All language subtitles for Le baron

Auriez-vous un mandat
expédié de Saint-Amand-les-Eaux

-C'est M. le baron !

- C'est quoi, là, tout blanc ?
- Le casino de Deauville.

- C'est là qu'on joue de l'argent ?
- Non. Des jetons.

Vous n'avez pas peur ?
- J'ai jamais joué.

-Non, mais là-dedans.

- Non. Avec vous, on a confiance.
Vous faites sérieux.

On ne vous l'a jamais dit ?
- Si. En avion.

- Tout s'est bien passé ?
- Oui. Mais à 1 500 tours, ça vibre.

- Je crois que je reviendrai.
- Je l'espère bien.

Voilà.

- Mémé, c'était comme tu croyais ?
- Même mieux !

- Elle voulait ça
pour ses 80 ans.

- Voilà qui est fait.
Je vous la rends.

- On vous paie ?
- A la comptabilité.

Moi, je baptise pour le plaisir.

Avec tous mes voeux, chère madame,
et tous mes compliments.

Au revoir.

-Allons, mémé. En route.

-Après ce que je viens de goûter,

ça va me faire drôle,
cette petite vitesse.

- Alors, mon commandant,
ce sont les adieux ?

- La récréation terminée,
il faut rendre ses jouets.

- Cette année,
vous avez bien aidé.

- Quand on ne vole plus
de ses propres ailes,

les baptêmes permettent
de garder la main.

J'ai eu les moyens
d'être égoïste,

et des fluctuations
m'ont rendu serviable.

-Vous reviendrez, à Pâques ?

-Qui sait ? A notre âge,

on fait beaucoup de choses
peut-être pour la dernière fois.

D'ailleurs,
passerai-je l'examen médical ?

- A 100 ans, vous piloterez encore.
- Les Mathusalem du ciel.

- Vous partez
avec le car à bagages ?

-Bien sûr. J'y vais.

Ah. Pendant que j'y pense...

Vous ne connaissez personne
qui voudrait un bateau ?

L'Antarès, un yacht de 18 m,
ponté à l'australienne,

2 moteurs Perkins de 65 chevaux...

Neuf, il vaut 20 millions.
D'occasion, la moitié.

Le propriétaire, un de mes amis,
le laisserait partir à 8.

Moins qu'une Rolls.
- Une affaire !

-Extraordinaire.

- Mes connaissances investiraient
plutôt dans des hôtels.

- Si vous tombiez sur quelqu'un...
- Entendu.

- Au revoir, Vuillaume.
- Au revoir, mon commandant.

- Il m'a l'air
d'être dans le creux de la vague.

Enfin, on le connaît.

- Toi ?
Depuis combien de temps ?

- Depuis presque 4 ans.
- Laisse les vagues tranquilles.

Je le connais depuis 43 ans.

En 17-18, je l'ai vu faire
des choses que des jeunes

comme toi
ne s'imagineraient même pas faire,

aussi bien avec un spad 33
qu'avec un jeu de 52 cartes.

-Dites-moi, mon cher,

pour le grand prix,
vous avez une idée ?

- Eh bien, jouez le favori,
le cheval du prince Sadokkan.

-Merci tout de même.

- Mon ami, je vous cherchais.
- Pourquoi ?

- Pour votre yacht,
l'affaire est en bonne voie,

mais on devra peut-être
faire un sacrifice.

- Je suis d'autant
moins enclin à en faire

que je ne suis pas pressé.

Une bonne main substantielle :
6 bancos couverts.

Alors ma foi,
une petite croisière...

- Pardon ?
Ca ne va pas du tout, ça.

Vous vouliez vendre,
et vous rêvez aux Baléares.

J'ai donné ma parole.
- A qui ?

-Enfin, je me suis engagé.

Ce ponte de l'aviation
m'appelle ce soir.

Mon cher, vous me mettez
dans un bain épouvantable

qui va nécessiter une avance.

-Pas à moi.

-Comment ça ?

- Je suis toujours vendeur,
mais je ramène

votre commission à 8 %.

-Pas du tout !

- Laramée ! Que faites-vous ici ?
Vous portez la crevette ?

-On se produit, M. le baron.

Ca égaye les plages.
- Tiens donc.

- "Antoine", pour M. le baron.

- Ecoutez, mon cher.
Vous n'entendrez pas ça souvent.

Courant le loup,
le chevreuil et le cerf

A travers bois
tant que dure l'hiver

Courant la belle
au retour du printemps

Rallie, Antoine
Et toujours de l'avant

Merci.
Vous m'avez fait plaisir.

-A moi aussi, M. le baron.

-Vous avez une fanfare ?

-Laissée par mon père.

Il ne m'a laissé que ça,
et des principes.

Ce sera 10 % ou rien.

-Si vous voulez.

-Tony ! Tony !

-Perle !

Perle ! C'est pas possible !
- Mais si.

- Quelle joie de te voir ! Je peux ?
- Bien sûr.

-Tu fais quoi, ici ?

- Je m'emmerde.
- Avec qui, ma superbe ?

Sadokkan ?
- Tu le connais ?

-Comme turfiste.

Pourquoi tu ne le plaques pas ?

- J'y pense souvent.
La nuit, surtout.

- Une tête à claques.
- Ne recommence pas.

J'ai payé cher
tes exploits chevaleresques.

- En 10 ans, je me suis calmé.
Je parle des réflexes.

-Tant mieux.

D'ailleurs, Borguini
avait parlé de m'épouser.

La moitié de l'Europe roule
sur ses Motocyclettes.

Si tu ne l'avais pas souffleté...
- Je ne l'ai pas souffleté.

Un Borguini, on lui claque le nez.

-Cesse de le dévisager.

- Je ne le dévisage pas.
J'essaie juste de l'imaginer

en yachtman.

Ca l'arrangerait, non ?

Tu ne veux pas d'un yacht ?
J'en connais un, et pour rien.

Avec plein de moteurs.
De quoi faire Deauville-Acapulco.

- A combien es-tu ? 15 % ?
- 10.

- J'aimerais te rendre service.
Vraiment, j'aimerais.

J'adore les bateaux,
les voyages,

mais l'idée de rester avec lui
sur 30 m carrés m'insupporte.

Ne va pas lui mettre
cette idée dans la tête.

Tu as besoin
de cette commission ?

- Je ne suis pas aux abois,
mais j'ai eu de meilleures passes.

-Tu penses t'arranger ?

Arrête de faire l'acrobate.

- Le fil est de plus en plus mince,
contrairement à l'acrobate.

Ma petite Perle...
J'ai souvent pensé à toi.

Tu te souviens de Biarritz ?
- Non.

- Moi non plus.
- Tu m'avais surnommée "Perle".

- Mon seul cadeau pour toi.
- J'avais 20 ans.

- Et notre voyage en Italie...
- Avec la Delahaye en panne.

- Mais quelle voiture,
et quelle vie !

Ca compte, un bon souvenir.

Sur ce, à l'eau !
- Tu te baignes, maintenant ?

- Non. Je marche sur la mer,
comme les pur-sang.

Excellent pour les mollets.

Bonjour, Georges.

- Kir champagne ?
- Non. Un verre.

Encore plongé
dans la veillée des chaumières ?

Pourtant, vous avez ramassé
beaucoup de culottes.

- Je n'ai pas eu de chance,
M. le baron,

mais si je touche Reine des prés,
je me refais du total.

Tous seront sur le favori.

- C'est plus logique que de miser
tout seul sur un perdant.

Donnez-moi ma note.

- Voilà.
J'ai marqué les cigarettes.

- Vous avez bien fait.
Rajoutez donc ça.

- Ca vous fait...
155 700.

- Dites donc, Georges,
prêtez-moi 200 billets.

- Je rends mes comptes demain.
Ca va être juste.

-Juste pour la journée.

Le ministère de la Marine
est dans le coup.

- Pour le...
- Oui.

-Bon.

- Votre cheval n'a aucune chance.
Jouez le favori.

-Mais j'ai besoin de me refaire.

Voilà. Demain,
mes comptes devront tomber juste.

- Ils vont tomber juste
tout de suite.

Tenez. Payez-vous.

Ca, c'est pour vous.
- C'est trop.

- Vous paierez des fleurs
à votre épouse.

- M. le baron !
- Oui ?

-Vos cigares.

-Ah.

Merci.

-Si M. le baron a une minute...

-Pour vous, toujours.

Vous avez bonne mine.
- Vous êtes bien aimable.

Comme vous partez demain,
voici votre note.

-Voyons voir.

"1 257 825" ? Et vous appelez ça
"faire des prix" ?

-Avec l'année dernière.

- Je me disais aussi...
C'est parfait.

Tout est parfait, comme toujours.
Je vous en félicite.

-Le coup de l'an passé.

- Comme il ne paie pas,
pourquoi lui faire des prix ?

- On lui en a toujours fait.
Sinon, il pourrait ne plus venir.

-Je n'y avais pas pensé.

*-Tarass Boulba,
par Joli Jocker et Volubilis,

Joli Jocker,
gagnant à New Market.

Volubilis,
soeur de Coup de vent,

vainqueur à Longchamp.
Il y a preneur à 3 millions.

- Que veux-tu que je fasse
d'un bateau de 18 m ?

Pas mal, ce Tarass Boulba.
Qu'en penses-tu ?

-Sa mère avait les pattes fragiles,

mais son père est excellent.

*-3,5 millions à gauche.

- Qu'a-t-il de bien, ce yacht ?
- Tout.

- L'entretien annuel d'un yacht
revient au tiers du prix d'achat.

- Pure légende !
La mer est pleine de légendes.

-C'est vrai.

*-3,5 millions.
Rien à la tribune, ni derrière ?

4 millions à gauche.
Personne ne dit mieux ?

Pas de regrets ?

4 millions 1 fois...

- Ca vaut mieux que ça.
- Tu crois ? Mais pas plus de 5.

*-4,5 millions.
Maintenant, c'est à droite.

5 millions à gauche.

5,5 millions à droite.

6 millions.

-Sadokkan peut aller loin.

- En dehors de la danse du ventre,
je n'ai rien à apprendre de lui.

*-6,5 millions à gauche.

-On continue ?

*-7 millions à gauche.

7,5 millions à droite.
- Tony...

*-8 millions. 8,5 millions.
- Non. Pas un sou de plus.

- Qu'est-ce qui lui prend
à pousser comme ça ?

- Mme Bonnetang.
Le cheval ne vaut pas ça.

- C'est une épreuve de force.
J'ai horreur de ça.

*-9 millions. Ce n'est plus
à droite, mais à gauche.

9,5 millions.

- Sa mère n'était pas fragile ?
- Laisse-moi faire.

*-10 millions à gauche.
10,5 millions.

10,5 millions à droite.

11 millions.

11 millions à gauche.
Pas de regrets ?

11 millions pour Tarass Boulba.
Plus rien à droite ?

Tarass Boulba, fils de Joli Jocker,
à son altesse Sadokkan.

- Léon, tu as gagné 4 millions.
7, c'était déjà trop.

Il est borgne.
- Comment le sais-tu ?

- Léon me l'a dit.
- Tu ne devais pas le répéter.

-Chut.

Vous êtes parfaits,
tous les deux.

- J'ai eu peur pour vous.
Tu m'as bien fait gagner 5 millions.

- Avec 3 de plus,
tu fais une autre affaire.

Un yacht de 25 m,
ponté à la suédoise, 5 couchettes.

Onassis est preneur, mais le proprio
veut qu'il reste français.

- Je ne dis pas non.
Il est en état de marche ?

- 4 moteurs neufs.
- Des moteurs ?

Alors, il n'est pas à voile ?
- Mets-en une.

- Où ça ?
- Où tu veux.

25 m, tu trouveras bien.

- Dis-moi,
n'aurais-tu jamais navigué

ou essaies-tu de rouler
un ami de 20 ans ?

-Jérôme Antoine,

j'ai compris
pourquoi tu as poussé les enchères.

C'est la petite Germain-Joubert
qui est avec Sadokkan.

Je viens de risquer
des millions à cause d'elle.

- Tu lui dois tout.
- Pardon ?

Il y a 12 ans,
tu m'as plaquée pour elle.

- Et tu as épousé Bonnetang
et est devenue une veuve riche

6 mois plus tard,
alors ne sois pas mesquine.

-Les jeux sont faits.

Rien ne va plus.

-Bonsoir.

-Bonsoir, monsieur.

Comment monsieur
se porte-t-il ?

-Il vous le dira tout à l'heure.

- M. le baron.
- Bonsoir. Emile...

- M. le baron change combien ?
- 300 000.

-Rien ne va plus.

-Merci.

Je vous rendrai ça tout à l'heure.
- Alors...

-50 000, seulement ?

- Nous avons dû conserver
un de vos chèques,

alors nous avons des ordres :
50 000 maximum.

- Je comptais me refaire.
Tant pis pour vous.

-Faites vos jeux.

Rien ne va plus.

1er, rouge impair et manque.

- Un banco de 20 000 F.
Qui dit banco ?

-Banco.

-8 aux comptes, 6 à la banque.

- Ca a l'air d'aller.
- A ce taux-là, toujours.

- 300 000 au banco.
Un banco de 300 000.

Attention les jeux.
Banco.

Carte.

7 en banque.

Six.

Il y a 600 000 au banco.

Sur 600 000, on peut faire.
Marquons les jeux.

- Alors, messieurs ?
Un peu de cran.

-600 000, messieurs.

On ne fait plus rien
sur 600 000 ? C'est tout ?

- Carte.
- Neuf.

-9 en banque. On paie.

- Alors ? Ca va ?
- Ca va.

Va t'amuser.
- Merci, mon coco.

-600 000 ?

- Non. Tout.
- Il y a 1,2 million au banco.

1,2 million, messieurs.
Marquons les jeux.

Sur 1,2 million.

- Il a une main formidable.
J'ai compris.

Marquons les jeux.

- Il n'y a pas de jeu.
Ils sont tous au Brumheld.

- 300 000 de fait.
- Commandator, une dernière chance.

Il répond en italien.

- Sur 1,2 million,
qui dit banco ?

-Banco.

- La table marche.
- Banco seul.

- Rien ne marche en table.
Le banco est fait.

8 et 8. Egalité.

- Il est encore temps.
Retirez-vous.

- Même jeu ?
- Même jeu.

- Le banco est toujours fait.
Rien ne va plus.

- Carte.
- "Carte".

1 à la banque.

Baccara en banque. On paie.

Merci pour le personnel.

- Vous disiez ?
- Vous devriez vous en tenir là.

- Nous sommes du même avis.
- Merci, M. le baron.

- Tony, tu m'as flanqué
une de ces frousses...

Si tu avais perdu...
- J'aurais fait un chèque.

- En bois ?
- Je t'en prie.

Tu compliques toujours tout.
Tu viens boire avec moi ?

- Non.
Il va déjà être d'une humeur...

-Dommage.

-400 000, M. Duval ?

- Avec 2 millions de jeu,
belle affaire. Et toi ?

- Je gagne 1,2 million
Je t'invite au Brumheld.

- Non. C'est moi qui invite.
- Ce serait immoral.

- On va boire à Tarass Boulba,
et ohé la coterie.

Ne bouge pas. Je reviens.

-Voilà.

- 300 000 ?
- 310 000. Et votre chèque.

- Très juste.
J'allais vous le rappeler.

-Bonsoir, M. le baron.

-Bonne nuit.

- Vous êtes si mauvais joueur !
- Ca m'a porté la poisse.

- Quoi donc ?
- Votre présence.

Vous incarnez la poisse.
Preuve en est votre vie.

Un joueur sent ces choses.
- Vous êtes méchant.

Et peu intelligent.
- A cause de ce vieux clou...

Ca a commencé à ce banco
dont il n'avait pas le 1er sou.

-Il a des terrains, des valeurs...

Parfaitement.
- Un clochard, une épave.

Ses boutons de manchettes
sont hypothéqués.

Evitez-moi le voisinage
de vos anciens amants.

-Et vos maîtresses ?

-Rien ne vous oblige à rester.

- Non.
J'ai dit que je payais.

- Tu es trop riche, pour payer.
Tu regretterais.

- Maître d'hôtel, si vous prenez
son argent, je ne reviens plus.

- Dites-lui que je suis ici
chez moi, et payez-vous.

- Non, Antoine.
Je t'en prie.

-Je t'en supplie, tais-toi.

- Demain, c'est moi qui paie,
avec mon argent.

- Antoine, dansez avec moi.
Vous valsez divinement bien.

-Allons-y, ma chère.

- Fringante, la pouliche,
mais un peu haute sur pattes.

- Oui, mais sur les obstacles,
elle doit être du tonnerre !

- Vous êtes follement séduisant,
baron.

Si seulement j'étais une femme,

au lieu d'être une Anglaise,
je vous épouserais.

- La princesse des Mille et Une Nuits
précédée de son tapis volant.

Maestro, la danse du minaret.

- Ne t'en mêle pas.
Avant, tu avais du tact.

- "Du tact" ?

Jérôme, Napoléon Antoine
manque de tact ?

Allez.
Tout le monde au lit,

les Anglaises, dans leur île,
et les violons, dans la boîte.

- Merci, monsieur.
- Serviteur, messieurs.

- Maestro, doucement.
Des gens dorment. Un peu de tact.

"Du tact..."

- Tony, venez donc.
Nous sommes entre amis.

- Increvables.
Que faites-vous ?

- Une partie d'écarté.
Vous savez jouer ?

-J'ai dû savoir.

- Ca vous rajeunira.
Asseyez-vous.

Vous connaissez la nouvelle règle ?
- Double et redouble.

- Café au lait,
whisky, champagne ?

- Donnez-moi
un petit doigt de champagne.

- Mes enfants,
j'ai une tête à faire peur.

- Voilà 4 heures que l'on joue.
C'est idiot.

- Depuis qu'on ne fait plus l'amour,
mon mari a des angoisses nocturnes.

Le traitement est très cher.
Combien perdez-vous ?

- On joue, maintenant ?
- Oui. Jouons.

-Je joue petit jeu.

- Nous disons toujours ça,
pour notre hygiène morale.

Il y a 800 000 fait.
- J'en ai fait 450.

Je complète.
C'est à vous de faire, cher ami.

- A ce train-là,
je ne jouerai pas longtemps.

- Ma tête !
Vous êtes folle !

- Il fait beau.
- On s'en fout.

- Moi, je suis crevée.
J'arrête.

- Moi aussi.
Je ne vois plus les cartes,

et je dois être au golf à 10 h.

- Je vous dois combien ?
- Je vais vous le dire.

- Claudia, debout.
On va dormir.

Aimez-vous les roses, Gabrielle ?
- Oui.

-Je vous en enverrai tout à l'heure

qui accompagneront
cet horrible chèque d'un million.

- 1,3 million, précisément.
- C'est exact.

- Vous me devez 9 millions.
Si vous voulez vérifier...

- Un dernier coup à 2 ?
Je mets 2 millions.

- Vous êtes fou ?
- Pourquoi ?

Je peux me refaire d'un coup.

- Tony joue bien mieux que vous.
- Il a plus de chance.

- C'est pareil.
- Vous m'emmerdez.

Que décidez-vous ?

- Vous êtes le gros perdant.
C'est à vous de décider.

- C'est à vous de donner.
- A vous l'honneur.

Le roi.

Pique.

La vole.
- J'ai pas de chance.

- Je suis navré.
- Mon cher, je vous dois 11 millions.

- Tu n'as plus qu'à payer,
si tu peux.

Je vais me coucher.
- C'est ça. Allez vous coucher.

Je vais bavarder avec Tony.
- Non, merci.

- Dites-moi, vous êtes pressé ?
- Non. J'ai 5 minutes.

- Je parle du paiement.
- Moi aussi.

On a toujours 24 h,
pour une dette de jeu.

- Il me faut convaincre Pénelope
de vivre avec un Utrillo de moins.

- Un vrai ?
- Pourquoi pas ?

- Même un faux est plus facile
à bazarder qu'un bateau.

- Où avais-je la tête ?
C'est idiot ! L'Antarès !

Un yacht
que j'ai payé 20 millions.

Il est à vous.

Vous devenez armateur,
propriétaire et capitaine.

Une splendeur.

18 m, ponté en acajou,
la coque recouverte de cuivre,

avec triple bordée
et 2 diesels de 65 chevaux.

- Oui. Il gagne à être connu.
- A 11 millions, c'est une affaire.

- Je le sais, mais hier,
il en valait 8 avec ma commission.

Je ne peux tout de même pas
me gagner de l'argent sur le dos.

- 3 cabines, dont 2 doubles.
5 personnes autour du monde !

-Faisons chacun un pas.

Je retire 3 personnes
et vous retirez 3 millions.

-Allô ?

Qui ?

C'est toi ?

Si tu veux.

On frappe à la porte.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Je t'ai appelée du couloir.

Faisons vite.

- N'ouvre pas !
- Regarde ce soleil, ce ciel.

C'est pas beau ?
- Ravissant.

- Tu n'as pas honte, d'être là ?
On part en mer.

- Je dors.
- Depuis 10 ans.

Je vais te les faire rattraper.
Regarde. L'Antarès.

-Tony, pitié.

-Mais regarde !

Il n'est pas beau ?
Imagine un peu.

Tu descends les rivières
et tu arrives sur la Côte d'Azur.

Tu passes 2 mois de vacances,
peut-être 3.

11 millions, ça ne dure pas.
- "11 millions" ?

- Oui, ma belle.
- On te l'a prêté ?

- Je l'ai gagné, pour toi.
Atouts, et la vole.

-Quoi ?

- Je te donnerai les détails
plus tard. La voiture nous attend.

- "La voiture" ?
Tu parlais pas d'un bateau ?

- Non. Notre bateau est à Rotterdam,
la voiture est en bas.

Celle-ci fait le double
de la Delahaye

et est connue
dans tout le Calvados.

Allô ?
- Les voitures. Ca recommence.

Je n'ai plus l'âge
de la dernière fois,

alors s'il faut courir...

-Aucune raison de courir.

- Je parle du retour.
Avec toi, les allers sont simples,

les retours, compliqués.

- Passez-moi le concierge.
C'est plus comme avant.

Avant, j'avais 1 million à trouver.
Là, j'en ai 11 à perdre.

Prenez les bagages du 316.
- Je voudrais voir ces 11 millions.

- Ca, ça en représente 8.
Mes notes sont payées

et le solde nous attend
à Saint-Amand-les-Eaux.

- On dirait un vrai gosse.
- J'ai jamais eu de bateau.

On file dans 30 min.
- Et lui, j'en fais quoi ?

- Tu me fais le plaisir
de le quitter sans explication.

Je t'attends dans le hall.
- Tony...

Pourquoi m'emmènes-tu ?

- J'aime pas voyager seul.
Et puis tu t'emmerdais, non ?

Tu es trop jeune, pour t'emmerder.
Seule compte la rigolade.

C'est pour ça que je t'emmène.
- Tony...

Tout compte fait,
elle était bien, la Delahaye.

Ca a été long ?

- On te pardonne tout.
- Tu as un stylo ?

-Oui.

- Je lui laisse un mot.
- Si tu y tiens...

- Qu'est-ce que je mets ?
- "Au revoir et merci."

- Je ne garde rien.
Mauvais souvenir.

- Tu as raison.
Mais alors enlève "merci".

M. Villamayor paiera mes notes.
- Oui. Il a téléphoné.

Il doit aussi s'occuper du barman.
- Entendu.

- Je vous signale
que ma baignoire se vidait mal.

Surveillez le sanitaire.

Remettez ceci à son altesse royale
le prince Sadokkan,

avec mon bonjour.

-Bon voyage, M. le baron.

- Et maintenant,
chauffeur, en Hollande.

- Si tu veux bien me servir,
j'en reprendrai une petite larme.

-Quand je pense...

Tiens.

- Qu'est-ce que tu as, ma merveille ?
- Je la saute.

Tu entends ?
Je crève de faim.

-Fais comme moi. Bois.

Ce soir, le mandat sera à Châlons.

- Tu l'attendais déjà
à Saint-Amand-les-Eaux, et à Reims.

C'est peine perdue.
- Villamayor est un homme d'honneur.

- J'ai entendu sur lui
certaines histoires.

- D'avant son mariage.
Sa Pénélope est dans les Etats.

En plus, elle est pratiquante.
Elle ne divorcera pas.

Et puis à part une pénurie classique
dans la navigation,

tout va bien.

- Qu'est-ce qui se passe ?
- Une saleté dans les tubulures.

Il parle en néerlandais.

-Sûrement la jauge.

-Aborder. Ancre.

- Quitte à me donner des ordres,
donnez-les-moi en français.

Jeune homme, s'il vous plaît,
voulez-vous attraper le cordage ?

Merci. Bon boulot.
- Pas de quoi, capitaine.

-Nous sommes donc en panne.

Ca s'arrange.
- Il m'a appelé "capitaine".

- Il est beau, le capitaine.
Il est doué

pour jeter l'ancre.

On aurait pu rentrer
à Paris en 3e classe,

mais on n'a plus un sou,

parce que monsieur
se nourrit de formules :

"aller de l'avant",
"maintenir le cap".

Je ne peux pas voir ça.

- L'enfant de Rotterdam
parle à des Belges.

Il nous cherche du mazout.

- Si tu veux mon avis,
il se tire.

- Tu ne connais pas
la loyauté nordique.

Où allez-vous ?
- Fini. Manger.

- Mais si on arrive à Châlons,
grand goinfre,

vous mangerez à en crever.
Châlons est à 10 km.

- Non. Fini.
- Attendez !

-Je t'avais prévenu.

- Alors qu'il trimait
sur un chalutier, je l'ai accueilli.

- A tous ceux qui t'écoutent,
tu leur fais perdre leur place.

Ce que j'ai été bête.

Si seulement
je n'avais pas rendu les bijoux.

-Le geste était élégant,

mais l'idée était de toi.

- Tu me reproches
un réflexe d'honnêteté ?

- Non, car sur le plan de l'idiotie,
j'ai rien à t'envier.

Regarde.
Mon royaume pour un chemin de fer.

Au grillot du casino,
nous aurions au moins 2 steaks.

- Si je n'ai pas de pain
et du pâté,

j'irai me noyer, comme Ophélie.

-Elle, elle n'a pas demandé de pâté.

Et si tu devais devenir folle,
tu le serais devenue il y a 10 ans,

alors ne tombe pas
dans le sublime.

- Tu fais quoi ?
- Cette plaque est un signe.

Or, c'est pas le moment
de négliger les signes.

Dis donc, on pourrait
vendre quelque chose, non ?

-Quoi et à qui ?

Mon smoking à l'éclusier ?
Tes robes à la garde-barrière ?

Nous n'avons que des choses chères
qui ne servent à rien.

- Un bateau,
ça pourrait leur servir.

- Essayer de vendre ce yacht
à des mariniers champenois ?

Autant proposer une Rolls
à un berger du Cantal.

Nous sommes des gens civilisés
chez des Zoulous.

Ca y est.

-Quoi ?

- Le miracle.
25 louis. Et pas en jeton !

La tête de Victor.

- On a quoi, avec 500 F ?
Du pain, du pâté...

-Non. Je vais téléphoner

à Châlons pour faire envoyer
le mandat ici.

C'est autre chose, le mandat.
- Oui. C'est imaginaire.

- Tu raisonnes avec ton estomac.
Moi, j'ai l'esprit clair.

Je maintiens le cap.

-Tony !

-Où pourrais-je téléphoner ?

- Chez la Maria.
Je vais vous mener.

- Merci.
Vous êtes tout à fait obligeant.

-Le voilà qu'il vient avec Paulo.

- Il doit préférer
le champagne au beaujolais.

- C'est sûrement un Anglais.
Je les repère, les Anglais.

Good morning.
- Messieurs, madame.

- Le capitaine veut téléphoner.
- Je vous en prie.

-Comment fait-on ?

- Tournez la manivelle,
décrochez et attendez.

C'est pour où ?
- Châlons.

- Quel numéro ?
- Le bureau de poste.

- Allô ? Mme Fouilloux.
Le bureau de Châlons.

C'est ça. La poste.
- Restante.

-C'est pour la marine.

On vous la passe.
- Merci.

Mademoiselle,
je voudrais la poste restante.

Oui. La poste restante. Merci.

Monsieur, un petit renseignement.

Auriez-vous un mandat
expédié de Saint-Amand-les-Eaux

venant de Paris ?

Baron Antoine.

Baron Jérôme, Napoléon Antoine.

2 millions.

Oui. 6 zéros.

Vous n'avez rien reçu.
Un petit instant.

Dès que ce mandat vous parviendra,

veuillez le faire transférer
à la poste de...

Comment s'appelle cette ville ?

- Vernisy.
- A la poste de Vernisy.

Vous serez bien aimable.

Vous ne pouvez pas ?
Il faut un ordre du receveur ?

Bon. Merci.

- C'est quelque chose ! Un mandat,
ça devrait se payer partout.

- Il faut courir après ses sous.
Ca peut manquer.

C'est une question de principe.
- Je suis de votre avis.

Combien vous dois-je ?
- 75 F.

- Voilà.
- Merci.

- Merci. Où est la poste ?
- Au village, à 2 km.

A droite, après le pont, tout droit.
- Merci. Peut-être à ce soir.

Au revoir.
- Au revoir.

- Au revoir, messieurs.
- Au revoir.

- Dès que le mandat arrive,
vous le virez à Vernisy.

Une somme pareille, vous pensez.
Entendu. Merci, mon petit.

-Dites combien ça fait, madame.

- "Marquis Villamayor" ?

-59, boulevard Suchet.

- "Vous envoyer témoin" ?

- "Devrai vous envoyer témoin.
Signé baron Antoine."

-Avec le téléphone,

ça fait 450.

- Dans ce cas,
rayez marquis et baron.

- Voilà 10 F.
Boulevard Suchet compte pour un mot.

Vous pourrez remettre marquis.
- Non. Alors, remettez baron.

Au revoir. A très bientôt.

-Que ça te serve de leçon.

Les plus riches
sont les plus regardants.

- Des femmes comme ça,
on croit jamais que ça existe.

Ben y en a !

- A la place du capitaine,
je partirais moins.

- A ton âge, regarde pas ça.
- Je regarde le bateau !

-Ouh...

- Que se passe-t-il ?
- Rien.

On regarde le bateau.

-Quel agrément...

-On passait le temps.

- T'ameutes les populations ?
Ferme ce peignoir.

- J'ai chaud.
- Eh bien, bois.

Non. T'es déjà saoule.
- T'as amené que du whisky.

Y a pas une boîte de sardines,
pas un yaourt, que du whisky.

- J'en ai pris,
car on en trouve pas.

- Avec à manger, on en trouve.
Le mandat est arrivé ? On mange ?

- Si je ne suis pas renfloué,
Villamayor m'entendra !

- Ah, Monsieur débloque
comme aux plus beaux jours.

-J'ai horreur des femmes saoules.

- C'est ce que je disais.
Monsieur moule encore la phrase.

"Je traîne Villamayor sur le pré."

"Tu descendras
les rivières de France." C'est fini.

Parce que moi,
j'ai envie d'un haricot de mouton.

- Où vas-tu ?
- Me vendre pour bouffer.

-Ah non, ça suffit.

Fais-moi le plaisir
d'aller te coucher.

Allez !
- Laisse.

Je vais me donner à n'importe qui
pour manger.

Messieurs, j'arrive.
- Tu me chauffes les oreilles.

- Admire ton oeuvre.
Voilà où tu m'auras menée.

- Perle Germain Joubert va se vendre.
- Mais t'as jamais fait autre chose.

- Quoi ? Tu m'as traitée de grue ?
Moi, ta perle ?

- Par intermittence.
Comme dire "mon autobus".

-Retire ça tout de suite.

- Tu t'es toujours vendue
pour bouffer.

Dans les palaces.

On est de bonne famille.
Seule la nappe change.

- Y aura même plus de nappe.
Des mariniers.

Voilà tout ce qui me reste.
- C'est ça.

Dors. Demain, on verra clair.
- Des mariniers...

- Ah tiens, j'avais oublié.
Une pomme.

Tiens.
- Et toi ?

-J'en ai mangé.

- Combien ?
- Une.

- Une autre.
- Non.

-Puisque je te le dis !

- Peut-on te poser une question ?
- Je t'en prie.

- Vivras-tu de ta pêche
ou as-tu une solution pour midi ?

-Laquelle ?

- Tu attends 2 millions.
Tu peux emprunter de l'argent.

- Je ne suis pas un tapeur.
Et taper qui ?

-La bistrote, l'éclusier...

- Tu n'as pas honte ?
- Tu as déjà emprunté.

- Pas de petites sommes
ni à de petites gens.

Quand on me prête,
on passe un ordre à son banquier.

Détrousser de petits épargnants,
je ne l'ai jamais fait.

Ni le ferai.
- Bravo !

Moi, j'ai de pauvres appétits
physiques !

- Où vas-tu ?
- Bouffer.

- Ca doit venir de s'engueuler.
Sûrement les suites d'hier soir.

- Je me demande s'ils sont mariés.
- Ils ne s'engueuleraient pas.

-Bravo.

- Vous me paierez la prochaine fois.
- Dans 15 jours.

Allez, au revoir.
- Au revoir.

-Pardon.

Messieurs, je vous salue bien.

Madame, bonjour.
- Bonjour, monsieur.

Le temps s'arrange.
- Un peu orageux, pour la pêche.

-Et à la mie de pain ?

-Au trognon de pomme.

-Tiens.

- Je vous sers ?
- Pas maintenant.

J'attends un appel.
Si ça ne vous dérange pas...

- Le téléphone est fait pour ça.
- Avez-vous un journal ?

- Oui, avec les nouvelles locales.
- Elles en valent d'autres.

-Atout, ratatout, roi de pique.

Saluez. Bonjour chez vous.
- Quel pot !

C'est pas de la science.

-Carte.

- Combien ?
- 3.

-Les mêmes.

- Y a deux écoles.
Y a ça ou ça.

-Plutôt ça.

- Vous savez jouer à l'écarté ?
- Je tâtonne.

- J'aurais cru le bridge.
Comme tous les Anglais.

Je me comprends.

-Hé, papa ?

Y a un avalant.
- On y va.

On peut jamais se détendre.

Ca va, ça vient,
ça monte, ça descend.

- Puis-je tenir vos cartes,
si monsieur accepte ?

- Oui.
- Alors, tenez. Profitez-en.

J'ai de la tarte.

- Mais je ne joue jamais d'argent.
- Mais nous non plus.

- On joue l'apéro.
- Allons-y.

-Maria, un petit pastis.

- Et pour vous ?
- La même chose.

Avec deux rondelles de saucisson.
C'est une habitude.

- J'en ai, mais à l'ail.
Ca vous ennuie ?

- J'adore l'ail.
Puis-je avoir des cartes ?

- Combien ?
- 2.

-Un petit de pain avec ?

- Pourquoi pas.
Même un bon petit morceau.

Voyons voir.

Cher monsieur, je crois que je vais
marquer trois points. Le roi.

-Alors, mon haricot de mouton ?

-Extraordinaire.

-Un petit fromage ?

- Qu'avez-vous ?
- De tout. J'apporte le plateau.

Vous permettez ?
- Je vous en prie.

- Voilà.
- Que c'est joli !

Que me conseillez-vous ?
- Oh, c'est une question de goût.

-Si vous permettez,

je vous conseille le romilly.

- Le romilly.
- Oui.

- Vous n'en goûterez pas ailleurs,
car il ne s'exporte pas.

-Eh bien, du romilly.

C'est gentil.
Vous êtes de la région ?

- On ne peut l'être davantage.
Ma carte de visite

est sous vos yeux.

- Non ?
- Si. Maurice Montbernon.

-C'est intéressant, ça.

Je veux dire amusant.

Je ne connais que vous.

- J'en suis charmé.
- Pour tous mes anniversaires.

- Peu souvent, alors.
- C'est charmant, ça.

-Si, si. Charmant.

Vous avez été le compagnon de joies
et de soirs de cafard.

Vos vignobles sont ici ?

- A côté d'Epernay.
Ici, j'ai cent hectares.

-Oh, c'est déjà pas si mal.

Vous ne faites pas homme
de la terre, mais quai d'Orsay.

- Oh, vous vous moquez de moi.
Mais vous, vous n'êtes pas d'ici.

Ca se voit.
- En effet, je suis ici en escale.

Notre yacht est sur le canal.
Celui de la personne

avec moi.
- Vous êtes accompagnée ?

-Oui. Par mon oncle.

-Carreau, carreau et atout.

Je suis vraiment désolé.
Vraiment.

- Un vieil aristocrate féru des
choses de la mer. Il vous plairait.

-Pourquoi vieil aristocrate ?

-Il pourrait être mon père.

-Oui, il me plairait.

- On peut dire
que vous êtes un crack !

Je m'étais jamais fait déculotter
comme ça. Et je joue depuis 20 ans.

- Vous n'êtes pas doué.
- Un crack ! Prends des leçons.

- Quand on n'a pas de jeu...
- Je suis objectif.

- Monsieur Valentin,
attaquez vos hors-d'oeuvre.

-J'y vais.

- Vous faites restaurant ?
- Seulement pour les habitués.

- Je te sers ?
- Non. Eugène m'attend.

- Quand ouvre la Poste ?
- 14 h.

Mais frappez.
La postière est logée.

- Je vais y aller.
Une promenade apéritive. Au revoir.

- Bon appétit.
- Vous aussi.

- Et votre communication ?
- Laquelle ?

-Vous attendiez.

-Qu'on me rappelle plus tard.

Le yacht club m'envoie un matelot.
Je ne suis pas à leur disposition.

- De Deauville à Rotterdam.
C'est un fin barreur.

Nous devrions être à Monte-Carlo.
Mais on a congédié notre matelot.

- Vous savez,
je ne connais pas Monte-Carlo.

-On vit très bien à la campagne.

- Je n'aime pas les endroits
mondains. Je m'y ennuie.

- Tout le monde s'y ennuie.
On y va en groupe.

Je vous fais une confidence :
je pense comme vous.

Je suis de la campagne.
Je suis née à Neuilly.

Mes parents étaient savoyards.

Peut-être retournerai-je là-bas.

Le lancinant et invincible appel
des terres natales.

C'est de Joseph... Conrad.

- Qu'est-ce qui vous fait rire ?
- Tout ça.

Je vis un rêve qu'un provincial
fait à sa 15e année.

Un rêve qui ne se réalise jamais.

Entrer dans une auberge,
là où il ne se passe jamais rien,

y trouver une femme merveilleuse.

Etre autorisé à lui parler,
et lui paraître idiot.

Le rêve s'arrête.

-Monsieur Montbernon...

- Si ce conte de fées
pouvait continuer.

Si vous ne repartez pas
et voulez visiter la région.

Les vignobles.

Ca va, merci.
- Merci.

- C'est trop bête.
- Quoi donc ?

Oh, je me battrais.
Je suis partie sans argent.

J'ai pris mes cigarettes,
mon briquet, mes papiers.

Quelle situation stupide.

- Merveilleux.
- Ne riez pas.

- Mais non. Je ne savais pas
comment vous inviter à déjeuner.

Une bouteille de 47.
- Non.

-Faites-moi ce plaisir.

Laissez mon rêve se prolonger.

Ou M. Camille appelle les gendarmes.
Grivèlerie, ça mène loin.

C'est le plus beau jour de ma vie.
- Savez-vous que vous êtes un démon ?

On frappe au carreau.

- Y a rien.
- Sûrement demain.

-Demain, c'est dimanche.

- Si c'est dimanche. Si vous aviez
quelque chose lundi matin,

appelez-moi.
- Bien sûr.

Ou j'enverrai le gamin.
Il se fait des pièces.

-Excellente école.

-Au revoir, gamin.

- Te voilà. J'allais sortir.
- Parce que j'arrive ?

- Apparemment, tu as déjeuné.
On t'entend digérer.

Et tu pourrais me dire
qui était ce monsieur.

- M. Montbernon, les champagnes.
Je vais te recommander une auberge.

- Merci.
- C'était mon voisin de table.

Il a mille choses à me faire voir.

- Estampes ou gravures ?
- Ses kilomètres de cave.

Fais pas cette tête-là.
J'ai pensé à toi.

Du poulet.
J'ai dit que j'avais un teckel.

- Un teckel ?
- Oui.

- Tu as laissé un drapeau
de combien ?

- Tout est payé.
Montbernon sait se conduire.

-Garde tes rognures.

On ne devient pas barbillon
avec des cheveux blancs.

Je préfère jeûner.

Et je te signale
que je reste seul maître à bord.

- Ca veut dire ?
- Si Montbernon vient demain,

je le fous à la baille.

-T'as mangé ?

-Pas de faux-fuyant.

Ton Montbernon ne doit pas
être pressé de me connaître.

-Pourquoi ?

Mon oncle.

-Charmant.

-Et alors ?

Mon cousin, mon frère.
Mon frère aîné.

Et elle est absente jusqu'à quand ?
Mardi.

Vous ignorez où joindre
Mme Bonettang ?

Bon. Merci.

Non. Pas de message.

- Vous n'avez pas de chance.
- Y a des jours comme ça.

Vous avez de jolies mains.

- Les travaux les arrangent pas.
- Ils les anoblissent.

-Allô ? Oui ? Oui ?

Allô ? Elysée 12 deux fois ?

M. Duval, pour le baron Antoine.

A Monte-Carlo ?
Où le toucher ?

S'il appelle de là-bas,
dites-lui que j'ai téléphoné.

Comment ?

A Vernisy.

C'est le combien, ici ?
- 5.

Le 5, à Vernisy. Dans la Marne.
C'est ça. Merci.

- Buvez quelque chose.
Pour patienter.

- Mais je ne suis pas impatient.
Enfin, donnez-moi un vin blanc sec.

- Allô, le Plaza ?
Donnez-moi le bar.

Georges ?

Ici, le baron Antoine.

Très bien, mon vieux. Et vous ?

Je vous téléphone
pour vous demander un service.

Comme la dernière fois à Deauville.
Ou un peu moins.

Ah...

Ah...

Eh ben, ça ne fait rien.

Vous êtes tout excusé, mon vieux.

A bientôt.

-Votre vin blanc est servi.

-Ah...

- Je peux y mettre un peu de glace.
- Oh.

- Vous ne le goûtez pas ?
- Si.

-Parfait.

-Bonjour, tout le monde.

En forme ?
- On se maintient.

- Tu bois quoi ?
- Eh ben, la même chose.

On vous a répondu, pour le matelot ?
- Pas encore.

-Moi, je connais quelqu'un.

- Laisse-le donc.
- Je peux parler.

- Si la réponse se fait attendre,
je ferai appel à vos bons offices.

Marquez ça.
Je vous paierai après.

-Ca presse pas.

-Merci, capitaine.

Si j'embarquais avec lui,
ce serait formidable.

- T'énerve pas.
T'es pas encore parti.

- Et ma revanche ?
J'ai amené des amateurs.

M. Rollin, M. Delamp, M. Rocif.
Baron Antoine.

- Vous êtes un champion ?
- Il est tard, pour jouer.

-Pas de revanche ?

- La règle, c'est la règle.
Je vous en prie.

Carreau maître et atout.
Et tout ça, doublé.

-La chance a tourné.

-Oui. Faites donc les comptes.

- Ca fait 5 tournées.
- Félicitations, messieurs.

- Une der ?
- J'ai à faire à mon bord.

Bonne continuation, messieurs.

Où en sommes-nous ?
- Je vais marquer. Ca simplifiera.

- Simplifions.
Je vous souhaite une bonne nuit.

-Moi aussi, monsieur Antoine.

- C'est quoi, ça ?
- Une délicate attention.

Tiens.

"Priez le baron de n'y voir que
le témoignage d'un profond respect."

Avoue que c'est gentil.

-Ce jeune homme a des manières.

Mais il ne me prendra pas
à mon truc.

J'ai inventé les bonnes manières.
Je suis vendeur.

- Tony, viens recevoir Montbernon.
Fais pas l'imbécile.

Cher Maurice.

- Mes hommages.
Jolie maison.

-Venez.

- Je suis en retard ?
- Non.

Mon oncle ne peut pas vous recevoir.
Il a passé une nuit blanche.

-Rien de grave ?

- Des moustiques.
Il a laissé son hublot ouvert.

- Bienvenue à bord de l'Antarès,
monsieur.

- Merci de votre accueil. Votre nièce
m'a informé de vos fatigues.

- Il aime beaucoup l'Antarès.
- Une merveille.

-Oui, il est pas mal.

- Et merci.
- De quoi ?

- De vos fleurs. Et du petit mot.
N'est-ce pas ?

-Certes.

- C'est le fleuriste du pays.
La corbeille est...

- Elle montre qu'on est en province.
J'apprécie l'authenticité.

- Asseyez-vous donc.
Vous prendrez un peu de scotch ?

-Non. Jamais d'alcool.

- Nous non plus.
Hein, Tony ?

-Ne m'appelle pas Tony.

Elle m'appelait ainsi toute petite.
C'était charmant. Là, c'est bêta.

Dis mon oncle ou bien Jérôme.

-Jérôme Napoléon.

Nous avons failli devenir parents.
- Vous m'étonnez, monsieur.

- C'était dans la bibliothèque
de mon père.

C'est "L'Encyclopédie
des gens du monde".

Il y est fait mention
d'un Antoine Napoléon Gabriel,

capitaine en 1814.

-Mon arrière-grand-père.

-Il commandait à Epernay.

Nos familles ont été disloquées
après 70.

Sinon, votre oncle aurait épousé
la soeur de mon grand-père.

- Tiens.
- Mes parents seraient illustres.

-Oh...

- Ah, si. J'ai coché pour vous
la biographie du capitaine Gabriel.

-Ah, très aimable à vous.

Mais bourgeoisie terrienne
vaut bien noblesse d'épée.

- Montbernon, je n'en revenais pas.
- Un nom d'étiquette ?

- Le Suez, un canal,
est coté en bourse.

Les meilleures familles ont des noms
de voiture, de tissus garantis.

Ma nièce ignore ces choses.
Elle ne sort pas.

Une parfaite maîtresse de maison,
intelligente, musicienne.

Pas assez futile.

-Est-ce un défaut ?

- Non.
Ma petite Perle est une perle rare.

-Merci, Tony.

- Ma cuisinière fait
des cailles au raisin.

J'ai demandé le déjeuner
pour la demie.

Naturellement, vous êtes des nôtres.

-J'ai un bridge chez des amis.

- Décommande.
Gourmand comme tu es.

-Non. Allez-y.

Vous bavarderez mieux sans moi.
Je suis un taciturne.

Un vieux loup de mer.
Le tribu à Neptune.

- Vraiment, je regrette.
- Certainement pas.

Ne ramenez pas cette enfant
trop tard. Je m'inquiéterais.

-Bien joué, mais non.

- Un peu au large.
On va gagner. Allez-y.

- Monsieur Antoine ?
- Oui ? Ah.

- C'est recousu.
- Merci.

- J'ai retouché la doublure.
- On use, à la mer.

-C'est connu.

Tiens. Votre dame est de retour.

Elle aime bien se promener.

-Qu'entendez-vous par "ma dame" ?

- Je sais pas.
Votre femme, votre amie.

- C'est pas mon amie.
C'est ma nièce.

- Vous ne me devez pas
de confidences.

- Capitaine ? C'est à vous.
- Oui.

Il chantonne.

-Ah, te voilà. Où étais-tu ?

-Je jouais aux fléchettes.

-C'est quoi ?

- Du cassoulet.
Je me fais des relations.

- Tu me demandes rien ?
- Tu en veux ?

- C'est incroyable, ce qui m'arrive.
C'est absurde.

Maurice m'a demandée en mariage.

- Ca ne m'étonne pas.
Il a une tête à ça. Et alors ?

- Il veut me présenter à sa mère.
Tu te rends compte ?

- Ma Perle,
ne laisse pas l'occasion Montbernon.

- Tu deviens fou aussi.
Qu'est-ce qui vous prend ?

Arpenter les vignobles,
m'occuper de bonnes oeuvres ?

- Je te vois très bien.
Et toi aussi.

- Moi ?
- Mais oui, toi.

C'est ce que tu cherchais :
un homme pas fait pour toi.

Il te propose une alliance.

C'est un type très bien :
sérieux, solide.

- Justement.
- Justement quoi ?

- Mais il est trop bien.
Est-il aussi bien qu'il en a l'air ?

- Je te le dis. C'est net, propre.
Il suffit de le regarder.

Ca meure à la guerre
et ça refait des enfants.

-Tu me vois lui raconter ma vie ?

-Pas d'excès de zèle.

La franchise n'est pas la condition
du mariage.

-Je suis sérieuse.

- Moi aussi.
Beaucoup plus que tu ne penses.

Ecoute bien, ma petite Perle.

Ta vie, depuis ton 1er mariage
jusqu'à ta dernière liaison

est une connerie.

A 19 ans,
t'as épousé un brillant officier.

Mais tu ne pouvais pas savoir
qu'il était pédéraste.

Ca n'arrive
qu'aux très jeunes filles.

-J'ai divorcé.

-Mais tu ne t'es pas remariée.

T'as voulu vivre ta vie, suivre
un nouveau guide tous les 3 ans,

puis tous les 6 mois, puis 3.

Sadokkan, par exemple.

-Où veux-tu en venir ?

Parle.
- Entre nous, on peut tout se dire.

J'ai plu aux femmes,
car j'avais les yeux bleus.

Après, il m'a fallu une voiture,
puis une plus grosse.

Puis, un bateau.

-Dis pas ça.

- Si j'avais eu un sac de camping,
m'aurais-tu suivi ?

-Non. Et pourtant, je te jure...

-T'aimes bien ton vieil acrobate.

Mais tu préfères un acrobate jeune.

Pourquoi j'attends ce mandat
au lieu de regagner Paris en taxi ?

Ca se paye en arrivant.

- J'y avais pas pensé.
- Moi, si.

Mais c'était avouer
que j'avais échoué.

Mais on est déjà revenus en taxi.

- Y a 10 ans. Y avait les yeux bleus
et 10 ans de moins.

Ca passe vite. Regarde.

-Je suis pas tapée ?

-Pas encore.

-Mais ça vient ?

-Hélas, ça viendra.

Alors ne laisse pas passer
la maison avec le lierre.

La belle-mère, la messe du dimanche
et les gâteaux d'anniversaire.

Ce tram arrive à l'heure
et c'est peut-être le dernier.

- Et toi ?
- Je vais me taper un cassoulet.

La ligne, c'est fini.

J'ignore si j'aurai le mandat
ou vendrai le bateau.

L'acrobate a du fil devant lui.

-Et s'il casse ?

- J'en ai d'autres dans ma poche.
C'est ça, l'expérience.

Gai voltigeur, joyeux funambule,
avec du fil de rechange.

Demain, tu pars avec cet homme
et tu deviens châtelaine.

-Vraiment, Tony ?

- T'occupe pas de Tony
et écoute ton oncle.

T'en veux pas ?

-Si.

- Monsieur Antoine, vous êtes là ?
- Oui.

- Pardon. Je vous dérange ?
- Pas du tout.

Entrez donc.
- Je ne voudrais pas salir.

- Il pleut toujours ?
- Vous vous en apercevez seulement ?

Pour midi,
j'ai fait un râble de lapin.

Vous aimez ça ?

- Beaucoup. C'est très gentil,
mais je n'ai pas faim.

Je saute souvent le déjeuner.

- Ah bon ?
- J'ai des choses à faire.

Les vérifications, le livre de bord
et un peu de ménage, aussi.

- Votre nièce n'est pas là ?
- Non.

Ce soir,
si elle ne rentre pas dîner,

je ferai le lapin en civet.
Si ça vous tente.

- Ce soir ? Pourquoi pas ?
Peut-être. Même sûrement.

Merci, Maria.

- Y a vraiment pas de quoi.
C'est moi qui vous remercie.

Pour les clients, j'ai le lundi.
Je ne perdrais pas grand-chose.

On dînera tranquilles.

C'est à la bonne franquette.

Un petit potage, civet de lapin,
salade, fromage.

Un fromage d'ici, le romilly.
Vous aimerez ?

-Ici, j'aime tout.

- Et ce beaujolais ? Pas bouchonné ?
- Parfait.

- Asseyez-vous. Je reviens.
- Doucement ou je vous aide.

-Un client qui se lèverait ?

Vous n'êtes pas
comme les autres.

Pas tout à fait.

- Je l'avais remarqué.
J'ai droit aux fleurs.

A la coiffure et à la robe.

- Je la mets le dimanche.
Donnez.

Je vais vous servir.

Vous aimez le potage ?

- Pourquoi ?
- Dans les lieux chics, y en a pas.

- On appelle ça consommé, velouté.
Mais ça ne vaut pas ça.

-Et le matelot ?

- Toujours pas.
Du pain, je vous prie.

Merci.

-Et votre mandat ?

-Non. C'est assez curieux.

-Votre nièce est partie ?

- Oui.
- Tout à fait ?

-Je crois.

-Reprenez un peu de potage.

-Non merci.

- Depuis quand êtes-vous ici, Maria ?
- 14 ans. Quand mon fils est né.

- Vous avez un fils ?
- Un grand garçon.

Il passera son bachot dans 2 ans.
Il est à Epernay.

-Il s'appelle ?

- Villandier, comme moi.
Il ne porte pas le nom de son père.

Je demandais juste son prénom.
- André.

Te tenais un commerce à Châlons.

Et quelqu'un est passé.

Il était dans les affaires.

J'ai jamais su très bien lesquelles.

Lui, c'était les voitures,
qu'il aimait.

Une allait très vite.
Il est parti.

-Et vous ?

- J'ai quitté Châlons
et je suis venue ici.

Au début, je me suis ennuyée.
Puis je m'y suis plu.

-Mais je vous comprends.

Faudrait pas que ça refroidisse.

- Je vous sers ?
- Oui.

Je prends les petits morceaux,
alors que je préfère les gros.

-Et sinon, vous habitez à Paris ?

-Oui. Enfin, deux mois par an.

En mai, à Deauville,
en septembre, dans le Midi.

Dites-moi, une maison dans le pays,
faut compter combien ?

Pas un château,

mais une maison comme ici.

- Il y a la patente,
le fond de commerce.

Pour 3 millions,

ça doit se trouver.
- La moitié de l'Antarès.

-C'est pas le même usage.

Si on envisage de se fixer.
Mais je vous vois pas

vivre ici.

- Je commence à très bien m'y voir.
J'ai progressé, aux fléchettes.

Combien rapporte

cette maison ?
- On vit pas à 10 dessus, mais ça va.

- Il faudrait une terrasse.
C'est bon, ça.

Ca vous surprend, ce que je dis là ?

-Non, c'est pas ça.

Vos yeux sont bleus.

Je les croyais gris.
C'est suivant le temps ?

- Ca dépend comment on les regarde.
Au bleu, c'est bon signe.

- Le capitaine ?
- Et bonjour ?

Il est à bord ?
- Qu'y a-t-il ?

- Son mandat. La Fouilloux m'envoie.
2 millions.

Si je lui amène pas, elle meure.

- Oui.
Deux millions, ça fait un choc.

- Ca dépend pour qui.
Il doit être dans les pétroles.

-Sept, huit, neuf, dix.

900 000 et 100, un million.
Plus un, deux.

Recomptez.
- Inutile, je n'ai jamais su.

Vous êtes la plus honnête.
20 ans de PTT, ça ne se discute pas.

Pour ton cerf-volant.

-10 000 F ?

- La monnaie, ça crève les poches.
Matelot, porte ça.

Et maintenant, en selle.

-Ne quittez pas. C'est lui.

-Messieurs, un grand bonjour !

- C'est pour vous.
De Monte-Carlo.

M. Daval ou Duval.

-Léon Duval ! Ha, ha !

Léo ? En pleine forme.
Et toi, vieux chenapan ?

Quel coup de fil ?

J'avais une commission,
mais je me suis arrangé.

Comme toujours, tu l'as dit.
Et à part ça ?

Non ?

T'as pas honte, à ton âge ?

Et les cartes,
elles sont gentilles ?

Eh ben, mon brigand !

Profitez-en. Ramassez votre monnaie.
J'arrive.

A la fin de la semaine,
je serai dans la rade.

Ho, hé, la coterie !

Je suis dans une passe
à faire sauter la banque.

Retiens-moi une chambre au Parc.

Non, seul.

Je t'expliquerai.

Je te dis que je t'expliquerai.

C'est ça.

C'est ça.

Au revoir, mon Léon.

Matelot,
mazout, provisions de bord.

Maria, combien je vous dois ?
- Rien.

-Ah, mais si.

Et vous ajouterez
une tournée générale.

Vous m'avez porté chance.
Si.

Vous avez été un moment très heureux
de ma vie.

Qu'y a-t-il ?
- Je me brûle.

- Je vous ai fait de la peine ?
- Non.

-C'est vrai, ce que je vous ai dit.

Hier, j'ai souhaité
que ce mandat n'arrive pas.

- Mais il est arrivé.
- Avec moi, tout arrive.

Mais il repartira.
Le bateau avec et toute la panoplie.

Seul le monocle restera.

Je ne le dirai pas, mais
des lunettes vous iraient mieux.

C'est un genre.

Un genre qui n'est pas le vôtre.

Pas du tout, croyez-moi.
- Evidemment.

Moi, je suis une bistrote.

- Et moi, je ne suis
qu'un vieux théâtre ambulant.

Je vais vous faire un aveu, Maria.

Je n'ai fait que des bêtises.

Et je commets probablement
ma première erreur.

-Alors, Maria,

cette tournée ?
- Champagne pour tous.

Le combien êtes-vous née ?
- Le 17 juin.

- A Monte-Carlo, je jouerai le 17
jusqu'à ce que ça sorte.

La terrasse.
- C'est gentil.

- Voilà le mot que je cherchais.
J'ai toujours été comme ça.

Allez.