All language subtitles for Le Cri Du Hibou (1987) - Fr - De Claude Chabrol.fre

Tu viens ou tu fais la fermeture ?

J'arrive.

Est-ce que tu pourrais
me rendre un petit service ?

Oui. Quoi ?

Ben... me prêter un peu de pognon
jusqu'à la fin du mois.

C'est notre anniversaire de mariage.
J'emmène Josette au restaurant.

Merci. T'es vraiment chic.

Si tu venais fêter ça avec nous ?
Josette serait contente.

- J'en suis pas sûr.
- Si. Elle t'aime beaucoup.

Allez.

Un anniversaire de mariage,
ça se fête en tête à tête.

Bon week-end.

Bon.

Merci, en tout cas.
Qu'est-ce que tu regardes ?

Rien.

J'aime pas le crépuscule.

Tu piques.
Tu veux dîner tout de suite ?

Non.
Je préfère regarder un peu la télé.

Vos désirs sont des ordres.

- Ça te convient ?
- Ça ou autre chose... Je suis crevé.

Ça repose, ça me lave la tête.

Tu me sers un petit whisky,
mon chou ?

Tu me mets de la glace
et beaucoup de Perrier.

- Patrick !
- Qu'y a-t-il, mon chou ?

Il y a encore des bruits.

Tu es sûre ?

Chut ! Écoute.

Tu devrais avoir un chien,
si t'as peur.

J'aime pas les chiens !

T'as entendu, cette fois ?

C'est certainement rien.

- Je vais voir ?
- Oui. Ça fait plusieurs fois.

Quelqu'un doit rôder.

Il va pas rôder longtemps.

Oh non ! Fais attention.

Ah, enfin !
Dis donc, où étais-tu ?

J'étais sorti. Tu m'as appelé ?

Ça fait 2 heures !

Alors écoute,
j'ai une bonne nouvelle :

dans une semaine,
tu es un homme libre.

Et je t'annonce que je vais épouser
Marcello le plus tôt possible.

C'est très bien.
Je suis content que tout s'arrange.

- L'avocat ne m'a rien envoyé.
- T'occupe ! Je m'en suis chargé.

- Merci d'avoir appelé.
- Je t'enverrai la note.

- Moitié-moitié, c'est d'accord ?
- Oui. Très bien.

Et ta tête, ça va ?

Tu es toujours détraqué ?

Non. Je ne pense pas.
Tout est calme.

Toujours enterré dans ton trou ?

Ce n'est pas un trou,
mais une ville agréable.

J'y passerai pas ma vie,
mais là, j'y suis bien.

Tu as rencontré des filles ?

Occupe-toi de Marcello
et de ta peinture,

et laisse-moi.

Écoute, mon petit vieux,
je vais te laisser tranquille.

Tu es le type le plus chiant
que je connaisse.

Les broyeurs de noir, j'ai donné.

Merci de m'avoir téléphoné.

Au revoir, Véronique.

Salut.

Bonsoir.

Je m'appelle Robert Forestier.

Qu'est-ce que vous faites là ?

Vous êtes un voisin ?

Pas exactement, non.

C'est pas la 1re fois
que vous venez ?

Non, ce n'est pas la 1re fois.

Bougez pas !

Je suppose que vous voulez
appeler la police.

Faites-le, si vous voulez.
J'attendrai.

Je vais pas appeler la police.

Mais je veux pas de rôdeur
autour de chez moi.

Je ne reviendrai plus vous ennuyer.

Je suis désolé de vous avoir
fait peur, les autres fois.

Il ne fallait pas avoir peur. Je...

Je...

Qu'est-ce que vous alliez dire ?

Je voudrais que vous me pardonniez.

J'aimais juste vous observer
cuisiner, aller et venir...

Je ne peux pas vous expliquer.

Vous ne devez pas avoir peur.

Simplement...

Je me sentais un peu seul
et déprimé et...

Vous comprenez ?

Oui.

Je me sentais un peu déprimé.

Et...

cette image de vous
derrière la fenêtre...

enfin, pour moi...

c'était une image très belle.

Très rassurante.

Vous avez froid ?
Vous devriez rentrer.

- Oui. Vous avez raison.
- Oui. Je...

- Il vaut mieux que je vous laisse.
- Non. Attendez.

Vous... vous dites
que vous étiez déprimé ?

Ce que je voulais dire...

Quand j'étais malheureux,

le fait de vous regarder
me remontait le moral.

Vous avez l'air tellement bien
dans votre peau.

Il y a des airs trompeurs.

Bon.

C'est trop bête.
Vous aimeriez entrer ?

Entrez. Mettez-vous à l'aise.

Asseyez-vous.

- Du café ?
- Non, merci. Ça m'empêche de dormir.

Ça ne vous dérange pas
que j'en boive ?

Non, bien sûr.

Je m'appelle Juliette Voland.

Oui. Je sais. J'ai vu votre nom
sur votre boîte aux lettres.

- Je travaille au CSB de Vichy.
- Au quoi ?

CSB : Centre Santé Beauté.

Je suis en congé.
J'en profite pour arranger la maison.

Je suis née à Moulins.
Je suis venue ici pour travailler.

Je ne voulais pas
rester chez mes parents.

Je voulais être libre.

Mes amis me traitaient d'idiote,
mais je sais que j'ai eu raison.

C'est la maison de ma tante.

Elle faisait de la tapisserie.
Je l'aimais bien.

Elle est morte.

C'est Patrick. On va se marier.

Il est représentant
en produits pharmaceutiques.

Regardez.

Magnésium, calcium...
Il me donne tout ce qui me manque.

C'est épatant.

Oui. C'est un type épatant.

Tout le monde me le dit.

Et vous, vous habitez la région ?

Je suis à Vichy.
Je travaille à la compagnie fermière.

Mais je viens de Paris.

Que faites-vous
à la compagnie fermière ?

- Vous ne voulez rien boire ?
- Non. Merci.

Je dessine.

Différentes choses.

C'est intéressant.

J'aimerais savoir dessiner.

- Vous ne faites pas de peinture ?
- Non.

Je laisse ça à d'autres.

Je dessine des oiseaux, aussi.
Je les photographie en plein vol

et je dessine ce moment
d'après la photo.

C'est une rencontre insolite.

- Les oiseaux ?
- Non !

Entre vous et moi.

J'aurais dû continuer
à avoir peur de vous, normalement,

et puis non, pas du tout.

C'est même le contraire.
Je vous trouve...

rassurant.

C'est curieux, non ?

Les rencontres insolites
sont presque toujours curieuses.

C'est mieux de se connaître ainsi
que par l'intermédiaire de quelqu'un.

Vous croyez à la fatalité ?

Je crois qu'il y a des gens
qui représentent des choses.

Par exemple, quand j'étais petite,

j'ai connu un type
qui représentait la mort.

Un ami de mon père qui passait
quelques jours à la maison.

Je ne l'aimais pas.
Je savais qu'il représentait la mort.

Quand il est parti...

8 jours après, mon petit frère
est mort d'une méningite.

Au fait...

qu'est-ce que je représente
pour vous ?

C'est tout simple.

Une jeune fille
avec une jolie maison,

un métier, un fiancé.

Une jeune fille heureuse
et satisfaite.

Je ne me suis jamais
considérée satisfaite.

Personne, je pense.

Mais vous êtes heureuse.

Pourquoi vous étiez déprimé ?

Je ne sais pas.

La vie n'a pas de sens,
quand on ne vit pour personne.

Mais ça va mieux depuis 3 mois,
depuis que je vous observe.

Ça fait 3 mois que vous m'observez ?

C'est drôle.

Je n'ai senti une présence
qu'il n'y a 15 jours.

Je prenais de moins en moins
de précautions.

Avec l'habitude...

C'est un joli garçon, Patrick.

- J'ai peur.
- De moi ?

Non. Du mariage.

Les filles disent souvent ça
avant d'être mariées.

Les hommes aussi.

Et vous ?

- Vous avez déjà été marié ?
- Non. Ce petit four est délicieux.

Vous les aimez ?
C'est moi qui les fais.

Tenez. Prenez le dernier.

Si j'avais su...

Si vous aviez su...?
Que je venais ?

Si vous avez envie de bavarder,
téléphonez-moi et venez.

J'aimerais vous présenter Patrick.

Il revient dans 3 jours.
Il fait sa tournée.

Vous pensez
que c'est nécessaire ?

Ce sera pas la peine
de lui raconter notre rencontre.

Je lui dirai que c'est
par l'intermédiaire d'une amie.

Il comprendrait pas, sinon.

Oui, en effet,
je pense qu'il ne comprendrait pas.

Avec lui, je suis bien

Le voilà !

Monsieur Forestier !

Monsieur Forestier,
j'ai un paquet pour vous.

- "Un paquet" ?
- Oui.

- Apporte le paquet, Bertrand.
- Oui.

Vous rentrez plus tôt, aujourd'hui.

C'est une jeune fille
qui l'a apporté.

Je suis l'ami des chiens

Je lui ai dit que ce n'était pas
prudent de le laisser dehors.

C'est gentil. Merci beaucoup.

Merde ! Merde !

Bonsoir. C'est Juliette Voland.

Ah ! Bonsoir.

- Vous avez eu mon paquet ?
- Oui.

J'allais vous appeler
pour vous remercier.

Vous êtes en forme ?

Ça va.

J'ai pensé que vous pourriez venir
dîner un soir de cette semaine.

C'est gentil.

Mais je ne peux pas
vous inviter, plutôt ?

Au Violon d'Ingres.

- C'est un restaurant de luxe.
- Ça vous fait peur ?

Je crois que vous n'allez pas
rester longtemps, ici.

Vous avez l'air de quelqu'un
qui préfère les grandes villes.

Et vous, avec Patrick,
vous vivrez ici, une fois mariés ?

Patrick voudrait s'installer
à Clermont.

Il dit que ce sera plus facile
pour lui.

Mais ça ne m'enchante pas.

Vous aimez votre maison.

Oui.

Je crois surtout que je ne suis plus
sûre de vouloir l'épouser.

Pourquoi ?

Je ne suis pas certaine
de l'aimer assez.

Je ne vais pas l'épouser.

Mais quand avez-vous pris
cette décision ?

Ça fait 2 jours.

Vous pouvez reculer la date.

Ça ne servirait à rien.
Je sais, j'ai pris ma décision.

- Vous en avez parlé à Patrick ?
- Oui.

Il croit que je vais changer d'avis.

- Je peux vous poser une question ?
- Oui. Laquelle ?

Avez-vous quitté Paris
à cause d'une fille ?

Non. Non, non.

Une mésentente professionnelle
et puis...

je devais quitter mon appartement.
Merci.

Bon appétit, madame, monsieur.

On pourrait faire une promenade,
après dîner.

Un autre.

Demain, je vous ferai
un gâteau au chocolat.

Demain, je ne pourrai sans doute
pas venir.

Vous attendez quelqu'un ?

Ben non, justement pas.

Je vais aller voir.

Oh, Suzie...

Qu'est-ce qui se passe ?
Ça fait 2 jours que je t'appelle.

C'est Patrick qui est là ?

Tu fais ce que tu veux.
Je venais juste te voir.

Entre.

- Robert... Suzie.
- Enchantée.

Vous êtes un ami de Patrick ?

Non.
Robert ne connaît pas Patrick.

Ah bon ?

Ah, d'accord.

Comment vous vous êtes rencontrés ?

Par une amie commune.

- Tu veux du thé ?
- Non. Je repasserai.

Bon. Je te raccompagne.

- Au revoir.
- Au revoir.

Excuse-moi.
Je ne pouvais pas deviner.

Suzie, ne va pas t'imaginer
quoi que ce soit...

C'est mon petit frère.

Il avait 12 ans quand il est mort.

Il vous ressemblait.

Depuis, j'ai peur de la mort.
Tout le temps.

J'ai peur qu'elle me prenne
dans la nuit.

Il ne faut pas avoir peur de la mort.

- C'est parce que vous êtes croyant.
- Non.

Dieu est un être froid et lointain.
La mort est beaucoup plus proche.

On rêve très souvent de la mort.
De Dieu, jamais.

- C'est quoi, vos rêves ?
- Ça dépend.

Il y en a un
qui revient très souvent.

Je suis devant un grand miroir,
et dans ce miroir,

ce n'est pas moi que je vois.

Il y a un homme assis à une table.

Je m'approche de lui,
il me regarde...

Il a des cheveux tout noirs
et une dent en or.

Je lui demande son nom,
et il me dit :

"Je suis frère Lamort."

- Il vient vous chercher ?
- Non. Je me réveille.

Il ne faut pas avoir peur de la mort.

L'ampoule vient d'éclater.
Vous en avez une autre ?

Oui. Dans la cuisine.

Heureusement que vous êtes là.
Je déteste l'électrique.

Il ne faut pas avoir peur
de l'électricité.

Ma mère est comme vous :
elle déteste toucher aux lampes.

Elle dit qu'il faut un homme
pour le bricolage,

et qu'à part ça,
les hommes sont des bons à rien.

Je t'ai...
Je t'ai même pas entendu rentrer.

Je te présente Robert.

Bonjour. Enfin, bonsoir.

Ah, c'est vous.
Juliette vous cache ?

- Mais pas du tout.
- Je suis de passage.

Oui. Vous avez été présentés
par une amie commune.

Tu as déjà montré ton album.

T'as pas oublié
qu'on dîne ensemble ?

Je vais vous laisser.

Oui. Bonne idée.

- Suzie a tout répété.
- Ça ne pouvait plus durer.

- Quoi donc ?
- S'il te plaît.

Elle vous a dit
qu'on allait se marier ?

C'est à cause de lui...

- Je ne compte rien briser.
- C'est pas l'avis de tous.

Je vous promets
de ne plus la revoir ?

- Allez-y.
- Mais de quel droit !

- Je crois pas à ces promesses.
- C'est pas ma faute.

T'es content ?

Tu peux m'expliquer
qui est ce type ?

Robert !

Tiens.

C'était pas pressé.

Ma femme a insisté
pour que je te les rende vite.

Merci.

Allez...

Salut.

J'ai eu du mal à vous trouver.

Je voulais m'excuser pour Patrick.

Ce n'était pas grave.
Il fallait pas vous déranger.

Robert...

J'ai beaucoup réfléchi.
Vous me plaisez vraiment.

Non, Juliette, sérieusement,
il ne faut pas...

Je ne suis pas un type pour vous.

Pourquoi ?

Je ne suis pas un type normal.

Vous devriez entendre
ce que dit ma femme sur moi.

Votre "femme" ?

Vous m'avez dit
que vous n'aviez pas été marié.

Eh bien, je vous ai menti !

J'ai une femme qui pense
que je suis mûr pour l'asile.

- Et vous avez des enfants, aussi ?
- Non, je n'ai pas d'enfants.

Je me suis disputé avec ma femme.
Voilà pourquoi je suis ici.

Elle vous a abandonné ? Ça arrive.

Tant mieux. Vous êtes libre.

Ne faites pas l'enfant.

Vous m'avez raconté des craques,
et je vous en veux même pas.

Allez, ramenez-moi chez moi.
J'ai pas envie de prendre le car.

Vous savez rien de moi.

C'est vrai
que je suis complètement instable.

À 20 ans, j'ai fait une dépression.

On m'a soigné pendant 6 mois.
L'an dernier, j'étais encore mal.

Même maintenant, je dois faire
des efforts pour rester...

sain d'esprit.

Nous en sommes tous là.

Vous trouvez normal qu'on vous épie
pendant des semaines ?

Non. Mais ça me plaît bien.

Vous n'y pouvez rien.

Je ne veux jouer aucun jeu.

Je crois que vous ne jouez pas.

Vous vous conduisez honnêtement.

Je peux faire des choses terribles.

Un soir, j'ai pointé un fusil sur...
ma femme qui dormait.

J'ai mis le canon
tout près de sa tempe.

Presque à la toucher.

Et vous avez tiré ?

Elle serait morte, si j'avais tiré.

C'était pour voir.

Vous êtes incapable de tuer.

Il n'y a pas un être, pas une chose,
qui vaille la peine qu'on le tue.

Je vous connais mieux
que vous ne pensez.

Mais non.

Vous savez, moi, dans le temps,
j'avais peur de la mort.

Alors je me suis mise à y penser.

Y penser sans cesse.

Jusqu'à ce qu'elle me devienne
familière.

Vous voyez ?

Le jour où j'ai considéré la mort
de cette façon,

le monde m'est apparu différent.

Ce n'est pas triste du tout,
au contraire.

Vous aussi...

Après votre rencontre, j'ai vu
le monde sous un jour nouveau.

Vous dites des bêtises.
Vous êtes une enfant.

J'ai 23 ans et je vous aime.
J'y peux rien.

Bon...

Juliette, nous ne pouvons plus
nous voir.

Je suis désolé,
mais c'est comme ça.

- Vous n'aimez pas me voir ?
- Si. Mais il ne faut plus.

- J'aime vous savoir heureuse.
- Mais je suis heureuse.

Quand je vous observais
à travers vos fenêtres,

j'aimais vous imaginer heureuse

avec ce garçon
que vous alliez épouser.

C'est tout. C'était une erreur,
de faire votre connaissance.

Je vous remercie
de m'avoir aidée à comprendre

que je n'aimais pas Patrick
et que je ne l'épouserai pas.

- Je vous remercie beaucoup.
- Patrick ne sera pas de cet avis.

J'y peux rien.

C'est comme ça.

Bon. Alors, au revoir.

Alors, goodbye.

Goodbye.

Qu'est-ce que tu fais là ?

Je t'attendais.
J'ai des choses à te dire.

Fais comme chez toi.

C'était important.
J'ai appris des choses sur Forestier.

J'ai appelé son appartement,
à Paris.

Je suis tombé sur sa femme.

Ils divorcent.
Un psychiatre leur a conseillé.

Il a fait des dépressions.

C'est un pessimiste incurable.

Alors arrête de fréquenter ce type.

Et toi, arrête de mener tes enquêtes.

Occupe-toi de tes échantillons.

N'empêche que ton type,
c'est un vrai cinglé.

Puis c'est pas vrai,
il t'a pas été présenté par une amie.

Pour une fois,
ma valise d'échantillons va servir.

Tu prendras 2 comprimés par soir.
Ça te calmera.

En disant qu'il était cinglé,
sa femme m'a donné une idée.

Le rôdeur, ce serait pas lui,
par hasard ?

- C'est comme ça que tu l'as connu ?
- Fous le camp.

Pas la peine de s'énerver.

Rends-moi la clé et fous le camp.

Je t'ai écrit une lettre.

Rends-moi la clé et fous le camp.

Ni les rideaux ni les persiennes

Laissez-moi entrer.

Qu'est-ce qui vous arrive ?

Laissez-moi entrer.

C'est beau.

Ça fait peur, mais c'est très beau.

C'est pour illustrer un livre
d'ornithologie.

On était d'accord
pour ne plus se voir.

Oui. Je sais. Excusez-moi.

Je pouvais pas faire autrement.
Il fallait que je vous voie.

J'ai tout fait.

J'avais l'impression
que j'étais sur le point de mourir.

Vous réalisez
les complications imbéciles

que ça peut entraîner ?

Je vous aime.

Ne dites pas de bêtise.

Je vous aime.

Je vous ai préparé du café.

Vous vous êtes évanouie.

Je vous cause du tracas.

Mais non.

Ne faites pas celle
qui ne comprend pas.

J'ai définitivement rompu
avec Patrick.

Je lui ai fait rendre la clé
de chez moi.

Tenez.

La voilà.

Vous avez de la fièvre.

Je sais.

Est-ce que je peux rester ici
pour cette nuit ?

Bon.

Je vais coucher dans le living.

Vous voulez un pyjama ?

Non. C'est pas la peine.

Je suis très fatiguée.
Je vais dormir.

Vous êtes très gentil. Merci.

Robert !

Oui ?

Je suis heureuse, vous savez.

Forestier !

Vous étiez avec Juliette,
la nuit dernière ?

- Demandez-lui.
- Elle était chez vous ?

- Demandez-lui.
- Je vous pose la question !

Je connais la réponse.

Forestier, n'essayez plus
de revoir Juliette.

Vous comprenez rien.

Sinon, je vous défonce le crâne.

Il a l'air bien excité,
le jeune homme.

Oui. C'est un type malheureux.

- Je réponds ?
- Non. J'y vais.

Allô, oui ?

Ah, c'est vous.

Vous avez la voix moins virile
que la dernière fois.

Je plaisante.

Juliette vit avec lui.
Elle y a couché la nuit dernière.

Eh ben ! Vous devez être malheureux.

C'est Robert tout craché, ça.
Il est porté sur les filles jeunes.

Patientez un peu.

En général, il les laisse tomber
au bout de 6 semaines.

C'est vraiment un salopard.

Voyons, il ne faut pas craquer.

Mais il mériterait une bonne leçon.

Si j'étais vous,
je lui casserais un peu la gueule.

En plus,
il est terriblement froussard.

Et vous m'avez l'air opposé.

Je me trompe ?

Fous-lui la paix.

Alors au revoir, Patrick. C'est ça ?

Appelez quand vous voulez.

Tu me laisses m'amuser un peu, oui !

- Bonjour !
- Bonjour.

Je me sens très bien.

- Vous allez attraper froid.
- J'ai toujours les pieds chauds.

Ça ne peut pas durer.

Vous ne pouvez pas passer
toutes vos nuits ici.

Ne vous inquiétez pas.

Ça va être la fin de mon congé.
Je vais rentrer chez moi.

D'ailleurs, je crois que nous serons
aussi bien chez moi.

Je ne veux pas me laisser entraîner.

Vous pouvez bien me donner encore
1 ou 2 jours de bonheur ?

Votre ami Patrick...
a dit qu'il allait me tuer.

Vous avez peur ?

Non.

Mais j'ai horreur des drames.
Je vais vous ramener.

Il ne faut pas que vous restiez ici
plus longtemps.

Bon.

- Promettez que vous viendrez.
- Juliette, calmez-vous.

- Promettez !
- Je promets.

- Je vais vous laisser la clé...
- Non ! Pas question.

Je vous la laisse.
Vous venez quand vous voulez.

Quand vous voulez.

- Vous voyez que je suis raisonnable.
- Oui. Très "raisonnable".

Qu'allez-vous faire ?

Je sais pas.
Je crois que... je vais dormir.

Drôle d'idée.

Vous savez ce qu'a dit Lord Byron ?

"Le sommeil et la mort
sont comme frère et soeur."

Laissez tomber Byron
et ne parlez pas de la mort.

Ça vous fait peur ?

Ça doit être fascinant
de mourir avec son aimé.

Non.

Ça n'est certainement pas fascinant.

Vous n'avez jamais aimé.

Sans doute.

Même pas...

À ce soir. Vous m'avez promis.

Oui. J'ai promis.

À 21 h, au Violon d'Ingres.

À ce soir.

Bonjour.

- Forestier, c'est ça ?
- Oui.

- Ça avance ?
- Il n'y en a plus pour longtemps.

Je compte sur vous.
Le plus vite possible.

Salut.

Je rêve ou tu as pris l'ascenseur ?

Non, tu rêves pas.

Je te croyais claustrophobe.

Je l'ai été, mais je me suis soigné.
Ça va beaucoup mieux.

T'as l'air en pleine forme,
aujourd'hui.

C'est le fait de prendre l'ascenseur
avec le singe qui te rend ainsi ?

Pas seulement.

Les choses se remettent en place
pour moi.

Moi, je me remets en place
au milieu des choses.

T'es un vrai malade, tu sais.

On le dit.

Alors, Forestier, ça va ?
Tête de con !

Enfoiré, Forestier !

Forestier, tête de merde !

Alors, Forestier ?

Viens, viens.

Alors, on va retrouver Juliette ?

Enfoiré !

Vous désirez consulter la carte,
ou prendre un apéritif ?

Non...

Oui, je prendrai bien la carte,
s'il vous plaît.

- S'il vous plaît, madame.
- Merci.

- Mon Dieu ! Que vous est-il arrivé ?
- C'est rien. Vous tracassez pas.

Je suis tombé. Sur Patrick.

Il est fou ! Que vous a-t-il fait ?

Il a cherché à me faire du mal.

On commande,
et je vous raconte tout ça.

Cassolette de langoustines.

Madame, monsieur, bon appétit.

J'ai l'impression que ça enfle, non ?

- Ça vous fait mal ?
- C'est pas très agréable.

Je sais pas pourquoi
je l'ai sorti de l'eau.

- Vous lui avez sauvé la vie.
- Oui. Je l'ai pas fait exprès.

Mais je crois que l'eau
n'était pas très profonde.

- Il vous a cassé une dent ?
- Non.

Un peu fêlée.

Il faut bien
que les dentistes travaillent.

On dirait
que ça vous a mis de bonne humeur.

Ça aurait pu tourner plus mal.

Enfin...

Juliette, je vais rentrer à Paris.

Je vais finir mon travail
et je rentre.

Mais vous deviez rester à Vichy
plusieurs mois.

Je croyais, mais finalement, non.

Je finis ce que j'ai à faire
et je rentre.

- Si je venais à Paris avec vous ?
- Soyez gentille.

Ne partez pas comme ça
au quart de tour.

Je ne sais pas.

Je déteste les promesses et...

je ne veux rien promettre.

Peut-être un jour vous m'aimerez
assez pour vouloir m'épouser.

Ne m'attendez pas, Juliette.

Je vous en supplie.

Il ne faut pas que vous m'attendiez.

Pauvre Patrick.
Il était costaud, pourtant.

Il a dû se faire prendre en traître.

Il paraît qu'on passe la rivière
au peigne fin.

Je crois pas qu'il se soit noyé.

Je crois plutôt
qu'il s'est saoulé la gueule.

Il a pu se suicider à cause de toi.

Non.
C'est pas le genre.

On voit que t'as jamais eu
de chagrin d'amour.

Allô ?

Allô, Robert ?

Vous avez vu le journal ?
Patrick a disparu.

Oui. Je viens de voir ça.

"Les seuls indices découverts

"sont 3 boutons
provenant d'un costume d'homme."

Ce sont les miens, bien sûr.

Je vais me dénoncer à la police.

Non ! Vous n'êtes pas coupable.

C'est lui qui vous a attaqué,
et vous l'avez tiré de l'eau.

Justement, je raconterai ça.

Non. Attendez.
Ça peut vous attirer des ennuis.

C'est si j'attends
que je risque des ennuis.

Il ne faut pas avoir peur.

Je raccroche et je les appelle.

Tiens ! Te voilà, toi.

Donne-lui la chambre numéro 3.

Mais quel était le motif
de la bagarre ?

Patrick m'en voulait
de voir Juliette.

Il m'avait déjà menacé.

Je m'attendais
à ce qu'il me provoque.

Ses amis nous ont dit
qu'il avait la tête chaude.

Je tiens à signaler qu'il n'y a rien
entre Mlle Voland et moi.

Vous faites bien.
Il y a tant de crimes passionnels.

Il était à quelle distance
de la rivière ?

Je ne peux pas vous dire.
Il faisait sombre.

Il était assis, complètement sonné.

Il a pu retomber à l'eau ?

C'est possible.
On fait des recherches.

Il a pu se fracasser le crâne
sur les rochers.

Après les rochers,
il y a 3 m de fond.

Mais dites-moi...

Vous avez déclaré
qu'il vous avait menacé.

Qu'est-ce que vous lui avez répondu ?

Je lui ai dit
qu'il n'avait qu'à le faire.

Ça a dû l'énerver.

Et vous, que pensez-vous de tout ça ?

Je pense
qu'il est en train de se saouler.

Finalement,
vous êtes assez optimistes.

Bon...

Je vais taper votre déclaration
pour que vous la signiez.

Je vous remercie d'être venu.
Vous avez eu raison.

Pourquoi leur avoir précisé
qu'il n'y avait rien entre nous ?

Parce que c'est vrai.

C'est un drôle de regard.

Vous n'imaginez pas
que je l'ai tué ?

Vous devriez vous reposer.

Oui.

Je vais rentrer chez moi.

Ça ne vous ennuie pas si nous cessons
de nous voir quelques jours ?

Nous aurions dû arrêter.

Vous disiez que j'étais
la jeune fille de vos rêves.

Vous disiez que j'étais
la jeune fille de vos rêves !

Les images de rêves
sont destinées aux rêves.

Il ne faut pas les introduire
dans la vie.

Je n'aurais pas dû vous parler.

Vous m'avez parlé, pourtant.

J'aurais tellement voulu
que ça se passe autrement.

Depuis le début,
on dirait que je vous pèse.

C'est vous qui êtes venu.

C'est vous qui m'avez guettée
et abordée...

Juliette !

Nous passons notre temps
à ressasser les mêmes choses.

C'est la mort qui vient
chercher les gens ainsi.

Ça, on ne peut pas dire
qu'il est très équilibré.

Jusqu'à présent,
il n'a jamais été méchant.

C'est plutôt un grand vérolé.

C'est pas ça que je veux dire,
commissaire.

Mais il a la poisse,
et il fout la poisse à tout le monde.

À chacun de ses anniversaires,
il pleut.

Tiens.

Merci.

T'inquiète pas. S'il était mort,
ils l'auraient retrouvé.

Tu connais :
"Tout cadavre plongé dans un liquide

"subit une pression..."
Enfin, il remonte, quoi.

Tout le monde pense que je l'ai tué.

- Mais non !
- Si, si !

Il y aura des commentaires
dans les journaux et ça finira...

par un gros titre avec ma photo
au milieu, bien charbonneuse...

J'aurai une vraie tête d'assassin.
Si. Tu verras.

- Tu souris quand même.
- Le sourire de l'impuissance.

J'ai l'impression d'être pris
dans une toile d'araignée.

Monsieur ?

Je ne vous dérange pas ?

Bonjour, commissaire.

Je vous présente Jacques Constant.
Jacques, le commissaire Grégoire

qui s'occupe
de la disparition de Patrick.

Je vais vous laisser.
Je suppose...

Si ça ne vous ennuie pas.
Ce sera rapide.

J'aimerais m'entretenir avec lui.

Je vous en prie.

- Un café ?
- Oui. Avec plaisir.

- Je vais vous le chercher.
- Vous êtes gentil.

Vous avez du nouveau ?

Oui et non.

Nous avons appelé votre femme
à Paris.

Elle nous a dit que vous étiez
instable, sujet à la violence.

Soulages m'a provoqué.
Je vous ai expliqué tout ça.

Oui, vous me l'avez expliqué,
mais ça n'explique pas les faits.

Voilà.

Merci beaucoup.

Bon. Ben... à tout à l'heure.

- Je vous le rends dans 5 minutes.
- D'accord.

Qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise ?

Vous me prenez pour un meurtrier,
c'est ça ?

Comment avez-vous fait
la connaissance de Mlle Voland ?

Je ne vois pas le rapport.

Mlle Voland refuse également
de répondre sur ce point.

J'en arrive à me demander...

s'il n'y a pas
un gros secret là-dessous.

Prenez une madeleine.
C'est bon pour la mémoire.

Je n'aime pas la pâtisserie
sous cellophane.

Vous êtes bien délicat.

Savez-vous que Soulages a rendu
visite à votre femme à Paris ?

Non.

Eh bien, il l'a fait.

Il lui a dit qu'un homme avait rôdé
autour de la maison de Mlle Voland,

et que cet homme était vous.

Vous n'avez pas fait
la connaissance de Mlle Voland

en rôdant autour de sa maison,
quand même ?

Non.

Tant mieux, parce que les rôdeurs
sont toujours cinglés.

Ces madeleines sont vraiment bonnes.

Au fait...

vous avez été souffrant,
comme on dit.

"Souffrant" ?

Psychiquement.

- C'est ma femme qui vous a dit ça ?
- Oui.

Elle est intarissable à votre sujet.
Pire qu'une femme amoureuse.

Vous auriez dirigé un fusil
contre elle.

Il n'était pas chargé.

Et puis c'était elle
qui m'avait mis au défi.

"Au défi" de quoi ?

Elle a dit que je n'aurais pas
le courage de tirer.

Elle me traitait de lâche.

C'était son fusil.
Je n'ai pas d'arme.

C'est un peu confus, tout ça.

Vous avez raconté ça à Mlle Voland,

mais vous lui avez dit

que le fusil était chargé.
- Oui.

Ça faisait mieux.

Vous aimez bien fabuler.

Avec des versions différentes.

Votre femme nous a parlé de ça.
Elle vous connaît bien, finalement.

C'est gentil d'être venu me voir.

- Tu fais de l'abstrait au couteau ?
- Oui, j'en fais.

Je fais ce qui me plaît.

- Tu veux un café ?
- Je ne suis pas venu pour ça.

Tu as raison, il est dégueulasse.
Assieds-toi.

Ah oui ? Où ça ?

Il paraît que tu t'es trouvé
une fiancée.

C'est Patrick qui m'a dit ça.
Il n'arrête pas de me téléphoner.

- Et où est-il ?
- Je ne sais pas.

Depuis que tu l'as flanqué à l'eau,
plus rien.

Il n'avait pas l'air
de te porter dans son coeur.

Où est-il ?

- Tu me lâches !
- Où est-il ?

T'es toc toc, décidément !

Marcello !

Viens voir qui est là.
Viens dire bonjour à mon mari.

- Ciao, Robert.
- Bonjour, Marcel.

Il a quitté Vichy et ses dessins
de zoziaux pour venir nous voir.

On m'accuse d'avoir tué un homme.

- Ça va sûrement s'arranger.
- Ça n'en prend pas le chemin.

Laisse cette fille.

- Il ne s'agit pas d'elle !
- Ah...

On a dit que j'avais tué Patrick.

Vous savez ce type qui téléphone ici.

Il est venu dernièrement, non ?

Tu vas être en retard
à ton rendez-vous.

Mais si ça t'est égal...

T'as raison.

Excuse-moi, Robert.

Il faut absolument que j'y aille.

Au revoir, chéri.

Allez, tu viens ?

On dirait qu'il a peur de toi.

Penses-tu !

Et toi, tu as peur de moi ?

Je te connais. Ça fout la trouille.

Tu es un vrai emmerdeur, tu sais ?

Draguer les filles
en faisant le voyeur !

Elle serait pas frappadingue,
elle aussi ?

Qu'est-ce qu'il t'a dit encore ?

Tu es bien sûr que tu ne lui as pas
tenu la tête sous l'eau

jusqu'à ce qu'il se noie ?

- Je suis sûr que tu sais où il est.
- Ne dis pas de connerie.

Je suis sûr que ça t'amuse.

Je te trouve sexy
quand tu pédales dans la semoule.

Bon.

Tu veux rien me dire ?
Tu arrêtes ton petit jeu !

Marcello en a au moins pour 1 heure.

Je vais pas l'attendre.

Tu m'excuseras auprès de lui.

On a largement le temps.

Ne me dis pas que cette Vichyssoise
baise mieux que moi ?

Je m'en vais.

Tu t'en vas, mais tu restes.

Non !

Je m'en vais !

Espèce de malade !

Malade mental !

- Soulages ?
- Monsieur, la personne est en haut.

Ah, c'est vous.

Elle ne vous a pas donné de fric ?

- Lâchez Véronique.
- C'est elle qui me lâche pas.

Elle me prête cet argent.

Ne tirez pas trop sur la corde.

En ce moment, j'ai disparu,
je peux pas faire de chèque.

Réapparaissez.

C'est mon affaire.

J'ai peut-être tort,
mais c'est mon affaire.

Vous aimez Véronique ?

Moi, j'aime Juliette.
Je veux la récupérer.

Le reste ne compte absolument pas.

Vous n'avez pas choisi
la meilleure manière.

Oui, peut-être, mais c'est parti.

Si vous ne décampez pas,
j'irai à la police.

Mais faites ce que vous voulez.

Allez-y tout de suite,
si ça vous chante.

- Pourquoi je ne te frappe pas ?
- Manque d'entraînement.

Hé ! Dis donc !

J'ai un tuyau :

ta Véronique, c'est une vraie salope.

Je suis au courant.

Je vous ai dit
que je rentrais à Paris.

Je n'ai jamais dit le contraire,
Forestier.

Bien que je sois satisfait
de votre travail,

je n'ai pas l'intention
de vous retenir indûment.

Mais il faut attendre
que la situation s'éclaircisse.

Asseyez-vous.

Connaissez-vous cette écriture ?

Non.

"Forestier exerce ses charmes
maléfiques et morbides

"sur Juliette Voland,
jeune fille exagérément naïve,

"dont il a empêché le mariage.

"Une entreprise aussi importante
et respectable que la vôtre

"ne devrait pas
le garder à son service."

C'est tapé à la machine,

et vous pouvez voir
que ça a été expédié de Paris.

C'est Soulages qui a écrit.
Je suis sûr qu'il se cache à Paris.

Si la police le cherchait,
ils le trouveraient.

On dirait qu'elle prend un...

Cette lettre est idiote, en plus.

Je n'ai jamais cherché à exercer
mes charmes sur Mlle Voland.

Ni sur personne.
Je suis étranger à tout ça.

Que voulez-vous que je vous dise ?

C'était vraiment délicieux.
Franchement, alors là, chapeau !

Épatant. Vraiment épatant.

Et puis il faut plus
que tu te tracasses.

Ça va s'arranger.

Tu verras, ça va s'éclaircir,
forcément.

Rappelle-toi :

"Il n'est de nuit si longue
qui ne trouve le jour."

Macbeth, Acte IV.

Robert...

C'est... C'est une surprise.

Bonsoir, Juliette.

Vous ne connaissez pas mes amis.

Robert Forestier,
Françoise et Patrick Tessier.

Enchanté. Patrick ?

Monsieur...

Bon. Ben... On t'appelle, ma chérie.

Depuis semaine,
je suis sans nouvelles.

J'ai cru comprendre
que vous ne vouliez plus me voir.

Vous voulez entrer ?

Encore un Patrick.
L'autre est passé à l'attaque.

Il envoie des lettres à mon patron.

- On l'a retrouvé ?
- Non. Il n'est pas sorti.

C'est un débile profond.

J'ai quand même eu le temps
de tricoter votre pull.

Je ne savais pas qu'on pouvait faire
des oiseaux avec de la laine.

C'est très réussi.

je vais me dépêcher
de terminer la 2e manche.

Vous pourrez le mettre
l'hiver prochain.

Ce ne sera pas long, maintenant.

C'est très gentil
de vouloir m'habiller.

Vos amis me faisaient
une drôle de gueule tout à l'heure.

Pendant le dîner, ils m'ont dit
que c'était vous, le rôdeur.

Que vous aviez tué Patrick
et que vous gardiez votre sang-froid.

Ils manquent pas de culot.

Ils me connaissent pas, ces gens-là.

Qu'avez-vous dit ?

Rien.

C'était vous, le rôdeur.

Vous dormez bien, en ce moment ?

Non.

Pas très bien, non.

J'ai des somnifères, si vous voulez.

Non, merci. Il m'en reste.

Je... J'étais venu prendre
de vos nouvelles.

Pourquoi ?

J'avais envie...

de savoir si ça allait.

Je crois qu'il vaut mieux
que je m'en aille.

Oui. Je le crois aussi.

Vous pensez que j'ai poussé Patrick ?

Je pense que nous devrions
arrêter de nous voir.

Je te dérange pas ?

Non, bien sûr. Entre.

J'ai hésité à venir.
J'avais peur que tu dormes.

Non. Je tricotais.

Tu sens le whisky, dis donc.

Tu en veux ?

Non.

Tu buvais pas, avec Patrick.

C'est pour l'autre que tu tricotes ?

Pourquoi tu es venue ?

Ben justement.

J'ai cru reconnaître
la voiture de l'autre sur la route.

Oui... Il est venu, oui.

- Tu l'as renvoyé, j'espère ?
- Oui.

La façon dont il s'est comporté
avec toi...

Il te fait croire qu'il t'aime,

il tue ton mec

et il te laisse tomber.

Tu devrais dire ce que tu sais
à la police.

Je ne sais rien.

J'ai peur. C'est tout.

J'ai toujours peur de la mort.

Mais c'est à cause de lui
que tu penses à la mort.

Tu me l'as expliqué.

Tu as de l'angoisse, c'est ça ?

Suzie, excuse-moi, mais je...

Je voudrais que tu t'en ailles.

Je voudrais...

Laisse-moi seule, ce soir.

Bon.

Comme tu veux, ma chérie.

Je viendrai te voir demain matin.
Tu veux bien ?

Oui. Demain matin, bien sûr.

Dors bien.

À demain matin.

"Cher Robert.

"Je vous aime réellement.

"D'une façon différente, maintenant,
et beaucoup plus profondément.

"Maintenant, je vous comprends
et je comprends tout.

"Je ne m'étais pas rendu compte
que vous représentiez la mort.

"Du moins pour moi.

"Je crois que c'était écrit.

"Je ne sais pas
si je suis heureuse ou pas.

"Ce que je sais, c'est qu'il faut
cesser de vivre, sans douleur,

"avant que cette nuit ne finisse."

Allô ?

Allô ?

- Écoutez, Robert...
- Marcello ?

Il faut me promettre
que vous ne donnerez pas le nom,

à la police ou à quelqu'un d'autre,

de la personne qui vous appelle.

Enfin, je veux garder l'anonymat...
Merde !

C'est promis.
Qu'est-ce qui se passe ?

Eh bien voilà...
Je peux vous dire

où se cache Patrick Soulages.

Commissariat de Vichy, j'écoute.

Ben non, monsieur,
le commissaire n'est pas là.

Il dort maintenant.

J'ai un message important pour lui :
j'ai appris où se cachait Soulages.

À Paris, hôtel d'Alsace.
Voici l'adresse.

Comment l'avez-vous su ?

Mais c'est...

- Un ami m'a téléphoné.
- Son nom ?

Je ne peux pas vous révéler son nom.

C'est bien joli,
mais il faudra nous le dire.

Comment vérifier, sinon ?

Mais je peux pas.

- Je lui ai promis.
- Vous êtes sûr de lui ?

Mais oui. Il le connaît.

Il peut pas y avoir d'erreur.

Oui...

C'est toujours la même chose.

Le commissaire sera mis au courant
le plus vite possible.

Ouais...

Ça nous rendrait service.

Et à vous aussi, d'ailleurs.

Bien, monsieur.

Très bien. Bonne nuit.

Qu'est-ce qui se passe ?

Quelque chose
qui me semble pas clair.

Juliette ?

Juliette !

Juliette !

Juliette !

Ça va être fini en un rien de temps.

Le jules de ma femme,
il connaît la planque de Soulages.

- Ah bon ?
- Il veut garder l'anonymat.

- Mais il faut le faire !
- Il a insisté. De toute façon...

Voilà la fin de mes soucis.

C'est une de ses amies qui a trouvé
le corps, avec le facteur.

C'est un détail. Je vous emmène.
Je vous ferai reconduire.

"Maintenant, je vous comprends
et je comprends tout.

"Je ne m'étais pas rendu compte
que vous représentiez la mort.

"Du moins pour moi."

- Vous me pensez responsable ?
- Ce n'est pas moi, c'est elle.

- C'est une plaisanterie.
- "Une plaisanterie" ?

La mort en est une ?

Elle écrit que je représente la mort.

Comment quelqu'un de vivant
peut-il représenter la mort ?

Quand l'avez-vous vue
pour la dernière fois ?

- Hier soir.
- Comment était-elle ?

Elle ne voulait plus me voir.

Elle pensait que j'avais tué Patrick.

Voilà comment représenter la mort.

Soulages se cache à Paris.
Vous avez eu mon message ?

Oui, oui.
On est en train de vérifier.

Seulement...

ça ne change rien au fait que...

vous avez poussé cette fille
au suicide.

Je n'ai poussé personne au suicide.

Des amis de Mlle Volant ont déclaré

que vous l'aviez rencontrée
en rôdant près de chez elle.

- Et alors ?
- Vous m'avez déclaré le contraire.

Elle prenait tout ce que je disais
et ne disais pas au 1er degré.

Avec elle, je n'ai jamais pu
contrôler la situation.

Elle me prêtait
des pensées profondes,

alors qu'avec elle,
je n'avais envie de penser à rien.

C'est ça qui m'attirait.

Avec elle, je n'avais envie
de penser à rien.

T'as couché avec elle quand même ?

Non. Même pas.

T'aurais mieux fait.

Je dérive.

Robert, j'ai appris par un ami commun
ce qui est arrivé à ta petite amie.

Je suis vraiment désolée.

Je te connais et je suis sûre
que ça t'a fait un gros choc.

Mon pauvre chou.

Je voulais savoir...

si tu éprouves
un sentiment de culpabilité.

Arrête de le persécuter.

Tu devrais essayer un somnifère.

Mais ne fais pas comme elle.

N'avale pas le tube.

J'avais demandé
que le commissaire vienne.

Il dort, le commissaire.

Et il a certainement pas envie
qu'on le réveille.

Il devrait y avoir trace de la balle.

Il n'y a rien.

Rien.

Et le carreau cassé ?

Ça ?
Ça peut être aussi bien un caillou...

Il y aurait la trace d'un caillou.

Ah. Ça, c'est vrai.

Où a-t-on tiré, d'après vous ?

On a tiré là.
J'étais assis près du téléphone.

Je veux voir le commissaire.

Le commissaire ?

Il ne vous dira rien de plus.

Vous avez bu quelque chose, ce soir ?

J'ai bu du lait.

J'arrivais pas à dormir.

La prochaine fois, prenez une pomme.
C'est mieux.

Je peux ?

Tenez. Regardez.

Là voilà.

Vous avez une tête de bois,
monsieur Forestier.

Oui. Oui.

Cette balle aurait aussi bien pu
me rentrer dans la tête.

Tenez.
Regardez donc ça en attendant.

Le corps de Soulages a été repêché.

Il n'est donc pas à Paris.

- C'est son corps, ça ?
- Ça peut l'être.

La taille correspond.

C'est un corps qui a séjourné
10 jours dans une rivière

où, Dieu merci,
il y a encore quelques écrevisses.

Si on était sûrs,
je vous bouclerais illico.

On recherche le dentiste de Soulages.

C'est comme ça qu'on fait :
par les dents.

Tout ça est absurde.

Ça, c'est facile.
Mais si Mlle Voland s'est suicidée,

c'est parce qu'elle était sûre
que vous l'aviez tué.

Elle se trompait.

On m'a tiré dessus. C'est un fait.

Oui.

Mais si Soulages est mort,
il n'est pas le tireur.

Beaucoup de gens sont de l'avis
de votre petite amie.

Ça fait autant de tireurs potentiels.

Pourquoi ?

Par peur. Par peur de vous.

Pourquoi vous acharnez-vous
après moi ?

Quoi ?
Ah ben, vous manquez pas de culot !

En un an ici, vous m'avez offert
la disparition d'un homme

avec qui vous vous êtes battu,
et le suicide de votre petite amie.

Ce n'était pas à cause de moi,
et ce n'était pas ma petite amie.

Des gens ont cherché à l'influencer.

Quels "gens" ?

Des amis à elle.

Ou des gens comme vous.

Pendant que vous poursuivez,

je vous dis ce qui va m'arriver :
on va m'envoyer une balle.

Ce sera la preuve de votre bonne foi.

- Tiens.
- Merci.

C'est Soulages qui a tiré sur moi,
cette nuit.

Donc ce corps
ne peut pas être le sien.

Vous étiez amoureux
de cette jeune fille ?

Non. J'aimais bien la regarder,
c'est tout.

C'est bête qu'on vous ait vu rôder.

Quoi ?

On a bien le droit
de regarder les gens.

Oui. Bien sûr.

J'ai froid.

- Si on rentrait ?
- Allons-y.

On se voit demain ?

Non.
Franchement, j'en ai pas la force.

Tu les as prévenus ?

Non. Je les appellerai demain matin.

Qu'est-ce que tu fais là, toi ?

Tu as faim ?

J'ai pas grand-chose, tu sais.
Attends.

Ça te suffit, ça ?

Allez. Maintenant, tu t'en vas.
D'accord ?

Allez, viens.

Allez.

Allô, police,
c'est Robert Forestier.

On a encore essayé de me tuer.

Notre chien...

C'est notre chien !

Il a assassiné notre chien !

Ça va.

L'os n'a pas été touché.

- Où est le commissaire ?
- Il arrive.

Ne bougez pas.

Je veux le voir.

- Vous nous avez volé notre chien !
- Il est venu tout seul.

Je lui ai donné du sucre.

Pourquoi vouloir sa mort ?

- Je l'ai pas tué !
- Mon malade a perdu du sang.

Et celui de notre chien !

Il a déjà tué un homme.

Maintenant, un pauvre chien innocent.

- Allez, dégagez, dégagez !
- Ah, vous voilà.

Allez !

Ne regardez pas l'aiguille.

Comment te sens-tu ?

Abruti.

Merci d'être venu.

On m'a prévenu en fin de matinée.

J'ai pensé...

Si t'as peur de rester seul,
tu peux toujours venir à la maison.

C'est gentil, mais je crois
que je vais partir d'ici.

T'es gentil.

Oui. On verra.

Je sais pas s'ils peuvent
te laisser partir.

Ça va mieux, on dirait.

Il peut rester seul, cette nuit ?

Non. Je vais l'emmener chez moi.

Vous me tiendrez compagnie.
On fera une partie de dames.

Du vivant de ma femme,
nous jouions.

Je préfère les échecs,
mais elle trouvait ça compliqué.

Les échecs
sont évidemment tellement complexes

qu'on perd vite l'illusion
de dominer. Tandis que les dames...

- "Les dames" ?
- C'est dans le domaine du possible.

Difficile, mais possible.

- Vous êtes au courant pour moi ?
- Oui.

Le commissaire m'a expliqué
la disparition de Patrick

et le suicide de votre petite amie.

Il m'a dit que vous étiez dangereux.

Vous le croyez ?

Pas aux dames, en tout cas.

Vous devez prendre.

Oui.

Vous avez gagné.

Sans gloire.

Mon jeune ami, sachez que même si
vous avez tué votre rival,

même si vous êtes un être morbide
au point de pousser au suicide,

cela ne change absolument rien
pour moi.

Pour moi, maintenant,
depuis 3 ans,

depuis que ma femme a disparu,

la vie et la mort ont exactement
les mêmes caractéristiques.

Et présentent le même intérêt.

Ou la même absence d'intérêt.

Allez vous coucher si vous
ne voulez pas être en mauvaise forme.

Oui. Vous avez raison.

- Je peux prendre une cigarette ?
- Oui.

- Gardez le paquet.
- Merci.

Bonsoir, docteur.

Merci de votre gentillesse.

C'est pas de la gentillesse,
mais de l'humanité.

Bonsoir.

Forestier ?

Vous n'êtes pas le plus malheureux
dans cette histoire.

- Où est-il ?
- Au placard, patron.

Allez me le chercher.

Salaud !

Le toubib ?

Toujours dans le coma.
Ils ne sont pas optimistes.

Qui est "optimiste" de nos jours ?

Asseyez-vous. Moi, je reste debout,
sinon, je vais m'endormir.

Vous venez m'emmerder
même la nuit, maintenant ?

Qu'est-ce qui s'est passé ?

J'ai entendu une détonation,
le Dr était au pied de l'escalier.

Et je vous ai appelé.

Il est tombé dans l'escalier.
Fracture du crâne. Vous avez entendu.

C'est Soulages qui a tiré.
Je ne sais pas comment il a fait.

Ce type est complètement cinglé !

- Mais vous croyez qu'il est mort.
- Ça ne marche plus, le mort.

Le dentiste dit que Soulages
a des dents magnifiques,

et le noyé a de vieux chicots.

Mais ne vous réjouissez pas.

Ça ne prouve pas
que Soulages est vivant.

De toute façon, vous comprendrez
qu'il m'est difficile

de vous laisser à l'air libre.

- Vous allez m'arrêter ?
- Il y a des chances, oui.

Ne serait-ce que pour passer
des nuits tranquilles.

Vous faites comme vous l'entendez.

Vous êtes un drôle d'oiseau.

Je suis...

Je suis désespéré.

Les paramètres de l'existence
sont bien compliqués.

Vous m'excusez quelques instants.

Je vais vous laisser rentrer.

- Ça ne vous dérange pas ?
- Qu'est-ce qui se passe ?

Rien qui puisse vous inquiéter.

Eh oui !
J'ai d'un autre oiseau à m'occuper.

Tu t'attendais pas à me voir, hein !

Je vais te faire aller
là où tu mérites.

Espèce d'assassin !
Tu as tué la femme que j'aime.

Tu détruis tout ce que tu touches,
salaud !

Je te crache à la gueule, moi !

- Calme-toi.
- Salaud !

Jeune homme !

Calme-toi, calme-toi.

Ça se passe ici.

Alors, Soulages,
qu'est-ce qui vous a fait sortir ?

J'en pouvais plus...

de voir ce salaud en liberté.

Vous voulez un café ?
On va se prendre un café.

Oui, je l'ai attaqué.
Je peux pas dire le contraire.

Mais il l'avait bien cherché.

Il a eu le dessus...

et il a essayé de me tuer.
Ça, c'est vrai.

C'est alors que je me suis dit :

"S'il a voulu me tuer,
je vais lui faire croire."

- Vous aviez tout combiné ?
- Ah non. Rien "combiné".

Je peux pas l'expliquer.
J'étais... complètement inconscient.

Vous l'êtes encore,
j'ai l'impression.

Vous voulez pas croire
que c'est une ordure.

Après, vous vous êtes caché
dans un motel parisien ?

Oui.
C'est Mme Forestier qui m'a aidé.

Puis elle m'a donné de l'argent.

L'ex-Mme Forestier.
Je l'ai eue au téléphone.

Elle dit que cet argent était un prêt

sous condition
que vous rentriez à Vichy

et que vous veniez au commissariat.

C'est quoi, cette histoire ?
Elle a posé aucune condition.

Elle a même couché avec moi.
2 fois.

- Elle vous voit comme petite frappe.
- Quel culot !

Elle est venue me chercher.
Elle porte pas de culotte.

Du calme. Buvez un peu de café.

Par votre faute,
quelqu'un est à l'hôpital

dans un état très grave :
le Dr Lardy.

Je connais pas.

- Vous savez ce que vous risquez ?
- J'ai pas tiré sur un médecin.

Vous ne savez pas sur qui vous tirez.

Je ne sais pas si vous le savez,
mais vous n'avez pas le droit.

Alors moi, je vous enchriste.
Ça vous calmera.

Papa, j'ai rien fait de mal.
Je te jure.

Ta mère t'envoie ça.

Pouvez-vous lui faire passer ça ?

Ce sont des chocolats.

Papa, ne me laisse pas tomber.

Je suis pas ici
pour te laisser tomber.

Mais qu'est-ce que tu as fait ?
Qu'est-ce qui t'a pris ?

Je ne peux plus rien avaler.

J'ai passé ma vie à te décevoir.

- Les études...
- Il ne s'agit pas de ça !

Ça doit être affreux
d'avoir un fils en prison...

avec ta situation.

Oui. C'est pas agréable.

J'ai rien fait de mal.
Va voir le juge. Tu le connais.

Oui, je le connais.
C'est lui qui m'a prévenu.

Je demande juste
la liberté provisoire.

Je veux prouver que c'est Forestier
qui a tout combiné.

Tu te rends compte
ce que c'est que ce type ?

Il a tué la femme que j'aimais
et il m'envoie en prison.

Et ces coups de feu ?

Je sais... Essaie de comprendre.

Je voulais pas
qu'il s'en tire comme ça.

J'étais malheureux.

Je me sentais coupable
si je ne faisais rien.

Puis il a essayé de me tuer.

Pourquoi ne pas aller voir la police
au lieu de disparaître ?

Tu réalises
dans quel état est ta mère ?

Je sais.

J'étais fou.
Je pouvais plus réfléchir.

J'étais tellement malheureux.

Pauvre garçon.

J'espère que ça te servira de leçon.

Véronique, j'ai obtenu
la liberté provisoire.

- Quand ça ?
- Ce matin. J'ai fait vite, non ?

Le juge est un ami de mon père.

Il n'y a pas de problème.

Tu as été raconter des conneries
à la police !

- Toi aussi !
- Pourquoi tu es allé les voir ?

- T'es malade !
- Oui. Je sais. C'est idiot.

J'ai eu un coup de cafard.

Tu avais pas besoin de leur dire ça.

Marcello a mis les voiles.

Sans blague.

Ça m'étonne pas, c'est un dégonflé.

Je t'interdis de le juger.
Avec le pognon qu'il a...

Que veux-tu que j'y fasse ?

Je veux quelque chose de très précis.

Je veux que tu ailles à Vichy,
à la police,

et que tu retires
ce que tu as raconté sur moi.

Je ne veux pas qu'on parle de moi.

Non, Véronique. Pas question.

Ça, je n'irai pas.

Je n'aime pas les menaces,

mais tu ferais mieux d'y aller.

Mais j'ai dit la vérité !

Tu sais,
j'ai passé 2 jours en prison.

Je veux plus y mettre les pieds.

Patrick, je vais t'apprendre
quelque chose :

les vengeances de femmes
sont terribles.

Quoi ? Tu cherches à me faire peur ?

C'est au-dessus de mes forces.

Bon. Tu vas l'écrire.

D'abord, la date.

Ensuite :
"Monsieur le commissaire."

"Il est faux

"que j'ai couché...

"avec Mme Forestier à Paris."

"L'argent qu'elle m'a prêté..."

Un seul "e" à "prêté".

"... était destiné
à mon retour à Vichy."

Voilà. Et tu signes.

Bon.

Eh ben, ça s'arrose.

Tu sais, si le docteur meurt,
ils vont m'inculper à nouveau.

C'est possible ?

Pas si tu meurs avant.

Non, mais je plaisante.
Je plaisante !

Je ne comprends pas ce qui m'arrive.

J'ai l'impression d'avoir le vertige.

D'avoir perpétuellement le vertige.

Il reste 4 bouteilles.
C'est le champagne de Marcello.

Tu m'as joué
un beau tour de salaud, tout de même.

Je pouvais pas prévoir
qu'il allait foutre le camp.

Robert, Marcello...
Tu les choisis un peu...

un peu...

"Un peu" quoi, mon chou ?

Je trouve pas le mot.

T'as pas du whisky, plutôt ?

Un peu velléitaires, c'est ça ?

Ouais, c'est ça. Un peu mous.

- Et toi, tu n'es pas comme ça ?
- Non.

Moi non plus.

Tu sais ce que j'aimerais ?

J'aimerais qu'on aille à Vichy
ensemble.

Tous les deux.

Pour voir Robert.

On règle tout,
une bonne fois pour toutes.

Ce serait rigolo, non ?

Coucou !

Quelle surprise, hein ?

- Salut, mon pote.
- Ne le tape pas comme ça.

Hé, Forestier ! Tiens !

- Forestier, sale con !
- Mon choupinet.

Ça fait longtemps
qu'on ne s'est pas vus.

J'avais envie
d'avoir de tes nouvelles.

C'est con, hein, Forestier ?

Il est complètement cinglé !

Il a l'impression que tu l'as vaincu.

- C'est rigolo, hein ?
- C'est fini, oui !

- Il est dingue avec la vaisselle.
- Attrape !

Vous perdez votre temps.

Youpi ! Oui ! Olé !

Elles sont pas à moi !

Téléphone ! Téléphone !

Hé, Forestier ! Tête de merde !

Allô ?

Oui. Je vous le passe.

Robert, c'est une femme !

Merci d'avoir appelé.

Mauvaise nouvelle ?

Le docteur est mort.

Le docteur est mort.

Lâche ce couteau.

J'ai horreur des bagarres de voyou.

Je veux un vrai combat.

Vous mentez, salaud.
Il n'est pas mort, hein ?

- Téléphonez à l'hôpital.
- C'est toi qui l'as tué.

Bon. Ça suffit, maintenant.

Ça suffit ! Lâche-moi ce couteau !

Mon Dieu !

Fais quelque chose.

Allô, Jacques ?

Il faut appeler un médecin très vite
et l'envoyer chez moi.

Tout de suite.

N'y touche pas.

N'y touche pas.

Adaptation : Eclair Group