous a consenti
308 millions.

La dotation globale est supérieure,
si l'on inclut

Ies fonds consacrés à la recherche.

Mais nos frais généraux
ne sont pas couverts.

Une partie de cette dotation
vient du gouvernement fédéral,

mais elle a été rebaptisée
"fonds de l'Etat".

La dotation réelle de la Californie
à Berkeley a été de 308 millions.

Grâce au secteur Recherche,

notre budget total
est de 1, 9 million...

Pardon. 1, 9 milliard.

La dotation réelle de l'Etat

à l'activité d'enseignement

est tombée à 16 % du budget.

Nous avions poussé les hauts cris
à la perspective

qu'elle tombe à 22 %.

Le chiffre final est de 16 %
du budget total,

ce qui est... inouï.

Il n'y a pas si longtemps,
il était de 40 %

ou 50 %.

Ce désengagement progressif

de l'Etat de Californie

affecte non seulement Berkeley

et l'Université de Californie,

mais aussi la recherche.

Je crois qu'il serait vain

de tabler

sur un redressement
du financement de l'Etat

et sur un retour
à un pourcentage supérieur.

Le défi primordial pour nous,

dans ce contexte de désengagement,

est de préserver notre suprématie

et notre caractère public.

Nous ne devons pas céder là-dessus.

Le pays a assez
de grandes universités privées :

Stanford, Harvard, etc.

Il nous faut
de grandes universités publiques.

Comment y parvenir dans un contexte

de désengagement des Etats ?

Ce n'est pas spécial
à la Californie.

Il est d'une importance primordiale

de disposer
d'un modèle de financement durable.

Et il est clair que ce modèle
doit être basé

sur une gamme diversifiée
de ressources.

Nous débattrons du budget
en détail dans ce séminaire.

Nous avons déjà beaucoup fait,
mais les défis qui nous attendent

sont en partie déterminés

par l'état de l'économie
en Californie.

Pour continuer à être
une université d'excellence,

nous devons absolument

réussir notre programme
d'Excellence opérationnelle

et réaliser des économies

de 75 millions par an, sinon plus,

sur notre budget global.

George dit très justement

que nous jouons,
comme nous le verrons,

un rôle de leader
national et international

dans l'enseignement
et la recherche.

Nous voulons jouer ce rôle

au niveau fonctionnel,
afin d'être un exemple

de gestion
d'une université publique.

Un des objectifs importants
de l'année,

en collaboration avec Harry,

Cathy et le service
des aides financières,

sera de parvenir à suivre de près

I'endettement des étudiants
de la classe moyenne.

Nous devons penser une stratégie

d'augmentation des aides
à la classe moyenne.

C'est loin d'être insignifiant,

car selon la manière
dont marche notre algorithme,

I'aide financière limite le recours
aux emprunts et aux jobs étudiants.

C'est le principe
de nos aides financières.

Mais ces mesures ciblées
sur la classe moyenne

devront venir en sus des autres.

Nous verrons comment y parvenir.

Je pense, et Scott en parlera,
qu'il existe des possibilités

de collecte de dons pour boursiers
de la classe moyenne.

Nous butons sur le fait

que l'idéologie centrale
qui soutient

I'élaboration
de l'action publique américaine

et le développement international,
est le libéralisme.

Vous allez à l'encontre de l'idée

qu'il s'agit au bout du compte
de liberté individuelle.

Une liberté définie
par des concepts clés :

I'individualisme possessif,

dont l'incarnation directe
est la propriété privée,

et la notion de libre entreprise.

L'intervention de l'Etat est donc,

vu son projet redistributif,
une coercition.

Je n'ai étudié ici
qu'un an et demi.

Et je suis rentrée aux Caraïbes.

La différence, qui est une source
de disputes avec mes amis...

Nos écoles sont évidemment
plus petites,

mais tout est gratuit.

Et le niveau est vraiment bon.

C'est ce qui fait la fierté
des petits pays :

Ie niveau d'éducation.

Nous avons un taux d'alphabétisation
de 96 %.

Je parle avec mes amis d'ici

de mes études et de mon éducation,

et je vois leurs enfants
aller dans de mauvaises écoles,

où il n'y a ni classe de musique
ni rien de ce genre,

ce que moi j'ai eu
dans mon petit pays "sous-développé"...

Et au fond, je trouve ça dégoûtant.

Parce qu'on m'a appris
qu'on vient en Amérique

pour obtenir plus.

Pour avoir plus de chances
et de meilleures écoles

et parce que la vie
nous donnera plus.

Mais en fait...

C'est un piège.
C'est vrai et c'est faux.

Le style de vie ici est plus dur.

Tandis que dans les Caraïbes,

on va à l'école et on a un boulot,

mais on peut choisir
ce qu'on veut faire.

Mes amis ont des enfants,

ils travaillent, ils sont heureux.

Leurs études ont été gratuites.

Ici, je suis allée aux Beaux Arts,

mais en payant.

La vie ici est différente :
elle tourne autour

de l'argent qu'il faut gagner.

Pour rembourser les prêts étudiants.

Tandis que là-bas, l'argent

est destiné à la famille,

aux enfants, pour qu'ils aient
les mêmes chances,

même dans ce pays pauvre.

Je trouve qu'ici, c'est très dur.

Et ça me donne envie
de rentrer chez moi.

Nous devons changer de point de vue

sur ce qui nous importe
en tant que peuple

et lutter pour le garder.

Je veux bien payer plus d'impôts

si cela profite aux écoles

de la maternelle au collège.

Je suis d'accord.
Mais plein de gens ne veulent pas.

Si j'étais propriétaire,
j'accepterais d'être plus imposée.

Mais ici on pense qu'au fond,

on vous pique
un argent durement gagné.

C'est ça le problème.

Les politiques d'aujourd'hui

reflètent la mentalité actuelle
des Etats-Unis.

Nous vivons dans une culture
où nous sommes évalués

selon notre capacité à consommer,
à produire, à posséder.

J'entends "produire"
au sens large :

produire du pouvoir,
de l'argent, des enfants.

Cela explique pratiquement

toutes les critiques
qu'on peut entendre ici.

Parce que domine l'idée
qu'on ne vaut

que par la position sociale
qu'on obtient.

L'école n'est donc pas le lieu
de l'ouverture d'esprit.

Si l'on parle d'accès,

ce n'est pas forcément
d'accès à l'éducation.

C'est comme si, mentalement,
on sautait une étape.

Il s'agit d'accès à un boulot
qui te fera respecter.

Une étude récente rappelait

Ies motivations des étudiants
des années 60.

Ils étudiaient pour en savoir plus
sur la vie.

Aujourd'hui, les étudiants
veulent faire de l'argent.

Etudions-nous
pour trouver un boulot

ou pour saisir
la richesse de la vie ?

Combien d'étudiants préfèrent
aux jeux vidéo

Ia lecture des penseurs du passé ?

Voyez "Joe le plombier".

A la télé, il dit :

"Bonjour, je suis plombier,

"j'ai commencé tout petit,

"mon entreprise a grandi.

"20 ans après, je gagne
300 000 dollars par an,

"parce que l'entreprise a grandi

"et je peux me payer
300 000 dollars.

"Je ne veux pas payer d'impôts,
je me suis fait seul.

"Pourquoi je donnerais mon argent
à des gens

"qui n'ont pas travaillé comme moi

"et qui n'ont pas gagné
leur propre argent ?"

C'est la pire manière de penser.

Moi, je dirais :
"Je suis reconnaissante,

"j'ai une chance rare.

"Je suis née dans un pays

"qui me permet
d'avoir mon entreprise.

"Je vis dans un pays
qui me permet

"d'accéder à un formidable
enseignement public."

Dans ce même pays,
certains n'ont pas eu ma chance.

Je dois donc donner à ceux
qui n'ont pas accès à ce que j'ai,

quoiqu'on vive dans le même pays.

Quand je l'entends à la télé

cracher sa haine de l'Etat,

sa haine de ceux

qui lui ont permis
d'avoir cette chance...

Cette absence de reconnaissance

pour ceux qui ont rendu possible

Ia réussite qu'il a eue

me paraît une preuve d'ignorance

et de véritable inconscience.

Dites ce que vous pensez !

Nous ne parlons pas ici

de comportement individuel,

ni de décisions prises
par des individus,

ni de choix personnels.

Nous devons réfléchir
aux structures de pouvoir

et aux systèmes de décision
qui déterminent ces choix.

Ce qui est en jeu ici,
s'agissant d'enseignement public,

est la manière dont la
restructuration du secteur public

conditionne non seulement
la mobilité sociale

mais aussi, progressivement,
tout un ensemble de choix.

Ici, dans mon département,

nous nous sommes vigoureusement
opposés l'an passé

à une mesure apparemment mineure,

mais qui avait pour nous valeur
de symbole des temps.

L'an passé,
on a imposé à certaines facs...

et nous en avons plusieurs très
cotées

en urbanisme, architecture, etc...

un supplément différencié

en sus des frais d'inscription.

Les étudiants de ces programmes
devaient payer

des frais additionnels
de 6 000 dollars

avec augmentation automatique
de 10 % par an.

Les barèmes différenciés
sont courants

dans nos enseignements
professionnels.

En Droit, les frais se comptent
en milliers de dollars,

idem en Santé publique
ou Communication.

Il a même été question

que certains premiers cycles
de l'Université de Californie

se voient imposer
des barèmes différenciés,

Ingénierie et Commerce
étant les plus chers.

Au motif qu'un diplômé
de ces facultés

gagnera plus d'argent
et doit donc payer plus.

La mesure est passée.

Nos étudiants payent
ces frais additionnels.

Les arguments de ceux
qui étaient contre

étaient liés à l'accessibilité

et au coût
de l'éducation supérieure.

Mais il s'agissait aussi

de la façon dont cela
conditionnerait les choix

de carrière des diplômés.

Nos diplômés en urbanisme

vont traditionnellement
dans le secteur public.

Mais pour qui sort d'ici

avec un emprunt plus lourd
à rembourser,

cette dette conditionne
inévitablement les choix.

C'est pourquoi j'ai recentré
sur la question structurelle,

en tourmentant Evan

à propos du thème
de la "mentalité".

Il est bien sûr revenu
à la manière

dont certaines politiques
ont produit ces résultats.

Mais je voudrais
élargir la question.

Vous vous préoccupez
de la pauvreté mondiale.

Nous avons longuement parlé
de pauvreté hors des USA

et examiné les institutions
et les politiques

qui combattent cette pauvreté.

Nous avons beaucoup parlé
de votre génération,

très préoccupée par ce problème.

Ma question sera en 2 parties.

Première partie :
devons-nous nous occuper

de la pauvreté et de l'inégalité
aux USA ?

Deuxièmement.

On constate un curieux décalage,

une différence
ou une contradiction,

entre une politique américaine

de plus en plus dominée
par l'idéologie anti-fiscalité

dont vous parliez...

"Que les gens se débrouillent,

"c'est la loi du plus fort,

"abandonnons
les politiques sociales."

Et par ailleurs la compassion
philanthropico-humanitaire

envers la pauvreté d'ailleurs.

C'est peut-être mon imagination,

mais je suis frappée par
la contradiction entre les deux.

Vous avez les réponses ?

Je trouve intéressant
que vous mentionniez

que notre génération
s'intéresse à la pauvreté.

Cela me conduit à demander
"pourquoi".

La pauvreté existe depuis toujours.

Mais elle est récente

dans la classe moyenne
et les banlieues résidentielles.

D'après les statistiques
que nous avons étudiées,

il y a une "nouvelle pauvreté".

25 % de la pauvreté frappe
les zones résidentielles.

Si notre groupe est composé

de gens qui se préoccupent
de la pauvreté,

alors moi, en tant que...

suis-je la seule Noire ici ?

Je n'aime pas me retrouver
à faire ce discours.

En quoi me regarde
votre intérêt pour la pauvreté ?

Le type de communauté
dont je proviens...

Je viens
d'un quartier ouvrier mêlé,

qui n'était pas
la "communauté noire typique".

J'ai eu accès à plus de choses.

Mais la pauvreté était là,
dans ma culture,

à cause des origines
et de l'histoire du pays.

Je trouve intéressant de se demander

si votre génération s'intéresse
à la pauvreté

parce qu'elle affecte désormais
vos communautés.

Personne ne s'y intéressait
quand il s'agissait des autres.

A présent que vos parents sont
chômeurs et vos maisons saisies,

ce qui compromet vos études,

pourquoi moi, la Noire,
devrais-je vous emboîter le pas

dans votre passion
pour les pauvres,

alors qu'il y a toujours eu

des milieux défavorisés
où personne n'avait de livres.

Le fait que vous le découvriez
aujourd'hui

m'attriste, ou m'effraie...

je ne sais quoi en penser.

Si la pauvreté est aujourd'hui
à l'ordre du jour,

c'est peut-être parce que
c'est très tendance.

Dans les médias, on voit des stars
s'en occuper,

et du coup,
ça vous séduit bien plus.

Mais la pauvreté,
le manque d'instruction

et le manque de travail

ont toujours existé.

Pourquoi personne

ne veut payer d'impôt foncier
pour vos études ?

Bonne question. Personne
ne l'a payé pour mes études.

Je suis fille de migrants.

Comme disent certains :

"Te donner la citoyenneté est
déjà trop, pas question de payer."

Comment justifiriez-vous
auprès de quelqu'un comme moi

que j'investisse sur vous ?

Personne n'a investi sur les
communautés dont je proviens.

A présent que vous,
pour qui c'était un "droit",

vous n'en avez plus les moyens,

tout le monde devrait s'en soucier.

Je trouve ça un peu hypocrite.

Je dois comprendre pourquoi
vous vous en souciez maintenant.

Parce que ça tombe sur vous ?

Parce qu'Angelina Jolie et Bono
en parlent à la télé ?

Il y avait des pauvres privés
d'éducation il y a 10 ans.

Le chômage a toujours frappé
les Latinos,

Ies Noirs et les Asiatiques.

Mais avec les saisies

et l'appauvrissement
de la classe moyenne,

tout à coup, ça vous intéresse.

De qui se moque-t-on ?

Si je trouve un bon job
en sortant de Berkeley,

je devrais payer pour vous ?

Qui de vous aurait payé pour moi
il y a 10 ans ?

Personne ne l'a fait.

Ce n'est un problème que
parce qu'il touche les Blancs.

Nous devons accepter le fait
que le problème existait déjà

mais qu'il affecte désormais
d'autres couches de la population.

Et nous devons rapprocher
l'expérience qui serait la mienne...

je viens d'un quartier meilleur
que certains des vôtres...

Rapprochons l'expérience
de ceux que je représente

de ce que vous vivez aujourd'hui.

Pourquoi quelqu'un comme moi,
enfin parvenu à votre niveau,

devrait-il se soucier
de vos frais d'inscription ?

Si j'étais logique,
je dirais : qu'ils augmentent !

Ce serait un moindre mal

en regard de ce qu'a vécu
l'ensemble des communautés.

Tu dis beaucoup

"moi, moi" et "vous, vous"...

Ce n'est pas de ça qu'il s'agit.

Je voudrais reparler
de ce que tu as abordé.

La pauvreté a toujours existé,

et partout, dans toutes
les collectivités des USA.

Et tu dis une chose du genre :

Ies ex-riches sont confrontés
au manque d'argent

et c'est tendance
de s'en occuper.

Je trouve injuste de dire

que "nous" ne nous en sommes
jamais souciés.

Beaucoup le font depuis longtemps.

Même quand je n'ai pas d'argent,

j'essaye d'aider les autres,

car je sais que manquer d'argent,
ça craint.

Je veux que tu accèdes
à l'éducation

parce que je sais
ce que signifie manquer de tout.

Ce pays n'est pas fondé
sur le fait que tout le monde

doit s'enrichir et réussir.

Il te garantit uniquement
la possibilité d'essayer.

Mes parents sont des migrants.

Ils ne m'ont jamais dit :
"Tu auras ce que tu veux."

Ils m'ont toujours dit :
"Seul ce pays t'offrira

une chance d'accéder
à ce que tu veux."

Ce qui caractérise les gens nés ici,

dans la culture américaine,

est qu'on vous a conditionnés
à penser que c'est un dû.

Que tout vous revient de droit.

"On n'a plus notre dû,
qu'arrive-t-il à ce pays ?"

Ce pays est fondé
sur l'exploitation.

Sur le fait que les riches
sont une minorité

et que les autres sont asservis.

Ceux qui nous servent de modèles,

Ies chefs d'entreprise, les Hilton...

tirent leur richesse
de l'exploitation.

Qui s'est enrichi
en sauvant des écureuils,

des orphelins ou des dauphins ?

Leur argent ne vient pas de ça.

Mais nous les plaçons si haut

qu'ils peuvent continuer
à exploiter les autres.

La différence joue entre

votre idée que tout vous est dû,

et la vision de ceux
qui viennent ici

sans s'imaginer
qu'ils auront droit à tout.

Nous pensons juste
que nous pouvons essayer.

Deux sujets ici,

dont l'un a été discuté
la semaine dernière.

Assistons-nous
à la fin de la classe moyenne ?

Entrons-nous
dans une nouvelle phase politique

du fait que
ce que la classe moyenne

tenait pour acquis,
bien qu'inaccessible aux autres

et en particulier
aux communautés de couleur,

est soudain menacé ?

Deuxièmement.

S'occupe-t-on de pauvreté
et d'inégalité

ou est-ce que le grand spectacle
de la lutte contre la pauvreté,

I'enjeu du millénaire
dont nous parlions,

est surtout centré
sur la pauvreté d'ailleurs ?

Non sur ceux dont la maison
est saisie ici,

mais quelque part ailleurs.

Qu'est-ce que cela signifie ?

La pauvreté n'est pas populaire

juste parce que Bono
est allé en Afrique.

Il y faut sans doute

une brèche, une crise.

Que ça prenne visage humain,
que tous le voient.

C'est la condition pour comprendre
ce que les autres souffrent.

Selon le discours américain,

on mérite ce qu'on endure.

C'est la géographie selon Sachs :

tu es sous-développé

parce que tu es un incapable.

C'est le discours.
Tu appartiens à ce groupe,

donc, tu n'as pas la capacité
de te développer.

Donc, c'est ta faute.

Revenons à Milton Friedman

et aux néolibéraux
dont nous avons parlé.

Friedman disait souvent
qu'il espérait une crise.

Parce qu'une crise
est l'occasion de proposer

un traitement de choc,
un électrochoc.

Voyez Hayek
et Milton Friedman...

une poignée de gens, non ?

Quelques personnes qui se voient

comme les penseurs
de l'économie de marché,

une élite proposant
de grandes idées

et capable de les mettre en oeuvre.

Pourquoi ne pas
nous approprier ce "modèle",

sachant à quel point le monde
a été souvent changé

par une poignée de penseurs ?

Par la révolution et les idées.

C'est une vision assez élitiste

que de dire que le combat des idées
se mène "en haut".

Mais vous appartenez
à une institution très élitiste.

Une des plus puissantes
en termes de production de savoir.

Ma question est :
que ferez-vous de votre savoir

et du pouvoir qu'il confère ?

Pour conclure,
j'en reviens à la remarque d'Alex

relative aux produits (Red)
et au Fonds mondial,

à cet ensemble qui lutte contre l'OMC

et contre la privatisation
de la propriété intellectuelle.

Et je vous demande de définir

"l'action publique,
non la charité".

Et s'agissant d'action publique,
comment pensez-vous

Iutter contre la pauvreté
et les inégalités ?

Cela peut être
auprès du Fonds Acumen...

pour l'investissement social.

Ou sous forme
de capitalisme philanthropique.

De volontariat
auprès des défavorisés,

ou d'oeuvre de bienfaisance
pour enfants.

Cela peut être en devenant
un super avocat

Iuttant contre l'OMC

ou contre les conditions abusives

des "subprimes" dans notre pays.

La formule "action publique
et non charité"

ouvre des possibilités politiques,
mais aussi professionnelles,

que je trouve stimulantes.

Il ne s'agit plus
d'actes charitables,

de générosité
ou de bonté individuelles.

Il existe d'autre moyens
de s'attaquer au système.

Notamment par les formes
d'expertise

et de compétence qu'ont
les diplômés de Berkeley.

C'est ainsi que nous...

je sors de Berkeley moi-même...

que nous pouvons
faire la différence.

Vous réfléchirez,
au fil de ces semaines

où nous examinerons
les alternatives,

à la définition
des modèles de changement

pour le développement.

Ces modèles vous satisfont-ils ?

Certains font déjà signe que non.

Comment inventer
de nouveaux modèles

de changement ?

Comment ces modèles dépasseront-ils

Ies solutions-pansements

pour s'attaquer
au déficit démocratique ?

Grimpons à l'échelle
jusqu'en haut du toit

De là-haut on voit bien mieux
le ciel

Grimpons sur le toit...

Nous verrons le ciel !

Je vais te dire ce qu'est l'amour

Et le bonheur qu'on y trouve, baby

Unissons nos coeurs

Dans le voyage
vers la fontaine de l'amour

Jamais je ne te laisserai douter,
mon amour

Notre amour sera plus fort
de jour en jour

Il faut que vous connaissiez
les noms de vos étudiants.

On ne retient souvent
que ceux des mauvais...

"Jordan, arrête de jouer
aux jeux vidéo sur ton portable.

"Bien, Maria,
merci d'avoir encore répondu."

D'habitude,
on en retient deux-trois.

Connaître leurs noms
permet de tous les intégrer

et les empêche
de se planquer au fond.

Un problème fréquent,
que j'ai constaté

en circulant dans les classes :

ne pas savoir répondre
à la question d'un étudiant.

Ma solution :
avoir mon ordinateur avec moi.

Dans les labos,
quand les étudiants travaillent,

I'un d'eux pose une question...

"Je ne sais pas...
comment ça se dit.

"Je ne sais pas
de quel concept tu parles."

Je cherche sur Google.

Et je fais ça sous leur nez.

Ils s'en fichent.
Ils sont très indulgents.

Vous avez le droit d'être paumé
et d'ignorer la réponse

du moment que vous la leur trouvez

ou que vous promettez
de la leur donner vite.

On ne peut tout savoir.

Je suis une prof relax

mais attentive aux conséquences.

Être strict sur les conséquences,
ça aide.

Les chargés de cours aiment
être amis avec les étudiants.

Nous les comprenons.

Mais cela rend le tutorat
plus difficile.

Quand ils vous disent par exemple :

"Si je n'ai pas 6 sur 10,
je me fais virer du cours,

de la fac,
je suis en probation,

je suis fichu."

Si vous êtes amis,
ce sera dur de dire : "Désolé,

"tu as 5."

Cela m'est arrivé
le semestre dernier.

C'est triste, mais...

Place-t-on la barre au niveau
de potentiels diplômés de 2e cycle,

ou nous calons-nous
sur le niveau du plus faible

pour fixer la barre ?

Ce sera sûrement variable
selon les classes,

mais je me demande quel est
le plus bas niveau admissible.

Quand tu en parles,

tu laisses supposer
une grande latitude.

Est-ce du genre :
"Arrange-toi d'un texte

"et ce sera déjà bien".

Ou est-ce : "Tu dois maîtriser
ces 5 textes en 2 mois

"et les résumer intelligemment".

Bonne question.
La décision t'appartient.

Réfléchis à ce que tu veux
que les étudiants en retirent.

Tu vois déjà plus loin
que bien des chargés de cours,

parce que la plupart
se disent au début

que ça paye leur scolarité,
et ils expédient le truc.

"Qu'est-ce que je veux
pour mes étudiants ?

"Je veux qu'ils sachent lire
un texte scientifique,

"parce que moi je n'ai pas appris
avant le 2e cycle.

"Qu'ils sachent rédiger.

"Qu'ils apprennent
la réflexion critique."

Chacun a ses propres objectifs.

Demande-toi juste
ce qu'enseigner signifie pour toi

et ce que tu veux pour eux.

C'est ça qui te dira
comment gérer tes sections.

Nous revenons de loin,
historiquement.

Pour les étudiants,

Berkeley était
une usine bureaucratique.

Les étudiants avaient affaire
à des bureaux

pour le conseil,
le soutien financier,

Ia bibliothèque, les amendes...

C'était comme une enfilade

d'officines
dans une usine d'automobiles.

C'est l'image que j'en ai.

Une image terrible.

Nous en sommes loin.
Nous en sommes revenus.

Quand je repense aux années 60,

quand j'étudiais ici...

Deux éléments définissent
les origines

du Free Speech Movement,

en dehors du reste.

L'un d'eux est "Métamorphose
de l'université" de Clark Kerr,

où les étudiants ont vu l'image

d'une usine éducative

produisant en série
des étudiants-produits

destinés à la société.

L'université comme usine
de produits impersonnels.

L'autre a été le slogan
du Free Speech Movement :

"Ne pas me plier,
me tordre ni me mutiler."

C'est ce qui figurait
sur les cartes lBM.

C'est ainsi que les étudiants
voyaient leur vie ici.

Nous en sommes revenus.
Mais l'université est immense,

et les étudiants ont affaire
à nos instances bureaucratiques.

Pas facile de faire en sorte
que des bureaucrates deviennent

des prestataires de service

plutôt que des contrôleurs.

La culture du campus

est particulièrement
réticente au changement.

Ce n'est pas que les individus
refusent de changer.

Ils veulent décider eux-mêmes
des changements.

Leur culture les y porte.

S'agissant de changement
dans l'institution,

Ia difficulté de l'entreprise
ne peut être sous-estimée.

J'en suis arrivé
à quelques analyses,

après coup, qui expliquent
en partie ce qui se produit,

dont je souhaite vous faire part.

Quand nous avons
modifié l'organisation,

Ies individus l'ont ressenti
à un niveau personnel.

Ils ont cru que le mobile
de mes modifications

était de m'en prendre à eux
personnellement.

Même ceux que les changements
avantageaient

ont cru à une attaque personnelle.

Parce que je changeais
quelque chose

sans leur permettre
de décider eux-mêmes du changement.

J'ai donc dû négocier
avec 400 personnes.

Personne ne pensait

que nous avions tort
au niveau global.

Mais pour chacun,
individuellement,

c'était mauvais.

Même si c'était à leur avantage.

Puisque ce n'était pas à eux
de décider du changement,

puisque ça leur était imposé,

c'était négatif.

Je ne comprenais pas ça
pendant les négociations,

mais je savais qu'accorder
des concessions nous aurait tués.

Je les rencontrais,
je tentais de comprendre...

Dissonance cognitive.
Je ne les comprenais pas.

"Tu auras un meilleur poste,
des perspectives,

"le boulot qui te plaît,

"alors pourquoi tu me dis
que ce n'est pas bien ?"

Si j'avais accepté
de faire des concessions,

j'aurais dû le faire
avec 400 personnes.

C'était très dur,

à un niveau incompréhensible,
avec les individus.

En prenant de la distance,
j'ai fini par comprendre

que leur travail s'appuyait
non sur des méthodes

ou sur leur compétence,

mais sur un système
relationnel.

Le résultat dépendait
des relations mises en oeuvre,

qu'elles soient à éviter
ou à mettre en valeur,

quels que soient
les besoins du poste.

L'aspect relationnel
s'est avéré être

I'élément que nous ne pouvons
contrôler.

Quoi qu'on décide,
ces relations sont personnelles,

construites dans le temps,

et nos changements les briseront.

Avec des conséquences
imprévisibles.

J'ai eu des démissions
à cause de ça.

"Si je ne travaille pas
avec Untel, je m'en vais."

Graham parlait
de l'évaluation de performance.

"Tu m'opposes une évaluation
de performance écrite ?

"C'est insultant. Je m'en vais."

Je ne comprenais pas
un tel degré d'angoisse,

mais l'aspect relationnel
était crucial.

Vu de l'autre côté,

celui du campus comme ensemble
de clients des services,

Ies relations qui assuraient
le service

ayant été rompues,

Ies clients étayaient l'idée

que les changements
étaient néfastes.

Parce qu'au fil du temps
et de techniques éprouvées,

Ies choses marchaient
grâce au système relationnel,

tout tortueux
ou inadéquat qu'il soit,

tout étranger qu'il soit
aux objectifs d'optimisation.

Le système relationnel
faisait marcher la machine.

Des vice-chanceliers adjoints,
des doyens,

des directeurs de département

venaient me voir

pour me dire à quel point
j'avais tort,

que j'allais les empêcher
de travailler.

Que je ne comprenais pas
comment ça marchait,

parce que Jane n'allait plus
travailler avec Bob.

Parce que ça marchait ainsi.

Et ils avaient raison.

Quand on a fait nos changements,
tout s'est arrêté.

Parce que ça marchait comme ça.

Un système qui fonctionne
sur le relationnel

ne peut pas être optimisé.

Nous sommes incapables
de le contrôler.

L'aspect interpersonnel

est la principale difficulté.

Il faut traverser
une vallée de larmes,

traverser ce désert du défi,

admettre avoir brisé des relations

sans le vouloir,
par la force des choses.

Et leur substituer des processus

prévisibles, reproductibles,
amendables.

Ça prend du temps
et ça ne marche pas tout de suite.

Rien ne marche sans heurts.

C'était pareil
avec l'interpersonnel,

sauf que quand ça bloquait,

Ies gens savaient
prendre de la distance :

"Tu as merdé, Bob,
mais on bosse ensemble,

"et tu vas m'arranger ça."

Mais quand une procédure
ne marche pas, le monde s'embrase.

Au-delà de cette vallée de larmes,

quand on peut voir

que le problème n'est plus
la rupture des relations,

mais la nécessaire amélioration
d'une méthode,

on voit les rouages
fonctionner plus vite.

Réparer, mettre au point,
permettre aux gens

de s'approprier la machine.

A eux d'améliorer la machine.

Quand la machine marche
vient la reconnaissance.

Et non pas quand Jane dit

que Bob a inventé
le fil à couper le beurre.

Ça, c'était la reconnaissance
d'avant.

La récompense psychologique.

"Je suis le meilleur
aux yeux d'Untel,

"que ça marche ou pas."

Tu parles en fait
de modeler la structure

sur le modèle entrepreneurial.

Cela engendre une forte résistance.

L'abondante littérature théorique

concorde sur un point :

toute organisation a deux systèmes,
le formel et l'humain.

Tu n'élimineras pas
le système interpersonnel.

Dans une bonne organisation,
le système interpersonnel

est en phase
avec les relations formelles

sans les éliminer.

De nombreuses réformes

vont être douloureuses.
Elles nous sont imposées.

Je souhaitais souligner

Ie désengagement rapide,

soit moins 50 % sur 10 ans,
en données corrigées,

de l'Etat de Californie.

Cela met en péril
notre rang d'excellence,

Ie fondement de notre grandeur.

Soyons clairs :
ce n'est pas une menace en l'air.

Elle a conduit

beaucoup d'entre nous
à réfléchir aux solutions.

J'ajouterai à cela

que cette équipe
aura un rôle décisif.

Le financement public
diminue progressivement.

Nos problèmes financiers
persistent.

Je vois que les gouvernements
à venir

auront de plus en plus de mal

à respecter
notre identité publique.

Nous avons l'exemple
d'un autre campus, qui préconise

d'abaisser le taux de réduction
sur frais d'inscription

accordé aux bas revenus,
et d'affecter ces moyens

au paiement des personnels.

Nous subirons des pressions
croissantes en ce sens.

Certains diront que
puisque l'Etat se désengage,

nous avons moins de devoirs
envers les étudiants

et plus envers nos personnels.

Ce sera un défi central,

qui suppose une direction forte,

avec une vision claire
de notre identité.

Quand je déprime

Quand la vie me barbe

Je fais le compte de mes amis,
et j'en ai...

J'en ai 504 !

J'ai recherché les potes de collège

De mon vaste réseau d'amis

Tu peux savoir
s'ils sont malins ou pas

Selon la fac où ils étudient

J'ai mis mes trucs dans mon profil

Mes nouveautés les plus géniales

Jamais je n'invite ceux

Qui n'ont pas mes idées politiques

Tu peux voir mes posts de citations

Mes artistes et chansons préférés

Si tu n'es pas encore sur Facebook

Je te conseille de t'y mettre vite

Veux-tu être mon ami sur Facebook ?

Clique "oui"
et je t'ajouterai à ma liste

Il faut que je sois ton ami
sur Facebook

Si tu refuses,
j'oublierai ton existence

Aide-moi à me sentir vivant

Sois mon ami numéro 505 !

Sois mon ami !

Mon ami très spécial !

Sur Facebook !

Question :
comment appréhende-t-on le temps.

On appréhende
par le cerveau et le corps.

Tout concept est physique.

On ne perçoit pas le temps.

Rien dans votre corps
ne perçoit le temps.

Rien dans votre cerveau
ne perçoit le temps.

Comment appréhendez-vous le temps ?

Nous disposons de métaphores
pour le temps comme espace.

Mais comment le cerveau
crée-t-il le temps ?

Puisqu'il n'existe pas.

Il n'est pas perceptible.

La solution est très intéressante.

La meilleure hypothèse en vigueur

est appelée
"hypothèse du cycle de 40 Hz".

Chaque 41 000e de seconde

une impulsion
part du tronc cérébral

et se répand dans le cerveau.
Une impulsion régulière.

Qui en quelque sorte
minute le reste.

La respiration,
les battements du coeur.

Elle permet de réguler
les actions, par exemple.

Cette régulation signifie

qu'un événement donné

comme saisir un livre

ou boire de l'eau

est lié aux pulsations
du cycle de 40 Hz

qui se répète régulièrement.

La mesure du temps

s'effectue ainsi.

Il peut se mesurer en jours

selon le trajet du soleil.

Ou selon l'écoulement régulier
d'une clepsydre.

Plus près de nous
grâce aux atomes de césium.

Le jet de césium

permet de mesurer
l'écoulement du temps.

Mais ceci

crée le temps,
ce qui est plus intéressant.

Cerveau et corps
enregistrent des événements.

Nous agissons.
Cerveau et corps agissent.

Le temps consiste à rapporter

un événement
à un cycle régulier réitéré.

Ce qui crée

une idée de sa durée.

Le temps peut se mesurer

en termes de cycles à l'oeuvre

dans le cerveau et le corps.

C'est une intuition du temps,

puis se créent
d'autres cycles réguliers

pour mesurer du temps.

Ce qui est intéressant
dans la notion de temps,

est que nous devons la créer

cognitivement.

Notre cerveau le fait
automatiquement.

Pensez aux métaphores
qui décrivent le temps :

elles fonctionnent
en termes d'espace et d'objets.

Dans le monde entier,

Ie temps apparaît
comme un objet mouvant.

Le temps "viendra",
il s'est "envolé".

"Flux" du temps,
"passage" du temps.

Mardi "suit" lundi.

Voici "venir" lundi,
le lundi est "venu",

Ie mardi "viendra", voici le mardi,

Ie lundi s'est "écoulé", etc.

Premier type de métaphore.

Autre métaphore :

une ligne le long de laquelle
on marche.

On fait une chose à temps,
en un certain temps.

Ces métaphores produisent
des ambiguïtés :

soit Noël va arriver,

soit nous allons vers Noël.

Les deux.

Donc, des ambiguïtés.

Vous avez une réunion mercredi,

et vous voulez
la "déplacer de deux jours".

Ce sera lundi ou vendredi ?
C'est selon la métaphore.

Comme nous l'avons vu,
les expériences de Lera Boroditsky

montrent que selon qu'on voit

quelque chose venir à soi

ou qu'on avance soi-même,

on privilégie
l'une des deux métaphores.

Dans notre espace culturel,

I'avenir est devant
et le passé derrière.

Laissons ceci "derrière nous",
regardons "de l'avant".

Ceci n'est pas universel.

Les métaphores précédentes
se trouvent partout.

Mais dans certaines langues,

Ie passé est devant
et l'avenir derrière.

Ce qui est universel,
c'est le temps comme espace.

Et ce temps est créé
par des actions.

Référez-vous au livre
"Brève histoire du temps".

Si l'on sait que le Big Bang
s'est produit,

Ia radiation se dégageant
dans une seule direction,

si vous remontez
au point de départ de la radiation,

à un Big Bang,

Ia matière de l'univers

sera comprimée
dans un tout petit espace.

A un certain point, les lois
de la physique s'effondrent.

Hawking suppose
que le temps défini par ces lois

est la réalité du temps.

Si les lois de la physique
s'effondrent,

Ie temps n'existe plus.

Quand les lois de la physique
sont "créées",

quand l'expansion est suffisante,

Ie temps accède à l'existence.

Ensuite, il en estime

Ie point de départ
après le Big Bang,

ce qui n'a aucun sens.

Un truc bizarre exprimé
en milliardièmes de seconde.

C'est très curieux :

il emploie le temps comme mesure

alors que le temps n'existe pas.

C'est la partie étrange du livre.

Mais l'idée est que

si l'on prend au pied de la lettre
la physique

et toutes ces lois,

à un certain point en arrière,
le temps est créé.

Parce que les lois physiques
de la physique sont nées.

Un important programme
de la Federal Aviation Administration

est financé
auprès de sept universités.

Nous en faisons partie,

pour la recherche sur l'ozone.

Mais j'en ai eu assez des problèmes
que ce financement crée

auprès des compagnies d'aviation.

Nous ne pouvons faire
aucune étude de terrain

sans l'autorisation des compagnies.

Et elles ne sont
pas vraiment pressées

de nous donner accès aux avions
pour voir ce qui s'y passe.

Certaines études ont été approuvées
et on a pu avancer.

Mais c'est devenu pénible,

et j'ai décidé de travailler
à autre chose.

Les ingénieurs dépendent
des projets gouvernementaux.

C'est ça ?

Il existe divers financements

mais la plupart proviennent
des agences gouvernementales.

C'est une conséquence
quasi naturelle

du fait que
les infrastructures publiques

sont notre débouché essentiel.

En ingénierie des transports,

Ia taxe sur l'essence finançant
le ministère des transports,

ce dernier finance la recherche

sur l'aménagement de la circulation,

une meilleure approche
de la circulation des marchandises,

I'organisation des lignes aériennes

pour plus d'efficacité.
Ce genre d'études.

En ingénierie structurale,

Ie privé peut être intéressé,

mais la plupart des études

se font pour le compte
de la puissance publique.

Même si l'entreprise
paye l'immeuble à construire,

Ia recherche de fond déterminera

si l'immeuble résistera
à un tremblement de terre.

C'est une responsabilité civile

qu'une entreprise
ne doit pas prendre.

Cela relève par définition
du secteur public.

Et en conduite de projets ?

Même dans la haute technologie,
les domaines

que l'industrie finance le plus

sont le génie électrique
et l'informatique.

On a un financement public,

et on amène plusieurs entreprises

à se constituer en consortium

pour financer un projet

qui mènera
à un développement de pointe.

Une entreprise de construction

peut souhaiter

fonctionner plus efficacement,

être plus rentable,

rendre sa gestion plus fiable.

La question est de ne pas
servir une seule industrie.

Quand l'université
produit des savoirs,

elle s'attache
à les mettre à disposition de tous.

Quand une entreprise
finance la production de savoirs,

elle veut en rester propriétaire.

Il y a là une contradiction de fond

qui complique
le financement de la recherche

par les entreprises.

Même si le résultat
intéresse le secteur privé,

I'étude doit trouver
un financement public

pour être mise
à disposition de tous.

Si vous préparez
une thèse de doctorat

qui créera des savoirs nouveaux,

Ie principe de l'université

est que ces savoirs
soient rendus publics.

Les intérêts économiques étroits
de l'entreprise

s'accommodent mal de ce principe.

Nous sommes fiers
de nos qualités académiques

et nous sommes reconnus

pour ces qualités.
Dans tous les classements,

Berkeley est en haut.
On s'accroche.

La question est : que faire

pour préserver l'excellence
malgré la pression financière.

Vous connaissez l'histoire.

L'Etat ne peut plus nous financer

au même niveau que par le passé.

Cette ligne rouge, qui représente

Ia dotation corrigée de l'inflation

I'exprime bien.

La pente de cette ligne
nous met sous haute tension.

Voici les commentaires
de ceux qui sont sur le terrain.

Quand vous interrogez
ceux qui sont en première ligne,

ils disent :
"Nos procédures sont complexes,

"et pas assez standardisées.

"Où en est l'automatisation ?"

"Les motivations divergent,

"certains optimisent localement
aux dépens de l'ensemble.

"Trop de doublons,
trop de fragmentation."

Tous sont d'accord pour dire
que ça ne peut pas continuer

comme avant.

Ça va mal.
Les moyens diminuent,

il faut impérativement
nous réorganiser.

Si la réorganisation réussit,

nous éviterons les mesures draconiennes

qui compromettraient
notre activité académique.

C'est hors de question.

Notre excellence sera préservée,
point final.

Mais si l'Etat de Californie
diminue son financement,

nous devons faire des économies

sur nos dépenses de gestion.

En économisant 25 millions par an,

on peut éviter d'augmenter
de 13 % les frais d'inscription.

Une mesure drastique.

On peut éviter ces terribles
"congés sans solde"

qui causent
toutes sortes de dégâts.

Ou encore, on évite
d'avoir à trouver

500 millions de complément
à notre dotation.

Parvenir à l'excellence
fonctionnelle, même à ce niveau-là,

éviterait ces mesures drastiques.

L'objectif que nous nous fixons

est d'économiser
75 millions par an.

Pas 25, mais bien 75 millions,

de manière à éviter
ces mesures drastiques

et à affecter l'argent
à nos missions fondamentales.

Le défi majeur à mes yeux
est d'amener les personnels

travaillant
dans les labos dépensiers

et les services chargés
des fournitures et voyages

à accepter l'idée
de concentrer nos achats

sur un petit nombre
de fournisseurs,

sur la base de contrats
garantissant le meilleur prix.

Cela paraît simple
mais l'idée est étrangère

à une mentalité selon laquelle
chacun a sa liberté d'action

et n'a pas d'ordres à recevoir,
même pour son bien.

Ce sera notre grand défi.
Mon grand défi.

Vas-y, marche.

Je sais, il va vite.

Quand vous posez le pied,
sentez-vous le haut du corps

partir en arrière ?

Je sens quelque chose

quand l'extension du pas
me pousse en avant.

Ça pousse vers l'avant,
pas vraiment vers l'arrière.

Quand vous accélérez,
vous ne poussez pas...

Ie haut du corps part en arrière ?

Ça dépend sur quoi
est le poids du corps.

Quand il porte
sur la jambe droite,

comme ça ?

Ça dépend du torse.
S'il est très penché,

une petite poussée arrière
ne gêne pas.

Je crois que tu le sens,

parce que
quand tu veux accélérer,

tu te penches en avant.

Parce que comme ça, tu peux...

Compenser.

Tu te penches
pour que ton poids compense.

Avez-vous constaté
un risque de chute ?

C'est ça, marcher.

C'est jouer avec le risque
de tomber en arrière.

Nous voulons l'amener
à se tenir le plus droit possible.

A une marche naturelle
qui joue avec cette limite.

Quand un patient
commence avec l'appareil,

nous l'incitons
à se pencher en avant.

Loin du point-limite
de la chute en arrière.

Ted utilise l'appareil
depuis longtemps,

il sait quand il risque de tomber,
il le sent.

Vous l'avez vu partir en arrière ?

Tout à fait.

On n'apprend pas où passe la ligne
qui mène à la chute

sauf à la passer quelques fois.

Quand il frôle la chute,

c'est à cause de quoi ?
Le couple augmente

et son torse part en arrière ?

Un moment de torsion
le fait partir en arrière.

Comment éliminer
la probabilité de chute,

ou du moins réduire la probabilité
de chute en arrière ?

Tombe-t-il pour d'autres raisons ?

A part ce mouvement
vers l'arrière ?

Les autres types de chute,
nous ne les contrôlons pas,

parce que nous n'actionnons pas
le mouvement latéral...

Nous contrôlons la chute en arrière
dans le plan sagittal.

C'est très intéressant.
Il a du mal à garder l'équilibre

parce qu'il n'a aucune sensation
dans les pieds.

L'équilibre combine

I'oreille interne
et le retour sensoriel des pieds.

Il a l'apport de l'oreille interne

mais pas celui des pieds.

La machine a deux informations.

L'information
sur l'angle absolu du torse

et la distribution de la pression
sur les pieds.

Cette information
ne vient pas du patient.

Ted ne l'a pas,
du fait de sa blessure...

Vous avez ce qu'il faut
pour compenser.

Sur le torse,
et sur la réactivité au sol.

Pour compenser
son manque d'équilibre.

Mais là,
il se penche juste en avant

pour résister au mouvement arrière.

L'apprentissage de la marche

ne se fait pas par étapes.

On ne peut compter uniquement
sur la force des talons.

On doit rassembler
tous les composants de la marche.

Se pencher en avant
élimine le risque de chute

et permet de se concentrer,
par exemple,

sur soulever le pied à chaque pas.

Quand il a acquis ça,
on dit "Tiens-toi plus droit,

"on va apprendre à ne pas tomber."

Si vous aviez deux ou trois voeux

pour améliorer cette machine,
quels seraient-ils ?

Je voudrais parvenir au stade où

Tim passerait une vitesse
et programmerait vraiment.

Que la machine s'emploie
sans béquilles,

comme un Segway.

On se penche,
l'appareil marche pour vous.

On la retient,

elle s'arrête, on s'appuie...

Vous êtes en train
d'épaissir sa thèse de doctorat.

Doctorat plus plus plus.

Post-doctorat en vue.

Supposons qu'on n'y arrive pas,

en tout cas pas rapidement...
mais on y arrivera.

Pourquoi parliez-vous
des béquilles ?

J'aimerais un système plus robuste,

plus intuitif

en termes de sécurité
et de placement des béquilles.

Plus de retour sensoriel,
avec l'accéléromètre

et le gyromètre sur le buste.

Marchez-vous mieux avec les béquilles
ou avec le déambulateur ?

Avec les béquilles.

C'est plus efficace et plus adapté.

Mais c'est plus dur...

De s'y habituer.

Le déambulateur
vous fait sentir plus stable ?

Plus lent.
Plus stable,

mais ça limite les déplacements
et les gestes.

Très intéressant.

Avez-vous modifié sa démarche ?

C'est la même
pour tous les usagers ?

La machine doit pouvoir fonctionner
avec des usagers différents.

Avec un programme permettant
de modifier les trajectoires

selon les usagers
ou les situations,

Ia machine est en mesure

de bien fonctionner
pour des usagers de tous types

et non pour un...

C'est bien,
mais c'est pas génial de n'avoir

qu'une trajectoire,
celle de la marche en avant.

Ce n'est pas l'idéal.

Nous pouvons

nous rapprocher
de ce que son corps ferait.

Du fait de cette lésion
de la moelle épinière,

son cerveau ne commande plus
ses articulations.

La machine doit s'en charger.

Nous voulons nous rapprocher
de ce que son cerveau ferait.

La trajectoire étant constante,

Ie décollement des pieds du sol
reste inchangé.

S'il y a quelque chose
sur sa route, il s'en arrangera.

Il est inchangé si vous opérez
la machine à la perfection.

Disons qu'il n'y a pas d'obstacle,
il marche sur un sol plat.

Mais si sa béquille dérape,
il se penchera plus.

Ou s'il a précédemment trébuché...

S'il y a un incident
et si on n'y fait pas face,

son pied va heurter le sol
et il trébuchera.

C'est ainsi
que fonctionne la marche.

Nous disposons de quoi
modifier la démarche

et la trajectoire,

mais on la maintient constante
pour...

Nous voulons régler
la hauteur du pas

pour que le pied se décolle
s'il se penche.

Nous voulons employer les béquilles

pour prévoir la longueur du pas.

S'il arrive près d'un mur

et veut atteindre un interrupteur,

et si son pas est fixé à 30 cm
et que le mur est à 15 cm,

et l'interrupteur plus loin,
il est coincé ou il se cogne.

Il faut ajuster la longueur du pas
à partir des béquilles.

Les paramètres doivent
être ajustés au vol.

Comment changerez-vous ça ?

A partir de quoi
changer la trajectoire ?

Comment obtiendrez-vous
les éléments nécessaires ?

Ce qui vous permettra de décider

de changements au genou
ou à la hanche...

De quelle information
disposez-vous ?

Des infos sur la posture,
sur l'inclinaison du buste.

Les articulations nous disent
la distance entre orteil et sol.

On peut suivre l'orteil au-dessus
du sol.

Les angles des bras

indiquent l'ampleur du support

et jusqu'où il peut avancer.

Si la vitesse varie,

s'il déplace les béquilles vite,

nous pouvons adapter la vitesse
en fonction,

avant de décélérer.

Nous accueillons le Prof. Allen

pour nous parler de ses travaux,
qui sortent de l'oubli

I'histoire des Afro-américains
dans la 2e guerre.

Nous sommes honorés

de le recevoir.
Merci.

Je lui cède la parole.

Quel est le rôle des "gens de peu"
dans le changement social ?

On le trouve rarement
dans les manuels.

Les manuels se concentrent
sur les célébrités,

Ies hommes et femmes célèbres

qui font la une des journaux.

Voilà ceux dont parlent
les manuels d'histoire.

Mais il y a une autre histoire,
celle des gens ordinaires.

Leurs actions,

rarement reconnues,

Ieur ont parfois valu la prison.

Comme ces militants, dans le Sud,

du Mouvement des Droits civiques,

ou les syndicalistes

qui organisaient
le mouvement ouvrier...

Ce sont eux
qui ont fait changer les choses.

Mais aucun mérite
ne leur est reconnu.

Ce sont des gens de peu
dont les journaux ne parlent pas.

Mais c'est l'impulsion donnée
par les gens ordinaires

qui est le vrai moteur
du changement.

C'est le message
que je vous adresse.

Si vous étudiez
les cas de changements radicaux,

demandez-vous toujours
quelle histoire se cache derrière.

Qui en est à l'origine ?

Avant que le "grand homme"
se décide à faire ce qu'il faut.

Que s'est-il passé avant ?

Posez-vous cette question

et enquêtez sur cette histoire.

Nous avons là une reprise de...

"Le temps n'est que la rivière
où je vais pêcher".

Comme un leitmotiv musical

qui revient constamment
dans le livre.

Comme Mahler reprendrait
régulièrement un thème.

Mais le thème est joué
différemment à chaque fois.

Le but du cours est comme toujours

d'aborder cet apparent
fatras d'observations

pour voir s'il y a chez Thoreau
des motifs récurrents.

Relisons ce passage,

page 1 29, que j'ai souligné.

"Sur cette grande étendue,
pas un trouble

"qui aussitôt ne s'atténue

"et s'apaise,
comme dans le vase d'eau ébranlé

"les cercles en quête des bords,
puis tout s'apaise."

Si c'est un symbole,

comme la pureté de l'eau peut
symboliser l'esprit ou la religion,

que cela symbolise-t-il ?

Un étang ne peut être troublé
par les humains,

par leurs fautes

ou par leurs faiblesses
et leur impureté.

Les étangs seront là
jusqu'à la fin des temps

et l'étang de Walden
existe depuis toujours.

Il a vu les civilisations passer
et il nous survivra.

Il a plus de sainteté
qu'aucun humain

parce que rien de ce qui
nous rabaisse ne l'affecte.

Excellent, mais détaillez
comme vous reliez cela

à ce qui est dit dans ce passage.

Comment y avez-vous pensé ?

L'idée qu'il est paisible
même quand il est troublé.

Il redevient paisible.

Il retrouve toujours son égalité,
sa pureté, sa bonté.

L'égalité retrouvée de la surface
vous amène à élargir

aux peuples qui passent
tandis que Walden reste.

Avant de continuer,
un point que j'ai peu abordé :

Ia philosophie d'Emerson
qui est à arrière-plan...

Le célèbre essai d'Emerson
sur la Nature

qui fit forte impression
sur Thoreau.

Nous sommes séparés de la Nature,

que nous voyons
comme un objet étranger.

Emerson parle du "Non moi".

Mais si nous creusons assez,
nous découvrons

que nous participons
d'un esprit commun.

A un niveau profond de conscience,

Ia séparation
entre une personne et l'autre,

ou entre les hommes
et ce que nous appelons Nature

s'efface.

Je vais appuyer
sur le bouton "avance rapide".

Nous approchons du chapitre
"Considérations plus hautes"

où Thoreau s'inquiète
d'être une créature qui mange.

Dans le premier chapitre,

il recommande de limiter
sa consommation au minimum,

assez pour rester en vie,

et d'employer son énergie
à progresser spirituellement.

Mais Thoreau utilise par ailleurs
la métaphore

du papillon à peine sorti du cocon

qui porte encore les résidus
de la larve qu'il fut.

Le fait que sa vie spirituelle
doit être entretenue

par la pratique
de manger des choses,

Iui apparaît comme une souillure,
une impureté.

Ce que nous voyons s'esquisser

page 135.

"Depuis que les bûcherons,
le chemin de fer et moi-même

avons profané Walden..."

C'est lapidaire
mais terriblement important.

La profanation,

par les bûcherons
ou le chemin de fer.

Les dégâts profonds et frappants

infligés à l'environnement
de Walden

par une modernisation rapide...

sont une profanation.

Mais il s'inclut
parmi les profanateurs.

Il n'a pas rasé la forêt,

mais il a utilisé le lieu.

Rappelez-vous la notion de faute

qui vient avec l'usage.

C'est-à-dire tuer pour vivre.

Plus tard, page 137...

"La Nature n'a pas un hôte humain

"pour l'apprécier."

Il voulait être lapidaire,

mais il n'a pas écrit
"peu d'hôtes humains".

Être vivant,

c'est être insuffisamment
reconnaissant.

Parce que vous êtes un profanateur.

Il a certes consommé au minimum.
Mais c'est un philosophe,

et l'idée

qu'il se maintient en vie
en sacrifiant d'autres vies

est le problème
qu'il veut nous opposer.

Revenons à cette sérénité troublée.

"Sur cette étendue,
pas un trouble

"qui aussitôt ne s'atténue
et s'apaise."

Plus haut,

ce trouble est celui des animaux
qui s'entredévorent.

"D'un sommet de colline,
vous verrez un poisson sauter.

"Car il n'est ni brochet ni fretin
cueillant un insecte

"qui ne trouble manifestement

"l'équilibre du lac entier.

"Etonnant le soin avec lequel
ce simple fait est annoncé,

"ce meurtre de piscine...

"se saura."

Il continue en disant

plus bas...

"Les frissons de joie
ne se distinguent pas

"des frissons de douleur."

Constamment, dans ce texte,

Ia tuerie est à l'oeuvre.

La dévoration et le meurtre.

Ce qui semblait être
un panorama paisible

se déploie
comme une scène de carnage.

Le paysage, les bois, l'étang,
tout.

Cela nous trouble moins
que si, disons,

un ours dévorait un humain,

à cause de l'échelle de l'action.

Ce que Thoreau affronte ici

est la question qui suivra
après le premier chapitre :

non plus son appétit à lui,

mais le fait que la Nature
est "sanguinaire".

Et ce malgré les apparences

de paix, de placidité
et de gentillesse

que le spectacle de la Nature
nous offre.

Cet agréable petit fantasme

qui a bien peu à voir

avec les continuelles atrocités
qui se produisent.

Comment s'arranger de cela ?

Comment maintenir des coûts bas
pour nos étudiants ?

Si le taux d'autofinancement
grimpe,

Ies étudiants
issus de la classe moyenne

ne pourront plus se permettre
de venir à Berkeley.

900 étudiants sont devenus
éligibles à la Bourse Pell,

alors qu'ils ne l'étaient pas
avant.

Ce qui est arrivé l'an passé
dans le contexte économique

a augmenté le nombre d'étudiants
éligibles aux bourses Pell.

J'appartiens à la classe moyenne.

Et dans l'économie actuelle,
ça craint.

Ma mère est prof,
et dans son district,

elle est moins payée qu'avant.

Les coûts d'inscription
et de logement ont augmenté.

Je me sens obligée
de travailler plus

pour compenser.

Et c'est angoissant...

Je ne suis éligible à rien
sauf aux prêts non subventionnés.

Et ça me fait du mal de voir
ce que mes parents endurent.

Ça craint vraiment.

Je comprends ton point de vue.

Il est bien que les étudiants
dans cette situation,

et je sais
qu'ils n'ont pas le choix,

travaillent plus.

Mais nous les incitons
à ne pas travailler trop

pour ne pas compromettre
leurs résultats

ni prendre du retard,

ce qui alourdirait
la charge financière des familles.

Nous vous encourageons à profiter

des cours d'été,
qui coûtent moins cher...

à être créatifs
pour vos conditions de vie,

à vous activer
pour recueillir des dons

pour payer vos études.

Nous comprenons.

C'est juste que nous manquons
de ressources en ce moment

pour intervenir plus
que nous le faisons.

Les prêts non subventionnés

ont un taux d'intérêt de 6,8 à 7 %.

Et les intérêts s'accumulent.

Mais avec un diplôme de Berkeley,

vous trouverez un emploi
bien rémunéré

et vous pourrez rembourser.

J'ai moi-même emprunté beaucoup

pour mes études,

et je ne le regrette pas,

même quand j'envoie
mes chèques de remboursement.

J'ai bénéficié d'une éducation
de haut niveau

que je n'échangerais contre rien.

Je vous incite à rencontrer

Ie service des aides
pour examiner des options

auxquelles vous n'auriez pas pensé.

Une des grandes difficultés
des étudiants

est de déterminer
leurs capacités d'emprunt.

Et c'est important avant tout
pour les familles.

Cela varie en fonction

des revenus et du profil de classe.

Ce qui me tue,
c'est de voir des étudiants

ignares en matière financière

payer à crédit
avec leur carte bancaire...

j'arrête là.

Ou d'autres acheter une voiture

à 30 000 dollars

qui se dépréciera
dès la sortie du garage,

alors qu'ils n'empruntent pas
pour des études...

qui ne se déprécieront jamais.

Votre éducation
ne se dépréciera jamais.

Comment prendre des décisions

sur ce qui est possible
au vu de la situation familiale.

Venez ici parler
de votre cas personnel,

de votre situation,
de celle de la famille,

des options que vous avez,

pour soulever tous les lièvres.

Vous vous le devez.

Nous traitons
37 000 demandes de travaux par an,

plus 15 000 autres

pour la maintenance préventive.

Cela fait beaucoup
de demandes à satisfaire

et on a du mal.

En maintenance préventive,

Ie plus important

est d'anticiper
et traiter un problème

au lieu d'attendre la demande.

Il faut huiler les machines,

changer des courroies,

changer des filtres,

graisser des rouages, tout ça.

Si c'est fait de manière proactive,

ça diminuera le nombre
de demandes de travaux

que nous recevrons.

Nous devons lister
nos équipements,

Ieur emplacement
et leurs besoins.

Nous y avons travaillé,

et nous avons identifié
9 000 pièces.

Le total doit approcher les 20 000.

Nous travaillons encore
à tout identifier

et à comprendre ce qu'il faut
avant que ça casse.

C'est le plus important,

en ces temps de vaches maigres,

pour que le campus marche.

George parle des
"63 fuites dans les toits".

Moi, je parle de
notre unique tondeuse.

Pour les pelouses. J'ai un employé
pour tout le campus.

Pour tout le campus ?

Il est vachement bon.

Ce qui est intéressant
dans cet exemple,

c'est le dévouement du personnel.

Malgré les réductions de personnel,

ils tiennent le campus en bon état.

Pour quelqu'un qui visite le campus,
le moment de vérité,

c'est dès l'entrée.
Quelle allure ça a ?

Les ordures sont ramassées ?
Les pelouses sont tondues ?

Une mauvaise image pourrait
nous faire du tort,

si nous n'étions pas au point.

Que pensez-vous de l'hypothèse

d'aligner le salaire d'un enseignant
sur l'offre qu'il a ailleurs ?

Lors du débat à la Chancellerie,

il est apparu
que 85 % des enseignants

pensent que nous devrions le faire,
mais que 60 % n'aiment pas l'idée.

Le chevauchement vient
des nombreuses personnes

qui n'imaginent pas d'autre solution
pour retenir nos enseignants.

Le Chancelier pense

que nous pourrions y venir

si nous étions certains
que ça marche.

- On ne s'aligne pas ?
- C'est ça.

Il existe des stratégies
intermédiaires

à la ligne dure du MlT...

"On ne s'aligne pas.
On les privilégie."

Quand on recrute un assistant,

on regarde notre grille salariale
des assistants,

et on ajuste en fonction
des salaires constatés.

On tient déjà compte du marché.

Renchérir dès l'étape
du recrutement

et ne pas pouvoir suivre
ce que le privé paye,

ce ne serait pas très malin.

Je suis d'accord avec Andrew :

regardons bien
sur qui nous nous alignons.

On a déjà progressé

en évaluant mieux
ce qui profiterait à Berkeley.

Les doyens doivent motiver
plus précisément

ce qui justifierait
un "hors barème".

Si nous refusons
toute compétition des salaires,

et même si le salaire
n'est pas tout,

nous enverrons un message négatif
à nos enseignants.

"Pour vous,
c'est Berkeley ou rien".

Il y a un marché,
nous voulons les meilleurs.

Cela augmente parfois
le prestige de l'enseignant

que Harvard ou Stanford le veuille.

Cela renforce l'enseignant
dans la conscience de sa qualité.

Nous devons juste

examiner avec prudence
sur qui nous nous alignons.

Ces 4 dernières années,

nous avons vu
de riches universités

essayer de capter nos stars
en doublant leurs salaires.

Pour des raisons d'équité
à l'intérieur de l'université,

nous avons coupé la poire en deux

en proposant 50 % de plus.

Dans les cas que j'ai en tête,
c'était moins.

30 ou 40 % d'augmentation

au lieu du doublement.
Et ils sont restés.

Quelques enseignants ont demandé
de quoi aménager leurs locaux.

Ce qui,
dans une institution de qualité,

est permettre à l'enseignant
de mener sa mission.

Pas de mesure salariale,

mais de l'argent
pour aménager les locaux.

C'est ce qui les a retenus.

On n'en parle pas assez.

Certains d'entre vous,
les professeurs expérimentés,

savent bien

que le comité budgétaire
prend très au sérieux

I'avancement et la titularisation.

Je lis les dossiers
des non-titulaires

et des "hors barème".

Et certains ont été furieux
contre moi

quand je n'ai pas suivi
leurs recommandations.

Je prends ça au sérieux.

Si vous ne l'avez pas vécu,

ne vous sentez pas menacés,
mais je veux en parler.

La chose la plus importante
dans une grande université,

ce sont les enseignants.

Sans un grand corps enseignant,
pas de grandeur.

Cela signifie qu'il est
de votre responsabilité

de recruter, fidéliser et promouvoir
des enseignants exceptionnels.

C'est la garantie
de notre excellence.

Chez moi, j'ai une pile de dossiers
de titularisation.

Leur lecture a été réconfortante.

Que de dossiers
de personnes remarquables

pour leurs recherches...

Mais ce n'était pas toujours le cas.

Certains dossiers étaient loin
d'être réconfortants.

Je m'adresse ici aux doyens
et directeurs.

Car ces doyens et directeurs
de département

Ies recommandaient chaudement.

Nous verrons quoi en faire.

Il n'est pas dans l'intérêt
d'un département

ni dans l'intérêt de la faculté
dont vous êtes le doyen

de défendre un dossier
visiblement faible.

De mon expérience des
titularisations au MlT et à Toronto,

je suis très bon lecteur
de dossiers, comme George et Shelly.

Nous sommes bons, franchement.

On voit en 5 minutes
si un dossier est faible.

Je vous conseille vivement,

et c'est votre responsabilité,
de mieux trier avant.

Pas de grande université
sans grands enseignants.

La responsabilité des doyens
n'est pas

de titulariser
toutes leurs recrues.

Certains ne sont pas au niveau
pour être titularisés.

Il est de votre responsabilité,
pas de la nôtre,

d'émettre un véto.

Exercez votre esprit critique
sur les titularisations.

Si vous envoyez un dossier
commençant par

"Je suis heureux de vous proposer
cette candidature remarquable"...

Et on lit, on cherche sur lnternet...

"Quel impact réel
a eu son travail ?"

Si vous pensez que la personne
vaut mieux que son dossier,

expliquez-le honnêtement.

Il est meilleur
pour la personne et vous

de présenter un dossier honnête.

Certains connaissent
ma passion personnelle,

qui n'est pas uniformément partagée
parmi vous...

Les chaires servent
à récompenser nos personnels,

et d'ordinaire nos chercheurs.

Mais nous devons aussi récompenser
nos grands enseignants.

J'ambitionne de disposer
d'un ensemble de chaires

destinées à ceux qui se distinguent
pédagogiquement.

Ils doivent être
de grands chercheurs,

mais ils doivent être reconnus

pour leur talent d'enseignants.

Nous espérons créer
un ensemble de chaires

en Collège de grands enseignants.

Nous ambitionnons d'avoir
des chaires pluridisciplinaires.

L'argent ira aux objectifs habituels

sauf une part réservée aux
initiatives pédagogiques créatives.

Cela nous enthousiasme,

et si vous avez
des idées de donateurs

qui chérissent le souvenir
de leurs études à Berkeley,

et qui financeraient
cet hommage aux enseignants,

faites-le-nous savoir.

E.e. Cummings,
"Anyone Lived in a Pretty How Town".

"N'importe qui vivait
dans une combien jolie ville

"Avec en haut flottantes
cloches en bas

"Printemps, été, automne, hiver

"ll dansait ses pas-danses,

"chantait ses pas-chansons

"Femmes et hommes,
petits mesquins

"point des autres s'occupaient.

"Semant du rien,
récoltant du même

"Soleil, lune, étoiles, pluie

"Enfants devinant, peu d'entre eux

"oubliant vite en grandissant

"Automne, hiver, printemps, été

"Qu'aucun ne l'aimait plus et plus

"Quand par maintenant et arbre
par feuille elle riait sa joie

"Elle pleurait son chagrin

"Oiseau par neige

"Bouger par tranquille

"N'importe de quiconque
était tout pour elle

"Quelqu'un épousait chacun

"Elle pleurait son chagrin

"Sommeil, éveil, espoir

"lls disaient leur jamais,
dormaient leur rêve

"Etoiles, pluie, soleil, lune

"Seule la neige
peut tenter d'expliquer

"Comment les enfants
oublient de se souvenir

"Avec en haut flottantes
cloches en bas

"Un jour n'importe qui meurt
je crois

"Personne ne se pencha
pour baiser son visage

"Affairés ils les enterrent
côte à côte

"Petit à petit, était par était

"Tout par tout, profond par profond

"Plus et plus
ils rêvaient leur sommeil

"Personne et quelqu'un

"Terre par avril, voeu par esprit

"et si par oui

"Femmes et hommes, tous dong et ding

"Eté, automne, hiver, printemps

"Récoltaient leur semaison,
allaient leurs venues

"Soleil, lune, étoiles, pluie"

J'ai une formation en chimie
et en génétique bactérienne.

En abordant la biologie cellulaire
et la biologie du cancer,

il m'a semblé
que les scientifiques

pouvaient ne pas avoir
totalement raison.

Ils disaient qu'avec
un virus du cancer donné,

on pouvait produire une tumeur.

Avec un seul gène.

Voici une vilaine tumeur
de poulet

découverte en 191 1.

Et un certain Rous
a eu le Prix Nobel

50 ans plus tard.

Je dis aux jeunes dans le public :

"Accrochez-vous, ça viendra."

50 ans après.

Si vous dissociez la tumeur,

si vous en faites un filtrat

que vous injectez
dans un autre poulet,

vous aurez une autre tumeur.

On a donc isolé
ce Virus du sarcome de Rous.

Le premier virus oncogène.

Puisque cela avait été possible
avec un seul virus,

même dans une culture in vitro,

ils ont dit :
un seul oncogène suffit.

Et on a continué comme ça.

Les femmes ayant l'oncogène BRCA1

I'ont dans chaque cellule
de leur corps.

Mais elles n'ont
que le cancer du sein.

Ou le cancer des ovaires.

Si un seul gène suffisait,
tout le corps

serait exposé au cancer.

Il y a des années,
mes étudiants et moi

avons marqué ce gène en bleu.

Vous voyez ce bleu ?

On l'a injecté
à un embryon de poulet.

Un embryon de poulet.

Vous voyez ça ?
C'est une jolie plume.

Et chacun de ces gènes bleus,

devrait générer

une tumeur dans le poulet.

Mais ils ne le font pas.

Ils s'intègrent à l'embryon,
ils mutent,

ils sont compatibles avec la plume,

et ils vivent heureux ensemble

jusqu'au moment où l'oeufva éclore.

Là, ça se gâte.

Cette expérience montre

que le gène ne suffit pas,
il faut autre chose.

Il fait une chose dans l'embryon
et une autre dans le poulet.

Si on prend cet embryon,

si on le dissocie en cellules

qu'on met dans une coupelle,

il développe des cellules bleues
qui s'empilent comme une tumeur.

Le même gène fait une tumeur
dans le poulet.

Mais dans l'embryon, non.

On triture l'embryon
dans une coupelle, il le refait.

Ça m'a indiqué que le contexte,

Ie micro-environnement
cellulaire des gènes,

Ieur dit peut-être quoi faire.

C'était une hérésie absolue
à l'époque.

Il a fallu des tas de choses
pour prouver que c'était vrai.

Le cancer est un désordre
spécifique d'un organe.

Le cancer du sein n'est pas pareil
que le cancer du foie.

Il faut étudier les détails
de chaque type de cancer.

Le Diable est dans les détails.

Quand j'étais jeune,
on me prenait pour une folle.

Personne ne me finançait.

J'avais du mal
à obtenir des subventions.

On m'a dit de tout.

Regardez sur mon site
l'article à la une

du New York Times du 29 décembre
de l'année dernière.

En première page, on parle de nous,

et ça commence en disant :

"Mina Bissel n'a jamais oublié

"qu'elle disait
que le virus ne suffisait pas.

"Et qu'un virologue célèbre
a pris son article

"et l'a jeté à la poubelle
sous ses yeux."

C'est pas marrant.
C'était très méchant.

J'étais jeune.

Mais on survit à ça,

on croit en ses idées
et on les démontre.

Aujourd'hui, j'ai de l'argent
à ne savoir qu'en faire.

Je suis un bon modèle pour ceux

qui disent "lnfaisable".

Et voici mon dessin préféré.

Il dit au chat :
"Jamais en dehors de la boîte."

Et je dis aux jeunes :

"Pensez toujours hors de la boîte."

"N'écoutez pas vos professeurs
ni vos manuels.

"lls sont morts,
ils sont absurdes.

"lls sont conventionnels, ils ne
font qu'incrémenter."

On fait taire
celui qui veut parler.

Et c'est juste.
Parce qu'il doit démontrer.

Ce que j'ai fait.
J'étais ce chat,

et je suis hélas devenue lui.

Je dis aux jeunes :
"Ne m'écoutez pas,

cherchez vos propres réponses."

Notre lnternet est attaqué
des millions de fois par jour.

Notre première ligne de sécurité.

De partout.
Ceux qui sont en première ligne...

Des millions par jour ?

Littéralement.
Tentatives d'intrusion,

attaques de botnets,

attaques coordonnées sur l'Etat.

Berkeley détient de précieux
résultats de recherches.

Nous sommes une cible
pour l'espionnage industriel.

Nous avons détecté
de multiples fraudes à l'identité.

Des entreprises...

Non, des groupes d'individus
coordonnés

se font passer
pour des professionnels

afin d'avoir des informations.

Des hommes et des femmes
ont été torturés à cause

des travaux du Prof. John Yoo.

John Yoo enseigne présentement
à la Faculté de Droit.

Les journalistes doivent demander
à John Yoo :

"Vous avez piétiné la Constitution,

"et à présent,
vous l'enseignez ici ?"

Qu'ils interrogent le doyen Edley.

Une photo de John Yoo est affichée
sur la façade de la fac de Droit.

Des membres de la Guilde
des avocats et des étudiants

débattront de John Yoo

ce soir à Boalt Hall,
à la fac de Droit. Venez nombreux.

Nous sommes une grande
université de recherche,

nos profs
sont de grands chercheurs,

et les étudiants peuvent participer
à leurs recherches.

Près de 50 %
des diplômés du 2e cycle

ont déjà une certaine expérience
de la recherche.

Et c'est cool.

L'étudiant peut très tôt
choisir ce qui lui correspond,

demander au professeur
sur quoi il travaille,

et s'il peut s'y associer.

Et faire de la recherche avec lui.

Prenez ce T-Rex.

Dans "Jurassic Park",
on voit le T-Rex

en monstre de la jungle
qui dévore tout le monde.

On a découvert ici que le T-Rex
était plutôt un charognard.

Plus une hyène qu'un lion.

Il attrapait une proie

et il attendait
qu'elle soit bien morte.

Là, c'est sa posture de coureur.

Il court, il est très rapide.

Il a peut-être aperçu une proie.

Des questions ?

Les insectes se déplacent
de différentes manières :

par dispersion délibérée,
par le fait d'organismes comme nous,

ou par leur hôte
s'ils sont des parasites.

A l'exemple de la théorie
du ravitaillement optimal,

bénéfices et risques
déterminent si un insecte

se déplacera ou non.

Voici des exemples
de leurs motifs de décision.

Risques induits par le fait
de rester là où il est né.

Il entrera en compétition
avec d'autres de son espèce

pour la nourriture
ou les ressources de nidification.

Les plus dangereux concurrents,

Ies plus complexes à gérer,

sont les individus conspécifiques.

Ils recherchent la même nourriture,
les mêmes partenaires sexuels

et ils vivent dans les mêmes lieux.

La concurrence
au sein d'une même espèce

mènera un individu
à décider de partir

en quête de ressources
plus abondantes.

La compétition entre individus
sur le lieu de naissance

se double d'une compétition
entre parents.

Cette compétition pourra dégrader
l'efficience physique.

La réduction
des occasions de reproduction

diminue la quantité de gènes
transmis aux générations suivantes.

La parenté conditionne aussi
le devenir de l'individu

parvenu à maturité sexuelle.

S'il reste là où il est né,
au sein de sa parenté,

une fois en âge de se reproduire,

il trouvera peu de partenaires
non-parents.

En tout cas après un certain nombre
de générations.

D'où l'apparition du problème
de la dépression de consanguinité.

Des individus rassemblés
en un même lieu

partagent les agents pathogènes.

C'est un problème surtout
en cas de larges agrégats.

Plus la population est dense,

plus les parasites
peuvent se répandre,

et plus les agents pathogènes

passent d'individu en individu.

D'où l'avantage de quitter
le lieu de naissance

pour un site moins densément peuplé

et moins chargé
en agents pathogènes.

Il y a en revanche
des bénéfices

à rester sur le lieu de naissance.

Si les parents
ont pu s'y reproduire,

cela indique que le site
offre les ressources nécessaires.

En particulier
si les types de nourriture

et de milieu

sont spécifiques à l'espèce,
ou mal distribués.

Dans ce cas,
le coût énergétique élevé

du déplacement
vers un site mieux doté

incitera les individus à rester
malgré ces inconvénients.

Se reproduire est facilité
par la présence de l'espèce

sur le lieu de naissance.

Partir à l'aventure

en territoire inconnu

expose au risque de tomber sur
un habitat d'où l'espèce est absente.

D'où de moindres chances
de trouver des partenaires.

Certains bénéfices résultent
de l'interaction.

Ceux de la sociabilité :
défense de groupe,

approvisionnement coordonné,
soins à la progéniture.

Quand on a une progéniture,
il est avantageux d'avoir

une parenté autour de soi
qui vous aide à l'élever.

Enfin, la dispersion
est coûteuse en énergie

dépensée pour voler,
nager ou marcher.

Le Free Speech Movement
et Mario Savio surtout,

a autant donné à ce campus

que nos lauréats du Prix Nobel,

nos donateurs,

ou nos entraîneurs d'athlétisme.

Les Américains ont souvent l'air
décidés à oublier leur passé.

Ils se croient
"dispensés d'histoire".

C'est bien dommage.

L'Histoire est peu enseignée
dans les écoles publiques.

Elle n'est plus exigée
dans de nombreux collèges.

Des manuels d'Histoire censurés

donnent aux étudiants une vision
aseptisée des gouvernements du passé.

Cela a un coût :
l'analphabétisme historique.

Des études récentes
sur le secondaire

font apparaître un nombre effrayant
de lycéens

incapables de situer

Ia Constitution

ou la Guerre civile

dans le bon demi-siècle.

Incapables de décrire le contexte
de la Déclaration d'lndépendance.

Incapables de définir
la Déclaration des Droits.

Triste mise en cause
de nos institutions éducatives.

Avant de comprendre le présent
ou d'envisager l'avenir,

nous devons connaître le passé.

Il a dû arriver à certains de nous
d'évoquer auprès d'étudiants

un épisode central
de notre histoire,

et de rencontrer un manque total
de références et de connaissances.

Selon une étude nationale,

nous serons bientôt

un peuple cynique, passif

et sous-informé.

Un terrain favorable
aux prédications des bigots

qui colportent leur pornographie
politique sous couvert

de moralité chrétienne.

L'Histoire enseigne la méfiance
envers ceux

qui réduisent nos libertés
au nom de leur défense.

La force indispensable à l'Amérique
est le droit à la dissidence.

S'engager dans l'activisme social
n'a jamais été facile.

L'apathie et la compromission
sont bien plus caractéristiques

de nos comportements.

Mais tout au long de l'Histoire,

des hommes ont risqué
l'impopularité

et bravé la violence d'Etat
pour leur engagement.

Au nom de la morale,

au prix de leur vie
et de leur liberté,

pour accomplir
la promesse de l'Amérique.

"Complet"

Qui porte la responsabilité
des coupes budgétaires ?

La crise s'analyse
sur plusieurs fronts.

La responsabilité
joue à plusieurs niveaux.

Tout d'abord, l'Etat de Californie
a cessé de fonctionner.

Le budget doit être voté
à la majorité des deux tiers,

y compris la hausse de l'impôt.

De plus, les budgets doivent
impérativement être en équilibre.

Et le parti minoritaire
en Californie, les Républicains,

menés par le plus riche
des parlementaires, Darrell lssa,

ont pris une position dure.

Les Républicains
du parlement californien

ont fait serment par écrit
de ne pas augmenter les impôts.

Yachts, résidences secondaires,
milliardaires...

On n'augmente pas leurs impôts

alors qu'on peut virer
des concierges, des jardiniers,

des instituteurs et des enseignants,
et augmenter les frais de scolarité.

C'est complètement délirant.

C'est profondément mal.

L'enseignement public est l'outil

de la mobilité sociale,
en démocratie.

Notre pays connaît des inégalités
sans précédent dans son histoire

depuis le crash de 1929,

ou depuis que les Afro-américains
ont cessé d'être des biens marchands

grâce à l'émancipation.

Nous sommes en plein
déséquilibre politique.

Sans contrepoids
pour redresser les choses

du point de vue de l'égalité
comme principe démocratique.

Nous avons identifié 5 points,

quant à nos recommandations,

qui nécessitent notre attention

et des décisions.

Clarté dans le mode de gestion
des situations de crise

et surtout en cas de manifestations.

Système de responsabilité.

Réactivité et efficacité.

Et communication.

Ron va nous raconter sa réunion.

Il est important de saisir

Ie sens de nos relations
avec la Ville de Berkeley

et les engagements qu'elle prend.

Linda a qualifié la réunion
de "bonne".

Je la qualifierais d'exceptionnelle.

J'en ai été très content.

J'attire votre attention
sur le fait que la Ville de Berkeley

avait envoyé tous ses décideurs :

Ie maire, le chef de la police,
le secrétaire général.

Ils sont partie prenante
des décisions

dans le domaine
du maintien de l'ordre

qui impliquent campus
et collectivité locale.

Nous avons examiné les dispositions
de notre Commission Police

en termes d'impact sur la ville.

Elles se récapitulent ainsi :

relations entre ville et campus,

communication et usage

de la technologie.

Enfin, le plus important, la notion

"d'aide réciproque".

Je préfère parler
d'assistance mutuelle,

I'aide réciproque
étant plus astreignante.

Nous avons discuté
d'assistance mutuelle.

En termes de relations,

nous nous réjouissons
que les deux services de police

aient déjà des accords

sur les plans d'opération

et sur leur interaction,
ce qui est formidable.

Le commandement,

soit les deux chefs de la police
et les officiers

se voient chaque mois.

Ils prévoient
des échanges d'agents.

Il s'agit de rapprocher
les mentalités,

pour que tous comprennent

ce qu'implique
intervenir sur le campus

et pour nous,
intervenir en ville.

Nous ne disposons pas
de la technologie idéale

pour communiquer avec la Ville.

Les deux services
s'engagent à tout faire

pour l'améliorer.

Mais nous avons
des moyens de communiquer.

Le groupe de travail

a soulevé un point important.

Notre Commission Police réclamait

un plan d'intervention
et des instructions

sur la manière de gérer
les divers types de désordres.

Nous avons proposé

une "échelle de l'incidence
et de la gravité".

Cela consiste à ordonner
les différents types de désordres

en fonction de leur gravité.

Il y a trois niveaux.

Premier niveau d'incident :

incident de routine.

Dans cette catégorie
entrent par exemple

Ies petites manifestations
non-violentes

contrôlables par le campus.

Notre service de police
est capable de les gérer

sans avoir recours
à une aide extérieure.

Niveau suivant...

Nous le qualifions de "urgence".

On monte d'un cran,
et c'est là qu'interviennent

Ie Vice-chancelier
et la Cellule de crise.

Ils travaillent

avec Mitch et nos policiers
à une riposte coordonnée

qui convienne aussi bien

à l'administration
qu'aux responsables de l'ordre.

"Occupation de bâtiment,
blocage de circulation."

C'est là qu'intervient
la Ville de Berkeley.

Leur police est sollicitée
pour venir sur le campus

pour nous aider.

Nous devons donc nous assurer
qu'ils le connaissent bien,

qu'ils connaissent nos bâtiments,

qu'ils se repèrent bien.

Mitch et son équipe y travaillent.

Je souhaite dire à ce propos

ce qui m'a le plus frappé
au cours de la réunion.

Le maire a dit sans équivoque

que la Ville est totalement d'accord

pour assister et aider l'université

sans invoquer "l'aide réciproque"

de manière formelle.

C'est un grand pas.

Je veux faire remarquer,

avant que nous allions plus loin,

une disposition
de ce deuxième niveau :

"Occupation de bâtiment
non-violente :

"traiter dans les 2 heures
suivant l'ordre d'évacuer".

C'est très différent
de ce qu'on faisait.

Nous devrons en reparler et décider

si nous voulons véritablement
l'appliquer.

Nous en sommes encore
au projet de disposition,

mais jusqu'ici nous disions...

"Le bâtiment ferme,
vous devez partir."

Là, nous poussons la mesure
d'un cran.

"Vous avez 2 heures pour sortir."

Je le fais remarquer
pour que nous y revenions.

Nous y reviendrons plus tard.

Merci de cette remarque.
C'est un point crucial.

Nos travaux ultérieurs ici
lui seront largement consacrés.

Quand on agit trop tard,
cela a un coût.

Quand on agit précipitamment aussi.

Nous en reparlerons.
Ceci est une ébauche.

Troisième niveau.

"Situation de crise".

C'est là que Mitch consulte

Ia Chancellerie

et le Groupe
de gestion des urgences,

si le temps le permet,

et appelle le Bureau du Shérif
pour obtenir "l'aide réciproque".

Ceci s'applique à un incident majeur
sur le campus

qui excède nos moyens.

Avec renforts de police
de l'université de San Francisco

ou de la Ville de Berkeley.

"Occupation de bâtiment

"mettant en cause
la sécurité du campus.

"lnterruption des activités,

"imminence de graves
dommages aux biens."

Cela suppose donc

un renfort venant
d'ailleurs que Berkeley ?

Merci de votre question.
Je dois clarifier mon propos.

J'ai évoqué deux catégories d'aide
dont une que j'appelle "assistance".

Pour le niveau 2, en somme.

La Ville de Berkeley nous aide
sans invoquer "l'aide".

Ils sont avec nous
pour donner un coup de main

dans une tâche
de maintien de l'ordre.

L'autre catégorie, plus officielle,
s'appelle "aide".

Avoir recours à l'aide

implique tout un ensemble
de conséquences.

Notre contexte est très particulier.

L'Université et la Ville
partagent la juridiction.

Nous vivons les uns chez les autres.

Au jour le jour,
on se donne des coups de main.

La Ville nous aide en cas,
par exemple,

de rassemblements.

Ce n'est pas "l'aide",
c'est une coopération au quotidien.

On a une aide
à l'échelle de la Californie.

Je peux appeler les autres campus

pour qu'ils envoient leurs agents.

Si on a épuisé nos ressources,

que tous les policiers
des universités sont pris,

et que Berkeley ne peut rien faire,

j'appelle le Shérif
et j'invoque l'aide.

C'est au Shérif de fournir l'aide.

Il appelle d'autres Bureaux,

celui de Oakland ou celui d'Albany.

Il peut appeler le Comté
pour nous obtenir des renforts.

C'est lui qui voit.
"On veut 60 flics."

On nous enverra
60 flics venus de partout.

L'aide, c'est appeler
des renforts immédiats.

On nous enverra des renforts
toutes affaires cessantes

pour résoudre un problème
de maintien de l'ordre.

Nous préférons n'utiliser
que l'aide interne.

Nous préférons avoir
des agents d'autres campus

qui ont la même approche
de l'agitation,

de la désobéissance civile
et des manifs.

Ici, nous avons affaire surtout

aux manifs d'étudiants
ou d'employés.

Nous avons un lien avec eux.
C'est notre communauté.

Il s'agit bien
de maintien de l'ordre

mais l'approche est différente.

Nous avons parfois hésité
à avoir recours à l'aide extérieure.

Les autres policiers
n'ont pas l'habitude

de notre contexte particulier.

L'an passé, on a eu recours au Comté

au moins 3 fois sinon 4.

Cela faisait bien 10 ans

qu'on ne l'appelait pas.

Cela ne veut pas dire
que nous aurions dû.

La philosophie du campus,
issue des années 60, est :

"Pas d'intervention extérieure".

Nous avons mis un point d'honneur

à traiter en interne
les manifs et l'agitation.

Ce sont nos personnels
et nos étudiants.

On doit savoir négocier avec eux

pour parvenir à une issue pacifique.

C'est ça, notre but.

Vu ce qui s'annonce,
il est possible

que j'aie recours
aux renforts extérieurs

trois-quatre fois, maximum cinq.

Nous allons reparler du 7 octobre.

On ne sait pas
ce qui va se passer.

S'il y aura juste des piquets
et des manifs,

ou une occupation de locaux.

L'intervention de policiers
extérieurs est probable.

Il faut informer à temps

et vu les implications,
faire de notre mieux.

Peut-on envisager

une formation croisée

entre les agents qui interviennent

dans les facs de Santa Clara,
Berkeley et San Francisco ?

Cela fait partie de la question :

Ies agents extérieurs
ont des habitudes.

On leur demande d'en changer.

Il faut les y former.

Nous discutons
avec le Bureau du Shérif.

On va voir comment il réagit.

Il a des personnels de prison
spécialistes des foules.

On en parle.

Ce personnel est sur place,

il ne vient pas du Comté.

Ça marche comme ça.

S'il le faut,
ils appellent l'extérieur.

Mais nous leur expliquons

Ia philosophie de notre traitement
de la désobéissance civile,

notamment des étudiants.

Ils manifestent comme pourraient
le faire les dockers.

Mais dans leur cas,
il n'y a aucun lien

avec les organisateurs.

Nous voulons qu'en cas
d'appel à l'aide extérieure,

ils sachent
à qui nous aurons affaire.

Des gens aussi familiers que nous
du campus,

de sa diversité, de sa démographie
et de sa philosophie.

Avoir ces policiers ici
en dehors des crises,

pour se familiariser avec le campus

et comprendre sa géographie
et son fonctionnement

fait partie de notre projet
de directive.

Nous allons échanger des agents

avec la police de la Ville.

Des policiers de la Ville

viendront à Berkeley et vice-versa.

C'est une idée formidable.

Issue de cette réunion.

Très utile. A développer.

Le Forum étudiant qui arrive

ne doit pas se focaliser
sur les questions de police.

Nous devons communiquer

sur le nombre record
d'étudiants à bas revenus.

Sur la stabilité des coûts.

Nous avons beaucoup à dire.

Et nous écouterons
les critiques des étudiants.

Nous en saurons peut-être plus
sur le 7 octobre.

Ce sera peut-être productif.

Pas forcément négatif.

Les étudiants ont envoyé une note
à propos du 7 octobre.

Ils sont ouverts à la discussion.

Le mieux est de se réunir
et de parler avec eux.

Soyons constructifs.

C'est ce qu'on a essayé l'an passé,
et on aurait pu faire mieux.

Soyons très clairs
sur les points d'accord.

On n'aime pas
augmenter les frais.

Même si l'avantage collatéral
est de contenir

I'endettement des étudiants
grâce aux aides financières.

On n'aime pas rogner sur les cours.

On est furieux
du désengagement de l'Etat.

Dont un effet secondaire

est la réduction
des activités sportives.

Nous devons communiquer au maximum
avec les étudiants

sur les points
où nous leur donnons raison.

Une chose est de communiquer,
l'autre est de décider.

Décider et agir en temps opportun.

Dans le passé,
nous n'étions pas au point

côté prise de décision.

"Votre occupation perturbe
l'activité.

"Evacuez immédiatement.

"Que la Police intervienne."

Quand on demande l'évacuation,
on veut que ce soit rapide.

C'est une décision qui découle
de la demande d'évacuation.

Ça paraît raisonnable.

Vous êtes couvert.
"Je dois évacuer dans les 2 heures.

"Je veux un plan
respectueux de nos valeurs,

"que je communique à leurs leaders."

C'est ce qu'on propose.

L'auto-évaluation.

Apprendre que c'est important
et apprendre à la pratiquer

est un des points clés
de votre carrière

de leader ou futur leader.

Vous avez besoin de feedback.

Vos équipes

ont besoin d'auto-évaluation.

Elles ont besoin de feedback.

Vous devez régulièrement

mettre en discussion...

"Que souhaitons-nous accomplir ?
Quel est mon but ?"

"Quels sont les critères
de la réussite

"ou qui permettent de savoir
qu'on atteint son but ?

"Quelles sont les meilleures
mesures de ces critères

"auxquelles j'ai accès ?"

Si vous ne le faites pas,

vous vous retrouverez,

vous ou l'équipe,

à mener des activités
sans aucun rapport

avec les buts et missions
de l'organisation.

L'organisation elle-même
peut perdre ses objectifs de vue.

Il ne s'agit pas uniquement
d'auto-évaluation

mais d'évaluation organisationnelle.

Poser la question.

"Comment savoir si ça marche"
est important.

Mettre sur pied
un système de feedback

quand on est en position d'autorité

est très difficile.

Quand j'étais ministre du travail

j'avais grand besoin
du feedback de l'équipe

qui m'entourait au quotidien.

A qui faire confiance ?

Qui partage profondément
la même vision ?

A qui faire confiance, parmi ceux

qui connaissent la mission
du gouvernement Clinton,

pour évaluer mon travail ?

J'avais un très bon adjoint.

On est devenus amis.

Mais il rechignait à me parler.

J'avais un mal fou
à en tirer un avis.

Je devais toujours
le lire entre les lignes.

La plupart des gens de l'équipe
disaient seulement :

"Bravo, monsieur le ministre !"

Un des pires problèmes, pour
qui occupe une position d'autorité

est l'absence de feedback.

De feedback utile.

Un jour, à la télévision,
j'ai été mauvais.

Dans l'ascenseur,
à la sortie du studio,

j'étais avec les gens des RP
et les assistants,

et tous disaient : "Génial."

" - Vous êtes sûrs ?
- Génial."

Je savais que c'était bidon.

Une petite voix a dit alors :
"Vous agitiez trop les mains."

"Pardon ?"

Elle était nouvelle
aux Relations publiques.

Ça lui avait échappé.

Elle en était très gênée.

"Comment dites-vous ?"

Elle a regardé autour d'elle,
et ses supérieurs

Ia fusillaient du regard.

Elle a dit :
"Vous agitez trop les mains.

"Ce serait mieux de regarder
la caméra ou votre intervieweur,

"sans agiter les mains."

Elle est devenue
une de mes conseillères de confiance.

Elle était honnête.

Et j'ai découvert avec le temps

que ses postulats

et sa manière
d'envisager les choses,

étaient justes.

Elle était honnête
et elle comprenait.

Agiter les mains
affaiblissait mon propos.

Et elle comprenait bien
ce qu'était notre mission.

Elle a été régulièrement promue
pendant mon mandat.

Rares étaient ceux sur qui compter.

Un employé sait vite
si le patron veut entendre

qu'il est super. S'il est honnête,
il ne sera pas promu.

L'honnêteté doit être récompensée.

Récompensée et sollicitée.

Au-delà de l'honnêteté,

il s'agit d'adhésion aux missions.

La position par défaut n'est pas

qu'ils veulent être honnêtes
mais qu'ils ont peur.

Ils ne seront pas honnêtes.

Ils vous flatteront.

Je me souviens
des réunions d'enseignants...

Une vraie horreur.

J'ai passé la moitié de ma vie
dans des réunions gouvernementales

et l'autre moitié
dans des réunions de profs.

Les réunions de profs
durent deux fois plus.

Pourquoi ?

Parce qu'ils aiment parler.

Ils sont habitués
à s'entendre parler

et à voir l'auditoire
hocher la tête.

Les réunions sont interminables.

A quelques occasions,
dans ces réunions,

j'ai demandé :

"Qu'avons-nous réussi aujourd'hui ?

"Peut-on en parler
quelques minutes ?

"Evaluons comment nous,

"les profs,
nous avons assuré telle chose.

"Ce serait utile.
Pour essayer de faire mieux."

Norma a le même regard sceptique

que celui qu'on m'a lancé
la première fois que j'ai dit ça.

"C'est qui, lui ?
Il se croit supérieur ?"

Il est possible
de changer une mentalité

pour que l'équipe gagne

en conscience constructive
de son travail,

en idées pour avancer

et être plus efficace.

Pour mieux définir la réussite.

Dans vos carrières professionnelles
vous devrez savoir

de quel système vous disposez,

vous et votre équipe,
pour vous auto-évaluer.

L'aide à la garderie
est la mesure

Ia plus appréciée
des enseignants jeunes.

Ça marche très bien.

C'est un grand succès.

La société de service

vérifie chaque prestation
de garde à domicile ou à l'extérieur.

Il y a toujours des plaintes :

"La personne n'a pas
surveillé mon enfant,

"elle ne s'en est pas occupé."

Mais le retour de nos assistants

a été plutôt positif.

Une demi-douzaine d'assistants

ont recours au service
en dehors de Berkeley.

Dans les 50 Etats,
on appelle un numéro vert

et quelqu'un vient garder l'enfant.

Quelqu'un a tout utilisé d'un coup.
Son crédit de 80 heures par an.

Je me suis demandé pourquoi.

C'était pour écrire un projet.

Autre exemple :
un prof organise un séminaire.

L'assistant ne peut pas venir,
il a des enfants.

Il appelle le numéro vert.

La société de service
m'a donné des chiffres.

Cette année, nous avons économisé

environ 150 jours de travail

en évitant que les gens soient
contraints de rester chez eux.

C'est donc un excellent programme

et je suis heureux de vos remarques.

Les gens sont contents
qu'on subventionne un service,

ce n'est pas surprenant.

Et je comprends
pourquoi l'université le fait.

Mais c'est une dépense
un peu bizarre

et un peu discriminatoire...

en ces temps de rigueur budgétaire.

Pourquoi pensez-vous ça ?

Chacun fait des choix dans la vie
et aimerait

qu'on les lui subventionne.

Pourquoi subventionner ce choix-là ?

Il s'agit de prendre en compte
une étape du cycle de la vie

qui est de faire des enfants

et de les élever.

L'avantage induit étant alors
moins de soins aux vieux.

Problème qu'ont beaucoup
de mes collègues.

C'est gagnant-gagnant pour l'individu
et pour l'université,

et ça me va.

Nous manquerions de compétitivité

si nous ne proposions rien

sur ce sujet important
pour nos assistants.

Les universités concurrentes
offrent d'excellents conditions

et ça fait envie.

On recrute des gens pour enseigner
et faire de la recherche

et on a toutes sortes de mesures
pour les aider.

Ça coûte des clopinettes.

40 000 dollars par an.

Voyez "l'indemnité de recrutement".

C'est une aide au logement.

On accorde une certaine somme...

50 000 dollars de subvention
à un emprunt-logement.

Pourquoi pas la garde des enfants ?

Dans notre
"Manuel du personnel académique",

"l'allocation-logement" est devenue
"allocation recrutement".

Lisez-le bien :

"pour le logement, la garderie
et la scolarisation des enfants".

C'est en phase avec notre politique.

C'est un service dû
à nos assistants.

Nous investissons sur eux,

nous devons les aider
à remplir leur mission.

Nos concurrents...

Dans le tableau fourni
au Chancelier,

on a Duke, Princeton, Columbia,

Michigan et Stanford.
Tous nos concurrents.

Tous sauf un ont cette subvention.

C'est la concurrence.

On a l'allocation-recrutement
et l'allocation de maintien.

Ces 40 000 dollars

profitent à 300 assistants.

On aurait pu les consacrer
à autre chose.

On a pris l'argent là
où il ne nous rapportait rien.

C'est une mesure indispensable

et un investissement modeste.

Je vous ai envoyé
une première version

de l'introduction.

J'ai voulu exposer
les principes de base

du contrôle translationnel.

Les mécanismes du processus
d'initiation de la translation,

puis le cas du virus de l'hépatite C

et pourquoi il nous intéresse.

Quels sont les traitements...

Pour justifier

Ie criblage à haut débit
des inhibiteurs.

Puis parler des mécanismes du virus

dans un paragraphe

sur le rôle des virus.

En travaillant aux autres appendices

j'ai trouvé des données
mutationnelles,

que je n'ai pas incluses
dans le texte.

Je travaille à les résumer
en quelques chiffres.

Je traiterai peut-être ça

sous forme d'addendum à ce chapitre.

Je n'ai pas encore
soigné l'écriture.

Je fais en sorte

que les approches et hypothèses

que nous voulions tester

et pour lesquelles j'ai des données,

mais qui sont exclues du texte,

soient documentées pour d'autres...

Peut-être qu'un autre étudiant
s'associera au projet.

Idéalement, ça lui servira

à connaître le projet
et à le continuer.

Ou qui sait,
on sera en collaboration

pour le criblage
de petites molécules...

et ces données seront très utiles.

Certaines données mutationnelles

ne trouvent pas leur place ici.

Mais si nous résolvons
la structure cristalline...

Nous ne savions pas
interpréter ces mutants,

mais on y verra mieux

quand on connaîtra l'ARN.

J'espère.

Ce sera réintégré...

Pour le moment, il suffit

de bien tout présenter

pour ceux qui continueront.

Parfait.

Le précédent vice-recteur,
Jan De Vries, disait :

"ll faut combiner la passion
et le discernement."

Cette phrase signifie pour moi

que la monnaie du royaume académique
est l'argumentation rationnelle

et la collecte de preuves.

C'est là qu'intervient
le discernement.

La passion est nécessaire
pour diverses raisons :

pour le moral,
pour le sens de l'engagement,

pour trouver l'énergie

de poursuivre ses ambitions.

Le discernement
est tout aussi important.

Vous y repenserez

en préparant vos dossiers
académiques.

Vous aurez de meilleures chances

de convaincre les autres
de ce que vous attendez

d'un recrutement
ou de tout autre projet.

L'argumentation rationnelle
et le travail de la preuve,

et non le pompon de majorette,

sont notre monnaie.

Ceux qui agitent les pompons

sans fonder leurs slogans
sur la preuve et la logique

seront déçus.

Parce que les budgétaires,
le doyen ou moi-même

nous le discernons.

Nous ne primons pas les pompons.
Nous primons les bons dossiers.

On trouvera difficilement ici
un employé

opposé à l'idée
d'excellence opérationnelle.

Beaucoup pensent se battre
depuis longtemps pour l'accomplir.

Ils sont heureux que l'institution
encourage le changement.

Il faut cependant savoir reconnaître

qu'il s'agit avant tout
d'effectuer des coupes budgétaires.

Et qu'au temps de notre prospérité,

aucun projet "opérationnel"

n'avait envisagé de nous doter
d'une administration

à la hauteur de notre excellence
académique.

J'ai remarqué

que dans son exposé
du projet opérationnel,

Ie Prof. Pisano a dit

que nous sous-investissions
dans l'infrastructure

depuis des décennies.

Le personnel est très déchiré.

Il soutient sans réserve les efforts

destinés à rendre l'université
plus efficiente.

Mais il voit bien
que les économies proposées,

appelées
"simplification organisationnelle",

recouvrent en fait

de nouvelles réductions de personnel.

Comment ranimer leur moral
dans cette situation ?

Il est crucial de conforter

Ieur vision de l'objectif final.

Vous le faites, et je conseille
de le faire ad nauseam.

Quel bénéfice en attendre
à la fin, pour tous...

étudiants, enseignants,
mais aussi employés.

L'aspect douloureux du processus

doit être reconnu et traité.

Nous ne serons pas crédibles

si nous envoyons un message
uniquement positif

sur ce qui sera en fait douloureux
pour certains.

Je n'aime pas plus que vous
licenciez des gens.

Surtout dans ce climat économique.

J'ai rencontré des gens licenciés...

L'année a été chargée
en tâches difficiles

y compris mettre les gens
en congé sans solde.

Ça, c'est fini.

Mais la mesure a sauvé 460 emplois.

Surtout des postes à bas salaire.

Je suis fier de notre communauté.

Certains le savent déjà...
Je le répète pour les autres.

A l'époque de cette mesure,

j'en ai parlé,
dans une réunion à New Haven,

avec le président de Yale,
celui de Princeton,

ceux de Michigan et de Stanford.

Ils m'ont dit que chez eux,
les enseignants

ne coopéraient pas.

Qu'ils refusaient de contribuer

à sauver des emplois

en réduisant leur salaire.

J'ai dit :
"Ceux de Berkeley, oui."

Ils ne nous ont pas applaudis...

Mais ils l'ont fait.

Et leurs heures de cours
n'ont pas été réduites.

Je voulais que ça marche.

Nous avons sauvé ces emplois
ensemble,

ces postes à bas salaire.

Nous devons nous en réjouir.
Quand notre moral fléchit,

pensons aux 460 emplois sauvés.

Si les enseignants avaient refusé,
j'aurais reculé.

Je n'aurais jamais proposé

une mesure visant
les seuls employés.

Soit les enseignants
et les employés, soit personne.

On a réussi ça.

Les étudiants ont protesté
contre l'augmentation des frais.

La mesure a fait grand bruit.

Je n'ai pas apprécié

Ia mauvaise foi
du discours de certains étudiants.

Beaucoup de manifestants venaient
de milieux privilégiés.

Et ils disaient
que cette augmentation

discriminerait les Chicanos,

Ies Afro-américains
et les bas revenus.

Alors que grâce
à nos aides financières,

Ie nombre d'étudiants à bas revenus
est le plus haut de notre histoire.

Grâce à l'excellent travail
du Service des aides,

ils dépensent moins
que dans les années passées.

Le système a bien marché.

Et le nombre d'étudiants
des minorités a augmenté.

Ce n'est pas gagné.

Restent les étudiants
de la classe moyenne.

Nous allons avoir,

nous étudiants afro-américains,

une conversation franche.

Nous avons rarement
l'occasion de le faire

dans un groupe aussi diversifié.

Les Afro-américains
dans une institution typique,

tendent à s'aligner, à s'assimiler,

à parler autrement et à changer,

pour que les autres
se sentent mieux.

Nous voulons que ce moment
soit un don d'honnêteté.

Jetons les masques,
parlons ensemble

des problèmes que nous rencontrons
en tant que Noirs.

Je commencerai en vous demandant

ce que change le fait

d'être deux ou trois sur 300
dans vos classes.

Est-ce un problème ?

Non. C'est la vie.

Je ne veux pas inventer
au-delà de la réalité de la vie.

Dans la vie réelle, je suis souvent
le seul Noir, partout.

Depuis que ma famille a quitté
le ghetto pour une bonne banlieue...

Je suis bien ici
parce que c'est ouvert.

On ne me regarde pas

comme quand j'entrais en classe
au lycée.

"Le cours de soutien,
c'est là-bas."

Ça n'existe pas ici.

Mais je ne suis ni surpris
ni déstabilisé par cette situation.

Je m'y attends.

J'ai grandi dans une ville
majoritairement latino,

j'étais toujours le seul Noir.

Mais en classe d'anglais,

quand on aborde le mouvement black
du 20e siècle...

c'est à moi qu'on pose

Ie plus de questions.

Quand on étudie Malcolm X

par rapport à Booker T. Washington,
tout ça...

Ils s'attendent à un certain type
de réponse.

La question des Noirs
est soulevée dans tous les cours.

Tu es toujours sommé de parler
au nom de tous les Noirs,

et tout le monde se retourne
pour te regarder.

Une simple image ou une phrase,

et ils regardent
la tête que tu fais.

Nous représentons
toute la culture noire.

Chaque individu représente

ce que tous les Noirs pensent.

Parlons des groupes d'étude.

Les étudiants noirs
disent presque tous

qu'ils en sont exclus.

Si c'est vrai, que se passe-t-il ?

Qui le fait
et pourquoi cela arrive-t-il ?

Je suis en biologie.

Le prof conseille les groupes
pour la prépa des examens.

Tout le monde s'organise en groupes.

Je m'approche d'un groupe de filles,

et elles disent...

"On est déjà cinq...

"C'est bon..."

Point final.
Je ne pouvais pas en être.

Un autre groupe te dit :
"C'est complet."

Alors qu'il n'y a pas
de maximum fixé.

Et que ça améliore les notes.

C'est prouvé statistiquement.

En ingénierie,
on travaille en groupes

pour mieux suivre.

Et le groupe d'étude

est la meilleure méthode
pour étudier.

Dans un groupe,
chacun doit contribuer.

Je suis avec une Noire
qui est la meilleure de la classe.

Il n'y a que deux Noires
en ingénierie industrielle.

Dans mon groupe, il y a aussi
des Blancs et des Asiatiques.

Mais quand on fait un groupe,

Ies gens doivent prouver
qu'ils valent le coup.

S'ils ne sont pas bons,
on n'en veut pas.

C'est pas un refus des Noirs

parce qu'ils ne parlent pas
en classe.

Mais c'est l'idée qu'on s'en fait.

Que font les étudiants blancs...

Les étudiants blancs ?

Pour eux et les Asiatiques,
c'est plus facile de prouver...

Tu fais quoi ?

J'interviens en classe,

je montre que je suis le cours.

Ou je montre mon score...

Un bon score pour les devoirs.

Les Asiatiques
sont censés être brillants.

Les gens ne l'admettent pas,

mais on te regarde
et on décide si tu es bon ou pas.

Selon l'idée préconçue
dans la société

que tu es intelligent
si tu as un look donné.

Je ne porte pas de lunettes,
je suis nulle.

C'est l'exemple
qui me vient en tête.

Si tu portes des lunettes,
les gens penseront

que tu es intelligent.

Je le remarque souvent.

C'est selon l'apparence des gens.

Ce qui circule dans la société,

c'est qu'en regardant
les attributs physiques,

on peut savoir si Untel est bon,

s'il sera capable de t'aider,

si tu y gagneras quelque chose,

ou s'il ne fera que t'utiliser.

Je suis d'accord quand il dit

que les Blancs et les Asiatiques
de la classe moyenne

sont ceux qui

Ièvent le plus la main en classe.

C'est une preuve d'intelligence ?

Ils s'intéressent aux études,
donc ils contribueront au groupe.

Quand les Blancs lèvent la main,

ils n'ont pas le même enjeu

que le seul Noir de la classe.

Il n'y a pas d'égalité des chances.

Les Noirs trimballent
un paquet bien plus lourd.

Ils sont chargés de représenter...

Ce n'est pas forcément valable
pour tout étudiant noir,

mais ce n'est évident pour lui
de lever la main et d'intervenir.

On représente la communauté.

Si je parle en classe,
tout le monde me regarde.

Si j'étais une fille
ou un garçon blanc, personne...

Personne ne se retournerait.

Parlons franchement.

Les membres de ta Fraternité
pratiquent l'exclusion ?

Ils excluent les Noirs
et les Latinos des groupes ?

Si on en parle,
personne ne reconnaîtra...

"Ouais, je suis raciste"...

Ils ne le diront jamais
directement.

Ils diront même le contraire.

"J'adore étudier avec des Noirs."

Mais dans la pratique,

c'est instinctif
ou je ne sais pas quoi.

Je préside la Fraternité
des lngénieurs, avec 60 membres.

Il existe aussi une organisation
des ingénieurs noirs,

"lngénieurs et tuteurs noirs".

Je ne garantis rien...

mais je pourrais essayer

de rapprocher les deux
en groupes d'étude.

"Tu es en ingénierie mécanique,
je vais te trouver..."

Ça sonne raciste !

"Te trouver un ingénieur noir.

"Toi l'Asiatique ou le Blanc,

"je vais te trouver un Noir."
Je suis raciste, là ?

Ne sois pas timide.

Tu peux parler à ton organisation
ou à ton prof :

"Travaillons avec des gens
qui ne sont pas forcément des amis."

Ils choisiront qui ils voudront
quand même...

Les professeurs pourraient
composer les groupes

à la place des étudiants.

Il suffit de faire
circuler un papier.

Les gens s'inscrivent, à la file,

et cinq noms font un groupe.

Au lieu de les laisser se choisir.

C'est peu, mais ça met de l'équité.

Et au fil du travail,
ils vont découvrir...

"Ce Noir ou ce Latino
a donné beaucoup à mon groupe".

Au cours d'après, où le professeur

ne fait pas circuler de papier,

Ies gens accepteront mieux
ceux qu'ils ne connaissent pas

ou qui sont différents.

Les professeurs
ne font pas les groupes.

- lls pourraient.
- Jamais.

Ils font le minimum.

C'était un exemple
de ce que les profs pourraient faire.

Maintenant, à vous.

Que faire, toi, et moi

pour changer les choses ?

C'est tout.

Sachez que M. Cartwright

construit une nouvelle banque
à Grover's Corners.

Que mettre dans les fondations

pour les archéologues
du prochain millénaire ?

Ils ont mis un numéro
du New York Times et un du Sentinel.

C'est intéressant,
parce que des scientifiques

ont inventé une colle de silice

qui conservera le papier
pendant 2 000 ans.

Une Bible,

un exemplaire de la Constitution

et les pièces de Shakespeare.

Qu'en pensez-vous ?

Babylone avait 2 millions d'habitants

mais on n'a que les noms des rois,

des actes de vente de blé
et de vente d'esclaves.

Alors que le soir,
la famille dînait,

Ie père revenait du travail,
la cheminée fumait.

Comme ici.

Tout ce qu'on sait
de la vie réelle à Athènes ou Rome

sont des bribes glanées
dans les comédies

qu'ils jouaient
dans leurs théâtres.

Je ferai placer cette pièce
dans les fondations.

Pour que dans 1 000 ans,
on en sache un peu sur nous.

Au-delà du Traité de Versailles
et de Lindbergh.

A vous qui vivrez dans 1 000 ans :
nous étions ainsi.

C'est ainsi qu'étaient nos enfances,
nos mariages, nos vies et nos morts.

Tu vises de la main et tu cries
"Ça va péter !" en lançant.

Dégoupillez, visez.

Et au sol.

Certains disent
que notre mouvement est vain.

Qu'il ne débouchera sur rien.

Qu'il vaudrait mieux
faire des pétitions.

Mais dans un mouvement,
on n'est plus "soi",

on est "nous".

Quand l'an passé,
étudiants et personnels

on dit "assez"
et ont fait grève,

occupé des locaux
et stoppé l'activité,

Ie gouverneur a réagi.

Il a rétabli sa subvention
à l'université.

La grève a été déterminante,
de son propre aveu,

pour récupérer ces 200 millions.

En dépit d'une direction

qui voulait diviser
étudiants et travailleurs,

ouvriers et enseignants,

I'action a payé !

Comme celle d'aujourd'hui !

Quoi que dise le gouverneur,
le mouvement n'est pas fini !

L'inscription n'est pas revenue
à l'ancien tarif,

Ies ouvriers pas mieux traités

et les structures de pouvoir
pas plus démocratiques.

Dans un mouvement,

il n'y a plus "toi", il y a "nous".

Ne laissez pas dire que les étudiants
ne changent pas le monde.

Regardez dans l'Histoire

Ies moments où les étudiants
se sont levés.

En 1960, ils s'asseyaient
dans les restaus

de Caroline du Nord,

pour lutter contre la ségrégation.

Etudiants et personnels, en 1964,

exigeaient ensemble
la liberté d'expression ici.

Dans les années 70,
ils organisaient les manifestations

qui ont mis fin
à la guerre du Vietnam.

Ce seront encore eux, unis,

qui feront un monde différent

par l'action et la solidarité,

et qui sauveront l'enseignement
et le bien publics !

Le pouvoir n'est pas
dans le bureau du Gouverneur.

Il est ici, c'est nous !

Il est ici où nous étudions
et travaillons.

Nous vaincrons
si nous sommes capables

de bouleverser ce système.

L'état de notre fac,
de notre pays et du monde

exige de croire en quelque chose
et d'agir.

Nous le ferons.
Ce n'est plus "toi", c'est "nous" !

Université gratuite !

Elle l'a été !
Elle l'a été avant nous.

Aujourd'hui, elle coûte
de plus en plus cher.

Enseignants et employés souffrent

de budgets de plus en plus réduits.

Etudiants, ouvriers et enseignants,
unis et solidaires,

se battent pour préserver
les principes

de la meilleure fac publique
du monde.

Contre nos soi-disant leaders

qui veulent faire
de cette institution

une marque,
un privilège coûteux

ou un objet de luxe.

Et c'est peut-être
le dernier rempart

de nos droits à l'enseignement,

de notre place au centre

de ce que nous appelons
le bien public,

contre ceux que Roosevelt appelait
"les malfaiteurs de l'argent".

Nous savons que ça existe,
le bien collectif

Ie bien public, l'intérêt public,

Ie modèle coopératif.

Comment le savons-nous ?

Parce que nous l'incarnons
ici et maintenant.

Parce qu'ici, vous voyez les visages

de ceux qui sont le mouvement
et la démocratie.

Les visages de vos camarades
étudiants, ouvriers,

professeurs, amis et collègues.

Vous êtes le bien public,

et ensemble,
nous faisons la démocratie.

Comme l'amour, le talent,
l'intelligence,

I'amitié ou la diversité,

Ia démocratie, ça se cultive.
Cultivons-la.

Méfiez-vous de ceux qui proposent
des solutions faciles

à des problèmes complexes.

La démocratie n'est pas
une "tea party" 100 % blanche

rongée par la bigoterie
et la démagogie des émotions.

Ce n'est pas un jeu ploutocratique

où le riche achète
ou tente d'acheter

un fonctionnaire
ou un parlementaire pour servir

Ies intérêts privés
d'une entreprise ou d'un individu.

Ils veulent s'acheter des lois

ou une fonction officielle,

tout en prétendant que la réduction
de leurs impôts profitera à tous.

Et ils coupent nos budgets.

C'est inadmissible
et tous doivent le savoir !

C'est ce qui nous rassemble
aujourd'hui,

décidés à changer vraiment
notre campus,

notre Etat et notre pays
tout entier.

La démocratie est
ce que vous voyez en action,

ici et maintenant, sur les visages.

C'est un mouvement social.

Celui de citoyens instruits,
informés,

indépendants et pensant librement,

réunis au nom du bien public
et collectif.

Au nom de tout cela,

nous exigeons la gratuité
de l'éducation.

Cette institution
et ses vénérables bâtiments

étaient grands

quand les Californiens
y accédaient gratuitement.

Combien Mario Savio payait-il
pour ses études ici,

quand sur ces marches

il parlait à un public
peu différent de vous ?

C'était gratuit !

Et ce doit le redevenir.
C'est notre revendication.

L'université de qui ?

Notre université !

L'université de qui ?

Notre université !

Il n'est de pouvoir
que le pouvoir du peuple !

Car le pouvoir du peuple
ne cède pas !

Pas de coupes ! Pas de frais !
L'enseignement doit être gratuit !

Pas de coupes ! Pas de frais !
L'enseignement doit être gratuit !

Retournez-vous ! Regardez
comme nous sommes nombreux !

C'est ça, la démocratie !

Qu'est-ce que la démocratie ?

C'est ça, la démocratie !

La police fera ce qu'elle fera.

Nous reprenons possession
de ce qui est à nous !

C'est le vrai pouvoir
des étudiants et travailleurs !

Nous reprenons possession
de notre université !

Nous occuperons la bibliothèque
jusqu'à 17 heures.

Nous attendons la réponse
du Chancelier à nos revendications.

Il a promis de répondre
avant 17 heures.

Voyons s'il tient parole.
En attendant, textez, téléphonez.

Vous avez plein de téléphones
super chiadés.

Allez sur Facebook
et dites à vos amis de venir.

A tous vos amis.

A votre copine, à votre Tatie,
à votre Mamie.

C'est ton université, baby !

Notre université !

La liste de revendications
est longue.

Le Chancelier ne pourra pas
y répondre

à cause de leur nature.

Mais il serait bon de répondre
au groupe.

Nous avons discuté
de la manière de répondre

et du contenu de la réponse.

Beata y a travaillé.

Voilà la liste
et un projet de réponse générale

qui réaffirme notre attachement
à l'enseignement supérieur public.

Nous l'envoyons au Chancelier.

Il y a de tout.

Il y a tout.

Tout, des frais d'inscription

au "travail direct
avec les étudiants handicapés

"pour faire leur budget.

"Engager un directeur
du centre de développement".

Bob veut connaître
les revendications.

Le Chancelier a vu...

C'est une déclaration très générale,

qui prend au moins acte
qu'on a reçu leurs revendications.

"J'étais là à 10h 10
et je les ai reçues".

Genre.

Ils ont demandé au Chancelier
de répondre avant 17 heures.

Ils ont demandé une réunion,

en sachant bien
que ce ne serait pas aujourd'hui.

On a environ 300 étudiants

dans la salle de lecture
de la bibliothèque.

C'est la capacité maximum.

J'ai des agents
qui contrôlent les entrées.

Ils ne laissent plus entrer personne
à cause des consignes incendie.

Ils laissent sortir qui veut.

Donc là, on contrôle
l'entrée de la salle.

Vous avez alerté
le bibliothécaire en chef...

Le capitaine assure le calme
sur place.

Il va contacter le bibliothécaire.

On se demandait si le bibliothécaire
ne pouvait pas parler au groupe.

Juste pour dire qu'il comprend
et soutient la cause,

mais qu'il veut ouvrir
une autre salle

aux étudiants
qui voudraient l'utiliser...

Pour les ordinateurs, etc.

Des non-manifestants.

Oui.
Des étudiants qui étaient déjà là.

Selon nos infos via Twitter
et les réseaux sociaux,

ils partiront
si la police le leur demande.

On les laisse là en attendant.

Leurs leaders disent que
si la police ordonne l'évacuation

ils voteront pour décider
d'évacuer ou de se faire arrêter.

La journaliste du San Francisco
Chronicle est avec eux.

Ne soyons pas alarmistes.

Laissons-les là un peu,

une demi-heure ou une heure,

et voyons combien d'étudiants
sont partis et restés.

Le bibliothécaire essaiera de
les convaincre de quitter les lieux.

On verra ce qu'ils disent.

Pas d'heure limite ?

On veut leur donner
30 minutes-une heure

pour qu'ils puissent au moins
s'exprimer.

Après leur sit-in,
on enverra le bibliothécaire

pour dire "Vous devriez, blabla..."

et ensuite, on leur donnera
un délai maximum.

Ce n'est pas un bâtiment
administratif.

Ils n'ont pas interrompu
le travail des autres.

On est en zone grise.

Nous jugeons nécessaire
de dialoguer avec eux.

Le bibliothécaire sera juste
l'intermédiaire

de nos décisions
sur le délai maximum d'évacuation.

Parce qu'il est
en charge du bâtiment

et que nous avons décidé
de commencer par là.

On commence comme ça.

Ils resteront jusqu'à 17 heures

si on n'évacue pas avant.

A 17 heures, ils viendront ici
écouter nos réponses.

Ils nous ont donné
jusqu'à 17 heures.

Voici le projet de réponse.

- C'est pire de ne pas répondre ?
- C'est toute la question.

On ne peut pas rentrer
dans les détails.

C'est impossible.

Nous réaffirmons

que nous soutenons la cause

de continuer à alerter
le public californien

de la nécessité d'investir
dans l'enseignement public.

Je vois que vous voulez
que ça vienne de la direction.

On va parler à George
et la lui montrer.

Il est en réunion,
et ce serait le moment...

Claire est sous pression,
pour publier un papier sur le Net.

Il serait bon de ne pas avoir
que le point de vue des manifestants,

mais aussi le nôtre,

et qu'elle y cite notre communiqué.

Heureusement pour nous, la liste
des revendications est délirante ?

Oui.
Vous ne pouvez pas répondre à tout,

et certaines ne sont pas
de votre ressort.

Certaines le sont,
mais il y a 100 points.

S'ils avaient juste trois points

qu'on pourrait traiter,
ce serait plus efficace.

Bob et vous souhaitez
impliquer Harry ? Ou d'autres ?

C'est l'affaire de Bob.

Veut-il qu'on signe à plusieurs

pour signifier
une responsabilité collective ?

Il n'a rien dit.
Nous avons juste la mention

"Direction de Berkeley".

A un moment donné, il dit...

"Moi et mon équipe de direction..."

Il dit bien "nous".

Le Chancelier, moi et Harry.

Harry est son adjoint
aux affaires étudiantes.

C'est le bon trio.

Je vais montrer ça à Harry,
modifier là,

et on va tout revoir.

J'ai été interviewé par Cal TV.

J'ai été filmé
avec le groupe des étudiants.

Et par le Daily Cal.

Et j'ai parlé avec Asimov
du Chronicle.

J'ai répété ce qu'on a annoncé :

Ia bibliothèque ferme à 21 heures,

nous accueillons
ceux qui viennent travailler,

et nous craignons le bruit.

Nous pensons aux étudiants
qui ne pourraient pas travailler.

J'ai dit que même si on sympathise,

dès que l'agitation
interrompt l'activité,

d'autres étudiants en pâtissent.

J'ai dit des trucs banals.

Asimov m'a demandé :

"Et après 21 heures ?"

J'ai dit que
selon la règle du campus,

on ne peut occuper un bâtiment
après la fermeture.

Que néanmoins la décision
ne m'appartenait pas.

Mais que la règle était claire.

Voulez-vous que je le dise autrement

si un autre reporter m'interroge ?

Non, nous essayons de notre côté

de voir ce qu'il faut gérer
comme logistique,

quelle que soit la décision,
côté contrôle de foule.

Si nous décidons d'un délai limite,

que ce soit avant 21 heures
ou à 21 heures,

ce ne sera pas plié en 5 minutes.

Nos policiers qui sont sur place
depuis des heures

approchent du changement d'équipe.

Le Chef de police va devoir gérer
des tas de choses.

Nous réfléchissons
au meilleur timing.

Tout ça pour dire qu'on essaye

de réagir aux demandes
des manifestants

et on étudie comment.

C'est vous le "propriétaire",

en tant que bibliothécaire.

Normalement, la police suit

Ia position du propriétaire,

ses préoccupations

et ses inquiétudes relatives
à la sécurité.

Ce que vous avez dit
sera sans doute interprété

comme : "Qu'ils restent là
jusqu'à la fermeture

"ne vous gêne pas,
en tout état de cause,

"vu que le service
aux autres étudiants est assuré."

En même temps, l'équipe de Mitch

doit décider

de ce qui se passera à 21 heures.

"A ceux qui manifestent
pour l'enseignement public

"nous réaffirmons notre adhésion
au principe

"de garantie de l'enseignement
public en Californie,

"et d'accès à l'éducation

"équitable pour tout étudiant
admissible.

"Cet objectif est partagé
par l'ensemble de Berkeley.

"Nous sommes fiers
d'avoir cette année

"le plus grand nombre d'étudiants
à bas revenus de notre histoire

"et le plus bas coût net
de l'histoire récente.

"Nous ne pouvons satisfaire
tous les points de votre lutte

"mais nous soutenons la cause

"consistant à alerter
les Californiens

"de la nécessité d'investir
dans l'enseignement public."

Dites à la police de dégager !

"La capacité d'offrir
un enseignement d'excellence

"abordable et ouvert

"est dans l'intérêt de tous.

"Elle est essentielle
à l'Université de Berkeley.

"Signé : Robert Birgeneau,
George Breslauer,

Harry Le Grand."

Quelqu'un veut commenter ?

Nous devons défendre
l'atout exceptionnel que nous avons.

Tout le monde reste ici,

en communauté de résistance.

Partageons,
faisons des groupes de discussion,

discutons entre nous.

Restons ici
aussi longtemps que possible,

dans cet espace qui nous appartient,
pour nous organiser

et concevoir de plus grands projets.

Je propose
que nous discutions en premier

notre objectif,

et ce que nous souhaitons accomplir.

Une fois fixé notre objectif,

nous parlerons de la tactique
à appliquer pour l'atteindre.

Par exemple,

si l'idée est d'obtenir
plus d'argent de l'Etat,

nous discuterons
des moyens de l'obtenir :

pétitions, lobbying, etc.

Je ne dis pas
que c'est notre objectif,

mais il serait logique
et économe en temps

de discuter d'abord
de notre vision générale,

et ensuite des moyens
de la réaliser.

Ne nous focalisons pas
sur la question logistique.

Ceci est un mouvement, une lutte.

Le capitalisme ne marche pas.

Discutons politiquement

de la trajectoire de ce mouvement.

Voulons-nous juste de l'argent ?

Moi, non.

Discutons des objectifs ultimes
de ce mouvement.

Comment pensons-nous...

I'économie politique,
le capitalisme américain ?

De quelle nature est cette lutte ?

Comment étendre cette lutte
en dehors de Berkeley ?

Ce sont de graves questions
de combat politique

qu'on ne peut traiter simplement
avec Untel ou Untel qui propose

ceci ou cela.

Nous devons discuter politiquement
de la nature du mouvement,

et du reformatage de l'enseignement
par le capitalisme.

Il serait important de créer

une mémoire institutionnelle

de ce que nous faisons
et du pourquoi.

Ce sera notre dernière conférence

pour ce soir.

Mitch, nous attendons
de vos nouvelles

vers 21 heures, et ensuite,

nous demanderons aux décideurs
de trancher.

Selon la presse et la radio,

Ies manifestants ont quitté
le bâtiment.

J'ai peu à dire sur la manifestation
du 7 octobre.

Elle a été pour le moins originale.

Bien gérée par le bibliothécaire

et Claire.

C'était "protestataire",

sans beaucoup de fond.

Un ami historien qui était ici
dans les années 60

m'a fait remarquer,
en historien motivé par le sujet...

Je vais parler
comme un vieux...

Les manifs auxquelles j'ai participé
étaient contre la guerre du Vietnam.

J'ai été viré
de mon boulot à Bells Lab

pour m'être opposé
aux missiles antibalistiques.

Nous courrions des risques sérieux
sur des sujets sérieux.

Et un sujet à la fois :

guerre du Vietnam
ou Droits civiques,

systèmes d'armement...

Aujourd'hui, les manifs
sont un genre de fête.

Avec une liste
de "revendications"

parfois contradictoires
et partant dans tous les sens.

Et vous preniez vos responsabilités.
Ce temps-là n'est plus.

J'ai été viré de mon poste.
Puis réintégré.

Eux, ils veulent l'immunité.

Des leaders académiques actuels
étaient dans mon groupe.

Le directeur de mon labo

était un Républicain de droite.

Il a dit : "Virez-moi d'abord.

"lls sont dans leur droit.
On ne vire pas

"un employé parce qu'il conteste
une des activités de sa boîte.

"C'est à moi d'être viré."

Depuis lors, j'ai adoré ce type.

Il détestait nos idées politiques,
mais il a dit : "Virez-moi."

C'est ça, être un dirigeant.

C'est là que j'ai appris
ce qu'est diriger.

C'est un exemple
de l'idée de leadership.

Le sujet de ce cours
est la "zone grise".

Vous êtes peut-être tombés
dans vos lectures

sur le nom de Primo Levi.

Dans ses essais,
il analyse la notion de "zone grise".

Il part de son expérience
des camps de la mort nazis,

de ce qui est contre nature,
pour l'être humain,

de souffrir et d'observer.

Il analyse le sort du survivant

qui doit continuer à vivre
en portant cette mémoire.

A partir de là, il analyse
la "zone grise".

Ce doit être la même chose
quand vous passez un examen :

"Plutôt assaillir une maison
que de passer cet examen !"

La différence pour un soldat
qui a une mission,

c'est qu'il évite
de penser au résultat.

Le stress est incontrôlable.

Tandis qu'ici, lors d'un examen,

tu seras moins stressé
si tu as bien bossé avant,

et tu seras plus stressé
si tu n'as pas bossé.

Tout repose sur toi.
Tandis qu'à l'armée,

si tu prends une balle,

tu n'y es pour rien,
tu ne contrôles rien.

Pour moi, c'est ce qui rend l'école
plus dure.

Et tu bosses avec une équipe.

Tu peux répartir la culpabilité.

Refiler ses puces...
A la fac, tu ne peux rien y faire.

Tu dois juste prendre les coups

tout du long.

Mais les outils qu'on acquiert
à l'armée servent ici.

Au début, je suis resté au tapis
plus d'un an.

Parce que tu devais
changer d'approche ?

Non, j'étais juste buté.

Je refusais de m'y coller.

Parce qu'ici,
on a une autre approche.

C'est un autre langage,
une autre culture.

Avec un contexte spécial
à chaque matière.

Dans chaque discipline
que tu viens étudier,

il y a un schéma et un contexte
que tu ne maîtrises pas.

Nous entrons en 3e année,

nous n'entrons pas
en première année.

On suppose que nous maîtrisons
les bases.

Qu'on connaît les auteurs,
les bases.

Parce que les autres étudiants
de 3e année

ont eu 2 ans pour en baver.

Même ceux qui entrent
en première année,

et qui ont eu 10 sur 10
à leur test d'aptitude,

se retrouvent au tapis
au début.

Il faut s'y faire
et savoir que ce sera dur.

On n'est ni des monstres,
ni des imposteurs.

On a le droit d'être ici.

On a bossé dur pour venir ici.

Mais il faut savoir
passer la vitesse,

pour réussir
dans une fac de top niveau.

Revenons au soulagement du stress.

Mon conseil : évacue.

Trouve quelqu'un
qui veuille vraiment t'écouter

au lieu de te dire
"fais ci, fais ça".

Quelqu'un qui dit :
"Que t'arrive-t-il ?

"Que penses-tu faire ?"

Au lieu de te dire quoi faire.

C'est plus facile de parler,
d'évacuer le stress et de continuer.

J'aime parler à bâtons rompus

à des personnes
qui acceptent de m'écouter,

et qui n'ont pas forcément
des conseils à me donner.

Déjà ça, ça aide.

Personne n'a envie de t'écouter.

Les gens vont juste se demander
pourquoi tu cries.

Mais la camaraderie
et la compréhension

ont été déterminants
dans ma réussite.

C'est l'avantage de Berkeley :
ils parient sur des gens comme nous.

Et on le leur rend bien.
Je les en remercie.

Mes copains de collège m'ont dit :

"A qui as-tu graissé la patte

pour entrer à Berkeley ?"

Je remercie Berkeley
d'avoir cru en nous.

Ils regardent à la fois
les états de service et l'individu.

C'est une chance
qu'on ne trouve pas ailleurs.

J'ai pensé qu'ils se trompaient,
et moi aussi,

parce que je ne me sentais pas
au niveau.

Quand j'ai commencé
avec "Berkeley Vétérans",

j'ai compris
que ce n'était pas la question.

C'est mon enthousiasme
qui comptait.

J'ai compris que j'avais
plus de potentiel que je ne croyais.

Berkeley peut te botter le cul
et te faire sentir nul.

Comme les semaines
d'entraînement de base.

Ils feignent de te démolir
pour que tu rebondisses après.

Sauf qu'ici, ça dure 2 ans !

Quand tu es passionné,
c'est ridiculement facile.

Tu dis que c'est cool
qu'ils prennent des vétérans.

Moi, je ne voulais pas le savoir.

Je portais mon paquetage de travers,

et ils m'ont repéré comme ça...

Je ne voulais surtout pas
penser à cette histoire de vétérans.

J'étais là pour étudier.

Et puis j'ai trouvé une communauté
qui m'a littéralement embarqué.

J'ai vécu un truc formidable.

C'est ce qui m'a fait dépasser
le stress et les coups sur la tête

de la part des profs et des tuteurs.

Cette communauté n'a pas de prix.

Je n'ai jamais vu ça
dans d'autres écoles.

Ça n'a de sens

que si vous commencez par là.

Quelles systématiques
pour mesurer l'énergie noire.

Serez-vous
un constitutionnaliste littéral

ou un contextualiste
de la Constitution ?

Que signifient ces mots ?

Vous devez bien concevoir
l'énergie noire

avant d'étudier les exoplanètes
par microlentilles.

Si vous procédez à l'envers,

pas d'étude de l'énergie noire,

faute de maîtrise
des systématiques.

Toute technique m'intéresse

et j'adorerais personnellement

travailler avec toutes.

Mais les supernova
sont encore les seules

à être de bons outils
sur l'énergie noire.

C'est la base de toute mission
sur l'énergie noire.

On ne conçoit pas à partir
d'un possible meilleur outil.

Exemple de problème de calibrage.

J'ai perdu la diapo...

Vous commencez à voir

que les supernovas de Hubble
sont basses ici,

ce que nous pensons dû

à un glissement de filtres des ACS,
un glissement de réponse

identifié précédemment par Bohlin.

Comme ils n'ont pas conçu au départ

Ia possibilité de vérifier
facilement,

ça n'a pas été accepté,

du moins pas à ce jour,
comme nouveau standard.

Vous ne voulez pas faire des
mesures dans l'espace

si vous identifiez ces
phénomènes moins bien qu'au sol.

Alex me donne cet exemple
de supernova.

A voir ses courbes de luminosité,

on verrait un décalage vers le rouge,

mais voyez la spectroscopie
et sa situation :

autour de la galaxie SO,
c'est impossible.

La spectroscopie indique
une masse inférieure.

Voilà un exemple
de comment on flotte

si on néglige la spectroscopie.

Le défi principal
qui produit ce genre de chose...

Peut-on envisager un redshift
de point 8 ?

Peut-on faire plus
sans aller à ces extrêmes ?

Même à un redshift de point 8,

vous ne pouvez pas
suivre la supernova...

jusqu'à comparer
des mesures similaires.

Peter suggère de régler autrement
les longueurs d'onde.

Non, tout le monde veut aller

même au-delà d'un redshift point 8.

Mais le plus que vous pouvez
est à 1. 72 microns

avant la barrière de refroidissement.

Et là, vous faites en substance

I'instrumentation
que vous feriez de toute façon.

J'ai entendu dire
par des étudiants modérés

qu'ils n'ont pas été écoutés
pendant les manifestations.

Ce sera notre point de départ.

L'occasion vous est donnée
d'intervenir là-dessus.

J'étais en examen
quand l'alarme a sonné.

Je savais qu'il y aurait une manif,

mais bon, personne ne va
perturber un examen.

En plein milieu d'un problème
difficile, sirène d'incendie.

Tout le monde a fait...

On est tous sortis. Furieux.

Assis dehors à attendre.
L'examen était fichu.

C'était stressant...

Je paye des frais aussi,

je sais ce qui se passe,

et qu'on proteste

pour préserver l'éducation
qu'on défend.

Mais c'était très dur
parce qu'ici justement,

Ia ligne est ténue

entre encourager
la libre expression des convictions

et tenir bon
sur le niveau d'enseignement

puisque c'est Berkeley.

Je n'avais jamais vu personne
activer l'alerte incendie.

C'était le fait d'une minorité.

Il suffit d'une seule personne

dans 3 bâtiments en 20 minutes...

C'est très contrariant.

Je ne sais pas ce qu'il faudrait

pour que ces étudiants
comprennent...

C'est un crime,
on ne joue pas avec ces choses-là.

Tirer l'alarme incendie
n'est pas manifester,

c'est mettre en péril
la sécurité des gens.

Actionner l'alarme incendie,
c'est pas rien.

Comment faire pour que
ça ne se reproduise pas ?

Sans police partout.

Mon souci principal est que

s'il y avait eu un incendie en ville
nécessitant notre aide,

certains auraient pu tout perdre
à cause de cette fausse alarme

et nous en aurions été responsables.

On était plutôt de leur côté,

mais la plupart des gens
ne sont plus du côté des manifestants.

Alors qu'en principe,
ils luttent pour nous.

Mais à présent,
on entend les gens dire

qu'ils ne soutiennent plus
le mouvement.

Leur liste de revendications !

Ça partait dans tous les sens.

Dans les années 60 et 70,
c'était centré

sur la liberté d'expression.

Ou alors sur les Droits civiques.

Là, ça parlait de baisser
les frais de scolarité,

d'assurer la retraite des ouvriers,

de baisser la retraite des cadres...

une liste interminable.

Ça devient très difficile

d'intéresser les étudiants
au mouvement

parce que la liste
s'allonge sans arrêt.

Plus elle s'allonge,
moins les gens s'y retrouvent.

"D'accord sur les points A, C et F,
mais pas G ni le reste".

C'est ce qui s'est passé.
C'est le désordre,

et tout le monde a son idée
pour la manif du semestre.

Ils disent que l'an passé,
les manifs ont payé.

Ça a obligé les politiciens
de l'Etat à agir.

Pourriez-vous nous en parler ?

Ils citent
des Démocrates de l'Etat :

"Les manifestations de l'an passé

"nous ont mis sur la sellette

"et on a dû rétablir la subvention."

Pouvez-vous nous parler
de l'efficience...

Si ça a été utile à vos yeux,

ou si c'était le résultat
d'un lobbying plus classique.

Je ne sais pas si c'est exact.

Tant que les manifs se font ici,

I'Etat ne s'en inquiète pas.
Ça ne le gêne pas.

L'an passé,
ça a beaucoup focalisé l'attention,

c'était difficile de l'ignorer.

Mais à part les manifs,
toute l'Université les attaquait...

"J'ai reçu des lettres
de Berkeley,

"j'ai des lettres du président,
des autres campus,

"pour que les élus
défendent l'enseignement."

Quel politicien se risquera à dire

qu'il pousse au démantèlement
de l'enseignement en Californie ?

Ne serait-ce que pour garantir
son avenir politique...

Il est de bonne politique
de le mettre

au crédit des manifestations.

Mais plusieurs facteurs différents
ont joué.

Dès qu'on saura

que nous ouvrons des places en plus
à l'international,

Ies inscriptions vont exploser.
Surtout en Asie.

Si j'en juge par mon voyage
à Beijing et Hong Kong.

Entre la clôture des admissions

et le bouclage des dossiers,
on a fait des conférences.

Des tas de jeunes sont venus
avec leurs parents.

Leur niveau de préparation
et d'enthousiasme

est impressionnant.

Nous en verrons d'autres
se présenter.

Il y aura du bouche à oreille,
ce qui est l'idéal.

Il y a 2 ans, j'ai fait un webcast

à Nankin,

qui a touché 10 millions de foyers.

On a reçu 1 000 inscriptions
chinoises de plus,

et la tendance s'est maintenue.

La couverture médiatique
de nos voyages

est incroyable.

On a été en Chine, à Taïwan,
en Corée et à Hong Kong.

On envisage l'Afrique du Sud

à l'occasion d'un forum
du Département d'Etat

auquel participeront
40 Etats africains.

Nous diversifions
nos efforts de recrutement,

et nous aurons sûrement
de bons retours dans ces régions.

Nous préparons
le cycle Moyen Orient

avec les gens des sessions d'été
et des post-diplômes.

Ils vont travailler
sur environ 30 pays.

Il y a 3 ans, nous n'aurions pas cru
que nous ferions ça.

C'est une étape dans
la globalisation des admissions.

Il commence par : "Venez, Madame.
Rien d'autre ne m'est possible.

"Avant la besogne,
la besogne me dévore.

"L'ennemi ayant l'ennemi en vue
se lasse de rester en position

"sans bataille."

Nous voyons ici
une répétition dans le vers.

"Besogne" et "ennemi".

La note explique
la connotation sexuelle

de "la besogne me dévore."

"Avant la besogne"
est "avant l'acte sexuel".

Je besogne,
le désir me tourmente.

Le désir est une sorte de besogne.

La métaphore revient
à la fin du poème

avec un intéressant
glissement de sexe.

"L'ennemi souvent
ayant l'ennemi en vue."

Ici, John Donne fait une chose
importante pour la logique du poème.

"Ennemi" et "ennemi"
sont l'homme et la femme,

exprimés par le même mot.

Ils sont interchangeables.

Ici, le sexe est une bataille.

Celui qui "reste debout" est las.

Repensez à l'expression

"Un pénis dressé
n'a pas de conscience."

C'est ce que désigne ce "debout".

Il n'en peut plus de rester là
avec la femme en vue.

Il besogne de désir
en attendant qu'elle vienne au lit

pour qu'il la besogne.

Il ouvre sur ce jeu de métaphores

et nous met en mesure

de comprendre
de quoi le poème parle.

Il va jouer avec nos attentes.

Nous nous attendons
à un poème sexuel,

mais il s'agira aussi d'autre chose.

Section suivante, 5e vers.

Une section qu'on peut dire
"de l'impératif".

On y trouve une série d'impératifs,
comme :

"Au diable ta ceinture".
Ôte ta ceinture.

"Dégrafe, dénoue, au diable,
montre, marche",

"permets" et "dirige".

C'est là que l'amant soumis

dit à l'amante qui le dominait :
"Déshabille-toi".

L'impératif implique
un autre rapport de pouvoir.

Il lui ordonne de se déshabiller.

Il subvertit le modèle de femme
de l'amour courtois.

Quand la dame est nue,
il passe à la langue du sacré.

Voyez le vers 17.

Il lui a dit d'ôter
tous ses habits.

J'aimerais pouvoir
détailler les métaphores,

parce qu'elles sont subtiles.