All language subtitles for 1993.Ma saison (fr)

Elle mettait bottes et bleu de travail.
Papa conduisait la voiture.

On prenait des petites routes
?travers la for�t. Il n'y avait personne.

Brusquement, elle disait de s'arr�ter.
Elle �tait s�re que c'�tait l?

Je ne sais pas
comment elle faisait.

Elle descendait de la voiture.

Elle avait une canne. Elle �cartait les feuilles.
Elle avan�ait tr�s vite. On restait derri�re elle.

Elle arrivait ?un arbre.

Un arbre comme les autres.
Elle se baissait, elle �cartait les feuilles...

Le tr�sor �tait l? Des c�pes �normes.
Elle se trompait jamais.

Comment tu faisais pour deviner ?

Un jour j'ai essay?de faire comme toi.
J'ai choisi un arbre.

J'ai fouill?le sol.
Bien s�r il n'y avait rien.

C'est comme les animaux.
Il ne faut pas r�fl�chir.

Comment tu les trouves ?
J'aurais peut-�tre pas d?mettre d'ail.

Non, c'est comme �a qu'il faut les faire.
De l'ail, du persil et de la mie de pain. Ils sont tr�s bons.

Seulement je n'ai pas l'habitude de manger si tard.
�a ne vous ennuie pas si je vais me coucher ?

Bien s�r que non, maman. Il faut que
tu te sentes chez toi. Tu fais comme tu veux.

Ne vous levez pas.
Bonne nuit.

Maman ?

Il �tait pas content.
Mais �a s'est arrang?

Je ne sais pas ce qu'il se passe.

Moi aussi, quand j'arrive dans
un endroit nouveau, le premier soir,

je me sens mal. J'arrive
pas ?dormir et puis �a passe.

Qu'est-ce que tu vas chercher l??
Je ne me sens pas mal.

Comme je me repose toute la journ�e,
le soir j'ai envie de marcher un peu.

J'aime bien marcher la nuit.
Chez moi je le fais aussi.

Tu m'as entendue parler ?

J'ai eu l'impression.

�a m'arrive.
�a m'arrive de parler toute seule.

Qu'est-ce que je racontais ?

Je sais pas.
J'ai pas compris.

Faut pas faire attention.

Je m'imagine que je parle avec des gens
et que je vide mon sac.

�a ne d�range personne
et �a me fait du bien.

C'est mieux que de parler avec quelqu'un.
Je me fais les demandes et les r�ponses.

�a peut para�tre bizarre mais...

c'est normal,
c'est l'�ge qui fait �a.

On se prot�ge
comme on peut.

T'aurais pu allumer.

Pourquoi faire ?

Je sais pas.
Tu connais pas la maison...

Tu as peur que
je casse quelque chose ?

Pas du tout. Je dis �a
pour ne pas que tu tr�buches.

Tu t'inqui�tes toujours pour rien.
Avec ce clair de lune, on y voit comme en plein jour.

Tu as raison.

Si on se faisait une infusion ?

Une tisane ? Oh non !

Je me suis toujours demand�e
pourquoi vous aviez achet?cette maison.

Je la trouve un peu pr�tentieuse
avec sa piscine. Mais �a n'a pas d'importance.

Ce qui compte,
c'est que demain tu te l�ves t�t.

Si tu veux me faire plaisir,
sois gentille, va te coucher.

Et toi, tu vas rester l??

Je t'en prie, �milie.
Ne te fais pas de souci pour moi.

Je d�teste �a.

...pr�tentieux...
je lui ai dit, et voil?

Si �a me fait plaisir,
personne ne peut m'en emp�cher.

Tu m'embrasses pas ?

On ne va pas rester l?
T'as un peu de temps ?

- Oui mais...
- Non, pas de mais.

Quand je te reconnais, c'est visuel.
�a se passe dans l'h�misph�re droit.

Mais quand je dis ton nom, c'est verbal.
C'est une autre m�moire, dans l'h�misph�re gauche.

On ne s'est pas vus depuis trois ans et
je te fais un cours sur le cerveau. Je suis nul !

Mais non, y a que �a qui t'int�resse
vraiment. En plus, c'est passionnant.

Ne sois pas mondaine, s'il te pla�t.

Je me demande si t'es pas l?pour m'annoncer une catastrophe.

Je suis venue pour parler de maman.

Elle a eu un malaise.
Rien de grave.

Le facteur l'a retrouv�e
dans la grange, par terre.

C'est arriv?quand ?

Il y a un mois.

Elle voulait pas qu'on te pr�vienne.
Tu sais comment elle est !?

Tu veux dire une attaque ?

Oui.

Elle est chez moi maintenant. Elle a r�cup�r?
Je t'assure qu'elle va bien. Solide comme un roc.

N'en fais pas trop.

Enfin je comprends maintenant.

C'�tait trop beau
que tu viennes pour rien.

Il faut que je rentre.

Tu veux pas
qu'on aille d�jeuner quelque part ?

Une autre fois.

C'est �a dans trois ans, dans dix ans.
Pour l'enterrement de maman.

Ne parle pas comme �a.
C'est d�go�tant.

Moi, je suis d�go�tant comme toujours.
Toi, t'es admirable.

Tu prends en charge maman.
Tu t'imposes la corv�e de venir me voir.

�a te donne bonne conscience
et tu me le fais bien sentir.

D�cid�ment, t'as pas chang? Antoine.
C'est dommage.

On ne va quand m�me
pas se quitter comme �a.

Crois-moi, c'est mieux. ?l'enterrement
de papa, tu m'as insult�e devant tout le monde.

Et �a recommence.
?chaque fois qu'on se voit, tu m'insultes.

?l'enterrement de papa,
je ne me souviens pas.

Tu m'as m�me dit que j'avais �pous?le plus beauf de mes soupirants devant mes enfants !

J'avais bu. J'�tais pas bien.
C'�tait de l'humour.

Pourquoi t'en fais jamais
sur toi, de l'humour ?

Je suis un peu fragile et complex?

Oh, arr�te.

C'est vrai, �milie, tu as raison.
On ferait mieux d'aller d�jeuner.

Un restaurant italien ou chinois ?

Si tu promets d'�tre normal.
Enfin, au moins calme.

Normal, calme,
t'en as tous les jours.

�coute Antoine, s�rieusement.
Je t'interdis de juger ma vie.

Absolument d'accord.

Ils sont arriv�s ?
Le partage des biens.

C'est ?16h30.

Rhadija, vous m'avez dit 15h30.

- Je l'ai not?sur votre carnet hier soir.
- Ah bon ?

Regardez.

J'�tais persuad�e... J'ai couru comme une folle.
Apportez le dossier.

C'est le monsieur qui me l'a demand�e
avec la lettre pour le tribunal d'instance.

C'est pas vrai !

Il est en r�union.

C'est fini ?
Tu contr�les tout ce que je fais !

Je veux r�cup�rer mon dossier.

Chaque fois que j'ai une affaire importante,
il faut que tu mettes ton grain de sel.

C'est normal.
On travaille ensemble.

Je t'ai jamais reproch?de jeter un �il
sur mes dossiers ou de me conseiller.

Qu'est-ce que tu trouves ?redire ?

Les paragraphes sur les CV,
je ne suis pas s�r.

Je leur ai dit, mais ils y tenaient.
D'autres observations ?

Non, �a va.

Au revoir.

- Au revoir.
- ?la semaine prochaine.

- Tu as trouv?tes rideaux ?
- Quels rideaux ?

Tu m'as dit aller ?Toulouse
pour choisir des tissus.

Ah oui. Euh... non.
Il n'y avait rien de bien.

Au fait, tu sais qui j'ai
rencontr?dans la rue ? Antoine.

- Vous vous �tes parl�s ?
- �videmment.

C'est pas si �vident que �a.
Tu ne lui adressais plus la parole.

Je croyais m�me
que c'�tait la haine.

La haine, faut pas exag�rer.
C'est vrai qu'il est un peu p�nible.

Je te trouve bien indulgente,
tout d'un coup.

- Je l'ai invit?pour no�l.
- Antoine ?

Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
Faut bien qu'il voit sa m�re.

La derni�re fois, il a fait un scandale.
Pour la pendule de la chemin�e.

Il n'aime pas les antiquit�s.

Il trouve que ce n'est pas comme �a
qu'on se fabrique une �me. C'est son probl�me.

Il a un paquet
de probl�mes.

Comme tout le monde.

La derni�re fois, tu m'as dit
qu'il remettrait plus les pieds ?la maison.

J'�tais s�re
que tu ferais une histoire.

Non, mais c'est vrai que c'est un chieur.
Il aime foutre le bordel. C'est un pervers.

Sois honn�te.
�a lui arrive d'�tre rigolo.

Non, il est assomant.
Les bouffons ne me font pas rire.

Tes parents
l'ont mal �lev?

Tu parles toujours de lui
comme s'il avait quinze ans.

C'est vrai.
Il est pu�ril.

Excusez-moi, mais l'acte de vente
que vous m'avez dict?ce matin...

Il y a un passage
que je ne comprends pas.

C'est s�rement Antoine.

J'arrive pas trop tard ?

Je pensais que
tu ne viendrais pas.

- T'aurais pu m'appeler.
- J'ai pas os?

Faut oser.
Faut de l'audace dans la vie.

J'ai pass?la journ�e devant le t�l�phone.
Tu me diras, une journ�e est moins que trois ans.

Je voulais pas insister.
Je voulais te laisser le choix.

Quel choix ? C'est quand m�me
toi qui m'a invit? non ?

C'est toi qui voulait que je vienne.
Si je suis l? c'est pour toi.

- Ne me le fais pas payer trop cher.
- J'ai d�cid?d'�tre exemplaire.

C'est pas trop lourd ?

J'ai pas les muscles de Bruno
mais je suis endurant.

Bien s�r, c'est le
cerveau qui compense.

Bravo, quand j'arrive,
vous partez.

Salut, Antoine.
Pas trop dure, la route ?

Non, �a a �t?

Donnez-moi �a.

Salut, Antoine.

La fac de droit,
comment �a se passe ?

Les cours, c'est vraiment l'usine.
Pour les T2, on est plus de cinquante.

Tu viens ?la messe de minuit ?

J'y tiens pas sp�cialement.

Enfin, s'il faut...

Il est venu pour voir sa m�re.
N'est-ce pas, Antoine ?

Bien s�r.

C'est o? les waters ?

Par l? ?tout ?l'heure.
Ne prenez pas froid.

Faut pas que je boive trop,
faut pas que je parle trop,

faut pas que je me taise trop,
faut pas que j'ai l'air de m'ennuyer.

Faut que je leur poser
des questions sur leurs vies.

"Alors Anne, tu voulais pas
devenir pianiste ?"

"Ah, c'est ton p�re qu'a pas voulu ?"

Non �a,
faut pas que je le dise.

"C'est d�licieux, �milie.
Tu t'es donn�e beaucoup de mal."

"C'est vrai que la famille a du charme.
Je le reconnais."

"Merci pour cette soir�e. Je suis �mu.
Je suis bien avec vous."

"Je veux plus rentrer chez moi,
je veux rester l?"

O?tu vas, l??

Non, faut pas
que je me laisse emporter.

Faut que je me coince.

Faut que je me coince et
que �a ne se voit pas, comme �milie.

Oh pardon.

Qu'est-ce que tu fous l??

On m'a invit?
Ne vous d�rangez pas pour moi.

Non reste. Il faut
que j'aille ouvrir les hu�tres.

Je te pr�sente Radis. Elle est tr�s gentille.
Heureusement qu'elle est l?

Je connais pas bien la maison.
Je cherche la chambre de ma m�re.

Je suis un peu confus.
J'ai entendu de la musique.

Ne tremble pas comme �a.
Il ne dira rien.

- On peut compter sur toi ?
- Bien s�r.

De toute fa�on, je ne vois pas
o?est le mal. Tout �a est charmant.

D'ailleurs ce soir
j'ai d�cid?que tout �tait charmant.

Merveilleux, m�me.
Tout �a est merveilleux.

Bon, je vais chercher le champagne.

Lucien, j'en ai marre.
Je voulais pas, et voil?le r�sultat !

On se tire, si tu veux.
Je ne demande que �a.

�a va pas ? Tu sais bien que je peux pas.
On peut pas partir comme �a. �a se fait pas.

''�a se fait pas.''
C'est la meilleure !

Parfaitement,
ils ont �t?tr�s gentils de m'inviter.

Bien s�r.
C'est une promotion de bouffer ?leur table.

On dirait que tout ce que tu fais
dans la vie est contre eux. M�me l'amour.

C'est pas moi qui t'excitait.

C'est parce qu'ils �taient ?la messe
qu'on faisait �a ici. C'est nul.

T'avais pas l'air
de trouver �a nul.

Tu respectes rien.

- C'est pour �a que t'en veux ?tes parents.
- Tu ne les appelles pas mes parents, je te l'ai d�j?dit.

Je ne la fermerai pas.
Tu leur en veux parce qu'ils sont propres.

Propre ? Toi aussi t'es propre.
Tu te fais tirer dans tous les coins mais t'es propre.

Ici tout le monde est propre.
Y a que moi qui suis sale. J'y peux rien, c'est de naissance.

Tu fais chier avec ta naissance.

Okay. On laisse tomber.

On laisse tomber vraiment.
On se quitte. J'en peux plus.

On pourrait peut-�tre allumer, non ?

Si vous pr�f�rez la p�nombre,
pour moi aussi.

C'est plus intime.

L'ombre ou la lumi�re,
pour moi c'est pareil.

Tout �a est merveilleux.

Sant?

C'est moi.
Pas la peine de faire semblant de dormir.

Ah c'est toi ?
Comment �a se fait que tu es venu ?

C'est pas dr�le, tu sais.
Ils sont pas dr�les.

Ta pauvre s�ur se donne
un mal de chien mais elle est lourde.

"Et t'as pas besoin de ceci,
et t'as pas besoin de cela..."

Si je dis non, elle insiste.
Alors je dis oui.

Et si je dis oui,
elle dit que j'aurais d?le demander avant.

Alors je sais plus quoi dire.

Je sais plus quoi faire.
Je reste dans ma chambre.

Et puis Bruno en a marre de moi.
Il voudrait bien que je d�guerpisse.

Mais comme il a peur de contrarier ta s�ur.
Alors on se fait des risettes toute la journ�e.

Si tu voyais les repas
un vrai cauchemar.

''�a va ?''
''Oui, �a va. Et vous, �a va ?'' ''Oui, �a va.''

Qu'est-ce que tu veux ?
Moi, �a me coupe l'app�tit.

Anne est un cas.

Elle tape sur son piano toute la journ�e.
Elle va finir par le casser.

Remarque, �a ferait du r�pis.

Et puis l'autre.
Tu t'en souviens, de Julien...

Il ne s'appelle pas Julien.
Il s'appelle Lucien.

Il est compl�tement demeur?

J'h�site sur son avenir.
Ou bien la prison ou bien l'asile.

Toi qui t'int�resse au cerveau,
tu devrais l'examiner.

Il n'est pas ?sa place ici. Il cherche
sa vraie famille. Y a que �a qui l'int�resse.

Alors, docteur ?
J'en ai pour combien de temps ?

Avec la tension tout ?fait normale ?ton �ge,
je t'autorise ?descendre r�veillonner.

- Dis-moi, tu n'as pas un peu maigri ?
- Non.

Tiens.

Tu as pens?aux cadeaux, au moins ?

Non, j'ai pas eu le temps.
Tu crois que �a la fout mal ?

Tant pis.

?ta sant?

�coute Antoine, je veux pas
t'emb�ter mais il faut que tu m'aides.

Je peux pas rester
dans cette maison, c'est vrai.

Je veux rentrer chez moi.

C'est pas de leur faute.

J'ai un peu exag�r?
Ils font ce qu'ils peuvent, les pauvres.

J'arrive pas ?me sentir
bien avec eux, tu comprends ?

Peut-�tre que j'ai tort.

Non, je d�teste quand tu t'accuses. Je pr�f�re
quand tu sors des vacheries. C'est meilleur pour ta sant?

Allez, tu vas te lever
et te faire belle, d'accord ?

Antoine ?

Antoine ?

T'as pas eu de probl�mes
pour venir ?

La neige, �a va.
Mais il y avait un peu de glace.

- Antoine, tu es prudent, j'esp�re ?
- �videmment.

- M�me dans le grand virage ?
- Cet endroit est tr�s dangereux.

- Attention avec le bouchon, Lucien !
- Mais il me vise, ce con ! Oh pardon !

Vous avez raison, Rhadija. Chaque ann�e,
la nuit de no�l, les yeux crev�s, c'est effarant.

C'est vrai.
Je me souviens.

- Quand j'�tais interne ?l'h�pital...
- Non, tu vas raconter des horreurs.

Si, vas-y !

Des horreurs, si tu veux.
Mais pas d'histoires d'h�pital.

Qu'est-ce que t'as
contre les h�pitaux ?

Rien mais j'aime pas �a.
Je suis comme tout le monde.

Pourtant, y a pas de plus bel endroit.
Le lieu des naissances et des r�surrections.

Quand je t'ai vue d�barquer ?Rangueil,
�a m'a ressuscit?

Tu devrais venir plus souvent.

C'est bon.

On mange et quand on mange pas,
on parle de ce qu'on va manger.

C'est �a, la famille.
�a a du charme.

C'est toi qui dis �a ?

Est-ce que tout le monde
va dormir ici ce soir ?

Tu t'�trangle.

D�sol?
mais je travaille demain.

- Prends un peu de champagne.
- Et vous, Radis ?

�a ne vous regarde pas.
Et je m'appelle Rhadija.

- Qu'est-ce qu'il est macho, ce mec !
- C'est pour se rendre int�ressant.

Qu'est-ce qu'elles ont
?se marrer, ces p�tasses !?

�a va, Lulu.
Te f�che pas, on s'amuse.

Joyeux no�l !

Joyeux no�l, mes enfants.

- La jeunesse ne trinque pas ?
- Elle a mieux ?faire.

- Je te joue du piano ?
- Ouais, j'adore la musique.

Je peux venir avec vous ?

- C'est pas marrant. Toujours la m�me chose.
- Tais-toi, Lucien.

- Anne joue bien.
- C'est pas mal.

C'est pas un peu fort, quand m�me ?

C'est vrai.
Anne ch�rie, tu veux �tre gentille...

J'ai compris.
On va dans ma chambre.

C'est qui Rhadija ?
Elle est charmante.

Elle travaille avec nous ?l'�tude.
Une fille tr�s courageuse.

Elle a fait son droit en France.
Ses parents sont marocains.

J'avais peur qu'elle se sente seule.
Je l'ai invit�e pour les f�tes.

Elle est gracieuse. J'ai l'impression
qu'il y a quelque chose entre elle et Lucien.

Absolument pas.
Je suis cat�gorique.

Je disais �a comme �a.
Ils font ce qu'ils veulent.

Tu n'es pas enrhum�e ?

Comme chaque ann�e ?la messe.
Elles sont glac�es, ces �glises.

- Tu prendras du caf??
- Oui, pour la route.

Heureusement, il neige plus.

Attends, je vais t'aider.

- C'est vrai que tu travailles demain ?
- Non, mais je ne vais pas m'�terniser.

Remarque,
�a s'est tr�s bien pass?

Finalement,
ils sont tr�s gentils.

Dire que je m'en faisais
une montagne !

C'est toujours comme �a.
On se trompe tout le temps.

Sers-moi encore
un peu de champagne.

- Enfin, si je peux.
- Bien s�r.

T'as rien ?me dire ?

Qu'est-ce que tu veux
que je te dise ?

Que t'avais l'air sinistre ?
Que t'as pas dit un mot ?

T'aimes pas ma m�re et mon fr�re.
Je le sais depuis longtemps.

Je te les impose.
Je le reconnais.

T'arr�tes pas
de te raconter des histoires.

Et de m'en raconter,
?moi aussi.

De quoi tu parles ?

T'as pas rencontr?Antoine dans la rue.
T'es all?le chercher ?l'h�pital.

Et alors ?
Qu'est-ce que �a change ?

Tu m'as menti.

Je me demande pourquoi.

Je cherche ?comprendre,
c'est tout.

Y a rien ?comprendre.
J'ai dit �a comme �a.

Arr�te de me torturer,
de me questionner.

On dirait que �a t'amuse.

�a va.

Bruno, tu te prends trop au s�rieux.
C'est �puisant.

C'est pour �a que
je raconte des histoires.

Pour respirer un peu.

Enfin, sois honn�te.
C'est quand m�me pas bien m�chant.

Je comprends pas
ce qu'il se passe dans ta t�te.

C'est depuis
que ta m�re est ici.

D'accord, c'est la faute de ma m�re.
C'est jamais de ta faute, hein ?

T'es tr�s fort pour juger les autres.
T'aurais fait un bon procureur.

Arr�te.

Faudrait savoir. Tu me reproches
de mentir. Tout le monde ment.

Maintenant que je suis sinc�re,
tu m'emp�ches de parler.

Moi, c'est simple.
Il suffit de me dire.

Je fais comme tu veux.

T'es d'une mauvaise foi.

Je suis fatigu�e surtout, Bruno.

Tu peux l'emmener.

Tu sais, Radis, Je suis jalouse.
T'as des jambes superbes.

Tu devrais voir son cul !

Si j'avais un corps pareil, j'en serais fi�re.
C'est une �uvre d'art.

D'accord.
Allez Radis, un strip-tease !

Ta gueule !

Allez Radis.
Fais-le pour moi.

C'est purement esth�tique.
Tu vas pas faire des mani�res !?

Je fais pas des mani�res,
j'ai trop bu.

Nous aussi.

- C'est pas �vident. Je r�fl�chis.
- Je te croyais plus lib�r�e.

Je suis s�re que t'en meures d'envie.

Non, je ne sais pas.
D'accord si c'est de l'art.

- Bien s�r que c'est de l'art.
- C'est pas du cochon !

- Je me m�fie de ce mec.
- T'inqui�te pas, je suis l?

- J'interdis qu'on me touche.
- �videmment, pour qui tu nous prends ?

Bon, je dois y aller.

C'�tait merveilleux.
J'ai pass?une tr�s bonne soir�e.

- Attends, j'ai des choses ?vous dire.
- Maintenant ?

Je ne sais pas quand je te reverrai.
Il s'agit de toi et de ta s�ur.

- Je vais vous laisser.
- Non, Bruno, s'il vous pla�t.

J'aurai besoin de vous aussi.
Asseyez-vous.

J'ai pens??des choses
qu'il faut r�gler avant ma mort.

Arr�te !

Ne parle pas de �a.
Tu vas tr�s bien.

Maman, on en parlera une autre fois.
On a le temps.

Non.
Demain, Antoine ne sera plus l?..

Pas la peine de prendre des airs
constip�s. C'est tout ?fait naturel.

- N'est-ce pas, Bruno ?
- J'en sais rien.

Vous avez r�dig?quelque chose ?

Non.

Je sais pas �crire.
J'ai pas �t??l'�cole.

C'est pour �a
que j'ai besoin de vous.

Franchement,
�a m'emmerde.

Je supporte pas.
C'est l'horreur.

N'en rajoute pas.

Il faut bien en parler.

Je peux tr�s bien m'en passer.

Pourquoi il faut en parler ?

Je comprends pas pourquoi !
Je peux pas. Je pr�f�re me casser !

- Antoine, faites pas le gamin.
- Le gamin ? Pour qui se prend ton mari ?

- Je vous emmerde !
- Arr�te, Antoine !

Vous n'�tes qu'un pitre et un l�che !

Arr�tez, vous �tes malades !
Qu'est-ce que vous faites ?

- Je ne veux plus le voir ! Plus jamais !
- Tais-toi !

Tu restes avec ta famille.
Je vais me coucher.

Y a plus qu'?passer au testament.

Vas-y, maman.

- Antoine, tu fais chier !
- C'est �a.

Tu fais vite, surtout.

J'aurais jamais d?venir.

J'en �tais s�r.

La semaine derni�re,
j'ai fait un r�ve.

On �tait tous l?
Je cassais quelque chose.

La pendule.

La pendule sur la chemin�e.

Celle-l?

T'es fou, Antoine.

Sans d�conner,
j'ai vachement honte.

Ne dis pas �a, Antoine.
Tu as bien fait.

Il t'a insult?
Il te m�prise et moi aussi.

Comment tu peux dire �a apr�s...

Apr�s ce qu'il a fait pour moi ?
Ne le prends pas mal, �milie.

Tu d�fends ton mari, c'est normal.
Je d�fends mon fils, c'est normal aussi.

Cette bagarre �tait ridicule,
mais ce n'est pas grave.

Ce qui me pr�occupe,
c'est le partage.

Je veux vous donner
ce que votre p�re m'a laiss?

Je crois que �a suffit pour ce soir.

Pour moi, ce sera vite fait :
je ne veux rien du tout.

Laisse tout ?�milie :
maison, terrain et titres.

Jamais de la vie !
Tu prendras ce que je te donnerai !

Je t'ai dit que
je ne veux rien !

Arr�te, Antoine.
Laisse-la parler, qu'on en finisse.

J'en peux plus.
?bient�t.

- �a veut dire quoi, "bient�t" ?
- Quand tu seras chez toi.

Le plus t�t sera le mieux.
Emm�ne-moi. Je vais faire ma valise.

Pardon de vous d�ranger.

Anne, tu peux
baisser la musique ?

Qu'est-ce que t'as ?

- �a te fait marrer en plus !
- Je pense ?l'�uvre d'art.

- La poisse ! Je vais passer pour qui ?
- Pour ce que t'es.

- Faut te faire soigner.
- T'as qu'?pas m'humilier.

Je t'humilie pas, on s'amuse.
Merde, tu m'as fait mal.

C'est simple.
Je veux que tu me respectes.

Je te respecte, Radis.
On fait la paix.

Tu me touches,
tu t'en prends une.

T'es vraiment 'st�rique.

"Hyst�rique".
Tu parles m�me pas le fran�ais !

Tu veux que je te dise pourquoi
tu veux faire la paix ? Pour faire l'amour.

Ce soir c'est non.
Et la prochaine fois, s'il y en une,

faudrait que tu le m�rites.
Que tu me traites avec des �gards.

- T'as un peu bu, ce soir.
- Bonsoir, Lucien.

Tiens, mets �a.
Tu vas choper la cr�ve.

Surtout, Antoine,
ne me fais pas le coup du repentir.

Je vais lui parler.

Je vais la convaincre de rester.

Non, emm�ne-la.

C'est tr�s bien comme �a.
Partez tous les deux.

Ne reste pas l??me regarder.
Va l'aider ?faire ses bagages.

- Je te fais mal ?
- Non, c'est rien.

Laisse-toi faire.
Fais voir ta paupi�re.

Quelle id�e de se battre !
C'est con, les hommes !

Remarque, Antoine et Lucien, c'est pareil.
On voit tout de suite que ce sont des malades.

Il y en a d'autres,
c'est plus difficile de savoir.

J'en connais un ?la fac.
Un type blond, tr�s poli.

Il me fait la cour discr�tement.
Genre hypocrite, tu vois.

Apr�s tout, c'est peut-�tre
un type bien. J'en sais rien.

Je ne voudrais pas me tromper.

Comment tu faisais
quand une fille te plaisait ?

Va le demander ?ta m�re.

Ma m�re ferait mieux d'�tre l?
Franchement, elle exag�re de te laisser comme �a.

Elle a oubli?les chocolats.

Tu peux pas faire �a demain ?
Il est plus de 5h.

Il faut toujours finir
ce qu'on a commenc?

Sinon on y pense tout le temps

et �a g�che la vie.

�a t'emb�te si je dors ici ?

Qu'est-ce qu'il y a ?
Tu parles s�rieusement ?

J'ai besoin d'�tre seule.
Je dormirai mieux ici.

�a n'a rien ?voir avec toi.

Si �a doit faire des histoires,
on n'en parle plus.

Non, c'est comme tu pr�f�res.
Pour une fois que tu sais ce que tu veux,

�a me permet d'y voir clair.

Ah bon ? T'as de la chance.
J'aimerais bien que tu m'expliques.

Volontiers.

C'est tr�s simple.
T'es une infirme.

T'arrives pas ?d�sirer
quelque chose ou quelqu'un.

Tu te forces ?aimer
mais tu n'y arrives pas.

Avec moi, t'as essay?

Au d�but,
la premi�re ann�e.

Heureusement, Anne est arriv�e.
Un enfant donne le change.

Tout s'organise autour de �a.
Tu t'en es bien occup�e.

Faut toujours que tu t'occupes,
sinon t'es perdue.

Alors, t'en as voulu un autre.
�a n'a pas march? On a adopt?Lucien.

Maintenant, ils sont grands, loin.
On se retrouve seuls, tous les deux.

Puis tu te d�cides
?faire chambre ?part.

C'est dr�le
que tu vois �a comme �a.

J'ai l'impression
que t'examines un dossier.

Quand je t'ai rencontr?
je t'ai trouv?clair,

solide, rassurant.
J'�tais heureuse

On s�chait les cours, on allait
faire l'amour dans des h�tels pr�s de la gare.

On �tait plein d'espoir.

Et maintenant,

quand je te regarde, je vois un type
froid comme une machine ?calculer.

Qui se croit sup�rieur aux autres.

Et qui est vieux, surtout.

T'as mal vieilli, Bruno.

Peut-�tre est-ce toujours comme �a.
Qu'on perd toujours son �me.

Peut-�tre que moi aussi,
je suis devenue vieille,

insupportable, ennuyeuse...
Je sais pas.

Dans la vie,
on refuse de se voir

et tout ?coup,
�a vous tombe dessus.

Je supporte pas
ce qu'on est devenus.

Ce qu'on est devenus tous les deux.
�a me fait horreur.

Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?

Qu'on se s�pare ?

Je sais pas.

Je crois que ce serait mieux.

En tous cas, ce serait plus clair
que de faire chambre ?part.

C'est pas vrai !
�a va pas recommencer !

- C'est qui ?
- C'est moi. Tu m'ouvres ?

- C'est toi, Anne ?
- Oui.

Pourquoi tu te barricades ?

�coute, tu m'as vue toute nue.
Ton p�re m'a vue toute nue.

Lucien m'a vue toute nue.
�a va comme �a. Je deviens parano�aque.

- Comment tu trouves ta chambre, sinon ?
- �a va.

Pas trop ?l'�troit ?

�a t'emb�te si je dors avec toi ?

Je remue beaucoup quand je dors.
Je ronfle aussi.

�a me bercera. Par contre,
je ne supporte pas l'odeur des pieds.

Tu permets ?

- Parfait. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu me chatouilles.

Excuse-moi.

Tu pr�f�res quel c�t??
�a m'est �gal.

Tu sais,
je m'en fous mais...

Je suis pas, enfin...

Je couche pas avec les filles.

Moi non plus.

Mais les gar�ons,
j'ai pas confiance.

On peut rien leur dire.
C'est des rapports de force.

�a me fait peur.

J'ai toujours r�v?d'avoir une s�ur, pas toi ?

J'esp�re que tu dis pas �a
pour qu'on fasse des cochonneries.

Si t'as pas confiance...
C'est dommage.

J'ai pas dit �a mais
j'ai pas l'habitude. Attends.

Viens.

Merci, Rhadija.

Merci.

Je suis bien.

Et toi ?

Moi aussi,
je suis bien.

Qu'est-ce que t'as ?
Pourquoi tu pleures ?

C'est rien.

S�rieusement,
tu veux bien �tre ma s�ur ?

- Mais on se conna�t pas.
- �a fait rien.

On se dira tout. Je t'accepterai
comme tu es avec tous tes defauts.

Tu m'accepteras ?

Je sais pas.

On peut essayer.
Tu crois que c'est possible ?

Je suis s�re.
Si on le veut vraiment.

C'est tout le chocolat que vous avez ?
Je prends ces deux-l?

- Je vous dois combien ?
- 12 francs.

Joyeux no�l.

C'est pas prudent de vivre
toute seule, loin de tout.

- Je te prendrais bien chez moi, mais...
- Chez toi, ?Toulouse ?

Y a pas d'ascenseur, c'est au sixi�me.
Et tu me vois habiter en ville ?

Avec les gens, les voitures, le bruit...
Je tiendrais pas une journ�e.

Un jour avec ton p�re,
on a �t??Paris.

?la Porte de Versailles
pour le salon de la machine agricole.

C'�tait avant
la naissance d'�milie.

Il �tait content.
Il voulait rester un jour de plus.

J'avais des coliques. J'ai pass?tout
le s�jour ?me vider. J'ai cru que j'allais crever.

D�s qu'on est rentr??la maison, rien.
J'avais plus rien.

Tu connais ton p�re.

Il a dit que je l'avais fait expr�s.
Il a rumin?�a pendant deux ans.

Apr�s, on n'a plus fait de voyage.

Le cap Breton ?

C'�tait les vacances,
c'est pas pareil.

Va moins vite, Antoine.
On n'y voit rien avec cette neige.

Je me suis endormi.

T'aurais pas d?me laisser.

Tu en avais besoin.

Tu as vu, il ne neige plus.
C'est mieux pour reprendre la route.

Chaque fois que je viens,
c'est la m�me chose. Bizarre.

Comme si rien n'�tait arriv?dans ma vie.
Comme si j'avais toujours le m�me �ge.

Faut que je m'habille pour aller ?l'�cole.
Que je me d�p�che pour pas rater le car.

Comme si rien
n'�tait arriv?apr�s �a.

Faut que je fasse un effort
pour... r�aliser que j'ai connu d'autres trucs.

Il est quelle heure ?

9h15.

Tu resteras sans montre toute ta vie.
Tu aurais pu prendre celle de ton p�re, quand m�me.

Elle n'est pas �tanche.
Il faut la remonter tous les soirs.

T'auras assez de b�ches ?

Jusqu'?demain, �a ira.
Apr�s, je dormirai dans la chambre.

Il va falloir que j'y aille.

Attends.
Je t'ai fait du caf?

Tu sais, y a quelque chose
qui me tracasse depuis longtemps.

Ne te mets pas en col�re.
C'est pas grave, mais...

J'ai besoin de savoir.

Je te demande
de me dire la v�rit?

J'ai toujours... senti
que tu m'en voulais de quelque chose.

Il faut que tu me dises ce que c'est,
maintenant.

Avant que... je perde la boule.

Je t'en veux pas.
Qu'est-ce que tu vas chercher ?

Alors c'est moi
qui me fait des histoires.

Des fois je m'imagine que je parle
avec ton p�re et qu'il me fait des reproches.

C'est bizarre.
Comme si je l'avais emp�ch?de vivre.

Comment �a ?

Oui, vivre.
Simplement vivre.

Peut-�tre que je l'ai emp�ch?de se fabriquer des petites joies.

Des petites joies pour lui tout seul.

Je crois pas
que je l'ai fait expr�s.

Mais il �tait tr�s heureux.
Qu'est-ce que tu racontes ?

- Il te l'a dit ?
- �a se dit pas, ces choses-l? �a se voit.

Non, �a peut pas se voir.

- Viens finir ton caf?
- J'ai pas le temps. Faut que je parte.

Un jour, elle sera ?toi,
cette maison.

Ne recommence pas avec �a.

Tu veux que je dise
?l'�picier de passer ?

Tu es fou ?
Le jour de no�l ?

Je lui laisserai un mot.
Il faut qu'il sache que t'es rentr�e.

Ne t'inqui�te pas pour moi.
J'ai des provisions.

Regarde-moi �a !

- Tu as bu ?
- Si tu daignes me revoir, je m'attends au pire.

T'avais une de ces voix au t�l�phone.
Vas-y, je suis pr�t ?tout.

Je t'en prie.
C'est d�j?assez difficile comme �a.

- J'ai besoin de toi. Il faut que tu m'aides.
- Tu veux boire quelque chose ?

Maman est encore tomb�e.
On ne peut plus la laisser toute seule.

Tu vas la reprendre dans ta belle baraque
apr�s ce qu'il s'est pass??

Ma belle baraque est ?Bruno.

Apr�s ce qu'il s'est pass?
je pr�f�re pas lui en parler.

Je suis s�r que si t'insistes.

- Je te dis que non.
- Pourquoi ?

J'ai pas envie
de te raconter ma vie.

Toi, tu pourrais ?

- Tu peux pas la prendre chez toi ?
- T'es malade ? T'as vu comment c'est ?

Y a qu'une chambre, pas d'ascenseur.
Je suis jamais l? Elle ne voudra pas.

Si, elle voudra.

Je lui en ai parl?

Je crois qu'elle a eu peur.

Je l'avais jamais vue comme �a.
Pour la premi�re fois, elle m'a vraiment...

...sembl?vuln�rable.
En plus, elle t'aime beaucoup...

O?tu veux que je la mette ?
C'est aberrant.

C'est normal.

Faut trouver une solution.

- Tu te rends pas compte !
- Si !

Enfin, j'ai pens?..

J'ai amen?�a pour te montrer.

C'est pas loin de chez elle.

Elle serait moins perdue. Il y a des gens
qu'elle conna�t. J'irai la voir souvent.

Tu veux la foutre
dans une maison de retraite ?

Qu'est-ce que tu veux
qu'on fasse ?

Je sais plus, Antoine.

Ne pleure pas �milie.
�a sert ?rien. Je d�teste �a.

?chaque fois qu'il y a un probl�me,
c'est pareil.

Tu me laisses me d�battre toute seule, et apr�s
tu trouves que j'ai mal fait. Comme quand on �tait petit.

Maintenant, on est grands.
On va r�fl�chir et prendre une d�cision.

Quelle d�cision ?
Je peux pas la prendre, toi non plus.

On trouvera, �milie.
Allez.

Prends ton sac.

Allez, viens.

Vas-y, j'arrive.

Je suis s�r que
t'as jamais �t?saoul, toi.

Cette fois, c'est bien parti.
J'esp�re que j'aurai pas le vin triste.

- Tu t'en fous. T'as toujours eu le gosier en forme.
- Traite-moi de poivrot, je te dirai rien !

C'est vrai qu'il m'arrive de boire un peu.
Rarement, mais �a m'arrive.

C'est humain, mais je sais me tenir.

Toi, tu sais te tenir ?
�a, c'est la meilleure !

Je t'aime beaucoup, Antoine.

Vraiment, je t'aime beaucoup.

C'est facile ?dire,
surtout quand on a un coup dans le nez.

Pendant trois ans,
tu ne me l'as pas beaucoup prouv?

Tu sais ce que j'ai fait, une fois ?

J'ai pris la voiture le soir.
J'ai roul?jusqu'?Blagnac.

Je me suis arr�t?pr�s de chez toi
et je me suis planqu? pour te voir un peu.

- C'est vrai ?
- Ben ouais.

T'�tais en train de planter des carottes.
J'�tais loin.

Oui, tu devais �tre loin.
Y a jamais eu de potager ?la maison.

Maman la trouvait trop grande.
"Pr�tentieuse", elle m'a sorti �a une fois.

Pourquoi elle la "trouvait" ?
Maman, elle la "trouve".

Tu crois que Bruno accepterait
qu'elle revienne chez vous ?

Je ne vis plus avec Bruno.

On se voit au travail,
mais c'est tout.

J'ai pris une chambre ?Toulouse.
L'h�tel de France, tu connais ?

- Depuis quand ?
- Depuis no�l.

Ne fais pas cette t�te, Antoine.

Tout va bien.

Je t'assure.

- Qu'est-ce qu'il y a ? O?tu vas ?
- Je reviens.

On se calme, Antoine.
�a te fait plaisir, mais faut pas que tu le montres.

Faut pas que tu t'exaltes,
que tu triomphes ou que tu ris.

Faut pas que tu pleures.
Surtout pas d'exc�s.

Pas trop t�t, �milie.
�a fait vingt ans que j'attendais �a.

T'as os?le quitter. T'as largu?ce...
Parlons plus de lui. C'est fini.

Pardon.

D�gagez, s'il vous pla�t.

Vous n'avez jamais vu
quelqu'un tomber dans les pommes ?

Respire.

Respire plus fort.

Allez, respire.
Ouvre les yeux.

Voil?
�a va mieux ?

�a va ?

Tu peux te lever ?
Donne-moi ton bras.

Voil?

Tu veux marcher un peu ?

- Mon h�tel est pr�s de la gare.
- Ne parle pas. Pas la peine de t'agiter.

J'ai pas d'�nergie.

J'en ai jamais eu.
C'est mon probl�me.

Je trouve �a tr�s bien.
Ras-le-bol de l'�nergie.

C'est la plaie, y a plus que �a :
�nergie, performance, action.

Toute cette �nergie partout est terrifiant.

Tu sais d'o?�a vient ?
Du fait qu'on n'a plus rien ?faire.

Int�rieurement, je veux dire.

Finalement, m�me ext�rieurement.

Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
On entre dans une profession, on continue...

Dans le meilleur des cas,
on progresse et c'est tout.

Tout le monde peut trouver
la force d'agir. C'est facile.

Donner un sens ?ce qu'on fait
est une autre paire de manches.

C'est peut-�tre pour �a que quand
je fais quelque chose, je le regrette apr�s.

Tu regrettes d'avoir quitt?Bruno ?

Non, mais j'ai peur
de le regretter.

On dirait que
tu ne regrettes jamais rien.

Avec toutes les conneries que je fais ?
Tu plaisantes ? J'arr�te pas de regretter.

Quand tu regrettes un truc,
�a te donne la force de faire autre chose,

que t'aurais jamais fait sans �a.

C'est pas ce qu'on fait qui est d�cisif.
C'est ce qu'on fait apr�s.

Un faux pas n'est pas grave.
Ce qui compte, c'est toujours le pas suivant.

Pour moi, le pas suivant est maintenant.
Je suis en plein dedans.

J'ai quitt?la maison.
J'ai peut-�tre mal fait ou bien fait.

?quel moment dans la vie,
un acte peut sembler vraiment n�cessaire ?

Y a qu'avec toi que je peux
me laisser aller ?dire des trucs pareils.

Mais moi aussi.

�a me rappelle quand maman nous grondait
parce qu'on passait la nuit ?parler au lieu de dormir.

Maman ?

Maman ?

C'�tait pas la peine
de d�ranger ton fr�re.

Je ne voulais pas venir seule.

Je tenais ?�tre l?pour t'accompagner. C'est normal.

Faut pas laisser perdre tout �a.

Pour les cl�s,
je n'ai qu'un double.

Remarque, je peux aussi
te laisser le mien.

L?o?je vais,
j'en aurai pas besoin.

Je suis pr�te.

C'est rien.

C'est l'�motion.

Antoine !

Pourquoi elle les a tu�s ?

Allez, viens.

Tu sais qui j'ai vu ?

Mlle Redach.
Tu sais, la couturi�re.

Elle vit l?bas depuis cinq ans.

Elle dit que c'est tr�s bien.
Le personnel est tr�s gentil.

Tu te souviens d'elle ?

�videmment,
je ne suis pas g�teuse.

Elle m'a fait
ma robe de mari�e.

Je me demande pourquoi
elle est rest�e vieille fille.

La bonne blague !

C'est un vrai laideron.
Et puis triste.

Elle a des yeux de ch�vre morte.

�a t'emb�te de passer
par le chemin de Saint-Lo ?

- On a toujours r�v?de se baigner l?
- Et on n'a jamais pu.

T'avais peur qu'on chope la polio.

Papa avait peur
qu'on d�range le poisson.

C'�tait son coin pr�f�r?

Ici, les carpes
n'avaient pas un go�t de vase.

Tu parles !
Il n'a pas pris souvent de carpes !

La p�che �tait un pr�texte.

Vous avez vu
le champ de ma�s tout ?l'heure ?

Quand il a fabriqu?sa premi�re
machine agricole, c'est l?qu'il l'a vendue.

Il �tait tr�s fier.

C'�tait il y a longtemps.
Vous n'�tiez pas encore n�s.

On s'�tait endett?pour faire construire le hangar.

C'�tait pas encore l'atelier.
Il travaillait tout seul.

Qu'est-ce que tu fais, Antoine ?

Figure-toi que je suis en train
de r�aliser un tr�s vieux r�ve.

Il est fou, ce gosse !

Emp�che-le, �milie.

�coute, maman,
s'il a envie !?

Tu pourras les mettre
dans ta chambre ?

Non, je ne veux pas me faire
remarquer en arrivant l?bas avec des fleurs.

Tu veux qu'on passe par Donzac ?

Tu es fou.
�a fera un trop long d�tour.

- On a le temps.
- Mais oui.

Tu veux que
je mette un peu de musique ?

Autrefois, vous n'aviez
pas besoin de musique !

D�s que vous �tiez dans une voiture,
vous chantiez durant tout le trajet.

'C'est la saison des chasses,
partout dans l'Alaska.''

''Remuez vos carcasses.
Il faut partir, les gars.''

'Billy le Balafr?
que le diable l'emporte.''

''Il faut nous pr�parer.''

''...en route s'il vous pla�t.''

''Quand la lune luit,
quand le jour s'enfuit.''

''Les trappeurs gaiement
s'enfoncent dans la nuit.''

''Les chiens eskimos,
tirant leurs tra�neaux,''

''D�fiant le vent,
le tra�neau tout blanc,''

''glisse dans la nuit
silencieusement.''

Je suis Genevi�ve Costello.
Ravie de vous accueillir.

On s'occupera de la valise.

Je vous pr�sente mon fils,
Antoine Dupuy.

Il est chirurgien ?Toulouse.
C'est un grand sp�cialiste du cerveau.

- Enfin, j'ai fait un peu de recherche...
- Il est tr�s modeste.

Tu devrais �tre fier
de ta situation.

Vous connaissez d�j?ma fille,
n'est-ce pas ?

Bien s�r.
C'est elle qui s'est occup�e de tout.

C'est normal. Elle a l'habitude
des dossiers. Elle est notaire.

Elle a une grand �tude
avec son mari.

Voyez, j'ai des enfants qui ont r�ussi dans la vie.
Je me suis bien occup�s d'eux petits.

Maintenant, ce serait ?eux
de s'occuper de moi. Mais vous savez bien.

Le monde moderne.
Ils n'ont pas une minute.

- Bonjour, messieurs-dames.
- Tenez - La 11.

Ne restez pas plant�s l?comme �a.
Sauvez-vous.

Je vous ai d�j?fait perdre assez de temps.

Allez, qu'est-ce que vous attendez.

Je vais vous montrer votre chambre.
?bient�t.

Je suis s�re
qu'elle ne supportera pas.

Mais non, �milie.
On ne peut pas pr�voir.

On ira la voir la semaine prochaine
et on verra comment elle s'habitue. C'est tout.

- Tu veux mon poulet ?
- Tu le manges pas ?

Non, j'ai pas faim.

Je me suis d�brouill�e pour
qu'elle ait la t�l?dans sa chambre.

Arr�te un peu !

Faut toujours que tu te g�ches la vie.
D�s que tu fais quelque chose, tu te sens mal.

M�me quand tu ne fais rien.

On dirait toujours que
tu cherches le moyen de te punir.

Tu te souviens quand tout le monde
te disait que tu �tais belle ?

Au lieu que �a te fasse plaisir,
�a te rendait malade, comme si c'�tait une faute.

T'avais tous les mecs ?tes pieds.
Le r�ve de toutes les filles.

Mais non,
tu trouvais �a effrayant.

Je ne me plains pas.
Il n'y avait que moi qui en profitait.

Oui, Antoine.
Je ne suis pas comme toi.

Je suis pas dou�e pour le bonheur, moi.

O?tu vas ?

Nulle part.
J'ai envie de marcher.

Quand on �tait petit, est-ce qu'il y a
un truc qui te revient sans r�fl�chir ?

On parlait tout le temps,
mais je ne sais plus de quoi, c'est loin.

Des tas de trucs.
Qu'on se quitterait jamais.

Qu'on se d�brouillerait
pour pas mourir.

C'est peut-�tre pour �a
que je suis branch?sur le cerveau.

Tu voulais �tre
danseuse �toile.

J'ai une photo de toi en tutu.
Tu fais des pointes et regardes en l'air.

Tu regardes souvent en l'air sur les photos.
On dirait que tu veux t'envoler.

C'�tait pour la soir�e des �glantines.
J'avais un de ces tracs !

J'aurais jamais pu �tre danseuse.

T'as de la chance, t'as toujours fait
ce que tu voulais faire. T'as jamais d�vi?

T'es tr�s fort.

Non, je ne suis pas fort.
Je suis tr�s simple.

Y a d'abord eu toi, et puis le cerveau.
Je ne risquais pas de me planter.

C'est �a, justement, �tre fort.
Ne pas se tromper sur ce qu'on veut.

Et le truc pour pas mourir,
tu vas le d�couvrir un de ces jours ?

Pourquoi pas ? En tous cas,
tu seras la premi�re pr�venue.

Pas la peine.
�a ne m'int�resse plus.

Qu'est-ce que tu racontes ?
Mourir t'est �gal ?

Je me demande.

Des fois, je me sens
un peu en trop, comme papa.

Je suis s�re que �a me vient de lui.
Je crois qu'il �tait comme �a.

Maman avait les pieds sur terre,
comme toi.

Faudrait savoir ! Tu m'as toujours
reproch?de vivre dans le r�ve.

Oui, vous �tes des r�veurs. Mais vous avez
les pieds sur terre. Vous savez ce que vous voulez.

Papa cherchait sa place.
Je crois qu'il ne l'a jamais trouv�e.

T'as pas remarqu??

Il ne voulait pas le montrer,
mais il n'�tait s�r de rien.

Il ne se reconnaissait dans rien.
Il fuyait.

Un jour je suis all�e le voir ?l'atelier.
On croyait qu'il travaillait. Il �tait tout seul.

Assis sur un tabouret. L'air tellement absent
que je n'ai pas os?le d�ranger.

Je suis repartie.

Je suis s�re qu'il a toujours v�cu comme �a.
Qu'il n'a jamais eu d'intimit?avec personne.

Je crois que je suis un peu pareille.

- Tu me raccompagnes ? Il faut que je dorme.
- Non, pas question.

- Enfin, raccompagne-moi ?mon h�tel.
- Non, Je te ram�ne chez moi. Je t'enl�ve.

C'est comme �a.
Discute pas, on s'en va.

18, 19, 20, et 21.

D�sol? y a pas le choix.
J'ai qu'un pyjama.

Je peux me retourner ?

Remarque, il te va bien.

Tu mets encore ce vieux truc ?
Pas trop petit pour toi ?

Voyons, apr�s 18, 20 ans,
on ne grandit plus.

Tu vas dormir o??

Je suis de garde cette nuit.
Je serai rentr?demain pour le petit d�jeuner.

- ?quelle heure je te r�veille ?
- ?8h, mais j'ai mon r�veil.

J'ai une signature ?9h30.
J'esp�re que je serai en forme.

Avec �a, tu seras
fra�che comme une jonquille.

Qu'est-ce que c'est ?
Tu veux me droguer ?

Un truc pour chasser les id�es noires.
Bois et discute pas.

Les fen�tres,
ouvertes ou ferm�es ?

�a d�pend du bruit.

Avec tes oreilles,
vaut mieux qu'elles restent ferm�es.

- Qu'est-ce qu'elles ont, mes oreilles ?
- T'as toujours eu l'ou�e trop sensible.

D�s qu'on parle normalement,
t'as l'impression qu'on crie.

L?par exemple, je fais un effort
pour parler bas. J'ai toujours fait �a.

- Tu parles s�rieusement ?
- Oui.

Remarque, c'est pas une raison
pour aller voir un oto-rhino.

D'abord, c'est tous des sadiques.

Ce serait aussi d�bile que d'aller voir
un ophtalmo parce que t'as une trop bonne vue.

C'est d??quoi, tu crois ?
Encore un truc du cerveau ?

- Tu veux que je t'explique ?
- Non, pas ce soir. Une autre fois.

Demain, alors.
Parce qu'on se verra demain, non ?

On verra.

Tu passes toutes tes soir�es
toute seule ?l'h�tel ?

Qu'est-ce que tu veux
que je fasse ?

Ne me regarde pas comme �a.
�a me convient tout ?fait.

T'as pas un amant ?

Non, c'est pas mon truc.

Je cherche pas d'amant.
Je cherche pas de mari.

Je cherche rien.
Je t'assure.

Tu ne vas pas
vivre comme un l�gume ?

?partir de demain,
on se voit tous les jours. D'accord ?

Tu vas t'ennuyer,
mon pauvre Antoine.

Avec toi ?
Mais tu veux rire !

Je t'assure.

J'ai bien vu, d�j?avec Anne.
Avec Lucien aussi.

Quand je suis venue habiter ici,
je me suis dit que je vais avoir du temps.

Je vais pouvoir me rapprocher d'eux.
Les voir en t�te-?t�te.

Je me suis rendue compte
que �a les faisait chier.

Ils ont besoin de m'oublier.

Ils ne me voient pas comme une personne.
Ils me voient comme une m�re qui se...

qui cherche trop ?les prot�ger,

qui se fait tellement de souci pour eux
que �a les emp�che de respirer.

Enfin, c'est normal.

Oui, c'est pour �a que
j'ai d�cid?de les laisser tranquille.

De pas les encombrer.

J'esp�re que je ne l'ai pas perdue.
Je perds tout.

Ah non, la voil?

Regarde, c'est marrant.

Salut, le savant.
T'as l'air d'avoir la p�che.

J'ai fais une d�couverte :
la vie est belle.

Elle est nase, ta d�couverte.
La vie est de la merde.

Ne dis pas �a, Lucien.
Les gens sont formidables.

Et c'est le printemps.

Rien ?branler du printemps.
Ras le cul des gens. Surtout les nanas.

Tu te souviens de Radis ?

Elle vient ici tous les soirs avec sa s�ur.
Parce qu'elle a une s�ur en plus.

C'est cette connasse d'Anne.
Elle se fait appeler Nena.

- Elles sont l??
- Ouais, je te dis. Tous les soirs.

M�me le lundi. Y a personne.
Rien que pour me narguer.

�a va finir dans le sang.
Je te jure, Antoine.

Messieurs dames, on ferme.

C'est pas vrai.
Ce con ne supporte pas qu'on s'�clate !

J'ai des consignes, d�sol?

D�sol? tu parles. Le patron n'est pas l?
alors t'en profites pour faire chier le monde, tar?!

- Ta gueule, chiennasse !
- Putain, mais je vais te casser ta gueule !

L�chez-moi !
Je vais le tuer !

Je vais te faire bouffer tes couilles.
Je vais te niquer ta sale gueule.

Calmez-vous.
C'est pas grave.

- Viens, Radis.
- C'est des mots, tout �a !

Allez, viens.

On ne parle pas comme �a.
T'es maladroit, Lucien.

C'est elle qu'a commenc?

Ne pleurez pas, Radis.
C'est vraiment pas grave.

Ses mots ont d�pass?sa pens�e.

- Vous ne le direz pas ?
- Non, mais ?qui ?

?l'�tude.

Bien s�r que non. ?condition
qu'on aille boire un verre ensemble.

Plut�t crever !

On ferait mieux de les laisser.

Qu'est-ce que t'as ?

C'est un copain de fac.

Dire que j'imaginais qu'il s'int�ressait ?moi.
Je suis compl�tement ?c�t?de la plaque !

T'as pas de cours aujourd'hui ?

C'est fini tout �a.
Balay?

Je suis pas faite pour �tre notaire.
Tant pis pour la succession.

Qu'est-ce que tu fais
de toutes tes journ�es ?

Rien. Je dors. Je r�fl�chis.
Je cherche ma voie.

Je vais travailler
dans un magasin de disque ?mi-temps.

- Ton p�re le sait ?
- Ouais.

- Il dit rien ?
- Rien du tout.

Depuis que ma m�re est partie,
pas un mot. C'est un mur.

Au d�but, je rentrais tous les soirs.
J'avais tellement envie de m'occuper de lui.

Je m'en sentais vraiment capable.
Mais il a refus?

Tout ce qu'il veut, c'est prendre
sur lui. Ne voir personne.

- Les �panchements, c'est pas son truc.
- �a ne m'�tonne pas de lui.

L'orgueil, y a rien de plus terrible.

Dis donc, tu connais le blondinet
qui cause avec ta s�ur ?

�a doit �tre son ex.
Tu croyais que t'�tais le premier ?

Mon fr�re,
un copain, Jean-Luc.

Tu pourrais me d�panner ?

Pas question.
T'as qu'?travailler comme tout le monde.

Le boulot, en ce moment,
c'est pas �vident. 100 balles, je te les rendrai.

Tu parles !

- Tu pourrais me dire merci.
- J'allais le dire.

�coute Radis, je voudrais te parler.

C'est pas le moment.

Je te laisse mon num�ro.
Tu m'appelles quand tu veux.

Je t'�coute, Lucien.

Ou bien tu parles
ou bien tu t'en vas.

Je fais que penser ?toi.

Je crois que je t'aime, Radis.

Je te jure, c'est vrai.

Rien qu'?te sentir l?
je bande.

C'est pas normal.
Je crois que c'est de l'amour, non ?

Tu confonds tout, Lucien.

C'est pas de l'amour,
c'est du d�sir. C'est tr�s diff�rent.

Du d�sir, bon.
Mais si �a me rend malade.

Si �a me fait exploser la t�te,
y a de l'amour, non ?

�a se discute.

Laisse-moi dormir avec toi.

�a va pas, non ?
Je veux pas que �a recommence.

Et ta m�re,
tu la vois un peu ?

Non, je la trouve dangereuse.

Comment �a ?

Oui, c'est comme grand-m�re.
C'est comme toi.

Vous �tes fous dans cette famille.
Tous les trois.

Excuse-moi de te dire �a.
Mais c'est la v�rit?

- Tu veux dire fou ?lier ?
- Ouais.

- Tu crois pas que t'exag�res un peu ?
- Non.

Papa a tout fait pour tirer maman
vers lui, pour essayer de mettre un peu d'ordre.

Vous �tes revenus. Vous avez tout d�truit.
?trois contre un, il ne pouvait pas gagner.

Si encore elle avait pris un amant,
il aurait pu se battre. Mais l?..

C'est autre chose.
�a vient de plus loin.

Tu sais,
on a tous nos vieux d�mons.

Arr�te, Antoine. C'est malsain.
Et puis je serai jamais de ton c�t?

Tu te pousses un peu, Lucien ?

"Et pendant ce temps-l?

"Moi je vais la la la la"

"Le temps passera."

"Tout �a s'effacera."

"L'histoire roulera."

"Je ne serai plus l?"

"Mais pendant ce temps-l?

"Moi, je regarde
toutes ces choses-l?"

"J'�coute tous ces trucs-l?

"Et je fais la la la la la."

"On dansera sur cet air-l?"

"On chantera la la la la."

"On ne sera plus l?"

"Le temps passera."

"Tout �a s'effacera."

"L'histoire roulera."

"Je ne serai plus l?"

"Mais pendant ce temps-l?

- Il est quelle heure ?
- D�sole. J'ai pas l'heure.

Cette p�che,
mon cortex occipital la voit.

Mon cortex temporel dit :
"elle a l'air bonne".

Mon cortex pari�tal associatif
conclu : "je vais la manger".

Mon cortex pr�frontal dit alors :
"je vais la porter ?ma bouche et la croquer."

C'est ce que fait
mon cortex moteur,

sous le contr�le vigilant de
mon cortex somesth�sique.

Et tout mon cerveau se r�gale.
Tu comprends ?

C'est quand m�me simple.

Quand tu me regardes comme �a, j'ai
l'impression que tu veux me transformer en p�che.

Qu'est-ce que tu me racontes ?
Je parle des aliments.

Le seul lien substantiel entre l'homme
et la nature. Y en a pas d'autre.

Tu n'es pas un aliment, �milie.
Tu es une personne, je vais pas te manger.

J'ai l'impression que les personnes,
pour toi, ne comptent pas beaucoup.

�a d�pend qui.

Toi par exemple,
j'ai envie de te faire plaisir.

Regarde-moi cet appartement.
Tu as le soleil, les arbres, la Garonne.

Tout ce que tu aimes, non ?

Tu vas pas me dire que
tu pr�f�rerais �tre ?l'h�tel ?

Ce n'est pas le probl�me.

C'est quoi ? Tu regrettes Blagnac ?
Tu penses ?ton mari ?

Non, Antoine.
C'est pas �a.

Je me demande si
c'est pas un peu absurde.

Vivre ensemble entre fr�re et s�ur,
?vingt ans, on peut comprendre,

mais ?notre �ge,
je trouve �a ridicule.

On s'en fout du ridicule.

N'emp�che que
c'est pas tr�s normal.

Tout ?fait normal, au contraire.
On est fait l'un pour l'autre, c'est biologique.

On a deux cerveaux
qui sortent du m�me ventre.

N'importe quoi.

T'as de ces images, parfois.

- Je vais t'expliquer, c'est tr�s simple.
- Non, tu ne m'expliques rien.

Je sais que t'as des th�ories sur tout.
Vivre ensemble, c'est pas de la th�orie.

Tu ne sais pas ce que c'est.
T'as jamais v�cu avec quelqu'un.

�coute, �milie.
Je me suis d�carcass?comme un malade.

J'ai d�gott?un appartement sublime.

Si �a t'int�resse pas,
la porte est l?

- Ne crie pas.
Je crie pas.

Je te dis pas
que je ne veux pas.

Je dis simplement que
je ne suis pas s�re qu'on a le droit...

de vivre comme �a.
Je ne sais pas si j'ai le droit, voil?

C'est quoi, ces conneries ? T'as le droit
de tout faire, du moment que �a te fait plaisir.

C'est le seul crit�re.

T'es trop orgueilleuse, �milie.
Tu passes ?c�t?des joies les plus simples.

C'est r�voltant.

Je comprends pas
de quoi t'as peur ?

J'ai peur de toi, Antoine.
Tout simplement.

On �tait trop proches,
tous les deux.

Oui, Antoine.
On n'est plus des enfants.

Tu refuses de le voir.
C'est �a qui me fait peur.

Mais si.
�a veut dire quoi, �tre adulte ?

T'as largu?ton mec. Anne t'a largu�e.
Lucien aussi. C'est �a, �tre adulte ?

C'est d�bile !

Je t'en prie, ne cherche plus ?�tre adulte.
Tout le mal vient de l?

Pour y arriver, faudrait plusieurs vies.
On n'a pas le temps.

D'ailleurs, le temps n'existe pas.
Tous ceux qui ont r�fl�chit sont d'accord.

J'ai v�cu vingt ans avec toi.
Mes vingt premi�res ann�es.

D�j? on se trompe.
On d�forme les choses.

Tu crois que j'ai peur de rien.
C'est pas vrai, �milie.

Souviens-toi.
J'�tais toujours malade.

La fois o?j'ai bouff?des escargots,
j'ai failli m'empoisonner.

T'en as mang?deux fois plus,
t'as rien eu.

C'est toi la plus forte.
J'�tais un infirme.

Tu veux pas le reconna�tre,
mais c'est toi qui m'a tout appris.

Si t'avais pas �t?l?
peut-�tre que j'aurais jamais su aimer la vie.

Qu'est-ce que vous voulez ?
Elle refuse de sortir.

M�me pour les repas,
elle pr�tendait que l'ascenseur �tait cass?

C'est pour �a
que je l'ai mise au rez-de-chauss�e.

Mais le r�glement ne permet pas
qu'on la serve dans sa chambre. D�sol�e.

Je comprends.
On va essayer de lui parler.

Peut-�tre qu'elle dort.

Qu'est-ce que tu fais l??

Je viens te voir.

Je croyais que tu avais eu un accident.
Ils en ont parl??la t�l?

On voyait de la ferraille. Il y avait
beaucoup de monde, mais je t'ai reconnu.

Et puis ils l'ont dit.

�a m'�tonne pas.
Tu roules trop vite.

C'est vrai, Antoine.
Tu roules comme un fou.

Je t'avais pr�venu,
et ton p�re aussi.

Mais tu n'�coutes personne.
Alors voil?ce qui arrive.

Ils ont dit que c'�tait dommage
parce que tu �tais jeune.

Que tu pouvais faire
encore des choses dans la vie.

Faut pas �couter la t�l? maman.
Ils racontent n'importe quoi.

Avec qui tu es venu ?

C'est moi, maman.

Ah c'est toi.
Pourquoi tu te caches ?

Tu te caches toujours
derri�re ton fr�re.

Tu y �tais ?l'accident ?
Ils ont pas parl?de toi.

C'est normal.
Ils peuvent pas parler de tout le monde.

Y a pas eu d'accident.
Tu vois bien !?

Tu crois qu'on peut
me raconter des histoires ?

J'y peux rien, mais c'est comme �a.
Je suis au courant de tout ce qu'il se passe.

M�me que l'autre nuit,
la maison a br�l??cause de l'orage.

J'avais demand??ton p�re
d'acheter un paratonnerre. Il a oubli?

Il oublie tout.
Il finira par oublier sa t�te.

Je vous remercie quand m�me.

C'est gentil d'�tre venu me chercher.
Je ne peux plus rester ici.

L'autre jour,
un monsieur est parti.

Ils l'ont rattrap?

On va pr�parer tes affaires.
Tu m'aides, �milie ?

Faudra payer Colette.
C'est la coiffeuse.

Je la fais venir une fois par semaine
pour m'arranger un peu.

Pas le manteau.
Je vais le mettre.

Avec cette chaleur ?

Je m'en fous. Je veux pas
passer pour une clocharde.

Qu'est-ce que c'est encore ?
On peut jamais �tre tranquille !

C'est rien. C'est l'orage.

Laisse.
Habille-la.

C'est comme �a que vous l'avez examin�e ?
Un peu d'hypertension, c'est tout ? Vous �tes nuls !

Vous �tes un assassin !
Je vous poursuivrai.

- Je suis d�sol�e.
- C'est facile. Vous auriez pu pr�venir avant.

Je vous comprends, mais vous-m�me
en tant que fils, vous auriez pu vous inqui�ter...

Je vous emmerde.

Pour le r�glement,
on verra �a plus tard.

Regarde,
tu vois bien qu'elle est l?

Elle a pas boug?
Elle a pas pris feu.

Ne tremble pas comme �a.
Je vais pas te faire de mal.

Tu vas regarder
la petite lumi�re, hein ?

Suis la lumi�re.

Tr�s bien.
Maintenant, sur la gauche.

Parfait.

Maintenant,
tu regardes en l'air.

Voil? tr�s bien.

Tu peux te lever ?
Tu peux marcher ?

Tu vas prendre mes doigts.
Tu vas les serrer fort.

Plus fort.

Plus fort, maman.
Vas-y.

C'est bien.
Joins les pieds.

Ferme les yeux.

C'est bien.

Je peux m'asseoir maintenant ?

Allonge-toi.

�a va te chatouiller.

Voil? madame.
C'est termin?

Vous allez venir
vous allonger dans votre lit.

N'ayez pas peur.
�a fait pas mal.

Installez-vous.

Vous vous allongez.

Fermez les yeux,
s'il vous pla�t, madame.

Vous pouvez ouvrir les yeux. Ne bougez pas.
On commence l'examen.

Alors ?

Elle a fait un accident
vasculaire c�r�bral.

T'as bien vu.
Elle se rep�re plus dans le temps.

Une art�re qui s'est bouch�e.
�a provoque des l�sions.

C'est mortel ?

C'est s�rieux.

Je lui ai pris une chambre.
Je vais m'occuper d'elle.

Pas la peine que tu restes l?
Je te retrouve ce soir.

- Je peux la voir ?
- Non.

Il vaut mieux qu'elle se repose.

Je vais t'appeler
un taxi ?l'accueil.

C'est pas la peine.
Je vais me d�brouiller. Vas-y, Antoine.

Ton p�re veut te parler.

Assieds-toi.

Eh bien,
qu'est-ce que tu attends ?

�a te ferait plaisir
d'avoir un petit fr�re ?

Non, j'en ai pas besoin.
Je suis tr�s bien comme �a.

Voyons, �milie.
Tu te sentiras moins seule.

Je ne me sens pas seule.
Je suis avec vous.

Tu m'as dit que Bruno �tait en vacances.
J'ai vu de la lumi�re.

Je sais que tu es l?
Ouvre-moi.

Ne m'oblige pas ?faire un malheur.
�milie, tu me connais.

Ne me pousse pas ?bout.

Si tu parles pas, j'enfonce la porte.
J'en suis capable.

J'ai besoin d'�tre seule.
Alors va-t-en !

Restons calme.
Pas la peine d'ameuter le quartier.

On avait rendez-vous ?l'appartement.
Tu me dois au moins une explication.

C'est tout ce que je te demande.
C'est humain, non ?

J'ai rien ?te dire.
J'ai besoin de dormir, c'est tout.

Arr�tons de nous donner en spectacle.
Je t'en supplie, ouvre-moi cette porte.

Arr�te ton cirque, Antoine.
Fous le camp !

- Pourquoi tu me parles sur ce ton ?
- Parce que c'est fini la com�die.

J'ai compris ton man�ge.
Je veux plus te voir.

Je vais monter me coucher.
Tu peux continuer ?faire le con dehors.

�a me d�range pas.
J'ai des boules Qui�s.

Les voisins ont un chien.
Il est tr�s m�chant.

Si tu veux tout casser, te g�ne pas.
Je te regarde.

Qu'est-ce que t'as ?
On avait rendez-vous.

Pourquoi tu te barricades comme �a ?
Je vais prendre ton pouls.

Tu m'as frapp?
Tu te rends compte ?

Je recommence si
t'essayes encore de me toucher.

Qu'est-ce qui te prend ?
Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que t'as fait ?
Tu veux que je te le dise ?

T'es m�me pas capable
de t'en rendre compte toi-m�me !

�a m'�tonne pas.
Tu te caches toujours la v�rit?

Tu triches !
Tu fais tes num�ros !

Quelle v�rit??
De quoi tu parles ?

T'es m�decin, non ?

T'as su qu'elle avait un malaise.
Et puis un autre. T'as rien fait du tout.

Tu t'en rends compte ?

T'aurais pu la sauver.
Maintenant, c'est trop tard.

Tu l'as n�glig�e comme si
tu voulais t'en d�barrasser.

C'est �a que tu me reproches ?

C'est vrai que j'ai refus?de penser qu'elle pouvait mourir.

C'est pour �a
que j'ai rien voulu savoir.

Enfin, que tu profites de �a pour...

C'est pas la premi�re fois
que tu cherches ?m'humilier.

Au cap Breton,
quand j'avais vol?des disques.

Tu m'avais oblig?de
les rendre devant tout le monde.

Tu aimes �a quand
j'�prouve un sentiment de honte ?

�a t'excite.

T'as besoin de �a
pour te rassurer sur toi-m�me.

- T'as pas le droit de dire �a.
- Arr�te de parler de droit.

Tu te prot�ges toujours
derri�re le droit.

Pour toi, y a que �a dans la vie.

Ton m�tier, c'est du droit.
Ton mari, c'est du droit.

T'es un danger public.
Fous le camp !

Je voudrais que t'existes pas.

�a t'arrangerait, �a ?

Comme �a,
tu serais la pr�f�r�e.

Parce que le seul truc que
tu �prouves pour elle, c'est de la haine.

De la haine, et plus rien d'autre.

Parce qu'elle t'aime pas assez.
Pas comme t'aurais voulu.

Malgr?tout le mal que
tu t'es donn�e pour essayer de lui plaire.

�a doit �tre terrible
de d�tester sa m�re.

Au secours.

Je suis tomb?du balcon.

Tu fais chier, Antoine.
Il manquait plus que �a !

Tu cherches
tous les moyens de m'agresser.

Un chantage ignoble. Je ne marcherai pas
dans tes simagr�es. On traverse.

Tu sais que t'aurais pu te tuer !?

T'as fait �a contre moi.
Pas la peine de dire le contraire.

Je te dis pas le contraire.
Je te dis rien. Je suis sto�que.

- T'es pas sto�que, t'es grotesque.
- Je suis fier de l'�tre.

Tu comptes aller voir
maman ?pieds ?

L'h�pital est tr�s loin.
J'ai mal ?la jambe.

On va prendre un taxi.

C'est bizarre
que tu conduises pas.

Toujours pas r�ussi ?passer ton permis ?
C'est tr�s r�v�lateur.

Je me fous de ce que �a r�v�le.
Taxi !

- Appelle le taxi.
- Tu te tais ! Merde, voil?

- Tu fais comme tu veux.
- Ben c'est trop tard !

Une petite l�sion int�ressant
la r�gion thalamique droite.

Avec un effet de masse
sur les ventricules.

Cette petite l�sion dense,
c'est probablement une l�sion h�morragique.

Nous ne trouvons pas par ailleurs
de l�sion focalis�e ni d'autres anomalies.

Tu vois bien que j'avais raison.

Tu as eu un accident.
Pourquoi tu me l'as cach??

Je vais rester longtemps ici ?

Il reste encore
quelques examens ?faire.

C'est la routine.

Si �a te fatigue,
c'est pas la peine de parler.

N'est-ce pas, Antoine ?

?mon �ge,
c'est normal d'�tre fatigu�e, non ?

O?est-ce que j'irai apr�s ?

Je veux pas retourner chez les vieux.
Ce sont des �trangers.

Tu retourneras pas l?bas.

Je te le promets.
N'y pense plus.

Il faut pas que tu t'agites.

Tout �a est ?cause
de votre p�re.

Pense seulement ?te reposer.

Il voulait que
vous soyez modernes.

Moderne,
il n'avait que ce mot-l??la bouche.

Il me disait :

''Faut leur faire faire des �tudes,

parce qu'il faut
qu'ils soient sup�rieurs,

sup�rieurs ?nous,
parce que nous,

on n'a pas assez
de bagages pour r�ussir--

pour r�ussir dans la vie d'aujourd'hui.
Avec le progr�s et tout �a.''

Son r�ve �tait que vous soyez
comme vous �tes : modernes.

Je suis s�re
qu'il est content.

N'emp�che que moi,
mon seul regret

est de pas avoir eu

un autre enfant.

Parce que
peut-�tre que lui,

il aurait pu
me prendre chez lui,

sans que �a fasse des histoires,

tu comprends ?

Excusez-moi, mais vous me connaissez pas.
J'ai repris la maison des Terral, derri�re le bois.

Il faut que je vous dise
que le toit de chez votre m�re,

il y a eu un orage l'autre soir,
et il a �t?dr�lement endommag?

Endommag??

Par la foudre ?

Oui, c'est pas prudent
de la laisser comme �a.

Y a peut-�tre des d�g�ts ?l'int�rieur.
Vous devriez aller voir.

Pour les r�parations,
si vous voulez, je connais quelqu'un.

Je vous remercie.
Je vais m'en occuper.

Il y a des �ufs ?la maison ?

Je sais pas si y en a assez pour...

Combien on est ? Sept ?

Je vais aller en chercher.

Attends.
Je t'accompagne.

C'est pas la peine.
Je m'occupe de tout. Attends-les.

Viens, Antoine.
Reste pas l?

Ne me secoue pas comme �a
ou je me casse la gueule.

J'ai envie de jouer du piano.
Je tiens plus.

T'es folle, Nena.
Pas aujourd'hui.

�a se fait pas.
Je suis toute retourn�e.

Tu la connaissais pas.
Tu la juste vue le soir de no�l.

C'�tait une peau de vache.

On peut pas dire,
elle avait du caract�re.

C'est peut-�tre
un truc de g�n�ration.

Nous, ?c�t?
on est vraiment des petites pointures.

Tiens, j'arrivais pas ?te parler.
Alors je t'ai �crit �a.

Y a longtemps que j'aurais d?te la donner.
Mais chaque fois que je te voyais ?l'�tude,

je voulais rester froid.

Te montrer que j'�tais fort,
ind�pendant...

Tu peux pas savoir combien
de fois j'ai corrig?ce truc.

Je trouvais qu'il manquait des choses,
que c'�tait pas au point.

Pourtant, avec les lettres,
j'ai plut�t l'habitude.

Mais sur les sentiments,
sur l'essentiel, je suis analphab�te.

Je vais mettre la table.

Attends.

Peut-�tre qu'avec ce temps,
on pourrait manger dehors.

Oui, c'est une bonne id�e.

Et vous allez garder
le pl�tre combien de temps ?

Trois semaines.
C'est long.

Surtout avec cette chaleur.
�a doit �tre p�nible.

�a m'est arriv?en faisant du ski.

Heureusement, c'�tait l'hiver.

Je savais pas
que tu faisais du ski.

Tu me l'as jamais demand?

J'adore la montagne.

La neige, surtout.

C'est pour �a que j'ai l'hiver.
C'est ma saison pr�f�r�e.

Et toi papa ?
C'est quoi, ta saison pr�f�r�e ?

L'automne, mais
ne me demande pas pourquoi.

Tu fais toujours des myst�res.
Tu pourrais te confier un peu plus.

L'automne parce que
c'est toujours le d�but de quelque chose.

Le d�but de l'ann�e,
la rentr�e scolaire.

Une fois, j'�tais �tudiant
et j'ai vu ta m�re, voil?

Maintenant,
tu sais pourquoi.

Et toi, Lulu ?

Le printemps, ?cause des nanas.

Elles commencent ?se d�couvrir.
On voit les formes, les jambes. Tout �a.

�a m'�tonne pas de toi.

Et toi, N�na ?
La saison que tu aimes le plus ?

Justement, je sais pas.

C'est pour �a
que je demande aux autres.

Vous avez de la chance de savoir.

Et toi, Antoine ?

C'est comme �milie, l'�t?

Excusez-moi, j'ai un coup de barre.

Cette putain de jambe.

On a tous besoin de repos.

Je peux prendre ta voiture
pour ramener Antoine ?

Si vous voulez
dormir ici,

c'est pas les chambres qui manquent.

Non merci, Bruno.
Je pr�f�re rentrer chez moi.

C'est moi qui vais te raccompagner.

Non franchement, �milie.
Te complique pas la vie, j'ai besoin d'�tre seul.

Je t'appelle ce soir, alors.

Je serai pas chez moi.

J'irai faire un tour en bo�te.
Tu sais que j'aime bien voir les gens danser.

La danse, y a rien de plus beau.
Vous y serez, la jeunesse ?

Je suis oblig?
Je travaille l?bas.

Ce soir, c'est peut-�tre un peu

inconvenant.

M�me si c'est inconvenant,
j'y vais.

Rhadija dansera pour toi,
d'accord ?

D'accord.

T'es s�r que tu peux pas rester un peu.
Tu veux pas que je te joue du piano ?

Non, le piano, j'aime pas beaucoup �a.

Quelqu'un sait chanter ici ?

Je crois pas.

?moins que Rhadija...

Je chante comme une casserole.

Je connais un chant.

On n'est pas oblig?de le chanter.
Il suffit de le dire.

Je l'ai appris quand j'�tais en pension.

Je le r�citais le soir dans le dortoir
poour me donner du courage.

Du courage pour faire quoi ?

Du courage pour attendre.

J'attendais tout de la vie,
comme tout le monde ?cet �ge-l?

J'attendais les vacances.

J'attendais
de retrouver Antoine.

Vas-y, on t'�coute.

Mais o?est donc l'ami
que partout je cherche ?

D�s le jour naissant,
mon d�sir ne fait que cro�tre.

Et quand la nuit s'efface,
c'est en vain que j'appelle.

Je vois ses traces,
je sais qu'il est pr�sent.

Je sens qu'il est pr�sent
partout o?la s�ve monte de la terre,

o?embaume une fleur
et o?s'incline le bl?dor?

Je le sens dans l'air l�ger
dont le souffle me caresse,

et que je respire avec d�lice.

Et j'entends sa voix
qui se m�le au chant de l'�t?