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♪ Mon père l'avait acquis ♪
♪ pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau ! L'agneau ! ♪

♪ Mon père l'avait acquis ♪
♪ pour le prix de deux Suz ♪

♪ Ainsi raconte la Haggada ♪

♪ Rusé, le chat se tenait aux aguets ♪

♪ Il se jeta sur l'agneau ♪
♪ et le dévora ♪

♪ Le chien qui avait étranglé ♪
♪ le chat ♪

♪ Qui avait dévoré l'agneau ♪

♪ Que mon père avait acheté ♪

♪ Pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau, l'agneau ! ♪

♪ Alors s'avance le bâton ♪

♪ Et s'abattant sur lui ♪
♪ Il corrige le chien ♪

♪ Qui avait mordu le chat ♪

♪ Qui avait dévoré l'agneau ♪
♪ que mon père avait acheté ♪

♪ Il l'avait acquis ♪
♪ pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau, l'agneau ! ♪

♪ Sans hésiter, le feu ♪
♪ consume le bâton ♪

♪ Qui avait corrigé le chien ♪

♪ Qui avait étranglé le chat ♪

♪ Qui avait dévoré l'agneau ♪
♪ que mon père avait acheté ♪

♪ Pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau, l'agneau ! ♪

♪ Puis l'eau vint éteindre le feu ♪

♪ Qui avait consumé le bâton ♪

♪ Qui avait corrigé le chien ♪

♪ Qui avait étranglé le chat ♪

♪ Qui avait dévoré l'agneau ♪
♪ que mon père avait acheté ♪

♪ Pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau, l'agneau ♪

♪ Le boeuf qui passait par là ♪
♪ but l'eau qui avait éteint le feu ♪

♪ Qui avait éteint le bâton ♪

♪ Qui avait corrigé le chien ♪

♪ Qui avait étranglé le chat ♪

♪ Qui avait dévoré l'agneau ♪
♪ que mon père avait acheté ♪

♪ Pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau, l'agneau ♪

♪ Vint le boucher qui égorgea ♪
♪ le boeuf qui avait bu l'eau ♪

♪ Qui avait éteint le feu ♪

♪ Qui avait consumé le bâton ♪

♪ Qui avait corrigé le chien ♪

♪ Qui avait étranglé le chat ♪

♪ Qui avait dévoré l'agneau ♪
♪ que mon père avait acheté ♪

♪ Puis vint l'ange de la mort ♪
♪ qui fit mourir le boucher ♪

♪ Qui avait égorgé le boeuf ♪
♪ qui avait bu l'eau ♪

♪ Qui avait éteint le feu ♪

♪ Qui avait consumé le bâton ♪

♪ Qui avait corrigé le chien ♪

♪ Qui avait étranglé le chat ♪

♪ Qui avait dévoré l'agneau ♪
♪ que mon père avait acheté ♪

♪ Pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau, l'agneau ♪

♪ Pourquoi chantes-tu ♪
♪ donc l'agneau ? ♪

♪ Le printemps n'est pas encore là ♪
♪ et la Pâque non plus ♪

♪ Est-ce que tu as changé ♪

♪ Moi, j'ai changé cette année ♪

♪ Et tous les soirs, ♪
♪ comme chaque soir ♪

♪ Je n'ai posé que quatre questions ♪

♪ Mais ce soir, il me vient ♪
♪ une autre question ♪

♪ Jusqu'à quand durera ♪
♪ ce cycle infernal ♪

♪ Ce soir il me vient une question ♪

♪ Jusqu'à quand durera ♪
♪ ce cycle infernal ♪

♪ De l'oppresseur et de l'opprimé ♪
♪ Du bourreau et de la victime ♪

♪ Jusqu'à quand cette folie ♪

♪ Quelque chose a-t-il changé ♪

♪ Moi, cette année, j'ai changé ♪

♪ J'étais un tendre agneau ♪

♪ Je suis devenu un tigre ♪
♪ et un loup sauvage ♪

♪ J'étais une colombe, une gazelle ♪

♪ Aujourd'hui je sais qui je suis ♪

♪ Mon père l'avait acquis ♪
♪ pour le prix de deux Suz ♪

♪ L'agneau, l'agneau ♪

♪ Notre père l'avait acheté ♪
♪ pour le prix de deux Suz ♪

♪ Et on retourne à la case départ ♪

On peut y aller ?
On peut partir d'ici ?

S'il vous plaît.

Où ?

Je ne sais pas.

Allons-nous en d'ici,
s'il vous plaît.

Je ne peux pas vous emmener.

Pourquoi pas ?

J'ai quelque chose à faire
en Jordanie.

Je m'en fous. Je viens avec vous.
Emmenez-moi.

- Je ne prends pas de passagers.
- Je me ferai toute petite.

J'ai une affaire de famille
à régler. Une affaire sérieuse.

Moi aussi, c'est une affaire de
famille et c'est sérieux.

Je vous en supplie.

Vous n'avez pas d'amis à Jérusalem ?

- Ce sont les siens.
- Pardon ?

Ce sont ses amis.

- Vous avez de la famille ici ?
- Plus maintenant.

Je dois passer la frontière.

Je dois quitter ce pays.

Nous partons pour un long voyage.

Je suis prête.

On y est presque.

On approche de la frontière.

Je vous le répète...

S'ils posent des questions,
c'est moi qui réponds. D'accord ?

C'est moi qui parle.

S'ils demandent pourquoi
on passe la frontière,

vous êtes touriste et je suis
votre chauffeur. Compris ?

D'accord.

Vous avez votre passeport ?

Et pas de questions idiotes.

Souriez-lui.

Bonjour.

Vous allez en Jordanie ?

Oui.

Vos passeports, s'il vous plaît.

Voici le mien.

Rebecca...

Enlevez vos lunettes.

- C'est bon. Vous avez une arme ?
- Non, non.

- Pas d'armes d'aucune sorte ?
- Non.

Tu peux ouvrir.

Merci.

On a passé le premier obstacle...
Maintenant à l'autre.

- Vous allez en Jordanie ?
- Oui.

Avancez doucement.
Doucement.

Un dur !

Avancez encore, encore.

Avancez encore, madame.

Eteignez le moteur.
Vos passeports.

Doucement, doucement.

Bonjour. Voilà mon passeport.

Et le vôtre.

Vous êtes citoyenne américaine ?

Retirez vos lunettes.

- Que faisiez-vous en Espagne ?
- Je voyageais avec mon fiancé.

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

- C'est à moi que vous demandez ?
- Vous vous connaissez ?

Elle me fait visiter.

- Je suis son chauffeur.
- C'est à elle que je m'adresse

- Vous êtes son chauffeur ?
- Oui. Ca n'a rien d'extraordinaire !

C'est quelle société ?

C'est écrit. La société de mon mari
Moshé Ben Moshé.

- Qui est Moshé ?
- Mon mari.

Quel est le motif du voyage ?

Je l'emmène
visiter la Jordanie.

Vous resterez longtemps
en Jordanie ?

- Seulement 24 heures.
- Je comprends.

Tous ces bagages pour 24 heures ?

Tu sais combien de bagages
elles ont à l'arrière ?

On se calme.

A qui sont ces bagages ?

Heu...

C'est compliqué.

Les bagages appartiennent
à sa belle-mère, Mme Breitberg.

Je devais l'emmener.

Vous avez entendu parler
de la passagère naïve ?

Elle a oublié ses bagages
dans ma voiture.

Dis-moi de le faire
et je démonte la voiture.

- Rousso, t'as suivi quel cours ?
- Benchetrik. Chimchon 89.

Je comprends. Du calme.

La passagère naïve était
Anne Mary Murphy, mariée à un Arabe.

Des explosifs avaient été cachés
à son insu dans ses bagages.

Mais je suis israélienne !

Je vous pose ces questions
pour votre sécurité

et la sécurité de l'Etat.

Qui a préparé les valises
à l'arrière ?

La mère de mon fiancé.

Et vous voulez passer la frontière
avec des valises

que vous n'avez pas faites ?
Ici c'est risqué.

Donne-moi l'ordre
et je démonte la voiture.

La petite a l'air d'une pute.

Vous, soyez poli.

Ne me dites pas ce que j'ai à faire.
Ne nous interrompez pas !

Vous irez où après la Jordanie ?

J'ai une idée.

Vous avez de la famille en Jordanie ?

- Elle a de la famille en Jordanie ?
- Bien sûr que non.

Je lui fais seulement
visiter la Jordanie.

Tous ces bagages pour
une simple visite ?

Je peux les laisser ici.

Ils ne sont pas à nous.
Je les reprendrai à mon retour.

Allez au contrôle des passeports,
je réfléchis pour vos bagages.

Ca ne me dérange pas
de les laisser ici.

Allez au contrôle des passeports.
Nous allons réfléchir.

Merci beaucoup.

Un conseil. Changez
la photo sur votre passeport,

elle ne vous ressemble plus du tout.

Je vous demande de me parler
avec un peu plus de respect.

On se calme.

Quel culot !

On se reverra !

Vous avez vu ce culot ?

Merci pour l'idée
de laisser les valises ici.

Je regrette de les y avoir mises.

Prenez votre passeport et venez.

Ca a été dur.

Bonjour.

Vous avez votre passeport ?

Sortez-le.

Et souriez, souriez.

- Bonjour.
- Bonjour, comment allez-vous ?

Bienvenue en Jordanie.
Vos passeports.

Oui, un instant.

Beaucoup de passeports...

- Vous avez le mien ?
- Oui.

Voici le sien.

- Bienvenue en Jordanie.
- Merci.

Réveille-toi, réveille-toi.

Ce n'est pas difficile.

Rejoins le monde libre.
La vie y est si belle.

Il faut savoir apprécier
les choses simples.

Ecoute ca.

Aime-le, respecte-le
et oeuvre pour lui.

Car plus tu t'en approches,
plus limpide, plus riche

et plus heureuse ta vie sera.

Aimer la vie et
regarder vers l'avenir.

- L'avenir, je l'emmerde.
- Comment ca ?

J'emmerde l'avenir.

Bon. Tu emmerdes l'avenir.
Explique-moi.

Avec mon père et ma mère,
quand nous étions à Tibériade,

on avait cette cuisinière arabe.
Elle pêchait le poisson dans le lac.

Elle le portait dans son panier
et le cuisinait pour le dîner

et on la regardait faire.
Ca nous semblait des heures.

Elle arrivait par
les chemins caillouteux.

Elle marchait,
ça n'en finissait plus.

Et ensuite ?

Tu attends, attends...

Et pour finir,
un poisson mort.

On s'est battus trois jours
dans ce village

jusqu'à ce qu'on les liquide.

Tu as tué des hommes ?

Non. Pas de mes mains.

Je suis resté deux jours là-bas,
les autres étaient partis.

Je gardais les armes
qu'on avait saisies

et j'attendais les renforts.

J'étais seul avec une paysanne.

Elle n'avait pas été tuée ?

Elle s'était cachée, la salope.

Elle était jeune ? Vieille ?

Vingt, vingt-deux ans.

Belle ?

Plutôt ronde.

Qu'est-ce que tu as fait ?

Je me croyais tout seul
dans le camp.

C'était pas facile
avec tous ces cadavres.

J'en connaissais certains.

Je ne savais pas quand
les renforts arriveraient.

Soudain, j'ai entendu des pleurs.

J'ai cherché parmi les cadavres.

Je l'ai vue cachée
sous un tas de bûches.

Je l'ai sortie de là.

Je lui ai demandé de me
faire à manger.

Dans quelle langue tu lui as parlé ?

Je ne sais plus. Bonne question.

En tout cas elle a compris.

Elle m'a préparé une soupe chaude.

Et puis il était tard.

Tu es sûre
que tu veux tout entendre ?

Oui.

Je lui ai dit que je voulais
rester la nuit.

Alors elle m'a indiqué une chambre
près de la cuisine.

Je lui ai dit : "Ecoute salope,
je veux le meilleur lit".

Qu'est-ce que tu as fait ?

Elle m'a laissé la prendre
dans la chambre de son mari.

Elle a résisté
ou elle s'est donnée ?

Pas du tout.

Tu l'as violée ?

Je n'appellerais pas ça un viol.

Elle te voulait ou pas ?

Tu es resté longtemps avec elle ?

Deux nuits,
jusqu'au retrait des troupes.

Elle avait de gros nichons ?

Je te quitte.

C'est mieux comme ca.

On avait dit qu'on recommencerait
à zéro, Rebecca.

C'était ton idée, pas la mienne.

Je t'ai donné ma parole,
tu dois nous laisser une chance.

Tu t'en sortiras.

Tu vas faire quoi, sans moi ?

Tu vas faire quoi ?

Quelle importance ?

Je ne suis nulle part.

C'est fascinant de voir en réalité
ce qu'on lit dans les livres.

C'est l'endroit où les Romains
ont établi la Decapolis.

Ces dix villes qui protégeaient
la frontière.

Amman s'appelait Philadelphia
comme Philadelphie aux Etats-Unis.

Jarash était une de ces villes
et Beit Shean, de l'autre côté

de la frontière était
une copie de Jarash.

Je vous ennuie ?

Comment ?

Non. Je cherche la route.
Nous sommes perdues, Rebecca.

Julio dit que je parle beaucoup
et que ce qui m'intéresse

n'intéresse pas
forcément les autres.

C'est intéressant
mais nous sommes à sec.

C'est beaucoup plus intéressant,
Rebecca. Je vous écoute.

Et à la chute de l'empire romain,

les Bédouins qui sont encore là
de nos jours...

C'est incroyable...

C'étaient eux les guerriers qui
ont introduit l'empire islamique

et ils avaient ces guerriers
légendaires.

Mon professeur dit qu'ils ne
se battaient pas vraiment.

Ils savaient que tuer un homme
engendrerait un cycle de violence,

alors ils envoyaient plutôt
un représentant se battre

contre le représentant
d'une tribu adverse.

Ils se livraient combat

et celui qui finissait assis
sur l'autre avait gagné la guerre.

Bonne idée. Si Abou Mazen
s'asseyait sur Arik Sharon

et Arik Sharon sur Abou Mazen,
ce serait la fin du conflit.

Une station d'essence.
Nous sommes sauvées, Rebecca.

Formidable.

Nous sommes perdues.
Je ne sais pas où nous sommes.

Je peux vous aider ?

Je voudrais de l'essence.
Faites le plein de super.

Que diriez-vous d'un café ?

Je suis pressée.
Nous devons continuer.

Qu'est-ce qu'il veut ?

Il nous invite à boire
un café avec lui.

D'accord, merci.

Vous n'allez pas boire de café.

Non, Rebecca, revenez !

Qu'est-ce que c'est ?

Jarash. C'est votre première visite ?

- Vous êtes d'où ?
- De New York.

América !

Elle aussi, elle est Américaine ?

Elle vient de l'autre côté.

Nous avons fait Tel Aviv-Amman
en voiture, aujourd'hui.

Tel Aviv ! Vous savez d'où je suis ?

- D'où ?
- De Jaffa.

Pas possible !

Jusqu'en 1948, je vivais à Jaffa.

Après la guerre,
on a vécu à Naplouse

puis ici, à Jarash.

- Je vais vous faire un bon café.
- Merci.

Vous avez un petit biscuit,
quelque chose à grignoter ?

- Bien sûr !
- Je suis affâmée.

- Vous aimez le fromage de chèvre ?
- J'adore.

Nous avons aussi du labané.
Et du houmous.

Parfait.

Rebecca !

Merci.

Rebecca !

Rebecca, revenez !

Hé, Tsupi. On se calme.

Tu as entendu ce bruit ?

Moshé !

Moshé ! Qu'est-il arrivé ?
Ca va ?

Moshé, parle-moi.

Ce n'est qu'un peu de sang,
ne t'en fais pas.

Comment ça, un peu de sang ?
Tu en as partout !

- Et la voiture, Hanna ?
- Quelle voiture ?

J'ai travaillé dessus toute la nuit.
Où est la voiture ?

Moshé, tu es blessé.
Oublie cette voiture.

Moshé, je vais chercher des secours.

Tu es tout en sang.

Je dois la convoyer chez
l'Américain, en zone franche.

- Ce salaud nous doit de l'argent.
- Parler d'argent maintenant !

Je vais appeler de l'aide.
J'appelle une ambulance.

Allonge-toi. Ne bouge pas.

Hanna, il faut aller chercher
Mme Breitberg.

Breitberg attendra.

- Je vais...
- Hanna !

Allonge-toi. Ne bouge pas !

Je vais chercher de l'aide.

N'oublie pas Mme Breitberg !

Moshé, je vais appeler
une ambulance. Ne bouge pas.

Elle doit arriver avec Julio !

Il est blessé à la tête.
Il dit n'importe quoi.

Je reviens immédiatement.
Reste où tu es, d'accord ?

Quelle catastrophe !

Bonjour, ici Hanna Ben Moshé.

Oui, c'est Hanna Ben Moshé.

J'ai besoin d'aide.

Dans notre garage... dans le garage
de Moshé Ben Moshé.

Il est gravement blessé.

Envoyez une ambulance. Vite.

Ne dites rien aux filles.

Ne les inquiétez pas.

Vous avez fait bon voyage,
Mme Breitberg ?

Très bien, merci.

- Ibéria ?
- Non.

- El Al ?
- El Al.

- Je préfère lbéria.
- C'est bien, El Al !

Où est Moshé ?

Moshé n'est pas bien.

Moshé, blessé.

C'est grave ?

Grave, oui, grave.

Et me voilà !

Nous allons à Jérusalem ?

Oui. Nous allons
dîner à Jérusalem.

J'ai réservé au restaurant
de l'hôtel Mishkanot Shaananim.

- Un très bon restaurant.
- Oui.

Avant, je veux passer au
Mur des Lamentations.

Et demain j'aimerais voyager.

Aller en Galilée,
au Mont des Oliviers et à Yad Vachem.

- Non, non, pas demain matin.
- Comment ça, non ?

Demain, moi, en Jordanie.

Comment ça, en Jordanie ?

Julio, j'ai réservé un chauffeur
pour aujourd'hui et demain.

Je veux faire un grand tour.

Il y a un problème de
communication dans ce pays !

Maman, s'il te plaît,
parle anglais.

Il faut parler anglais. D'accord.

Je leur offre un week-end
au Sheraton, et voilà le résultat.

Mon fils n'a pas eu de chance
avec cette fille, croyez-moi.

Tu sais qui j'ai rencontré à
l'aéroport au départ pour Tel Aviv ?

- Aucune idée.
- La fille de l'associé de ton père.

Elle vient d'ouvrir
un bureau à New York.

Je lui ai parlé de toi,
de tes études brillantes.

J'ai dit que tu l'appellerais.
Elle m'a donné sa carte de visite.

Elle a dit que tu pouvais
l'appeler quand tu voulais.

Elle te fera travailler.
C'est une fille formidable.

Elle est belle, gentille,
et surtout, elle est juive.

Vous êtes juifs ?
Pas chrétiens ?

- Oui, je suis juive.
- Bien, très bien !

Allô, j'écoute.

Qui est à l'appareil ?

J'aimerais parler à l'Américain.

Qui est à l'appareil ?

Moshé Ben Moshé.

Excusez-moi,
vous parlez quelle langue ?

Je parle arabe, je parle anglais...

Quelle langue parlez-vous ?

Qui êtes-vous ?

Je vous ai dit...

Moshé Ben Moshé.

Ce n'est pas la voix de Moshé.

C'est la voix de sa femme.
La voix de la femme de Moshé.

Votre mari ne vient pas ?

Non, mon mari vient.

J'appelle pour dire
qu'il sera en retard.

Il est en route pour Amman.

Il est 3 heures passées.
Où est-il ?

Je vous dis, il est en route.

Dites-lui que la zone franche
ferme à 16 heures.

Ce sont les horaires d'hiver.
S'il n'arrive pas,

on va devoir fermer.

Ecoutez. Dites à l'Américain
de l'attendre. Compris ?

D'accord.

- Compris ?
- Oui.

Merci.

Je me demandais où était le marché.

Regardez tous ces taxis.

Ils vont en lrak.

Autre chose.
C'est très important.

Ne dites pas que vous êtes juive.

- Je ne suis pas juive.
- Non ?

Mon père est israélien, ma mère
est américaine, pas juive.

- Alors ?
- Je croyais être juive,

j'allais à la synagogue,
et quand je suis arrivée ici,

on m'a dit que je n'étais pas juive.

Si votre mère n'est pas juive,
vous n'êtes pas juive.

Ils conduisent comme des fous.

Je me suis battue avec mon père
pour pouvoir venir vivre ici.

Pourquoi vouliez-vous
vivre ici ?

Je ne me sens pas Américaine.

Alors j'ai décidé de vivre ici.

Je n'ai sans doute
ma place nulle part.

"Zone franche"

Je m'en fais beaucoup pour Moshé.

Il n'a vraiment pas de chance.

- Vous pensez que ça ira ?
- Je crois que oui.

Je suis affâmée.

J'ai hâte d'en finir
et de rentrer chez moi.

Nous approchons
de la frontière avec

la Syrie, l'Arabie Saoudite
et l'lrak.

La zone franche est au milieu.

Ici, on vient vendre
et acheter des voitures.

Ça, c'est l'idée de génie de Moshé.

Il l'a eue quand
il s'est retrouvé au chômage.

Pour quelqu'un qui vient du Néguev,
vous devez geler.

Je vis dans le Néguev, mais
personnellement je n'aime pas trop.

C'était l'idée de Moshé, mon mari

après notre expulsion du Sinaï.

Je suis comme mon père,
j'aime Berlin. Il y fait plus frais.

Mon père avait fait ses études
à Berlin. Au Bauhaus.

Quand ce maudit Hitler a pris le pouvoir,
il est parti pour Bâle

où un ami suisse l'a caché.

Mais les Suisses ont commencé
à livrer des Juifs aux Allemands,

et il a dû fuir.

C'était dur.
Il ne savait pas où aller.

En Amérique ou en Palestine.

Qu'a-t-il choisi ?

Je suis là !
Il a choisi la Palestine.

Elle était sous mandat
britannique.

Ils avaient construit
un oléoduc

qui allait de Haïfa en lrak.

C'est comme ça que mon père
a eu son permis d'immigrer.

Il est donc venu
avec son ami suisse.

Ils connaissaient quelqu'un
au kibboutz.

Mon père avait étudié
avec Paul Klee et Kandinsky.

Le type leur a demandé
s'ils savaient dessiner

des tracteurs et des vaches.

L'ami suisse se souvient encore
des tomates du kibboutz.

Des tomates...

Rebecca, vous êtes toujours là ?

Nous sommes arrivées ?

Vous posez beaucoup
de Klotskashes.

C'est quoi ?

Ce sont des questions difficiles.

C'est comme ce gars
qui va chez le rabbin.

Il lui dit : "Aidez-moi, mes parents
veulent que je me marie."

"Et alors ? Marie-toi.

"Mais je ne veux pas me marier,
je veux vivre, m'amuser."

"Alors ne te marie pas."

"Oui, mais mes parents sont vieux.
Ils veulent des petits-enfants.

"Alors marie-toi !

"Oui, mais je ne veux pas d'enfants
pour le moment. Je veux m'amuser."

"Alors ne te marie pas."

"Mais si je ne me marie pas,
je n'aurai pas l'argent. L'héritage.

- "Alors marie-toi.
- "Mais d'un autre côté..."

Vous savez ce qu'a dit
le rabbin ?

- "Convertis-toi."
- "Pourquoi ?"

"Va chez le prêtre
et donne-lui ce tracas !"

Nous sommes arrivées.

Zone franche.

Qu'est-ce que vous dites de ça ?

Vous êtes dans les voitures
d'occasion ?

Non. On est dans les voitures blindées.

On vend des voitures blindées
à notre partenaire américain

qui les revend aux lrakiens.

J'imaginais quelque chose
de plus romantique.

Désolée de vous décevoir.

J'imaginais des chameaux
et des dunes de sable.

Je ne ferais pas toute cette route,

je ne laisserais pas ma famille

si je n'avais pas
un rendez-vous aussi important.

C'est ouvert !

Pardon ?

Le bureau est fermé.

Oui, mais c'est moi.
Je cherche l'Américain.

Qui êtes-vous ?

Je vous ai parlé au téléphone
en arabe, en anglais.

Je suis Hanna. Hanna Ben Moshé,
la femme de Moshé Ben Moshé.

Moshé ne vient pas ?

Non, mais je suis là
pour prendre l'argent.

- Entrez.
- Merci.

Venez, Rebecca.

Je prends l'argent, d'accord ?

Nous nous sommes parlées
tout à l'heure.

Je vous ai dit
qu'il était en retard.

- C'est votre fille ?
- Non, c'est une amie.

Elle est comme la famille.

Merci.

Vous devez être très fatiguées
après ce long voyage.

Oui.

- Vous voulez du thé ?
- S'il vous plaît.

Pas pour moi, merci.
Ce n'est pas cacher.

- Pas cacher ?
- C'est ce que disent les rabbins.

Rebecca, ne t'en mêle pas.
C'est seulement entre elle et moi.

Je le fais très sucré.
J'espère que vous aimez.

J'aime le sucre mais je ne peux pas
à cause de mon régime.

Vous dites ?

Si on écoutait tout ce qu'on dit sur
le sucre, personne n'y toucherait.

Vous avez raison. Buvons.

Portons un toast.

Santé.

- Cigarette ?
- Non, merci.

Pardon...

- Une cigarette ?
- Non, non.

- Rappelez-moi votre nom.
- Leila.

Leila, je ne suis pas venue boire
du thé ni fumer des cigarettes.

Je suis là pour affaires.

Je suis venue voir l'Américain.

Où est l'Américain ?

Il n'est pas ici.
Il est souffrant.

Souffrant ?

Où est Moshé ?

Souffrant ?
Moshé aussi est souffrant.

D'accord. En dehors du fait
qu'il est souffrant, il est où ?

- Vous êtes d'où ?
- De New York.

Franchement...

Pardon. C'est quoi, ici ?
Le National Geographic ?

- Quoi ?
- Comment quoi ?

Je suis venue parler d'autre chose.

- Vous êtes d'où ?
- D'lsraël.

- Et avant ?
- Avant lsraël ?

D'Auschwitz. Mes parents
sont venus d'Auschwitz.

Mes parents sont de Palestine.

Sans blague !
J'en connais, des Palestiniens.

- Comment vous les connaissez ?
- Nous avons des serres.

- Des serres ?
- On y fait pousser des fleurs.

- Nous aussi, nous avons une ferme.
- Vraiment ?

On élève des chameaux, des vaches,
des chèvres et même des ânes.

Moi aussi j'ai un âne,
Moshé, mon mari.

Ok, Leila. Ecoutez, ma belle.

Je ne suis pas venue me disputer,
je ne vous connais pas.

Buvez votre thé.

Ne me donnez pas d'ordres.
Regardez-moi une seconde.

Vous savez de quoi je parle.
Vous me devez 30000 $.

Je sais.

Alors je veux parler
à l'Américain.

Je peux passer un coup de fil ?

Merci.

Allô, Moshé.

Oui.

Nous sommes arrivées.
Nous sommes dans la zone franche.

Je suis avec la belle-fille
de Mme Breitberg.

Je n'avais pas le choix.
Je ne pouvais pas l'abandonner.

Oui, tout va bien. Il y a eu des
contretemps. On s'est perdues.

Je ne partirai pas sans l'argent.

Cette fois c'est le Djihad.
Non, non.

Tout ira bien.
Ne t'en fais pas. Salut.

Rebecca, laissez-nous un instant.

Alors, Leila ?
Qu'est-ce qu'il a dit ?

Que vous êtes en retard.

Je sais mais j'ai téléphoné
pour dire que je serai en retard.

Et j'ai demandé
qu'il nous attende.

Il n'est pas là.

J'ai remarqué !

Ecoutez-moi.
Rappelez-moi votre nom.

- Leila.
- Ecoutez, Leila.

J'ai fait huit heures de route
et j'ai laissé

un mari malade et trois enfants.
Je viens pour récupérer mon argent,

pas pour m'entendre dire
que je suis en retard. Vu ?

Ne me parlez pas sur ce ton !
Ça fait des heures qu'on l'attend.

Vous faites toute une histoire
parce que vous arrivez d'lsraël ?

Lsraël ou pas, je viens prendre
mon argent. Il me doit 30000 $

et je veux voir l'Américain,
c'est clair ?

Je vous dis qu'il n'est pas ici.

Je veux mon argent.

- Où est l'argent ?
- L'argent n'est pas ici.

Il est où ?

- A la banque.
- Tiens donc !

En lsraël aussi,
on met l'argent à la banque.

Vous prétendez que vous attendiez
mon mari pour l'emmener

à la banque chercher l'argent ?

Alors il est où, l'argent ?

- Walid est allé le chercher.
- Qui est Walid ?

- Le fils de l'Américain.
- Il est où, le fils de l'Américain ?

Il revient quand,
le fils de l'Américain ?

Je ne sais pas.

Je suis comme vous.
Je l'attends.

Ecoutez, Leila. Je ne sais pas
qui vous êtes, qui est ce Walid.

J'en ai rien à foutre de savoir
qui est Walid et qui vous êtes

mais je sais une chose :
L'Américain est notre associé,

il nous doit de l'argent
et je veux le voir. C'est clair ?

On ne l'a pas vu depuis des mois.

Il veut être seul.
Il est chez lui.

Alors conduisez-moi chez lui.
Je veux le voir.

Dites-moi où il habite
et j'irai.

Vous ne saurez pas y aller.
Je vais vous accompagner.

Conduisez-moi chez lui,
je vous en supplie.

Suivez-moi.

Merci.

Rebecca, va avec elle,
je vous suis.

Soyez gentille, Leila.

Elle monte avec vous et je vous suis.
D'accord ?

- Bon.
- Merci.

Ne soyez pas offensée par Hanna.

Elle n'a pas une vie facile.
Mais c'est une fille bien.

Oui, mais ce n'est pas
une façon de se comporter.

- Elle est un peu grossière.
- Un peu.

Vous voulez bien me donner
une cigarette ? Dans mon sac.

Je vous l'allume ?

Si ça ne vous ennuie pas.

Vous parlez hébreu ?

Un peu. Quelques mots.
J'essaie d'apprendre.

- Et vous ? Vous parlez arabe ?
- Je sais un peu d'arabe.

Bravo ! Vous avez appris où ?

A l'université.
Je suis débutante.

C'est très important d'apprendre
la langue de son ennemi.

Dommage que les lsraéliens
ne parlent pas arabe

comme les Palestiniens
parlent hébreu.

Si c'était le cas,
les choses seraient différentes.

A propos d'ennemi,
je ne la vois plus.

Oh non ! Faisons demi-tour
et allons à sa rencontre.

- Ils nous ont vu ?
- Pas d'inquiétude.

- Quel âge avez-vous ?
- 23 ans.

J'aurais pu avoir
un enfant de votre âge.

- Mais...
- Je n'ai pas pu.

La voilà, là-bas.

Elle est bonne.

- Vous savez comment faire ?
- Oui.

Ça ne va pas être facile.

Si, continuez.

Continuer !?
C'est dur !

Laissez-moi faire.

Je vais vous aider.

C'est le bon côté ?

Dans l'autre sens.

Attendez, attendez.

Non, non, venez.
Comme ca.

- Pourquoi êtes-vous si sûre de vous ?
- Pas du tout.

Si.

Allez-y. Faites.

Voilà.

Un...

Maintenant, approchons...

Bravo. Merci, Leila.

Il y a le feu...

Ce cinglé a mis le feu à la ferme
et aux maisons.

Ils ont tout ravagé.

- Que vais-je faire de lui ?
- Où est-il ?

Il est avec les autres.

Que vais-je faire de lui ?
Vite, sauvez les bêtes !

Tu es content maintenant ?

Tu es fier de toi ?

Vite !

Tu es contente maintenant ?

C'est ce que tu voulais ?

Tu te tiens bien maintenant.

Comment dois-je te parler ?

J'ai mis le feu pour que tu
puisses allumer tes cigarettes.

Je ne travaille pas depuis 2 ans
pour essayer de te comprendre.

- On ne peut pas se comprendre.
- J'aimerais pouvoir te comprendre.

Tu ne peux pas me comprendre.

Tu dois trouver une solution
à son sujet

car tu es la risée
de tout le village.

- Tu devrais avoir honte, Walid.
- Ecoute, papa.

Ne m'énerve pas davantage.

J'ai mis le feu au village
et je la brûlerai elle aussi.

Tais-toi !

Tu dépasses les bornes,
espèce de monstre !

Samir, calme-toi.

Rebecca, qu'est-ce qui se passe ?

Rebecca, qu'est-ce qu'il y a ?

Rebecca, c'est quoi ce feu ?

Elle est seule.
Il faut aller l'aider.

Non, je ne bouge pas.
Monte dans la voiture.

- Elle est seule.
- Ça ne me plaît pas.

J'ai peur, monte dans la voiture.
Il faut quitter cet endroit.

- Pour aller où ?
- Ailleurs.

Je ne veux pas rester ici.

- Il faut l'aider.
- Non !

Je n'irai pas !
Je reste dans la voiture.

Et tu restes aussi, Rebecca !

Je n'ai rien pu sauver.

Walid, Walid !

Qui a fait ça ?

Le fils de mon mari. Walid.

Il en veut à son père
parce qu'il vit dans le passé.

Il ne m'aime pas parce qu'il
n'aime pas ce que je représente.

Ma belle-mère non plus
ne m'aimait pas.

Elle trouvait que je n'étais pas
un bon exemple.

Mais Walid...

Ca ne fait rien.

C'est bien qu'il ait mis le feu.

J'avais envie de changement.

De changer le passé.

Je le ferai.
Oui, je le ferai.

Oui.

Je le retrouverai.

Je le ramènerai.

Samir m'aidera.

C'est un homme bien.

Je déteste la violence.

Je déteste le fanatisme.

Je me souviens quand on nous a
expulsés du Sinaï,

après avoir quitté Yamit,

nous sommes allés dans le Néguev.
J'ai dit à Moshé :

"Ça suffit, Moshé.

"Cultivons des fleurs,
exportons-les vers l'Europe.

"On gagnera notre vie".

On était dans les fleurs quand
la première Intifada a éclaté.

Les Palestiniens ne sont plus
venus travailler.

Les fleurs sont mortes.

Alors on a embauché
des Thaïlandais.

Pour nous aider dans les serres.

Et puis il y a eu le chômage
en lsraël.

La police de l'immigration
a débarqué

et les fleurs sont mortes.

Alors Moshé a dit : "Les touristes !
C'est la solution".

Il a acheté un taxi.
Il a investi.

La seconde Intifada a éclaté.
Les touristes ne venaient plus.

Alors Moshé m'a dit :
"Tu sais quoi, Hanna ?

"Ce qui est sûr en lsraël,
c'est l'intifada et la guerre".

Alors il a eu quelle idée ?

Fabriquer des voitures blindées
pour les vendre aux Arabes.

Tu comprends Rebecca,
il faut gagner sa vie...

Il faut survivre.

Je suis épuisée, Rebecca.

J'aimerais fermer les yeux
quelques minutes.

Me reposer.

J'avais dix ans quand
je l'ai gravée.

A part moi, qui s'en souvient ?

Sur les piliers, il y avait un toit
fait de branches de palmiers.

Ca faisait de l'ombre et ca
empêchait l'eau de s'évaporer.

L'eau coulait dans les fossés
jusqu'à la palmeraie

puis dans les potagers.

Le jour où ils ont trouvé de l'eau,

un des ouvriers
est venu en criant "Venez voir !"

Ils sont allés voir l'homme,
bien sûr.

"Venez voir !"

L'homme pouvait à peine marcher.

L'ouvrier a dû le porter.

Quand ils sont arrivés,
ils étaient tous debout

autour du trou, en silence.

L'homme a eu peur.

Il a cru qu'il était
arrivé une catastrophe.

Ils se sont écartés
pour lui permettre de regarder

et ils lui ont donné
une corde et un seau.

C'était de l'eau fraîche.
De l'eau potable.

La nouvelle s'est répandue dans les camps
de réfugiés et dans les villages

que dans la palmeraie,
l'homme avait trouvé de l'eau

et construit des maisons
pour les orphelins.

Tout le monde est venu.

Des dizaines d'enfants
qui espéraient être choisis.

L'homme ne pouvait en prendre
que cinquante sur des centaines.

J'étais le cinquante et unième.

Ils m'ont posé devant l'entrée
de sa maison.

Une bande de mendiants
postés devant chez lui

lui ont dit :
"Prends-le aussi."

Et l'homme a répondu :
"Je ne peux pas,

"j'en ai déjà cinquante
et les maisons sont pleines."

Les gens sont partis.

Alors il s'est assis près de moi
et il m'a pris moi aussi.

Un jour, nous étions assis
autour de lui.

Il a demandé à l'un des enfants :
"Toi, tu voudrais faire pousser quoi ?"

L'enfant a répondu :
"Des tomates".

"Et toi,
tu voudrais faire pousser quoi ?"

"Moi ? Des aubergines,
des haricots, des oignons,

"de l'ail et des pastèques".

Il m'a habillé, il m'a nourri,
il m'a élevé.

Il m'a appris à lire,
à écrire, à compter.

Sur cette terre aride,
il y avait soudain

des fruits, des légumes,
des poulets fermiers

jusqu'au jour où ils sont arrivés
et ont tout détruit.

Qui ?

Dans les camps
et les villages voisins,

ils disaient : "Nous souffrons.

"Nous avons perdu nos maisons.

"Nous voulons
retrouver notre patrie.

"Cet homme oublie qui il est."

Alors ils sont venus,
notre chair et notre sang,

et ils ont tout détruit.

Certains enfants sont partis dans
les camps et dans les villages,

mais moi je suis resté.
Nous avons reconstruit notre ferme.

Et nos légumes étaient encore plus gros,
et nos maisons encore plus belles.

Le temps a passé et en 67,
les tanks sont arrivés.

- Quels tanks ?
- Les tanks israéliens.

Et ils ont commencé à tirer.

Au matin du 3ème jour de la guerre,
nous sommes allés voir.

Les canaux détruits,
les maisons incendiées.

Qu'auriez-vous fait à notre place ?

Je ne sais pas.
Je serais sûrement partie.

Oui, nous sommes partis.

Puis je suis allé
dans un camp à Jénine.

Pas loin d'ici.

Un jour, après la guerre,
un officier israélien est venu

avec une offre du gouvernement
arrangée avec les Américains :

C'était un billet d'avion pour Houston.

- Au Texas ?
- Au Texas.

Avec la promesse du consulat
de fournir du travail

et un logement à ceux
qui étaient prêts à partir.

Je suis monté dans l'avion.

On nous a donné 200 $
pour commencer une nouvelle vie.

Mais là-bas, personne ne nous attendait.

Ils nous avaient menti
pour se débarrasser de nous.

Je ne voulais pas passer ma vie

à haïr les autres
pour leurs péchés.

J'ai trouvé un travail
dans l'automobile.

Vingt-cinq ans ont passé.

J'ai voulu revoir mon village
natal et je suis revenu

avec un passeport américain
et je suis resté.

Alors c'est vous l'Américain ?

Oui, mais je ne suis pas
un Américain

mais un Palestinien.

Walid s'est disputé avec son père
et il a mis le feu.

- Je crois qu'il est parti avec votre argent.
- Mon argent !

Je crois qu'il a passé la frontière.

Il dit qu'il appartient aux gens
qui vivent dans les camps.

- Vous devez m'aider.
- Alors qu'allons-nous faire ?

Je dois le sauver.
Il est jeune et influençable.

Aidez-moi.

Qu'est-ce que je dois faire ?

J'ai un visa. Je passerai
la frontière avec vous. D'accord ?

Pourquoi me mêler à tous
vos problèmes ?

Parce que vous êtes une mère
et une femme. Vous devez m'aider.

Montez.

Où est Rebecca ? Où est Rebecca ?

Sur la colline.

Allons la chercher.

Ca va ?

Ce sera bien, à la fin de ma vie

Quand tous les amis
parleront de moi

Ils diront que j'ai été
Moi et moi

Dans la grâce
et dans la disgrâce

J'suis plus, j'suis plus

Que quelqu'un dise le contraire

Et je m'envolerai sans dire un mot

Je me disperserai dans l'espace

Sans un mais et sans un regret

Un instant.

L'argent, Leila.

Avant le passeport,
donne-moi l'argent.

Quel argent ?

L'argent.

Ne demande pas quel argent.
Tu sais de quoi je parle.

Tu le sais très bien,
l'argent que tu nous dois.

Je t'ai dit
que je n'ai pas d'argent.

Je sais que tu l'as.
Regarde dans ton sac.

Qu'est-ce qu'elle veut ?

Tu sais de quoi je parle.
Tu as l'argent.

Tu es entrée dans la maison
pour prendre quelque chose, j'ai vu.

Je t'ai dit que je n'avais
pas l'argent.

Je sais que tu as l'argent.

C'est Walid qui a pris l'argent.

Je connais cette histoire de Walid.
Je sais que tu as l'argent.

Donne-le moi.

Il a mis le feu et pris l'argent.

Je ne crois pas un mot
de cette histoire. Tu comprends ?

- Non.
- Ne me dis pas non.
Je sais que tu as l'argent.

Ne me dis pas que tu n'as pas l'argent.

Tu étais chez nous hier.

J'ai vu la maison en feu,
mais je t'ai vue entrer

- et prendre quelque chose.
- Walid a pris l'argent.

Ça ne m'intéresse pas.

- Tu te répètes. Je n'ai pas l'argent.
- Ecoute-moi bien.

Je vais te dire.

Je suis venue chercher mon argent
et je l'aurai.

Je ne crois pas un mot !

Fais-moi passer de l'autre côté
et je te trouve ton argent.

Je n'en crois pas un mot !