All language subtitles for Rambo.First.Blood.1982.2160p.UHD.BluRay.X265-IAMABLE.mkv.stream7-fra

Ce qui m'a plus dans ce projet.

Je suis Sylvester Stallone.

J'aimerais vous parler un peu
de la création de Rambo.

Au départ, ça m'a semblé
une très mauvaise idée.

Je refusais de faire ce film.

Le projet était déjà
en discussion depuis sept ans

et une sorte de malédiction
planait dessus.

Quand on m'a remis le scénario,

tout le monde se demandait
qui tiendrait le 1er rôle.

Plusieurs réalisateurs avaient refusé.

Je tournais Les Faucons de la nuit,
quand j'ai eu le scénario.

On m'a fait une proposition
extrêmement alléchante

mais je pensais :
"Non, je veux pas faire ça.”

Et à vrai dire,

j'étais encore contre
quand ça a démarré.

Un soir, j'étais invité à diner
chez Burt Reynolds.

Je me disais :
"Si je me coince la main dans la porte,

"si je me casse les doigts,
terminé, ce film je le ferai pas.”

Et Burt m'a dit :
"Concentre-toi sur ton rôle.

"Si tu es bon,
peu importe que le film soit naze.”

Je lui ai répondu :
"Merci pour ton mauvais conseil.”

Le lendemain, on a commencé le tournage,
j'étais très nerveux.

J'étais en terre inconnue.

Dans la 1re scène, je marche
vers une maison au bord d'un lac.

Celle qu'on voit ici.

Peu à peu, je me suis pris au jeu.

On faisait quelque chose d'inhabituel.

Mes précédents films, c'était la ville.

Mais là, tout devait être tourné
dans des décors naturels.

Ça m'a plu.

En approchant de la maison,
je me demandais :

"Comment vais-je camper ce personnage?"

C'est un personnage
à la fois extrêmement discret

mais avec quelque chose d'enfantin.

Quelqu'un dont on ne penserait jamais
que c'est un guerrier.

Il devait sembler un peu malchanceux.

Il ne devait pas avoir
trop de prestance.

J'imaginais un genre
de monsieur tout le monde.

C'est pourquoi dans ma façon de bouger,

il n'y a absolument rien de menaçant.

D'ailleurs,
c'est lui qui a écrit l'adresse.

Vous reconnaissez son écriture.

J'imaginais quelqu'un qui parlait peu.

Quelqu'un qui ne s'impose jamais

et qui s'exprime de façon saccadée.

Je me disais que ce type

7est un peu
comme un vieux moteur rouillé.

Il a des ratés.

Il lui faut un certain temps
pour démarrer.

Là, il se lance un peu.

Là, c'est moi. Et là Danforth,
Westmore, Bronson, Ortega.

La plupart de ces gens
faisaient partie de l'équipe.

C'était les noms dont je me souvenais.

Les costumiers et les maquilleurs
ont été immortalisés.

- Il rentre quand?
- Il est mort.

L'été dernier.

De quoi?

Cancer.

Quelque chose bascule.

C'est le dernier moment

où subsiste un soupçon d'optimisme

ou une lumière au bout du tunnel.

Il essaye de renouer une amitié.

Donc, quand il.
- je - donne la photo

et quand je jette
mon carnet d'adresse au feu,

c'est terminé.

Il est apatride, c'est fini.

Il n'a pas d'endroit où aller,
pas de projets, pas de but.

Rien. Il fait juste partie du paysage.

Et il semble partir
à la recherche de quelque chose.

En marchant le long de cette route,

je pensais : "Pourvu que ça soit pas
trop sinistre.” Mais ça l'était.

Il faisait froid.

On tournait à Hope (espoir),
au Canada.

C'était un endroit super
mais qui portait mal son nom.

C'était déprimant. Les moulins
venaient de licencier en masse,

les bûcherons étaient en colère.

Ils n'étaient pas toujours sympas.
J'y reviendrai.

Salut, Amy!
Ça va, les filles?

J'adore Brian Dennehy.

C'est un type bien et un bon acteur.

J'avais travaillé avec lui sur F./.S.T.

Il avait de super scènes
dans F.I.S.T.

Elles n'ont pas toutes été gardées
au montage

mais certaines ont survécu.

Il est grand.
Il a vraiment été militaire.

Il était parfait pour le rôle.
Un homme grand et imposant.

Aussi imposant que le paysage.
C'est un excellent casting.

Je n'oublierai jamais cette scène.

Je la trouve bien écrite.

Même si j'y suis aussi
pour quelque chose.

Bref, je venais d'avoir
une nouvelle version du scénario.

Avaient-ils enfermé un autre auteur
dans une pièce?

On m'a remis une nouvelle version
juste avant de tourner.

Il devait dire : "Où allez-vous?"
Et moi : "Je me balade."

"Vous devriez pas traîner par ici.”

Et moi : "Vous connaissez Easy Rider?
Je suis un ‘Easy Walker'."

Je me suis dit : "C'est bon.

"Derrière ces lignes
s'ouvrent des abîmes.”

On est revenus à la version plus simple
du scénario original.

A ce que vous entendez maintenant.

Y a un snack à 50 bornes.

C'est interdit de bouffer, ici?

Oui, par moi.

Voi
oilà, "M
oi"

Ça n'a rien à voir avec le sens commun.

C'est personnel.

La loi s'arrête ici, l'humain prend
le dessus et les problèmes commencent.

C'est moi qui pose les questions.

Deuxio...

On veut pas de mecs comme vous ici.

C'est pas "on", c'est lui.

Beaucoup de gens ne comprennent pas
que cet homme est un vétéran

de la guerre de Corée.

Ces vétérans ont été oubliés.

On parle peu de cette guerre-là

mais elle a été terrible,
près de 40 000 victimes.

Et on a un vétéran du Vietnam
à qui on accorde un certain respect.

Quelque chose de personnel
s'installe entre le shérif et Rambo.

Le fait qu'il vagabonde
n'a rien à voir là-dedans.

C'est plus : "Ma guerre
était meilleure que la tienne.

"Je suis aussi bon soldat que toi

"et je te conseille de disparaître.

"Personnellement,
pas comme représentant de la loi.”

Un conseil d'ami.

Une coupe de cheveux, une douche
et on vous laissera tranquille.

Content de vous avoir dépanné.

On est arrivés sur ce pont.
Il faisait un froid glacial.

La mélancolie du paysage
a commencé à faire effet sur moi.

Au risque de faire de la fausse poésie,

un environnement comme celui-ci

s'immisce en vous,

il s'empare de tout votre être.

Peu à peu, une énergie s'installait.

Je me sentais fort, résistant.

En traversant ce pont,

je ressentais ça.

Quand Brian Dennehy recule
et descend de la voiture,

le ton devient plus sec.

Il m'a dit plus tard : "Je pensais
que tu m'aurais poignardé."

J'ai répondu :
"Moi non. Mais Rambo peut-être."

Vos papiers.

Je vous arrête.

Les mains sur la voiture.

Sur la voiture, jambes écartées.

Là, Rambo est de retour au Vietnam.

Il se remet en mode guerrier.

C'était intéressant.

Au moment où il jette
le carnet d'adresses au feu,

il a presque l'air content.

Je commençais à entrer
dans la peau du personnage.

Il y a peu de dialogues,

il fallait laisser parler les yeux,
le corps et les mains.

Brian Dennehy était super,
il remplissait les blancs.

Comme Rambo ne se défend pas,

il lui dit des trucs du genre :
"Tu chasses quoi avec ça? L'éléphant?"

Là on sait qu'il a un incroyable.

un énorme couteau.
C'est un personnage étrange,

à la limite, pourrait-on dire,
de l'autisme,

complètement replié sur lui-même.

On se doute
que la situation va exploser.

En plus de ça,
il existe un conflit des générations.

Ils prennent Rambo pour un hippie.
C'est un marginal.

Ils n'ont aucune tolérance
pour ce genre de personne.

Je voulais me montrer
aussi introverti et dur que possible.

Je jouais volontairement
la carte de l'intimidation

en les toisant du regard,
en bougeant de façon menaçante,

même quand la caméra ne tournait pas.

En conséquence,
on m'invitait rarement à dîner.

Par ici.

Leroy va mettre 10 ans
à peindre ce couloir!

- Peins-le toi-même.
- Du nerf, Leroy!

C'était un poste de police
mais il était en rénovation.

La peinture et les échelles
étaient déjà là.

On pouvait pas les enlever,
les peintres devaient travailler.

J'ai trouvé que c'était une super idée.

C'était si décalé
que ça semblait aller de soi.

Nom?

C'est l'une de mes scènes préférées.

Ça m'avait beaucoup séduit
en lisant le scénario,

on me jette des excréments

à travers des bambous.

C'était une scène
où il était nécessaire de.

Mais plus on s'implique,
et je m'impliquais,

plus on s'endurcit.

C'était nécessaire.
Il faisait un froid de canard.

Les endroits
où ils creusaient les tranchées.

On devait être en décembre,
on avait fêté Thanksgiving là-bas.

Il faisait un froid glacial,

on était près
de la frontière canadienne.

Le vent soufflait,
la température descendait jusqu'à - 26.

Quelqu'un avait eu l'excellente idée
que lors de sa fuite,

Rambo soit en débardeur.

C'est vraiment étonnant

que je n'ai pas fini avec une pneumonie.

Presque tout le monde
a eu des problèmes de santé.

Mais je n'ai été malade que
lorsqu'on m'a donné un verre de cognac.

Jusque là, tout allait bien.

Je ne connaissais pas ces acteurs,
ils étaient vraiment bons.

C'était en quelque sorte

un jeu de concessions mutuelles.

J'étais pas concentré, j'étais à côté.

Quand le réalisateur me demandait
d'aller à droite, j'allais à gauche.

Je cherchais la confrontation.

Pendant sa réplique, je joue
avec le mouchoir et je lui vole le show.

C'est pas bien mais je me disais
que Rambo provoque ce type

en l'ignorant, en faisant des choses
pendant sa prestation

capables d'énerver l'acteur
et le personnage.

Et ça marche, comme vous le voyez,
il m'arrache à moitié le doigt.

Nettoyez-le.

Preston, prépare la lance d'incendie.

Je venais de terminer Rocky III.

Mais je travaillais encore
sur le montage.

J'avais maigri.
Rocky pesait dans les 76 kg.

Là, je pesais dans les 73 kg.

J'étais très en forme
mais je continuais de maigrir.

J'oublierai jamais cette scène.

Elle a posé problème, pour le film.

On devait la faire en une prise.

Il me frappe dans le dos
et ensuite, il me donne un coup de pied.

On a dû faire 14 prises
jusqu'au moment où j'ai dit :

"IL doit recommencer
avec l'accent français ou quoi?

"On l'a faite
de toutes les façons possibles."

Ça a créé une tension sur le plateau.

Ça allait trop loin sur le thème :
"A quel point peut-on tabasser Rambo?"

J'ai dit : "Vous pouvez tabasser Rambo
mais Stallone en a assez."

La lance d'incendie était si forte
que les cicatrices se sont effacées.

Il avait fallu deux heures
pour les faire.

Ça s'est vraiment passé comme ça.

J'avais demandé à un type
des forces spéciales de l'US Navy

de me conseiller pour cette scène.

Quand un type limite psychopathe
pète les plombs,

comment se sort-il
d'une situation pareille?

On était d'avis
que les attaques de Rambo

faciliteraient vraisemblablement
son évasion.

Mais les acteurs disaient :
"Non, on peut le retenir.”

J'ai demandé au type
des forces spéciales d'essayer

et il a en dégagé trois.
Donc, ça fonctionnait.

Le problème, c'est qu'on me comprimait
la trachée avec la matraque.

C'était vraiment désagréable,

et l'atmosphère était assez tendue.

Avec un groupe de policiers
aussi inoffensifs que ceux-là,

une évasion avait
toutes les chances de réussir.

C'est la "griffe du tigre"
des sports de combat asiatiques.

On enfonce les yeux.

Je voulais pas de prises de karaté,
quelque chose de plus animal.

Comme simplement me jeter sur eux.

Frapper les reins, la gorge.

Là, ça devient un peu théâtral.

C'est intéressant.

Brian Dennehy
reçoit un coup dans la poitrine.

Les autres prennent aussi
quelques coups.

Surtout celui-là.

C'est un acteur, pas un cascadeur.

Ce type a eu le nez cassé.

Boum!
Désolé. Ça peut arriver.

Dure journée au bureau.

La question était : "Et maintenant?"

Si je devais recommencer,
je passerais pas sur la voiture.

A l'époque, on aimait bien.

Sauter sur cette moto, c'était fabuleux.

C'est moi-même
jusqu'à la sortie de la ville.

Ensuite, on a engagé
un champion du monde.

Là, c'est moi.

Dégagez!

Un peu de lèche-vitrines en ville.

A partir d'ici, ça devient intéressant.

Ils ont laissé tourner.

C'est la 1re poursuite à moto
que je connaisse

qui n'aie pratiquement pas
été chorégraphiée.

Tout simplement,

on fonçait,
on franchissait les obstacles.

Les rues étaient verglacées et humides.
On voit le brouillard, au fond.

Des conditions très dures,
de la glace partout.

Regardez ce type, c'est de la folie!

Le réalisateur a décidé
de ne pas mettre de musique.

On entend seulement
ce que ces deux hommes entendraient,

le moteur,
le vent qui siffle dans les oreilles

et le gravier, les coups de frein.

Je trouvais ça assez original.

Normalement, dans de telles situations,

on a un orchestre de 80 personnes
en fond sonore.

La moto n'était pas sur un chariot.

Je conduis des motos mais pas comme ça.

J'ai dû tourner certains de ces plans
et c'était pas rien.

La séquence où.
Attendez, je réfléchis.

C'est juste avant qu'il quitte la route.

Après ce saut,
on a failli se rentrer dedans.

C'était très dangereux.

Les cascadeurs essayaient
de bloquer les routes, sans succès.

Un camion a déboulé,
on n'est pas passés loin.

Je pensais que
ma dernière heure avait sonné.

C'est à nouveau moi sur la moto
et ça continue.

On pensait : "C'est intéressant.

"IL est de plus en plus
dans son élément.”

On a sélectionné plusieurs endroits :
"T'en penses quoi?"

"OK. On essaye."

Il faisait un froid épouvantable.

Le problème, c'est que mes yeux
commengçaient à geler.

Je me plains pas mais si vous voulez
savoir comment ça s'est passé,

il est difficile de se concentrer

quand on fonce à 70 ou 80 km/h
par cette température.

Cet accident n'était pas prévu,
ils l'ont gardé dans le film.

Une telle chute
est difficilement prévisible.

Brian est entré dans la voiture
après la cascade

et il a improvisé à partir de là.

Je devais grimper et tomber de la moto.

C'est pas très difficile
mais il faut s'écarter rapidement.

Le plus dur là-dedans,
c'est que je m'arrachais les mains.

Les rochers,
c'était des râpes à fromage.

Quand je vois ça aujourd'hui,
je me dis que j'étais fou.

Les rochers étaient humides
et couverts de mousse.

C'était difficile de grimper.

Certains membres de l'équipe

se sont foulé ou cassé la cheville,
d'autres un doigt, c'était très dur.

Ça n'avait pas été prévu non plus.

Je cours dans la forêt

et soudain, je suis dans une décharge
au milieu de nulle part.

"Je vais fouiner un peu.
Ce câble peut être utile.”

J'ai trouvé un bout de toile pourrie,

et ce morceau de toile

a été ma seule protection
contre le froid.

C'est la seule chose
qui m'a empêché de geler.

Mais la toile, je l'avais trouvée là
et il n'y en avait qu'un morceau.

La perdre,
c'était comme perdre le Saint Graal.

Ce bout de toile est devenu
l'accessoire le plus surveillé.

On oublie Stallone.

On ne quitte pas
ce bout de toile des yeux.

Il n'y en avait qu'un, le voilà.

Ça n'était pas un accessoire
des costumes.

C'était tellement pourri
que je l'ai coupé avec mon couteau.

Je l'ai encore chez moi,
accroché près d'un smoking.

C'est l'un de mes biens
les plus précieux.

Il est là, après le ravin!

Il doit être onze heures ou midi

et il commence à faire sombre.

La lumière posait un vrai problème.

On était tellement au nord

qu'à 14h30,
il fallait allumer les projecteurs.

C'était un énorme problème.

Une fois, la météo ne nous a pas permis
de tourner pendant 30 jours.

On était coincés, on voyait rien.

Me voilà avec du fil de fer
et mon morceau de toile

que je suis tellement content
d'avoir trouvé.

Quand on court en débardeur
dans la forêt,

on se fait griffer par les branches.

Au bout d'un moment,
c'est comme des coups de fouet.

C'est la 1re scène
que j'ai tournée pour le film,

si mes souvenirs sont exacts.

La scène où je m'approche de la maison,

on a dû la tourner
un ou deux jours après.

C'était super.

J'arrive en haut des rochers

et quand ces hommes
menacent de m'attraper,

comme vous le verrez bientôt,

il n'y a pas d'issue possible,
on est face au vide.

Les montagnes ont un tel relief.

Au fait, le couteau a été fabriqué
par un certain Jimmy Lile,

alias "Arkansas Knifesmith".

C'est un coutelier légendaire,
décédé depuis.

Il a spécialement créé
ce couteau pour le film.

Ce couteau a réellement été

et c'est extrêmement flatteur,

il a été copié dans le monde entier.

Ce couteau était vraiment parfait.

Certaines scènes ont été coupées
mais Rambo a une boussole,

un hameçon, du fil,
un couteau de poche, une lame de rasoir.

Avec tout ça, on peut survivre
un certain temps.

On était trois, au poste.
II nous a effacés comme rien.

Il est 14h quand on arrive
dans la forêt. Voilà.

C'est ma 1re scène. Je fonce
contre l'arbre, je m'y accroche

et je me déboîte l'épaule.
"Bienvenue dans les films d'action.”

J'arrive en haut de la falaise.
Je fais : "Tu te fous de ma gueule.”

Je me tourne vers le réalisateur.
"Ca va pas du tout.”

La roche était couverte de mousse,
on risquait de glisser.

Ils m'ont attaché une corde
à la cheville.

Comme ça, ils pouvaient récupérer
mon corps au cas où je tombais.

Ça m'aurait pas sauvé.

Si on tombe, on fait
comme le balancier d'une horloge.

On s'écrase contre les parois
et c'est terminé.

J'ai su qu'un problème se posait

quand j'ai vu le réalisateur et
les techniciens attachés à des arbres.

J'étais le seul au-dessus du vide,
sur de la mousse.

Rien n'est truqué.

Il y avait une aspérité.
Si j'étais tombé,

j'aurais fait une chute de 15 m.

L'atterrissage aurait été dur.

Je me rappelle ce jour-là
parce qu'il faisait un froid extrême.

On devait lutter contre le vent.

A cause de ce satané hélicoptère.

L'air s'engouffrait
dans la gorge et créait,

je ne sais pas comment on dit,
un effet de cyclone.

Je ne voyais plus rien.

Vous voyez mon souffle.
C'était impossible.

Ils m'ont aidé pour ce plan,
ils ont renforcé les bords

pour que je puisse m'y accrocher
plus facilement.

C'était pas une bonne journée,
elle était interminable.

Tourner avec des cartouches,
c'était un peu de l'inconscience.

Le responsable des effets spéciaux,
Thomas Fisher, est excellent

mais à cause du vent, des cartouches
ont explosé contre la falaise.

J'ai eu des débris dans les yeux
et les oreilles.

Si on lâche par réflexe,
pour se protéger, on tombe.

Il est coincé.
Il ira nulle part.

Les cascadeurs ont fait ça bien.

Le premier,
c'était Buddy Joe Hooker, je crois.

Le 1er qui chutait.

Il fait froid, les gens s'impatientent.

Et l'hélicoptère se met à osciller
à cause de.

Ça fait très mal.

Ça fait mal, les plombs.

C'est réel, ça n'est pas truqué?

Absolument.

C'est l'une des cascades
dont je suis fier.

Là, c'est Buddy Joe Hooker.

C'est dingue, c'est génial.
Incroyable!

Il tombe le premier tiers,
un autre, le 2e tiers

et je tombe en dernier,
ça va pas tarder.

Là, c'est moi.

Soit dit en passant,
on avait déjà fait deux prises

mais je devais recommencer.

Le truc, c'est qu'il faut lâcher prise

et serrer la branche contre son ventre,

pour amortir le choc.

Je me suis mal réceptionné
et je me suis cassé une côte.

Allongé sur le sol, c'était facile
de simuler la douleur.

Encore ces plombs.
Un faux mouvement suffit

pour perdre un œil.
Le timing aussi est déterminant.

On regarde
et on se retire immédiatement.

On sait que ça va recommencer.
Ma tête, c'est sa cible.

Les coordinateurs ont fait ça très bien

mais il faut montrer son visage
pour que ça fonctionne.

Encore une journée glaciale.

Une descente sur les rochers.

Il y en avait partout.

Du haut en bas. C'est très abrupt.

C'était un moment intéressant pour moi.

Il est à nouveau au Vietnam.
Maintenant.

C'était un chouette type.
Je l'aimais beaucoup, Jack.

Il faisait froid et humide, j'ai pensé :
"Je vais prendre cette veste."

Tout le monde échangerait ce poncho
contre une veste chaude.

Mais je me suis dit :
"C'est pas terrible.”

Personne ne sait ce qui est arrivé
à cette veste.

Mais je l'ai prise, en tout cas.

C'est à ce moment-là
que Mike Westmore a créé cette plaie.

Il a lancé une tendance
pour les films suivants.

La façon dont le sang gicle

quand Rambo se recoud,
c'est surréaliste.

C'est complètement fantastique.

En regardant ça aujourd'hui,
je me dis : "On y croit."

Je ne sais pas si c'est drôle

mais durant une pause,
j'ai voulu voir si c'était réaliste.

Je suis allé aux urgences du coin

avec l'hameçon et le fil
qui me pendaient du bras.

La pompe était sous mon aisselle.

Je n'avais qu'à contracter mes muscles
pour saigner, comme ici.

Le sang coule, c'est très réel.

Aux urgences, tout le monde a paniqué.

J'ai dit :
"Je suis blessé avec une hache

"et je me suis recousu moi-même."

"Vous vous êtes recousu!"

J'ai dit :
"Oui mais je suis tombé

“et il me faut un truc
contre la douleur.

"Avez-vous du paracétamol?"
Ils ont fait : "Quoi?"

"Avez-vous du paracétamol,
de l'ibuprofène?

"Contre la douleur.
De l'Aspirine, ça irait.”

Ils ont dit :
"Vous êtes un dur à cuire!"

J'ai pris le paracétamol, je suis parti.

Je suis devenu une sorte légende
des urgences de Hope.

Et là, des années plus tard,
ils entendent la vraie histoire.

Tu as le bras en bouillie
et tu demandes du paracétamol!

Cette eau, qui joue
un grand rôle dans le film,

devait faire à peu près trois degrés.

Risque d'hypothermie,
on survit moins de 4 mn.

Malgré les vêtements, il fait froid.

Tous ces gens meurent de froid.

Il a fallu des heures pour
qu'ils s'installent sur les rochers.

On a dû postsynchroniser.

L'eau était trop bruyante
et il faisait froid.

Je devais être parti
chercher du paracétamol.

Rambo est un ancien du Vietnam.

Béret vert,
médaille d'honneur du Congrès. Un héros.

- Ce traîne-savate?
- Qu'est-ce que je disais!

J'ai vérifié.
Je fais quoi?

Dans le roman, c'est le moment
où il y voit enfin clair.

La médaille d'honneur,
un héros du Vietnam.

Lui, c'est un héros oublié
de la guerre de Corée.

Ça devient quelque chose
d'encore plus personnel.

Il y a celui qui pense
qu'il aurait dû être décoré

et celui qui l'a été.

Il est seul, blessé.

Les bérets verts, c'est des coriaces.

Laissez faire la police d'État.

C'est un coup de poignard dans le cœur.

C'est David Caruso. Pour autant
que je sache, c'est son 1er rôle.

Il se prend une petite raclée.

Ses gants étaient pleins
de cheveux roux, après 5 ou 6 prises.

Brian n'hésite pas longtemps.

C'est comme si on avait
un ours de cirque enragé à ses trousses.

Et David était plutôt tolérant.

Je le ferai avec ou sans toi.

David avait quelque chose
de particulier, vraiment.

Ça se sentait tout de suite.

Il avait du charisme.

Croyez-le ou pas,
il est neuf heures du matin.

C'est déjà sinistre.

Vous vous demandez
comment on se perd dans la forêt?

Laissez-moi vous dire
qu'on avait une règle :

personne ne devait s'éloigner
à plus de 45 m

du groupe avec lequel il travaillait.

Parce que tout se ressemble.

Il n'y a aucun élément pour s'orienter.

Les mêmes arbres,
les mêmes rochers, les mêmes ronces.

On se retrouve désorienté.

Comme cet homme dans le film,
ça se passe vraiment comme ça.

Comment s'y retrouver,
dans ce désordre écologique?

On avait des problèmes
pour transporter le matériel

à cause des rochers et de la boue.

Vous imaginez qu'ils ont essayé

de tirer toutes sortes de câbles.

C'était impossible.

On était obligés,
il nous fallait de la lumière.

Arrêtez de tirer!

C'est ce genre de scène déterminante

qui font le succès
d'un film comme celui-ci.

Est-ce que ça semblera absurde
ou est-ce que ça tiendra le coup?

Ça tiendra le coup.

Maintenant on comprend
à qui on a affaire.

Rambo a abandonné sa protection,

son poncho et tout le reste,
pour brouiller la piste.

Simplement, sans beaucoup de.

J'aime bien la mise en scène.
Hop, le chien est mort.

Ces hommes savent maintenant
à quoi ils sont confrontés.

Croyez-le ou pas,
au premier montage,

cette scène durait près de 50 mn.

Elle n'en finissait plus.
On appelait ça "l'arrière-pays".

C'était comme une longue promenade
dans la nature.

Finalement, elle a été réduite

à environ douze excellentes minutes.

Ça a été tourné
dans des conditions extrêmes.

On voit dans certaines scènes

que le noir a été poussé
à cause des projecteurs.

Ce n'est pas forcément parfait
cinématographiquement parlant

mais ça rend une atmosphère
et ça vaut bien quelques sacrifices.

Certaines scènes sont un peu laiteuses.

C'est bien. C'était bien.

Ça rajoute au réalisme

de ne pas chercher
la perfection technique.

Il y a vraiment du brouillard.

Le brouillard se lève,

tout devient sinistre et dangereux.

Chaque arbre,
chaque fougère se ressemble.

J'ignore si c'est un coup de chance,

avec des chapeaux noirs,
on n'aurait pas vu ces hommes.

Les chapeaux blancs,
c'est un super détail.

La loi avance avec un chapeau blanc

dans l'obscurité.

Très intéressant, ce contraste.

Beaucoup d'acteurs se sont blessés

en marchant dans ces fourrés.

Le sol n'est jamais plat.

Il est parsemé de trous, de rocaille

et d'amas de mousse.

Imaginez que vous êtes
entouré de pièges,

des branches tombent.

Certains de ces arbres tombent
quand on s'appuie dessus.

On voit encore ici
l'efficacité du chapeau blanc.

Un chapeau foncé
n'aurait pas produit le même effet.

Je crois qu'il va y avoir une scène
avec David Caruso.

Je suis resté pendant 20 mn
dans ce trou, recouvert de mousse,

en attendant l'instant propice.

Je me demandais si un homme
pouvait surgir du sol,

frapper quelqu'un aux jambes
et disparaître.

Je me suis dit : "Essayons.”

Ça l'a couché.

Ça m'amusait, de faire ça.

Je me disais : "Voici un homme
qui peut tuer tout le monde.

"Et il fait juste ce qu'il faut
pour lui - ou leur - dire :

"Je suis là, ne me défiez pas.”

Il a, et je l'ai déjà dit,

quelque chose d'un Frankenstein moderne

pris de folie.

Un monstre créé par le système

et non pas par le Dr. Frankenstein.

Un monstre créé par l'Amérique,
par l'armée américaine.

Mais il s'enfuit, il est en liberté.

Et voilà ce qui se passe.

Comme Frankenstein,
il demande juste

à faire partie de la société,
à ne plus être un paria.

Même chose pour Rambo.
C'est "Rambostein"”.

Qui a tiré?

- Faut pas tirer!
- Je l'ai eu!

Il fait un froid épouvantable, là-bas.

Une scène digne d'attention.
Ils avaient construit ce truc

qui devait juste basculer
sans blesser personne.

Le comédien s'est blessé.
Il a dû, je crois, aller à l'hôpital.

Il n'était pas transpercé
mais l'impact de la planche

avait provoqué de gros hématomes
et d'autres blessures.

L'appareil le plus important
installé dans la forêt,

c'était un stroboscope.

Il participait à créer une atmosphère.

On se croirait presque au Moyen-âge

à cause de l'éclairage
et de la créature de la forêt

qui nous tient à sa merci.

On s'écarte un peu ici
du scénario original.

Rambo l'aurait massacré sur place,
il se serait acharné.

Il l'aurait zigouillé,

comme il l'a déjà fait dans la forêt.

On pensait que

des types comme Rambo
existent vraiment,

des gens exclus de la société.

Peut-être devrait-on
leur donner le sentiment

qu'ils peuvent revenir
au sein de la communauté.

Il faut les laisser en paix
et cesser de les persécuter.

Il faut arrêter de les humilier.
On le voit souvent,

certains se sentent traqués
et ils pètent les plombs.

Ils deviennent fous furieux.

Il en va ainsi depuis des siècles.

On a ici une situation similaire.

"Cessez de me traquer

"sinon ce sera la guerre,
vous y laisserez des plumes.”

On voit ici le matériel
nécessaire au tournage.

Plutôt pas mal quand on pense
à l'endroit où on se trouve.

Il n'y a qu'une seule route
pour y accéder.

La plupart des gens ici
sont des gens du coin au chômage.

A cause de la fermeture du moulin.

C'est pourquoi ils étaient contents
qu'on soit là quelque temps.

La situation est grave? Capitaine.

Cet acteur jouait dans Délivrance.

T'as l'air épuisé.
Rentre chez toi, à moi de jouer.

La compétence, dans ce coup-là,
je m'en fous. Vu?

- Je sors?
- Finissez votre boulot.

Quelque part
dans ces montagnes enneigées

enveloppées de brouillard,
John Rambo se cache.

Quand j'ai écrit cette scène-là,

le public s'est mis à huer.

"Grâce à l'engagement sans faille
de nos forces de police

"des vies ont été sauvées.”

C'est super, quand le public réagit
comme on l'a prévu.

Les policiers doivent leur salut
à leur entraînement spécial.

L'arrestation du fugitif
n'est plus qu'une question d'heures.

Tes cartes.

Faudrait que tu saches....

Plus tard.

Mais quoi, merde? Parle !

J'ai parlé à Mitch.

Il m'a dit que Galt et les autres
ont été un peu durs avec lui.

Les cons.

Ça ne change rien
et tu le sais très bien.

Si l'un de mes adjoints

déconne avec un détenu,
le détenu me le dit.

Si c'est vrai, je punis l'adjoint!

Moi!
C'est la loi, c'est comme ça.

Si on piétine la loi,
c'est le bordel général.

Les acteurs peuvent improviser.

Brian avait une certaine liberté,
c'est une super scène.

"C'est moi qui l'ai fait.”
Que dire là-dessus?

Kirk Douglas
avait été choisi pour ce rôle.

Il était parfait pour ça.

J'ai discuté avec lui de Rambo,

il m'a cuisiné et il m'a demandé :

"Et la scène où le colonel
te plaque au sol

"et te brise la nuque?"

J'ai répondu : "Rambo ne se bat pas
avec le colonel."

Il a dit : "Le colonel devrait peut-être
se transformer en Rambo.”

J'ai répondu :
"Peut-être mais pas dans ce film."

Kirk Douglas est fantastique,
il est venu sur le plateau.

Kirk doit mesurer 1,75 m.

Il tenait un scénario
avec des tas d'annotations.

Il avait tout réécrit.
Je lui ai dit : "Tu peux pas faire ça."

Il a répondu : "J'ai des motifs.
On les fait ou je laisse tomber."

"Que veux-tu changer?"

Il m'a dit : "Le vrai Rambo, c'est moi.
Toi aussi, tu es Rambo.

"A la fin, Rambo est dans un bâtiment
qui explose.

"Mais il s'en sort
et on voit son bandeau

"dans le rétroviseur d'une voiture.

"On redresse le rétro
et le colonel Trautman apparaît.

"Changement de plan sur Rambo
ligoté à un radiateur.”

Je lui ai dit :
"Je crois pas que ça fonctionne.”

Il m'a dit : "OK, sans moi.”

On a donc engagé Richard Crenna

qui a été absolument fantastique.

Il jouait dans une pièce à Broadway.

Je crois qu'il interprétait
un docteur homo.

Le 1er jour de tournage,
il doit faire 1,88 m,

il a dû porter un pardessus.

Le pantalon de Kirk Douglas
lui arrivait aux mollets

et les manches de la veste
couvraient juste ses avant-bras.

Ses premières lignes, c'était...

Qu'il repose en paix,
c'était un chouette type.

"A quoi pensait Dieu
en faisant un type comme Rambo?

"C'est moi qui l'ai fait.”

Je lui ai dit :
“II faut être un peu plus mordant.

"Le ton que tu emploies
est un peu trop urbain.”

Il m'a répondu :
"Je viens de jouer un docteur efféminé.”

Je lui ai dit :
"Là, tu es un marine coriace."

Il a dû tout reprendre

car il avait accepté le rôle
du jour au lendemain.

Et il a été formidable.

Il était super.

"Laissez-le filer."

- Quoi?
- Pour l'instant.

Il faut désamorcer la situation.
Le désamorcer.

Ménager une brèche pour qu'il file.

Lancer un avis de recherche général.

Dans 15 jours,
on le serrera à Seattle ou ailleurs.

Sans bagarres ni blessés.

Je dois faire mon boulot.

Pas fermer les yeux
en espérant qu'on l'arrête ailleurs.

Vos hommes se feront tuer.

Les ploucs font leur devoir

aussi bien
que les héros des forces spéciales.

Chez nous,
la survie fait partie du devoir.

Je m'en serais jamais douté!

Ma réplique préférée de Rambo,
c'est celle-ci.

Pensez à une chose,
un bon stock de housses mortuaires!

Ça me rappelle une réplique de Dragnet.

Dans le scénario original
- "De quel côté êtes-vous, Trautman?" -

Trautman était comparable
au Dr. Frankenstein.

Il a créé un monstre

et il veut l'évincer,
il veut tuer Rambo.

Il veut l'éliminer, il y participe.

J'ai pensé : "C'est pas le genre
de film que j'aimerais voir.”

Il pourrait rester dans l'expectative

afin qu'on ne devine pas
quelles sont ses intentions.

Il est sûrement gêné
par le fait d'avoir créé Rambo

mais peut-être a-t-il aussi
de l'affection pour lui.

Au fait, c'était un succulent
morceau de porc.

Est-ce que je dois raconter
l'histoire du sanglier?

Elle n'est pas très drôle
mais je vais la raconter.

J'ai proposé à Ted de sauter
avec mon couteau sur le sanglier

et de le tuer devant la caméra.

Il m'a demandé : "Tu plaisantes?
Non, tu peux pas faire ça.”

J'ai répondu :
"On peut lui attacher la gueule.”

Il m'a dit :
"Non, le sanglier va te charger

"et te piétiner dans la boue.”

J'ai demandé : "Et un cerf?"
Il a dit : "Pas question.”

J'ai dit : "Le cou est plus fin."
Et lui : "Il te réduirait en bouillie.”

Je lui ai proposé de prendre un lynx.

"Il te mettrait en pièce.
Et si on prenait deux pumas?"

Moi : "Quoi?"
Et lui : "Tu entres dans une cave.

"Il y a deux pumas dedans
et tu t'approches d'eux.”

-"Et ensuite?"
- "Ils te tuent.”

J'ai demandé : "C'est de l'humour
canadien? Pourquoi tu veux pas?"

Il m'a fait : "Peut-être un lièvre."

- "Un lièvre?"
- "Peut-être, ils mordent."

J'ai dit : "Rambo peut pas
se faire mordre par un lièvre!"

On en est donc restés au sanglier

mais bien sûr,
je me suis pas jeté sur lui.

Mais ça n'est pas tout.
Après le tournage, le sanglier

est tombé du camion
qui roulait à 65 km/h.

Il s'est redressé
et il a couru dans les bosquets.

On a appelé les pompiers
et il les a tous chargés.

Je devais sûrement
mal connaître les sangliers.

Quand je vois un combat
contre un alligator

ou contre un tigre,

je vais dans la cuisine
et je me fais à manger.

Tous morts, mon colonel.

C'est lui. Repère sa position.

Ça va? Terminé.

Si ça va? Oui, je perds mon sang
dans une cave, je meurs de froid,

je mange du cochon cru.

Pas de problème.

Comment ça?

Tué au Vietnam. Il le savait même pas.
Le cancer l'a bouffé.

Là, c'est une vraie grotte.

C'est très montagneux, par là.

Il y faisait un froid terrible,
c'était sinistre.

C'était exactement comme ce qu'on voit.

Ils veulent pas de problèmes.

Nord-ouest.

C'est pour ça que je suis venu.
Pour vous sortir de là.

Et on règle ça tous les deux.
Ça vous va?

- Vous venez d'où?
- Fort Bragg.

Avant cette scène,
il y avait un flash-back

où on me voyait plutôt content
dans un bar au Vietnam

en compagnie d'une fille de joie.

La scène a été coupée, vraisemblablement
pour faire avancer les choses.

Rambo est de plus en plus
rattrapé par son passé.

- Y a pas de civils amis.
- Moi, je suis votre ami.

J'ai pataugé dans le sang avec vous.
Je vous ai souvent couvert.

Je passe ma vie à vous tirer du pétrin.

C'est à cause de ce flic de merde.

Je cherchais seulement un restau.

Lui, il m'a provoqué sans arrêt.

Vous avez exagéré aussi.

Ils ont versé le premier sang.

Je viens vous chercher.

Ils ont versé le premier sang.

On ne peut plus faire marche-arrière.

Je me dis que Rambo
apprécie presque cette situation.

Il a fait ce qu'il a fait.
Il se sent à se place.

Il n'a plus sa place dans la société

et bien qu'il s'apitoie un peu
sur lui-même,

il savoure vraiment.

A l'aube,
je mets tous mes hommes dessus.

Je l'aurai!

La scène suivante se passe

au sommet de la montagne,
par un froid glacial.

Je croise les traqueurs.

J'avais oublié,
je suis dans une eau à 4 degrés.

"Réfléchis bien à ce que tu veux."

Allez, en avant!

C'était terrible.

Je me demandais :
"Qu'est-ce que je fais là?

"La prochaine fois,
je changerai de registre.”

Je me suis dit :
"Il ferait ça pour semer les chiens.”

Dans cette situation,
dans le roman, First Blood,

Rambo n'hésite pas.

Il étripe tout le monde.

Il est complètement hors de lui.

Je voulais - ou on voulait -
montrer qu'il attend encore.

C'est presque comme un jeu, un sport.

Il ne tue pas les enfants,
il ne tue pas les inconnus.

En fait, dans tout ça,
il cherche à se mesurer au shérif.

Là, j'ai bien cru
que je m'étais blessé pour de bon.

Dans la grotte, j'ai appuyé ma main
contre une poutre,

et en dessous,
il y avait une cartouche de calibre 32.

Elle a explosé.
J'osais pas regarder le résultat.

Je croyais que je n'avais plus de pouce.

C'était quelque chose!

On y est presque.

En s'arrêtant sur l'image,
on voit l'explosion. Boum!

Bon sang, ça fait mal.

Elles ont pas l'air
mais ces cartouches.

La même chose est arrivée
avec des cartouches posées là par erreur

à Rutger Hauer
dans Les Faucons de la nuit.

Elles ont explosé, ça a failli le tuer.
Et c'est pas une mauviette.

Ça lui a littéralement
arraché un bout de chair

et ses organes internes
ont été touchés.

Continuez de tirer!

C'était d'ailleurs l'entrée
d'une vraie grotte

qui avait été vandalisée.

Je trouve que ça s'accorde bien
avec l'ambiance du film.

C'est pas ma scène préférée,
elle est un peu ridicule.

Pour être honnête,
c'est même complètement ridicule.

On dirait des soldats
sortis d'une sitcom.

C'est pas très heureux.

Mais je pense
que l'histoire est assez forte

pour surmonter ce déraillement.

Je vous donne trois secondes
pour sortir!

On dirait presque deux films différents.

Amène-toi.

C'est votre dernière chance de sortir.

On devrait attendre.

C'est avant. Je sais.

On se croirait dans We/come to F Troop.

Ou dans Goof Troop.
Comment ça s'appelait?

Sergent Bilko.
Je sais, c'est incroyable.

Mais ce qu'on va voir,
c'était une sacrée vraie cascade.

C'était avant le numérique.
Il fallait se tirer avant que ça explose

pour sauver sa peau.

Dans chaque film de Rambo,
la situation se présente 15 fois.

On a deux secondes d'avance
et il faut assurer.

C'est pas si dangereux que ça.
Sauf quand...

Bien sûr, des débris volent partout.

On espère juste ne pas être touché.
Il y avait d'énormes éclats.

Le summum,
c'est quand les voitures explosent.

Toutes sortes de débris
de toutes tailles fusent de partout.

Dans Rambo II, il y a une scène

où d'un pont, je tire des flèches

sur un convoi qui explose.

Quelqu'un se tenait non loin de moi,
à 150 ou 200 m environ, une fille.

Des débris l'ont blessée

et elle a eu 40 points au bras.

A 150 ou 200 m de moi.
Ce sont des choses imprévisibles.

J'y crois pas. Les cons!

C'est parti.

"They're creepy and they're spooky...

"The Addams Army."

Il nous canardait.
J'allais pas prendre de risques.

Brian Dennehy doit se dire :
"Il existe un vaccin contre ça?

"J'espère que c'est pas contagieux.

"En tout cas, il a en a revendre."

A toi de nettoyer ta merde.

On m'attend au magasin!

Alors, fais vite!

Je l'imagine encore demandant :
"Vous vous souvenez de moi?"

Comme une excursion à 5 cents.

Voilà une super prise de vue.
Rien n'est truqué.

Pas d'éclairage.
Une vraie allumette.

Une lentille très sensible.

Le cameraman, c'était Andrew Laszlo.

J'avais déjà travaillé
avec Läszlé Kovâcs.

Andy Laszlo,
un excellent photographe hongrois.

Il a été fabuleux sur toute la ligne.

Il a utilisé les éléments naturels.

Là, c'est un peu chaud pour les mains.

C'est de l'éclairage naturel
dans une grotte, par grand froid.

Enterré vivant
par des guerriers du dimanche!

C'était le meilleur?

Même s'il a mal fini,
ça a été quelqu'un.

Ces malheureux.

avaient la tâche ingrate

de faire les intermédiaires.

Deux personnages qui complètent

ce que Rambo pourrait dire.

Rambo ne parle pas.

Les gens parlent de lui.

L'ensemble de ses actes

doit être commenté par ces hommes.

- Il a tué un policier!
- Il aurait pu vous tuer tous.

Là aussi, éclairage naturel.

Mon couteau était brûlant.

Quand j'ai dû le reprendre,
je l'ai senti passer.

On est dans une vraie grotte.

Quand on est arrivés
au fond de cette grotte,

le froid était terrible.

Je sais pas ce qui m'a pris
de sauter dans l'eau.

Je raconterai plus tard
l'épisode des rats. C'était horrible.

Un froid glacial, il faisait sombre,
le vent soufflait.

Pas étonnant qu'aucun acteur sensé
n'ait accepté de faire ce film.

Ils ont été perspicaces.

Si on me proposait ce scénario
aujourd'hui, je refuserais poliment.

C'est un rôle pour un jeune homme
qui a envie de jouer avec la mort.

C'est dur.
C'est vraiment très, très dur.

Vraiment, sans me vanter.

On ne ferait plus
un film comme ça aujourd'hui.

Non pas que les jeunes acteurs

refusent de travailler
sur des tournages difficiles

mais là,
c'était au-delà de l'imaginable.

A cet endroit, de l'eau ruisselait.

Elle devait être à 4 degrés. Glacée.

On ne pouvait pas savoir
quand ça allait s'écrouler.

Il y a bien sûr quelques.

Là, Un truc me rentre dans les côtes

et je me dis : "C'est pas possible!

"Encore un problème."

Je me tiens le bras
pour rester dans le jeu d'acteur

mais j'avais les côtes bandées
et je m'étais encore blessé.

Encore un éclairage naturel. À l'époque,
c'était un choix intéressant.

On a dû rester là-bas près de 5 mois

à cause des difficultés
posées par l'éclairage naturel.

Pendant un mois, on n'a pas pu tourner
parce qu'il faisait trop sombre.

Dans cette cave,
il fallait pas être claustrophobe.

Une partie était naturelle,
une autre avait été construite.

Le facteur vent jouait un grand rôle.

Ça ressemble à un cauchemar
que beaucoup de gens font.

La claustrophobie,
le retour à l'état de fœtus, etc.

Mais pour moi c'était
une grotte glaciale avec des rats.

C'était terrible.
L'eau était glacée.

On a opté pour des rats.

Des rats dociles et affectueux.

Imaginez, des rats affectueux.

On a donc ces rats, très affectueux,

jusqu'à ce que j'apparaisse.

Rambo arrive,
les rats l'identifient

comme un intrus pas très sympa,

et dès que l'eau les touche,
ils pètent les plombs.

Il fait un froid glacial, ils cherchent
à se mettre au chaud, sur moi.

Rambo a dû se faire vacciner
contre le tétanos.

Aux urgences,
ils en avaient marre de me voir.

Je m'étais déjà recousu
et maintenant, les morsures de rat.

"Vous faites quoi comme métier?"

A nouveau, une de ces scènes.

"Ok, mettons les choses à plat.”

A propos de ce bar, on a eu
quelques soucis avec les gens du coin.

Ils étaient au chômage,
c'était des grands mecs balèzes.

Ils entraient dans ce bar
avec une tronçonneuse à la main.

C'était des bûcherons.

Ils étaient nombreux à faire ça,
c'était une habitude.

Brian a eu un problème dans un bar.

Des types se bousculaient
au milieu des tables,

des cendriers
se brisaient sur leur tête.

On ne peut donc pas dire

que l'atmosphère était chaleureuse.

J'ai décidé un jour d'aller au café
habillé en Rambo.

Je suis allé déjeuner
en gardant mon costume de Rambo.

La moitié des clients avaient vu Rocky.

Rambo, ils comprenaient pas.

Me voilà donc avec mon bandeau,
mon couteau et mon bras en sang.

J'entre, et personne n'est impressionné.

Je sais qu'une bagarre
peut éclater à tout instant.

Et bien sûr, il y a là un type,
une vraie armoire à glace.

Il a un chapeau de cow-boy
avec un serpent devant.

Un cure-dent dans la bouche.
Il s'enfonce dans sa chaise et me fixe.

Sa copine se pointe et me dit :
"Tu me payes un verre?"

Ça sent l'embrouille.
Je réponds : "Non merci.”

"Pour qui tu te prends?"
C'était prévisible.

Au même moment, le barman demande :
"Ce sera quoi?"

C'est le moment de vérité.

J'aurais dû commander
une bouteille de whisky,

arracher le bouchon avec mes dents
et boire au goulot.

J'ai commandé un Campari Soda.
Il m'a fait : "Comment?"

Je suis Rambo
et je commande un Campari Soda.

Le mythe de Rambo s'est effondré

et je me suis tiré
aussi vite que possible.

C'est mon anecdote du bar.

Le réalisateur m'a dit :

"Tu montes à l'échelle
mais sans te servir de tes jambes."

Je monte donc sans utiliser mes jambes.

Pas ici.
La dernière portion. Ici.

J'ai pas eu ce genre de formation.

J'aime les cascades
mais j'y suis venu par hasard.

Je ne me suis jamais considéré
comme un athlète ou comme un cascadeur.

C'est fou.
Je me suis dit : "On va essayer.

"C'est si dur que ça?" Très dur !

On atterrit sur du métal,
toutes sortes de trucs.

Je tire mon chapeau
à tous les cascadeurs.

Regarde la route,
c'est comme ça qu'il y a des accidents.

Encore une réplique
que j'aurais supprimée.

- 2e classe Cathcart.
- Y a quoi derrière, 2e classe?

Il fallait pas tout garder.

Bon, descends.

- Je t'ai rien fait.
- Gicle, vite!

Je grimpe dans le camion,
je jette le conducteur, voilà.

Super.

En tout cas,

dans Les Mains dans les poches
et Rocky, entre autres,

il n'y a pas de cascades.

Ce qui a rendu Rambo si intéressant
mais aussi si difficile,

c'est que je voulais aller jusqu'au bout
tant que ça fonctionnait.

C'était presque par hasard,
c'était une situation

où on ne joue pas juste un rôle,
on devient le personnage.

C'est ainsi qu'on m'a identifié

à la réalité physique
de ce genre de personnages.

J'en suis très fier
mais ça n'était pas voulu.

Je n'avais pas pratiqué le karaté,
la lutte ni la boxe.

C'était juste un heureux hasard.

Mais rien n'arrive sans raison.

Dans cette séquence non plus, il n'y a
pas de musique. Un choix intéressant.

Le camion roule à fond
sur cette route accidentée.

Il y avait pas mal
de manœuvres dangereuses.

C'était pas un film à gros budget.

Personne ne voulait le faire.

Aujourd'hui, on parle de 16 ou 17 refus.

Ça m'étonne un peu,
ça se passait au Canada.

Je crois que c'était beaucoup moins.

Ça devait être moins.

J'ai décidé de faire ce film

parce qu'on doit être plus insouciant
quand on est jeune.

Je me suis dit : "C'est autre chose,
on voit pas ça tous les jours."

C'était presque un challenge physique.

"Est-ce que j'y arriverai?"

Et je me suis dit :
"OK, je vais essayer."

C'était un challenge parce que
beaucoup de gens avaient refusé.

Une fois sur le tournage,
je me suis dit que c'était une erreur.

"Qu'est-ce que je fais là?
Ça se présente mal.

"Ca va être pénible, dangereux.

"Et ça sera la fin de ma carrière.”

Je ne pensais vraiment pas
tourner encore après ça.

Tout comme ceux qui avaient refusé.

C'était la première fois
qu'un personnage de film,

qu'un Américain
s'en prenait à l'Amérique.

A cette époque, la droite

dominait le paysage politique.

Les Républicains
étaient de plus en plus forts

même si les Démocrates réagissaient.

Le pays était en mutation
et Rambo mutait avec lui.

Il éprouvait la même amertume
que de nombreux soldats oubliés.

J'ignorais que ça se passerait comme ça.

Mais j'ai su
qu'on m'identifiait à ce personnage

quand Reagan,
que j'aimais bien, m'a dit :

"En voyant Rambo,
j'ai su comment agir avec la Libye."

J'ai pensé : "Mon Dieu!”
Lui : "Rambo est un républicain."

Je lui ai dit :
"Rambo ne vit pas en Amérique.”

Mais il était trop tard.

Rambo est devenu le symbole
du pouvoir machiste, de droite.

En fait, c'est tout l'inverse.

Rambo méprise le fait
d'avoir appartenu à l'armée.

C'est la raison pour laquelle
il se bat contre les autorités,

il se bat contre l'armée.

Il continue dans Rambo Il.

Il ne vit pas dans ce pays.
Il est à l'écart.

Il s'attaque au poste de police

et, on va le voir,
il s'attaque aussi à l'armée.

Pour une raison quelconque, les gens
ont cru qu'il était militariste.

C'est complètement l'inverse.

C'était l'enfer.
Il y avait des explosions partout.

Hope ignorait
dans quoi elle s'était lancée.

Les gens disaient :
"Personne ne travaille, ici.

"Faites tout sauter!”
C'est ce qui s'est passé.

Ils ont fait sauter des parkings.
Regardez ça.

Depuis, on a des explosions
qui ressemblent à celle d'Hiroshima.

A l'époque, c'était impressionnant.

Dans quelques scènes,
on va voir comme l'image bouge.

Ils sont à 200 m
et toute la station-service explose.

La caméra, qui est sur un pied,

car personne ne voulait la tenir,
vacille.

C'est comme une secousse sismique.

Et bien sûr Rambo est là,

en débardeur, à moitié gelé,

tandis que tout brûle.

Dans cette scène malheureusement,
deux répliques ont été coupées.

Trautman y montrait une autre facette,

tout le film en aurait été transformé.

Foutez le camp, vous et vos conseils!

Vous saviez qu'il était vivant, hein?

Trautman expose comment
tendre un piège à Rambo pour le tuer.

C'est subtil mais c'est là.

"C'est vous qui l'avez formé."

Il sait donc aussi
comment en venir à bout.

Je me disais :
"Mon Dieu, tu peux le dire ou pas.”

C'est bien comme ça,
c'est entre les deux.

Mais peu de gens comprennent

que Trautman tuerait Rambo
si on le lui demandait.

Moi, j'ai une vague chance.

Vous voyez?

Il me fait confiance.
Je suis sa seule famille.

Voilà.

"J'ai tous les atouts en main.”

Et ensuite, il continue.

Il dit : "Je peux le tuer
plus facilement que vous."

Ils repoussent les limites.

"J'ai tous les atouts en main.
Je suis sa seule famille.”

Et il dit : "Quel genre
de personne êtes-vous?

"Je croyais que c'était votre ami.”
Il y a de la matière.

C'est pourquoi je pense que Rambo
est mon meilleur film d'action.

A part quelques mauvaises répliques
et les soldats de sitcom,

dans l'ensemble, c'est super.

Will, on est dans la merde.
La route est coupée.

Le camion est là
mais on n'a pas trouvé le cadavre.

Il est question d'aliénation.

Quelqu'un comme Rambo,
détaché de tout,

qui n'a rien à perdre,
qui n'a pas d'amour dans sa vie,

se transforme en une créature
dangereuse et désespérée.

On a tous besoin
de ressentir quelque chose.

Et il ne peut ressentir que ça.

S'il ne peut ressentir l'amour,
il doit ressentir le sentiment guerrier

du combat, de la rivalité.

C'est la même chose pour lui.
Il n'a pas de femme, rien.

C'est un combat d'homme à homme,
ça suinte la testostérone

et l'instinct masculin
basique et primaire.

Chez les mâles dominants,
tout est question de territoire.

L'un d'eux est entré
sur le territoire de l'autre.

Les loups règlent ça dans la forêt.

Mais voilà comment l'homme s'y prend.

Une scène pour ceux
qui aiment les armes.

Le choix de mon arme
peut sembler un peu bizarre.

J'ai une mitrailleuse, une M60.

Elle est munie d'un trépied.

C'est de l'artillerie lourde

qu'un individu seul
ne peut pas utiliser.

Ça pèse dans les 14 kg,
sans les cartouches.

Je me suis enroulé les cartouches
autour du bras.

Je me disais :
"Ce type est si fort ou.”

Comment dire?

Il est tellement fou à ce moment-là
qu'il devient un char d'assaut.

Il fait lui-même partie intégrante
d'une arme gigantesque.

Il est comme cette chose,

cette lourde mitrailleuse
qui pesait si lourd

que j'ai mis les cartouches
autour de mon cou.

Il fallait qu'on transforme
ce personnage

en une vraie machine à tuer.

Les bandes de cartouches croisées.

Aucune personne sensée ne ferait ça.

A la fin de cette scène,
on a frôlé l'accident grave.

Lorsque je sors de cette pièce,

je tire avec la M60
dans de la poudre à canon.

Tout s'enflamme en une fraction.
Je sais pas.

Ça m'a grillé les sourcils.
C'était dingue!

Ça me gêne pas de faire des trucs
comme ça mais on sait jamais.

Avant de tourner cette scène,

j'ai enduit mon visage et mon cou
d'une crème ignifugeante.

Heureusement, comme vous allez le voir.

Sacrée explosion.

Un "effet de souffle”, plus exactement.

Il était trois heures du matin.

Toute la ville se demandait
ce qu'on fabriquait.

Mais les curieux étaient peu nombreux

car d'après mes estimations,
c'était la nuit la plus froide

de tout le tournage.

Même si ça ne se voit pas,
vous pouvez me croire.

Une explosion à couper le souffle.

Mais je me disais :
"Concentre-toi sur le personnage.

"Il est dans son élément.
Il ne sent pas le froid.”

Brian a tellement froid
qu'il est tout pâle.

Tout ça, c'est très symbolique.

Il s'attaque au système.

C'est peut-être exagéré mais on voulait
faire passer un message visuel.

Rambo détruit
ce qui représente le système.

Il tue la machine qui a tué son âme.

A ses yeux, c'est la société.

Et voici un représentant
de cette société.

C'est intéressant.
C'est de la lumière naturelle.

Une séquence sans éclairage.

Andy Laszlo a utilisé cette fenêtre
comme seule source de lumière.

Et également celle qui vient
de la fenêtre du haut.

C'est pourquoi les silhouettes
ressortent si bien, super effet.

Quand je tire à travers le toit
sur Brian et qu'il tombe,

il fait une chute de 2,50 m.

Il s'est fait mal aux côtes
en tombant sur ce bureau.

Il est tombé dans les pommes.

C'est un éclairage naturel
et je trouve ça super.

J'aimerais que tous mes films
aient ce rendu.

Ça devrait être aussi bien.

Regardez cette chute.

Le cascadeur. Et voilà Brian.

C'est un grand moment.

Dans une carrière,
on en vit peut-être quatre ou cinq.

Ce sont des moments où on oublie tout.

Comme quand on est enfant,
on joue et on oublie la présence

des autres acteurs.

On ne se demande pas
si on est bien ou pas.

On oublie tout.
Ici, c'est l'un de ces moments-là.

De plus, à cause du froid,
on est contracté.

On est si fatigué
qu'on ne réfléchit même plus.

Aucune issue.

200 hommes armés de M16.

Vous avez tout fait pour ça.

J'ai changé la fin du scénario.

Il devait exprimer

la désillusion des vétérans du Vietnam.

J'ai essayé de rassembler
une vingtaine d'idées en une seule.

Celles d'un homme

qui tente de réfléchir de façon logique.

Des tas d'idées
s'embrouillent dans son cerveau.

La société l'a forcé à se taire

et sa colère est telle

qu'il ne voit plus clair.

Là, on entend qu'il sort tout en bloc.

Il explose littéralement,

comme un autiste
qui apprend soudainement à parler.

En rentrant,
ça grouillait de vermine à l'aéroport.

Une manif contre moi.
Ils me criaient : "Assassin d'enfants!"

Qui sont-ils pour me juger?
Ils y sont allés?

Ils savent pourquoi ils braillent?

C'était moche
mais c'est du passé.

Pour vous!
Pour moi, la vie civile c'est rien.

Là-bas, on avait un code de l'honneur.
Tu me couvres, je te couvre.

Ici, que dalle!

Vous êtes le dernier,
vous n'allez pas finir comme ça.

Je pilotais des hélicoptères,
des chars qui valaient des millions!

Ici, je peux même pas
garder un parking!

Il s'effondre.

Comme un enfant.

Où ils sont, tous?

Le guerrier a disparu
pour laisser place à l'homme blessé.

Les vétérans du Vietnam
ont éprouvé ça.

Tous les copains?
Là-bas, y en avait plein.

Où sont mes amis?

Ici, que dalle!
Vous vous rappelez l'aviateur?

Il avait un bandana.
J'ai écrit dessus au marqueur :

"A renvoyer à Las Vegas."
Il parlait de sa caisse, à Vegas.

Une Chevrolet décapotable rouge.

Ce sont des histoires vraies.

Dans un bar de Saigon, un môme s'amène
avec une boîte de cireur.

Il disait : "Cirer?"

Je dis non.
Il insiste, Joey dit oui.

Je vais chercher deux bières.
La boîte était piégée. Le môme l'ouvre.

Ça l'a éparpillé en miettes.

Il gueulait.
J'étais couvert de barbaque!

J'essayais de le relever
et j'en avais partout!

Du sang et tout.
J'essayais de le ramasser.

Ses tripes arrétaient pas de sortir!

Personne m'aidait!

Il disait : "Je veux rentrer chez moi.”
Il criait mon nom!

"Je veux rentrer!
Je veux conduire ma Chevrolet!"

Mais ses jambes?

Je les retrouvais pas!

Ça me sort plus de la tête.
Ça fait sept ans.

J'étais en désaccord total

avec les producteurs
à cause de cette scène.

Mais je sentais que je pouvais donner

à ces hommes une lueur d'espoir.

Leur dire qu'on peut les comprendre,

comprendre quels sont leurs démons

et que la rédemption est possible.

On a eu une explication à ce sujet.

Je me sentais impliqué là-dedans.

J'ai demandé à des vétérans du Vietnam
ce qu'ils en pensaient.

"On est fiers de vous."

Le jeu de Richard est intéressant.

Il a toujours un côté distant.

"Ok, je pose ma main sur toi

"mais je ne te pardonne pas.

"Je ne te console pas,
je ne te paterne pas

"comme tu l'espérerais :
"Je t'aime, mon fils. Je suis là."

"Non. Seule l'armée compte pour moi.
C'est comme ça.

"Tu es l'un de mes soldats
mais tu fais partie de la machinerie."

La longue marche commence
vers ce que sera la suite.

Ce film est devenu
catastrophique au montage.

Ça ne fonctionnait pas
et tout le monde avait peur.

Les producteurs
craignaient d'être ruinés.

Ils ont organisé
une projection.

Je détestais ce film.
Tout le monde le détestait.

Il durait 3h30.
Et il était complètement raté.

Il fallait le raccourcir.

Tout le monde pensait :
"C'est une catastrophe.”

Je me suis lancé dans d'autres projets.

On a même essayé de racheter le négatif

pour le détruire.

Mais ça montre
que paniquer ne sert à rien.

Les monteurs et d'autres gens
ont raccourci le film de 40 minutes.

Ils ont invité des exploitants de salles
et des critiques du monde entier.

Ils m'ont dit :
"Sly, fais un discours.

"Dis-leur que c'est un super film,
que c'est un 2e Rocky."

J'ai répondu :
"Quand je l'ai vu, j'ai failli vomir.

"Même les gens qui m'apprécient
n'ont pas pu être indulgents.

"Ils m'ont dit que c'était nul.”

Ils ont rétorqué :
"Maintenant, c'est un autre film.”

Je leur ai demandé
si je devais mentir à tous ces gens.

"Oui. Dis juste que c'est super.”

J'ai parlé comme s'il s'agissait du film
Le Parrain.

Le meilleur film que j'aie jamais vu.

Ils avaient enlevé 40 minutes
et j'étais subjugué.

Ça a été un sacré choc :
un montage intelligent,

une super musique et...

les scènes décisives
avaient été retravaillées.

Et tous les excès
avaient été raccourcis,

comme la poursuite dans la forêt
qui est passée de 60 à 12 mn.

Mais le plus important,

c'est que le film fonctionnait
sur plusieurs niveaux.

Ça parle d'aliénation. Pas besoin d'être
un vétéran du Vietnam pour dire :

"Quelle que soit ma relation
à ma mère ou à mon père,

"je sais ce que c'est d'être un paria.”

Le film est réussi dans ce sens-là

plus que les autres films de Rambo.
Ce sont de bons films d'action

mais celui-ci fonctionne
sur un niveau plus émotionnel,

sans faire de sentimentalisme.

C'est un honneur
d'avoir participé à ce film.

C'est l'un des grands moments de ma vie.

Voilà.
Merci pour votre attention.

C'était Sylvester Stallone
en direct de la planète Terre. Ciao.