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Le feu !

Dirigez-vous calmement vers la sortie
Mesdames et Messieurs.

J'avais la protection de Mr Jaussi,
même quand le casino a pris feu,

beaucoup de gens étaient contre moi.

Il était là à mes côtés, même avec le syndic.

Certes, nous avons été très touchés
par la disparition du casino

aux possibilités multiples
et l'une des manifestations

qu'il recevait était le Festival de Jazz.

Nous avons immédiatement
cherché à nous retourner.

Le Festival de Jazz est devenu

l'une des plus importantes manifestations

dans le genre en Europe

et probablement au niveau mondial.

Il s'agissait de trouver
des locaux adaptés

où on pouvait faire
de la musique assez bruyante

et où on ne gênait pas les voisins

ou les clients de l'hôtel au milieu de la nuit.

M. Jaussi allait se battre pour moi.

Et il dirigeait la ville,
qui se battrait contre lui ?

C'était notre terrain de jeu.

Et il mettait l'argent
dans le Festival de Jazz,

pour développer Montreux.

J'ai toujours eu un amour spécial pour les chanteurs.

La voix, qui est encore meilleure
émotionnellement

que n'importe quel instrument.

Je suis curieuse de quelque chose,

combien d'entre vous parlent
ou comprennent l'anglais ?

Oh oui !

C'est la première fois que je joue
en dehors des États-Unis,

et c'est vraiment un plaisir, j'adore ça.

Merci.

Le casino fut reconstruit en 3 ans
avec encore une innovation de Claude.

Il fallait avoir un studio d'enregistrement.

Claude a enregistré chaque émission.

Il avait donc cette aura et cette portée

que les autres festivals n'avaient pas.

David Richards y est allé
au début, en 1975.

Dave était dans le studio en train d'enregistrer
et mixait en direct.

Le mixage en direct que Dave faisait
était juste enregistré

sur des cassettes vidéo

et c'est ce que tu entends
la plupart du temps.

Chaque année, le Festival de Jazz de Montreux

était un marathon pour mon père.

C'étaient deux semaines
d'enregistrement intense,

24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Nuits tardives, jams et sound-checks.

Quand il a été construit,
il était à la pointe de la technologie,

de magnifiques machines
à bandes Studer,

et ensuite la table
de mixage analogique Neve,

qui était absolument
à la pointe de la technologie.

C'est une table avec un son magnifique.

Parce que le studio était connecté
à la scène du concert,

tout était enregistré dans le studio,

donc on n'avait pas besoin
d'un car d'enregistrement mobile.

Le studio avait sa propre salle d'enregistrement

au-dessus de la salle de contrôle.

Beaucoup de grands groupes louaient
une partie de la salle de concert.

Claude a encouragé beaucoup d'artistes
à venir enregistrer.

Il a ensuite persuadé les maisons de disques

qu'elles devaient aussi les encourager

et envoyer les artistes à Montreux

parce que c'était un endroit tranquille.

Ils ne voulaient pas être
dérangés par la presse.

Le premier groupe qui est venu
était les Rolling Stones,

ce qui n'était pas
un mauvais point de départ.

Je vivais directement en haut
de la montagne depuis Montreux.

Je ne pouvais vraiment pas
quitter la Suisse à ce moment-là.

Ian Stewart,
le pianiste des Rolling Stones,

m'a mis en contact avec Claude,
qui était comme une oasis de culture.

Et voilà, les Stones sont venus aux Mountain Studios.

Je pense qu'on a cassé ce studio,
qui était une grande pièce.

Queen est venu aussi,

et David Bowie s'est installé
dans la région pour y vivre.

Il était souvent là.

AC/DC est venu pour faire un album.

C'était sympa.

Claude s'est rendu compte très tôt
que l'un des moyens

de mettre Montreux sur la carte

était de créer des albums live
du festival,

alors le nom de Montreux
serait dans les bacs à disques du monde entier.

Personne ne savait où était Montreux.

La plupart des gens pensaient
que c'était une station de ski.

On trouve aux États-Unis des albums qui disent

Bill Evans à Montreux.

Bill Evans, il a enregistré avec le Trio,
avec Jack DeJohnette.

Et l'enregistrement est sorti en Amérique
et a reçu un Grammy Award,

c'était la première fois
qu'un disque de jazz

enregistré en dehors de l'Amérique
était récompensé.

Et la pochette avait une grande photo couleur
du château de Chillon,

rendu célèbre par Lord Byron
qui a écrit Le Prisonnier de Chillon.

Les magasins de disques du monde entier
ont soudainement

vu le nom de Montreux.

Pendant que je montais, il y avait déjà

un duo d'albums vraiment célèbres,
Live in Montreux.

On a commencé à se demander :
"quel est cet endroit et où est-il ?"

Nous n'avions aucune idée où c'était,

nous n'avions aucune idée de ce que c'était,

mais on savait que la musique était géniale.

Mon-trex, on ne savait pas comment le dire.

Ça a créé une mystique aux États-Unis.

C'est quoi cet endroit à Montreux,
c'est quoi ce château ?

Alors les fans de jazz ici,
leurs oreilles se sont dressées

et ils ont assimilé Montreux
à l'élégance et au jazz de haut niveau.

Tout le monde en parlait.

Je me suis réveillé le matin
et j'ai regardé le lac et les montagnes.

Je ne pouvais pas croire que j'étais ici.

À ce moment-là,
les anciens étaient toujours là.

J'ai pu entendre certains
des grands noms du jazz

qui étaient là, de l'ancienne génération.

Je veux dire que c'était une chose
de jouer à New York

et puis de venir à Montreux,

ça m'a époustouflé.

Ce fut une merveilleuse surprise

de recevoir une invitation pour aller jouer là-bas.

Arriver en Europe, c'était comme un conte de fées,

parce que les Européens m'ont paru
encore plus sensibles

à notre vraie musique américaine.

La plus grande musique américaine
est cette chose appelée jazz.

Claude Nobs est devenu l'un des
plus grands producteurs

de l'histoire du jazz.

La façon dont il a amené le monde entier

dans cette petite ville de Montreux

est une expérience incroyable

et un accomplissement.

Il a offert un refuge à Montreux.

Je veux dire que l'Europe, à bien des égards,

a sauvé le jazz acoustique américain.

Elle a donné à ces musiciens un endroit,
pour gagner leur vie,

leur a donné des endroits où s'échapper.

Parce que s'ils n'avaient pas ça,

ces musiciens américains
seraient allés à l'université.

Ils auraient disparu dans les universités,

et je ne sais pas si le jazz aurait survécu
comme il l'a fait

sans le rôle de Montreux
en tant que lieu de spectacle majeur.

Le casino, quand il a été reconstruit,

avait une bien plus grande capacité.

Donc nous pouvions nous agrandir

avec la croissance des groupes
qui venaient.

Quand le casino a été récemment construit,

le plafond de la scène était trop bas.

Les coulisses étaient très funky.

Je pense que le club de striptease du casino

était alors les vestiaires ordinaires.

Le casino était une vraie merde.

Les coulisses étaient inutiles.

Je veux dire qu'il y avait deux loges

qui faisaient environ 2 mètres sur 3.

Il n'y avait pas de scène.

Chaque fois qu'il y avait un spectacle,

il fallait monter la scène
dans l'espace public.

Pour travailler là-bas, c'était un cauchemar.

Vous ne pouviez même pas descendre
des escaliers avec la contrebasse

parce que c'était trop étroit.

Elle n'était pas faite pour les grands concerts.

Je me demande comment on a fait
20 ans dans ce bâtiment.

Il y a quelque chose dans le fait d'arriver

dans un endroit comme celui-là

où vous marchez presque
à travers le public pour arriver sur la scène.

Tu sais, c'est petit et funky,

tu as vraiment l'intimité
de ce qu'est la musique

dans un endroit comme ça.

Dans un tel petit casino, c'était toujours magique.

On pouvait voir, toucher, sentir, goûter

et tous les sens étaient stimulés.

Jusqu'à aujourd'hui, ce sont les moments
les plus excitants

et les plus amusants
que j'ai jamais eus en jouant.

L'expérience du casino,

c'était de la pure magie.

Beaucoup de liberté,
beaucoup d'improvisation.

Le travail de Claude était de mettre en relation
le public et l'artiste.

L'artiste pouvait jouer
devant de vrais amoureux de leur musique.

J'ai vu beaucoup de gens
chez qui la musique est leur seconde peau.

Claude a toujours préféré dire à l'artiste :

"Je vous donne carte blanche".

Parce que quand les artistes
sont en tournée,

ils jouent la même chose
dans chaque ville,

mais Claude voulait
quelque chose de très exclusif.

Je n'ai jamais voulu que Montreux ne soit

qu'une simple étape d'un circuit,

à travers les différents festivals
des artistes à travers l'Europe.

J'ai essayé de faire en sorte
que les artistes restent plus d'un jour,

éventuellement deux ou trois jours.

Ils ont trouvé que c'était
un endroit relaxant,

une atmosphère différente
de celle des grandes villes.

Les maisons de disques ont dit :
"Si tu vas à Montreux,

on peut faire quelque chose de différent,
des réglages différents,

et Norman Granz
a été l'un des premiers à découvrir

que ce serait un endroit idéal
pour faire une jam session.

Et c'est là qu'on a fait beaucoup
de belles rencontres,

comme Count Basie avec Peterson,

qui est une rencontre très rare.

J'ai même eu une année Oscar Peterson
et Herbie Hancock.

J'ai demandé à Herbie après le set :
"Comment c'était de jouer avec Oscar ?"

Et il a dit :
"Il a mis du velours sous mes doigts."

Claude est devenu comme une oasis pour moi.

Va vers la bibliothèque de Claude,

regarde juste la collection de disques

et joue Meade Lux Lewis,
et bien d'autres choses encore.

Le blues, surtout le blues au piano,
le boogie woogie

et le barrelhouse piano blues,
c'était incroyable.

Je pense que son amour pour ça

était le point d'appui
de tout ce qu'il faisait.

C'était son truc, mec.

Muddy et Buddy Guy,
ils adoraient jouer en Europe,

mais c'était certainement une lutte difficile
pour Claude

de les faire venir et amener des gens

qui n'auraient jamais été écoutés autrement.

Il a fait un sacré boulot, tu sais.

Ces vieux bluesmen avaient quelque chose

qui venait des tripes, de leur sang,

de partout, c'était unique.

Quand tu entends un Jimmy Reed, un Howlin Wolf
ou Sonny Boy Williamson,

tous ces gars, c'est quelque chose

que personne n'a jamais été capable de copier.

Claude avait une vision et il l'a respectée.

Cette passion qu'il avait pour la musique

était le cœur du Festival de Montreux.

Il y a ce sentiment de liberté
qui affecte la ville entière.

- Où allez-vous ?
- Je vais à Montreux.

Quand tu as tous ces hippies sauvages

qui traînent dans des sacs de couchage

au bord de ce lac,
c'était un peu difficile à supporter au début,

donc c'était un peu un choc culturel.

Haschich et LSD,

et l'image était vraiment choquante.

Les gens n'étaient pas nécessairement
heureux de cela.

Tous ceux qui critiquaient Claude,

et il y en avait probablement beaucoup,

c'était soit de la jalousie

ou du fait qu'il y aurait toujours des gens

qui ne veulent pas
que leur ville soit surpeuplée

pour quelques semaines de folie.

Claude ne représente pas le comportement
de la culture suisse

parce qu'il était excessif.

Claude savait depuis le début qu'il ne serait pas

ami avec tout le monde dans la région.

Quand nous avons ouvert
le nouveau centre de convention,

deux gars sont venus me voir et m'ont dit :

"Ah Mr Nobs, suivez-nous."

Ils avaient une voiture de police et ils m'ont montré

un papier rose disant que j'étais en état d'arrestation.

J'ai dit : "Pourquoi ?
Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?"

Parce que tu as eu une liaison avec
des gars plus jeunes.

- Comment ça, des gars plus jeunes ?
- Oh oui, ils n'avaient pas 20 ans.

Claude étant gay, il pouvait être piégé

avec un rendez-vous dans un hôtel

et puis en fait un détective
et un photographe ont fait irruption.

C'était le scandale
que les anciens de Montreux ont perpétué.

Certaines personnes ont découvert
que j'étais gay,

mais j'étais encore très caché.

Je ne veux pas parader, je suis ce que je suis,

et c'est comme ça que je suis, et c'est tout.

Ils ont dit, vous êtes en état d'arrestation.

Vous devez aller en prison.

Et en Suisse,
à moins de prouver que tu es innocent,

ils peuvent te mettre en prison,
ou faire ce qu'ils veulent.

Et ils m'enlèvent mes vêtements,
ils me donnent une brosse à dents

et ils me donnent un rasoir
pour me suicider.

Pendant ce temps
à Montreux, les gens en ont entendu parler,

parce que tous les titres des journaux disaient :

Le Pape du rock arrêté.
Dans toute la Suisse. Dans le monde entier.

Et il y avait une pétition qui circulait à Montreux

signée par des centaines de personnes pour me libérer.

C'est des conneries.

Le jour de ma libération, Ahmet m'appelle.

Il m'a dit :
"Claude, j'emmerde tout ça, tu sais,

viens travailler pour nous.

On te veut,
on s'en fout de savoir avec qui tu couches.

Tu sais, je veux dire que c'est ton problème.

Donc, juste après avoir quitté Montreux,
viens travailler avec nous."

Et j'ai été très touché, mais j'ai dit non.
Je voulais juste continuer,

pour montrer que
ma vie privée est ma vie privée.

C'est ma liaison.

Claude était gay et à cette époque,
c'était très compliqué.

Mais bien sûr, il aurait pu s'enfuir
et vivre dans une grande ville.

L'amour de sa ville natale était plus fort que ça,

et il a décidé de rester.

Au lieu de s'enfuir, il a juste ramené les gens

qui l'intéressaient chez lui.

Il aurait pu aller travailler n'importe où
dans le monde.

En 73, quand Nesuhi a dit
que nous aurions aimé

que quelqu'un nous représente en Europe,
il en a fait une condition :

Que c'était possible
mais ça devait être à Montreux.

Claude, bien sûr, avait son propre ego,
ce qui est normal,

mais il a vraiment fait ça pour la ville
où il est né.

Je pense que nous devons lui accorder
ce crédit particulier.

Ce qui signifiait pour Claude

qu'il a dû beaucoup se battre
pour ce festival,

et pour le faire perdurer
après un scandale très laid et manipulé.

Il y a Claude Nobs,
un sur un million, un sur un million.

Juste être autour de lui,

c'était vraiment un homme
qui avait sa propre façon de voir la vie.

Non, non, non, ce sera un concert unique.

Uniquement Montreux.

Je t'appelle si j'ai du nouveau.
Ok.

Merci. A demain.

- Jacqueline ?
- Oui ?

Savez-vous si Barclay a changé
de numéro à Genève ?

Barclay, s'il a changé de numéro à Genève ?

C'était en 1974, début juillet,

je vis à Montreux,
j'enseigne la littérature française,

et Claude et Nesuhi sont venus
me voir et m'ont dit :

"Et bien Claude a besoin d'une assistante,
qu'est-ce que tu en penses ?"

J'avais besoin de quelqu'un
et un de mes amis m'a parlé de cette fille

qui parle anglais et qui est très gentille.

C'est comme ça que j'ai rencontré Claude,
et j'étais comme...

Je n'avais aucune idée de comment l'aider,
mais vous savez quoi ?

Je vous donne six mois, et nous verrons bien.

Et cela a duré 35 ans.

À cette époque, Claude vivait encore à Territet,
dans l'appartement.

A côté de la cuisine,
il y avait ces deux pièces,

et nous n'étions que trois.

C'était Daniel Ovider,
qui s'occupait de la comptabilité,

Claude et moi.

J'ai fait la tournée avec Bette Midler, avec AC/DC
avec les Stones...

Il y avait d'autres groupes,
Paul Simon, Neil Young...

C'était un travail lourd à faire
parce que j'étais seul,

et Jacqueline était au bureau,

c'était une opération à deux.

Maintenant, cette affaire est devenue une affaire,

mais à l'époque je n'aurais pas utilisé
le mot business musical

de la façon dont nous l'entendons maintenant.

C'était toujours fait par beaucoup de gens

qui étaient passionnés de musique.

Et tout était, je ne dirais pas amateur,

parce qu'évidemment nous faisions un travail,

mais comparé à ce que c'est devenu,
ça avait l'air amateur, c'est sûr.

Qui s'occupe des micros ?

Je peux vous voir, s'il vous plaît ?

Il y a trop de réverb là-dedans.

Trop de... Ah je vois.

Je veux dire que Claude restera

quelqu'un qui a ouvert
un monde complètement différent pour moi.

Était-il facile de travailler avec lui ?
Certainement pas.

Si vous faisiez l'erreur d'avoir peur de lui,

mon gars, il t'aurait mangé vivant

et craché tes os pour le petit déjeuner.

Je veux dire qu'il n'était pas un tyran,

mais c'était quelqu'un
qui savait ce qu'il voulait,

qui avait plus d'idées en une minute

que certaines personnes dans toute leur vie.

Une chose que j'ai apprise très rapidement

une fois que j'ai commencé à travailler avec Claude,

est qu'il y avait un mot
que vous ne pouviez pas utiliser,

et c'était "Non, ce n'est pas possible".

Comment ça, ce n'est pas possible ?
Tout est possible.

Parce qu'il avait cet enthousiasme,

il vous balayait d'un revers de la main.

C'est la seule façon dont je peux fonctionner,

de dire oui ou non rapidement,

et si j'ai tort, j'ai tort,

et si j'ai raison, j'ai raison.

C'est un grand puzzle et
tu dois assembler toutes les pièces.

Je ne veux pas juste être une grosse machine
dont on a perdu le contrôle.

C'était un grand défi de travailler pour lui,

parce qu'il était très exigeant,

et il n'avait aucune limite,
pour lui tout était possible.

C'était sa sorte de mantra,

et il s'est lancé dans l'aventure.

Claude aimait le chaos,
parce que c'était une aventure.

Je suis sûr qu'il était lui-même étonné parfois

que ça ait vraiment marché.

La musique d'abord, et de bons concerts,

c'était son premier objectif.

Etta James !

Pour la première fois en Europe, Etta James !

Je ne vous entends pas. Hey !

Très bien.

Tous ces groupes sont devenus si célèbres,
alors il a grandi avec eux,

et Claude était très bon en communication,

l'image de marque du festival.

Le festival s'inscrit dans le cadre

de l'internationalisation du nom de Montreux.

En allant à Montreux, vous réalisez

que vous faites partie de cette énorme communauté,

et toutes vos petites idées préconçues sur la race,

vous devez les laisser partir

et juste vraiment apprécier
le mélange des cultures.

Le festival était son enfant,
et c'était son bac à sable.

Tout le monde était invité à apporter sa propre pelle
et son propre seau.

Le Festival de Montreux peut être considéré

comme une sorte d'ambassade culturelle du monde.

C'était un melting pot avec plusieurs sortes

venant des Amériques,
d'Afrique, d'Asie,

tous présentant leurs manières,
leurs mises à jour de la musique,

leurs fusions pop, avec le jazz,
la musique du monde.

Un énorme melting-pot,
une énorme ambassade culturelle.

Le Montreux Jazz Festival était comme un laboratoire

où les gens créent de l'alchimie,

créent des miracles et des bénédictions
sous vos yeux.

Claude était Merlin,

il était le Merlin des festivals de jazz.

Je crois vraiment que c'est
en grande partie grâce à lui

que les musiciens de ces différents pays
se sont rencontrés,

parce qu'il leur a donné
le format pour que cela se produise,

et créé les situations
où ils pourraient coexister.

Je pense que c'est bien de puiser

dans les réservoirs nationalistes des autres

et d'apprécier les différences de l'autre.

Les gens, socialement et créativement,

aiment se rassembler
pour se mélanger et fusionner,

les cultures diversifiées,
c'est ce qui est génial.

C'est du gumbo.

J'appelle ça le gumbo mondial,

tout le monde dans le monde entier
veut jouer à ce festival.

C'est l'évolution la plus incroyable
que j'ai jamais vue.

Le résultat final est que le public est heureux,
l'artiste est heureux,

et vous obtenez cette atmosphère,
qui est vraiment unique à Montreux.

Il n'y a pas de sécurité autour de vous,
pas de barrière.

Ce n'est pas comme dans ces trucs de rock

où l'artiste est comme dans une cage sur scène

et le public est loin derrière.
C'est comme un vrai grand club,

il faut que ce soit une grande fiesta.

Donnez de la créativité à l'art,

c'est l'artiste que je respecte le plus

celui qui crée un endroit qui n'est pas juste un concert.

Sur un plateau en Europe
ou dans le monde entier,

et il peut s'étendre
et faire différentes choses.

Je veux dire inviter des amis, venir avec moi

et faire quelque chose ensemble.

Ce n'est pas vraiment l'idée

qu'ils fassent
un chef-d'œuvre dans l'immédiat,

mais peut-être que ça va arriver.

Et quand Queen vivait à Montreux,

David Bowie aussi,
j'ai fait un dîner chez moi,

un barbecue.

Et à minuit, j'ai dit :
"Pourquoi ne pas aller au Mountain Studio,

et faire quelque chose ensemble ?"

Ils ont dit : "Qu'est-ce que tu veux dire ?"

J'ai répondu : " Vous êtes là,
vous y allez et travaillez un peu."

Ils sont allés au Studio
et son revenus deux heures plus tard.

Ils ont dit : "Ok, on l'a fait."

C'est quoi ?
"Under Pressure".

Les musiciens restaient parfois 5 jours,

juste parce qu'ils aimaient tellement l'endroit,

le magnifique paysage.

Les artistes pouvaient être entre eux,

on pouvait y passer du temps,

et on avait le temps de faire connaissance.

J'ai été bousculé par Bob Dylan à vélo.

C'est un peu comme une adhésion.

S'il y avait un trou en Europe dans la tournée,
ils venaient tous ici.

Ils traînaient ici parce que c'était
un endroit sympa, privé.

Claude invitait tout le monde chez lui.

Donc cela donnait aux artistes,

qui étaient les plus grands artistes
de ces années-là,

une familiarité avec l'endroit et ils l'aimaient.

Claude était plus qu'heureux
de les avoir pour le dîner ou le déjeuner.

Nous les emmenions dans les montagnes.

C'était comme partager

et quand vous avez ce genre de relation
avec les artistes,

on se fait confiance.

Cela nous donnait cette possibilité
très spéciale de les rencontrer

d'une manière totalement différente.

Je me souviens d'un soir où nous
dînions chez Claude,

ça a sonné à la porte,

je suis allé ouvrir et
il y avait Van Morrison avec sa petite amie.

Ils avaient décidé de partir en vacances en Suisse

et bien sûr, si tu vas en Suisse,
tu vas dire bonjour à Claude.

Il était comme une encyclopédie vivante
de jazz et de blues.

C'est comme ça
que j'ai fait connaissance avec Claude.

J'étais un peu épuisé
et je prenais juste une pause.

Je pense que Montreux était le seul concert
que j'avais réservé,

à ce moment-là, je n'avais pas de groupe.

Il y avait d'autres musiciens
qui sont venus à mon secours,

Pete Wingfield et Jerome Rensom,

et Dallas Taylor.

Voilà comment ça s'est passé,

on a fait une petite répétition

et le soir, on a fait le concert.

Il avait d'abord un tout petit appartement à Territet,

mais il y avait
des fêtes extraordinaires là-bas.

Puis il a acheté un chalet au Col.

Quand il a acheté le chalet, ce n'était pas pour lui,

c'était pour le partager.

C'est comme ça.

Il a construit son nouveau chalet

à même pas cent mètres
de l'ancien chalet

mais l'ancien chalet est devenu l'archive
et le musée,

et le nouveau chalet de Claude
est devenu sa maison privée.

Sa joie était vraiment de montrer son chalet
et sa collection.

La seule chose qui était importante pour Claude

était d'avoir des gens autour de lui.

Cuisiner pour eux,
c'est là qu'il était le plus heureux.

Et c'était un vrai connecteur.

C'était vraiment agréable de partager

cette camaraderie dans les coulisses

et de profiter de la musique et de l'amitié
derrière la scène,

en partageant l'esprit communautaire de Montreux.

Ce que Claude a donné à tout le monde,
c'est une expérience,

et cette expérience est née

non pas d'une expertise
et d'un calcul entrepreneurial,

elle est née du fait d'être un fan.

Sa passion était profonde.

Je veux dire qu'il aimait la musique.

Il aimait les musiciens jusqu'à la mort.

Toute sa vie,
son existence tournait autour du festival,

la musique et les musiciens.

Il a fait de ses rêves une réalité,

il a fait en sorte que les rêves
de beaucoup de gens deviennent réalité.

Quel rêve on a
pour prendre un tel risque

par amour,
une passion incroyable.

Et maintenant, je voudrais remercier tout le monde,
Merci beaucoup.

Maintenant chantez avec moi :

James Brown

Merci.