All language subtitles for Amy.2015.1080p.BluRay.x264.[YTS.AG]

On n'est plus que trois, M. Alex Steele,
Mme Juliette Ashby, et Mme Amy...

J'ai bien dit Amy Winehouse.

Les autres sont partis.

Tu lèches ma sucette ? Vas-y.

- Personne va lécher ta sucette baveuse.
- Lèche !

C'est mon 14e anniversaire, ma fête.

Je chantais dans un petit groupe,
le NYJO.

J'avais environ 16 ans,

j'adorais le jazz.

Dinah Washington,

Sarah Vaughan,

Tony Bennett...

J'ai appris à chanter en écoutant Monk.

Surtout des solistes,
plus que des chanteurs.

Je me nourrissais de tout.

Chanter a toujours été important,

mais je ne me voyais pas
devenir chanteuse.

Pouvoir faire ce que je veux,

comme je veux, c'est une chance.

Je ne l'envisageais pas
comme une carrière.

Quelle est la date ?

D'aujourd'hui ?

- Le 24.
- Quoi ?

Janvier.

On est quel jour ?

Samedi.

Quelle année ?

Déjeuner !

J'avais 19 ans, j'étais stagiaire,

dans la société de promo
de Simon Fuller.

J'essayais de passer
pour un découvreur de talents,

mais j'étais carrément largué.

Mon ami Tyler était chanteur,

chez Nicky Shymansky.

Il lui dit : "J'ai une amie super,
qui chante jazz."

Nicky me propose un studio.

Moi : "Pour quoi ?"

Lui : "Si tu composes,
on peut produire un album."

J'ai dit : "Et toi, tu veux quoi ?"

Je suis moche.

6 mois plus tard
Studio de répétitions

- Toi, t'es beau.
- J'ai un menton énorme.

- Sacré menton.
- C'est à vie.

T'enregistres ?

Je suis là,

avec ma clope.

Pas belle à voir.

Une tête qui flotte,
je n'ai plus de cheveux.

Sur l'écran noir.

Voilà ma main.
Ça roule ?

On avait enregistré
pas mal de maquettes.

J'ai commencé à lui suggérer
de composer.

Elle n'écrivait pas de chansons,
mais beaucoup de poèmes.

Elle savait bien
que c'étaient des chansons.

C'était très personnel.

Je tire un trait, c'est mieux
L'épreuve est finie

Je veux me poser
Pas attendre ton coup de fil

Comme une corde sous mes doigts

Tu hurlerais

De m'entendre dire ça

Je n'écris que ce qui me touche
personnellement,

je ne peux raconter
que des histoires vécues.

Même si c'est un vécu triste,
je ne m'arrête pas à ça.

Il y a toujours une ouverture.

Je cherche des paroles originales.

Il me reste le goût

Des jours meilleurs

On m'a passé un CD.

Deux titres.

Sans gros potentiel commercial,

mais elles véhiculaient une émotion
qui m'a touché.

Quand un artiste a ça,
il y a souvent une histoire à la clé.

Il fallait oser.

Mon boss avait des réserves,

on s'engageait à donner
à une artiste sans label

près de 250 000 livres.

Sitôt signée chez l'éditeur,
j'ai pris un appart'.

J'attendais ça depuis l'âge de 13 ans.

Je voulais traîner,

écrire, la musique à fond,
fumer des joints.

Toute la journée, dès le réveil.

On fait pas ça chez sa maman.

On voulait partager un appart',

quitter nos parents.

Elle avait
des problèmes familiaux,

j'en avais d'autres.
Chacune était là pour l'autre.

C'était fou, on était des gamines,
meilleures potes,

et on avait notre appart'.

C'était idéal.
Juliette chantait, Amy aussi,

on se voyait tout le temps.

On allait voir des concerts avec Amy,

et quand elle s'est lancée,

c'était super, on était fières.

On est où, Amy ?

- À Brighton.
- Oui, mais dans quoi ?

Quelque part à... Regency Square.

Dans un taxi noir.
Ou blanc. Très beau.

Ce que je préfère, chez Nicky ?

Ses jambes.

Et mon autre truc préféré ?

Pas tes cheveux.

Avec elle, on pouvait se sentir
très important,

et l'instant d'après,

on ne valait rien.

Et ça recommençait.

Elle était comme ça,
elle vous mettait à l'aise,

pour mieux vous secouer.

Si j'arrangeais mes cheveux ?

Tu serais prêt à m'épouser.

Tu as Luke la main froide ?

Je l'ai vu récemment.

J'adore ce film.

C'est un bon film.

Tu peux gober 50 œufs ?

Y a des chances.

Sa première relation,
c'était avec un type plus âgé, Chris.

Elle en était folle.
Folle amoureuse.

Elle l'a écrit dans plusieurs chansons.

Et puis elle s'est lassée.

Elle en parlait beaucoup, elle écrivait.

Et Les Affranchis ?
"Karen !" J'adore cette scène.

C'est toi qui m'appelais Karen ?

Je lui ressemble ?

Un peu.

Tu aimes les hommes forts ?

Faudrait que tu sois
plus fort que moi

Tu as 7 ans
d'avance sur moi

Tu sais pas ?
L'homme, c'est toi

Pas une pâle copie

De ton image de moi

Toi, tu veux toujours
discuter

Moi pas

Je dois toujours te consoler

Quand je suis là

C'est justement ce que je veux

Ta caresse sur mes cheveux

J'ai oublié ce qu'un amour naissant
avait de si beau

Être ta dame

Et toi mon damoiseau

Faudrait que tu sois
plus fort que moi

Dans mon enfance, la musique du Top...

ce qui sortait à l'époque, pour moi,
ce n'était pas de la musique.

C'était édulcoré,

de la merde.

On te l'écrit, tu chantes.

C'est souvent pareil aujourd'hui.

J'ai commencé à écrire par défi,

pour voir ce qui sortirait.

Et aussi parce que
je n'avais rien à écouter.

J'étais nourrie des jazzmen,
des grands paroliers

comme James Taylor, Carole King.

J'avais le sentiment que rien de récent

ne me représentait, ne me parlait.

Alors j'ai commencé à écrire pour moi,

avec mon vécu.

Voici "I Heard Love Is Blind".

Je dois m'attacher les cheveux.

Ils m'énervent.

Quand elle est entrée,
c'était une force de la nature.

J'ai pensé : "Toi, t'as quelque chose.
S'il te plaît, sois bonne."

J'ai écrit ça à Miami,
avec un dénommé Salaam.

J'en suis assez fière.

Elle avait 18 ans.

Juive typique du nord de Londres,
assez rentre-dedans.

Plutôt farouche.

Elle dégageait un charisme certain.

Il était irrésistible

Des yeux comme les tiens

Ses cheveux, exactement

Dans ta nuance de brun

Moins grand que toi

Mais je ne le voyais pas

Il faisait nuit

Et j'étais allongée

Ses capacités poétiques et mélodiques

dénotaient une grande maturité
pour son jeune âge.

On a signé tout de suite.

Fais-moi confiance
C'est pas de l'infidélité

Je ne t'ai pas trompé

Je pensais

à toi

Oui, il te ressemblait

Mais, paraît-il
L'amour est

aveugle

L'album d'Amy, sorti hier,
se vend bien ?

Incroyablement, 800 exemplaires.

Je suis ruiné, j'en ai acheté 600.

La moitié de mes amis
l'ont acheté.

Faut que je relance
les autres bâtards.

Le coin du dodo.

Ça va l'énerver.

Amy,

explique-nous
à quoi sert ta cabane.

À dormir !

Un sourire, et on coupe la caméra.

Un rapide. D'une seconde.

Tu vas être célèbre comment ?

Pas du tout.

Ma musique ne se situe pas
sur cette échelle.

Parfois, je le regrette.

Mais ma célébrité,
je n'y crois pas une seconde.

Ça me dépasserait.

Ça me rendrait folle, probablement.

- On va où ?
- À Birmingham !

Pourquoi ?

On y va pour chanter des chansons.

Et faire ripaille.

Un coup de malade !

Nicky, c'était grandiose.
Un commentaire ?

On vend pas la peau de l'ours
avant de l'avoir tué.

T'es pas un ours.

Filme-moi.

C'est mon tour !

Je tourne le plan de la mort.

Elle s'en fout.

Y'a pas de lumière.

Filme pas mes boutons.

Quels boutons ?

Je t'adore.

Comment t'as su ?

Tu zoomes sur mes boutons, enfoiré !

- Mes cheveux, ça ira ?
- Bien.

Ils sont superbes.

Tu me le jures ?

Quelle chanson, pour ouvrir ?

Tu devrais commencer par...

J'adore ta petite casquette !
Trop mignonne !

Commence par...

Tu fais ça à l'image ?

- Vas-y, défonce-toi.
- Ta gueule.

Encore toi

C'est pas des retrouvailles

Tu me pardonneras

De détourner les yeux

Ton visage m'est connu

T'es pas pour autant le bienvenu

Dans mon lit

Vous pouvez vous présenter ?

Je m'appelle Amy Winehouse.
20 ans, chanteuse jazz.

J'ai écouté votre album,
qui semble très abouti.

Tout est en prise directe,
les instruments comme les voix ?

Tout est en direct, oui.

Les cuivres au synthé :
très peu pour moi.

Les faux violons sur "Take The Box",
c'était pas moi.

Jamais

je n'aurais plaqué des violons
sur mon album.

Le type qui mixait le morceau

l'a fait sans réfléchir.

J'ai quelques questions...

Pardon, ça fait aigrie... en colère.

Je supporte pas ce mec.

On n'avait pas eu de grande gueule
dans les médias depuis longtemps.

Elle pouvait être cassante,

quand elle s'ennuyait
ou se sentait mal comprise.

Il semble que si une femme se dévoile,

déverse tout sur un album,
c'est salutaire.

Dido, par exemple.
Elle s'est servie de son album

pour faire son ménage sentimental.

Vraiment ?

Oui, tout tournait autour de sa rupture,

de sa survie,

tout le côté
"ne pas couler avec le bateau".

Enfin, Dido c'est Dido, mais...

Une des chanteuses les plus brillantes

à percer ici depuis des années,

j'ai nommé Amy Winehouse.

Votre agent est celui de S Club 7,
des Spice Girls : Simon Fuller.

On a voulu vous faire entrer
dans le moule ?

Changer votre look,
votre façon d'être ?

On a voulu me remodeler en triangle.

J'ai dit "non".

En fait, j'ai mon style.

Et je compose mes chansons.

Quand quelqu'un a tout ça déjà,

il n'y a pas grand-chose à ajouter.

J'aime votre côté popu.

Je le suis aussi.

Enfin quelqu'un qui ne parle pas

comme un cours d'élocution.

On m'en a donné, mais...

- Ça n'entre pas ?
- Ça rebondit.

Je l'ai vu dès le début,

quand Amy se décidait, c'était décidé.

J'avais du mal à lui tenir tête.

Elle me disait :

"Maman, tu es trop laxiste envers moi.

"Tu me passes tout.

"Faut être plus sévère."

Je l'acceptais.

Je n'avais pas la force
de lui dire "stop".

Ma mère avait ses enfants,
qu'elle élevait seule.

Même là, mon père n'était pas là.

Il a raté les choses importantes.
Je ne parle pas de l'école.

Le soir,
quand on refusait d'aller se coucher,

mon père n'était pas là pour dire :
"Obéis à ta mère."

Ça a manqué.

Le boulot, il disait.

J'ai rencontré une autre femme
quand Amy avait 18 mois.

Une collaboratrice. On a eu une liaison.

Mais 8-9 ans ont passé
avant que je déménage.

J'ai été lâche.

Mais pour moi,
Amy s'en est remise assez vite.

J'étais toute souriante, bien disposée,

assez timide, jusqu'à l'âge de neuf ans.

À la séparation de mes parents,
j'ai pu m'habiller trash,

dire des gros mots, me maquiller...

Trop cool.

Un tatouage, des piercings partout...

Sécher les cours,
ramener mon mec...

Ma mère rentrait déjeuner,
me trouvait vautrée avec mon mec.

À l'adolescence, vers 13-14 ans,

on l'a fait consulter,
mise sous antidépresseurs.

J'étais sous Seroxat,

ça me rendait foutraque, soupe-au-lait.

La dépression, je ne connaissais pas.

Je me savais bizarre, à part.

C'est lié à la musique,
c'est pour ça que j'écris.

Je ne suis pas non plus à la ramasse.

Beaucoup de gens souffrent de dépression

mais n'ont pas d'exutoire.

C'est pas une heure de guitare
qui va les soulager.

Comprenez

Il a eu l'esprit de famille

Et jamais

Jamais
je n'échangerais ma place contre lui

Reproduire

Les saloperies
que ma mère a subies

Pas de résistances qui tienne

À ma destinée freudienne

Mon prétexte

Pour te piquer ton mec

L'histoire se répète

Et jamais ne s'arrête

L'instinct d'agression

Va me tordre le cou

Peu importe ce que tu as

Je prends le tout

Tout est bétonné dans ma tête

Escamoté sous la moquette

Et je repose la question

Pourquoi les hommes
sont ce qu'ils sont ?

Mon côté destructeur

Fait un kilomètre de largeur

Et je repose la question

Pourquoi les hommes
sont ce qu'ils sont ?

Amy me le répétait,

c'était son rêve,
de faire ce genre de concert.

En club,
avec un public restreint.

Elle avait un rapport très pur
à la musique.

Très émotionnel.

Elle en avait besoin,

comme d'une personne,
pour qui elle donnerait sa vie.

Je vous lis ça.

Prix Ivor Novello
des auteurs-compositeurs

Le prix est décerné...

à la chanson "Stronger Than Me",

de Amy Winehouse et Salaam Remi.

Faites du bruit !

C'est moi, je suis là.

Incroyable.

Merci, Salaam.

Il n'y a pas de photo,

mais Salaam est le producteur
le plus stimulant que j'aie connu.

Son talent ne se réduit pas
au sens du tempo,

mais à susciter l'expression.

Cette chanson, c'est ça.

J'ai laissé son esprit
s'exprimer en chansons.

J'ai compris d'entrée
que c'était une chanteuse de jazz.

Elle avait les attributs
d'une chanteuse de 65 ans,

d'une maîtrise totale.

J'ai dit : "Si t'es comme ça à 18 ans,

où tu en seras à 25 ?"

On est rejoints par Mos Def.

Merci de nous accorder ton temps.

On m'a dit qu'il se passait des trucs.

J'ai connu Amy en 2004.

J'étais en Angleterre.

J'adore le jazz,
j'aimais ce qu'elle faisait.

C'était unique, nerveux, sincère.

C'était ce que j'appréciais le plus.

Elle ne frimait pas, elle était vraie.

J'ai eu l'occasion de la rencontrer,

on a bien accroché.

Elle était si charmante...
J'étais séduit, j'avoue.

Elle était à fond, savait déconner,

tenait l'alcool comme personne,

n'avait pas peur de rouler un pète,
et avait un rire énorme.

Adorable, quoi.

T'as pas l'air trop à cran

sur ces choses-là.

Certains artistes arrivent en disant :
"Je me place.

"J'amène mon album au top,
je lance le second..." Pas toi ?

Je vise le prochain projet, c'est tout.

Je vois le succès différemment
qu'un label.

C'est quoi, pour toi ?

Le succès, c'est travailler
avec qui je choisis.

Pouvoir tout envoyer péter,

aller en studio quand je veux.

Mais tu as de nouvelles responsabilités.

Tu deviens une artiste en vue.

Alors soudain,

sans forcément être traquée,
tu auras des obligations à assumer,

pas toutes bienvenues.

C'est cool.

Mais plus on me verra, plus on verra
que je ne sais faire que de la musique.

Qu'on me laisse faire.

Je vais faire la musique,
il me faut du temps, c'est tout.

J'ai arrêté de travailler
en janvier 2005.

Du coup
- et j'étais censée écrire un album,

mais je n'avais rien qui me mobilisait -

je me laissais vivre,
4 h de billard par jour,

à me saouler,

me faire ramener en brouette...

S'installer à Camden : une joie.

Elle devenait propriétaire,
on était toutes ravies.

Elle adorait Camden.

Mais c'est là que les choses
ont commencé à changer.

On était le rock indé.

Gazelles, The Rakes,
Babyshambles...

Les groupes de Camden
revenaient en force.

À cette époque,

si ton groupe était sous contrat,

t'étais un enfoiré,

parce que

les mieux lookés, l'élite,

c'étaient les losers assumés.

The Libertines ?

J'y suis venue sur le tard,
un an après tout le monde.

Sérieux, ils nous ont rendus fiers
d'être britanniques.

À une époque, Londres, c'était eux.

Je tiens un club, le Trash,
avec mon pote Errol.

Il faisait l'entrée.

Blake tractait pour nous.

Beaucoup d'entre nous
ne se connaîtraient pas, sans le Trash.

On peut dire ça.

C'est ici que j'ai appris à emballer.

Il adorait les meufs.

Faire la fête, baiser...

Toujours dans un lit.

On s'est rencontrés
au pub Good Mixer, à Camden.

J'étais au bar, elle est entrée.

On a fait un billard,
on a changé de pub,

on a fini chez elle.

Elle avait quelqu'un, moi aussi.

Mais pour moi,
ce n'était pas de l'infidélité.

Elle était jeune, un peu coquine,

et j'étais pareil.

C'est Blake

qui m'a appris

que si on ne se lance pas,

on saura jamais ce qu'on a raté.

La vie est courte.

6 mois plus tard

Où tu en es ?
Frank est sorti l'an dernier.

Depuis, plus rien.

Alors, à quand le prochain single ?

Je n'y pense pas,
je suis sur le prochain album.

C'est la page blanche ?

Écrire, c'est difficile.

On peut pondre des quantités,
mais c'est rare d'en être fier.

Je fais ce que je peux.

Je l'ai convoquée.

Elle arrive en retard, avec Nicky.

Sacré personnage.

Elle m'appelait Oncle Lucian.
Je l'aimais beaucoup.

On avait un bon rapport,
alors c'était sans flatterie, à froid :

"Ça suffit, écris-moi un nouvel album.
Assez déconné.

"Frank, c'est du passé.

"Le monde va t'oublier."

Ça lui a pas plu.

Nick Shymansky.

Redresse-toi.

Ça va, mon chou ?

Bien, ma foi.

Et toi ?

Très bien.

Au milieu de tout ça, elle décide

de me faire quitter Nineteen
et Simon Fuller,

pour me consacrer à elle.

Elle n'aimait pas être associée
aux télé-crochets, aux Spice Girls...

Mais pour moi, à ce stade,
partir, c'était trahir.

Blake occupait une place
de plus en plus centrale.

Elle était toujours avec lui.

Elle n'allait nulle part sans lui.

On a passé l'été ensemble.

Elle disait qu'on était jumeaux.

C'était ça, notre relation.

Je me sabotais moi-même.

Et Amy faisait la même chose.

C'était peut-être notre nature.

Pourquoi couchait-elle autant ?

Pourquoi
avait-elle une sexualité d'homme ?

Ça dénote généralement un traumatisme,

peut-être sexuel.

Ça paraissait logique,
vu sa façon d'être.

Elle répondait :
"Je n'ai pas subi d'abus, c'est pas ça."

Son père avait quitté sa mère,

c'était ça, la cause.

Et aussi qu'elle ne le voyait jamais.

Je comprenais.

Je m'étais ouvert les veines à 9 ans.

Pas nécessairement par envie de mourir.

Je voulais que ma mère
quitte mon beau-père.

On se ressemblait, avec Amy.

J'étais amoureuse,
j'aurais donné ma vie pour lui.

On était amoureux, et ensemble.

C'est une vraie drogue, non ?

Si mon homme combattait

Dans une guerre impie

Je serais derrière lui

Secouée avec lui

Une force insoupçonnée

C'est pour toi que je me bats

Avec moi
Il ne craint rien

Je refuse
Qu'il lâche ma main

Moi à ses côtés

Ivres de fierté

On attend

Que le coup soit porté

Qui est derrière la porte verte ?

La Madame est sortie.

Elle est partie, allée quelque part,
dîner dehors.

Alors je fume, comme une vilaine.
Tu dis rien.

Parle-moi de la maison.

La Madame est pas là,
je te fais visiter.

D'abord je te montre le salon.

C'est pour les invités,
t'es mon invitée.

Parce qu'y a personne.

Je te montre le Grand Patio.

Suis-moi, fais pas attention.

Ici, Grand Patio.

Lui, c'est Cecil.

Cecil habite là.

La chambre, très jolie, avec placards.

Je dors dans celui-là,
quand Madame est là.

Les toilettes !

Parfois, quand je suis seule,
je me douche habillée.

Y'a pas mieux pour me détendre.

Le crochet où on me suspend
quand je suis punie.

Pas souvent. Je suis gentil garçon.

C'est tout.
Bienvenue dans mon humble demeure.

Nous sommes

dans un bar à cocktails.

Voici le mien.

Le petit cocktail d'Amy.

Il doit contenir du Rohypnol.

Soudain, elle me dit :

"Lauren, écoute ce message,
c'est Blake."

J'ai dit que je ne voulais pas
quitter ma copine.

Que je préférais qu'on soit amis.

Elle faisait une fixation
sur ses textos.

Il voulait fuir, elle était obsédée.

Son idée fixe :
qu'il désire la revoir.

Ça a mal tourné.

Il est retourné avec sa meuf.

Alors pour se venger,

elle a couché avec son pote.

Il fallait enfoncer le clou.

Quand il l'apprendrait,
il ne me parlerait plus jamais.

Mais il le fallait,
l'un de nous devait achever l'autre.

On se détruisait l'un l'autre,
tout le temps.

Après,
je suis devenue complètement dingue,

hors contrôle. J'étais folle.

Tout renvoyait à lui, même mon frigo.

Je monte l'escalier,
du sang sur les murs, c'était lui.

Parce que je frappais les murs.

La voisine d'en face
avait le numéro de Juliette.

Elle l'a appelée,
Amy était tombée, s'était cogné la tête.

Alors on y est allées.

On aurait dit un squat.

Ça puait, tout était sale.

Elle était au lit, avec une bosse
de la taille d'une balle de golf.

On a briqué la maison
jusqu'à 3h du matin.

On a appelé son père, et Nick.

Avec la dépression, je ne mangeais plus.
Forcément, on perd l'appétit.

Ce n'était pas tant l'excès de boisson,
plutôt...

les amphètes.

C'était très irresponsable.

Tu buvais au réveil ?

Littéralement.
J'attrapais une bouteille.

On s'est tous réunis, on s'est dit :

"C'est la cata,

"il faut l'aider."

J'ai essayé de parler aux parents,

ils hésitaient à s'en occuper.

Techniquement,
ç'a été une sorte de rapt.

Je l'ai embarquée,

en disant : "Je t'emmène à perpète,

"et on y reste jusqu'à ce que
tu assumes ce qui t'arrive."

Je l'ai emmenée à Black Park,

près d'Iver.

Au début, elle en rigolait,

"T'es tellement con !"

puis "Fais pas ton connard",

en tapant sur ma voiture,

et puis elle s'est effondrée.

Elle s'est confiée.

Elle a avoué avoir un problème.

Elle était perdue, dépassée,

c'était terrible.

Elle a accepté la désintox.

Je l'ai emmenée voir le type,

elle refusait d'en parler,
s'en remettait à son père.

On avait parlé à Mitch,
pris un rendez-vous.

Elle s'est changée en fillette de 7 ans.

Sur les genoux de son père,
un bras autour du cou.

J'ai dit aux managers :

"Pas besoin de désintox, elle va bien."

Il l'a dit : "T'en as pas besoin."

J'ai dit : "Je leur parle et je pars."
Ce que j'ai fait.

Elle n'en avait pas besoin.

On a laissé passer
une occasion cruciale.

Ça n'aurait pas forcément marché,
parfois il faut plusieurs tentatives.

Mais elle n'était pas encore star,
cernée de paparazzi.

On aurait zappé Back To Black,
qui ne serait peut-être jamais sorti.

Mais elle aurait pu être suivie
par des professionnels,

avant que le monde
commence à se l'arracher.

Nicky chéri, c'est Amy,

ta p'tite juive préférée,

après ta maman.

Je sais pas à quoi tu joues,

mais tu me manques, beaucoup.

Et je t'aime.

Mon amour pour toi,

cette flamme que tu m'inspires,

ne sera pas diminuée par le fait

que tu ne me réponds jamais.

Ça n'arrivera pas.

Ça m'est égal.
Tu peux bien ne jamais plus répondre.

Je continuerai
à t'aimer inconditionnellement,

jusqu'à ce que mon cœur lâche
et que je m'écroule.

Rappelle quand tu veux,
je bouge pas.

Bise !

Le label voulait la virer.

Elle vient me voir à Miami.

Guy Moot me demande si je suis sûr.

Moi : "Même si vous la lâchez,

"je la paierai pour chanter chez moi.
Elle m'émeut, bordel !"

Elle n'a rien bu de tout son séjour.

Elle a passé 4 jours
dans mon jardin,

à écrire sur son petit carnet.

Je ne peux être pour toi
Que l'obscurité qu'on a connue

Ces regrets
Il a fallu que je m'y habitue

Quelle sensation
Quand on était au summum

Je t'attendais la nuit à l'hôtel

Je nous savais mal assortis
Dans ces instants arrachés

Va savoir comment
Je me suis tellement attachée

C'est ma responsabilité

Et tu ne me dois rien

Mais je serais bien
incapable de me retirer

Il disparaît

Puis tombe la nuit

Il emporte la lumière

Mais j'ai grandi

Et à ta manière

Dans la pénombre bleutée

Mes larmes sèchent sans être essuyées

J'ai mis du temps à comprendre

certaines choses.

Le déclencheur,
c'est quand j'ai recommencé à écrire.

J'écris parce que je suis tordue.

Je pose ça sur papier,
et je me sens mieux.

Je fais du bien avec le mal.

Les idées étaient là.

Quatre ou cinq chansons.

On sentait la créa s'installer.

Mais j'étais encore inquiet
pour sa santé.

Elle était vulnérable, pas à sa place.

Elle m'a dit : "Tu vas quitter Nineteen
pour t'occuper de moi ?"

J'ai répondu :

"Soit tu me laisses t'aider
à t'en sortir,

"soit je me casse.

"Je ne vais pas te regarder
te flinguer."

Elle est venue me voir,
voulait changer de manager.

J'ai dit : "Ça te regarde,
on te soutiendra de toute façon."

Elle voulait Raye Cosbert.

J'ai pensé : "Te faire
représenter par ton tourneur ?"

On allait devoir gérer
un type dont l'intérêt

était de multiplier les concerts.

On la savait vulnérable en tournée.

On s'est connus, j'étais son tourneur.

On a parlé,
son contrat finissait chez Nineteen,

elle étudiait d'autres possibilités.

Elle m'a demandé si j'étais intéressé.

"Oui, discutons."

On s'entendait.
J'étais celui qui, après le concert,

disait : "Bravo, prends-toi une coupe."

Parfois, on veut changer,

parce que le moment s'y prête.

C'est comme changer de banque.

J'étais trop proche d'Amy.
C'était une erreur.

Fallait rester pro.

Mais une telle rencontre,
à 19 et 16 ans...

Ce qu'on traverse, on le maîtrise pas.

Après toutes ces années ensemble,

du jour au lendemain,
je n'étais plus là.

Ma première chanson sur Blake

en a déclenché plein d'autres.

J'étais inspirée.

Tous ces sentiments,
ces mots qui flottaient en moi.

Écrire, c'est se rappeler :
le temps qu'il faisait,

ou l'odeur de son cou...
Il faut tout retenir.

Elle me racontait Blake,

cette relation orageuse et extrême.

Elle a écrit "Back To Black",

paroles et musique,
en deux ou trois heures.

Lui
Pas étouffé par les regrets

A trempé son pistolet

Chez sa bonne vieille régulière

Moi

Ma tête redressée

Mes larmes séchées

Sur l'homme dont je dois me passer

Tu es retourné

En terrain connu

Si loin

De tout ce qu'on avait vécu

Moi, j'arpente

Un chemin accidenté

Mes dés sont plombés

Je retourne broyer du noir

Nos adieux, c'étaient des mots

Je suis morte cent fois

Tu es retourné à elle

Et moi, broyer du...

Un peu flippante, la fin.

C'était un état de grâce.
J'ai cueilli l'instant magique,

où elle était prête à se lancer.

Je ne comprenais pas sa réputation

d'artiste velléitaire et torturée.

Je suis allé à New York,
voir où ils en étaient.

Le jour de mon vol,

le manager d'Amy m'informe
que sa grand-mère est malade,

et qu'Amy souhaite la rejoindre
tout de suite.

Ma mamie, c'est la femme la plus forte
que je connaisse.

Tout ce que j'ai, je le lui dois.

Toute ma force vient d'elle.

Cynthia s'est occupée d'Amy.

C'était la mère que je n'ai pas eue.

Ma propre mère
n'était pas très maternelle avec moi.

Amy et Cynthia
étaient donc très proches.

Ma mère est morte le 5 mai 2006,

d'un cancer du poumon.

Cynthia était une influence forte.

Elle lui parlait sans détour.

Amy a été dévastée,

elle est morte à l'intérieur.

3 mois plus tard

Attends, je joue pas ce morceau.

Je le joue pas.

Je leur ai parlé, on s'en passera.

On mettait les touches finales,

à Metropolis Studios,
Amy avait quelques voix à poser.

On a à boire, ils ont livré ?

C'est sympa,

je n'ai jamais été filmée,
c'est une première.

Elle avait aligné
quelques whiskies-coca,

on a fait une pause-déjeuner.

Amy s'était commandé
un plateau énorme.

Avec un gros dessert.

Elle a tout englouti,
puis elle s'est absentée.

Elle est revenue au bout de 3/4 d'heure,
un peu sonnée.

La gérante du studio me prend à part,

elle veut me montrer quelque chose.

Elle m'emmène aux toilettes.

Amy avait tout vomi,

en redécorant au passage.

Elle s'était essuyée le visage,

le rimmel avait bavé sur les serviettes.

C'est là que j'ai mesuré
l'ampleur du problème.

J'avais un Toffee-Fudge.

Mais je l'ai mangé.

Quand elle avait environ 15 ans,

elle m'a dit :
"J'ai un régime super, maman.

"Je mange ce que je veux,
et ensuite je vomis le tout."

Je suis un vrai porc.

Je le sais.

J'y peux rien.

Je n'en ai pas fait grand cas.

Je me disais que ça passerait.

Elle en a parlé à Mitchell,

qui a éludé la question aussi.

Il ne l'a pas prise au sérieux.

Ça s'appelle la boulimie.

Ça ne se guérit pas tout seul.

Bienvenue.
Ça fait un moment, tu deviens quoi ?

J'ai un album, Back To Black.

Décris-le-nous.

Il est plus...

Pas plus brut, mais on n'a plus

les accords intello-jazz.

Ce n'est plus ça.

J'écoute des groupes féminins,
du garage...

Voilà, je suis guitariste,
j'écoute des groupes à guitare.

À Camden, c'est inévitable,
alors ça m'influence.

Tu dirais qu'il est plus accessible
que ton 1er album ?

Plus accessible,
pas nécessairement plus pop.

Le jazz,
c'est plus exclusif, ou plus élitiste,

et l'album a moins de ça.

Ils m'ont poussée en désintox

J'ai dit "non, non, non"

J'ai broyé du noir

Mais quand je reviendrai

Ils le sauront

J'ai pas le temps pour ça

Et si mon père me dit que ça va

Ceux qui me poussent en désintox

Ils repasseront

Parlons de ta musique.

"Rehab" a eu un tel succès,

tu es surprise de cet accueil ?

Je n'ai jamais cru
qu'on en ferait un single.

Le label a voulu ça, j'étais d'accord.

J'aime tous les titres. J'en suis fière.

Tu étais aux Q-Awards,
tu en as profité ?

Un peu trop, même.

Si c'est possible.

Évitez l'alcool, les jeunes !

Tu serres encore plus, ça va pas ?
Tu dois chanter.

Comment tu respires ?

Respirer ? Chanter ? Quoi ?

Il y avait déjà un parfum de célébrité

autour de "Rehab".

"Rehab" a été le pivot,

la chanson qui l'a amenée
à ce statut si particulier

de star commerciale.

Meilleure interprète féminine
de l'année,

bien plus rock que Liam Gallagher,

la seule et unique Amy Winehouse !

Gagner aux Brits, ça change quoi ?

C'est une révélation,

ou ça s'installe progressivement ?

Ces choses-là m'échappent.

Ça fait convenu, je sais.

On me croit de moins en moins,
mais c'est vrai. Je m'en fous.

Si je me prenais pour une célébrité,
je me flinguerais.

Ça fait peur, vous comprenez ?
C'est terrifiant.

On y va, allez.

Démarre !

Bonjour, mon ami

Comment va, depuis le temps ?

N'est-ce pas merveilleux

D'avoir une amie ?

Même si on a changé

Dans nos projets

Je pense qu'on garde

Des points communs

N'est-ce pas étrange

Et merveilleux

Qu'on soit toujours amis ?

Lui, c'est Blake, mon fiancé.

Je l'adore

- je ne l'aime pas -
pour sa voix,

la plus originale que j'aie entendue
depuis dix ans.

J'ai embrigadé ma fille, tout le monde.

Tous mes amis.

Son CD s'intitule Back To Black,
voici Amy Winehouse.

Amy m'a appelé,
je l'ai vue à New York.

Ça lui était pas monté à la tête.

Elle était presque gênée
de tant de succès.

Elle a exprimé de l'inquiétude

sur l'avenir,
et comment elle allait le gérer.

Elle disait :
"Je fais quoi, dans cet espace-là ?"

Amy Winehouse, bravo.

Tout le monde voulait côtoyer Amy.

Dans notre métier,
rien ne vous prépare à ça,

à ce niveau de succès.

Le manuel n'existe pas.

On peut prévenir un artiste,
le préparer...

mais une fois au pied du mur,

c'est toujours du jamais vu.

- Ça se passe bien, bébé ?
- Très bien, bébé.

Tu t'amuses ?

Et être shootée par Terry Richardson,
c'est comment ?

Comme un rêve qui se réalise.

Et les éclats de miroir ?

J'ai écrit "J'aime Blake"
sur mon ventre.

T'as surligné ?

J'ai écrit "J'aime Blake"
sur mon ventre.

Ça n'a pas marqué.

Des griffures de mouche.

T'as vu comme je suis sage ?

Le plus beau moment de ta journée ?

C'est dans cinq minutes,

on va aller aux toilettes. Baiser.

Tu es connue depuis plus longtemps
au Royaume-Uni.

On te traite différemment,
ici aux USA ?

À en croire la presse,

c'est la première fois
que les jeunes s'éclatent.

C'est un peu hypocrite.

Je n'en sais vraiment rien.

C'est la presse britannique.

Ça n'a aucune valeur.

Vous vous connaissez
depuis longtemps. L'enfance ?

Presque.

C'est l'impression qu'on a.

On s'est rencontrés il y a 2 ans 1/2.

Tu t'es battu pour elle ?

Il y a eu des obstacles.

Il en a fallu, de la persévérance,
putain.

On n'acceptera jamais
de ne pas être ensemble.

Qui paie ? Je suis à sec.

Amy.

Une bouteille de Dom Pérignon ?

C'était comment ?

Quoi ?

- Il y a eu quoi ?
- Je sais pas.

Il y a eu quoi ?

Attends.

Tu t'es réveillé...

Je suis parti quelque part, avec elle.

Et ensuite ?

Un bouffon nous a déclarés
mari et femme.

Je sais pas qui c'est.

Toujours jouer au touriste.

Pour notre mariage,
on s'est pris un bateau, à Miami.

Fumé un cigare...
Une impression d'accomplissement,

d'avoir fait un truc génial,
d'avoir osé se marier.

Et exactement comme on voulait.

Bande de flemmards.

Fais coucou.

Son truc,
c'était de tout ressentir comme lui.

Elle disait :
"Je veux les mêmes sensations,

"sur la même longueur d'onde,
sinon on est séparés."

C'était ça, le but avoué.

Retour à 45th & Night.

Je vous demande d'applaudir

Amy Winehouse.

Je te retrouve au bar, blessé

T-shirt pirate
Sous tes manches retroussées

Tu demandes
Ce que j'ai fait avec lui

Tu me renifles
Comme un verre de Tanqueray

T'es mon mec à moi

Tu me sers et tu t'en vas

Le temps
Que je disparaisse à mon tour

T'assommes les hommes
Comme Roger Moore

C'est moi que j'ai trompé

C'était joué d'avance

Je te l'ai dit

Je porte malchance

Je ne vaux rien

Et tu le sais

Ils ont fait ça, putain.

Appartement d'Amy

Amy, tu vas dans la cuisine ?

Quand on est revenus des USA, mariés,

Amy a découvert le crack, et l'héroïne.

J'avais déjà essayé, et apprécié.

Ça élimine
tout type de sentiment négatif.

Amy a goûté avec moi,

et on est tombés accro,
tous les deux, vite et fort.

Viens.

Change le disque, viens.

Pas couchée
Je fais le ménage

Au moins
Je ne bois pas

Courir partout
Ne pas penser à penser

Ce sentiment de quiétude

Que tout le monde peut avoir

Disparaît quand vient le soir

Les pinces, on les garde ?

Tu prends parfois du recul,
pour dire

"Tout ça, ça me va" ?

Sans doute, oui.

Du moment que mon mari est content.

Mais oui, je m'en sors très bien.

Mais je ne pense qu'à refaire un album.

Continuer à enregistrer.

Mais j'adore jouer en concert.

Je veux seulement refaire un album.

Appartement d'Amy

Mon téléphone sonne en pleine nuit,

Blake me dit,

"Ça va pas, elle ne me reconnaît plus,
elle répète ton nom,

"viens vite."

Evidemment,
je saute dans ma voiture.

Je reçois un appel de Blake,
il était flippé,

complètement HS :
"Elle fait une overdose."

J'ai dit :

"File à l'hôpital le plus proche,

"j'arrive."

Elle était terrifiée,

et lui aussi.

Elle était comme une gamine,

elle s'était fait peur, en fait.

Le médecin nous a reçus,

"Avec toute la coke, l'héro,

"l'alcool et le crack
qu'elle a dans le sang,

"elle devrait être dans le coma.

"Vous avez eu de la chance.

"Mais c'est une frêle jeune fille,

"elle ne peut pas encaisser tout ça."

Elle dormait, tout était calme.

Nicky et moi, de chaque côté du lit.

On s'est dit :
"Et maintenant, on fait quoi ?"

Et puis tout le cirque a recommencé.

C'est là que Raye et Mitch

ont décidé d'intervenir.

Le même jour, les journalistes du Sun,
du Mirror, de News Of The World,

ont raflé toutes les chambres.

La moindre conversation
se retrouvait dans les tabloïds.

Si on était sur écoute,
on n'en savait foutre rien.

Il y a des photos de nous tous,
dans le jardin.

Amy était consciente, et elle mangeait.

Mais elle n'était pas bien, pas guérie.

Son médecin m'a regardée
droit dans les yeux,

il m'a dit :
"Une autre crise, et elle mourra."

Puis on nous a dit
qu'elle partait en Amérique, jouer.

J'ai dit : "Pas question."

On a supplié Mitchell
dans sa chambre d'hôtel,

"Fais quelque chose.

"- Quoi ? Elle a sa tournée.

"- Prends son passeport,
empêche-la de partir, elle est mal.

"- Je peux pas, elle s'est engagée."

J'ai piqué son passeport
dans sa chambre.

On m'a dit : "Pourquoi t'as fait ça ?

"Elle doit aller en Amérique."

Le médecin venait de l'examiner,
ses analyses et tout.

Blake avait réussi à venir,

s'introduire dans la chambre,

puis le médecin
lui trouve de l'héro dans le sang.

Avec les copines, quand on a su
qu'elle prenait de l'héro,

on est allées la voir à l'hôtel,

Amy restait là, muette.

Son manager nous a dit :

"Les filles... toutes sortes de pros,
avocats, médecins,

"plein de gens carburent à ça."

En promouvant l'album,

en organisant les concerts,

j'avais fait mon travail.

Pour moi,
tout ça concernait la famille.

Je suis là,
mais je ne peux pas tout faire.

Amy Winehouse annule une tournée
en Amérique du Nord le mois prochain

pour raisons de santé.

Grande artiste britannique,

la chanteuse Amy Winehouse annule
plusieurs concerts en Norvège,

après son hospitalisation hier
à Londres.

Son label évoque un surmenage aigu,

mais sa réputation
d'alcoolique et de droguée...

J'ai connu Amy via Russel Brand,

Conseiller en désintoxication

qui voulait la persuader
d'entrer en désintox.

Mitch s'en était mêlé.

J'ai rencontré Amy avec Blake,

pour une évaluation.

Blake prenait tout en main,

même si elle me semblait
plus motivée à se sevrer que lui.

Elle était très vulnérable.

J'étais clairement en présence

du cas typique d'un individu

se complaisant dans sa toxicomanie,

sabotant la guérison de l'autre,

par peur de perdre
son approvisionnement.

Ils insistaient pour se sevrer ensemble,

ce qui est bien entendu désastreux.

Je trouverais peu déontologique
de traiter un couple ensemble.

Mais les managers et Mitch
ont trouvé une clinique

où ils seraient pris tous les deux.

Clinique Causeway

Ça enregistre, merde !

En continu.

Dis bonjour.

Amy, un commentaire ?

Tu peux être gentil ?

Seulement si tu chantes
ton tube, "Rehab".

Ils m'ont poussée
J'ai dit "non"

Et on est où, là ?

Sur une île, au soleil.

Alex, tu peux dire où on est ?

Une putain d'île, loin de tout.

Connue sous le nom de...

"Désintox."

On peut avoir le remix actualisé ?

En exclu.

Je veux la nouvelle version,
pour mon petit film à moi.

Ça me dérange pas, d'être là.

3 jours plus tard

Ils sont revenus de la clinique,

ont pris une suite à l'hôtel,

et ils ont forcé la dose.

Pas beau à voir.

La défonce ne leur réussissait pas.

J'ai commencé, cassé une bouteille,
entaillé mon bras.

Elle me l'a prise,
s'est entaillée aussi.

Elle a dit :
"Je ferai tout comme toi."

Elle m'a dit :
"L'amour me tue, en quelque sorte."

Elle était écartelée

entre l'homme qu'elle aimait,

et les quantités de substances

qu'il fallait consommer
pour être avec lui.

Un mouvement affreux, de pendule,

d'un extrême à l'autre.

J'étais pour toi
Un flamboiement

L'amour

Est un jeu de perdants

Un incendie de cinq étages
Quand tu étais présent

L'amour

Est un jeu de perdants

J'aurais voulu

Ne jamais jouer

Quel désastre
On en a fait

Et pour le dernier plan

L'amour

Est un jeu de perdants

La musique résonne

L'amour

Est une mauvaise donne

C'est trop pour moi, j'abandonne

L'amour

Est une mauvaise donne

Autoproclamé

Profond

Jusqu'à ce que les jeux soient faits

Tu joues comme personne, mais

L'amour

Est une mauvaise donne

Je livre bataille les yeux bandés

L'amour

Se soumet à la destinée

Malgré les souvenirs

De mon esprit abîmé

L'amour

Se soumet à la destinée

Je cote à un contre cent

Les dieux regardent en rigolant

Et pour le dernier plan

L'amour est un jeu de perdants

C'était Amy Winehouse.
J'en ai connu beaucoup,

et c'est une des meilleures voix
de tous les temps.

Les ennuis d'Amy Winehouse continuent.

La police a perquisitionné
son domicile à Camden,

enfonçant sa porte à l'aide d'un bélier.

Elle a arrêté
et menotté Blake Fielder-Civil

sur une présomption
d'entrave à la justice.

La star fait savoir qu'elle se dégage

de toute implication.

La portière.

Quand il a été emprisonné,
elle a chuté,

très rapidement.

Poussez-vous !

Album de l'année :

Amy Winehouse, Back To Black.

Meilleure prestation pop vocale,

Amy Winehouse, pour "Rehab".

Quelqu'un la réveille vers 18h
pour lui dire ?

Pochetronne.

On a fait tout ce qu'on pouvait

pour aider Amy.

Mais on ne guérit personne de force.

J'estimais
que c'était sa responsabilité

de se rétablir.

Dès lors, elle était célébrissime,

très riche,

toute une infrastructure
l'entourait,

elle ne faisait rien elle-même.

C'est pas ça, la vie.

Les Grammy approchaient.

J'ai dit :
"Il faut que tu décroches. Sinon,

"tu ne feras rien."

J'ai fait établir un contrat,

qui stipulait : "Vous, Amy Winehouse,

"acceptez une cure de désintoxication
immédiate.

"Vous ne ferez plus d'albums,

"ni de concerts,
sauf si vous décrochez."

Et elle l'a fait.

La soirée de l'année,
dans le monde musical.

L'Académie Nationale
de la Phonographie

présente
les prix annuels Grammy.

On est retransmis en direct
aux Grammy, aux Etats-Unis.

Cette dame est en lice

pour six prix !

Elle en a déjà deux.

Les voilà !

Veuillez applaudir
deux habitués des Grammy,

Natalie Cole et Tony Bennett.

Bonsoir.

Le Grammy n'a jamais été plus beau
à voir, ou à entendre, que cet homme.

Un peu, oui !

Papa.

Tony Bennett.

Les nominations pour l'Album de l'Année.

"Irreplaceable", Beyoncé.

"The Pretender"

"What Goes Around Comes Around",
Justin Timberlake.

Ça s'appelle comme ça ?

Et "Rehab", Amy Winehouse.

Le Grammy est décerné à...

Amy Winehouse.

Merci à tout le monde chez Island.

Tout le monde aux éditions EMI.

À Raye-Raye.

À Mark Ronson, et Salaam Remi.

À maman, et papa.

C'est pour mon Blake, incarcéré.

Et c'est pour Londres !

C'était une soirée magnifique.

Recevoir tous ces prix...

ça donnait un sens
à tous nos travaux.

Amy était complètement clean,
et magnifique.

C'était bouleversant.

J'étais hystérique, je pleurais.

J'étais si fière d'elle.

Je revoyais toute notre vie,
notre enfance...

Elle m'a vue pleurer.

Elle m'a entraînée sur scène,
puis en coulisse.

J'étais affolée,
"C'est pas possible, c'est trop bien,

"je suis si fière de toi."

Je guette sa réaction, elle dit :

"Jul', c'est tellement chiant,
sans la dope."

J'ai été tellement triste pour elle...

3 jours plus tard

Comment ça va, après les Grammy ?

J'étais au K-West.

Un soir, très tard,

elle frappe à ma porte,

j'étais seul.

Elle entre,

s'installe sur le canapé.

J'étais vraiment content pour elle,

et un peu inquiet,

parce qu'elle ne savait pas comment être

cette chose que le succès
avait fait d'elle.

Elle sort un carré d'alu,

demande : "Ça te dérange ?"

J'ai dit : "Amy,

"je t'aime. Ça me dérange pas
que tu te défonces,

"mais ça me dérange que tu te défonces."

Elle a fait son truc,

et je me suis dit,

voilà quelqu'un
qui essaie de disparaître.

La gloire, ça te plaît ?

Je sais pas.

Franchement,
je pense que ça n'existe pas.

Comment ça ? Célèbre, tu l'es.

Ça ne change foutre rien.

C'est dur de savoir
à qui faire confiance ?

Oui.

Dégagez l'entrée !

Cassez-vous !

On m'a contacté
pour assurer sa sécurité.

L'équipe en place était débordée
par les paparazzi.

C'était pas une personne orgueilleuse,

elle était prise
dans une mauvaise situation.

Elle était très mal.

Physiquement et mentalement.

Elle avait besoin qu'on lui dise :

"Lâche tout, arrête."

Et avec Lauren,
on ne s'en laissait pas conter.

Nick nous a dit :
"Vous pouvez seulement montrer

"que vous n'entrez pas dans ce jeu,

"que vous êtes là au besoin.

"L'amour vache."

J'ai dit : "Si tu veux de l'aide,
je t'aiderai.

"Je t'aime, toi.

"Pas ce que tu es devenue.
Je ne veux pas te côtoyer."

Quand il y a de l'argent en jeu,
des attentes,

on a une vision biaisée.

On essaie de régler les choses,

sans bousculer
la trajectoire financière.

À compter du 6 septembre,

on ne travaillera plus,

jusqu'à nouvel avis.

Amy va se consacrer
à écrire son nouvel album.

Il nous reste cinq concerts à faire,
par obligation contractuelle.

Dont deux ce week-end.

Les médias répétaient
qu'elle touchait 1 M$ par concert.

Des sommes énormes.

Mais à ce stade, il était probable
que le concert serait mauvais.

Elle voulait guérir,

elle savait que ça allait mal,

elle faisait des efforts,

et elle était épuisée
par cette situation.

Aucune voie de sortie,
une vie en bocal.

Elle craquait en public,
les médias poussaient derrière.

Vous avez vu Amy, dans le journal ?

Bon Dieu, on dirait une affiche
contre la maltraitance des chevaux.

On se calme.

C'était la curée.

On pouvait se moquer
d'une boulimique sur son apparence,

ou ses addictions.

D'après Contactmusic.com,

le prochain Amy Winehouse
contiendra des recettes de cuisine.

Préparer la méthédrine, la résine...

Amy, fais pas la tête.

C'était inexorable.

On ne la lâchait pas.
C'était à vomir.

Les médias s'en régalaient.

Amy Winehouse,
c'est un peu comme... une folle.

C'était chez nous.

On devait y passer une semaine,

on a fini par y rester six mois.

Elle a décidé
qu'elle aimait Sainte-Lucie,

elle m'y a invité.

Dès lors, elle a arrêté le crack.

C'était fini. Et l'héroïne aussi.

Mais qu'on lui laisse un open-bar,

elle allait picoler.

Il semblait évident

que l'alcool servait de substitut
à la drogue.

Je n'ai pas vu Amy
depuis six semaines, on doit parler,

il se passe plein de choses.

L'album à venir,

entre autres affaires.

C'est une période enthousiasmante
qui s'annonce.

Elle demandait :
"Pourquoi une équipe de tournage ?

Papa, tu veux de l'argent,
je t'en donne.

Pourquoi tu écris ta vie,

ou plutôt la mienne ?"

Elle le trouvait très motivé
par l'argent,

ou la gloire.

Je t'accompagne ?

Vous pouvez nous suivre.

Une question. On est fans, anglais.

- On peut avoir une photo ?
- Je lui demande.

- On appuie où ?
- Ici. Désolé du dérangement.

Désolé ? On y croit.

Jolie chemise.

Ça ira ? De rien.

Pourquoi tu dis des choses comme ça ?

T'étais pas obligée.

Je passe pour une truffe.

Mais ils ne voulaient qu'une photo !

Richard, tu coupes.

Papa.

Si je ne suis pas une truffe,
sois gentil à l'image.

Ça n'a rien à voir.

Ces deux-là ne demandaient
qu'une petite photo,

et tu leur as fait payer.

Non, ils ont eu
la photo qu'ils voulaient,

le reste, ils s'en cognent.

Elle voulait son père,

il n'est pas venu seul.

Il avait des caméras,
des preneurs de son,

mais elle l'idolâtrait
jusqu'aux semelles.

En prison avec 500 autres mecs,
je lis le journal,

je vois ma femme à la plage
avec un type.

C'est pas facile à vivre.

Tournage
"Amy - Révélations"

J'avais une sale image de moi,

vu comment ma femme
me traitait depuis deux ans.

J'étais un peu effondré.

J'ai dit :
"Et merde, je suis un grand garçon.

"Je suis beau gosse,
je touche plus à l'héro,

"je fais du sport, je m'habille classe,

"rien à foutre de cette meuf."

Le plaignant, ayant établi l'adultère,

estime intolérable
toute communauté de vie.

Quand on aime, on fait souffrir

J'ai remué le couteau dans la plaie

Pour les adieux, je ne suis pas douée

Chapeau levé, pars de ton côté

Tu retrouveras pas une fille comme moi

Je retrouverai pas un gars comme toi

Sachant ce qu'on a sur le cœur

Nul ne nous trouverait de successeurs

Ici, la partie instrumentale.

Et le dernier couplet.

Chargé comme l'arrière-boutique
de Fat Kam

Vierge comme le casier d'une colombe

Ton couteau a dû servir

Quand on aime, on fait souffrir

Elle est devenue ma famille.

Il n'y avait plus que nous.

Personne d'autre à qui parler,

à qui dire
ce qu'on dirait à ses parents.

"Pourquoi j'ai pas mes règles ?

"Pourquoi je tombe pas enceinte ?"

On parlait de tout.

Si elle voulait aller au pub

et si elle avait rendez-vous
le lendemain,

"Tu sors pas, tu me remercieras demain."

Je ne déguise pas les choses.

Si ça va pas, je le dis.

Elle avait besoin qu'on lui dise non.

Besoin qu'on la soutienne.

Salut ma puce, c'est Amy.

Salaam, j'arrête pas de pondre
des Battle Raps,

je suis un robinet ouvert.

Des trucs à la Wu-Tang Clan.

Mais soignés, de belles allitérations,
sur des petits Battle Raps.

La prochaine fois
que tu voudras un duel,

tu vas mourir, je suis une samouraï.

Avant de te demander :

"Elle est pétée, ou stone,
elle sort, elle fait quoi..."

Oui, je suis pétée, la tête à l'envers.

Mais je sors tous ces trucs,

toutes ces paroles...
je sais pas pourquoi.

Mais c'est pour le prochain album.

Alors, senseï, à l'attaque.
Bisou. Salut.

Mon fils a eu l'idée de recruter
une artiste des plus actuelles.

Je me demandais,
"Qui chante bien,

"véritablement jazz ?"

Quand j'ai entendu Amy Winehouse,

j'ai dit : "Elle a le truc."

On m'a répondu
qu'elle serait dure à gérer.

On se place comment ?

Moi ici, vous là.

C'est bizarre.

J'ai jamais fait une chose pareille.
Jamais.

C'est-à-dire ?

Chanter avec une de mes idoles,

en étant filmée.

Mais tout va bien.

Parce que mon père va être jaloux.
Je lui montrerai les images.

Pardon, j'ai été nulle.

- Je vous fais perdre votre temps.
- Non, ça s'améliore.

Je veux pas gaspiller votre temps.

On continue
jusqu'à ce qu'on l'aie.

Vous n'êtes pas pressée ?

Moi non plus, on a le temps.

Je dois assurer, et là j'assure pas.

Mais si. Ça s'améliore à chaque prise,
la voix est excellente.

Un peu d'eau, peut-être.

Les artistes les plus connus

sont les plus sujets au trac.

Même si on ressent beaucoup,

on veut en ressentir encore plus,

pour que l'enregistrement soit fidèle.

Amy avait ce don-là.

C'était une authentique
chanteuse de jazz.

Les jazzeux n'aiment pas jouer
devant 50 000 personnes.

C'est en boîte.

Je suis comme vous,
je varie les prises.

Jamais deux fois la même chose.

Et c'est moi qui suis comme vous,
pas l'inverse.

J'ai appris ça

de mes idoles, comme vous.

La bonne méthode.

Elle m'a Skypé, toute contente.

Sur la séance avec Bennett.
"Je suis fan !"

Elle disait : "Je suis pas chanteuse,
mais chanteuse de jazz."

Elle proposait un projet jazz
avec Questlove.

C'est une snob du jazz.

Toujours sur son ordi,
à m'envoyer des MP3.

"Écoute ci, écoute ça..."

Je me croyais diplômé ès jazz, mais non,

elle m'a beaucoup appris.

Elle dit : "On crée un super groupe :
toi, moi,

"Mos, et Raphael Saadiq."

J'étais OK. Elle donnait des devoirs,

"Étudie tel disque, tel disque..."

Amy a eu une bonne période.

Elle pouvait passer 4 semaines
sans boire,

et elle se sentait
au mieux de sa forme.

Mais elle a été admise au Priory
en mai, pour des examens

qui ont révélé de sérieux problèmes.

Les effets cumulés de l'alcoolisme
et de la boulimie.

Elle pouvait se sentir très bien,

et souffrir de tachycardie.

Son cœur lâcherait peut-être
si elle replongeait.

J'ai demandé : "Vous voulez ça,
vous voulez mourir ?"

Non, elle ne voulait pas mourir.

Les signaux étaient positifs.

Un petit rayon de soleil.

Le truc avec Tony Bennett l'a poussée,

lui a redonné confiance.

On nous proposait des concerts,

je lui disais : "T'es pas obligée,

pas de pression,
on n'a rien à promouvoir."

Elle a tenu à les faire.

Elle m'a Skypé,

elle voulait lancer d'autres projets,

avec Questlove, et Mos Def...

Elle disait : "Pas besoin de ça."
Elle voulait pas y aller.

Le répertoire était fatigué,

et lui semblait hors sujet.

Mais elle était devenue méga-star,
subissait des pressions,

pour rejouer Back To Black en boucle.

Ça ne l'intéressait pas.

Dès que la tournée
a été annoncée,

elle s'est défoncée

au point
de ne pas pouvoir la faire.

Amy était évanouie sur le canapé.

On l'embarque en voiture,
toujours endormie.

Elle se réveille à l'aéroport,

on la met dans un jet privé.

Elle ne voulait pas y aller,
elle l'avait assez répété.

Apparemment, il le fallait.

Aucune échappatoire.

Il fallait une issue.

L'alcool est revenu.

Une fuite comme une autre.

Je ne comprenais pas trop.

Elle refusait de chanter.
C'était la première fois.

Elle est déchirée.

Complètement à l'ouest.

Regardez-la !

Chante ou rembourse !

Chante !

Ça sentait la fin.

Elle s'était détachée de tout,

jusqu'à accepter le sabotage

non seulement de sa carrière,

mais de ses amitiés,
et relations musicales.

Pourquoi on la pousse sur scène ?

Son entourage
ne peut pas ignorer le problème.

On attendait son grand retour,
c'est un naufrage total.

Un peu plus tard, elle m'appelle :

"La mauvaise nouvelle : j'ai merdé,

"et planté ma tournée.

"La bonne :
je peux aller au mariage de Nicky !"

J'allais me marier le 24 juillet,

Amy allait y assister,

on en avait parlé,
elle était tout excitée pour moi.

Elle ne buvait plus,

elle piaffait de voir la famille,
et Salaam, et d'autres,

qui avaient participé à l'aventure.

3 semaines plus tard

Elle m'appelle, je regarde mon tel,
je me dis :

"Mon Dieu, quoi encore ?",
par réflexe.

Elle me dit "Jul' ?"

Et c'est mon Amy,
complètement normale.

Elle répétait
- et c'était la première fois -

"Pardonne-moi."

Complètement lucide sur la situation,

le cauchemar de ces années traversées,

"Jul', pardon..."

comme un gamin paniqué
d'avoir fait une bêtise,

et qui veut la réparer tout de suite.
C'était ça.

Je voulais la serrer, la ramener à moi,

la garder au chaud chez moi.

Elle rappelle le lendemain,

c'était bizarre de l'entendre normale,

on n'avait attendu que ça
pendant si longtemps,

ma meilleure amie me manquait.

À Lauren aussi. On voulait seulement
pouvoir lui parler.

Elle répétait :
"Je peux te voir ? Et Lauren ?"

Et moi : "Oui, on est toujours là.

"Tu le sais. On t'a attendue."

"D'accord, à demain."

J'ai dit : "Je t'aime."
"Moi aussi."

On aurait dit qu'elle dormait.

Elle était sur son lit,

endormie.

Mais elle était partie.

La veille au soir,

elle me montrait des vidéos
sur son ordi.

Elle chantait sur scène.

Elle disait : "Je chante bien !"

Moi : "Un peu, que tu chantes bien !"

Elle m'a dit :
"Si je pouvais tout rendre,

"pour pouvoir marcher dans la rue

"tranquillement,

"je le ferais."

Repose en paix, Amy !

Son alcoolémie était 4 ou 5 fois
supérieure au taux légal.

Une combinaison
de troubles nutritionnels et d'alcool

a pu causer l'arrêt cardiaque.

Une des chanteuses
les plus authentiquement jazz.

Je la place au même plan
que Ella Fitzgerald,

ou Billie Holiday.

Elle avait tous les dons.

Si elle avait survécu,
je lui aurais dit :

"Calme-toi, tu es trop importante.

"La vie t'apprend comment la vivre,

"si tu lui en laisses le temps."

3 jours plus tard

Sous-titres de Joël Savdié

Sous-titrage : Monal Group