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Tu veux
que je te rappelle plus tard ?

Bon. Je te laisse. Ouais.

Tu descends � quel h�tel ?

Le festival s'est occup� de tout.
Comme l'ann�e derni�re, je suppose.

- �a va ? Tu veux que je vienne ?
- Non.

T'as mal quelque part ?

Viens. Il faut que je te parle
de quelque chose.

Alors ?

J'en peux plus. Je te mens.
J'arr�te pas de mentir.

Je t'aime trop
pour continuer comme �a.

Il faut que tu me croies.

- Je te crois.
- Tais-toi ! Laisse-moi parler.

Je t'aime,
mais je ne suis plus amoureux de toi.

�a veut dire quoi ?

Je dois prendre du recul. Je suis
amoureux. Elle m'attend � Venise.

C'est aussi pour �a
que je vais l�-bas.

Tu me quittes ?

Je sais pas.

Julien ?

All� ?

Oui, c'est �a.
J'aimerais voir un m�decin.

J'ai mal au ventre.

Oui, je sais, mais �a passe pas.

Je suis enceinte.

Il m'a dit de prendre du Spasfon,
mais �a recommence.

Combien de temps ?

J'attends.

C'est pas vrai, �a !

Qu'est-ce que j'en ai fait ?

Tu ne l'as pas mis
avec tes Pariscope ?

J'en sais rien.

Marie ! Tu saurais pas o� il est,
le dossier de la mairie ?

Sur Paris Cin�ma.
Il y a ma programmation dedans.

Dis donc, le t�l�phone.

Dossier bleu, 2e tiroir � droite.

T'es s�re ?

Qu'est-ce qu'on ferait sans toi ?

Vous avez quoi, ce week-end ?

Une catastrophe.

La Nuit de l'iguane,
�a s'est effondr� : 47 entr�es.

Il faut trouver autre chose.

�a ne m'�tonne pas.
C'est toujours irr�gulier.

Oui, mais Burton et Gartner,
normalement, ils viennent.

Oui ?

Je ne peux rien pour vous.
Il fat que je vous le dise comment ?

Bon. On fait quoi ?

On peut sortir L'arrangement.
On a une copie neuve.

Hors de question.

- Pourquoi ?
- Parce que.

C'est un peu l�ger,
comme argument, �a.

Tu l'adorais, le film.

Oui, mais non.
C'est n'importe quoi, cette histoire.

Faye Dunaway, belle, qui a tout, et
l'autre d�bile qui est l� � attendre.

Vous croyez que les gens,
ils ont envie de voir �a ?

- Tu es insupportable.
- Excusez-moi.

Mais qu'est-ce qu'elle a, ce matin ?

Dis donc.

Si c'est comme �a toute la journ�e,
�a promet.

Dis donc, tu ne crois pas
que ce serait �a ?

Qu'est-ce qu'on dit ?

Je te conseille pas
de le lui demander.

Monsieur et madame ne r�pondent pas.
Je peux laisser un message ?

Oui. Dites-lui...

Non, pas de message.

- H�tel Daniel.
- All� ? Julien Tourelle.

Ne quittez pas.

All� ?

Julien, c'est moi.

Pourquoi t'as fait �a ?

Je peux pas. Je comprends rien.

S'il te pla�t,
il faut que tu m'expliques.

T'as pas le droit !

Julien, t'es l� ?

Il faut plus que t'appelles.
�a sert � rien.

C'est comme �a. C'est tout.

Pour elle, c'est pas facile
que tu sois enceinte.

C'est dur pour elle ?

Mais tu te fous de moi ?

Julien !

Julien !

Oui, monsieur. Julien Tourelle.

Monsieur et madame sont sortis.

Non, c'est pas...

- All� ?
- Au revoir, madame.

All� ?

- Bonsoir.
- Bonsoir.

C'est pour vous qu'ils viennent,
ces m�decins, la nuit ?

- Qu'est-ce que c'est ?
- Un tapis. �a se voit, non ?

- Vous le jetez ?
- Non. Je le prom�ne !

Il faut faire venir les encombrants.

Oui, c'est �a. Bonne soir�e.

Et toi, tes vacances ?

J'y ai pas vraiment pens�.

Peut-�tre que �a va s'arranger.

S'il te pla�t, Maya.

Tu ne veux pas manger quelque chose ?

C'est pas facile pour nous.
On ne sait pas quoi dire.

On aimerait t'aider,
mais on ne sait pas comment.

Je ne te demande rien, Maya.

Il t'a dit s'il allait revenir ?

Non. J'ai pas de nouvelles.

Il t'avait rien dit, toi ?

Non. Je te jure que non.

Je suis tomb� des nues
quand tu nous as appel�s.

Tu sais qui c'est ?

Non.

Je sais juste...

Il m'a dit qu'il �tait amoureux.

Et t'as rien vu venir ?

Tu n'�tais pas en voyage d'affaires
� Vladivostok ?

Si. Pourquoi ?

Elles sont comment les putes,
l�-bas ?

- Je suis pas all� aux putes.
- Ah bon ?

C'est pas le meilleur moyen
de conclure un contrat ?

C'est pas parce que tu vas mal
que tu peux �tre d�sagr�able.

Et poser des questions connes ?

T'as raison. Je m'en vais.

Merci. Au revoir.

C'est pas un peu trop ?

Je suis venu 4 fois cette semaine
et cette fois, c'est pire.

Donc on va aller � la maternit�
pour v�rifier tout �a.

Rassurez-vous, tout va bien.

On attend des r�sultats,
mais tout sera normal.

- Vous allez me garder ?
- Oui, on vous garde pour la nuit.

- Bonsoir.
- Bonsoir.

Pouvez-vous nous rappeler
de toute urgence au 01 45 06 78 98.

Merci.

Jean-Jacques, tu es l� ?

D�croche.

Oui. Tu es l� ?

Oui, c'est Jean-Lou.

On aura la copie de La Soif du mal
dans un mois environ.

� demain.

Armelle rentre samedi
par le train de 8 h 27.

- Armelle ?
- Ton assistante.

Ah oui.

C'est comme pr�vu.

Jean-Jacques.

J'ai peur.

�a va aller, tu verras.

T'as pass� le plus dur.

C'est tout ?

Je sais pas quoi dire.

Je viens juste
pour prendre des v�tements.

Rends-moi tes cl�s.

Il y a tout, ici.
Comment je vais faire, moi ?

T'auras qu'� m'appeler
pour r�cup�rer tes petites affaires.

Je te jure
que c'est pas ce que je voulais.

Donne-moi tes cl�s.

Vous �tes bien
chez Julien et Marie Tourelle.

Laissez-nous un message. Au revoir.

C'est moi.

Allez, d�croche.
Je sais que t'es l�.

Je sais que t'es all�e � l'h�pital,
que �a n'allait pas fort.

Je voudrais que tu comprennes,
que tu me laisses du temps.

Je suis d�sol�.

Je peux pas faire autrement.

Je t'embrasse.

Oui, c'est Robert Mitchum.

OK. Tr�s bien. Merci beaucoup.
Au revoir. � bient�t.

- C'est pas Robert Mitchum ?
- Si, si.

On a bien r�fl�chi.
On a pris une d�cision.

- On a trouv� une solution.
- Quoi ?

- Il n'y en a pas 36.
- Allez, vas-y, dis-lui.

On le cherche, on le ram�ne ici
et on lui p�te la gueule.

Au bout de 3 jours,
il va rentrer dans le droit chemin.

On va te le ramener, ce petit con.

Il a fait un gosse,
il faut qu'il assume.

Vous �tes compl�tement tar�s.

C'est le monde � l'envers.

On n'est pas dans un western.
Vous n'allez pas finir en prison.

Bon.

Vous �tes bien
chez Julien et Marie Tourelle.

Laissez-nous un message. Au revoir.

Marie, c'est moi.

Ne d�croche pas.

S'il te pla�t, Marie,
il faut qu'on se voie.

J'aimerais que tu me pardonnes.

Tu me manques.

Je veux te prendre dans mes bras,
Marie.

Je t'embrasse.

La salle est presque pleine.

On pourrait tenter La Notte
apr�s l'�t�.

Je pars demain.

Nous, on est l�. On bouge pas.
On t'attend.

OK ?

OK.

Je t'ai mis les draps.

Je pensais que Julien
viendrait quelques jours.

Il est parrain d'un festival
dans le Morvan.

Il ne pouvait pas.

Oui, mais c'est la Toussaint.

Ah oui ? Et alors ?

Ben, c'est les vacances.

Des gens prennent leurs vacances
� la Toussaint.

Bon. Moi, je vais dans ma chambre.

- Je t'aide � mettre les draps ?
- Non, �a va aller.

Marie, c'est pour toi.

- C'est Julien.
- Je suis pas l�.

Elle n'est pas l�.

Elle a d� sortir avec son p�re.

Oui, oui.

Oui, je lui dis. D'accord.
� bient�t, Julien.

Ben, qu'est-ce que c'est
que cette histoire ?

- Il n'est pas dans le Morvan ?
- Je sais pas.

Comment �a, tu ne sais pas, Marie ?

Il est o� ? Qu'est-ce qui se passe ?

Ben...

C'est un mongolien ?

Maman, c'est pas le b�b�.

On s'est un peu disput�s
avant de venir. C'est pas grave.

Ne fais pas cette t�te-l�.
C'est pas grave !

- T'es s�re ?
- Oui, je te le jure.

Bon. Tu viens manger, alors.

J'arrive.

Qu'est-ce que je fais ?
Je vais la voir ?

�coute... Non, attends.

Elle va bien finir par venir.

- Vous lui avez dit ?
- Quoi ?

Ce que je vous avais dit de lui dire.

- Non.
- Elle a r�pondu quelque chose ?

Ben, non,
puisque je ne lui ai rien dit.

Il faut que tu me laisses essayer.

J'ai peur.

Moi aussi, mais crois-moi.
On ne peut pas faire autrement.

J'ai besoin de savoir
pourquoi t'as fait �a.

Je sais pas.

Je te le jure, je sais pas.

Tu crois que �a peut suffire,
juste des regrets ?

Il faut qu'on y croie.
On ne peut pas faire autrement.

- Il faut que tu me pardonnes.
- J'y arriverai jamais.

Si, tu y arriveras.

Je vais t'aimer tellement

que tu ne pourras pas
faire autrement.

C'est une promesse.

Mais je crois plus aux promesses.

C'est gentil,
mais tu n'�tais pas oblig�.

Tu t'assieds 2 minutes ?

- Tu as achet� des croissants ?
- Oui. T'en veux pas ?

J'ai pas tr�s faim, le matin.
Mais je veux bien une tasse de caf�.

Tu rentres tard ce soir ?

Non. Tu veux qu'on sorte ?

Non. C'�tait pour savoir.
T'avais envie de sortir, toi ?

Non, pas forc�ment.

Mais je me disais
que si toi, t'avais envie,

ben, on aurait pu
inviter Paul et Maya.

Ce soir ?

Non, pas sp�cialement,
mais quand tu veux.

Tu les appelleras.

Marie ? J'ai pens� � un truc.

Le b�b�, quand il va �tre l�,
on va le mettre o� ?

Comment �a ?

Ben, il faut qu'il ait une chambre.

Au d�but, il peut dormir avec nous.

Il va nous emp�cher de dormir.

Qu'il soit dans la chambre
ou ailleurs, on l'entendra.

Je peux lui donner mon bureau.

Et toi ?

Moi, je d�m�nage.
Je me trouve un bureau pas loin.

J'ai besoin de rien,
juste un endroit calme pour �crire.

Tu pourrais te faire un coin
dans le salon.

"Un coin dans le salon" ?

Qu'est-ce qui ne va pas
avec le salon ?

De toute fa�on, il ira � la cr�che.

Le salon, c'est pas chez moi.

C'est chez qui ?

Chez nous.
J'ai besoin d'un truc � moi.

Tu sais,
c'est une question d'organisation.

C'est rien.

Oui, je sais.

�coute. Fais comme tu veux.
T'as raison.

Et puis, j'ai oubli� mon dossier.

C'est moi.
J'ai oubli� ma Carte Orange.

Julien ?

Julien ?

Qu'est-ce que tu fais l� ?

Je veux dire...

C'est juste pour me concentrer.
Sinon, j'arrive pas � �crire.

J'avais oubli� ma carte.

Julien,

juste un truc :
je suis pas ta m�re.

Il y a quelqu'un ?

Je suis l�.

Bonjour. Marie n'est pas l� ?

Elle est en bas avec Jean-Lou.
Ils v�rifient la copie.

- T'es revenu, toi ?
- Ben oui.

Je venais voir Marie
pour lui d�poser �a.

Pose-les l�.

J'ai lu ton article.
Il est formidable.

Merci. Tu pr�pares quoi ?

Apr�s Visconti,
on va faire une r�tro Aldrich.

Mais j'y crois pas trop.

�a peut peut-�tre marcher.

T'as mis El Perdido ?

Non. J'ai oubli�, tiens.

Un western cr�pusculaire.

"Cr�pusculaire."

Moi, ce que j'aime,

c'est quand ils se battent pour elle.

Oui.

Des hommes comme on n'en fait plus.

- Je descends ?
- Eh ben, quand tu te sens pr�t.

De toute fa�on, on t'attend.

Comme l'�crit Jean Starobinski
dans L'OEil vivant,

c'est l'oeuvre qui doit �tre �cout�e.

Cette co�ncidence avec une oeuvre,

moi, je la cherche tous les jours
au cin�ma.

Il n'est pas foutu de citer
Starobinski correctement, ce con.

Et si parfois, je la trouve,
c'est gr�ce au regard de ma femme.

Quel con !

Alors, si vous le permettez,

je voudrais d�dier
cette projection � Marie.

Merci.

Marie !

Marie, je t'en supplie.
Arr�te. C'est rien.

H� ! C'est juste un film.

C'est moi. Je suis l�.

Je t'aime.

Je crois que j'ai besoin
d'aller marcher. Vraiment.

T'es s�re ? �a va aller ?

Oui, oui.

Bon. Ben, j'y retourne. OK ?

Oui.

- Pour le pr�nom, vous avez choisi ?
- On ne s'est pas encore d�cid�s.

- Quelqu'un veut du vin ?
- Moi.

- Ah non.
- Non, merci.

- Du vin ?
- Avec plaisir.

- Julien ?
- Oui, je veux bien.

T'es belle, Marie.
T'es de plus en plus belle.

Je n'arr�te pas de lui dire.

Elle est magnifique.
Elle n'a jamais �t� aussi belle.

C'�tait pas malin, je suis d'accord.

- De quoi tu parles ?
- Du film.

Non, mais...

- T'as tellement chang�, aussi.
- Tu trouves ?

J'aurais jamais imagin�
que �a te fasse cet effet-l�.

C'est juste un film.

C'�tait pas un film.

Un homme tentait de tuer son enfant
et c'est ce film que tu m'as d�di�.

- J'aimerais tellement...
- Quoi ?

Rien. Je sais pas.

- Pourquoi tu veux tout savoir ?
- Tu finis jamais tes phrases.

Madame Tourelle.

- Bonjour.
- Bonjour.

On va l'appeler comment ?

Je sais pas.

Il faut que j'y aille.
On m'attend au journal.

- On se voit ce soir ?
- Ben oui.

�a te dit qu'on se retrouve ce soir
pour d�ner � la maison ?

Oui, si tu veux.

- C'est tout ?
- Pourquoi "c'est tout" ?

Merde ! Tu fais chier !

C'est comme si je te disais :
"Passe-moi le sel."

- J'ai dit oui.
- Il y a mille fa�ons de dire oui.

C'est comme si tu parlais
� un arbre mort !

"Un arbre mort" ?

Arr�te de faire ta conne, l� !
Tu sais tr�s bien ce que tu fais.

- Tu sais, tout � l'heure...
- Non, pas ce soir.

C'est pas grave.

J'ai pass� la journ�e
� visiter des taudis.

T'�tais pas au journal ?

J'ai bien vu un deux-pi�ces
du c�t� de la Nation.

T'as besoin d'un deux-pi�ces ?

Ben, j'ai pass� l'�ge
de me retrouver dans un taudis.

J'aimerais venir le visiter avec toi.

Je te vois mal monter 6 �tages
sans ascenseur.

Parce que tu ne visites que �a ?

Marie, j'ai dit : "Pas ce soir."

Alors quand ?

"Quand" quoi ?

Quand est-ce qu'on parlera enfin ?

Tu veux parler de quoi ?

J'ai tout le temps peur
que tu t'en ailles.

Moi, je ne passe pas mon temps
� te parler de mes angoisses.

On ne s'en sortirait pas.

Pourtant, j'aimerais bien.

Pour moi, rien n'a chang�, sauf toi.

C'est pour �a
que tu me touches plus ?

�a te fait peur � cause du b�b� ?

Tu me prends pour qui ?

Arr�te, Marie. �a devient ridicule.

Tiens, Alain, prends �a.
C'est une copie unique.

- Va les mettre dans le bureau.
- Qu'est-ce qui se passe ?

Te voil�, toi !

T'as oubli� de brancher la pompe.
La salle est inond�e.

J'ai pas fait expr�s.

Mets �a dans le bureau.

Sortez la copie 70 millim�tres
des Moissons du ciel.

O� est The last movie ?

Tu l'as pas mis au fond, l�-bas ?

Il faut arr�ter les conneries.

Tu peux me laisser passer ?

Il faut que tu te r�veilles.

- D�sol�e.
- �a nous fait une belle jambe.

- Arr�te de lui parler comme �a.
- �a me gonfle, cette histoire, moi.

T'es pas la premi�re
� qui �a arrive, non ?

Il faut passer � autre chose !

Tu arr�tes de me hurler dessus !
Tu te prends pour qui ?

Celui-l� est fichu.

C'est pas vrai !

Les assurances vont marcher, non ?

Les assurances ?

Certaines copies sont uniques.

On n'en trouve
nulle part dans le monde.

Si tu leur expliques �a...
Ils n'en ont rien � foutre !

"On ne peut plus voir un film,
et alors ?"

T'en as assez fait pour aujourd'hui.
Tu peux rentrer chez toi.

Attends. Attends.
Ferme les yeux. Vite.

Donne-moi ta main.

�a cogne.

Tu sens ?

Je ne pourrai pas
t'appeler en arrivant,

� cause du d�calage horaire.

- Moi, je peux t'appeler.
- � Tokyo ?

�a va co�ter une fortune.
J'appellerai moi.

C'est le journal qui paie.

Bon. J'y vais.

Julien !

Quoi ?

Rien. Bon voyage.

Ne t'inqui�te pas.
Tout va bien se passer.

All� ?

C'est Julien.

Je te d�range ?

Ben oui, je dormais. Il est 22 h.

J'ai mal calcul�.

Je m'inqui�tais. Je m'en voulais.
Je voulais entendre ta voix.

C'est pas grave. �a va ?

Oui. Et toi ?

Mes parents sont venus hier.

Tu me manques.

Je t'aime, Julien.

Moi aussi.

Je t'embrasse.

Je te rappelle demain.

All� ?

T'es d�j� sortie ?

Je suis en projet toute la journ�e.

Je t'embrasse. Je t'aime.

� demain.

Jean-Jacques.

Oui, c'est moi.

Je ne viendrai pas aujourd'hui.

�a va.
Je me sens juste un peu fatigu�e.

Je t'embrasse.

- Vous vous appelez comment ?
- Delphine.

- Il �tait avec vous � Venise ?
- Oui.

- �a ne s'est jamais arr�t� ?
- Si, puis �a a repris.

Quand ?

� la projection du Visconti.

Il m'avait invit�e.
J'�tais dans la salle.

Je ne vous imaginais pas comme �a.

Ah oui ? Comment ?

- Plus fragile.
- "Fragile" ?

Il a peur de vous faire souffrir.

Il a peur,
mais il y arrive tr�s bien.

Moi, je ne compte pas.

Je ne suis m�me pas une histoire.

Je suis comme un r�ve inachev�.

Il a besoin de �a, Julien :

une bulle loin des autres,
loin du monde...

o� on peut �tre libre...

d'�crire pour rien, pour personne,
pour le plaisir des mots.

- Parce qu'il �crit ?
- Des po�mes... sublimes.

Il a besoin de vous,
comme il a besoin...

de cette libert�-l�.

En ce moment, c'est avec moi,
parce que je peins ses po�mes.

Demain, �a sera tout seul
ou avec une autre.

C'est plus fort que lui.

Je trouve �a magnifique.

Il faut que j'y aille.

Je suis jamais venue.
Je veux pas qu'il sache.

J'en peux plus !

15 heures d'avion
� c�t� d'un type qui ronflait.

J'ai pas pu fermer l'oeil.

- Et Tokyo, c'�tait comment ?
- Tu sais comment c'est.

Enferm� dans une salle la journ�e,
le soir, l'h�tel, et �a recommence.

Et Tokyo ?

Tokyo ? Rien. J'ai rien vu.

Tu ne comprends rien.
Tout est �crit en japonais.

Au restau, tu ne sais jamais
ce que tu vas manger.

D'ailleurs, � part le poisson,
�a n'a rien � voir avec ici.

En 15 jours, t'as rien vu ?

Si, j'ai vu des films.
J'�tais l�-bas pour �a.

- T'as vu des trucs bien ?
- C'est un interrogatoire ?

T'imagines quoi ?
Je t'ai appel�e tous les jours.

J'en peux plus, moi.
Je ne peux pas faire plus.

- T'as vu des bons films ?
- Non, pas vraiment.

- Rien ?
- Non, rien.

Arr�te. Tu me fais mal.

Mais arr�te. T'es compl�tement fou !
T'es compl�tement malade !

Marie, ouvre-moi cette porte.

Je ne sais pas ce qui m'a pris.
Excuse-moi.

Ouvre-moi.

Marie !

Compl�tement folle !

Il n'y a rien � comprendre.
Je ne vous avais rien promis.

Il n'y a pas de place
pour tout le monde.

C'est impossible.
Ma fille doit avoir une place.

Madame, au jour d'aujourd'hui
et au vu de votre dossier,

on n'a pas retenu votre demande.

Je suis dans l'impossibilit�
de vous d�livrer une place.

Mais vous vous y �tes prise t�t
pour pouvoir vous retourner

et trouver un autre moyen de garde.

Je comprends votre d�ception, mais...
vous n'�tes pas un cas prioritaire.

Le mieux, c'est de passer
un peu de temps avec son enfant.

Il faut que j'arr�te de travailler ?

Oui, pendant un certain temps.

Vous ne le regretterez pas.
Un enfant, c'est une r�volution.

Moi-m�me...

Mais je ne peux pas
parce qu'en fait, je suis seule.

Enfin, je serai seule
pour �lever ma fille.

Mon mari est parti.

C'est r�cent ?

Oui. Oui.

Il ne va pas revenir ?

Non.

Nous allons refaire un dossier
au vu de cette nouvelle situation

et votre dossier va �tre r�examin�.

Vous �tes mari�e ?
Si oui, depuis quand ?

Depuis le 30 septembre 2008.

Et depuis quand �tes-vous seule ?

Je ne sais plus.
Je ne sais pas quand �a a commenc�.

C'est important.
Il me faut une date pr�cise.

Regardez le calendrier.

Vous allez �tre compt�e
comme parent isol�.

Le 14 septembre.

Et le b�b�
est pr�vu pour quelle date ?

Pour mars.

Morricone vient � Paris.
Il m'accorde une interview.

Ah bon ? Il vient � Paris ?

Il va donner des concerts
exceptionnels.

- C'est bien.
- Oui.

Je suis all�e � la cr�che,
aujourd'hui, et j'ai une place.

On m'avait dit
que je n'aurais pas de place.

C'est l�
que je me suis aper�ue que...

Tiens.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Ben, ouvre. Tu vas voir.

Tu te souviens ?

C'est notre premi�re rencontre.

On le met ?

Mais qu'est-ce qu'elle fait,
bon Dieu ?

Elle est l�, elle n'est pas l�

C'est pas possible, pas possible

Pas possible

Mais pourtant,
il me suffit de fermer les yeux

et tu es l�

- Ne dis...
- Rien

- Surtout...
- Pas

Ne dis rien, suis-moi

- Ne dis...
- Rien

- N'aie pas...
- Peur

Ne crains rien de moi

Suis-moi jusqu'au bout de la nuit

Jusqu'au bout de ma folie

Laisse le temps

Oublie demain

Oublie tout
Ne pense plus � rien

- Ne dis...
- Rien

- Surtout...
- Pas

Ne dis rien, suis-moi

- Ne dis...
- Rien

- N'aie pas...
- Peur

Ne crains rien de moi

Suis-moi jusqu'au bout de la nuit

Jusqu'au bout de ma folie

Laisse le temps

Oublie demain

Oublie tout
Ne pense plus � rien

Combien de temps on met pour
se s�parer quand on ne s'aime plus ?

Je sais pas.

- �a doit d�pendre de l'�ge.
- Tu crois ?

Moi, je crois que �a d�pend des gens.

Tu me fais rire.

"De l'�ge."

- J'adore quand t'es comme �a.
- Comment ?

Comme avant.

Il faut qu'on s'arr�te
pour acheter du vin.

- Tu ne t'en es pas occup�e ?
- Non, je ne m'en suis pas occup�e.

- T'es s�re qu'on est oblig�s ?
- C'est toi qui l'as dit � Paul.

Eux, ils se sont occup�s
de tout le reste.

Ils ont d� l'acheter, le vin.

- J'ai envie d'aller aux toilettes.
- �a fait 3 fois en une heure.

Si tu le dis.

Tu fumes ?

�a me calme.

- Pourquoi ? T'es �nerv� ?
- Oui, tr�s.

Tu me d�go�tes !
On dirait une baleine.

Ben, vas-y.

- Tu viens ?
- J'ai encore envie.

- D�p�che-toi ou...
- Ou quoi ?

Pourquoi t'es revenu ?
Pourquoi t'es revenu ?

Je suis pas un salaud.

Tu te barres, tu reviens,
tu te rebarres, tu rereviens.

- Et Tokyo, c'�tait comment ?
- De quoi tu parles ?

Je te parle de Tokyo ! De Tokyo !

Pourquoi tu restes avec moi ?

Pour les m�mes raisons que toi.

Je voudrais que tu sois morte.

- Ne fais pas de scandale.
- Tokyo...

Salut.

Merci.

- Marie, je te pr�sente Aristide.
- Enchant�e.

J'ai beaucoup entendu parler de vous.

Moi, c'est Julien.

- Le futur papa, j'imagine.
- Oui, entre autres.

- Vous avez fait bon voyage ?
- C'�tait mouvement�.

- Vous avez eu du mal � trouver ?
- Julien a essay� de m'abandonner.

�a me rappelle un type qui a mis
400 km avant de se rendre compte

qu'il �tait reparti
de la station-service sans sa femme.

Ils ont saut�.
Il y avait 50 cm d'eau.

Ils ont eu les deux jambes cass�es,
tous les deux.

Et toi, Julien, tu ne racontes rien ?

J'ai un vrai coup de pompe.

T'as vu des trucs bien, r�cemment ?

Non. C'�tait une ann�e terne.

Mais si, ce film, � Tokyo.
Comment �a s'appelait ?

T'es all� � Tokyo ?
Ils n'ont pas envoy� Gilbert Lepic ?

Oui, on y �tait tous les deux.

Quel film ?

Je ne sais pas de quoi elle parle.

Mais si, t'�tais boulevers�.

Un cor�en, je crois.

L'histoire d'un type
qui ment tout le temps,

qui part, qui revient.

Je crois qu'il finit paralytique,
nourri par sa m�re.

Enfin, un type path�tique...

C'est bon. Laisse-moi, toi.

Mais Marie, qu'est-ce qui te prend ?

Qu'est-ce qui se passe ?

Demande-lui. Moi, je sais pas.

Je ne comprends pas
pourquoi vous restez ensemble.

C'est pas toi qui disais
qu'il fallait que je le comprenne ?

Je croyais que �a s'�tait arrang�.

Il n'est jamais all� � Tokyo.

On n'habite quasiment plus ensemble.

Il n'a pas envie de me quitter.

Il ne supporte pas que je sois
enceinte et il veut cet enfant.

Vous vous faites du mal pour rien.

C'est fini, Julien. On arr�te l�.

Tu peux pas.
Tu m'entends ? Tu peux pas.

Je veux �lever cet enfant.
C'est le mien aussi.

T'es ridicule, mon pauvre Julien.

Je m'en vais.

Hors de question. Tu restes ici.
Il faut qu'on se parle.

J'�coute.

- Je t'aime.
- C'est tout ?

Comment tu veux que je te parle ?
T'as vu comment tu me regardes ?

Je te regarde plus.
Voil�. Je t'�coute.

Bon. OK. Je suis pas all� � Tokyo.

J'ai menti.

Je ne l'ai pas fait expr�s.

- Je peux pas vivre avec toi...
- Je te d�go�te ?

Oui. Tu comprends ?

Non.

Tu ne veux pas essayer ?
Juste un peu ?

Essayer de comprendre
pourquoi je te d�go�te ?

Non. Je crois
que je vais pas y arriver.

T'aurais d� me dire pour Tokyo.

Tu me regardes m'�loigner,
sans rien me dire.

T'es froide et cruelle.

C'est pour �a
que je suis all� voir ailleurs.

Pourquoi tu restes
avec cette femme ?

Mais de qui tu parles ?

Je l'ai quitt�e !

C'est personne !
Je n'arr�te pas de le r�p�ter.

Je te parlais de moi.

Pourquoi tu restes
avec une femme froide et cruelle ?

Tu parlais de toi ?

T'as vu comment tu parles de toi,
de nous ?

C'est comme si tu parlais
de quelqu'un d'autre.

Putain ! Mais qu'est-ce que t'as
dans le ventre ?

Excuse-moi.
C'est pas ce que je voulais dire.

Pourquoi tu me repousses ?

Hein ?

Pourquoi tu veux plus de moi ?

Tu pourrais me frapper.

- Je t'aime plus.
- Je te crois pas.

Mon pauvre Julien.

Ne me dis pas �a.
Ne m'appelle pas comme �a.

T'arr�tes maintenant ! Tu arr�tes !

Mais pour qui tu te prends ?

Arr�te de me donner des ordres !

Tu arr�tes maintenant !