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Madame, votre fils amènera une invitée.

- Une invitée ?
- Une amie à lui.

Voyons... Gratieni et son épouse, ici.

Betta et Gregorio...

Je dirais... ici,

entre Edo et Delfina.

Il vaut mieux la placer à côté d'Edoardo,
elle ne connaît personne, ici.

- Edo est rentré ?
- Pas encore.

- Et la course ?
- Il a fini deuxième.

Deuxième ?
La neige, l'anniversaire de grand-père

et Edo qui perd une course...
Ça en fait des péripéties en un seul jour !

Pourvu qu'on échappe au plat d'Edo.
Tu n'es pas de mon avis, Betta ?

Ta sœur est d'humeur morose.

Qu'est-ce qu'il y a pour le
petit-déjeuner ? Merci, Ida.

Il rentre bien tard.

Cette fille doit vraiment lui plaire.
Salut, Anita.

- Bonjour, Ida.
- Bonjour, Edoardo.

- Liliana.
- Bonjour, monsieur Edoardo.

Te voilà !

Merci, maman.
Il ne manque plus que le safran.

Qui c'est ?
Il faudra être gentille, elle est timide.

Elle s'appelle Eva.
Ida est jalouse.

Couvre-toi, mon amour. Il fait froid.

Edo a perdu la course.
Il aura plus de temps pour travailler.

Bonjour, madame. Monsieur.

- Comment allez-vous, Ida ?
- Bien. Et vous ?

- On fait aller.
- Vous avez l'air en forme.

Très chère Ida !

Joyeux anniversaire.

- Bonjour.
- Comment vas-tu ?

Très bien, madame. Et vous ?
On a connu des jours meilleurs.

Regarde toutes ces photos.
C'était encore des enfants.

Ils ont bien grandi !

Grand-père !

- Ma chérie ! Comment vas-tu ?
- Bien.

- Et moi, alors ?
- Joyeux anniversaire.

Ils sont arrivés.

- Tu es rentré quand ?
- Assez tard.

Tu as perdu contre Gregorio ?
Non, je ne le connais pas.

Mais on est arrivés ex aequo.
Tu aurais dû contester

la décision de l'arbitre.
Il méritait de gagner.

Ce matin, j'ai discuté avec ton frère.
Il ne manquait que toi.

Grand-père est de très bonne humeur.
Qui est cette Eva ?

Une Ugolini, du côté pauvre.
Gianluca, comme tu es snob !

Pire que ton père.
Et que ta grand-mère !

Joyeux anniversaire.
Edoardo, comment vas-tu ?

Ça m'a toujours étonnée
que Tancredi l'ait offert à Emma

en cadeau de mariage.
C'est si austère.

Comment tu t'es débrouillé
pour perdre la course ?

C'était un coup monté.

Ils lui ont mis des bâtons dans les roues.

Je suis tombé sur plus fort que moi.

- Les Recchi sont imbattables.
- Exact.

Le docteur dit de ne pas s'inquiéter.

Il lutte de toutes ses forces
et son cœur réagit bien.

Il a fait son choix.

Je suis ravi que tu aies perdu la course.

À présent, tu ne pourras plus
avoir aucune distraction.

J'aimerais rencontrer Herzog et de Meuron,
les auteurs de la Tate Gallery.

La Tate Gallery ?
On pourrait leur fournir les tissus

pour leur prochain projet.

- C'est beaucoup de travail.
- Tu en es sûr ?

Madame, vous êtes magnifique !

Ils pourraient aller
dans notre appartement de Rome.

- Comment ça se passe ?
- Bien.

Tout va bien ? Besoin de quelque chose ?

Betta, Eva travaille
dans la librairie du corso Magenta.

Près de chez les grands-parents ?

- Je ne t'ai jamais vue.
- C'est récent.

Je suis au rayon art.

- Où est Pierluigi ?
- Il arrive.

Encore l'oukha !

Y en a marre, du plat d'Edo !

C'est fantastique. Ton sur ton.

Exactement.

Mieux vaut "ton sur ton" que "con sur con".

Eva, racontez-nous la course.
Vous y étiez, n'est-ce pas ?

Edo a été battu par un cuisinier.

- Vous le connaissez ?
- Non.

Mais ma famille possède l'immeuble.

Battu par un cuisinier ?

Ce n'est pas juste,

- Edo a gagné.
- Si vous le dites...

On y va !

- Je peux la voir ?
- Avec les autres.

Allons-y.

Une minute d'attention, mes amis.
Les peintures de ma petite-fille

trônent toutes sur mes murs.

Quand elle sera célèbre,

je ferai payer un droit d'entrée
pour les admirer.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

Je l'ai prise au jardin Hanbury.
Tu m'y avais emmenée.

J'ai envie de me mettre à la photo.

J'aime beaucoup. Elle est belle.
Très intéressante, oui.

Elle me plaît aussi, évidemment.

Mais je n'aime pas le changement.

Elle est jolie, mais à mon avis,
il ne l'aime pas du tout.

Tu me dois encore une œuvre.

Approche.

C'est magnifique, ma chérie.
Sincèrement.

C'est pour toi.

Joyeux anniversaire !

Mes chers amis,

je ne veux pas mourir.

Et je ne mourrai pas

tant que l'entreprise avancera

avec le même esprit qui m'a animé

lorsque je l'ai créée.

La fortune de notre famille

repose sur l'usine.
Chaque brique, chaque homme,

chaque étoffe

est le témoignage
de ce que nous avons été.

Nous avons imprimé notre nom
dans l'histoire de notre nation

lorsque, pendant et après la guerre,
nous avons su répondre aux besoins

grâce à l'activité soutenue de notre usine.

L'entreprise est née Recchi
et restera toujours Recchi.

Le moment est venu

de me retirer

et de désigner mon successeur.

Mon fils n'a jamais failli aux attentes
que j'avais placées en lui.

Je l'ai su dès le jour
où je l'ai pris dans mes bras.

Merci, Tancredi,
d'avoir été le fils que je désirais

et d'avoir fondé une famille
aussi merveilleuse.

Je vois dans tes enfants les qualités
qui les mèneront

vers une vie aussi intense

et riche de satisfactions que la mienne.

Mon petit-fils a choisi cette journée
pour rompre avec la tradition athlétique

de la famille.

Donc...

j'ai décidé de tout laisser

entre tes mains, Tancredi...

et entre celles de ton fils Edoardo.

Il faudra deux hommes

pour me remplacer.

Levons nos verres à Tancredi
et à Edoardo.

Aux Recchi !

Par ici, vainqueur.

Va à la cave

et rapporte deux bouteilles de 1949.

Vous désirez ?
J'ai un paquet pour Edoardo Recchi.

- Je m'en occupe.
- Je préfère lui donner.

- Votre nom ?
- Antonio Biscaglia.

- Un instant.
- Merci.

Je vous en prie.

Suivez le chemin jusqu'à l'entrée.

Félicitations !

Laisse, je m'en occupe.

Qu'est-ce que tu fais là ?

Betta, regarde.
C'est le cuisinier qui a battu Edo.

Ne reste pas dans le froid.

Je voulais t'apporter un cadeau.

Un cadeau ?

Pour moi ?

Je vois ! Tu doutes de ta victoire !

- Tu t'es bien battu.
- Entre.

C'est une soirée spéciale pour ma famille.
Je ne préfère pas.

- Merci.
- Comme tu veux.

Je t'ai fait un gâteau.
Tu sais, je suis cuistot.

Maman, viens, tu dois voir quelque chose.

Je te présente Antonio.

Regarde ce qu'il a fait pour moi.

Un vrai chef-d'œuvre !

C'est Antonio qui m'a battu.
Du coup, il n'ose pas rester.

- Entrez, je vous en prie.
- Non, merci.

- Tu vas te coucher ?
- Oui, mon chéri.

Où est passé Edo ?

Je lui avais demandé quelque chose.

Je porte ça à grand-père.

Ne le laisse pas partir.

- Il faut le mettre au frais ?
- Peu importe.

Faites comme chez vous.

QUELQUES MOIS PLUS TARD

Bonjour, Simona.
Mme Recchi, comment va Edo ?

Bien. Merci.

- Vous ne prenez que le blazer ?
- Exactement.

J'ai pu le récupérer.

Toutes les taches sont parties.
Parfait.

Voilà pour vous. Attendez !

J'ai trouvé ceci.
Il a failli passer à la machine.

Je l'ai sauvé de peu.

- Bonne journée.
- Au revoir.

"Être deux, c'est beau comme être seuls."

"On doit décider si on
veut être courageux."

Ça vient d'une chanson
qu'une amie m'a fait écouter.

Celle sur la photo. Elle
s'appelle Angaharad.

Edo, je ne peux me confier qu'à toi.

Tu es le seul à m'aimer comme je suis.

Je suis sortie avec une fille.

Gregorio continue de m'appeler,

il fait semblant de ne pas comprendre.

C'est peut-être vrai.

J'ignore si je la reverrai,
mais c'était magnifique.

Ce n'est pas elle que j'aime.
J'aime Angaharad.

Je ne sais même pas
si elle aime les filles.

Mais peu importe !
Aujourd'hui, je l'ai fait rire.

Antonio !

- Salut !
- T'es venu, finalement.

Tu m'avais parlé d'une belle vue,

mais on ne voit rien.

Tu avais raison. On se sent bien, ici.

C'est un peu paumé, non ?
Juste à deux heures de voiture.

C'est vrai.

J'organise une fête

pour l'anniversaire d'Eva.
Je veux lui demander de m'épouser.

- Tu n'as rien à dire ?
- Félicitations.

Haut les cœurs ! Je me marie.

Je suis content pour toi.
Allez, on trinque.

Félicitations !

Goûte ça.

Aubergine et sureau.
J'ai extrait l'essence des fleurs.

Si je sers ça au resto,
mon père me prendra la tête.

Il n'essaie pas de
comprendre ce que je fais.

C'est le fric qui l'intéresse.

Imagine un restaurant juste là. Il
faudrait monter ici pour goûter mes plats.

L'essence des saveurs... Simplement.

Fais-le !

Tout est à lui. Il n'acceptera jamais.
T'as essayé de lui en parler ?

"C'est insensé.
Tu as la folie des grandeurs."

"Personne ne viendrait..."

- Je le convaincrai.
- Si c'était si simple...

Viens m'aider.
Tu as vu comme tu te ramollis ?

Tu m'as attiré ici pour me faire bosser ?

Quelle bonne surprise ! Comment
allez-vous ? Bien. Merci, madame.

- Comment allez-vous ?
- Bien, Rachele.

Je suis ravie que vous soyez restée.
Moi aussi.

Elle est tendue,
même si elle a gagné à la loterie.

Un petit pactole au tirage de Turin.

- Et toi ?
- Je lui tiens compagnie.

Ça ne lui suffisait pas

de venir à l'enterrement.
Il fallait qu'elle écrive

qu'elle partageait ma douleur.
Partager quoi ? Mon mari n'était qu'à moi !

Ce qui s'est passé sans moi

n'a aucune importance.

- Emma !
- Andrea.

C'est une vraie furie.
Je file. J'ai un rendez-vous téléphonique.

Merci, Emma.
Hier, Tancredi m'a appelée de Londres.

Il prend des décisions importantes.

J'avais l'impression d'entendre son père.
Avec l'âge, il lui ressemble de plus en plus.

Et Elisabetta... Pas un coup de fil.
Qu'est-ce qu'elle fabrique ?

Elle adore son école.

Ses études lui prennent beaucoup de temps.

Elle voulait venir pour la fête.

- Elle te plaît ?
- Qui ?

L'amie d'Edo, la fille Ugolini.
Eva ? C'est une gentille fille.

Il a l'air heureux avec elle.

Je ne sauterais pas de joie
s'il nous faisait une annonce.

Ce mariage serait une aubaine
pour elle et sa famille.

Un mariage...

Trente-six au tirage de Milan, pas vrai ?

Il faut maintenir les traditions.
Offre-lui de ma part.

Gino, mets ça au centre.

Quel remue-ménage !
On a presque fini.

Le cuisinier s'y est mis
il y a deux heures.

Qu'est-ce que tu fais là ?

C'est Antonio. Vous vous êtes vus
à l'anniversaire de grand-père.

- Bonjour.
- Bonjour, madame.

Pardon.
Il a réussi à me séduire avec sa cuisine.

Vous avez fait tout ça tout seul ?
Franco me donne un coup de main.

Une salade russe.

Tu devrais essayer.
Je ne saurais pas m'y prendre.

C'est une cuisinière hors pair.
Lancez-vous. Ce n'est pas difficile.

- Ça a l'air dangereux.
- Pas du tout.

Allez-y d'une main ferme.

Plus bas. Je vais vous aider.

Tout autour. Voilà.

- Salut, Franco.
- Bonjour.

- Parfait, pas vrai ?
- Parfait !

Parfait.

Kitiesch !

Iphigénie à la Scala...
Mozart...

Tu dormais ?

Tu as bien raison.
Tu n'auras pas la paix, cette nuit.

Ça te manque ?

De temps en temps.

Tu sais, maman,
il se passe de grandes choses, là-bas.

Mon chéri...

Comment se déroule la fête ?
À merveille.

Vous êtes fatiguée ?

Non, on en a vu d'autres.
Et Edo est tellement content.

Asseyez-vous une minute.
Racontez-moi ce qui se passe.

Edo n'a pas quitté Eva.
Il ne s'est éloigné d'elle

que pour traîner son ami

loin de ses fourneaux.
Il l'estime énormément.

Heureusement que M. Tancredi est à Londres.
Il n'apprécie pas ce genre de soirée.

Te voilà, enfin !

Je tire les rideaux ?

Vous avez vu ce que vous a mitonné
l'ami de votre fils ?

La fête a coûté plus cher que prévu.
C'était une soirée très réussie.

Edo était aux anges.
Dommage que tu étais absent.

Tu crois qu'il veut l'épouser ?
Ta mère en est convaincue.

Elisabetta aussi.

Comment tu l'as trouvée ?
Plutôt bien, mais un peu morose.

Je crois qu'elle va renouer avec Gregorio.
Elle m'a dit que t'allais la chercher demain.

Oui. Après le déjeuner, avec Rori.
Je reconnais que j'avais tort.

Londres était une très bonne idée.

Elle aime vivre là-bas.
Je l'ai trouvée très motivée.

Je ne pense pas
qu'elle se remettra avec Gregorio.

Elle n'est pas amoureuse.

Tenez.

Qu'est-ce que ça signifie ?

Que pense Edo de la vente ?
Il finira par se faire une raison.

Il ne faut pas s'accrocher au passé.
D'après Gianluca,

vendre est la seule option sensée.

Et son idée du restaurant,

- qu'en dis-tu ?
- C'est son argent !

Tu connais mon avis sur le choix de mon
père. Edoardo n'était pas encore prêt

pour décider des affaires de l'entreprise.
Il a encore largement besoin

d'être aiguillé.

La maman d'Edo a confirmé
pour trois personnes à 13h.

Oui, je suis au courant.

- Elle est comment ?
- Qui ?

Mme Recchi.
Elle est gentille ?

Oui, très.

Le siphon, s'il te plaît.

Tu as facturé combien pour la fête ?
Je lui en ai fait cadeau.

Morue à la livournaise.

Il l'accepte sur la carte.

On a fini par y arriver.

Riesling Altenberg de Bergheim 1995.
Excellent.

La première fois que mon fils
m'a parlé d'Emma,

j'étais à la Scala pour la Saint-Ambroise.
Tu étais encore en Russie.

Tancredi m'a dit :

"J'épouse une femme plus belle que toi."

Évidemment, je ne l'ai pas cru.

Aux femmes des Recchi !

On a bien fait de venir ici.
Edo a raison de croire en son ami.

Il est très doué.

J'ai peur qu'ils s'emballent un peu.
Ouvrir ce restaurant

me semble prématuré.
Quand on est enthousiaste,

on n'a pas toujours les idées claires.
Edoardo est un homme sérieux.

Il sait ce qu'il fait.

Jaunes d'œufs marinés,

crème de petits pois et fleurs de
courgette. Écrevisses, galettes de légumes

et sauce aigre-douce.

Marinière de poissons et légumes croquants.
Bonne continuation.

Où aimerais-tu vivre ?

Londres me plairait bien...

Je pourrais travailler
dans un cabinet d'avocat...

Bonjour, mesdames.
Voici Rori, la grand-mère d'Edo.

Tu connais déjà Emma.

- Comment allez-vous ?
- C'est un délice.

On m'a parlé de votre projet.
Je serais ravie de vous conseiller

sur la décoration.
Merci, madame.

Et merci d'être venues.

Elles avaient l'air contentes.
Je crois, oui.

J'ai fait des écrevisses à ta mère.

Je sais que mon père n'écoute que toi,
mais je veux essayer de lui en parler.

Rori, tu m'attends un instant ?

Je vous dérange ? Je dois vous remercier.
Vous êtes incroyable.

Le risotto, les écrevisses, les légumes...
Tout était succulent.

Je fais pousser les légumes.

Vraiment ? Où ça ?
À côté de San Remo, dans la campagne.

Là où on veut ouvrir le restaurant.
Comment faites-vous

sans être sur place ?

- Laisse, je vais le faire.
- Bonjour, madame.

J'y vais le jeudi après la fermeture.
J'ai le temps, entre deux services.

- À bientôt.
- Ce serait un plaisir.

J'arrive.

Maman ! Grand-mère !

Je suis si heureuse !

- Tu as fait bon voyage ?
- Oui.

- Comment vas-tu ?
- Très bien.

Betta !

Pourquoi tu es venu ?
Comment ? Qu'est-ce que tu as fait ?

- Au revoir, Gregorio.
- Quoi ?

On y va ?

J'étais déçue de rater la fête d'Eva.

Edo adore Antonio, pas vrai ?
Il m'a parlé du restaurant.

Il veut que je passe à San Remo avant Nice.
Pour ton exposition ?

Je peux t'avouer quelque chose ?
Bien sûr.

C'est pour elle que j'ai quitté Gregorio.

Ce n'est pas juste un béguin. Je le sais.

Elle te plaît ?
Elle est belle.

Très belle.

Je ne veux pas en parler à papa.
Ni à Gianluca. Ils ne comprendraient pas.

Elle est magnifique sur celle-là.

Si tu venais à Nice ?

- Peut-être...
- On serait un peu ensemble.

Puis-je vous offrir un verre ?

Puis-je vous offrir un verre ?

Si tu venais à Nice avec moi ?
On ira à l'expo ensemble.

On va à San Remo, puis direction Nice.

Si tu venais à Nice ?
Qu'est-ce que tu feras à Londres ?

Je fais pousser les légumes.
À côté de San Remo.

Elle s'appelle Angaharad.
C'est ma prof.

Il ne faut pas s'accrocher au passé.

- Les choses changent.
- Tu vas faire quoi ?

Edoardo finira par comprendre.
La Russie te manque ?

Là où on veut ouvrir le restaurant.
Il se passe de grandes choses.

À San Remo.

Edo, mon chéri...
Je ne suis pas en ville.

J'ai décidé d'aller à Nice voir Betta.

Non, ne lui dis rien.

Je t'appelle plus tard.

- Je suis à vous dans une minute.
- Merci.

Mme Recchi ?
Qu'est-ce que vous faites là ?

Je vais rejoindre Betta.

L'expo de Nice ? Edo m'en a parlé.
Et vous ?

C'est le jour de fermeture.
Ah, oui ! Le jeudi...

La campagne, les légumes...
Si vous n'êtes pas trop pressée,

accompagnez-moi.

Ce n'est qu'un petit détour. Vous
verrez où on veut ouvrir le restaurant.

Edo vient parfois, vous savez ?

D'accord...
Ma camionnette est par là.

Vous êtes né ici ?
Moi, non. Mais mon père, oui.

Ma famille possédait ces terres.
J'ai commencé la cuisine ici.

J'adore cuisiner,
mais je n'ai pas votre niveau.

Pas d'après Edo. Il parle souvent de vous.
Et vice-versa.

Il sera content que vous soyez venue.

Promenez-vous un peu.
Je vous rejoins plus tard.

Quelle bonne odeur !

J'ai préparé une soupe d'épeautre.

Si vous dîniez avec moi, ce soir ?

La maison me semble tellement vide.

Je vous remercie...
mais j'ai mes habitudes.

On peut les changer.

Votre fils a téléphoné.
Que voulait-il ?

Savoir si vous passeriez
lui dire au revoir,

avant son départ.

On se retrouve dans une demi-heure.

Ça va, Eva ?

On a renvoyé trop d'ouvriers.
On avait des responsabilités envers eux.

Pense à leur famille.
Grand-père aurait été contre.

Il aurait fait pareil.
Il agissait pour le bien de l'entreprise.

Ce n'est pas vrai !
Notre nom, les traditions

et les valeurs passaient avant.

Tenez.
Ne sois pas hypocrite.

Tu sais pertinemment que c'est faux.
Il ne s'est pas gêné

pour traiter avec le régime.
Puis il a fait comme si de rien n'était,

tout en exploitant des ouvriers juifs.
C'est nous, ça. Les Recchi sont comme ça.

On en reparlera à Londres.
Trop de choses sont faites à l'envers.

Ça me fait toujours plaisir de venir ici.
Je suis venu, quand j'étais gosse.

Juste dans cette salle.
On s'est assis avec les ouvriers.

Il aimait leur faire croire
qu'il était l'un d'eux.

Le temps passe, mon amour,
et les choses changent.

Maman, enfin !
C'est terminé, ici.

Tout part à Londres.
Tu passeras nous voir ?

C'est dommage.

Non, rien. Et toi, comment tu vas ?

Antonio ?

Edo...

Je voulais te les donner.

Ton père a signé.
Il cède la moitié du terrain

et nous autorise à ouvrir le restaurant.

Ça n'a pas l'air de te réjouir.

Je regarde les papiers
et on en parle à ton retour.

Si tu ne veux plus, dis-le.
Excuse-moi.

Tu me connais.
Je ne suis pas toujours à l'aise.

On organise un dîner.
Mon père veut que tu t'en charges.

C'est un repas d'affaires capital.

Ma mère t'expliquera tout.

Appelle, quand tu les as lus.

Tu aimes ce disque ?

Comment vas-tu ?

Bonjour. Un Chinotto, s'il vous plaît.

Alors, pour le dîner,

que dirais-tu

d'un menu ligurien ?

Tu l'as oublié dans la camionnette.

Edoardo m'a parlé du plat
que tu lui préparais.

Excessivement difficile, d'après lui.
L'oukha.

Pour ça, il faut une rivière

et quelqu'un qui a pêché
énormément de poissons

de beaucoup d'espèces différentes.

La chose la plus importante,

c'est que le bouillon, à la fin,

soit transparent.

On doit pouvoir voir à travers.

En arrivant à Milan,
j'ai cessé d'être russe.

Pour moi, tout était excessif :
les rues, les magasins...

J'ai dû apprendre à être italienne.

Tancredi était collectionneur d'art, il
venait en Russie pour trouver des trésors.

Mon père était restaurateur.
Tancredi venait manger chez nous.

Un jour, il m'a invitée à sortir.
Il était timide, doux.

On ne pouvait pas se montrer en public.

On a tourné en taxi jusqu'à l'aube
et puis on a fait l'amour.

Il m'a emmenée à Milan. Depuis, je
ne suis plus retournée en Russie.

Quand j'avais le mal du pays, je cuisinais.
Un jour, j'ai fait une soupe

que ma grand-mère m'a apprise.
L'oukha.

Edoardo avait six ans.
Il l'a tellement aimée

qu'il en réclamait sans arrêt.

Il aime la Russie que je porte en moi.

Emma... Tu sais,
ce n'est pas mon vrai nom.

C'est Tancredi qui me l'a donné.

C'est quoi, ton vrai nom ?

Je l'ai oublié.

À la maison...

tout le monde m'appelle Kitiesch.

Répète : Kitiesch.

LONDRES

Nous sommes citoyens d'un monde immense.
Il faut l'améliorer.

La pauvreté et le désespoir
nourrissent le doute

et le fondamentalisme.
Tout comme l'inconscience

et l'avarice des spéculateurs.

Le but est de rendre le monde meilleur.

Et vous savez comment y parvenir.

Avec le textile, vous
avez créé de l'emploi.

C'était un développement.
L'éducation, la beauté...

l'espoir.

Le nouveau défi est
d'élever encore votre nom.

Nous sommes là pour une acquisition.

Mais j'ai une suggestion...

Vendez.

Vendre.

M. Kulbekian, je respecte votre opinion

et je vous remercie de vos compliments,
mais je dois vous interrompre.

L'entreprise n'est pas à vendre.
Vous avez peut-être raison, en théorie,

mais je vous parle de globalisation.

Réinvestir vos richesses

pour améliorer le monde.
Pensez à une fondation

portant le nom de votre grand-père.

Ne le mentionnez pas !
Vous ne savez pas de quoi vous parlez !

C'était un grand homme.

Mais il faut aller de l'avant.

Notre projet prévoit
un plan en quatre étapes.

De la vente
à une société financière.

Le marché immobilier de l'Est
en fait partie, non ?

Ça inclurait la Russie.

Qu'est-ce qu'il y a, Edo ?

Gianluca m'a amenée à l'Atlantic.

J'ai voulu me venger en le traînant
à un concert des Electrolane,

mais tu aurais dû le voir !
Entouré de lesbiennes surexcitées,

il sautait partout !

Betta, c'est fini. On vend tout.
On sera encore plus riches.

Approche.

Merci, Edo. Si ça n'avait pas été toi...
Ne me remercie pas.

C'est purement égoïste.

Si tu es heureuse, je me sens mieux.

Heureuse ?

Il ne faut pas prononcer ce mot,
il donne le cafard.

Et toi, pourquoi tu n'es pas heureux ?

Y a quelque chose qui te tracasse ?

- Tu la donneras à maman ?
- Bien sûr.

Ça te va bien, les cheveux courts.

Tu as parlé avec Edoardo ?
Quand on est revenus,

je l'ai trouvé plus détendu.
Il faut qu'on reste unis, c'est important.

Pardon, tu regardais...
Ne t'inquiète pas. J'ai sommeil.

Liliana ! Ils arrivent.

Va les aider.

Bonjour. Vous avez besoin d'aide ?
Volontiers, merci.

Tu as disparu sans dire un mot.

Deux jeunes gens prometteurs.
Puis-je vous présenter mon épouse ?

Ravie de vous connaître.

- M. Tavecchia.
- Enchantée.

- D'où venez-vous ?
- De Milan.

Ma femme, Emma.

- Bonsoir.
- C'est un plaisir.

Maman, je te présente Shai Kubelkian.

Bonsoir. Je m'appelle Rori.

- Beatrice Tavecchia.
- Bonsoir.

L'épouse d'Andrea.

Asseyez-vous, je vous en prie.

Vous avez une famille splendide.

On m'a dit que vous étiez russe.
Tancredi lui a dit que tu étais russe.

Je suis indien et américain,
et pas indien d'Amérique.

Je n'aurais jamais fait la confusion.
Ça s'est déjà produit.

Je suis souvent allé en Russie.
Vraiment ? Vous parlez russe ?

Non, mais je lis les Russes.
Gogol, Dostoïevski, Tolstoï.

Impressionnant.
Ils aimaient pas les femmes.

Je peux te parler ?

Je veux que tu sois heureux.
Je suis heureux. Grâce à toi.

À Antonio, à ma mère...
Et à lui... ou elle.

Veuillez m'excuser.

Edo sait que tu as préparé sa soupe ?
Il n'est pas au courant.

Ça va lui faire plaisir.

Vos fils sont remarquables.

Gianluca est une bénédiction.

Il est l'origine même de cet accord.

Il sait que le monde grandit

et qu'on doit le transformer.

Il faut juste changer
la vision qu'on en a.

Prenez la guerre.

Elle conduit au développement.

La richesse produite ici
peut être acheminée ailleurs.

Le capitalisme, c'est la démocratie.

La robe de ta mère...

Le capitalisme, c'est la démocratie.

Mon amour ?

Merci, maman.

J'y vais. Reste là.

Veuillez nous excuser.

C'est ça le tempérament russe !

Edo et sa mère...

Attends !

Arrête ! Attends-moi !

Écoute-moi, Edo !

Il faut qu'on parle !

Regarde-moi. Je suis là.
Je suis avec toi.

- Écoute...
- Tu mens.

Quoi ?

- Tu es devenue comme eux.
- Comment ?

Tu es comme Gianluca, papa et Antonio.
T'as tout pris et t'as offert notre oukha.

Je voulais te dire quelque chose
d'important. Tu n'es plus rien pour moi.

Je suis ici avec toi.

Ne me touche pas !

- Dr Antonelli.
- M. Recchi.

Je n'ai pas de bonnes nouvelles.
Votre fils a subi

un traumatisme crânien.
L'hématome comprimait son cerveau.

Nous avons donc dû l'enlever.

Mais la chute d'Edo a provoqué
une hémorragie plus profonde.

Il n'a jamais repris connaissance.

Je ne pense pas qu'il ait souffert.

Je suis navré.

Je vous conduis à lui.

Kitiesch !

Emma.

Madame...

Vous devez vous lever.

Seigneur Jésus-Christ,
Toi qui as reposé 3 jours dans le sépulcre,

Tu as illuminé de l'espérance
de la résurrection

la sépulture de ceux qui croient en Toi.
Fais que notre frère Edoardo

repose en paix
jusqu'au jour où Toi,

qui es la résurrection et la vie,
Tu feras resplendir sur lui

la lumière de Ton visage
et Tu l'appelleras à contempler

la gloire du paradis,
Toi qui vis et règnes

dans les siècles des siècles. Amen.

Donne-lui le repos éternel.

Que la lumière éternelle resplendisse
en lui. Repose en paix. Amen.

Tu ne me connais plus.

Mon amour, je t'en supplie,

nous ne devons pas perdre la tête.

Il faut qu'on essaie de s'en sortir...

ensemble.

J'aime Antonio.

Tu n'existes pas.

Madame !

Gianluca...

Rori...

Betta ?

Maman ?