All language subtitles for Queen Margot (1994) [BluRay][YTS

– Y a quelqu'un !

– Qui êtes-vous ?

– Je le tue !

Je le tue !

– Monsieur veut dormir, c'est tout.

– «Dormir»?

– Ça vous plaît pas ?
Vous pouvez aller rejoindre

votre bande de huguenots dans la rue.

– En plus, il est protestant ?

La poussière vous dérange ?

– Dormir avec un catholique me dérange.

– On est plus nombreux que vous.

Faudra vous y habituer.

– Voilà.
Tout le monde dans le même lit.

On est réconciliés, il paraît.

On va tous vivre ensemble,
puisque c'est ça qu'ils veulent.

– Vous êtes là pour le mariage ?
– Non.

Cette Margot est une putain malfaisante.

Ce mariage est la honte des nôtres.

Chant religieux

– Henri de Bourbon, roi de Navarre,

acceptes-tu
pour épouse Marguerite de Valois ?

– J'accepte.

– Marguerite de Valois,

acceptes-tu pour époux Henri de Bourbon ?

– Marguerite,

acceptes-tu…

Au nom du Père, au nom du Fils

et au nom de la sainte Église,

je vous déclare mari et femme.

Chant religieux

– En te donnant ma sœur,
je donne mon cœur aux protestants.

– Bienvenue dans la famille.

C'est une famille un peu
particulière, mais pas si mal.

– Pourquoi pas dès ce soir ?
– C'est sa nuit de noces.

– Justement.

Il sent le bouc.
– On dit le sanglier.

– C'est un mauvais jour pour toi,
je sais. Mais regarde.

Ils sont là :
mes catholiques, mes protestants,

réunis dans la maison de Dieu.

C'est un symbole, ce mariage.
Ça va tout arranger.

– Un mariage et une guerre.
Quoi de mieux pour réconcilier la France ?

– La guerre ?

Qui parle de guerre ?
– Regardez-le.

Coligny veut la guerre. Regardez-le.

Le roi est contre
l'expédition des Flandres.

– Vous ne savez plus rien.

Le roi est le pantin de Coligny.

Tu n'as plus aucune influence sur ton fils.

– Ne me détestez pas trop vite.
Ils me haïssent tous déjà.

Vos frères et Guise, bien sûr.

Et votre mère ne m'aime guère.

– La vôtre ne m'aimait pas.
– La vôtre a tué la mienne.

– Rien ne le prouve.

– Je sais que vous avez aussi peur que moi.

– De quoi ?

Ceux qui vous détestent m'aiment.
– Pourquoi vous imposer ce mariage ?

– C'est un mariage pour la paix.
Je ne coucherai pas avec vous.

– Tu étais chez Margot, cette nuit ?

– J'étais avec lui.

– Pas toute la nuit.

Je l'ai vu sortir de chez ma sœur.
Ça te fait de la peine ?

– Tu répondrais quoi ?
– Elle préfère qui elle veut.

– Ne venez pas dans ma chambre, ce soir.

Brouhaha

• • •

– Charlotte ?

Du rouge à lèvres. Cadeau.

Musique joyeuse

– Celui-là.

– Armagnac.

26 ans. Fanatique, paraît-il.

Un peu maigre, mais un joli sourire.

– Et celui-là ?

– Du Bartas. Arrivé avec ton mari.

19 ans.

Il habite chez sa sœur.

Prometteur.

– Jolis yeux. Jambes courtes.

– Jambes courtes.

On jette.

Condé. Prince de sang.
Lequel est-ce ?

– Là-bas.

C'est un pervers.

La chair le rebute.

Il me déteste.

Et lui ?
– Ton mari ?

– Que fait-il ?

Il boit toujours autant ? Il rit ?
– Ils font la queue pour le voir.

– Attention !

– Droit d'asile pour les nôtres à Navarre,

droit du culte,
droit de posséder des armes.

– A quoi servent les garanties du roi
si Catherine gouverne ?

– C'est plus elle qui gouverne, c'est moi.

Vous dirigerez l'expédition
des Flandres avec moi.

– Serais-je encore vivant, dans 3 jours ?

– Arrêtez d'avoir peur.
– Je n'ai pas peur.

– Comment tu as pu épouser
cette tête d'oiseau ?

Ça ne marchera jamais.

Rires

– Tu as déjà couché avec un protestant ?

– Non. Tu me raconteras, hein ?

– Je continuerai à coucher
avec des catholiques.

– Je reste !

Margot viendra se consoler chez moi.

– Ne te réjouis pas.
J'ai refusé de partir en Pologne.

– Tu partiras.

Ma mère et le roi sont d'accord.

Ma mère par amour
et Charles parce qu'il a peur de toi.

– Pas de toi ?

Non. T'es trop petit et trop laid.

– Toi, l'amazone,
tu seras du voyage, il paraît.

Ça te dit, la Pologne ?

– Je t'interdis de l'insulter.

– Regarde.

– Mme Catherine a dit de le faire parler.

– Ça n'a pas l'air très facile.

Regarde, ils sont tous en noir.
On dirait des cafards.

– Le grand s'appelle Armagnac.

Et le petit, c'est Du Bartas.

– J'y vais.
– Allez.

– Où étais-tu ?

– Ils font tout pour te faire abjurer.

Ils le demanderont.
Elle le demandera.

Margot te fera abjurer.

– Qui est-ce ?
– Elle s'appelle Charlotte de Sauve.

– Elle est baronne.
Elle te court après.

– Tu es baronne ?

Tu regardes toujours comme ça ?
– Vous me plaisez, monseigneur.

– Tu m'en donnerais la preuve ?
– C'est à vous de me la donner.

– Mais c'est quand tu veux.

– Echappez au bonheur qui vous attend
et passez la nuit avec moi.

– Mais quel «bonheur» m'attend,
cette nuit ? Un couteau ?

Un verre de poison ?

– Ma chambre est au-dessus de la vôtre.

Cette nuit ou jamais.

Encouragements.

• • •

– Cette nuit, comme d'habitude.

• • •

– En avril, M. de Coligny, combien
de vos soldats avez-vous perdus ?

– Ce n'est pas une guerre.
– Et à Mons,

combien étaient-ils, vos protestants,
contre les Espagnols ?

4000? Plus ?

– Ce n'est pas une guerre,
c'est une croisade.

Mes hommes étaient prêts à mourir.

– Les Espagnols les ont écrasés.
– Vous voulez aider les Flandres ?

– On est prêts à aider,
mais ce n'est pas si simple.

– Pourquoi pas ?

– Le roi d'Espagne attaque.

– On parle ici

d'attaquer le roi d'Espagne.

– Nous ne sommes pas prêts.

Pas contre l'armée
la plus puissante d'Europe.

– On attaque l'Espagne,

et nous basculons du côté
des pays protestants.

– Mais si Philippe Il règne sur
les Pays-Bas, on sera encerclés.

– Encerclés pas les catholiques, c'est ça ?

Il s'étouffe.

– Nourrice !

Combien de temps pour être prêts ?
– On l'est.

Pourquoi vous croyez
qu'on a accepté ce mariage ?

Pour avoir la paix.

La paix à l'intérieur du royaume.

Catholiques et protestants
combattront ensemble à l'extérieur.

– Vous avez 6000 hommes.

– Justement. Ils veulent se battre.
Ils ont faim.

Prenez garde à une révolte
que personne ne pourra contrôler.

Je la veux, cette guerre.

Et le roi la veut aussi.

Nous serons prêts.

– Viens, on va donner à manger au chien.

– La viande blanche
est meilleure pour le poil.

– Va me chercher les légumes.

Tu me domines.

Tu as trop d'influence sur moi.

Tu n'arrêtes pas de me couper la parole.

Tu as remarqué ?

– Il a bon appétit.
– C'est ce qu'ils pensent.

Eux.

La famille.

Les autres.

Moi, je ne vois qu'une chose :

grâce à toi, je me suis libéré de moi-même.

Comment te dire, Coligny ?

Je suis libéré de ma mère.

Je suis enfin roi
depuis qu'elle n'est plus reine.

Mange, mon chien. Mange !

Ma mère n'est plus reine
depuis que Coligny est mon père.

Avant toi, j'ai jamais pu donner
ma confiance à personne.

Si. A ma nourrice.

Elle aussi est protestante.
Tu le savais ?

Au fait, les plans de campagne
que tu m'as soumis.

Tu regardes ça
et tu me le rapportes demain.

Je t'attends à 10 h.

– Alors, c'est la guerre ?
– Oui, c'est la guerre.

– C'est qui, lui ?

– René, le parfumeur de Mme Catherine.

Ses poisons sont très efficaces.
– On n'y touchera pas.

– Surtout pas les parfums.
– Tu préfères

le poison ?

– J'aime bien les protestants.

Vous avez gardé cette confiance en Dieu.

– Moi aussi, j'aime bien les catholiques.

– Alors, vous êtes vraiment 2000?

– Tu n'as qu'à compter.
Ce sont mes invités pour le mariage.

– Il paraît que c'est bien

pour la France.

Mais pour moi, le jour de tes noces

est un jour de deuil.

– Pour moi, c'est un jour de honte.

J'ai reçu en dot le cercueil de ma mère,

et j'épouse la putain qui sort de ton lit.

– Il y a 3 ans, à Orléans,

combien t'a payé Guise pour tuer Coligny ?

10000?

15000?

– 20000.

– Je sais.

Un homme l'a sauvé,
un de ses vieux capitaines.

Il s'est jeté devant lui.

Comment s'appelait cet homme ?

– M. de la Môle.

Leyrac de la Môle.

– Tu étais à son service, n'est-ce pas ?

Il t'aimait comme un fils.

Il te logeait, il te nourrissait.

Tu l'appelais ton père.

Il était comme ton père.

Et tu l'as achevé d'une balle dans le dos.

On me demande ta tête.

Je la donne ?
– Vendez-la très cher

ou servez-vous de moi.

– Demain, un homme passera
un peu avant 10 h

rue St-Germain-l'Auxerrois,

vers le Louvre.
– Comment le reconnaîtrai-je ?

– Il portera un portefeuille rouge.

Comme celui-ci.

Tu as gardé le pistolet
que Guise t'avait donné ?

– Je suis plus habile à l'arquebuse.

– Maurevel ?

Je préfère tout de même
le pistolet du duc de Guise.

– Hier soir, je t'ai attendue.

Tu devais venir me dire au revoir.

– Pourquoi se dire au revoir ?
Je t'aime. Je suis toujours là.

– Tu appartiens à ton mari, maintenant.

– Il ne sera jamais mon mari.
Vous serez toujours mes frères.

– Réveillez-vous.

– Il est là.

Il t'attend.

– Partez.

– Tout à l'heure, le roi m'a dit :

«Depuis ce soir,
ce n'est plus moi, le cocu.»

– Je t'ai pas donné ma virginité.
Tu veux ma nuit de noces ?

– A qui as-tu donné ta virginité ?
Hein ? A qui ?

À ton frère ? Auquel de tes frères ?

– Tu veux ma nuit de noces ?

Tu portes un poignard ?

– Ton mari, le petit sanglier,
ne viendra pas ?

– Ai-je l'air d'une mariée ?

– Tu as l'air incertaine.

Imprévisible.

– Je veux que tu m'aimes
comme tu ne m'as jamais aimée.

Je veux découvrir ton corps,

découvrir ton odeur.

Je veux une nuit sans repos.

Je veux que le plaisir me fasse
entrevoir l'image de ma mort.

Je veux ma nuit de noces.

Je la veux avec toi.

– Ton mari arrive. Il vient juste

de sortir de chez lui.

– Tu savais qu'il viendrait.
– Non ! Ne pars pas. Reste !

– Tu le savais.

– Je le renvoie.

Après…

nous aurons notre plus longue nuit.

– Je pense que j'ai semé
les espions de la reine.

Ils me croient chez la baronne de…

L'Italienne.

Une baronne charmante.

– Allez-y.
Pourquoi vous n'y êtes pas ?

– J'ai reçu un commandement de Dieu.

Je dois vous parler.

A vous et à vous seule.
Je dois vous convaincre.

– Chez vous, Dieu revient à chaque mot.

– Dieu…

Dieu ou l'instinct d'un paysan
des Pyrénées.

C'est votre mère

qui m'appelle ainsi.

Si je vis, je serai roi de France.

– Mon frère est roi de France.

Les deux autres lui succéderont.

Et leurs enfants leur succéderont.

Vos atouts sont bien faibles.

– Les vôtres aussi.

Votre famille ne vous protège pas.
Vous n'êtes rien, pour eux.

Vous êtes une monnaie d'échange.

– Mes frères m'adorent.

– Ils vous vendraient
pour un traité de paix.

– Ma mère m'aime.
– Elle vous vendrait…

– Ma mère me chérit.

– Elle vous hait.

Et votre amant, le duc de Guise,

il se sert de vous.

Pour conquérir le pouvoir
et les femmes des autres.

– Taisez-vous.

C'est le commandement de votre Dieu,
de venir m'insulter ?

– Non, Margot. Je viens
vous proposer un marché.

Ce mariage me protège.
Mais pour combien de temps ?

Aidez-moi aujourd'hui,

et demain, vous serez tout, grâce à moi.

– Il était convenu que vous
ne viendriez pas, ce soir.

– Oui. C'est vrai.

Il était convenu.

Tends-moi la main, Margot.
Apprends-moi.

Guide-moi.

Ces couloirs me conduisent vers
une trappe d'où je ne sortirai pas.

Tes frères me tueront.

Ils me tueront, et tu ne seras
plus qu'une veuve encombrante.

Tu les domineras tous.

Ta mère s'inclinera.
Tu seras reine.

– Lâche-moi.

– On nous a mariés de force.
Déjouons leurs plans.

– Tais-toi !

– Faisons un pacte secret.
Ne sois pas mon ennemie.

– Tais-toi.

Je ne suis pas ton ennemie.

– Mon amie, le serais-tu ?
Mon alliée ?

Serais-tu mon alliée ?

– Peut-être.

Maintenant, partez.

Partez.

– C'est un frère ?

C'est un amant ?

C'est les deux à la fois ?

J'aurais bien aimé savoir.

– J'avais aussi un manteau.

– Je ne l'aime pas.
Tu voudrais en plus

que je le trahisse ?

Reste.

– C'est votre nuit de noces, pas la mienne.

– Henriette !

Je ne passerai pas la nuit sans un homme.

Un cheval hennit.

– Lâchez ça !

– Saloperie de huguenot !

– Mes affaires !

Rendez-moi ça !

– Il doit être à vous.

Tu viens de province ?

Ils t'ont tout pris ?

– Mon cheval,

quelques vêtements,

mon argent, surtout.

– Alors pour toi, ce sera gratuit.

Gémissements

• • •

Non ! Pas la bouche.

• • •

– J'ai un traité de chasse
qui m'a été légué par mon père.

On m'a dit que ça pouvait
intéresser René le Florentin.

– Vous voulez le vendre ?

– On m'a tout volé, alors…

– Il veut le vendre.

– C'est un travail sur l'art de la chasse.

La chasse à courre, l'élevage,
le dressage des faucons.

– «Leyrac de la Môle.»

C'est votre nom ?
– Celui de mon père.

– Roussillon ?

– Languedoc.

– Bel ouvrage.

Exceptionnel.

100 écus ?

Vous êtes là pour le mariage ?

– Je dois rencontrer l'amiral de Coligny.

– Coligny ?

– C'était un ami de mon père.
– Vous n'êtes pas au courant ?

Il est mort.

On a tiré sur lui dans la rue, là,
il n'y a pas 3 minutes.

– Attention !

– Un vendredi !
A l'imitation de notre Seigneur !

– S'il vous plaît ! Poussez-vous.

S'il vous plaît.

– Pardon.

C'est lui ? C'est l'amiral ?

– La balle lui a seulement déchiré le bras.

– Que veux-tu ?
– J'ai une lettre pour l'amiral.

– Plus tard.

– J'arrive d'Aix-en-Provence
pour rejoindre l'expédition.

– Tu n'es pas le seul.

– Assassins !

Assassins !

Vous voulez nous tuer.

– Ecartez-vous. Laissez-les passer.

– Le Ciel vous punira !

– C'est ça, ta réconciliation ?

– Dieu vous fera payer.

– Je vous promets justice.

– Nos frères

viendront de partout
pour nous venger de ta cour.

– Parlez-leur, vous aussi.

– Au lieu de crier vengeance,
remercier Dieu, qui vous protège.

Votre chef est sauvé.
La blessure est légère.

– Voici une preuve de ma loyauté.

Un bateau part demain pour l'Angleterre.

Sans Coligny, vous n'êtes rien.
Ils vous tueront.

– Il est pas mort.

– Je sais de quoi ils sont capables.

Je le sais.
– Ne l'écoute pas.

Elle est catholique.

– C'est une espionne.

– Qu'elle sorte.

– On est 1000.

Il faut se rassembler pour attaquer.

– Ecoutez ce qu'elle vient de dire !
– Elle nous méprise.

– Qu'elle parte.

– C'est la maîtresse de Guise.

– Quel parti prendrait Jésus,
s'il était ici ?

– Jésus dirait à votre roi
de partir de cette cour.

N'attendez pas d'être la victime

ou le témoin d'une catastrophe.

Je vous dis de fuir ce soir, maintenant.

Ils ont tué votre mère la première.

Aujourd'hui, ils ont voulu tuer Coligny.

Demain, ce sera vous.

– Tu partirais avec moi ?

– Tu comprends pas ?
Elle est des leurs.

– C'est vrai.

Je suis des leurs.

On ne peut plus rien pour vous.

Vous mériterez votre destin.

– Ils vont se venger.

En ce moment même, chez le paysan,
ils préparent un carnage.

– Je veux une enquête.
Je veux l'assassin.

– Ils sont ivres de haine.
Ils viennent nous insulter.

– Ils attaqueront le Louvre.

– Ils vous tueront tous,
vous, votre frère…

– Ils vont nous massacrer.

Ils rassemblent des hommes et des armes.

– Moi aussi,

j'ai des armes !

– Ils sont des milliers,
invités au mariage.

Ils seront contents
de nous montrer leur force.

– C'est mon père.

– Ne l'appelle pas ainsi.

Ton père, s'il était ici,
saurait ce qu'il faut faire.

Ton père savait qu'on reconnaît
un roi au bien

et au mal qu'il sait faire.

– Guise, lui, il sait attaquer en premier.

– Tu m'accuses ?
– On a retrouvé

ton pistolet.
– C'est un crime

que j'aurais adoré commettre.

– On ne te reproche rien.
Il ne fallait pas

le rater, c'est tout.
– On veut me faire accuser.

– Alors, ordonne ton enquête,
protège Coligny,

mets toutes tes forces de roi
incapable au service de la justice.

Tu plongeras ton royaume dans la ruine,

quand je fais tout ce que je peux
pour le redresser.

Toute la sale besogne,
depuis que ton père est mort,

c'est moi qui l'ai faite !

Et je continuerai.

– C'est vous ?
– Je sauverai mes enfants.

– Vous avez fait tirer

sur l'amiral de Coligny.
– Moi. Moi seule.

Il ne fallait pas le rater.

– Il faut aller jusqu'au bout.

Il faut supprimer les chefs,
ce soir, cette nuit.

Condé, bien sûr, et puis d'Aubigné.

Téligny, Beauvoix, Mornay, Du Bartas,

La Rochefoucauld, Miossens…

– Et Navarre.

– Non, pas Navarre !

Coligny.

Coligny.

Vous voulez la mort de l'amiral ?

Moi aussi. Moi aussi…

Mais alors tous les autres
doivent y passer avec lui.

Pas un seul ne doit rester.

Pas un seul qui puisse venir
me le reprocher.

– Alors, combien faut-il en tuer ?

– Onze.

– Quatorze.

– Tous !

Tous.

– Ils sont nombreux ?
– Suffisamment.

– C'est fait.

– Marque-moi sur ta liste.

– Ton nom ?

– Coconnas, Annibal.

– Tu sais ce qu'on attend de toi ?

– Je le sais.

– Et ceux qui voudraient les défendre ?

– On devra se défendre de ceux
qui voudront les défendre.

– Et les témoins ?

– Les témoins catholiques ne parleront pas.

– Les autres non plus.

– Ça fait du monde.

– Le roi a dit : «Tous.»

Cloches

• • •

C'est commencé.

– Les armes, vite !

De l'autre côté.

De l'autre côté !

– Laisse-le !

– Avancez.

– Armagnac ! Du Bartas !

– Henri !

– Margot !

– Ne vous laissez pas faire !

– Orthon, vite, va te cacher
sous le lit du roi.

– Allez chercher M. de Nançay.

– Retourne dans ta chambre.

Enferme-toi.

– Il y en a un là-haut !
– Vite !

– Il s'appelle La Môle.
Il est protestant.

– Pourquoi vous me dites ça ?
– Allez-y.

– Dans la chambre !

Enfant de putain !

Rattrapez-le !

Il descend.

Viens là !

Tu es protestant ?
– Oui.

– Bien sûr qu'il l'est.

Il a qu'à se convertir.

– Tu as entendu ?
Récite le Credo. Récite !

Credo in unum Deum… Récite !

– Non !
– Récite !

– Et in unum dominum
Jesum Christum…

– Attention !

Coups de feu.

– Coligny est là-haut !

Enfoncez la porte.

– Il est là !

Il esta moi !

Coups de feu

• • •

– C'est fait !

– Sois maudit.

Condé, maintenant.
Ils ont traversé la Seine.

– J'y vais. Retourne au Louvre.

– Le dieu des armées est avec moi.

– C'est pas une bataille,
c'est une boucherie.

– Il est là !

– Vous êtes chez la reine de Navarre.

Il est chez moi.

– C'est la justice de Dieu.
Il doit mourir.

– Vous n'aurez pas celui-là.
Il faudra me tuer d'abord.

– Pourquoi pas celui-là ?

– Il mourra entre mes bras.

Vous n'aurez pas celui-là.

Combien en avez-vous tué ?

– Ceux que je devais tuer.

– Le jour du Jugement, vous serez
heureux d'avoir une vie épargnée.

Et le jour du Jugement dernier

n'est peut-être pas loin.

Que direz-vous à Dieu ?

Que direz-vous à Dieu ?

Que vous avez aussi achevé les blessés ?

Que vous avez percé le cœur
d'une femme catholique ?

– J'ai six hommes et un couteau.

Je m'en sers si vous ne sortez pas.

Sortez tout de suite.

– Allez, sortez !

– Allez, on s'en va.

– Du sang !

Il y a quelqu'un ?

– Oui. Va-t'en, toi aussi.
– Il n'y a pas de honte.

Le danger, c'est comme l'orage,
ça me donne envie.

– Henriette, renvoie ces hommes,
pour l'amour de Dieu.

– Tu parles de Dieu
quand tu as envie d'un homme ?

Comme ta famille, qui parle du Christ
quand ils ordonnent la tuerie.

– Ils n'ont rien ordonné.
Je t'interdis de juger ma famille.

Rires

Il est revenu.

– C'est ouvert de la cuisse au ventre.

– Emmène-moi. Je suis prêt.

Je savais que tu serais aussi belle,
aussi lumineuse.

Je suis prêt.

Emmène-moi.

Frotte tes mains sur mon front.

– Margot !

Ouvre ! Ouvre !

Ils vont tuer Henri, je le sais.
Elle a juré sa mort.

– Quoi ?
– Ils veulent sa mort.

Il n'est pas venu, ce soir.

– Tais-toi. Où est-il ? Dis-moi.

– Chez le roi.

– Fais-moi entrer chez le roi.
Navarre est ici ?

– Ils veulent qu'il abjure.

– Il est là, ton mari.

Avec eux.

– Il n'abjurera pas.

– Je n'ai rien fait.

Ce n'est pas moi.

Tu me crois ?

– Pourquoi ?

Pourquoi ?

– C'est elle.

C'est elle, Margot. Je te le jure.

– Tu leur as donné Henri ?

– Je l'ai fait venir ici pour le protéger.

Ils sont tous venus après.

– Viens avec moi.

– Non !

– Viens.

Viens.

– J'ai peur.

– Calme-toi. Calme-toi.

– Je ne veux pas y aller.
Je ne veux pas y aller.

– Doucement.

Calme-toi.

Calme-toi.

Calme-toi.

Doucement.

Doucement.

– Où étais-tu ?

– Et Armagnac ?
Ils ont tué Armagnac ?

– Lui, qu'est-ce qu'on en fait ?

– Pas lui !

On le touche pas.

Il est de notre sang.

– On avait dit tous les chefs.

– Pas lui !

Il fallait le tuer avant.

Il est trop tard.
Vous nous avez mariés devant Dieu.

C'est mon mari,

ton frère.

– Il refuse d'abjurer.

– On ne le touche pas.

– Tu refuses toujours ?

Pourquoi ?
– N'insiste pas.

– C'est fini.

Pas de protestants dans la famille.

– Arrête.
– Tu le sais, ça.

– Laissez Margot s'occuper de son mari.

– Cette nuit, j'ai appris la haine.

– Apprenez l'hypocrisie, à présent.

Il faut vous convertir.

Non ! Ne pars pas !

– Qu'est-ce que tu veux ?

– Et lui ?

– Ceux de cette nuit,
il faut oublier leurs visages.

– Emmène-les.

– «Je désire retourner au troupeau
de la vraie bergerie

F «qu'est l'Eglise catholique,
apostolique et romaine.»

– «Je désire retourner au troupeau
de la vraie bergerie

F «qu'est l'Eglise catholique,
apostolique et romaine.»

– «J'abjure toute erreur et
hérésie luthérienne et calviniste.

«Et je vous supplie, au nom de Dieu,

«de Son fils Jésus-Christ
et de la Vierge Marie,

«de la glorieuse Vierge Marie,
Sa mère… »

– «Je vous supplie,
au nom de Dieu… »

– «J'abjure toute erreur et hérésie

«luthérienne et calviniste,
«et vous supplie, au nom de Dieu… »

– «De Son fils Jésus-Christ
et de la glorieuse Vierge Marie… »

– «De m'accorder l'absolution
des fautes que j'ai commises

«dans ces sectes,

«de me recevoir au sein de la communauté

«qui vit sous l'obédience du pape.»

– Regarde-le.

Opportuniste, protestant,
catholique, arriviste.

Tu n'es pas amoureuse de lui ?
– Mais non.

– Alors pourquoi tu pleures ?

– Armagnac !

Je t'ai cru mort.
Ils t'ont permis de me rejoindre.

– Je me suis converti.
– l'important, c'est d'être vivant.

Les cloches ?
Il n'y a plus personne à tuer.

– Si. Ton ami Condé s'est enfui.

– Un protestant de plus
ou de moins…

– Tu es le roi d'un pays catholique.
Tu peux être fier.

– Oui, tu peux être fier.

Tu es le roi d'un pays où plus rien
ne s'agite, hormis des pendus.

Paris est un cimetière !

Tes sujets sont des morts.

– Margot, arrête !

– Vous qui êtes toujours
si inquiète pour vos fils,

vous pouvez être tranquille :
ils sont maudits.

Et moi aussi.
– Pourquoi ?

– Vous avez invité vos victimes

à mes noces.
Vous vous êtes servis

de nous pour votre carnage !
– Tais-toi !

– Ta famille n'a besoin de personne
pour organiser un carnage.

– Combien d'assassins
il t'a fallu pour ta vengeance ?

– J'ai terminé ce que le roi
avait commencé.

– Le roi nous a sauvés,

et toi, tu l'insultes ?

\ – A combien vous êtes-vous

acharnés sur Coligny ?
– Tais-toi !

Enfermez-la.

– Porte un message à Condé.

– Je suis prisonnier.

– Allez, viens. Allez.

– J'ai voulu la paix, Margot.

La paix pour le royaume,
la paix pour mes enfants.

Tu ne quitteras plus le Louvre.

Tu resteras avec ton mari
et vos amis protestants.

– Qu'est-ce qui te prend, Margot ?

Ton mari est devenu catholique.
Tu vas pas devenir protestante ?

– Il s'est passé quelque chose

cette nuit, Margot ?

Quelque chose de plus ?

Je le saurai.

– Toutes les nuits, il crie.

Il jure de retrouver son assassin.

– Je suis celui qu'il cherche.

– Attends.

– Je ne peux pas éviter cet homme.

Dieu l'a mis sur ma route.

Il me poursuit sans cesse.

S'il ne me retrouve pas,
c'est moi qui vais le chercher.

– Reste tranquille.

– Je dois la revoir.

On dit que tu caches ton visage
parce que c'est celui du diable.

On s'écarte sur ton passage
parce que tu es le bourreau.

Et pourtant, tu m'as sauvé la vie.

– Arrête. Tu peux pas marcher.

– On la dit incapable d'aimer.
– Arrête.

– Que du sang d'assassins
coule dans ses veines.

Et pourtant, elle m'a sauvé la vie.

Je dois la revoir.

– On ne peut même plus les approcher.

Ni elle, ni son mari.

Même au Louvre, ils ne peuvent
plus marcher sans surveillance.

Mais c'est mieux comme ça.

– Dieu m'a choisi

pour la sauver à mon tour.

Je la délivrerai.

– Regarde.

Rien qu'ici, à Amsterdam, ils sont 2000.

Ils préfèrent la faim,
le froid et l'inconnu,

plutôt que de prier en secret

et faire semblant d'aimer la messe.

– Armagnac ?

– Bienvenue.

– Je voudrais partir aussi.
– Il faut résister.

J'ai été à Londres, en Allemagne.
Tout recule autour de nous.

Les Etats chrétiens sentent la menace.

Ils ont peur. J'étais à La Rochelle.

Je suis rentré par la mer.

Guise a doublé son armée.

Les gens meurent de faim,
mais personne ne se rend.

– Guise me donne des envies

de meurtre.
– On doit délivrer Navarre.

– Il faudra beaucoup d'hommes ?

– M. Mendès est de retour de Genève.
Vous aurez l'argent.

– Le secret est plus important
que le nombre.

– M. Mendès a été expulsé d'Espagne
avec toute sa famille.

– Je suis juif.

Ma femme est chrétienne.

Ma famille s'est convertie,
mais ça n'a rien changé.

La loi nous interdit même
les mariages avec les catholiques.

Ils veulent que le sang reste pur.

Je peux m'imaginer vous donner de l'argent

pour délivrer le roi de Navarre.

Même si sa religion n'est pas la mienne.

– Il s'est converti ?
Elle y est arrivée ?

– Sans elle, il serait mort.

– Et ils seraient prisonniers ?

Ça m'étonnerait.

– Regardez.

Je compte sept alvéoles.

– Anjou vivra, n'est-ce pas ?

Il régnera, n'est-ce pas ?

– 7 fois 2,14.

Le duc d'Anjou succédera au roi Charles.

Il régnera 14 ans.

– Et Alençon ?
Il lui succédera à son tour ?

– Le duc d'Alençon n'atteindra pas
sa trentième année.

– Mais il aura un fils ?
L'un de mes fils aura un fils ?

– Foie tombé à gauche.

Une triple mort suivie d'une déchéance.

– La mort ?

Mes trois fils…

La déchéance ?

– C'est Henri de Navarre

qui régnera à leur place.

– Je croyais que cette nuit terrible
avait changé quelque chose.

Nous en avons tué 6000.

Et lui…

Lui, il est vivant.

– Il est vivant et il régnera.

– Jamais.

– Regardez.

Le rouge est magnifique.

– Voilà.

Le bleu, une crème de Venise,

graisse de baleine, huile de violette.

– Oh, que c'est beau.

Tu es belle comme un cœur.

– C'est d'une précision.

C'est beau.

– Elles peuvent même pleurer.
– Pourquoi elles pleureraient ?

– Chut. Taisez-vous.

– Charlotte, j'ai quelque chose pour toi.

Viens, viens.

Le rouge que je t'ai promis

pour tes lèvres.

– Pour moi ?

– Au dernier moment.
Il contient un aphrodisiaque.

– Merci.

– On a envahi votre appartement.

On se maquille.

– Elle prépare quelque chose.

– Et Armagnac ?

Il n'est pas avec toi ?

Catherine parle italien.

Et toi ?

Tu sais, toi, où il est ?
– Non.

– Mais si, tu le sais.

– Je n'en peux plus.

Tu as entendu quelque chose ?

– Il y a eu des milliers de conversions.

Ils ne tenaient pas tant que ça
à leur religion.

– Et lui ?

Lui ?

– Il te faut un autre homme.

Quelqu'un qui réveille ton corps
et qui endorme ta mémoire.

Oublie-le, celui-là.
– Je ne peux pas.

– T'en as oublié d'autres.

– Elle me soupçonne.

– Elle a raison.

Tu es capable de tout.

Enlève-moi tout ça.

– Le fard sur mon visage ?

– Tout, sauf le fard.

– Le roi d'Espagne s'intéresse à toi.

Ce serait un bon mariage.
– Je suis déjà mariée.

– Tu ne couches même pas avec ton mari.

Ce soir encore, il est avec elle.
Tout le monde le sait.

– Mon père vous a fait 10 enfants

sans quitter le lit de sa maîtresse.

– Il m'a aimée à sa façon.

Il m'a fait 10 enfants.

– À l'image de son désir pour vous :
ils sont tous malades.

– Que sais-tu de l'amour ?

L'amour peut vivre sans être réciproque.

Moi, j'ai connu l'amour.

J'ai aimé toute ma vie un seul homme.

Je lui ai tout donné.

Ma chair, mon sang.

Tout pardonné.

Même ses trahisons.

Que sais-tu du mariage ?

Comment tu es devenue
la complice de ce paysan ?

Vous n'avez rien en commun.
– Si. Vos chaînes.

– Je suis venue les détacher.

Le roi d'Espagne oublie la
mésalliance avec les protestants.

Et aussi certaines choses
qu'on lui a dites de toi.

– Quoi ?

Que la place est libre
dans le lit de votre putain de fille

quand vous n'aurez plus un seul fils ?

On lui a dit que vos fils
ne cessaient de mourir ?

– Ils auront des fils.

– Ils n'en ont pas.

Mon mari a la vie en promesse.

Non !

Ne la touche pas !

Ne la touche pas !

N'approche pas !

– Où il est ? Elle est seule.

Gémissement étouffé

Tant pis.

Attends.

Prends les pieds.

Ouvre la fenêtre.

Jette-la.

Hurlements.

♫ ♫ ♫

– Ne restez pas là.

Allez vous coucher.

– Toutes les nuits,

je vois les miens
qu'on entasse et qu'on tue.

J'entends les cris,

les appels au meurtre.

– Cachez votre peine.

Cachez votre peur, cachez votre chagrin.

Soyez léger.

Comme si vous étiez libre.

Vous avez bien joué, jusqu'à présent.

– Elle avait la mort dans la bouche.
Elle avait ma mort dans sa bouche.

– Leur montrer qu'on aime quelqu'un,
c'est leur désigner une victime.

C'est leur donner le moyen
de vous dominer ou de vous détruire.

Il ne faut pas leur montrer qu'on aime.

– Margot, non.

Margot, je vous avais juré.

– Pas moi.

– Il n'est plus ici.

Un jour, il s'est réveillé, il t'a demandé.

Tu n'étais pas là. Il est parti.

Maintenant, il vit chez une duchesse.

Il vit richement.

Mais il est sombre.

Et il m'inquiète.

– Une duchesse ?

– Je recouds les bras aussi bien
que je coupe les têtes.

– Une dame de la cour ?

Une femme qui connaît Margot ?

Qui la voit ?
Qui lui parle tous les jours ?

– Attendez ici.

– Lâche-moi !
– Non !

– Lâche-moi.

– Tu es vivant !

Merci, mon Dieu.

Tu m'as sauvé la vie.

Et tu reviens me punir de tous mes péchés.

– Je n'ai pas le pouvoir d'absoudre.

– Frappe-moi. Frappe-moi !
– Non !

– Frappe-moi.

– Relève-toi.

– Frappe-moi, s'il te plaît.

Tu as faim ?

Tu as faim ?
– Oui.

– Tu veux manger ?

Tu veux que je te fasse la cuisine ?
– Oui.

Rires

– Qu'est-ce que vous faites ?
Ma sauce !

Tiens.

Tomates, basilic et oignons frais.

C'est mon tour de te donner à manger.

Voilà.

– Et le Louvre ?

– J'y passe ma vie, au Louvre.
Ça me rend malade.

– Tu peux y rentrer ?

– Des charognes,
tous, dans leurs habits de soie.

Tu me prends pour un imbécile ?
– Mais non.

– Tu as un message pour le roi de Navarre ?

C'est elle que tu veux ?

– Oui. Aide-moi.
– C'est trop dangereux.

– Elle m'a sauvé !
– Pour mieux te perdre !

– Peut-être.

– Peut-être.

– Quelqu'un a réussi

à vous faire lever ?

Vous avez de la chance.

Moi, je n'y arrive plus.

– C'est lui.

– Je l'ai reconnu.

Vous mangiez ?

Vous voulez la voir ?

Vous voulez vraiment la voir ?

– Chaque nuit,

je rêvais d'un fantôme.

Chaque matin,

j'espérais que tu étais vivant.

J'ai toujours su que tu me reconnaîtrais.

Toujours.

– Ce matin-là, tu sentais le jasmin.

Je me suis dit : elle est peut-être
laide sous son masque,

ou défigurée, mais peu importe.

Tu ne voulais pas que je t'embrasse.

Je me suis dit :
elle est encore plus seule que moi.

J'ai pensé :
elle aime comme on se venge.

– J'ai voulu t'oublier.

Mais tu m'as été ramené,
cette nuit terrible.

– Dieu m'a ramené à toi.

Au milieu du massacre,
j'ai ouvert les yeux,

et tu étais là.

– Combien d'hommes ?

– 200. Ils arriveront à Meaux
dans trois jours.

Ils attendront.

Quel jour, cette chasse ?
A quelle heure ?

– Lundi.

Ils partiront à 6 h du Louvre.

Ils atteindront Pontoise à 9 h.

Ils mangeront un peu avant midi,
et Navarre tentera de partir seul.

– Vous serez avec lui ?

– Non.

– Lundi, c'est une chasse au sanglier.

Il n'y aura pas de femmes.

– J'ai remué ciel et terre
pour vous sortir du Louvre.

Vous et le roi de Navarre.

Mais vous avant tout.
– Je partirai de mon côté.

Je suis la sœur du roi.
C'est plus facile, pour moi.

– Et je vous retrouverai ?

– Orîhon, le petit page d'Henri,
vous dira où.

– Tais-toi !

Il est déjà prisonnier, ici.

Pourquoi le mettre à la Bastille ?

– Je le veux dans un cachot.

– Dans un cachot, Henri ?

Il mourra.

– Ecoute-moi.

Armagnac est rentré d'Amsterdam.
– Non.

– Il a rejoint Condé à Meaux.

– Et alors ?
– Ça bouge, ça trafique.

Ils ont reçu de l'argent
d'Angleterre et de Hollande.

Signe.
– Non.

Non, non.

Ce matin, je l'emmène à la chasse.
Il va m'apprendre à tuer au couteau.

– Eh bien, on l'arrêtera ce soir.

Ce soir, ça ira.

Signe.

– Il m'attend. Je suis en retard.

– Maurevel !

– Il est revenu ?

Pourquoi lui ?

– Pourquoi pas ? Il est bien.

Après la chasse.

– La vue !

La vue !

Il sonne le cor.

Allez, Henri.

Qu'est-ce qu'il a ?

Il est heureux.
Il a peu de plaisirs.

– Viens avec nous.

– Je ne veux pas quitter Charles.

– Vite !

– Un épieu ! Un épieu !

– Prends mon pistolet.

– Il n'y a pas de plaisir.

Un épieu !

Allez, donne !

Mais donne.

Un autre.

Donne !

– Attention !

Charles hurle.

• • •

– Anjou !

Alençon !

Alençon, mais tire !

Tire !

– Ça va ?

– Ça va.

Merci, Henri.

– Ma balle lui a cassé le genou.

– On fait ce qu'on peut, hein ?

Je ne suis pas encore mort,
et tu n'es pas encore roi.

– Pas encore.

– Avoue que tu y as pensé.

On rentre à Paris.

\ – A Paris, maintenant ?

– Oui. J'en ai assez. Viens.

Allez, viens, Henriou.

– Rentré au Louvre ?

Tu crois ça, Armagnac ?
Rentré au Louvre ?

Il lui a sauvé la vie ?

Trahison !

– On doit prévenir la reine.

– Elle attendra.

– On va découvrir son absence.

– Je vais au Louvre.

Je veux lui parler, à lui.

– Vas-y, va te faire tuer.

– Non !

Henri…

Henri…

Viens.

Viens, on sort.

– On sort ?
Je prends un manteau, alors.

– Non. Pas de manteau. Viens.

Allez !

– Vas-y, elle t'attend.

– Viens.

– Non. Elle t'attend.

– J'ai cru que tu étais mort.

Encore une fois.

– Il faut rentrer.

Votre mari a sauvé la vie du roi.

Ils sont retournés à Paris,

avant l'heure prévue pour la fuite.

On va découvrir votre absence.

Il faut rentrer.

– Non.
– Rentrez.

– Viens.

Marie ?

Marie…

– Charles ?

– Je t'ai amené un autre roi,
plus heureux car sans couronne.

Approche, Henri.

Prends cette main, Marie.

Prends-la.

C'est celle d'un frère.

Sans cette main,
notre enfant n'aurait plus de père.

Henri ?
– Hein ?

– Ici, je peux manger
sans qu'on goûte avant moi.

Tu ne diras rien, hein ? Jamais ?

Elle les tuerait.

– Mme Catherine vous aime.
Elle serait peut-être juste jalouse.

– «Jalouse»?

Elle n'aime qu'Anjou, Henri.
Elle veut qu'il soit roi,

en France ou en Pologne,
pour régner avec lui.

Je me sens bien, ici.

– Margot, elle sait, pour…?

– Non. Personne ne sait.

– Peut-être qu'elle serait
jalouse, elle aussi.

– Margot t'aime comme un frère
mais ne m'aime pas comme un mari.

– Est-ce que tu rendrais
à Margot sa liberté ?

– Viens t'asseoir.

Viens.
– J'aime mieux vous écouter.

– Tu lui rendrais sa liberté ?

– Aujourd'hui, je ne peux rien te refuser.

– Alors laisse-moi l'emmener en Navarre.

– Margot, en Navarre ?

Elle mourrait d'ennui.
– Je lui apprendrai.

Je lui apprendrai.
– Lui apprendre quoi ?

\ – A aimer la vie.

A crier par pur plaisir de vivre,

à nager dans les torrents,

à cuire le pain sur la pierre,

boire le vin,

manger de l'ail.

Il faut savoir aimer la vie.

Il n'y a rien d'autre à faire,

en Navarre.
– Tu as couché avec Margot ?

– Oui.

– Ne me quitte pas, Henri.

Tu es mon seul ami.

Personne ne te fera de mal,

ni à Margot.

Pas tant que je vivrai.

– Si nous réussissons, vous irez
en Navarre avec votre mari.

Vous serez protégés.
– Je sais.

– Vous serez la maîtresse d'un royaume.

– Et toi, tu seras mon maître

et mon sujet à la fois.

– Je t'aime telle que tu es.

Nue, exilée, oubliée de tous ici.

Sans passé, sans avenir.

Sans toutes ces parures,

cimetière de l'amour.

– Je suis avec toi, du côté des opprimés.

Je ne retournerai pas
du côté des bourreaux.

– Je ne serai jamais ton sujet.

– Ne me quitte pas, La Môle.
Jamais.

– On dit que la mort t'a toujours
enlevé tes amants.

On dit que tu conserves leurs cœurs

dans des boîtes en or autour de ton lit.

– On dit ça ?

Et quoi encore ?

Que la nuit, le visage masqué,
je parcours la ville

à la recherche de l'amour ?

– Jure-moi que si je meurs,

tu conserveras la tête que le bourreau

aura séparé de mon corps

et que tu y appliqueras
quelquefois tes lèvres.

Jure.

Jure-moi.

– Je te le jure.

– La main de Dieu est sur cet homme.

– Vite.

– Viens m'embrasser, mon fils.

Tu as été brave, hier, à la chasse.

Ton bras m'a conservé un fils.

Merci.

Viens.

La voilà.

Les protestants te soupçonnent de trahison.

Ils ont rien compris.

C'est quoi, la trahison ?

L'habileté à marcher
dans le sens des événements.

Tu as fait de grands progrès.

– Je m'instruis grâce à vous.

– Où étais-tu, cette nuit ?

Tu le sais, toi ?

– J'ai donné ma parole au roi.

Anjou va nous quitter.
Mon cœur saigne, tu sais.

Mes enfants, je les aime tous les trois.

Je veux dire, tous les quatre.

– Pourquoi êtes-vous revenue ?
La nuit a été décevante ?

– M. de la Môle est prêt à donner
sa vie pour nous sortir de là.

– Nous ?

Il donnerait sa vie
pour une autre nuit avec vous.

Sa vie ne me sert plus à rien.

– Vous êtes jaloux ? De quel droit ?

Vous aviez juré,
le soir de nos noces…

– Vous n'étiez pas encore ma femme.

Je sens le fauve.

Hier, votre frère

m'a interdit de venir ici.
Il m'adore.

Je lui ai sauvé la vie.
Depuis, il m'adore.

– Vous êtes devenu fou ?

Savez-vous lequel de vos amis
a été tué à votre place ?

C'est votre sang
qui sera bientôt sur ce mur.

Il faut partir,

fuir le plus vite possible.

– J'ai la confiance de Charles.
– Vous l'avez

sauvé par calcul.

– Je l'ai sauvé, c'est tout.

Lui aussi m'a sauvé.

Partir serait une trahison.
– La trahison, c'est de rester.

Le mot dans votre bouche est choquant.

Il est trop vrai.

Aujourd'hui, ce sont vos amis
que vous trahissez.

Une lubie du roi, et vous abdiquez.

– Il était cette nuit si différent.
– Il est toujours différent.

Je le connais.

Je l'aime.

– C'est jour de bain.
Je vais me laver.

– Un soir, vous m'avez demandé
d'être votre alliée.

Je vous ai guidé, je vous ai protégé.

Maintenant, c'est mon tour.

Accordez-moi la Navarre
comme terre d'asile.

Emmenez-moi.
Emmène-moi en Navarre.

Emmène-moi avec lui.

– Tu veux régner sur la Navarre ?
Sur ton amant ? Sur moi ?

– J'ai couché avec vous
pour qu'on le sache, uniquement.

Vous n'avez aucun droit sur moi.

– Ils ne se quittent plus.
Ils sont encore à la chasse.

Ils y vont seuls, à présent.
– Ça pue.

C'est quoi ?
– Le roi vient de vendre…

Oui, vendre…
ton frère aux Polonais.

Tu sais ce qu'il ose me dire ?

«Et si nous envoyions le petit… »

Le petit, c'est toi.

«… à Navarre ?

«Comme ça, je garderais Henri
près de moi.»

Tu sais pourquoi il veut garder Henri ?

Pour garder Margot.

Il finira par me chasser, moi aussi.

Ne touche pas.

17 ans…

Sais-tu enfin garder un secret ?

Ta sœur va bientôt être veuve.

C'est un ouvrage sur l'art
d'élever les faucons.

Passionnant,
pour qui veut apprendre la volerie.

– Qui veut apprendre ça ?

– Porte-le chez Navarre.

C'est un livre rare, introuvable.

Fermé depuis si longtemps

que les pages sont collées
les unes aux autres.

Il faut mouiller son doigt
feuille après feuille

pour arriver à les tourner.

Bruits de pas

• • •

Bruits de pages qu'on tourne.

• • •

Rires.

– Mon épée !

– Il y a le petit morveux qui nous regarde.

– Tais-toi, Actéon.

Qu'est-ce que t'as ? T'es tout pâle.

– Vous lisez ?

– C'est une merveille.

Le plus bel ouvrage
jamais écrit sur la chasse.

Regarde ce nom : La Môle.
Tu le connais, non ?

Oh, tu m'écoutes ?

– C'est l'amant de Margot.

– Il a bon goût.

Les livres, les femmes…

Il faudra que je le rencontre.

Pourquoi elles sont toutes collées,
ces pages ?

– Chaque jour,
un messager partira en Pologne.

Chaque jour, tu sauras tout.

Nous, ta famille, le royaume.

Chaque jour,

jusqu'au jour où je te rappellerai
pour de bon.

– Il y aura un cheval sellé
nuit et jour dans mon écurie.

Je ferai semblant d'être leur roi.

Mais mon cœur sera ici,

avec vous.

– Au roi de Pologne.
Comme ça, nous serons tous rois.

Anjou en Pologne,

moi ici,

et toi en Navarre.

Tu veux la Navarre ?

Elle est à toi. N'est-ce pas ?

La nature, le vin, l'ail…

Et puis la chasse.

– l'émotion m'a trahi.

– «L'émotion»! On tue le cavalier
au lieu du cheval.

C'est terrible, l'émotion.

Il faut si peu de choses à Dieu
pour faire beaucoup.

– C'était comment, la guerre ?

– Et toi, c'était comment, la campagne ?

– Tes yeux se rapprochent,
depuis quelques jours.

Les cornes, peut-être,

qui appuient de l'intérieur
sur les orbites.

Ça t'agace.

Ça te ronge.

La Môle, messager,

conspirateur, d'accord.

Quelqu'un de pur, note bien.

Mais il baise ta femme.

Et la Nevers, elle regarde.

Elle aime ça.

– Tais-toi.

– Vous ne connaissez pas La Môle ?

C'est Margot qui l'a sauvé,
la nuit du massacre.

N'est-ce pas, Margot ?

– Pas devant…
– Les étrangers, je sais.

– Ils ont un pacte.

– Tu perds la tête.

– Le mari reste aveugle

et la femme muette.

– Arrête.

– C'est quoi, ça ?

Cette cicatrice sur l'épaule ?

Regardez.

On voit les dents.

C'est toi, Charles ?

– Plus depuis très longtemps.

– Montre-leur !

Montre-leur ma marque à moi.

Montre-leur.

Elle s'était fait une écorchure.
On y a mis de la terre.

Sur la cuisse,

en haut, là.

Montre-leur.

Montre-leur !

– Charles !
– Ce La Môle, raconte.

– Il m'a appris la jouissance.

– Les détails.

– J'ai toujours voulu
être aimée d'un prince.

Toi, tu n'es qu'un chien,

derrière tes bijoux.

– Heureusement que tu es stérile.

– Charles !

– Ça brûle !

Margot !

Ma gorge !

Mon ventre !

– Tu n'es pas encore parti en Pologne.

– Ça va, ça va.

C'est passé.

Ça va.

Je vais mieux.

Monsieur l'ambassadeur,

il est à vous.

Actéon ?

Il siffle.

• • •

Actéon ?

Il fait claquer sa langue.

Actéon.

Actéon…

Actéon…

– Le poison a dévoré les entrailles.

Poison minéral.

– Tu es sûr ?

– Comme si je l'avais préparé moi-même.

Mixture d'arsenic.

Poison lent.

– Qu'éprouverait un homme
qui aurait avalé le même poison ?

– Douleur à la tête,

brûlures à la gorge et au ventre.

Puis plus rien.
Comme si le corps gagnait.

Puis de nouveau le feu, jusqu'à la fin.

– On meurt vite ?

– Non. Mais on meurt sûrement.

– Tu connais ce livre ?

– Non.

– Tu as empoissonné la mère
d'Henri avec des gants.

Et Charlotte de Sauve
avec du rouge à lèvres.

Maintenant, tu vas me dire
d'où vient ce livre.

– La reine Catherine l'a pris chez moi.

Pour le faire lire

au roi de Navarre.

– Ça recommence. Ça brûle.

Ta racaille protestante,
Condé et tes amis…

ils t'attendent

au pavillon François 1er.

– Ils m'attendent ?

– Il y a aussi ce La Môle.

Pars.

Règne en Navarre.

A ma mort, ils te tueront.
– Et Margot ?

– Elleesta nous.

– C'est ma femme.

– Elleesta nous.

– Tu m'avais promis !

– Je ne t'ai rien promis.
Elle ne partira jamais.

Allez, va. C'est tout droit,

et puis à gauche. Ils t'attendent.

Allez-vous-en.

– C'est du sang.
Il transpire du sang.

– Partez.

– J'appelle le médecin.

– Allez-vous-en.

Allez-vous-en.

Partez.

Partez.

– Ma place est ici. Je suis ta mère.

– Celle qui donne le jour n'est plus
la mère de celui qui l'a reçu,

dès lors qu'elle a ôté ce qu'elle a donné.

J'ai trop lu

ce livre, madame.

Comprenez-vous ?

– Ce n'était pas pour toi, je te le jure.

C'était pour l'autre, le paysan.

Il veut votre mort.

La mort de tous mes enfants.

S'il vit, c'est la fin
de notre famille, de toi,

de tes frères, que j'aime tant.

– Il n'y en a qu'un seul que vous aimez.

– Ce n'est pas vrai.

– Brûlez-le.

– «La Môle.»

C'est avec lui que Margot voulait s'enfuir.

– Margot ne partira jamais.

Brûlez ce livre.

Brûlez-le.

– Et lui ? Lui, tu sais où il est ?

– Il est avec Henri.

– Sans Margot ?
Il est parti sans Margot ?

– Mais il ne reviendra pas,
et Margot l'oubliera.

– Ets'il revenait ?

Il mériterait un châtiment terrible.
– Pourquoi ?

Pour avoir baisé Margot ?
– Non.

Pour avoir empoisonné son roi.

– J'ai eu mes faiblesses,
mais la captivité, le deuil…

– Mais le pouvoir est digne de toi.
Henri, prince des Pyrénées,

notre Eglise te reçoit en son sein.

Dieu t'accueille à nouveau.
Il te tend la main

pour conquérir le royaume de France.

Cris de joie

– Je suis lavé des bassesses
et de la pourriture.

J'ai été leur complice
seulement pour sauver ma vie.

Pardonnez-moi !

Pardonnez mes lâchetés.

Je suis moi, à nouveau, enfin.

Ma vie et mon courage vous appartiennent.

Ensemble, nous allons faire
triompher l'amour de Dieu.

Je n'abandonnerai pas Margot.

– Tu l'as abandonnée.
– Je ne partirai pas sans elle.

– Plus rien ne te lie à ces gens.

– Pas une fois elle ne m'a trahi.

– Vous pourriez en dire autant ?

– Mais elle ne m'a jamais aimé.

– Tu ne veux pas l'abandonner ?

Tu ne peux pas y aller.
Envoie quelqu'un.

– Va la chercher, toi.

Orthon t'aidera.

Mais ils feront tout pour la garder.

Dis à Margot que la Navarre sera pour elle,

jusqu'à son dernier souffle,
une terre d'asile.

Pour elle et pour tous ceux qu'elle aimera.

– Orthon, qu'est-ce qu'il fait ?

– Il est avec Margot. Ils arrivent.

La petite Henriette aussi.
Henriette, elle sera là.

– Attention !

– Pauvre innocent.

Victime de ton dévouement.

Revenu ici te faire tuer.

– Bats-toi, Coconnas !

Pour chaque victime, Dieu t'en pardonnera

une autre !

Dieu te regarde.

– Arrêtez !

– Tu l'as déjà

sauvé une fois.

– Margot !

– Ils les emmènent à la Bastille.

– Lève-toi, Margot.

Relève-toi.

Va voir le roi.

Lève-toi, Margot.

Parle-lui.

Je ne veux pas le perdre.

– Margot'Margot…

Tu as mis la robe que je préfère.

– Charles, je l'aime.

– Où étais-tu ?

– Je l'aime.

– Ça fait des jours et des jours.

Tu n'as plus quitté ta chambre.
Tu ne voulais plus me voir ?

J'ai changé.

Tu m'aimes toujours ?

C'est du sang.

Quelle importance ?

Garde le sourire sur tes lèvres.

Souviens-toi.

C'est en étouffant ses souffrances
qu'on honore le mieux les morts.

– Ils ne sont pas morts.

– Moi, je suis mort !

J'aurais été triste de mourir sans toi.

– Tu ne vas pas mourir.
Je vais rester près de toi.

Il n'a fait que m'aider,
il n'a fait que m'aimer.

Est-ce un crime ?

Libère-le, je t'en prie.
– Ce n'est pas un crime.

– Laisse-le-moi, Charles.
Fais-le sortir de prison.

– Dans ma chambre.

Non. Margot seulement.

Il ne peut pas sortir…

La raison d'Etat.

Il ne faut pas qu'on sache l'autre crime.

– Quel «autre crime»?

Lequel ?
– Il ne faut pas qu'on sache.

Je suis empoisonné.

Il ne faut pas qu'Anjou revienne.

Ils vous tueront.

Ma mère et lui, ils vous tueront.

Va chercher Navarre.
C'est lui qui doit régner.

– Que fais-tu ?

Que fais-tu ?

– Je flaire l'odeur de ma mort.

Que vais-je dire à Dieu,
quand Il me questionnera ?

Je lui répondrai :

«Moi, la nuit de la Saint-Barthélémy,

«j'ai fait un bon somme.»

Je ne les haïssais même pas.
Tu le sais, toi, nourrice.

– Tu ne les haïssais pas, je le sais.

Tu as sucé la foi protestante
avec mon lait.

Mon enfant, mon petit innocent.

– Ils m'attendent.

Ils m'attendent. Je les vois.

Ils transpirent du sang, tous, comme moi.

– Toi aussi, tu as aimé en secret.

Accorde-moi la grâce
de M. de la Môle.

– C'est lui qui m'a empoisonné.
– Non, ce n'est pas lui.

– Il faut dire que c'est lui.

– Pourquoi ?

Qui t'a empoisonné ? Qui ?

– Maman.

– Mon Dieu, protégez-le.

Mon Dieu, protégez-le.

– Laissez-le ! Je le porte.

– Elle est là ?

Tu la vois ?
– Elle est là.

– Soulève-moi, que je la voie.

– Regarde la tourelle, la fenêtre.

Une robe bleue.

Elle pleure.

– Elle est où ?

– Il y a Henriette, aussi.

Non ! Non !

– Embrasse-moi.
– Non !

– Embrasse-moi !

Margot !

– Je vois une lumière.

Je vois notre Seigneur Jésus-Christ

et la Vierge Marie.

Ils supplient Dieu notre Père
de me pardonner.

– Il me réveille tout le temps.

– Charles…

Pardonne, toi aussi.

Signe.

Signe la grâce de M. de la Môle.

– Quelle heure est-il ?

– Il est 5 h.

– Alors il est trop tard.

– «Trop tard»?

Trop tard…

– Marie… Marie…

Je t'ai tant aimée.

Margot…

Margot.

Margot.

Mon Dieu.

Mon Dieu, je viens à Toi
sans sceptre et sans couronne.

Oublie les crimes du roi.

Rappelle-Toi seulement
les souffrances de Ton enfant.

Coups de canon

• • •

– Mon vainqueur, tu es là.

On va faire de grandes choses ensemble.

– Je veux juste être agréable à Dieu.

Nous éteindrons la guerre,
nous éteindrons la haine.

Nous serons doux et forts.

– Le roi Charles IX est mort !
Le roi Charles IX est mort !

Le roi Charles IX est mort !

Vive le roi Henri III !

• • •

– C'est une préparation utilisée
pour l'embaumement des rois.

Conserve sa beauté.

Enlève tous mes bijoux.

Fais-les enterrer ensemble.

Tu peux venir avec moi.

– Je reste.

– On part.

– Navarre t'attend.

Le sang coule sur ta robe.

– Quelle importance ?

Pourvu que j'aie le sourire sur les lèvres.