All language subtitles for 1977.La dentelli+ρre (fr)

Beatrice!

Une coupe, une mise en pli, une manucure.

200 F.

Vous êtes précise
à une minute près.

Voici.
C'est pour vous, ma petite.

200, 300, 400, et 500.

- Au revoir, Marylène.
- Au revoir, madame.

Tiens.

C'est de Mme de Trévie.
- Merci.

Tu as vu mon dessus de lit ?

C'est moi qui l'ai fait,
entièrement au crochet.

J'ai oublié mon nouveau
bonnet dans mon sac.

Tu veux me l'apporter ?

Ça t'a pris longtemps à faire,
le dessus de lit ?

Tiens.

Merci.

C'est assez moche.

- C'est toi ?
- Oui.

Et là aussi ?

Oui, j'avais 15 ans.
J'étais en troisième.

- Tu veux prendre un bain après moi ?
- Non merci.

- Il est gros, ton ours.
- Oui.

Je préfère le petit.

Je l'ai depuis toute gosse.

On s'est jamais quittés.

C'est un ami, un vrai.

Moi aussi j'en avais un. Je l'ai perdu
quand on est venus à Paris avec ma mère.

Quand ton père vous a quittées ?

Il était parti depuis longtemps déjà.

Tu veux qu'on mette un disque ?

Oui.

Tu veux répondre pour moi ?

- Allô ?
- Marylène.

Allô, Marylène ?

- Allô ?
- J'ai presque fini, j'arrive.

- Tu viens maintenant ?
- Oui.

Je suis pas prête du tout.

- Où tu m'emmènes ?
- Surprise.

- Tu veux que je devine ?
- Oui.

J'ai pas le temps.
Faut que je m'habille.

- T'es toute nue ?
- Ouais, je suis toute nue.

Bon.

Alors, pas avant un quart d'heure.
Tu me promets ?

- D'accord.
- À tout de suite.

Faudrait qu'on soit
toujours prêtes avec eux.

C'est bête. J'ai envie
de te garder un peu plus.

- Tu m'en veux pas ?
- Non, pas du tout.

Tu ne veux pas le finir ?

Merci.

Attention à ton chemisier.

Bonne nuit.

Bonne nuit.

Tu es mieux comme ça, non ?

Ça fige la peau, on dirait.

Ne touche pas,
tu vas tout bousiller.

Te voilà entrée
dans ta dix-neuvième année.

Tiens.

- C'est pour moi ?
- Prends-le. Ça va pas te mordre.

Merci.
T'aurais pas dû.

T'es vraiment très gentille.

C'est très beau.

C'est de la laine.

Maman.

Maman !

Tu viens ?

Bien.

Bien.

Bien.

Monsieur m'appelle au salon
pour m'annoncer qu'il me rend ma liberté.

Tu te rends compte ?

Je pouvais même pas répondre.

Il l'a fait exprès,
le salaud !

Larguée comme ça au téléphone.

Après 3 ans.

J'ai pris 4 yaourt et 6 œufs.

Je vais dîner avec Marylène
parce qu'elle a des ennuis, tu sais.

- Combien je te dois ?
- Rien, je te les offre.

- Ah non madame.
- Si.

Allô ?

Oui.

Allô ?

Dis,

elle a plutôt l'air sympathique,
ta femme, au téléphone.

C'est pas le moment.

Elle a plutôt l'air jeune.
Pourquoi tu la trompes ?

Tu peux pas parler ?

Non, évidemment.

Tu peux pas répondre ?

Tu pensais t'en tirer
comme ça peut-être, hein !?

Par un coup de fil
et puis adieu, fini !

J'ai perdu 3 ans.

3 ans à attendre
comme une imbécile.

Le mardi et le vendredi.

Pour qu'un monsieur Bertin
m'accorde un peu de son précieux temps.

Dis donc,

t'y as pensé
aux autres jours de la semaine ?

le lundi, le mercredi,
le jeudi,

et les week-ends ?

La famille, oui.

Les affaires.

Et puis moi.

À côté, à portée de la main,
dans un tiroir.

Salaud !

Espèce de salaud !

T'as bousillé ma vie.

Maintenant, je suis de trop.

Tu veux que je disparaisse.

C'est ça que tu veux ?
Dis-le !

C'est ça que tu veux ?

Espèce de salaud !

Tu veux que je crève !

Allô ?

Pauvre con !

- Non, Marylène !

Merde !

- Tu devrais raccrocher, quand même.
- Laisse-le mijoter.

Il va peut-être venir.

- Je vais chercher ton ours ?
- Non.

Jean Pierre, c'est trop chaud.

Il faut souffrir pour être belle,
ma vieille.

- Il fera encore plus chaud à Antibes demain.
- Oui, mais j'aurai la mer.

Avec ta gueule,
faudra t'en contenter.

Elle casse les pieds !

- Vite, ça fond.
- Merci jeune fille.

Merci, Béatrice.

Merci.

53 kg. J'ai pas bougé depuis 2 ans.

- Fais voir, toi.
- J'ai pas besoin, je sais.

- Tu fais combien ?
- 45.

- Tu fais plus, j'en suis certaine.
- Non, je t'assure.

- Tu fais pas loin de 50.
- T'exagères.

Viens donc.

- Qu'est-ce que je te disais ?
- Laisse-moi voir, descends.

- 48.
- Tu vois bien !?

- 48, c'est pas 50.
- C'est plus près de 50 que 45.

Il faut y aller.

- Il n'y a pas beaucoup de monde.
- C'est normal, après un 15 août.

Il fait meilleur à Paris.

Ça sent fort.

C'est l'iode.

- Comment ?
- C'est l'iode, c'est très sain.

Respire à fond.

- Elle va jusqu'où la plage ?
- Tu vas quand même pas aller voir !?

Je pourrai jamais mettre ça ici.

Ça va s'arranger.

Par un temps pareil,
c'est bien la seule chose à faire.

Laisse-les faire.

Tu viens, Pomme ?
On va prendre quelque chose de chaud ?

Ils sont où les gens ici ?

Par ce temps,
ils restent dans les villas.

- Et ceux qui n'ont pas de villas ?

Vous avez le cinéma du casino, le bowling
et puis le club de bridge. Il faut être parrainé.

Et le soir ?

À part le casino,
il y a juste une boîte qui a de bons disques.

Mais pour s'amuser vraiment,
il faut aller jusqu'à Deauville.

C'est plutôt guindé ici, vous savez.

Laisse-toi aller.

- Et avec les jambes ?
- Tu les remues comme je t'ai dit.

Ta tête.

Pardon. Vous pouvez
renvoyer la balle, s'il vous plaît ?

Reste.

Vous pouvez pas faire attention, non ?

Reste.

Vous dansez ?

- Je ne sais pas.
- Il n'y a pas besoin de savoir.

Non merci.

Si elle t'a laissé quelque force,
tu peux m'inviter à danser.

J'ai trop chaud.
Je vais aller me baigner.

Rhabille-toi, Marylène.
Si quelqu'un nous voyait.

- Je vais aller me baigner.
- Marylène, arrête.

Je fais de mal à personne.

- C'est toi ?
- Oui.

Tiens, je t'ai apporté des croissants.

Tu sais ?

Il m'a demandé
de m'installer chez lui.

Ah bon ?

Tiens.

Tu seras mieux.
T'auras plus de place.

Un coca, s'il vous plaît.

Beau temps pour manger des glaces.

Oui.

Vous êtes en vacances ?

Oui.

Vous n'allez pas à la plage ?

- Non.
- Vous n'aimez pas ?

À cette heure-ci,
c'est la fourmillère.

La plage, il faut y aller tôt le matin.
C'est complètement vide.

C'est la première fois
que vous venez à Cabourg ?

Oui.

Je passe mes vacances dans ce trou
depuis ma plus tendre enfance, hélas.

- C'est joli, pourtant.
- Joli ?

Oui, c'est vrai.

Cabourg, perle de la côte normande.

Sa digue de 1800 mètres,
son casino et ses jardins

aux parterres admirables
couverts de fleurs.

Son avenue de la mer, son grand hôtel
avec sa chambre de Marcel Proust,

sa spécialité de caramel mou,

son garden tennis club,
son golf à 18 trous.

Pour les moins fortunés,
son golf miniature,

son cercle hippique,
son marchand de cycles,

sa Poste, sa promenade des anglais,
son boulevard des belges,

et puis surtout,
son ennui monumental.

Pourquoi vous revenez, alors ?

Pour ses glaces au chocolat.

- Vous en voulez une autre ?
- Non merci.

Je m'appelle François Béligné.

Je fais de brillantes études
de lettres à Paris.

Et vous ?
Vous vous appelez comment ?

- On va prendre une glace au chocolat ?
- Non merci, j'en ai déjà mangé deux.

Ça me fait plaisir de vous revoir.
C'est vrai.

Si, c'est vrai.

Monsieur, vous n'avez
pas réglé votre consommation.

Je n'avais pas fini.

- Combien je vous dois ?
- 6 F.

Merci beaucoup.
Excusez-moi.

- Vous alliez vous baigner ?
- Non, pas du tout.

Vous allez rejoindre des amis ?

Ici, il n'y a déjà plus personne.
Ils préfèrent s'entasser dans le casino.

Vous aimez pas quand il y a du monde ?

Vous non plus, non ?

Non, j'aime pas beaucoup.

On est arrivés au bout.

Là-bas, c'est Houlgate.

Vous aimez lire ?

- J'ai pas beaucoup le temps.
- Ah bon, qu'est-ce que vous faites ?

Je travaille dans un salon
de coiffure à Paris.

C'est intéressant ?

J'apprends pour le moment.

Vous devez voir beaucoup de monde.

C'est surtout des vieilles dames.

- Ça papote dur sous les bigoudis ?
- Oui.

Je reconnais
cette somptueuse bâtisse.

On dirait un grand lavabo à l'envers.

Pourquoi on appelle ça un casino ?

Pourquoi on appelle ça un casino ?

Ça vient du latin casinus,
petite maison.

Casinus, casinum, casini, casino.

Une casino fortuna.

La chance est dans cette petite maison.
Vous voulez qu'on aille la tenter ?

Si on gagne,
on mangera du homard.

Ce sera pas le homard.

Je suis désolé.

Vous m'en voulez pas trop ?

Pourquoi ?
Vous auriez pu gagner.

Vous êtes gentille.

- Je peux vous aider, au moins ?
- Non, j'ai fini tout de suite.

Sur la gauche,
on peut voir le toit du casino.

- Ne remuez pas le couteau dans la plaie.
- Je ne pensais pas du tout à ça.

- Vous voulez une pêche ?
- Non merci. Je ne supporte pas la peau.

- Ça me fait frissoner.
- Je vais vous en éplucher une.

Merci.

Rien de l'éplucher,
ça me donne la chair de poule.

On entend tout.

- Vous aimez la danse ?
- Je sais pas, j'ai jamais dansé.

Moi non plus,
je préfère la musique classique.

Laissez, ça fait rien.

Vous aimez bien
les contes de Maupassant ?

Oui.

"Juste au-dessus de leurs têtes,
perchés dans un des ormes qui les abritaient,

l'oiseau s'égosillait toujours.

Il ne parlait pas de peur
de le faire fuir."

Si on allait prendre
un café sur la digue ?

Il y en a 10 000 rien qu'ici.

Il n'y a pas eu que
des baigneurs sur la plage.

Il y a des fleurs.

Qu'est-ce que tu fais ?

Pomme ?

Alors, qu'est-ce que tu fais là ?

Ben, on visitait.

C'est impressionnant,
tous ces Américains !

- Et s'ils étaient jeunes, t'as vu ?
- Oui, oui.

Tu me présentes ton ami ?

François.

- François Beligné.
- Mlle Thorent.

Marylene, l'amie dont je t'ai parlé.

- Enchantée.
- Très heureux.

Alors, on peut pas te laisser
comme ça pendant une semaine ?

Il faut prendre bien soin d'elle.
Elle est encore fragile.

Je vais vous présenter à John.
Il a un parent enterré ici.

John, tu veux bien venir ?

John, je crois que
tu connais Pomme, déjà !?

- Et voici François...
- Beligne.

Dans le fond, vous étiez venues
à Cabourg pour draguer.

On était venu voir la mer.

Tu l'avais jamais vue ?

Ben non.

Tu connais rien, alors.

Et ta vie, c'est quoi ?

Le travail

et puis la maison.

Et les garçons ?

Non.

- T'en as jamais eu ?
- Non, jamais.

Tu es vierge, alors ?

Oui.

Et avec Marylène,
t'as jamais rencontré de garçons ?

Elle n'en connaît pas beaucoup.

Et tes parents,
qu'est-ce qu'ils font ?

Je vis avec ma mère.
Elle travaille dans un magasin.

Et les gars dans la rue, dans le métro,
ils ne te baratinent pas ?

- Si, ils essayent.
- Alors ?

Ben rien.

Ils ne m'intéressent pas.
Je les connais pas.

Et moi ?

Toi, c'est différent.

Je sais pas.

T'es poli.

On dirait un tableau de Renoir.

C'est presque la même lumière mais
les canotiers se sont transformés en motocyclistes.

Et ils jouent sagement aux échecs.

- Tu as un admirateur.
- Qui ?

Le type là-bas.

Au moins, il cache pas son jeu.

François, Pierre, venez faire une photo.

Il est quand même gonflé, ce type.

- Il nous regarde encore ?
- Il a pas cessé.

Je vais lui demander ce qu'il veut.
On va bien voir.

Laisse-le.
Il fait rien de mal.

Mademoiselle vous intéresse ?

Oui, bien sûr.

Je m'intéresse à vous aussi.

Je suis désolé. Je ne savais pas
que c'était pour ça.

Ce n'est pas grave.

Excusez-moi.

- Laquelle tu veux ?
- Comme tu voudras.

- Devine.
- Je sais pas.

Tu sais vraiment pas ?

Prends celui-là.

C'est celui que tu voulais, non ?

Dans le fond, t'as raison.
Celui-là est moche. Je le déchire.

Donne-le-moi si tu l'aimes pas.

- C'est pas mieux comme ça ?
- Si.

- Bon, à demain
- Au revoir.

Assez.

Un petit quart de tour à droite.

À droite, pas trop.
Un peu moins.

4 pas en avant.

Voilà.

Un quart de tour à gauche.

Et 5 pas en avant.

- Tu en es sûr ?
- Tu n'as pas confiance ?

Pas trop grands, les pas.

Voilà.

Et maintenant,
un quart de tour à gauche.

Et 3 pas en avant.

Voilà, stop.

Maintenant,

un demi-tour à droite.

Encore un petit peu.

Voilà.

Et encore 3 pas en avant.

Tu as peur ?

Allez.

Top.

Et maintenant,
tu peux encore faire un petit pas en avant.

Tu n'ouvres pas les yeux.
Tu ne triches pas.

Allez, un petit pas.
Stop !

Bon, tu peux ouvrir
les yeux maintenant.

C'est impressionnant, hein !?
Tu as peur ?

Un peu, oui.

- Je t'aurais pas laissée dégringoler comme ça.
- Je sais bien.

- Tu as confiance en moi ?
- Oui, bien sûr.

Voilà, c'est là.

On va pas déranger tes parents ?

Ils sont jamais là le mercredi.
Y a que Thérèse.

Ils sont beaux, les arbres.

T'as encore le coup de main,
François.

Tu devrais revenir plus souvent.

C'est pas moi qui fixe
les vacances, tu sais.

- Vous êtes aussi à l'université, Mlle ?
- Non.

Viens m'aider à plier celui-là.
On va voir ce que tu sais faire.

Je l'ai souvent fait à la maison.

Fais attention, François.
Tu vas le salir.

Tu t'accroches ?

Je vous laisse finir.

Quelle grâce dans le travail.

- Ne te moque pas.
- Je ne me moque pas.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien.

J'ai envie de passer
une nuit avec toi.

Tu sais, je ne te force pas.

Si tu ne veux pas...

Je veux pas que
ça soit pour me faire plaisir.

Tu as froid ?
Tu veux ton châle ?

Oui, je veux bien.

- Excusez-moi, je suis maladroit.
- C'est rien, ça se lave.

C'est difficile, ces études.

Et puis, c'est long.

C'est après que
le problème se pose, vous savez ?

Il faut quand même
arriver jusque là.

Vous allez être professeur,
Béatrice m'a dit ?

Je ne sais pas encore.
Peut-être journaliste aussi.

C'est bien.

Maman, je prends le petit fer.

Tu me laisses les fauteuils,
au moins ?

Béatrice ne va pas
trop vous manquer ?

L'important, c'est qu'elle soit contente.

J'arrive.

Tu t'enfermes ?

Oh là là, tu aurais dû
m'attendre avant de commencer.

Ça paraît plus grand, non ?

Tu aurais dû m'attendre.
Je voulais t'aider.

T'avais tes cours.
Et puis c'était mon seul jour.

- Et mes livres ?
- Ils sont là-dessous.

Avec les feuilles.

Ceux qu'étaient ouverts,
j'ai marqué la page.

Tu penses à tout.

- Attention, je suis pleine de peinture.
- Où as-tu le lit ?

- Tu passes chez moi un soir, avec François bien sûr ?
- Oui d'accord. Je lui demanderai.

- Au revoir.
- Salut.

- Elle a que 18 ans.
- Ça veut rien dire.

Elle a jamais pu faire d'études.

- Et ça te pose un problème ?
- Non, il n'y a pas de raison.

Elle sent bien les choses.

Elle parle pas beaucoup,
mais elle a une espèce d'intelligence à elle.

- Tu veux une bière ?
- Ouais, je veux bien.

C'est elle ?

Oui.

Elle est jolie.

Beau couple.

Alors, c'est l'amour ?

- Tu veux quelle partie du cours ?
- Le dernier trimestre, si ça ne te manque pas.

Excusez-moi.

Bonjour.

- C'est Gérard.
- Bonjour.

Du sucre, des yaourts,
de la confiture.

Du vin, du sauciflard.

- C'est un vrai gueuleton.
- Y a pas de beurre ?

- Non.
- Zut, je l'ai oublié sur le comptoir.

- J'y vais.
- Attends, je vais y aller.

Non, j'y vais.

Elle est marrante.

Je crois que
tu lui as fait un peu peur.

Je crois que Marianne l'aimerait bien.

- Tu crois ?
- Oui, j'en suis sûr.

Tu es déjà levée ?

C'est l'heure.

Je t'ai pas entendue.

- Bonjour.
- Bonjour.

J'ai pas beaucoup de temps,
tu sais ?

Tu travailles trop.

Et pour des clous.

Tu aimerais pas faire
quelque chose de plus intéressant ?

Quoi ?

Je sais pas.

Tu pourrais prendre des cours.
Je t'aiderais.

Des cours de quoi ?

Je sais pas, moi.

J'aurais bien aimé
être institutrice pour les petits.

Tu pourrais prendre des cours
pour devenir puéricultrice.

Faut d'abord que
tu termines tes études.

Faut aussi que tu penses à toi,
tu sais.

Tu as ta personnalité
à developper.

J'aime bien ma vie avec toi.

J'apprends des tas de choses.

Moi aussi, j'apprends
des tas de choses avec toi, tu sais.

Ça, c'est ta voiture.

Ça, c'est ta maison.

Ton bureau.

Ton lit.

Le métro.

L'avion.

L'ascenseur.

Le cercueil.

Et toujours dans la boîte.

Regarde, on n'a pas l'air gai.

T'as tout là-dedans.
Le boulot, la bouffe, la baise.

Et alors ?
Tu veux prouver quoi ?

Enfin, t'as pas compris ?
C'est pourtant évident.

Il y a eu l'âge d'or,
l'âge de fer.

Maintenant,
l'âge de la boîte est venu.

L'âge de la boîte
et de la standardisation.

Si t'es pas conforme,
si t'as pas la dimension,

tu entres pas dans la boîte
et t'as qu'à crever.

- Mais ça a toujours été comme ça.
- Sauf la boîte, justement.

Parce que la boîte,
c'est 6 cloisons et 24 angles droits.

C'est simple, efficace, imparable.

C'est la solution
à tous les problèmes.

Si je comprends bien,
tu passes d'une boîte à l'autre.

Et puis après ?

Et puis après ?

Après ?

Qu'est-ce qui reste
comme place pour la promenade ?

Plus d'horizon.
Parce que l'horizon n'est pas droit, c'est fantaisiste.

La ville est fait pour le rendement,
pas pour vivre.

Le pire, c'est que
tu t'en rends même pas compte.

Parce que
ça te gagne tout doucement.

Un beau matin, tu trouves
un nouveau feu rouge en bas de chez toi.

Une interdiction de stationner,
un sens unique.

Tout ça, tu te dis,
c'est pour faciliter la circulation.

Alors tu t'arrêtes au feu
ou tu vas dans le bon sens.

T'es un bon citoyen.

Et chaque jour,
ça se resserre un peu.

Et la boîte se ferme sur toi.

Je suis d'accord avec ce que tu dis,

mais à condition de situer ton analyse
dans sa dimension politique.

Parce que c'est un problème politique,
c'est évident.

La verticalisation de l'espace urbain
est la nouvelle ruse du capital

pour mieux segmenter
les différentes fonctions du groupe social.

Et puis surtout, tu comprends,
ça permet d'opposer dans chaque individu

la force de travail

et les instances de l'affectivité.

En bon français, tu veux dire
qu'on baise pas là où on travaille ?

C'est facile de plaisanter, mon vieux.

Seulement tu verras un jour.

Il te faudra une autorisation
quand tu voudras rigoler.

Parce qu'il y aura des heures
et des endroits pour ça.

Je suis d'accord
avec ce que tu dis, Corinne.

Mais je trouve que ton analyse marxiste
est un peu trop abstraite.

Quand tu parles des instances de l'affectivité,
tu restes complètement dans le vague.

Faut quand même appeler
les choses par leurs noms.

C'est du désir, des pulsions sexuelles
dont tu veux parler.

Dialectique, ça veut dire quoi ?

Ça dépend,
y a plusieurs sens.

Quand vous en parliez tout à l'heure.

Ben...

c'est assez compliqué.

En simplifiant, c'est...

dans une discussion,
quand deux positions s'affrontent.

C'est ça,
ce que vous voulez dire ?

Non.

Corinne et Paul

parlaient du matérialisme dialectique.

C'est tout à fait autre chose.

Tu t'es ennuyé ?

Ils sont intelligents, tes amis.

C'est pas une question d'intelligence.

Gerard et Marianne
ont l'air très heureux ensemble.

Pomme, on ne s'embrasse pas
sur le trottoir.

Bonjour, ça va ?

Ça va, et vous ?

Depuis que Pomme vous connaît,
j'existe plus, moi.

- Oh, t'exagères.
- C'est pas vrai ?

Je t'ai proposé plusieurs fois de
passer à la maison, avec François bien sûr.

- Elle est belle, ta robe.
- Elle est superbe, hein ?

J'ai acheté ça
pour le mariage de ma cousine.

- Elle est pas un peu légère pour maintenant ?
- Elle est belle, c'est le principal.

Elle me va bien, non ?

- Vous ne trouvez pas ?
- Si, si.

Je vais la passer, vous allez voir.

- Vous saves, on la voit très bien comme ça.
- Non, comme ça elle est rien.

C'est dans le mouvement
qu'il faut la voir.

Je vous assure.

Je vais la passer quand même.
J'en ai pour une seconde.

J'ai eu un mal fou
à trouver ce que je voulais.

J'ai fait 15 magasins.

Je voulais quelque chose d'original,
mais qui ne soit pas voyant.

Ma famille, c'est des gens simples.

C'est une attention qui vous honore,
madame.

Ça a de la classe, non ?

C'est superbe.

J'espère que
vous aurez beau temps.

Tu sais, pour passer 5h à table,

il n'y a pas besoin de soleil.

Et puis les mariages,
avec toute cette famille,

les mômes qui braillent,

et les vieux qui sentent le vin
et qui vous racontent des cochonneries.

Tout ça, c'est pas marrant.

Alors il faut pas y aller.
Dites-leur que vous êtes souffrante.

Non, je peux pas faire ça à ma cousine.
C'est une très gentille fille.

Elle sait pas ce qui l'attend, la pauvre !

Se marier à 19 ans avec un droguiste.

Et qui a 15 ans de plus qu'elle.

Ça ne lui fait jamais que 34 ans.

De toute façon,
il n'y a plus besoin de se marier aujourd'hui.

Pour ce que ça dure,
ces trucs-là !

On commence par boire
dans le même verre et puis...

on finit par se mettre du coton dans les oreilles
pour plus s'entendre ronfler.

La passion, l'amour,
la belle vacherie, oui !

Et tout ça juste pour baiser !

Vous ne croyez pas ?

Tu peux la manger normalement,
ta pomme.

Excuse-moi.

T'as pas à t'excuser.
Quand je travaille, j'entends tout.

Mais non, mange-la, écoute.

Tu veux que
je te fasse du thé ?

Oui, c'est une bonne idée.

Je crois vraiment que
tu devrais trouver un autre travail.

Tu vas quand même pas passer ta vie
à laver la tête aux vieilles rombières ?

Plus tard, je pourrai faire des coiffures.

C'est pas ton monde.

C'est aussi bien
que dans un bureau.

Ça te plaît d'écouter les conneries de ces
vieilles radoteuses pour 1 000 balles par mois ?

Ça te plaît de ramasser les touffes de cheveux
et de tendre la main pour 3 F. de pourboire ?

Je dis pas ça
pour te faire de la peine.

Tu penses pas que j'ai raison ?

Si.

Je te demande pardon.

T'as raison, je sais bien.

Viens.

Maman, je te présente Béatrice.

- Enchantée, mademoiselle.
- Enchantée.

Béatrice voulait apporter un dessert
mais j'ai dit que tu faisais d'excellents gâteaux.

C'est encore bouché là-haut.

Ils sont pourtant venus nettoyer il y a un mois.
Ton père est allé à l'étang, il ne va pas tarder.

Tu sais le petit Guesdan ?
Celui qu'a été à l'école avec toi.

Il vient de finir son droit.
Il a demandé à ton père de le prendre à l'étude.

Voilà un Parisien qui nous revient.

Il restera peut-être pas très longtemps
avec ton caractère.

Ça m'étonnerait qu'il ne reste pas.
Il va épouser la fille du Dr Léger.

- Sylvie ?
- Oui.

Celle qui était à
l'université de Caen.

C'est devenu une très jolie jeune fille.

Ils sont venus ensemble
l'autre jour voir ton père.

Et vous, mademoiselle,
qu'allez-vous faire plus tard ?

- Je travaille dans un salon.
- Que vas-tu faire de ton ancien clerc ?

Ils seront pas trop de deux.

Je voudrais
m'arrêter un peu maintenant.

T'as avalé une arête ?

Buvez un grand verre d'eau.

Essayez la mie de pain.

Raclez un bon coup.

Raclez bien.

C'est parti.

Elle est sauvée.

Quel est cet écrivain américain
qui est mort comme ça avec une arête ?

Joker est le père de tout le monde.

- Vous n'avez pas peur ?
- Ils ont l'air gentil.

Beatrice a fait la conquête de papa,
on dirait.

Thérèse, j'ai oublié le lait.

Et toi,
tu la trouves gentille ?

Elle a l'air très honnête.

Non, attends.

C'est Marianne.
Elle va pas s'évanouir.

Bonjour, François.

- J'arrive trop tôt ?
- Non, je repassais mon jean.

Pourquoi vous ne les mettez pas au pressing ?
Tu lui fais perdre son temps, François.

C'est un problème de fric.

On préfère aller au cinéma.

- Bonjour.
- Bonjour.

T'as bien de la chance.

Oui, c'est ici.

Écoute.

C'est pourquoi le phonème coïncide non pas
avec une image phonique concrète,

mais seulement avec les particularités
phonologiquement pertinentes de telles images.

Tu peux le relire ?

C'est pourquoi le phonème coïncide non pas
avec une image phonique concrète...

J'arrive pas à savoir
ce que tu penses.

Tu sais même pas si tu es
heureuse ou malheureuse.

Tu es là, tu es ailleurs.

Tu ne demandes jamais rien.
Finalement, qu'attends-tu de moi ?

On ne peut pas être heureux ensemble.
On est trop différents.

Tu t'ennuies, ça se voit bien.

Tout ça est de ma faut.
J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt.

Tu as le droit de m'en vouloir.
J'aurais pas dû t'entraîner là-dedans.

Mais je croyais vraiment que
t'avais envie de changer.

De toute façon...

Tu peux même me dire
que je me suis moqué de toi.

Ce n'est pas vrai mais je comprends
très bien que tu puisses le penser.

J'ai été sincère avec toi.

Je ne me suis pas moqué de toi.

Tu dois m'en vouloir.
Je comprends que tu m'en veuilles.

Mais c'est la seule solution,
tu crois pas ?

Si.

Ne fais rien pour moi ce soir.
J'ai pas faim.

- Tu les prends ?
- Je veux bien.

Au revoir, madame.

Alors, tu t'es faite belle !?

Comment a-t-elle réagi ?

Ça s'est passé beaucoup mieux
que je pensais. Elle a rien dit.

Que pouvait-elle dire ?
Tu aurais voulu qu'elle se roule par terre ?

Je sais pas,
qu'elle se défende un peu.

Ça t'aurait fait changer d'avis ?

- Non.
- Alors.

Je trouve ça dommage.

Vous faisiez un couple,
quand même.

Vous n'étiez pas
comme tout le monde.

Elle était trop renfermée, tu sais.

Elle ne voulait pas voir
ce que je pouvais lui apporter.

Et toi, tu cherchais à voir
ce qu'elle pouvait t'apporter ?

Si, bien sûr.

Tu devrais quand même
faire un effort.

Excusez-moi, c'est libre.

Ça ne va pas ?
Je peux vous aider ?

Allez Pomme,
viens manger avec nous.

Non merci, j'ai pas faim.

Faut réagir. Tu vas pas te laisser
mourir pour un type comme ça ?

J'ai pas faim
et je suis assez grosse.

- Non, tu n'es pas trop grosse.
- Si, c'est toi-même qui me l'a dit.

Je disais ça comme ça.
C'était pour rire.

Alors la révolution, ça avance ?

Les 200 licenciés de St-Quentin,
ça t'intéresse toujours pas ?

J'avais rien de mieux à faire.

Madame.

Si tu crois
qu'ils ont besoin de vous.

Toi en dehors des cours et de tes bouquins,
rien ne te concerne.

Tu oublies l'amour.

Parlons-en de l'amour.

Tu t'es conduit avec Béatrice
comme un patron, justement.

Elle ne va plus
alors tu l'as rejetée.

Qu'est-ce qu'elle vient faire ici ?

- Ça n'a rien à voir.
- Si, c'est la même chose.

Tout ce qui est étranger à toi,
tout ce que tu comprends pas, tu le rejettes.

N'importe quoi.

Tu vis dans ton petit monde
avec ton petit manteau et ton petit cache-nez.

T'as quand même peur
d'attraper froid.

Ne le prends pas mal, François. Mais c'est vrai
que tu cherches pas à voir les choses autour de toi.

Qu'avez-vous aujourd'hui ?
Foutez-moi la paix !

Viens avec nous à St-Quentin.

Au moins,
ça te fera changer d'air.

Tu es là ?

Pourquoi tu t'enfermes ?

Oui.

Oui, oui.

Ça fait presque 4 mois
qu'elle est là-bas.

J'ai reçu une lettre de sa mère.

Je veux aller la voir
mais je voudrais pas y aller tout seul.

Oui bien sûr que je la verrai seul, mais...

je voudrais que vous m'accompagniez
jusqu'à là-bas, tu comprends ?

C'était François.

Béatrice est dans un hôpital.

Il veut aller la voir.

Il voudrait qu'on l'accompagne.

Eh bien, on va y aller.

Oui.

Il est quand même bizarre.

Oui.

Il fait ses conneries et après
il faut qu'on lui tienne la main.

Bonjour.

- C'est ma mère qui t'a prévenu ?
- Oui.

- On va faire un tour dehors ?
- Oui.

Je vais mettre mon manteau.

Tu es toute mince, maintenant.
Ça te va très bien.

Oui.

Tu es ici
depuis combien de temps ?

Quelques mois.

Et avant ?

Rien.

J'étais malade.

Depuis quand ?

Je sais plus exactement.

Tu ne sais plus ?

J'ai d'abord été à l'hôpital.

C'est un des médecins.
Je le connais, on a parlé souvent.

- Tu n'auras pas froid ?
- Non, non.

Il est beau, ce parc.

Qu'as-tu fait après nous ?

Tu te souviens quand
on faisait les aveugles sur la falaise ?

Ouais.

Et le dîner à Ouistreham ?

Tu avais cherché mon châle.

T'avais bousculé une chaise en passant et
tu m'avais regardée à travers la vitre de la voiture.

Tu avais remarqué ?

Oui.

Qu'y a-t-il eu après nous ?
Tu n'as pas...

Tu n'as fait aucune rencontre ?

- Si, bien sûr.
- Ah bon ?

J'ai été en Grèce.

- À Mykonos, tu connais ?
- Non.

Y a des moulins tout blancs.

Avec des ailes.

T'y étais avec quelqu'un ?

Oui, oui.

Ça a duré longtemps ?

Oh...

Il y en a eu d'autres ?

Oui, oui.

- Tu vas bientôt pouvoir sortir, maintenant ?
- Oui, sûrement.

Marianne et Gérard t'embrassent.
Je les ai vus hier.

Ils vont bien ?

Oui.

Marianne attend un enfant
pour le mois prochain.

Tu as froid ?
Tu veux qu'on rentre ?

Oui.

Bon, je te laisse.

- Je reviendrai te voir bientôt.
- Oui, oui.

- Tu te soignes bien, n'est-ce pas ?
- Oui, oui.

- Au revoir.
- Au revoir.