All language subtitles for 1991.Une époque

Étarquez la balancine, bordel.

Il faut rentrer, Michel.
Tout le monde est malade.

Oui, Michel.

S'il te plaît, Michel.

J'y arrive pas.

C'est coincé.

Juliette.

Prends la barre deux minutes.

Tu pourrais avoir la gentillesse de dire
à ton Jules qu'il nous fatigue ?

Oui, oui, ça va aller.
Pardon.

Michel, on est en vacances.

J'ai 20 000 balles de caution sur ce bateau.

Poussez-vous.

C'est pourtant pas sorcier.
Grosse conne.

Mais qu'est-ce que vous avez,
Michel ?

Je te parlerai quand tu te seras
fait retirer ta verrue.

Compris ?

C'est le bordel dans les écoutes.
Regarde-moi ça !

Je veux des écoutes claires !

Michel !

Juliette ?

L'angoisse !

On était sur le bateau
qu'on avait loué cet été.

Ça bougeait presque pas
mais tout le monde était malade.

Michel, grouille !
C'est fini, les vacances.

Maman, j'ai mal au ventre.

C'est normal. Tout le monde a mal au ventre
le jour de la rentrée.

Michel, habille-toi, va.

Je te raconte mon cauchemar.
Tu permets ?

Je tombais du bateau,
et tu pouvais rien faire pour moi.

Je criais : Juliette, Juliette.
C'était affreux.

Moi aussi j'ai fait un cauchemar.
J'ai rêvé que l'école explosait.

Ah bon ?
On va quand même aller vérifier.

Vincent,
je te donne cinq minutes.

Jésus Marie Joseph. Pitié que j'ai pas
Fritz Baker en math !

Remarquez que c'est pas moi qu'on attend.

Vincent, au lieu de délirer,
trouve-moi mes clés.

D'ailleurs, je suis con.
C'est toi qui les a. Donne-les moi.

- Mon argent de poche ?
- Pas de chantage.

Mon pèse !?

Tu me dois déjà 200 balles, escroc !

Comment veux-tu
que je te les rembourse ?

- Merci, mon chien.
- Tchao !

Et ta sœur,
elle prend le car toute seule ?

Magne-toi, Émilie.

Et mes sous à moi ?

- Tu demanderas à ton frère.
- Mes sous !

La rentrée sociale,
c'est mon show !

Putain de putain !

Le merdier, le merdier !

Je vais craquer.

Je sens
que je vais tout larguer.

Je vais partir vivre en Corse
dans un cabane.

Je pécherai mon poisson,
je fumerai mon jambon jusqu'à l'os

et puis je te ferai un enfant.

Merci, j'en ai déjà deux.

Pas de moi, Juliette.

Michel, fais quelque chose.
Je suis à la bourre.

Aïe, cette marche arrière
qui passe pas !

C'est pas prudent.

- Attention !
- Regarde ce que tu me fais faire !

Connard ! Ah bravo !

Connard ! Tu madre ! Cretino !

Il nous voyait, quand même.

Bon, salut.

Alors, on le fait cet enfant ?

Je suis pas sûre que ce soit le moment.
Mon train est là.

Attends, attends !

Je veux juste déposer ma candidature.
Ça te laisse 2 mois pour étudier le dossier.

Tu es sérieux ?

Oui, on le met en route en novembre,
il arrive en août.

Un petit lion. Roaarr !
- Et les sous ?

- Je te paierai une nurse.
- Alors, va bosser, fainéant.

Américain ou pas,
l'arrêt déjeuner, c'est une heure.

On est en France, ici, merde.

Honoré, je te rappelle qu'au départ,
il voulait tout casser.

Avec tes combines à la graisse d'oie,
ils finiront par supprimer la cantoche.

Tiens Berthier !
Qu'est-ce tu fais là ?

T'es parti au bon moment.
Ici ça devient la jungle.

- C'est vrai que c'est la jungle !
- Oh un revenant ! Ça va Michel ?

American Bed, hold the line.
Hold the line, please.

Ah, Berthier.

Voilà le plus heureux.
Ah ben ça te réussit de rien foutre.

Sacré fainéant !

- T'as le temps de déjeuner ?
- Tu tombes mal. J'ai une course à faire.

Je la connais, ta course.
Tu sais comme ça s'appelle, ça ?

Oppression sexuelle du petit personnel
sur le lieu de travail

avec conclusion
hors du domicile conjugal.

Je sais tout, Malakian.

Bon, il faut que je te parle.
Juliette est enceinte.

T'attends d'être au chômage
pour faire un gosse, toi ?

Je l'ai fais 15 jours avant
de recevoir ma lettre de licenciement.

On peut pas tout prévoir.

T'as jamais été très fort
pour anticiper.

J'ai changé. Justement.

Malakian.

Si Juliette appelle, tu lui dis
que je travaille toujours ici.

Parce qu'en plus,
tu lui as rien dit ?

- Tu racontes tes sauteries à ta femme, toi ?
- Chantage.

Je veux que tu m'aides.
Cette femme, c'est tout pour moi.

J'ai passé 3 ans de ma vie pour la séduire
et maintenant je suis lié à elle...

comme la terre au soleil.
Tu comprends, ça ?

- Non.
- Y a un gosse en jeu, Malakian.

Depuis deux ans, j'essaye de lui en faire un.
C'est la première fois que ça marche.

Si Juliette apprend que je suis viré,
ça va lui faire un choc terrible.

Écoute, si tu veux
tu seras le parrain.

Qu'est-ce que t'en dis ?
Parrain de mon fils !

Seulement il faut que tu m'aides.

Si jamais elle téléphone, tu lui dis
qu'on travaille toujours ensemble.

Sinon contrariété. Fausse couche.

Et là, Malakian.
Tu deviens complice d'un meurtre.

- Bon alors ?
- Combien de temps ?

- Rien ! Le temps de me trouver un job.
- Tu cherches au moins ?

Je fais que ça !

Et maintenant,
la machine à café est en panne.

Ils vont m'entendre.

Berthier, t'es le meilleur.

T'es le meilleur, Berthier.
T'es le meilleur.

T'es un tueur.
A killer.

A killer.
Que la force soit avec toi, Berthier.

- T'es le meilleur, Berthier.
- M. Berthier. Porte B.

- Vous étiez dans le matelas ?
- Oui.

10 ans.

Oui et 3 ans dans la valise
avant de m'installer dans le matelas.

Et pourquoi n'êtes-vous pas resté
dans la valise ?

À cause du sac.
À l'époque...

le sac a commencé à marcher
et la valise est tombée.

- Et l'entreprise a déposé ?
- Oui

Et quelle place
occupiez-vous dans la valise ?

Marketing.

Vous n'avez pas senti le changement
dans l'orientation du marché ?

Si, bien sûr. Je l'ai même
signalé à la direction.

Qui ne vous a pas écouté ?

Non.
J'étais jeune. Je débutais et...

Jeune et donc plus agressif
dans un marché plus facile qu'aujourd'hui.

Depuis quand avez-vous été licencié ?

4 mois.

Portez-vous
des slips ou des caleçons ?

- Pardon ?
- Portez-vous des slips ou des caleçons ?

- Je suis obligé de répondre, là ?
- Des slips ?

- Non.
- Êtes-vous pour ou contre la peine de mort.

- Pour.
- Pour ?

- Non, contre.
- Pour ou contre.

- Contre. Enfin ça dépend qui...
- Contre.

- Qu'est-ce que c'est là ? Un tribunal ?
- Merci.

- Je peux avoir une réponse, quand même ?
- On vous écrira.

On me dit ça à chaque fois.
Soyez francs ! J'ai joué franc jeu.

J'ai le droit de savoir.
Ça fait 4 mois qu'on me répète la même chose.

Alors si c'est non, dites-le.

Bien entendu, c'est non.

Bien entendu.

Et pourquoi ?
Oui oui.

Pourquoi ?
Qu'est-ce que j'ai de moins que les autres ?

Qu'est-ce que c'est ?
Pourquoi il me filme, là ?

Moi aussi j'ai une femme.
Elle est aussi belle que vous.

Lâchez moi. Enfin !

T'es un killer, Berthier.
Un killer.

- Vincent.
- Une paire de rollers pour Vincent.

Et c'est pas fini.
Par ici, Mme la Princesse.

Tout ça, c'est pour vous, señorita

Le tailleur !

Attends, attends. Ça,
c'est pour manger avec.

Mais t'es fou, Michel.
T'es fou.

Mais tu sais combien ça coûte, ça ?

Je sais. Mais à partir de maintenant,
ça n'a aucune importance.

Champagne.

Tu t'adresses à un
directeur général des ventes.

Attention.

Quoi ?

Ça s'est décidé cet été
pendant les vacances.

- Génial.
- Quelle chance. Des sous, des sous !

Je vais pouvoir arrêter de travailler.

C'est une très bonne idée, Juliette.

Enfin !

C'est pas possible !

Ça se détraque tout le temps,
ces machines.

- C'est pas possible.
- Comment ça ? J'en ai besoin de cette carte.

Vous allez me la rendre !
- Je ne peux rien faire pour vous, Monsieur.

Vous devez voir ça avec Mme Cohen.

C'est purement scandaleux !

Je suis chez vous depuis cinq ans.
Je n'ai jamais eu un seul problème. Jamais !

Formidable.

- 170 000
- Une voiture. Je me suis acheté une voiture.

Et les crédits,
c'est fait pour quoi ?

J'en ai déjà cinq
et je voulais pas abuser.

- C'est vous qui vous habillez chez St Laurent ?
- Oui... enfin non.

Lancel. Folie d'Élodie : 8 000

Je me suis laissé déborder.
Je comptais sur une grosse rentrée.

- Tapis vert. Loto.
- Qu'est-ce que je fais, moi ?

Essayez de combler votre découvert.
Vendez votre voiture par exemple.

Et on en reparle.
Je ne fais pas ça contre vous.

J'obéis à des directives.
- Dans la gestapo, on disait ça aussi.

Excusez-moi, Mme Cohen.

J'arrive pas trop tard ?

Mais oui. Ils sont tous partis.

On est restés bloqués à Francfort.

Bravo la France !

Tout le monde t'embrasse.

Dis donc, elle est où, la Volvo ?

- Hein ?
- La Volvo ?

À la révision. Franck m'a prêté
une voiture en attendant.

- Eh, où tu vas ?
- Embrasser Émilie.

- Ben, les mômes sont partis.
- Où ça ?

En vacances à la Toussaint.

- Je sais plus où j'habite.
- Ben oui.

Il reste quelque chose à manger ?

Oui, tu as un fond de salade
dans le frigidaire.

C'est vraiment un fond.
Ah, les voraces !

Tu sais, j'ai essayé de te joindre aujourd'hui.
Je suis tombée sur Malakian.

- Ah oui ?
- Oui.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Ce que tu lui as demandé de me dire.

Michel, tu n'étais pas à Francfort aujourd'hui.

- J'étais où ?
- J'ai vérifié, Michel.

T'étais pas sur la liste des passagers.

Tu m'espionnes !?

Avion privé.
Ça aussi, c'est la promotion.

- N'essaye pas de mentir. Tu ne sais pas.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Qu'est-ce que tu vas imaginer ?

Je te trompe avec la complicité
de Malakian, c'est ça ?

Avoue qu'il y a des signes troublants, non ?

D'accord, j'avoue.
Je te trompe. J'ai une maîtresse.

Et je me la fais 18 heures par jour.

Qui c'est ?

Une pute. Pute de luxe.

Grande, belle, puissante et multinationale.
La société American Bed, ex-Patapilo.

Toute la journée, je travaille comme un âne
pour faire décoller les ventes.

Et la nuit, tu sais ce que je fais là-dedans ?
Je vends.

Je rêve que je vends, je vends, je vends.

La voilà, ma vie.
Et toi, au lieu de m'aider,

tu te fais des idées,
tu m'enfonces.

Michel, arrête.
Va, on arrête.

Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
Tu veux que j'arrête de travailler ?

Tu me vois chômeur ?
- Mais non, c'est pas la question.

Si, c'est la question.

Écoute, tu sais ce que tu nous fais, toi ?
Du surmenage.

Écoute, si tes nouvelles
responsabilités t'ennuient,

laisse tomber.
Change de maîtresse. Je suis pas jalouse.

Non mais c'est vrai.
Redeviens comme avant : gai, gai.

Drôle. Fais-moi rire.

Non, mieux que ça.

T'es fatigué ?

- Un poquito ?
- Un poquito.

Allô ? Allô ? Allô ?

M. Berthier, s'il vous plaît.
- M. Berthier est toujours en rendez-vous.

Eh ben dérangez-le,
c'est important.

- Malakian ? C'est encore la folle de Roissy pour toi.
- Encore ?

Inutile de vous préciser
que nous sommes en retard.

- Bon, fumeur ou non-fumeur ?
- Non-fumeur, je vous prie.

Qu'est-ce que je dis, maintenant ?
Tu nous emmerdes !

Non seulement toutes les semaines,
je perds 10 % de mon potentiel à mentir,

mais en plus, c'est toi
qui me réclame du fric.

« Potentiel » ? Vous savez comment il était,
son potentiel, quand il est arrivé ici, Lucette ?

- J'sais pas. J'étais pas dans la maison.
- Il voulait être coursier.

T'avais même pas de vélo, Malakian.

Maintenant t'es cadre,
tu roules en BM, t'as pris 30 kg,

mais t'as perdu ton devouement.
- Et mon imagination.

Je sais plus quoi dire à ta femme.

La 5e fois qu'on me raccroche au nez !

Bon j'ai qu'une place non-fumeur.
Je mets M. ou Mme dans la file ?

Mon mari et moi,
nous volons toujours ensemble.

Dans ce cas, prenez un charter.
Comme ça, vous volerez sur les genoux de M.

Faut pas mourir idiot, vous savez ?

Essayez un jour, vous allez voir.

Je me plaindrai à la direction.

Mme, je vais m'occuper de vous.

Ma collègue est parfois sujette à perturbations
en phase finale d'ovulation.

Vous pouvez comprendre ça, Mme.

- Oh, c'est un vieux souvenir.
- C'est agréable.

Bouge-toi, Berthier. Fais quelque chose.
N'importe quoi mais fais quelque chose !

N'importe quoi ?
Je suis cadre. Cadre !

Je vais quand même pas
aller laver les bagnoles, non ?

Et pourquoi pas ?

Oui ?

Passez-la-moi.

Allô ?

Bonjour, Juliette.

- Faut que je parle à Michel.
- Non. Il n'est pas là. Il n'est plus là.

- Comment ça ?
- Il est à la représentation. Il tourne.

- Oui, mais avec mon fric !
- Pardon ?

Je viens d'avoir un coup de fil de ma banque.
Ce salopard a imité ma signature

pour faire virer mon PEL sur son compte.

Écoutez, Juliette.
Je vais tout vous dire.

- Oui ?
- Dis rien. Passe-la-moi.

Allô ?

American Bed, bonjour ?
Hold the line, please.

American Bed ?
- M. Berthier, s'il vous plaît.

Écoutez, Mme.

M. Berthier ne fait plus partie
du personnel depuis des mois,

alors arrêtez d'appeler
et foutez-nous la paix !

Juliette ?
Je peux avoir les billets de la dame ?

- Eh ?
- Les billets.

Ah oui, tiens.

Va prendre l'air deux minutes.

Bien. On va tout reprendre
depuis le début !?

Fumeur ou non-fumeur ?

Quelle conne ! Je vais la tuer.

Je vais la tuer,
cette standardiste.

Avant qu'on t'arrête pour meurtre,
mon fric.

- Quel fric ?
- T'as la mémoire poreuse ? Mes 10 000 balles !

- J'ai tout dépensé. J'ai plus rien, Malakian.
- Quoi ?

Ton plan d'épargne ?
Et le chômage ?

Bouffé. Saisi par la banque.
Tu verras quand tu perdras ton boulot.

T'as du temps, alors tu glandes.

Quand tu glandes, tu as des vitrines
qui te font des œillades, comme les putes.

Tu résistes, et puis un beau jour tu craques.

C'est bien simple. Quand t'as plus de travail,
tu dépenses deux fois plus.

C'est idiot ce que je te raconte,
mais c'est vrai.

Quand tes parents sont arrivés d'Arménie,
je suis sûr qu'ils étaient plus riches que moi.

Disparais, Berthier. Disparais !

Pendant dix ans,
j'ai subi tes humeurs.

Mais maintenant je suis là à l'intérieur
et toi tu es dehors alors restes-y.

Quand t'as plus besoin de tes amis,
tu les jettes, hein ?

Je n'ai jamais été ton ami, jamais !

Mais pourquoi tu m'as rien dit.
Pourquoi ? Je pouvais pas comprendre ?

- Juliette.
- C'est trop con, une hôtesse, c'est ça ?

J'ai eu 15 jours de mise à pied
à cause de toi. 15 jours !

- Je voulais te faire une surprise.
- C'est réussi !

D'abord pourquoi on t'a viré ?
- On m'a pas viré. J'ai donné ma démission.

Oui, c'est ça. Et la Volvo,
tu l'as pas vendue non plus ?

Juliette. Tu te souviens de la conversation
qu'on a eu l'autre soir

au sujet du rapport travail/plaisir.
Tu te souviens ?

Non.

Toute la nuit, tu m'as supplié
de vivre en harmonie avec moi-même.

Tu m'as convaincu, Juliette.
Alors je l'ai fait.

T'as fait quoi ?

Petite fabrique de meubles dans les Deux-Sèvres.
J'ai RDV demain matin pour la signature.

- Tu as ??
- J'ai racheté la petite fabrique... enfin demain.

J'ai besoin de créer quelque chose, Juliette.
- Avec mon fric et sans m'en parler.

L'argent. Qu'est-ce que vous avez tous
à être obsédé par l'argent ?

Il a raison, y a pas que l'argent dans la vie.

- Tiens !
- C'est où, les Deux-Sèvres ?

Tu verras, Émilie.
C'est très beau. C'est la campagne.

Un ancien corps de ferme
avec des bâtiments énormes

et des dépendances
à plus savoir quoi en faire.

On pourra avoir des poules,
des lapins et des chevaux, même.

Des poneys ?

Des poneys, bien sûr.
Des chèvres.

- C'est génial !
- Et moi, je ferai le fromage ?

Non. Toi, tu changes rien à ta vie.

C'est à moi de changer.

- Tu nous quittes, en somme.
- T'as encore rien compris.

Oh toi, tu la fermes ! Tu vas dans ta chambre
avant que je me fâche !

Et que je vous vois plus !

Non seulement tu te fous de moi,

mais en plus tu me fais passer
pour une dingue devant les mômes.

C'est minable, Michel !
- Logique. Je suis minable.

Non. Ne me fais pas dire
ce que j'ai pas dit.

Tu le penses tellement fort.
Je sens tout.

Parano en prime ?

Non, lucide.
T'as plus besoin de moi.

Il y a 7 ans, quand je t'ai ramassée
complètement larguée

avec tes deux moutards sur les bras, ça !

- Tu m'as ramassée où ?
- Tu savais même plus qui t'étais.

Tu m'as ramassée où ?
T'es chez qui, ici ?

Je sais. Je suis chez toi. C'est ta maison,
payé par tes parents avec tes enfants.

Y a rien à moi ici. Tu me l'as toujours
fait remarquer avec beaucoup de délicatesse.

Alors partir,
c'est pas vraiment un problème.

Est-ce que tu penses
ce que tu viens de dire, Michel ?

Michel, est-ce que tu penses
ce que tu viens de dire ?

C'est moi qui te pose la question.
Tu le penses ?

Non seulement je le pense,
mais je vais le faire.

Mais vas-y, casse-toi. Pour une fois
que tu feras quelque chose.

Tu permets. Je prends quelques bricoles
qui m'appartiennent quand même.

Ah ben bien sûr. Tiens !
Ça, c'est à toi !

Et les cassettes aussi...

Ça aussi.
Ça fera de la place !

Qu'est-ce que tu fais ?
- Je prends le tissu. Je l'ai posé.

Mais c'est pas vrai, arrête.
Michel, arrête !

T'as pas le droit.
Michel, si tu fais ça, je t'arrache les yeux.

Tant mieux ! Comme ça,
je verrai plus ta gueule !

Et n'oublie pas tes polars de mierda !

Vincent, tu rentres immédiatement !

Excuse-moi, mais celui-là est à moi.
A casa !

Ça chie !

Faut pas t'en faire.
Chaque année, c'est la même chose.

Dès que son anniversaire approche,
je la connais.

Faut dire que t'es con
d'avoir rien dit.

Impeccable.

Rentre.
Tu vas attraper la mort.

Allez salut.
- Salut.

Merde !

Oh merde !

Il me l'a défoncée, ce connard !

J'suis désolé. J'suis en train de déménager.
J'ai la tête ailleurs.

J'ai pas regardé.
- Ça, il a pas regardé.

Vous êtes bien assuré, au moins.
- Oui, bien sûr.

En fait, jouons franc jeu.
J'ai un petit retard de paiement.

Règlons ça à l'amiable.

Tenez. Je vous donne tous les compacts.
On en parle plus.

- On a pas de chaîne.
- La chaîne ? Vous voulez la chaîne.

Eh, moi la musique,
j'aime bien l'écouter dans un bon canapé.

- Ah non. C'est la chaîne ou le canapé !
- Ou les flics.

- Les flics ?
- Ça vient d'où, tout ça ?

De chez moi.

On est pas obligé de le croire.

Oh toi, la poule de luxe, ta gueule !
C'est pas le moment de m'énerver !

Tu vas être poli avec ma femme,
toi oui ?

Et tu ne touches à rien !

Il va rester tranquille, oui !

Ah j'suis con, tiens !
Juju, prends tout ce que tu veux.

La manivelle.

Vous l'emporterez pas au paradis.

On s'en fout.
On est pas croyant.

S'il vous plaît, monsieur.

Si vous pouviez me ramasser
la manivelle qui est là.

Et merde !

Oh putain, qu'elle est froide !

Toubib, ça pique.

Bien dormi ?

J'ai voyagé toute la nuit.

Train-auto ?

- Oui, j'arrive du midi.
- Ha ! Gare de l'Est ?

Mousse ?

Volontiers. J'ai tout oublié
dans ma voiture.

Ta main.

Crayon, rasoir.

- On est prié de pas le jeter.
- Merci.

Vous me remercierez
en payant le jus.

Avec plaisir.

Bonjour, mes princes !

On t'a déjà dit
qu'on voulait pas de toi ici.

- Qu'est-ce que tu viens foutre ?
- Pisser. Pourquoi ?

Y a une loi qui interdit de pisser ici ?

- Tu pisses aux chiottes maintenant ?
- Et alors ?

On est en démocratie, non ?

Lâche ça !

Oh, je sais pas
ce qui me retient.

Oui ben retiens-toi
parce qu'ici c'est propre.

Freine, Mimosa, freine.

- Tu t'es fait mal ?
- Ah merci, mon prince.

Ça va pas, non ?

Ici, on nous tolère à condition
qu'on se fasse pas remarquer.

Veux-tu un croissant ?

Non merci.
Je suis un peu balloné.

Vous embaucheriez pas des fois,
parce qu'on cherche un petit boulot.

- Pas vrai, toubib ?
- Je confirme.

- Et même un petit boulot intermédiaire.
- Intérimaire.

Pour l'instant, j'ai rien.
Mais si j'entends parler de quelque chose...

- On est là tous les matins.
- Monsieur s'en fout.

Ah non, pas du tout.
Je comprends.

Bon ben messieurs.

- Il a payé ?
- Non, euh, oui.

S'il vous plaît ?
On peut changer quelque part ?

Oui, c'est par là...

- Toi, tu refais jamais ça !
- Non, c'est ma faute.

Garçon, remettez-lui ça.

Le teinturier.

Freine, Mimosa, freine.

J'en ai marre de freiner, toubib.
J'en ai marre !

- Bon ben j'y vais.
- Laisse tes affaires.

Ah non.
J'ai 6 mois de contrat là-dedans. À tout de suite.

Un paquet de dix qui revient pas.

- J'attends peut-être alors.
- T'en as pris combien ?

- 10.
- Ha !

Attendez ! Hé ho !
C'est ma bagnole !

Vous pouvez me dépanner de 2 F ?

Vous pourriez me dépanner de 2 F
pour utiliser les sanisettes ?

Merci beaucoup, monsieur.

Tenez.

Merci beaucoup.
Au revoir.

- C'est combien les Mars ?
- 4,50 F

Pour 2 F, qu'est-ce qu'on a ?

Je sens plus mes pieds.

Vous avez de la chance.

Mes chaussures ! Oh non !

- On peut téléphoner ?
- C'est occupé.

On peut téléphoner ?

C'est en dérangement !

Oh ben oui !

Dis donc toi.
Tu sais pas lire ?

Qu'est-ce que vous foutez là ?

C'est pas vrai !
Mon boudin !

Tu vas lâcher ça !
- Aaah !

Pierrot ! Au secours !

Y a quelqu'un en train de manger
tout le boudin !

Attends.

Fous le camp !

Il a eu son compte.
Rentre, toi.

Ça suffit. Oui, mais si tu étais là
au bon moment, aussi...

Qu'est-ce que tu fais là ?

J'attends mon train.

C'est pas une salle d'attente, ici.
Ils ont ouvert le métro.

Clochard ?

Je suis sans domicile,
mais c'est provisoire.

Alors quai de gauche.
- Merci.

Tiens ! Voilà Crésus.

Il ferait peur à la volaille.

Je vous l'avais dit qu'il était raide.

Y a pas à dire,
vous avez l'œil, toubib.

Il avait les clés d'une tire.

- Il avait.
- Je l'interroge.

T'interroges plus personne !

Il a retrouvé le change ?

Salut.

Qu'est-ce qui lui arrive ?

Accident ?

- Un accrochage sans gravité.
- Ha !

Crayon, trousse !
Allez viens !

Allez, arrive !

Pose ta soupe.

Crayon, accessoires !
- Oui, toubib.

- Vous êtes médecin ?
- Ancien brancardier. J'ai des notions.

Vous pouvez lui faire confiance.

- Monsieur ?
- Berthier. Michel Berthier.

Vous pouvez lui faire confiance,
monsieur Berthier.

Il m'a sauvé la vie, le toubib.

C'était il y a deux ans.

Je dormais bien tranquille sur mon trottoir,
sous un tas de cartons,

quand un connard avec son Opel Kadett
est venu se garer pile sur mes guitares.

« Crac », ça a fait !
Oh putain !

Ça m'a réveillé.
Un bouseux de l'Indre-et-Loire.

Je m'en souviens :
j'avais sa plaque minérale juste dans l'œil.

37.

- Il vous a emmené à l'hôpital ?
- Penses-tu !

Il a remis les gaz
en me repassant sur mes guitares.

Et « recrac » !

L'Opel Kadett, c'est traître.

Heureusement qu'il était là, le toubib !

Parce qu'il m'a opéré à vif.
Falait voir comment il est intervenu.

Attelles et tout le bordel !
Un as !

Résultat :

Beau boulot, non ?

Guignol, va.

Tu verrais s'il y avait pas les rails !

Ben viens-y, viens-y !

Et voilà.
Il est beau comme un sou neuf.

On est pas rancunier.

Monsieur Bernier ?

- Non, sans façon.
- Tu vas nous vexer.

Une lichette.

Bienvenu !

Monsieur préfère
peut-être le blanc ?

Non, le rouge est très...

...fin
- Du velours.

Non.

- Dégueulasse !
- Quoi ?

Va te faire sauter, Lolotte !

Tu finiras par y venir, poivrot !

Le con ! Une bouteille
à moitié pleine !

Salaud !

Ça va !

Ça va !

Alors, comme ça,
t'es sans domicile ?

Provisoirement.

Il y a du provisoire qui dure.

J'en suis pas
à tendre la main, quand même.

C'est pas n'importe qui qui peut le faire,
pas vrai toubib ?

Je confirme.
L'important, c'est pas la main, c'est l'œil.

Si tu tends la main,
les gens passent. Fini.

Faut capter l'œil.
Tout est dans l'œil.

Dès que t'en captes une paire,
faut plus la lâcher.

- Crayon ?
- Toubib ?
- Lève-toi et boîte !

Regarde le travail.

Vous n'auriez pas 10 F, monsieur ?

- C'est ridicule, ce jeu.
- Réponds-lui.

T'as qu'à bosser, fainéant.

Bien, monsieur Berthier.
Il a raison.

Il aimerait bien travailler,

mais sa jambe a été happée
par un treuil sur un chantier.

Menteur !

Il a trois enfants handicapés.

Je n'ai rien à donner.
J'ai plus rien.

J'ai plus de travail.
Plus de famille.

Et ma voiture...
- Oui ?

- À la fourrière.
- Eh ben voilà.

Carte grise.

471 F.

Pour la fourrière. Et un PV de 250 F.
Vous avez un mois pour le payer.

Et merde !

Qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise ?

Oh putain.
Je préfère le pastis.

Pourquoi tu reprends le billet ?

C'était au cas où on se ferait gauler.
On est couvert.

Pas bête.

Y en a encore.

Je sais ce que c'est
que d'être seul.

Je vais m'occuper de toi
maintenant.

La solitude, ça n'existe pas.

- Mimosa, allez viens.
- Ça n'existe pas.

En voiture, Mimosa.

Ils sont comme cela des centaines
de toutes origines

à venir ici chaque jour
pour tenter d'obtenir

qui de quoi survivre,
qui de quoi se réchauffer.

Tous ont droit en principe
au revenu minimum d'insertion

mais le touchent-ils réellement ?

Madame, est-ce que
vous touchez votre RMI ?

Et toi ?

Combien tu payes
pour filmer la misère ?

- Je peux travailler, oui ?
- Ha !

- T'appelles ça du travail ?
- Oh s'il vous plaît !

Combien on te paye
pour filmer les pauvres ?

Bon allez, on dégage. Viens.

Toi, là, coupe ton bazar.
Coupe ton bazar !

Arrêtez ! Arrêtez !

Si tu touches à un pupille de la nation,
ça te coûtera plus qu'un autoradio !

L'émotion, ça se paye.
SI tu veux des larmes, tu casques.

- Il fait cassette ?
- Non
- Prend les baffles.

- J'appelle les flics.
- Laisse tomber, c'est des furieux !

J'aime pas qu'on profite de nous.

Hombre !

- C'est pas une raison pour passer
devant tout le monde.

C'est vrai. Faut pas se gêner !

T'as vu tes yeux ?

- Quoi ? J'en ai plus qu'un.
- Plus pour longtemps.

Ha ! Thyroïde en panne.

C'est grave ?

Tes yeux vont gonfler comme des citrouilles
et ton cœur va galoper vers les forêts de sapin

au lieu d'aller vers l'ouest
chercher de l'iode.

Il va pas crever, quand même ?

À la voiture, va me chercher
de l'extrait thyroïdien pour monsieur.

Merci, toubib.

- Qui le premier ?
- Nous ! Vas-y.

- Dépistage poux ?
- C'est fait.

C'est fait.

- Dépistage poux ?
- Oui, c'est fait.

- Vous avez rien de plus chaud ?
- Tous les fourrés sont partis en Roumanie.

Tiens.

Ça te plaît ?

C'est dix fois trop grand,
mais ça va se faire en marchant.

Faut penser aux angelures.

On ne fume pas ici.

- Vous avez pas des chaussettes ?
- Pour moi aussi. Des grosses, pour caler.

Un homme qui aime vraiment la chaussure
ne met jamais de chaussettes.

Allez, retire-moi ta pelure.

On ne se sert pas elle-même.

Ah oui, tiens, un caban.

Le caban revient à la mode.

Vous faites pas les skis, non ? Ha !

Toubib ! Toubib ! Toubib !

Y a Crayon qui prend feu
dans la voiture.

Oh merde !

Il a voulu brancher sa chauffante
sur l'allume-cigare.

- Qu'est-ce qui se passe ?
- C'est pas grave, M. Berthier.

Plus de peur que de mal.

- Y a un trou là !
- C'est Mimosa.

- J'ai voulu l'éteindre.
- Avec de l'éther, toubib.

- Ben évidemment !
- Quoi ?

C'est une sous-marque.

Dans la poubelle où je l'ai trouvée,
y avait pas toutes les marques.

Fallait me demander !

10 ans d'expérience en literie.
Couette. Chauffante.

Je sais de quoi je parle.
C'est de la camelote.

Allez-y. Allez-y.

Une grande différence entre le gendarme
et le saucisson sec.

Le gendarme est beaucoup plus sec.

La rillette d'oie.

Je préfère la rillette de porc.
Moins gras.

Le laisse pas là,
notre ami.

- Il veut pas un rince-doigts, non plus ?
- Donne !

Un salopin pour monsieur.

Je signale :
y aura plus de PQ.

- On mange !
- J'ai fini.

Toi, mais pas nous !

Oh ben c'est propre !

Est-ce qu'on t'a demandé
si c'était propre sous ta jupe, salope !?

Viens, Axel.
Monstre !

Salope !

Crayon, mets des guillemets
quand tu parles aux dames.

N'importe quoi que je fais,
c'est jamais bien.

Tu vas où ?

- Vous permettez que je sorte ?
- Pour ?

Satisfaire un besoin naturel.

C'est marrant. Ce mec-là,
il me rappelle quelqu'un.

- J'ai vu.
- On l'a.

Patience. Des désespérés comme Berthier,
c'est un don du ciel, tu piges ?

Non.

Ça va pas tarder à condition
d'avoir des égards.

Alors pas de vague. Me faites pas
les quarantièmes rugissants.

Tapis rouge, vaseline
et chausse-pieds.

Michel et Juliette sont absents pour le moment.
Laissez-nous votre message après le bip sonore.

Allô, c'est Michel.
Bon, écoutez mes enfants...

Je suis désolé pour
ce qui s'est passé l'autre soir.

C'est vrai que j'aurais peut-être dû
vous parler de tout ça avant, mais...

Faut que tu me comprennes, Juliette.
À ma place, t'aurais réagi comme moi.

Imagine qu'on t'annonce
que t'as le cancer.

Non, c'est une supposition.
Je ne te le souhaite pas.

Je suis sûr que
tu aurais garder ça pour toi.

Je sais que je vais guérir, Juliette.

Seulement, faut que tu me laisses
un petit peu de temps pour me requinquer.

Là je vais déjà beaucoup mieux.

Et puis j'ai trouvé des associés.
Des types supers.

Bon ben, je vous aime très fort
et je vous embrasse.

Michel ? Je suis là. Allô ? Michel ?

Ça y est. J'ai retrouvé à qui
il me faisait penser, Berthier.

Au trompettiste
de la fanfare de Narbonne.

Je m'en souviens.
Il lui manquait deux doigts.

C'est pas facile de jouer
de la trompette avec trois doigts.

C'est passionnant, Crayon.

Je veux pas être indiscret.

Mais t'as bossé combien de temps
dans ta boîte à matelas ?

10 ans.

Franchement,
mais franchement.

T'aurais des scrupules à tirer 4 chauffantes
dans la boîte qui t'a viré après 10 ans de service

que j'imagine loyaux.

La bagnole,
ça vous suffit pas ?

Une bagnole sans chauffage
par — 15° la nuit prochaine.

Tu veux nous faire crever.

Je vous retiens pas.

Maintenant
qu'on l'a renippé.

Écrase, qu'on t'a dit.

Inadapté de nature comme t'es,
je te donne pas 15 jours pour tomber dans la cloche.

Et pour remonter...
Terminé.

- À quoi tu vois ça ?
- Expérience.

Dans le civil, j'ai travaillé
dans un centre pour leucémiques.

Tous les matins,
j'en voyais arriver des dizaines.

Rien qu'en les regardant,
je pouvais te dire ceux qui voulaient s'en sortir.

Ça se voit dans les yeux.
Toi, tu es sur le point de renoncer.

Tu manques d'audace. Et c'est sûrement
pour ça qu'on t'a viré, pas vrai ?

Comme dit le toubib : de l'audace,
toujours de l'audace, encore de l'audace.

- C'est pas moi qui ait dit ça, c'est Danton.
- C'est pareil.

Vous savez comment il a fini, Danton ?

- Moi je sais : guillotiné.
- Absolument.

Vous m'aviez pas dit ça,
toubib.

Guillotiné, mais célèbre !

Pensons à l'avenir !

L'avenir, je le vois mal.

Démarre. Démarre !

Messieurs, vous avez les papiers
du véhicule, s'il vous plaît ?

On a même pas de PQ. Comment tu veux
qu'on ait les papiers de la charrette ?

Allez, cassons-nous !

Il m'a roulé sur le pied !

Et l'autre, il faut le réveiller.

Non, je crois qu'il est cuit, toubib.

Ces cons-là m'ont laissé ma carte.

Et voilà.

- Vas-y, sers-toi, Crayon.
- Mais c'est pour vous, toubib.

Tu sais écrire, toi ?
Par ici.

- Eh, on peut se servir ?
- Fais comme chez toi, Crayon.

Oh chez moi, y a jamais rien eu.

Si je peux me permettre un avis,
il me semble que le duvet Annapurna s'impose.

Vous êtes un don du ciel.
Un vrai chef.

- T'es heureux ?
- Vous permettez ?

Quand vous aurez fini vos cochonneries,
on pourrait peut-être gicler.

Sans vouloir abuser, tu pourrais pas
nous trouver un rouleau de PQ ?

Heu, si. Attendez-moi.

- Et lui ?
- Y a plus rien à en tirer.

- Qu'est-ce que vous faites ?
- T'occupe.

- Ça, c'est petit, toubib.
- Et nous, qu'est-ce qu'on est ?

- Allez viens, ramène-toi.
- Oui ben, quand même. C'est petit, toubib.

Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?
Ouvrez-moi !

Merde ! Mimosa !

- Putain ! J'avais 20 litres de rouge dans le coffre.
- Je t'avais dit de pas le laisser tout seul.

Si on avait pas laissé quelqu'un dans la voiture,
on aurait pu nous la voler.

Un jour faudra que tu m'expliques
comment tu fais pour être aussi con.

Alors, qu'est-ce que tu fous ?
Tu t'arraches ou quoi ?

Je te préviens, Crayon.
C'est lui ou c'est moi.

« Je manque d'audace »
Il manque pas d'air, ton toubib !

Et l'autre myosotis, je croyais
qu'il savait pas conduire ?

Faut jamais nous croire,
monsieur Berthier.

- Surtout le toubib.
- Quoi, le toubib ?

Suffit que j'aille pisser 2 minutes

pour que tu te débines lâchement avec monsieur
en narrant des élégances sur mon compte.

Toi, le rebouteux, je te donne
2 heures pour retrouver ma caisse.

Pour retrouver ton tas de ferailles,
faudrait d'abord songer à retrouver Mimosa.

Et celui-là n'est pas le genre à perdre du temps,
alors en route et pas de dispersion.

On va crapahuter
encore longtemps comme ça ?

Oh Mimosa, c'est pas le jeune installé.
Dès qu'il peut, il navigue.

Tenez. L'autre nuit on traficotait
dans les poubelles avec le toubib

eh ben il est parti sans demander son reste
avec une bande de spin-heads.

- Skinheads !
- En plus.

Toute la nuit, on l'a cherché.

On l'a retrouvé le lendemain dans
les catacombes la tête comme une pastèque.

Hé, et je me souviens,
ça m'avait marqué sur le moment,

Dans ses mains, une paire d'oreilles pleines d'alliances
qu'il avait arrachées à l'un des types.

Oui, monsieur.

Tenez, je crois même que
je les aies encore dans la poche.

Non, mais les alliances !

Écoutez les gars.
Je vous trouve d'une compagnie très agréable

mais je crois que nous sommes
pas tout à fait du même monde.

Alors merci pour tout.
Si si si ! Et bonne nuit.

Eh Berthier.
Berthier !

- Où tu vas ?
- Dormir.

Dans les cartons comme un clochard ?
Et ta bagnole ?

Je crois qu'il est cuit.

Je commence à me méfier
de tes temps de cuisson.

J'avais un client ici.

Suzanne, ouvre-moi.

Eh ben, qu'est-ce que je t'avais dit ? Hé hé !

Et qu'est-ce que vous m'avez encore dit ?

Que M. Berthier gagne à être connu. Ha !

Alors Crayon. Qu'est-ce que tu penses
du modèle Annapurna ?

Je baigne dans mon jus.
Je savais pas qu'on allait dormir aux antilles.

Le meilleur des polyesters
remplacera jamais le duvet d'oie.

Tu te crois où ?
Au Club Med ?

Mon petit Berthier. C'est pas un novice
comme toi qui va me donner des leçons d'hygiène.

Le pied, c'est un capital.

Si tu t'en occupes pas chaque jour,
ça se bourgeonne, ça se mycose

et quand le panaris s'en mêle,
faut amputer.

Et dans le métier, ça plaît pas, les amputés.
On les pend aux Indes.

Tu m'excuseras. J'ai pas l'intention
de faire carrière.

Il est pas gêné, lui !

Le toubib aussi était amoureux
d'un hôtesse de l'air.

D'accueil ! Une hôtesse d'accueil, crétin !

Au centre expérimental Saint-Antoine.

Là où j'ai ramassé Mimosa.

On était volontaire sain
pour tester des médicaments.

La planque ! Jusqu'au jour où ils m'ont refilé
une saloperie à essayer.

Moi qui était pourtant beau gosse,
en trois semaines, j'ai pris dix ans.

Ce qu'il vous dit pas,
c'est que depuis ce jour-là

son guignol fait souvent relâche.

Qu'est-ce qu'il faut pas entendre !

Et la petite ?

Elle était déjà à gagner sa vie
à la sueur de ses fesses.

Deux jours après,
elle était déjà recasée.

Et si on parlait un peu
de tes conquêtes féminines, Crayon ?

Quoi, les miennes ?
Elles sont fidèles.

Ha, des grabataires ! Monsieur fait dans
le troisième âge. La carte vermeil.

Son terrain de chasse,
c'est la maison de retraite.

Pour moi, ce qui compte,
c'est pas la couleur d'une carte.

C'est la jeunesse du cœur.
Et vous Toubib, votre cœur...

- Ça va pas ? Tu bandes ?
- Et alors ?

J'aime pas qu'on me bande
dans le dos. Dégage !

Le type dormait dedans.

- Il dormait dans quoi ?
- Dans la poubelle !

Tiens ! Voilà l'autre
qui nous fait sa route du rhum.

Toubib, j'ai une piste pour Mimosa.

J'étais chez Castel.
Enfin devant avec Jean-Paul.

Il m'a dit qu'il avait vu partir
Mimosa avec l'Antivol.

Je l'avais pourtant prévenu, l'Antivol.
Allez on y va.

Bon les petits gars
qui rendent la France si propre,

Merci pour le café,
bonjour chez vous.

De rien.

Allez, les gars, allons-y.
C'est fini.

C'est qui, l'Antivol ?

Un gonze qui couche dans une Rolls
pour empêcher qu'on la vole. Un antivol, quoi !

Comme Mimosa.
Hé ! C'est pas idiot, comme boulot.

Il a d'autres patients.

- Il fournit.
- Hein ?

- La dope !
- Ah oui, merde.

Ouvre !

Ça va pas, eh !

Je t'avais pourtant dit
de pas y toucher, au môme.

De quel môme.
De quoi tu causes ?

- Mimosa. Où il est ?
- Je sais pas. Je l'ai pas vu. Je te jure.

Ah, tu sais pas ?

Oh non !

Si tu parles pas,
je te la repeins en rouge, ta limousine.

Faites pas les cons.
C'est mon gagne-pain.

Arrête, Toubib, arrête !

- Il est parti.
- Où ?

Chez Rita,
se faire éponger les cerises.

- Putain, j'ai le nez bouché.
- Comme ça tu t'en mettras moins dans le tarin !

- Crayon, confisqué.
- Oh non, c'est ma mob.

Tu préfères qu'on prenne la Rolls ?

C'est pas légal.
J'ai pas de casque.

Tiens, gare la meule.

- Monsieur Copi ?
- Ta gueule ! Ferme ta gueule, toi !

Oh Toubib !
Pas bouger !

Alors Toubib ? Pas bouger, toi !
Qui c'est, ce navet ?

Un client, pour Rita.

Elle broute.

- On pourrait pas aller attendre au chaud ?
- On descend. Pas bouger, putain !

- T'as toujours des relations dans le médicament.
- Je confirme.

Je te dis ça parce qu'on a reçu
des Africains il y a un mois.

Ils me réclament des cachets
pour la tremblote à moustique.

Ça peut se faire.

T'as des amis partout, toi.

Un tiers-mondain, deux tiers-mondistes. Ha !

- Comme quoi, faut jamais désespérer.
- La preuve !

- Et le loyer, Amédée ?
- Je l'ai envoyé à la famille.

C'est la sécheresse là-bas.

Oui mais ici c'est la misère.
Alors, il faut choisir, mon petit gars.

- ...
- Oui. Ouvre quand même.

J'ai dit que je prenais plus les groupes.

Dis donc, Mimosa.
Ma bagnole ?

- Ma bagnole ?
- Je l'ai vendue.

- Quoi ?
- Je l'ai vendue.

Pour te payer ça ?

On t'a jamais dit
que la rareté, ça se payait ?

- Il me reste les roues.
- Parce que tu vends les voitures sans roues, toi ?

- Rita voulait que les sièges.
- J'adore le Skaï.

Et tout le reste, alors ?
Mon fric ?

- Tu réponds à M. Berthier ?
- Je vous l'ai dit.

- T'as remis ça, alors ? T'as remis ça ?
- Non.

Tu me prends pour un cave ?
On vient de voir l'Antivol.

- Tu peux pas picoler comme tout le monde ?
- Y a que ça qui me calme.

Je me sens pas bien.

Qu'est-ce qu'il y a, petit ?
Petit ? Petit ?

- Il se décolore.
- Oh merde !

Il va pas crever ici !?

Vous me l'embarquez.
Pas de ça chez moi.

À quatre sur la mob ?

J'ai une camionnette là-haut.
Tiens, prends le caddie, là.

Allez, hop !

Oh les casse-couilles.
Suivant !

Allez, Mamadou.

Déballe ton grigri.

- C'est pourquoi ?
- Ça se voit pas, non ?

- Qu'est-ce qu'il a ?
- Il a un malaise.

Bon alors, nom, adresse.
Vous connaissez son n° de sécurité sociale ?

Vous voyez pas qu'il est en train de crever ?

On est SDF.

Un SDF ?

Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce qui se passe ?

C'est un SDF, docteur.

Ah oui mais non !
Faudrait l'emmener ailleurs.

On est où, là ?
Au Ritz ?

Quoi, quoi ?
Allez hop ! Sur le brancard !

Mais calmez-vous !

Bon je vous attends là.

Bon. Mettez-le en salle d'urgence.

Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Rien. Une indigestion.

Continuez ! C'est à gauche.

Au fond à gauche.
J'arrive.

- C'est interdit de fumer.
- Et depuis quand ?

Si voulez fumer, vous allez dehors.

Dehors ?

J'y suis tous les jours, dehors.

- Il s'appelle comment, votre ami ?
- Mimosa.

- Comme les fleurs ?
- Ah non. Comme les œufs.

- Mais c'est pareil.
- Dans une gamelle, ça m'étonnerait.

Je vais lui faire un petit remontant.

Oh putain !

J'ai l'impression d'être à Val d'Isère.

Monte pas plus haut.
Y a pas de neige.

Vas-y. Profites-en.
Fais le plein !

Qu'est-ce que je prends ?

Un petit assortiment ?

Il va mieux.

Hé !

Merci docteur.

Je veux pas te violer.
Juste un bisou.

Vous êtes complètement fou !

Mais c'est vous qu'êtes normal.

Salauds de pauvres !

Tu nous as fait une sacrée peur, toi !

Avec tout ça, ça nous dit pas
où on va dormir.

Ben il me reste une chambre,
si vous voulez.

Quoi ? Au 6e sous-sol avec les nègres ?
Tu nous prends pour qui ?

- En attendant.
- Et l'argent ?

Oh attends.

Si je retrouve.

Suspension sur ressorts. Précomprimé.

Le corps épousé par le matelas.
À l'impériale. Ça te tente ?

Tu te vois en empereur, Copi ?

Un box contre un lit ?

Tu sais ce que ça coûte
dans le commerce ?

J'achète jamais
dans le commerce.

- Bon alors ?
- Alors Copi ?

Vous livrez ?

Y en a un.

Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Ho ! Mon camion !

Assez efficace !

- Magne-toi.
- 5 minutes.

Je vous ai mis
quelques échantillons gratuits.

Finalement, je vais prendre
que les échantillons.

Qu'est-ce tu fous ?
On est garé sur un parc à prune.

Oui j'arrive.
Tiens cadeau.

C'est nous.

Oh, ben j'ai vu.

Pivote !

Maman ! Ouvre la porte,
c'est les 3 Suisses.

C'est mes yeux ou
il pue le fromage, ce lit ?

Fais-nous un petit jus, maman.

Je peux te voir en privé
2 secondes ?

Y a pas de souci ?
Du velours.

Un petit café, Toubib ?

Jamais. Merci.

Il vous fera pas de mal.
C'est du périmé.

J'ai une centaine de Turcs
qui débarquent dans un mois.

Je leur loue le 5e sous-sol.

Sauf qu'au lieu de louer vide,
j'aimerais louer meublé.

- Je fais pas le mobilier.
- Qui te parle de meubles ?

Avec 10 gars par box,
y a pas la place pour du meuble.

Ce qu'ils veulent, c'est dormir.

10 petits matelas par box.
Je double les prix.

Tu nous intéresserais
à l'affaire ?

- Qu'est-ce qu'il aimerait ?
- Un petit 20% sur les loyers.

Ça frise l'inconvenance.

Les 3 premières mensualités
payables d'avance maintenant.

Ça devient de l'escroquerie.

Ça peut aussi devenir
de la concurrence déloyale.

J'ai repairé un chantier. 10 sous-sols.
- Où ?

- Désolé, Copi.
- Attends, quand même.

Entre ordures,
on va pas se faire de l'ombre.

D'accord pour les 20%,
mais payables à la livraison.

Okay.

Tu me sors un lit de plus
pour l'impératrice.

On fait chambre à part.

Bien sûr. Faudra trouver
un camion plus grand.

Tout rentrera pas
dans la fromagère.

Le gardien, on le neutralise.
- Je l'assomme.

Qu'est-ce que tu veux de plus ?
On est pas bien là ?

Je croyais que t'aimais l'audace.

Quand on s'embourgeoise,
on écrase.

Tu connais ça, toi.

Vous êtes des petits bras, les mecs.

Tout cadre que t'es,
t'as pas le droit de mépriser les pauvres.

- Bon, Mimosa ?
- Je marche.

- Crayon ?
- C'est le Toubib qui sait.

Le Toubib, le Toubib !

Il sera pas toujours là,
le Toubib.

Quand tu l'as rencontré,
tu étais riche ?

- Non.
- Et maintenant ?

- Encore moins.
- Dis-moi ce qu'il t'apporte.

- La sécurité.
- Ha ! De quoi ? De l'emploi ?

S'il rentre de l'argent ici,
on va se tirer dans les pattes.

On fait une bonne équipe ensemble, non ?

Il aime pas
qu'on lui prenne les rênes.

Tu veux qu'on finisse
notre vie ici ?

- On est pas des gangsters.
- Ni des rats.

Toi, tu renonces.

À 2 m. de la ligne d'arrivée,
tu baisses les bras, tu t'écroules.

Tu sais ce que t'as ?
Peur de gagner !

C'est tellement mieux de se complaire dans
la merde, de jouer les martyrs,

Seulement moi,
je m'appelle pas Crayon !

Mimosa, tu viens ?

Ouais.

Qu'est-ce t'en penses ?

- Ah moi c'est vous, Toubib.
- Quoi, « moi c'est vous » ?

J'en ai marre
de décider pour toi.

Merde à la fin !

Tu peux pas décider tout seul ?

Si ça tient qu'à moi...

Si, si, si... Et si je tombais
raide mort dans la rue. Qu'est-ce tu ferais ?

T'attendrais devant ma nature morte ?

Je sais bien ce que tu ferais.

Tu finirais comme un rat
à rejoindre Berthier.

Parce que t'en meures d'envie.

Plutôt que de voir ça,
je préfère y aller.

Ah ben si vous y allez,
j'y vais aussi.

Alors ?

Ils nous enferment !

Crayon, taille-toi !

Magne ! Magne !

Malakian, laisse-moi passer
ou je te tue.

- Berthier !
- Laisse-moi passer, je vais le faire !

Laissez !
C'est un pauvre type.

Merci, Monsieur.

Allez on ferme.
Ça caille.

- J'ai une petite faim.
- T'as toujours faim.

Salut.

Salut, Vincent.
Qu'est-ce que tu fous là ?

Je viens du forum.

C'est l'anniversaire d'Émilie.
Et toi ?

Ben tu vois...

Je sors du boulot.

Je fais des courses.
Je flâne. Je m'aère.

- Qui c'est ?
- J'en sais rien.

- T'as grandi.
- Non, c'est les patins.

Non, t'as grandi.

- Bon ben...
- On prend un pot ?

Si tu veux.

Vous désirez ?

- Tu veux quoi ?
- Un coca.

- T'as peut-être faim ?
- Non, non.

- Te gêne pas.
- Non, j'ai pas faim.

Bon alors un coca.

Tu joues toujours au foot ?

Oui, mais j'ai changé d'équipe.

Tu joues où ?

En fait, je joue plus au foot.
J'ai pas le temps.

- T'aurais pu donner de tes nouvelles.
- Pourquoi ?

Tu veux pas qu'on se revoit ?

J'ai plus le temps, Vincent.

Chaque jour, faut que je travaille.

On t'a vu à la télé.

Une émission sur les pauvres.

Alors pourquoi
tu me demandes si je travaille ?

Tu vis où ?

J'ai pas de domicile.

Dans l'émission de télé, j'ai repéré
les bureaux près du métro aérien.

Ça fait 4-5 fois que j'y passe,
mais t'y es jamais.

- Allez !
- On pourrait se revoir de temps en temps.

- Je suis pas ton père.
- C'est un con, mon père.

C'est vrai, c'est un con.
Mais c'est ton père.

- Elle a vu l'émission, ta mère ?
- Non, j'en ai même pas parlé.

Remarque, je m'en fout.

C'est ta mère qui t'envoie ?
- Non. Mais elle serait pas contre que tu reviennes.

Elle s'est trouvée un mec.

On l'a viré. On l'a tellement fait chier
avec Émilie qu'il a craqué.

Sympa pour votre mère.

Écoute, mon bonhomme.

Maintenant tu t'en vas.
J'aime plus personne. Tu comprends ça ?

Même toi.
Même moi, je m'aime plus.

Je pue.
Tu m'as regardé ? Je pue.

- En tous cas, moi, si tu revenais...
- Je suis une épave.

Et on met pas une épave
dans une résidence à Gif-sur-Yvette.

- La prochaine fois, c'est moi qui t'invite.
- Y aura pas de prochaine fois.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

Pourquoi tu me donnes ça ?

Comme ça.

C'est ce que j'ai de plus précieux.

Casse-toi, Vincent.
Casse-toi !

Lâche-moi !

Attendez ! Attendez !

J'suis médecin.

- J'suis médecin, je vous dit.
- Allez, dégage.

- Je me plaindrai.
- À qui ?

Mimo !

Mimo !

- Je me suis cogné.
- Pourquoi t'as sauté ?

Ils voulaient pas me mettre la sirène.

Je me suis même pas fait mal.

C'est pour de rire, hein ?

C'est comme un jeu, Mimosa.

Tu sais, les jeux d'enfants.

On se tire dessus,
on se poursuit, on saute du train.

On se tue, mais on meurt
jamais vraiment dans les jeux d'enfants.

Hein Mimosa ?
On se relève en disant « je suis pas mort ».

Hein Mimosa ?
« Je suis pas mort ».

J'aimerais bien dire
des belles phrases comme vous, Toubib.

Je t'apprendrai.

Mettez-lui la sirène !

La sirène !

C'est vous qui l'avez tué.

Vous en vouliez pas.

Personne n'en voulait.

Fallait me le laisser, à moi.

Tirez-vous.

Le spectacle est terminé.

Le spectacle est terminé.

C'est peut-être mieux comme ça.

Un petit coup de blues, là.

C'est pas le moment
de se laisser aller.

Tu sais de quoi j'ai envie ?

D'un lit.

Un petit lit bien chaud
dans une petite chambre propre.

Alors, qu'est-ce que t'en penses ?

- Pas mal.
- Allez.

- Ça te plaît ? He !
- Fais pas de frais, hein ?

Messieurs Dames.

Messieurs ?

Mon ami et moi, nous aurions souhaité
une chambre. Une très belle chambre.

- Malheureusement l'hôtel est complet.
- Vous êtes sûr ? Vous pouvez vérifier, s'il vous plaît ?

Laisse tomber.

Absolument.

Une question.

Admettons que le Président
de la République, M. Mitterrand,

arrive ici dans 5 minutes
pour coucher. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Bien évidemment, si c'est le président,
nous lui trouverons une suite.

J'ai une très bonne nouvelle
à vous annoncer : il vient pas.

On prend sa chambre. Ha !

Y a l'autre on dirait Crayon.
Eh, Crayon ?

On dirait Crayon.
- Eh, Crayon !

Voilà l'homme qu'il nous faut.
Viens. Amène-toi.

- Il est sorti de taule ?
- Oui, oui. Amène-toi.

Vous avez trouvé facilement ?

Restons pas là.
Je suis installé au 20e.

Et Mimosa ?
- Il est parti.

Où ?

Comme toi. Dans les étoiles.

Gardien de nuit ?

En quelque sorte.

T'as trouvé ça comment ?

Si je vous le dit,
vous me croirez pas.

Le gardien qui était là avant,

eh bien il supportait plus les photos.

Un matin il est monté sur le toit
au 40e, et il s'est jeté.

Je passais par là.

Il est tombé juste devant moi,
avec sa casquette.

Tiens, goûtez-moi ça.

Vous me connaissez, Toubib.

Je me suis dit :
ça, c'est un cadeau du ciel.

Y a de la chance que pour la canaille.

Vous avez raison. Ils ont fait
l'économie de la casquette

et de la petite annonce.

Allez.
Que le cul nous pèle.

Ça donne pas envie
de partir en week-end.

Choc frontal. 5 g. d'alcool dans le sang.
5 morts. Un mort par gramme.

Celle-là avec le bus,
je l'aime beaucoup.

Un petit vieux
qui revenait de Lourdes. Carbonisé.

Et alors celle-là...
- Ça va. On est pas là pour faire la visite.

- Ben c'est gratuit.
- Il manquerait plus qu'on paye !

- Dites-moi, ça, à jeun, hmmm !
- Pourquoi ? Vous avez pas mangé ?

Il fallait le dire.
J'ai tout ce qu'il faut. Tenez.

Toubib ? Allez, faut dégager.
On ouvre.

Il est où, l'autre ?
- J'sais pas. Berthier.

- Il est pas aux toilettes. Je sais pas où il est.
- C'est pas possible. J'ai fermé partout.

Oh mon dieu. S'il se jette,
je perds ma place.

Qu'est-ce qu'il fout, là. Attends !

Qu'est-ce que tu fous ?
T'as perdu quelque chose.

Tu devrais essayer.
C'est géant de pisser de là.

Y a des chiottes, Berthier.

Viens voir, au moins.

Viens. Dans mes bras.

C'est trop beau.

Allez. Je te tiens.

Fais pas le con, j'ai le vertige
- Tu risques rien. Regarde.

Tu regardes ou je te jettes.
- J'ai vu.

C'est beau, le vide.

Et puis, c'est tellement simple.

Mais t'es con ou quoi ?

Qu'est-ce que t'as dans la tête ?
Du jus de cerveau.

Tu veux que je te dise ?
T'es pas fait pour être pauvre.

- Et toi.
- Ça se mérite.

Toi, ta vie, c'est pas ça.

Tiens, l'hiver où il faisait si froid.

Je suis rentré au cinéma et j'ai vu un film
avec le monstre qui se perdait sur la terre.

Eh ben, t'es pareil.

- Tu le finis pas, ça ?
- Non.

« Maison, maison »
qu'il gueulait, le monstre.

Lui, il avait pas peur de dire
qu'il voulait rentrer.

Oh le con.
« Maison, maison ».

Je préfère être libre.

Dormir dans des cartons ? Ça oui,
t'es libre de dormir dans des cartons.

- J'ai pas de maison.
- Si.

Ton gamin, l'autre soir,

t'as vu ses yeux ?

Je croyais pourtant t'avoir appris
à lire dans les yeux des gens.

Il a besoin de toi, le gamin.

Regarde ce que ça donne,
un gamin sans père.

Et Juliette ?

Elle m'a jeté.

C'est toi qui t'es barré.

T'es chié, toi.

Je me pointe chez elle. Bonjour, c'est moi, je reviens.
Je peux prendre un bain. Fais-moi un café.

Ça coûte rien d'essayer.

Non, c'est trop tard.
Cette histoire, je l'ai déjà oubliée.

Essaye.

Bon. On se casse.

Un, deux, trois.

Holà, ils vont où les comiques ?

Perds pas ton temps.

Je t'avais dit de pas servir les cloches.

- Ben je savais pas.
- Tu savais pas ? Abruti !

Si tu fuis aujourd'hui,
tu fuiras toute ta vie.

Tu veux te débarasser de moi ?
Tu vois. Je m'en vais.

Si j'avais voulu me débarasser de toi,
je l'aurais fait là-haut sur la tour.

Tu la vois, ta femme,
dans les bras d'un connard ?

En train de se glisser sous tes draps

et faire l'amour en regardant
ta photo sur la table de nuit.

Et enfiler ton peignoir. Hé !

Je suis pas jaloux.

- Menteur !
- Moi, menteur ?

T'es franc comme un âne qui recule.

Tu sais ce que tu fais quand tu dors ?
Ben tu parles.

« Où qu'elle est, ma Juliette ? »
« Sauve-moi, ma Juliette ! »

Et moi pendant ce temps-là,
je dors pas.

Tu dors pas ? Ça, c'est faux.
La nuit, tu ronfles.

- Ha ! Je ronfle ?
- Ouais. Tu ronfles. Et en plus, tu pètes.

- C'est vrai ?
- Absolument.

Ça, tu fais bien de me le dire.

Aïe.

- Détends-toi.
- Doucement !

Mais ho !

Ah ! Donne-moi ça,
je vais le faire moi-même.

Tu sais, les rasoirs de Crayon,
c'est jamais les premières mains.

De toute façon,
je vois pas pourquoi je me rase.

J'y vais pas. Elle va me jeter.
Ça fait trois mois qu'elle m'a pas vu.

Si t'y vas pas,
tu sauras jamais.

T'as fini ton stage, mon gars.
Et en plus, tu me portes la cerise.

Si tu t'étais pas tiré de chez toi,
Mimosa ne serait pas au paradis.

Et Crayon serait toujours mon second.

Dis tout de suite
que j'ai une mauvais influence sur lui.

Je connais les femmes.

Elles sont patientes, à condition
que ça dure pas trop longtemps.

Qu'est-ce que tu connais
aux femmes, toi ?

Mais qu'est-ce qui fous ?
- T'inquiète.

Ça y est. J'ai trouvé
un pantalon pour M. Berthier.

Tu mettrais ça, toi ?

- Eh oui.
- Ben, mets-le ! Donne-lui ton futal.

Allez, déloque-toi. Allez.
- C'est bien parce que c'est vous.

- Je suis ridicule.
- T'es fou. T'es superbe.

Elle arrive. Elle arrive.
Et en vrai, elle est pas mal.

C'est la plus belle.

Pourquoi tu m'embrasses, ducon ?

- Vous restez là... si jamais...
- Allez !

- Vous voulez que je vous dise, Toubib ?
- Ta gueule !

- Elle est pas toute seule.
- Vas-y !

Toute la soirée.
Tu te rends compte ?

Ah non, je te jure.
Il était trois heures.

- Eh, c'est pas Michel là-haut ?
- Michel ?

Ah, Juliette !

Ça va ?

- Ça va Juliette ?
- Ça va.

C'est marrant.
Je pensais à toi, justement.

- Tu pars ?
- Je reviens.

Tu reviens d'où ?

- D'où je reviens ?
- Oui.

J'aurais quand même préféré
retourner au Mexique.

- On y est allé quatre fois au Mexique.
- Et alors ? Quand c'est beau, c'est beau, non ?

- Oui.
- Oui !

- Bon ben écoute...
- T'es pressé ? Ah ben oui, tes affaires.

Oui, mes affaires.

Écoute, viens dîner
un soir à la maison.

T'es très belle, tu sais.

Les enfants seront ravis de te voir.
Surtout Vincent.

- Quand ?
- Quand ?

- Ce soir je p...
- Ben oui, tiens. Ce soir, si tu veux.

- Faut pas que ça te dérange.
- Oh non, c'est plutôt toi.

T'es peut-être très occupé.
- Non, je peux me libérer.

Je vais téléphoner.
- D'accord.

- Ça tient toujours pour le dîner ?
- Mais bien sûr.

Excuse-moi. Tu attends quelqu'un ?
- Non, non.

- Et ton chauffeur ?
- Il est jamais à l'heure.

Moi, j'ai ma voiture
au parking, si tu veux.

- Tu pleures ?
- Mais non. Tu sais que je suis bête.

Y a des jours comme ça
où un rien te fait pleurer.

Tu m'as manqué, tu sais ?

Toi aussi.

- Allez viens prendre un bain à la maison.
- Oui.

Vois-tu, Crayon.

À cause d'un misérable petit trou
dans ce pneumatique,

ces gens-là seront sur la plage de Rio
à boire des drinks versicolores

qu'on sera même pas rendu
Porte de Vanves.

Et la vie est courte, Crayon.

Magne-toi !

J'ai pas les outils.

'Tain. Il est où ce trou ?
Toubib ?

Toubib, attendez-moi !